durée du travail
Question de :
M. Maxime Gremetz
Somme (1re circonscription) - Gauche démocrate et républicaine
Question posée en séance, et publiée le 13 janvier 2011
35 HEURES
M. le président. La parole est à M. Maxime Gremetz, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.M. Maxime Gremetz. Monsieur le Premier ministre, vous n'êtes pas là ! Je suis là ! Je ne suis pas avec le Président de la République, qui rabaisse complètement le rôle du Parlement et use d'un autoritarisme qui fait la mauvaise fortune de la République. (Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Mais un autre homme nous manque. En effet, la presse nous apprend que M. Copé entend pousser les feux sur le dossier des 35 heures. Lui-même indique que le chef de l'État lui a dit : " Vas-y, mon pote ! Les gens finiront par s'y rallier. "
" On a ouvert une brèche importante pour les retraites. Il faut en ouvrir une deuxième avec le temps de travail ", dit le secrétaire de l'UMP, bien avisé comme d'habitude. Quel aveu !
Autrement dit, après avoir mis en cause le système de répartition des retraites au profit de la capitalisation (Protestations sur les bancs du groupe UMP), M. Copé, fer de lance du candidat Sarkozy, veut remettre en cause la durée légale du travail.
Faire travailler plus longtemps sans payer d'heures supplémentaires, abaisser le pouvoir d'achat et ne pas embaucher mais si possible licencier, tel est le choix de société du pouvoir et de l'UMP, tel est le rêve des possédants et des multinationales que vous représentez !
Vous rêvez également d'une troisième brèche : supprimer le salaire minimum conventionnel. Alors que les salaires et le pouvoir d'achat ont baissé - voir l'étude de la DARES du ministère de l'emploi -, vous avez refusé le plus petit coup de pouce au SMIC. Dans le même temps, les entreprises du CAC 40 ont vu leurs profits augmenter de 85 %. Les cadeaux fiscaux...
M. le président. Merci !
La parole est à M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé.
M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé. Monsieur le député Maxime Gremetz, pour ne rien vous cacher, je n'ai pas bien compris si vous étiez nostalgique du système des 35 heures comme l'avait pensé Mme Aubry ou si vous vouliez faire la promotion des heures supplémentaires que nous avons favorisées pour les salariés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
Si vous êtes nostalgique, je vous dirai juste que les 35 heures, à l'époque, ont été un carcan sans précédent et qu'elles ont failli tuer l'économie française. (Exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Pour qu'elle survive, il a fallu des trésors de compétitivité, il a fallu aussi que les salariés fassent des sacrifices, notamment parce que les salaires ont été gelés pendant des années et que cela a été un poids terrible qui a failli être mortel pour l'économie. (Protestations sur les mêmes bancs.)
Mais si vous voulez faire la promotion des heures supplémentaires, monsieur Gremetz, vous êtes le bienvenu. Vous avez vous-même rappelé qu'elles ont augmenté de près de 13 % en octobre par rapport à l'année précédente. Pour les salariés, qui font en moyenne dix heures supplémentaires par mois, cela représente un véritable gain de pouvoir d'achat. En dépit de toutes vos grandes déclarations, ceux qui font des heures supplémentaires - ils sont plus de 5 millions - savent pertinemment que quand ils travaillent davantage, ils gagnent davantage, et ils sont attachés à ce postulat.
Il y un autre débat dans lequel vous auriez pu vous engager, monsieur Gremetz : c'est celui sur le coût du travail. Comment faire pour continuer à produire en France, pour garder les emplois dans notre pays, pour en créer davantage ?
M. Maxime Gremetz. Demandez à Goodyear !
M. Xavier Bertrand, ministre. C'est une réflexion à laquelle s'attache Éric Besson et à laquelle je participe. C'est un débat noble, mais peut-être serez-vous plus gêné, parce que vos amis communistes, et bien souvent vos amis socialistes, n'ont cessé de renforcer les charges sur les entreprises, ont pénalisé l'emploi, ce qui fait que nous connaissons aujourd'hui des difficultés plus importantes qu'ailleurs.
Alors, s'il vous plaît, convertissez-vous à cette idée : nous avons besoin d'emplois, donc nous avons besoin d'abaisser le coût du travail ! Pour une fois, rejoignez-nous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Auteur : M. Maxime Gremetz
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Travail
Ministère interrogé : Travail, emploi et santé
Ministère répondant : Travail, emploi et santé
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 13 janvier 2011