Question au Gouvernement n° 2524 :
politique de l'éducation

13e Législature

Question de : M. Michel Françaix
Oise (3e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 7 octobre 2010

ÉDUCATION NATIONALE

M. le président. La parole est à M. Michel Françaix, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Michel Françaix. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, s'il veut bien me répondre. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Monsieur le ministre, au-delà de la provocation, qui est la preuve d'un manque de sérénité (Protestations sur plusieurs bancs du groupe UMP) ; au-delà de vos supercheries, qui se superposent les unes aux autres et qui ne font pas une politique ; au-delà du mille-feuilles que constitue un dispositif mal coordonné ; au-delà d'une mécanique de cache-misère (Même mouvement) qui consiste à rogner partout les dépenses, vous êtes d'une tolérance stupéfiante envers les inégalités.
Monsieur le ministre, je comprends mieux maintenant pourquoi vous êtes le porte-parole de ce gouvernement : ni vous, ni vos collègues, ni le Président de la République n'êtes jamais concernés par les injustices de toute sorte qui touchent notre société. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)
Pourtant, on a bien assisté au cours des dernières années à un creusement des inégalités scolaires, qui s'ajoutent les unes aux autres. La Cour des comptes le dit, comme l'institut Montaigne, selon lequel " l'école primaire échoue dans sa mission fondamentale de correction des inégalités " ; pire, selon l'institut, elle les renforce. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Monsieur le ministre, si vous savez que nous souffrons de handicaps ; si vous savez que le taux d'échec scolaire chez les jeunes est élevé ; si vous savez que nous sommes au dernier rang pour la maîtrise du calcul en CM2 et que nous avons perdu onze places en ce qui concerne la maîtrise de la lecture ; si vous savez tout cela, si vous constatez les dégâts, êtes-vous prêt à modifier votre politique ?
J'aimerais le croire, mais, en guise de recette, vous avez pris une décision intolérable : " Je sais ce qu'il faut faire, supprimons les RASED ! " (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
M. Renaud Muselier. Cinéma ! Rentrez chez vous !
M. Michel Françaix. Foin des réformes à la marge, du rideau de fumée, des recettes de communicants ; votre politique est suicidaire pour l'éducation nationale et prépare des milliers de jeunes à Pôle emploi et à de petits boulots. Il est temps de changer de politique, monsieur le ministre de l'éducation nationale ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et sur de nombreux bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale.
M. Patrick Roy. Et des inégalités !
M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale. Monsieur Françaix...
M. Manuel Valls. Le cinéma !
M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale. ..., les professionnels de l'éducation nationale, les professeurs qui, en ce mercredi après-midi, vous écoutent (" Oui ! " sur les bancs du groupe UMP) apprécieront le tableau que vous avez dressé du travail quotidien qu'ils accomplissent pour les élèves ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Monsieur le député, pour lutter contre les inégalités, il ne faut pas, comme l'ont trop souvent fait les vôtres, faire preuve d'égalitarisme (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) : il faut faire davantage pour ceux qui ont le plus de besoins. (Rires et exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Tel est le fil conducteur de notre politique éducative. (Les députés des groupes SRC et GDR scandent : " Les RASED ! Les RASED ! ".)
Ainsi, en cette rentrée, nous appliquons la réforme du lycée, qui prévoit précisément un accompagnement personnalisé permettant d'en faire davantage pour les élèves qui connaissent le plus de difficultés. (Même mouvement.)
M. le président. Je vous en prie !
M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale. Il s'agit d'apporter un soutien scolaire à ceux qui risquent de décrocher. (Même mouvement.) L'aide personnalisée de deux heures par semaine que nous avons créée en primaire est aussi un moyen de faire davantage pour les élèves en difficulté.
De même, les internats d'excellence - nous en ouvrons onze en cette rentrée - constituent la solution pour ces enfants issus de milieux très défavorisés, éloignés de l'école, mais qui sont méritants et qui ont le potentiel pour réussir à l'école. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Le travail que nous menons dans les établissements de réinsertion scolaire consiste lui aussi à éviter que les élèves en grande difficulté ne quittent le système éducatif, en leur apportant une réponse éducative, même s'ils sont très perturbateurs. (Même mouvement.)
M. Bernard Roman. Il est temps que cela cesse !
M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale. Monsieur Françaix, je vous entends beaucoup critiquer la politique du Gouvernement (" Les RASED ! " sur les bancs du groupe SRC), mais je n'entends guère vos propositions. La vérité, c'est que le parti socialiste n'a plus rien à dire sur l'éducation. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Au demeurant, ce n'est pas moi qui le dis, mais M. Peillon : " Ma famille politique, les socialistes, en ayant cessé de donner la priorité à l'éducation... " (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. Merci, monsieur le ministre. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Michel Françaix

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale

Ministère répondant : Éducation nationale

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 7 octobre 2010

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