Question écrite n° 111566 :
aide juridictionnelle

13e Législature

Question de : M. Pierre Morel-A-L'Huissier
Lozère (2e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de M. le garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés, sur la problématique de l'article 41 de la loi de finances de 2011. Ledit article prévoit que l'aide juridictionnelle concerne tous les frais de procédure à l'exception des droits de plaidoirie. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer si le Gouvernement entend intégrer les droits de plaidoirie dans l'aide juridictionnelle.

Réponse publiée le 25 octobre 2011

Aucun justiciable ne doit être empêché de défendre ses droits par des difficultés financières. Cependant, le principe de gratuité absolue inhérent à l'aide juridictionnelle totale peut parfois conduire à des abus dans l'usage de ce droit. Plusieurs parlementaires et notamment le sénateur du Luart ont alerté la chancellerie sur le comportement de certains justiciables engageant des actions judiciaires à répétition en raison de leur éligibilité à l'aide juridictionnelle. Au-delà du coût pour la justice, cet usage répété de l'aide juridictionnelle pénalise les victimes de comportements procéduriers qui doivent régler des honoraires d'avocat pour se défendre ou demander l'aide juridictionnelle. Le rapport du sénateur du Luart en appelle donc à une plus grande responsabilisation des demandeurs à l'aide par l'instauration d'un ticket modérateur justice, de l'ordre de 5 à 40 euros. Procédant au même constat, le rapport de la commission Darrois sur les professions du droit préconise également l'instauration d'une contribution minimale des justiciables, en laissant à leur charge le droit de plaidoirie de 8,84 euros. Après s'être donné le temps de la réflexion et des consultations, le Gouvernement a choisi de mettre en oeuvre la proposition du rapport Darrois, dissuasive dans ses effets et mesurée dans son montant. Il s'agit en effet d'une contribution symbolique, permettant de responsabiliser les justiciables dans leur usage de l'aide juridictionnelle, mais également modique en tenant compte de la situation financière de nos concitoyens les plus fragiles. Néanmoins, la chancellerie reste attentive aux difficultés que les avocats pourraient rencontrer dans le recouvrement des droits de plaidoirie dans certaines situations. À l'issue des discussions avec les représentants de la profession d'avocat qui ont permis d'expertiser ces difficultés, un projet de décret, actuellement en cours d'examen par le Conseil d'État, a été élaboré. Il prévoit d'exonérer du versement du droit de plaidoirie les bénéficiaires de l'aide juridictionnelle totale, défendeurs à l'instance, dans le contentieux pénal d'urgence et le contentieux des étrangers.

Données clés

Auteur : M. Pierre Morel-A-L'Huissier

Type de question : Question écrite

Rubrique : Justice

Ministère interrogé : Justice et libertés

Ministère répondant : Justice et libertés

Dates :
Question publiée le 21 juin 2011
Réponse publiée le 25 octobre 2011

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