Question écrite n° 60111 :
famille et solidarité : structures administratives

13e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Mme Chantal Robin-Rodrigo alerte M. le Premier ministre sur la suppression du poste de défenseur des enfants. « On coupe la voix des enfants en France ! ». C'est ainsi que s'est exprimé l'un des membres du comité des jeunes de la Défenseure des enfants. La décision prise en conseil des ministres, le 9 septembre 2009, de fondre les attributions du Défenseur des enfants avec celles du Médiateur de la République et de la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) au sein d'un nouveau Défenseur des droits a surpris tous les membres de european network of ombudspersons for children (ENOC). En conséquence, l'autorité indépendante chargée de la préservation de l'intérêt supérieur de l'enfant allait disparaître ou, si elle continue à exister, ce sera sous « tutelle ». La collègue irlandaise de Mme Dominique Versini parle de « grand choc pour la communauté », le belge « d'effroyable reculade [...] Cela jette le discrédit sur le droit des enfants, surtout venant de la France pays des droits de l'Homme ». La décision est d'autant plus étrange que la France vient de prendre la présidence de l'ENOC pour un an. "Dans une période de crise économique, de désordre climatique, de multiplication des conflits armés, les enfants ont plus que jamais besoin d'être protégés" a déclaré la présidente actuelle. Cette décision est incomprise par les professionnels et, en général, par les Français. Elle lui demande de l'informer sur les motifs mais surtout sur la nouvelle organisation en cours.

Réponse publiée le 22 décembre 2009

La création du Défenseur des droits représente une avancée en matière de protection des droits et libertés car son statut constitutionnel lui donne une indépendance et autorité morale renforcée. Il jouira d'une compétence élargie et de moyens d'action et d'investigation accrus. La logique de cette création est de regrouper dans cette entité les institutions diverses qui s'occupent des droits et libertés. Pour autant, il n'est pas question de faire disparaître leurs domaines d'action spécifique et leur identification possible. L'inclusion des compétences du défenseur des enfants dans le champ d'intervention du défenseur des droits, par le projet de loi organique adopté par le conseil des ministres le 9 septembre 2009, reprend l'une des préconisations formulées par le rapport du comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions de la Ve République, présidé par M. Édouard Balladur. Le Défenseur des droits pourra consacrer à la défense des enfants des moyens et des pouvoirs plus étendus que ceux dont le Défenseur des enfants dispose aujourd'hui. Non seulement il pourra formuler des recommandations, alerter les pouvoirs publics sur des situations particulières, proposer des modifications de la législation ou sensibiliser l'opinion publique, mais il disposera également de pouvoirs d'injonction, de saisine de l'autorité disciplinaire compétente et d'intervention en justice. Il bénéficiera de moyens d'investigation importants, comprenant un droit d'accès à des locaux même privés, les entraves à son action étant en outre pénalement sanctionnées. La réforme opérée permettra également au Défenseur des droits d'intervenir dans toutes les hypothèses, que la méconnaissance des droits des enfants soit le fait d'une administration ou d'une personne privée. Elle mettra ainsi fin au partage de compétences existant aujourd'hui entre le médiateur de la République et le défenseur des enfants. Elle accroîtra de plus la lisibilité de la défense des droits des enfants. Enfin, le Gouvernement est attentif à la préservation de la spécificité, de la sensibilité et la visibilité de la mission de défense des enfants au sein de la nouvelle institution du défenseur des droits. Le projet de loi organique prévoit des dispositions en ce sens et des modalités particulières de saisine et d'action pour faciliter la défense des droits de l'enfant. Il rappelle également son rôle dans l'information de l'autorité judiciaire des situations susceptibles de donner lieu à une mesure d'assistance éducative. Par ailleurs, le transfert des personnes travaillant pour le Défenseur des enfants vers les services du Défenseur des droits permettra d'éviter toute perte d'expérience ou interruption dans le suivi des dossiers. La création du Défenseur des droits permettra ainsi une meilleure protection des droits et libertés, plus lisible et plus efficace, y compris pour les enfants. Elle répond pleinement aux exigences de la convention relative aux droits de l'enfant, signée à New-York le 26 janvier 1990. Mme Dominique Versini, actuelle Défenseure des enfants, a été reçue par le ministre d'État afin de lui indiquer les intentions du projet du Gouvernement.

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question écrite

Rubrique : Ministères et secrétariats d'état

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Justice et libertés (garde des sceaux)

Dates :
Question publiée le 6 octobre 2009
Réponse publiée le 22 décembre 2009

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