réforme
Question de :
M. Jean Glavany
Hautes-Pyrénées (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 16 juin 2010
RÉFORME DES RETRAITES
M. le président. La parole est à M. Jean Glavany, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. (Vives exclamations sur les bancs du groupe UMP.)Je vous en prie, seul Jean Glavany a la parole !
M. Jean Glavany. Merci monsieur le président.
Monsieur le ministre Éric Woerth, depuis des semaines et des semaines, en notre qualité de parlementaires, nous vous interrogeons sur les projets du Gouvernement en matière de retraites.
Vous ne répondez pas à nos questions. Vous maniez l'invective avec beaucoup de maestria et de démagogie, en nous reprochant de ne pas être à la hauteur ou même de mentir. Tout ce qui vous intéresse, c'est d'attaquer le parti socialiste sur le mode de l'invective.
Si vous le voulez bien, arrêtons ce petit jeu. Devant la représentation nationale, je vais vous poser une seule question et je vous demande d'y répondre précisément. Pour ce faire, je vais produire trois citations du Président de la République.
La première remonte à une vingtaine d'années : " Moi, la retraite à soixante ans, je l'ai votée. " Évidemment, ce n'est pas très crédible puisqu'il n'était pas parlementaire à l'époque. Peu importe.
La deuxième citation, plus récente, date de 2007 : " Je le dis, la retraite à soixante ans, je n'y toucherai pas. "
La troisième citation date de 2008 : " Je le redis, je ne le ferai pas pour un certain nombre de raisons et, en particulier, parce que je n'en ai pas parlé pendant l'élection présidentielle, et donc je n'ai pas reçu ce mandat du peuple. Et cela, vous savez, pour moi, ça compte. " Voyez, je les ai apprises par coeur. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. Je vous en prie !
M. Jean Glavany. Monsieur le ministre, ma question sera simple : que pensez-vous de cette dévalorisation de la parole publique du Président de la République ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. Éric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique. (" Hou ! " sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Je vous en prie, mes chers collègues !
M. Éric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique. Vous me demandez qui a dit cela ? En tout cas, ce n'est pas Martine Aubry ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jean Glavany. Répondez à ma question !
M. Éric Woerth, ministre du travail. En janvier dernier, Martine Aubry a dit qu'il fallait augmenter l'âge légal de la retraite ! (Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC - Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) C'est bien elle qui a lancé le débat !
Au mois de janvier, elle a dit qu'il faudrait travailler plus longtemps. M. Strauss-Kahn a dit qu'il faudrait travailler plus longtemps. Un certain nombre de personnes qui sont ici sur vos bancs le pensent aussi.
M. Jean Glavany. Répondez à ma question ! Seriez-vous lâche ?
M. Éric Woerth, ministre du travail. Je vais y répondre. Ne vous énervez pas comme ça ! Calmez-vous, je vais répondre à votre question, qui est très simple !
Évidemment, le Président de la République veut la réforme des retraites.
M. Jean Glavany. Il n'a pas reçu de mandat pour ça !
M. Éric Woerth, ministre du travail. La réforme des retraites est nécessaire dans un pays qui vient de traverser la crise la plus grave des cinquante dernières années (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
La conséquence de cette crise, monsieur Glavany, c'est que notre système de retraite enregistre actuellement les déficits qu'il aurait dû connaître dans vingt ans. C'est cela la réalité ! (" Non ! " sur les bancs du groupe SRC.)
Un Président de la République doit évidemment en tenir compte, et en déduire qu'il faut réformer les retraites.
M. Henri Emmanuelli. Faites plutôt sauter le bouclier fiscal !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Il serait absolument irresponsable de ne pas faire cette réforme. Le Président de la République affronte la situation telle qu'elle est, et il va y répondre.
La réponse à votre question est qu'il faut réformer le système des retraites.
M. Jean Glavany. Il ne l'a pas dit aux Français !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Si nous ne le faisons pas - comme vous le voulez -, il n'y aura plus de système de retraite par répartition en France dans les années à venir.
M. Jean Glavany. Vous ne répondez jamais à la question qu'on vous pose ! Vous éludez !
M. Éric Woerth, ministre du travail. C'est cela la réalité. Actuellement, nous sommes placés devant cette réalité. Soit nous sommes des hommes et des femmes politiques responsables et nous l'affrontons, soit, comme vous, nous évacuons absolument toutes les questions et fuyons tout débat sur les retraites. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Vous n'êtes pas intéressés par les retraites. C'est comme cela depuis toujours. Jamais le parti socialiste n'a réformé les retraites ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Jean Glavany
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Travail, solidarité et fonction publique
Ministère répondant : Travail, solidarité et fonction publique
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 juin 2010