Question écrite n° 49646 :
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13e Législature

Question de : M. Pierre Morel-A-L'Huissier
Lozère (2e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

M. Pierre Morel-A-L'Huissier attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur la contre-enquête allemande au sujet de la folie de Van Gogh. Selon un historien, Paul Gauguin aurait coupé l'oreille de l'artiste hollandais et aurait inventé la théorie de l'automutilation. Il lui demande de lui indiquer sa position sur ce sujet.

Réponse publiée le 27 octobre 2009

Deux chercheurs allemands, M. Hans Kaufmann et Mme Rita Wildegans, ont récemment publié à Hambourg, un ouvrage « Van Gogh Ohr, Gauguin und der Pakt des Schweigens », qui remet en cause les circonstances de la mutilation de Vincent Van Gogh du 24 décembre 1888. Ce livre a été largement commenté dans la presse nationale. Selon ces deux historiens, Paul Gauguin porterait une énorme responsabilité dans l'incident bien connu : il serait même l'auteur de la blessure. Le livre pose également la question de la maladie de Vincent Van Gogh et de la crédibilité d'une éventuelle automutilation. Leurs hypothèses reposent sur une réinterprétation des comportements de Paul Gauguin (qui maniait le sabre, l'aurait jeté et aurait quitté précipitamment Arles après le drame, puis élaboré la théorie de l'automutilation) et de Vincent Van Gogh lui-même (qui se serait tu afin de ne pas rompre avec Paul Gauguin). En dépit des 400 pages de leur publication, les deux historiens n'apportent aucun élément nouveau sur les événements et sur la maladie du peintre, se contentant de relire les personnalités des deux peintres. Cette relecture demeure sujette à caution, parce qu'elle minimise notamment la lucidité avec laquelle Vincent Van Gogh analysait, dans ses lettres à son frère Théo, la situation qu'il vivait avec Paul Gauguin et les effets de sa « maladie ». Et parce qu'elle fait de Paul Gauguin un homme cynique, manipulateur, vaniteux et de Vincent Van Gogh un être plus faible. Il apparaît cependant, dans les documents laissés par chacun des acteurs du drame, que Vincent Van Gogh avait, à tout le moins, un égo aussi développé que celui de Paul Gauguin et une force morale égale. Les spécialistes de Vincent Van Gogh, MM. Louis van Tilborgh et Leo Jansen, conservateurs au musée Van Gogh d'Amsterdam, rejettent la thèse des historiens allemands, considérant notamment que la date à laquelle MM. Kaufman et Wildegans placent le départ de Paul Gauguin, et sur laquelle reposent leurs spéculations, reste totalement incertaine. Les spécialistes de Vincent Van Gogh au musée d'Orsay n'adhèrent pas aux théories de MM. Kaufman et Wildegans, estimant que rien, dans leur ouvrage, n'éclaire de façon réellement neuve et convaincante les thèses développées.

Données clés

Auteur : M. Pierre Morel-A-L'Huissier

Type de question : Question écrite

Rubrique : Patrimoine culturel

Ministère interrogé : Culture et communication

Ministère répondant : Culture et communication

Dates :
Question publiée le 19 mai 2009
Réponse publiée le 27 octobre 2009

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