Question au Gouvernement n° 1761 :
âge de la retraite

13e Législature

Question de : M. Daniel Boisserie
Haute-Vienne (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 26 novembre 2009

RETRAITE ET PÉNIBILITÉ DU TRAVAIL

M. le président. La parole est à M. Daniel Boisserie, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Daniel Boisserie. Monsieur le président, prétendre, comme l'a fait M. Hortefeux, que les maires ont été manipulés lors du congrès des maires, c'est leur faire offense. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Il n'est que de lire la résolution finale, votée à l'unanimité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville. Le Président de la République s'était engagé solennellement à prendre en compte la pénibilité pour déterminer l'âge de la retraite. Or il semble que votre Gouvernement épouse la proposition de Mme Parisot : la retraite à soixante-trois ans et demi pour tous ceux qui sont soumis à des travaux pénibles.
Je connais bien le monde du bâtiment et des travaux publics. À cinquante ans, les ouvriers de ce secteur sont usés. Usés par l'exposition permanente aux intempéries, cassés par le port journalier de charges lourdes et souvent paralysés par l'arthrose et les troubles musculo-squelettiques.
Chaque jour ouvrable, un ouvrier du BTP meurt d'un accident du travail Leur espérance de vie est de sept ans inférieure à la moyenne ; à cinquante-cinq ans, nombreux sont ceux qui se retrouvent invalides ou qui viennent grossir les rangs des chômeurs.
Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Eh oui !
M. Daniel Boisserie. Vous les connaissez, monsieur le ministre, mes chers collègues, ces hommes proches de la soixantaine, et vous les voyez fragilisés, mais debout sur nos toits, sur nos charpentes et par tous les temps. Est-ce acceptable à soixante ans ?
Beaucoup d'autres activités méritent une retraite anticipée, comme le travail de nuit ou à la chaîne. De même, l'exposition aux produits toxiques devrait être reconnue.
Toutes ces personnes méritent la retraite à cinquante-cinq ans et, quelles que soient les exigences de Mme Parisot, vous n'avez pas le droit de laisser pourrir la situation, vous n'avez pas le droit de laisser faire. C'est un problème de dignité. Et vous n'avez surtout pas le droit de les priver de leur retraite avant de mourir.
Monsieur le ministre, en leur nom et au nom du groupe socialiste, je vous demande ce que vous comptez faire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. Xavier Darcos, ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville.
M. Xavier Darcos, ministre du travail, des relations sociales, de la famille, de la solidarité et de la ville. Monsieur le député, vous avez raison. (" Ah ! " sur les bancs du groupe SRC.) Que ne l'avez-vous fait d'ailleurs ! (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Sept ans que vous êtes au pouvoir !
M. Patrick Roy. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept ans et demi !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie !
M. Xavier Darcos, ministre du travail. Je me permets de vous rappeler que les rares fois où on s'est, enfin, occupé des retraites, c'était en 1993, alors que la présente majorité était aux affaires, puis en 2003 avec François Fillon, ou encore en 2007 avec Xavier Bertrand !
Bien entendu, il faut s'occuper des retraites, car c'est un vrai sujet. Mais permettez-moi de vous dire que cette majorité n'a pas de leçon à recevoir de votre part sur ce sujet. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Regardons froidement ce grand défi. Actuellement, on compte 1,8 cotisant pour un retraité ; autrement dit, une retraite sur dix n'est pas payée. Dans cinq ans, il y aura 1,5 cotisant pour un retraité, et en 2040, 1,2 cotisant pour un retraité.
M. Maxime Gremetz. Arrêtez de répéter des bêtises !
M. Xavier Darcos, ministre du travail. Voilà pourquoi le Président de la République a raison de dire qu'il s'agit d'un défi majeur et que le rendez-vous que nous aurons sur les retraites en 2010 nous obligera à prendre de grandes décisions.
Effectivement, nous devons nous poser la question de la pénibilité au travail dans la prise en compte de l'âge de la retraite - que vous n'aviez jamais abordée auparavant. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Patrick Roy. Sept ans et demi ! Sept ans de malheur !
M. Xavier Darcos, ministre du travail. Nous proposons plusieurs pistes. D'abord, je présenterai, à la fin de l'année, un plan de santé au travail qui portera sur la période 2010-2014 et qui évoquera ces questions de pénibilité.
M. Maxime Gremetz. Il ne suffit pas de les évoquer !
M. Xavier Darcos, ministre du travail. Ensuite, il faut responsabiliser les entreprises. En effet, ce n'est pas seulement la solidarité nationale qui doit se charger de l'accompagnement d'un salarié affecté à un travail pénible : il faut l'accompagner tout au long de sa carrière. Il ne faut pas non plus considérer que la solution soit de le mettre en préretraite, car des gens qui ont acquis une expérience peuvent travailler autrement, moins sans doute, dans le cadre d'un tutorat notamment.
Bref, je vous l'assure : la question de la pénibilité du travail sera traitée. Et nous commencerons par cette question, lors du rendez-vous sur les retraites qui aura lieu à la fin du premier trimestre 2010. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Daniel Boisserie

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Retraites : généralités

Ministère interrogé : Travail, relations sociales, famille, solidarité et ville

Ministère répondant : Travail, relations sociales, famille, solidarité et ville

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 26 novembre 2009

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