réforme
Question de :
Mme Marisol Touraine
Indre-et-Loire (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 26 mai 2010
RÉFORME DES RETRAITES
M. le président. La parole est à Mme Marisol Touraine, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.Mme Marisol Touraine. Monsieur le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique, quand donc allez-vous dire la vérité aux Français sur votre réforme des retraites ? (" Très bien ! " sur les bancs du groupe SRC.) Vous êtes incontestablement devenu le roi de l'esquive, mais il est temps, il est grand temps maintenant de reconnaître que votre choix est fait, et qu'il est de supprimer la retraite à soixante ans, de faire supporter tout l'effort par les salariés et, d'abord, par les ouvriers et les employés.
Dans cette réforme, l'idéologie est de votre côté ! Les doctrinaires sont à l'UMP (Protestations sur les bancs du groupe UMP), oui, à l'UMP et au Gouvernement ! Vous avez l'obsession d'imposer la même chose à tout le monde, aux ouvriers et aux employés comme aux cadres supérieurs.
Nous, nous défendons la retraite à soixante ans non par idéologie, mais par volonté de justice. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) La retraite à soixante ans, ce n'est certainement pas une obligation, mais c'est assurément une protection pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes et ne sont franchement pas les plus riches.
Car la vérité, monsieur le ministre, c'est que votre réforme repose sur un double mensonge et sur une double injustice.
Ce que vous ne dites pas, c'est qu'il y a des centaines de milliers de Français qui partent à la retraite à soixante ans en ayant cotisé un ou deux ans de plus que nécessaire, sans que cela leur rapporte un centime de pension en plus. Où est la justice, pour ces centaines de milliers d'ouvriers et d'employés qui ont commencé à travailler avant vingt ans sans jamais s'arrêter ?
Ce que vous ne dites pas, monsieur le ministre, c'est que, entre cinquante-cinq et soixante ans, près de la moitié des salariés sont sans emploi, alors qu'ils n'ont qu'une volonté, celle de travailler. Où est la justice pour ces deux millions de Français sans emploi que vous condamnez à plus de chômage ?
La France que vous nous préparez aura moins de retraités et plus de chômeurs. Ce n'est manifestement pas une belle avancée ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR. - Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique.
M. Éric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique. Madame la députée, le parti socialiste a, sur le dossier des retraites, des oeillères. Nous avons vu, la semaine dernière, un parti socialiste accroché au rocher des impôts, tandis qu'une sorte de vent de modernité soufflait en provenance de Washington. (" Très bien ! " et rires sur les bancs du groupe UMP.) Les voyages forment la jeunesse, dit-on ; visiblement, ils forment aussi le parti socialiste. Le Gouvernement s'en réjouit, même si des progrès restent à faire ! (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Pour l'heure, il est extraordinairement dommage, madame la députée, que le pseudo-projet du parti socialiste esquive la question des retraites. Comment pouvez-vous être dans un tel déni de réalité alors que, vous le savez, c'est évidemment la démographie qui est au coeur du problème ? Comment pouvez-vous croire un seul instant que la litanie socialiste - l'impôt, toujours l'impôt ! - soit une réponse sérieuse à la question des retraites ? Comment pouvez-vous, comme vous venez de le faire, jeter l'anathème sur le Gouvernement, alors que notre seul objectif est le sauvetage du régime par répartition ? Bien évidemment, madame la députée, nous maintiendrons tous les dispositifs de solidarité au sein du système par répartition, dispositifs que vous vous êtes d'ailleurs bien gardés de voter ! (" Très bien ! " sur les bancs du groupe UMP.)
M. Patrick Roy. Dites-nous donc quel est votre projet ! (Huées sur les bancs du groupe UMP.)
M. Éric Woerth, ministre du travail. Vous ne les avez jamais votés, il faut l'admettre. Regardez les choses en face, c'est ainsi que vous pourrez progresser. Tout cela, madame la députée, n'est pas digne d'un grand parti politique qui aspire à de hautes responsabilités. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC. - Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Auteur : Mme Marisol Touraine
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Travail, solidarité et fonction publique
Ministère répondant : Travail, solidarité et fonction publique
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 26 mai 2010