G 20
Question de :
M. Jean-Marc Roubaud
Gard (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 24 novembre 2010
PERSPECTIVES DU G20
M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Roubaud, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Jean-Marc Roubaud. Ma question s'adresse à Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Madame la ministre, la mondialisation entraîne des conséquences majeures sur la vie de nos concitoyens. En 2008, au plus fort de la crise économique et financière internationale, le Président de la République a lancé le G20 afin de réagir à cette crise : il eût été illusoire de croire que l'on pouvait agir sans associer les pays émergents à cette action. Plusieurs mesures ont été adoptées depuis lors, dont la plus emblématique visait à lutter contre les paradis fiscaux.
Aujourd'hui, au terme du sommet de Séoul, d'autres mesures ont été adoptées. Il a ainsi été établi qu'il faut agir de manière coordonnée afin de lutter contre les croissances inégales et des déséquilibres de plus en plus marqués, et instaurer des indicateurs des grands équilibres commerciaux en vue d'actions préventives et correctives.
Par ailleurs, des accords ont été conclus. L'un vise à aller vers des taux de change déterminés par le marché ; un autre concerne le problème du protectionnisme ; un autre accord a pour but d'éviter des dévaluations compétitives de monnaie ; un autre encore porte sur la réforme du FMI ; un autre enfin doit permettre d'aborder les questions climatiques.
Dans ce contexte, l'année 2011 sera capitale : le Président de la République française, Nicolas Sarkozy, va présider le G20 pour un an, ainsi que le G8 à partir du 1er janvier prochain. De fait, il faut assurément aller plus loin, madame la ministre. Car l'enjeu est de taille : il s'agit non seulement d'atténuer les effets d'une mondialisation débridée et de pallier les conséquences de la crise économique et financière de 2008, mais aussi de résoudre les problèmes posés par les crises régionales, par le terrorisme et par le trafic de drogue.
Madame la ministre, pouvez-vous nous indiquer les priorités de la présidence française, ce que le monde peut en attendre, et la manière dont elles se traduiront concrètement dans la vie des Français ? (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mme Christine Lagarde, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur Roubaud, vous avez cité plusieurs priorités ; permettez-moi de les rappeler à mon tour.
La France, en la personne de son Président de la République, s'apprête à prendre la présidence du G20, puis celle du G8 à compter du 1er janvier prochain.
Le Président de la République a défini trois priorités. La première est la réforme du système monétaire international. Cela semble compliqué, mais il s'agit d'assurer la protection et la prévisibilité, si nécessaires à nos entreprises en période de volatilité.
Le deuxième objectif est la régulation du marché des matières premières. Il s'agit là encore de protection et de prévisibilité, si importantes pour les agriculteurs comme pour les consommateurs français.
Le troisième objectif est la gouvernance mondiale, afin de garantir une fois encore la prévisibilité et, surtout, la coordination dont nous avons impérieusement besoin pour organiser nos politiques macroéconomiques et pour éviter d'être les victimes permanentes d'un capitalisme débridé, sans règles (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR)...
M. Jean-Paul Bacquet. Oh !
M. Jean-Paul Lecoq et M. André Gerin. Bien, madame la ministre !
M. Jean-Paul Bacquet. Mme Lagarde serait gauchiste ?
Mme Christine Lagarde, ministre. ...et qui pénalise généralement les plus fragiles et les plus faibles, c'est-à-dire ceux qui sont endettés.
Pour atteindre ces trois objectifs, nous procéderons en trois temps. D'abord, le temps de la consultation : il faut impérativement consulter le milieu académique,...
M. Renaud Muselier. Bravo !
Mme Christine Lagarde, ministre. ... les " sachants ", mais aussi le milieu parlementaire, auquel tous ces thèmes doivent évidemment être présentés afin qu'ils formulent leurs propositions.
Viendra ensuite le temps de la coordination : vous le savez, monsieur Roubaud, il faudra tout aussi impérativement coordonner les politiques des différents États, qui ne poursuivent pas les mêmes intérêts.
Viendra enfin le temps de la décision : c'est alors que le G20 devra être pertinent et efficace, lorsqu'il s'agira d'appliquer des politiques touchant à la gouvernance mondiale et à la régulation de ces marchés - monétaires et des matières premières -, afin de ramener un peu d'ordre dans le désordre. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Jean Glavany. Mélenchon démodé !
Auteur : M. Jean-Marc Roubaud
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Relations internationales
Ministère interrogé : Économie, finances et industrie
Ministère répondant : Économie, finances et industrie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 24 novembre 2010