Question au Gouvernement n° 1420 :
caoutchouc et plastiques

13e Législature

Question de : M. Didier Mathus
Saône-et-Loire (4e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 18 juin 2009

PLAN SOCIAL CHEZ MICHELIN

M. le président. La parole est à M. Didier Mathus, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Didier Mathus. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, le plan de suppression d'emplois de Michelin annoncé ce matin ajoute à la gravité de la crise économique et sociale dans notre pays. Il s'ajoute à la liste sans fin des sinistres industriels et vient grossir le flot qui nous mène inéluctablement vers le million supplémentaire de chômeurs d'ici à la fin de l'année.
Ce plan d'environ 1 100 suppressions d'emplois, auxquels s'ajoutent 1 800 départs volontaires, concerne essentiellement trois sites. Il est particulièrement violent pour l'usine de Blanzy, où ce sont 477 emplois qui sont rayés d'un trait de plume, alors que cette même usine avait bénéficié, voici quelques années, de plus de 3 millions d'euros d'aides publiques.
L'ampleur de cette saignée aura, bien sûr, un impact considérable dans une région qui avait déjà payé un lourd tribut à la crise industrielle des années 80-90 et qui avait su se relever.
Si la crise affecte tous les territoires, on voit clairement que les régions à forte densité industrielle sont aujourd'hui les plus exposées.
Manifestement, le plan de relance national est sans effet et nous voyons, jour après jour, l'industrie française se déliter sous nos yeux sans que le Gouvernement ne réagisse !
La brutalité de ce plan social pose à nouveau la question du partage des sacrifices entre le capital et le travail.
Un député du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Eh oui !
M. Didier Mathus. Il n'est pas supportable que le groupe Michelin, qui a empoché un bénéfice net de 357 millions d'euros en 2008, traite avec autant de légèreté la vie de centaines de familles !
Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Très bien !
M. Didier Mathus. Je vous demande donc, monsieur le Premier ministre, qu'une action urgente et énergique soit conduite par votre gouvernement auprès du groupe Michelin pour que ce plan social soit reconsidéré et pour que les salariés ne soient pas toujours les seules et éternelles victimes de la crise du capitalisme financier ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur quelques bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi.
Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi. Monsieur le député Mathus, et si on regardait la situation telle qu'elle se présente réellement ?
Le groupe Michelin a annoncé, ce matin, à son comité d'entreprise un plan de départs volontaires de 1093 salariés sur les 25 000 salariés employés par Michelin en France. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Ce plan de départs volontaires...
M. Marc Dolez. Un départ volontaire avec un pistolet sur la tempe !
Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie. ...est fondé sur trois types de mesures : accompagnement et anticipation des départs à la retraite, modalités d'incitation à la mobilité interne et, pour ceux qui ne pourraient pas en bénéficier, un accompagnement des reclassements.
Il ne s'agit pas de licenciements, mais de l'encouragement aux départs volontaires. (Protestations sur les bancs du groupe GDR.)
M. Gérard Charasse. Pas volontaires !
Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie. Vous ne décrivez évidemment qu'une partie du tableau. En effet, l'autre partie du tableau, c'est la démarche volontaire dans laquelle s'est engagé le groupe Michelin, avec, premièrement, un investissement de 100 millions d'euros dans son centre de recherche et développement de Clermont-Ferrand ; deuxièmement, un plan de 50 millions d'euros d'investissements dans son centre de Montceau-les-Mines, qui sera spécialisé dans les mélanges de gommes, secteur particulier d'activité probablement le plus compétitif en Europe ; troisièmement, un plan d'embauche de 500 salariés par an dans les trois années à venir.
Monsieur Mathus, quand on décrit une réalité, il faut en envisager tous les aspects : le plan de départs volontaires, le plan d'investissement fondé sur la recherche et le développement et, enfin, le plan d'embauche. Il s'agit bien d'une réorganisation pour le maintien, en France, d'une base industrielle solide.
Par ailleurs, le groupe Michelin sera, bien entendu, soumis à son obligation de revitalisation. Nous y veillerons personnellement. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur quelques bancs du groupe NC.)

Données clés

Auteur : M. Didier Mathus

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : Économie, industrie et emploi

Ministère répondant : Économie, industrie et emploi

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 18 juin 2009

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