Question au Gouvernement n° 2075 :
politique de la ville

13e Législature

Question de : Mme Chantal Robin-Rodrigo
Hautes-Pyrénées (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 25 mars 2010

POLITIQUE DE LA VILLE

M. le président. La parole est à Mme Chantal Robin-Rodrigo, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
Mme Chantal Robin-Rodrigo. Monsieur le Premier ministre, les Français ont choisi de sanctionner durement par leur vote sans appel la politique menée par votre gouvernement ; et s'il est un domaine qui marque votre échec plus que tout autre, c'est celui de la politique de la ville.
Dans nos quartiers défavorisés, ce sont trois électeurs sur quatre qui ont fait le choix de ne pas se déplacer. Ce résultat traduit non seulement un sentiment d'abandon et d'injustice, mais constitue sans nul doute un échec pour la démocratie.
Comment ne pas comprendre que, pour les habitants des banlieues, le vote n'ait plus de sens ?
Annoncé en grande pompe, le plan " Espoir banlieues " est un terrible échec. Tous les indicateurs sont au rouge !
Parlons du chômage : la proportion de jeunes au chômage ou en inactivité est toujours deux fois plus importante dans ces quartiers qu'ailleurs. Parlons de l'insertion sociale : sur les 45 000 contrats d'autonomie annoncés, seuls 13 000 ont été signés, un millier seulement a conduit à une entrée dans une formation ou un emploi. Parlons de l'échec scolaire : la proportion de redoublants reste deux fois plus élevée que partout ailleurs. Parlons de l'insécurité : la violence, la délinquance et les incivilités sont le lot quotidien des habitants des quartiers depuis que vous avez supprimé la police de proximité. Parlons de la rénovation urbaine : les opérations de démolition-reconstruction n'entament pas la logique de ghetto qu'elles sont censées défaire, parce que vous avez négligé l'accompagnement social et économique des populations.
Et que dire de la baisse constante, au fil des lois de finances, des crédits affectés à la politique de la ville ? Les associations de terrain manquent tout simplement de crédits. Il ne faut donc pas s'étonner que les habitants de ces quartiers n'aient plus confiance ni en leurs institutions, ni dans le vote.
M. le président. Merci.
Mme Chantal Robin-Rodrigo. Le Gouvernement s'est révélé impuissant à changer radicalement nos banlieues.
Allez-vous enfin entendre les élus et les populations ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à Mme Fadela Amara, secrétaire d'État chargée de la politique de la ville.
Mme Fadela Amara, secrétaire d'État chargée de la politique de la ville. Pour vous répondre de manière précise et finir, je l'espère, de vous convaincre, je vais vous rappeler quelques décisions.
La première décision prise au bénéfice de la politique de la ville, ce sont les 500 millions d'euros attribués dans le cadre du grand emprunt aux internats d'excellence et à l'égalité des chances. À terme, ce sont 20 000 élèves issus de milieux modestes qui profiteront de meilleures conditions de travail et d'un accompagnement renforcé. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Cela s'ajoute aux 500 millions de la " Dynamique Espoir Banlieues " consacrés au désenclavement et à l'amélioration des conditions de transport dans les quartiers populaires. (Mêmes mouvements.)
M. Patrick Roy. Le plan Banlieues est un échec !
Mme Fadela Amara, secrétaire d'État. Cela s'ajoute aussi aux 12 milliards d'euros affectés au programme national de rénovation urbaine, pour transformer en profondeur près de 500 quartiers. (Vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Ce ne sont là, madame la députée, que quelques exemples.
M. Albert Facon. La politique de la ville est en panne !
Mme Fadela Amara, secrétaire d'État. Aujourd'hui, la politique de la ville est engagée dans une réforme profonde de son organisation à travers l'actualisation des zonages et le renforcement de la solidarité envers les villes pauvres. (Mêmes mouvements.) Cela devrait vous intéresser, messieurs les députés !
Je n'oublie pas non plus la réforme territoriale, qui nous donnera un nouveau souffle et qui donnera une nouvelle visibilité aux citoyens, et notamment à ceux des quartiers populaires ! (Vives protestations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Tous ces éléments démontrent que la politique de la ville est au coeur des préoccupations du Gouvernement ! (Mêmes mouvements.)
M. Patrick Bloche. C'est faux !
Mme Fadela Amara, secrétaire d'État. Enfin, je vous rappelle les orientations données ce matin par le Président de la République sur le renforcement de la lutte contre le décrochage et l'absentéisme scolaires, sur la promotion de la santé de proximité, sur le renforcement de la lutte contre la violence, sur l'emploi : c'est la preuve que le chef de l'État, avec son Gouvernement, reste totalement mobilisé ! (Très vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
En ce qui concerne l'abstention, je voudrais vous dire qu'il nous faut rester humbles mais responsables devant ce constat qui nous parle à tous, car il s'agit de la démocratie dans notre pays. C'est l'affaire de tous.
M. Jean Glavany. Oh, vous avez compris ça ! Bravo !
Mme Fadela Amara, secrétaire d'État. Il reste évidemment beaucoup à faire. Je propose donc, madame la députée, que les collectivités locales se mobilisent encore plus pour renforcer nos partenariats au profit des habitants des quartiers pour réduire les inégalités sociales. (Huées sur les bancs des groupes SRC et GDR. — Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : Mme Chantal Robin-Rodrigo

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Aménagement du territoire

Ministère interrogé : Politique de la ville

Ministère répondant : Politique de la ville

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 25 mars 2010

partager