élèves
Question de :
M. Michel Françaix
Oise (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 7 octobre 2009
DOTATIONS AUX CLASSES ASSIDUES
M. le président. La parole est à M. Michel Françaix, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Michel Françaix. Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement suggère de rétribuer, de payer les élèves assidus à l'école. Comme pour La Poste, c'est sans doute ce que vous appelez la modernisation du service public !
Monsieur le haut-commissaire aux solidarités, en créant ce réflexe pavlovien du " tout à l'argent ", vous mordez à l'hameçon, vous cédez à la mode où tout serait marchandise, où tout serait mercantile et monnayable.
On aurait pu espérer de votre part un peu plus de résistance. Vouloir réduire l'éducation à une affaire de gros sous est plus qu'une aberration, plus qu'un mauvais coup. Vous le sentez bien, c'est un faux sens à l'égard de l'école républicaine, c'est un contresens par rapport à celle de la société de la connaissance à laquelle vous dites être attaché, c'est un non-sens vis-à-vis de la politique de civilisation, vantée et glorifiée par le Président de la République, qui ne sera, bien sûr, jamais mise en place.
À l'heure où le Président de la République fait semblant de se battre contre les traders, vous imaginez d'offrir des bonus aux enfants méritants ! Expliquez plutôt à notre ministre de l'éducation, aujourd'hui aux abonnés absents, que nous avons besoin d'un vrai pacte éducatif. L'école, c'est l'apprentissage de l'effort, du plaisir et du respect. Non à l'américanisation de notre société et à ce XXIe siècle bling-bling ! On ne troque pas la transmission du savoir contre une poignée de dollars...
Pour terminer, permettez-moi une suggestion, monsieur le Premier ministre : si l'on commençait par payer dignement les professeurs, avant de s'occuper de payer les élèves ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, haut-commissaire à la jeunesse.
M. Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, haut-commissaire à la jeunesse. Monsieur le député, parce que vous savez qu'une politique résolue de lutte contre le décrochage est menée par le ministre de l'éducation nationale et l'ensemble du Gouvernement avec les enseignants (Rires et exclamations sur les bancs du groupe SRC), il ne vous reste comme seule arme que la caricature et les ricanements pour essayer de déformer notre action. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Il n'est pas question de payer les élèves : nous avons lancé toute une série de projets avec les acteurs associatifs et la collectivité éducative pour soutenir des projets innovants, dont celui-là, parmi 250 autres projets également soutenus.
M. Jacques Desallangre. Vous payez !
M. Martin Hirsch, haut-commissaire aux solidarités actives. Il ne s'agit pas de payer les élèves, mais de financer un projet collectif de la classe, co-construit par les professeurs et les élèves.
En vous voyant si hostiles, je vous rappelle que vous avez lu Éric Morin ; vous l'avez invité aux universités d'été, tant du parti socialiste que de l'UMP, vous l'avez écouté parce qu'il apportait des idées neuves, croyait à l'expérimentation et défendait les incitations en faveur des élèves modestes, et vous l'avez applaudi.
Pour notre part, nous ne nous arrêtons pas aux bouquins : nous essayons d'agir concrètement, avec détermination, avec les praticiens de terrain, dans la guerre contre le décrochage. Vous n'avez pas osé le souligner, mais nous pouvons maintenant octroyer le dixième mois de bourse demandé par les étudiants depuis dix ans, sous conditions d'assiduité et d'avoir passé dix mois effectifs à l'école. Vous le voyez, il y a bien une politique en faveur des jeunes, pour l'éducation, une politique la tête haute pour le service public et la réussite de tous ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Auteur : M. Michel Françaix
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Solidarités actives contre la pauvreté et jeunesse
Ministère répondant : Solidarités actives contre la pauvreté et jeunesse
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 octobre 2009