réforme
Question de :
M. Germinal Peiro
Dordogne (4e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 28 octobre 2010
RÉFORME DES RETRAITES
M. le président. La parole est à M. Germinal Peiro, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Germinal Peiro. Monsieur le Premier ministre, la façon dont votre Gouvernement a conduit la réforme des retraites laisse à l'ensemble de nos concitoyens une désastreuse impression d'échec et de gâchis. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Cet échec est le vôtre, monsieur le Premier ministre,...
M. Patrick Lemasle. Oui !
M. Germinal Peiro. ...celui du Gouvernement et du Président de la République, sur un sujet où il convenait de rechercher l'unité des Français et non d'attiser leurs divisions.
M. Jean-Marc Roubaud. Et vous qu'avez-vous fait ?
M. Germinal Peiro. C'est un échec sur le fond, car la grande majorité des Français a compris que votre réforme est injuste.
Elle est injuste parce qu'elle appuie son financement sur les revenus des salariés en épargnant les revenus du capital.
Elle est injuste car les personnes qui travaillent à dix-huit ans devront cotiser quarante-quatre ans alors qu'elles effectuent les travaux les plus pénibles.
Elle est injuste pour ceux qui ont des carrières incomplètes et qui devront travailler jusqu'à soixante-sept ans pour ne pas être pénalisés - nous pensons en particulier aux femmes.
C'est un échec sur le fond : vous avouez vous-même que cette réforme ne règle pas le problème et qu'il faudra la reprendre en 2013.
Mais c'est aussi un échec sur la forme : il n'y a pas d'exemple sous la Ve République d'un gouvernement et d'un Président aussi sourds aux attentes de nos concitoyens (Exclamations sur les bancs du groupe UMP), aux propositions de l'opposition et des partenaires sociaux.
M. Patrick Roy. Eh oui !
M. Germinal Peiro. Avec une réforme injuste et mal conduite, vous avez affaibli la France tant sur le plan du moral de nos concitoyens qu'au plan économique et social. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Monsieur le Premier ministre, la grandeur des politiques consiste à reconnaître ses échecs et d'en tirer les leçons. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Ma question est simple. Allez-vous, monsieur le Premier ministre, reconnaître votre échec (" Non ! " sur les bancs du groupe UMP) et vous attacher sérieusement à reprendre les négociations et à rouvrir le dialogue social ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. Éric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique.
M. Éric Woerth, ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, cette réforme est d'abord le rendez-vous de la responsabilité. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Patrick Roy. De l'irresponsabilité !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Les régimes de retraites n'étaient plus financés, sinon à crédit, ce qui revient au même dans la mesure où l'on fait appel aux marchés financiers à partir du mois de novembre pour payer les retraites des Français.
Cette réforme est aussi le rendez-vous entre un homme politique, le Président de la République, et cette situation. C'est faire preuve de hauteur de vues que d'accepter d'affronter l'impopularité, passagère, liée à la conduite d'une telle réforme, forcément difficile à mener.
M. Maxime Gremetz. Non !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Nous sommes fiers - le Gouvernement et la majorité - d'avoir porté cette réforme. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. Maxime Gremetz. Il n'y a pas de quoi !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Nous sommes fiers d'avoir porté une réforme juste.
M. Maxime Gremetz. Injuste !
M. Éric Woerth, ministre du travail. Cette réforme est juste car tous ceux qui ont commencé à travailler tôt - quatorze, quinze, seize, dix-sept ans - pourront partir plus tôt. (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Lorsque vous étiez au gouvernement, cela ne vous a pas dérangé de fixer l'âge de la retraite à soixante ans et, dans le même temps, de dire à ceux qui ont commencé à quatorze ans de travailler pendant quarante-six ans ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Jamais, vous ne vous êtes posé cette question ! (Mêmes mouvements.) Jamais non plus, vous ne vous êtes posé la question de la situation des femmes. (Mêmes mouvements.) Où sont les réalisations du parti socialiste sur ce sujet ? (" Très bien ! " sur les bancs du groupe UMP.) Vous ne manquez jamais une occasion de nous donner des leçons, mais où sont vos réalisations ? Nulle part ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
Nous sommes fiers d'avoir mis en oeuvre un dispositif qui sera de nature à répondre aux inquiétudes des Français quant à la pérennité de leur système de retraite. Les jeunes ne disent pas autre chose quand ils descendent dans la rue. Ils se demandent s'ils auront le même système de retraite. La réponse est oui (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR) parce que nous avons eu le courage de le réformer, ce qui n'est pas votre cas ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Auteur : M. Germinal Peiro
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Retraites : généralités
Ministère interrogé : Travail, solidarité et fonction publique
Ministère répondant : Travail, solidarité et fonction publique
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 28 octobre 2010