médecins
Question de :
M. Marc Vampa
Eure (3e circonscription) - Nouveau Centre
Question posée en séance, et publiée le 1er décembre 2010
DÉSERTIFICATION MÉDICALE
M. le président. La parole est à M. Marc Vampa, pour le groupe Nouveau Centre.M. Marc Vampa. Ma question s'adresse à M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé. J'y associe mes collègues du Nouveau Centre et en particulier Claude Leteurtre, qui recevra demain le Président de la République et M. Bertrand (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR) à Orbec, dans le Calvados, afin d'aborder les problèmes liés à la médecine de proximité.
Nous voudrions, à cette occasion, poser la question cruciale de la désertification médicale, qui touche surtout les zones rurales et les zones urbaines sensibles. Pour ne prendre que mon département, l'Eure, je citerai un seul chiffre : moins de 19 généralistes pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale est de 312. Quant aux spécialistes, les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent parfois aller jusqu'à une année d'attente.
J'ajoute que cette situation s'aggrave, puisque, en 2009, on constate une diminution de 2 % de médecins dans les départements touchés.
Comment expliquer cette sous-médicalisation ? Par des conditions d'exercice difficiles en raison de l'isolement, du manque de reconnaissance, du sentiment d'insécurité pour certains, et par l'insuffisance des incitations à l'installation envers les jeunes médecins. Ce refus de l'installation crée des déserts médicaux qui engendrent de nombreuses inégalités territoriales et sociales entre Français devant l'offre de soins.
Il est donc urgent d'agir. Tous les Français doivent accéder aisément à un avis médical et à des soins de qualité quel que soit leur lieu de résidence, et ce à des tarifs remboursables.
Face à cet impératif de santé publique, pourriez-vous d'ores et déjà, monsieur le ministre, nous faire part des mesures que vous envisagez de prendre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe NC.)
M. le président. La parole est à M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé.
M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé. Monsieur le député, je partage comme vous le constat que nous avons aujourd'hui l'ardente obligation de lutter contre la désertification médicale. Celle-ci ne touche pas seulement les zones rurales ; en milieu urbain, dans certains de nos quartiers, la question se pose avec la même acuité.
M. Maxime Gremetz. En Picardie !
M. le président. Monsieur Gremetz...
M. Xavier Bertrand, ministre. Il est important de rappeler que, comme c'est le cas dans votre région, de même qu'en Picardie ou dans la région Centre, ce sont souvent les territoires à proximité immédiate de l'Île-de-France qui connaissent le plus de problèmes de démographie médicale.
Je partage également avec vous une conviction. C'est par l'organisation du système de soins sur la base de l'incitation que nous pourrons réussir, et certainement pas par la contrainte, qui est contraire au principe d'exercice libéral de la médecine.
Cette désertification est due au fait que, pendant des années, droite et gauche confondues ont fait de mauvais choix. Il en est ainsi de la réduction du numerus clausus, suivant l'idée que moins il y aurait de médecins, moins les actes de prise en charge seraient nombreux et plus nous aurions de chances de réduire les déficits. Sauf que cela ne se passe comme ça ! Un système de santé se doit de répondre aux besoins de santé de la population.
Aujourd'hui, il faut rattraper le temps perdu. Des outils ont déjà été mis en place par Roselyne Bachelot dans la loi HPST. Les ARS ont par ailleurs ouvert des guichets uniques. Je pense que nous devons encore aller plus loin, notamment sur la base du rapport d'Élisabeth Hubert.
Si ce débat est important, ce n'est pas seulement pour les professionnels de santé, mais aussi et avant tout pour l'ensemble de nos concitoyens, car c'est la question de l'accès aux soins que vous posez. À cet égard, nous devons mettre en place des moyens supplémentaires, veiller à favoriser l'exercice de groupe chaque fois que c'est possible et simplifier la vie des professionnels de santé. Je pense notamment à la simplification du travail administratif ; c'est l'une des pistes sur lesquelles j'entends m'engager. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et NC.)
Auteur : M. Marc Vampa
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Professions de santé
Ministère interrogé : Travail, emploi et santé
Ministère répondant : Travail, emploi et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 1er décembre 2010