perspectives
Question de :
M. Serge Janquin
Pas-de-Calais (10e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 16 janvier 2008
POLITIQUE ÉTRANGÈRE DE LA FRANCE
M. le président. La parole est à M. Serge Janquin, pour le groupe de la Gauche démocrate et républicaine.M. Serge Janquin. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères, car la visite du Président de la République dans le golfe Persique mérite questions et commentaires.
D'abord, comme toujours et partout, le Président est d'accord avec ses hôtes du moment, impressionné par l'évolution de la condition des femmes et de la liberté d'expression en Arabie saoudite, mais sans réduire les inquiétudes de Riyad sur les positions françaises à l'endroit de l'Iran. Il n'a pas oublié non plus sa fonction de VRP, mais sans pouvoir conclure, en tout cas pas tant que George Bush ne sera pas passé lui-même.
Sur le style, il y a beaucoup à dire. Comme toujours et partout, que d'embrassades, d'accolades et de tapes sur l'épaule ! Ces visites pourraient marquer l'amitié sans la familiarité, ces démonstrations devraient être subordonnées à la réserve, à la dignité que les Français attendent de l'exercice de la fonction présidentielle, croyez-moi ! (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
À cet égard, il faut bien revenir hélas, trois fois hélas, sur la longue et humiliante équipée du colonel Kadhafi à Paris. Des relations diplomatiques, oui. La mise en majesté démesurée du guide libyen, non. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
M. Kouchner prétend que la politique étrangère de la France n'a jamais été aussi active qu'aujourd'hui. Elle est plus verbeuse et activiste qu'active et efficace, plus brouillonne que cohérente, mercantile à Pékin, excessivement louangeuse à Moscou et vassalisée à Washington, pour tout dire, invertébrée. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
La politique étrangère est soumise aujourd'hui à des impératifs économiques, mais avec quels résultats ? Contrats conclus avant, espérés pendant et pas conclus après. (" La question ! " sur plusieurs bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Alors que la France avait préservé avec Jacques Chirac sa capacité autonome de jugement et d'engagement, elle est aujourd'hui sans conteste plus atlantiste : engagement accru en Afghanistan, positions sur l'Iran aux avant- postes de celles de George Bush.
M. Jean-Pierre Soisson. La question !
M. Serge Janquin. Elle dépouille M. Kouchner sur le terrain des droits de l'homme et de l'ingérence humanitaire au bénéfice des foucades sans constance de Mme Rama Yade. Elle dépouille le Quai d'Orsay de son rôle. Tout est défini à l'Élysée.
M. le président. Posez votre question, s'il vous plaît, monsieur Janquin.
M. Serge Janquin. Il ne reste à M. Kouchner que le commentaire ou la dérobade. Où va la politique étrangère de la France ? Quand notre assemblée pourra-t-elle enfin en débattre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine et du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé des affaires européennes.
M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'État chargé des affaires européennes. Il est vrai, monsieur le député, que la politique étrangère de la France est une politique active, qui vise à entamer le dialogue avec l'ensemble de ses grands partenaires, que ce soient les États-Unis, la Russie ou le monde arabe, et, bien sûr, Israël et la Palestine.
C'est une politique qui vise à assurer l'influence de notre pays en Europe et dans le monde : de ce point de vue, monsieur Janquin, vous pouvez être assuré que la stratégie de la politique française est claire.
M. Jacques Desallangre. C'est l'alignement sur les États-Unis !
M. le secrétaire d'État chargé des affaires européennes. C'est une politique européenne : elle veut développer l'influence de l'Europe dans son ensemble auprès de nos principaux partenaires, et nous nous comportons à leur égard comme se comportent nos partenaires européens. (" Non ! " sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
Un député du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Mme Merkel a été digne envers Moscou !
M. le secrétaire d'État chargé des affaires européennes. Pour ma part, je ne vois pas de difficulté à avoir une politique étrangère influente et active. (" Comme au Liban ? " sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Si elle ne l'était pas au début de ce quinquennat, quand le serait-elle ?
Que cette politique soit également active sur le plan économique, au profit des emplois et de l'activité des entreprises françaises, il n'y a rien là de contradictoire. C'est ce que font toutes les grandes diplomaties du monde.
Un député du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Mme Merkel peut vous donner des leçons de dignité !
M. le secrétaire d'État chargé des affaires européennes. Il ne manquerait plus que la France fasse exception à cette règle fondamentale. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
Auteur : M. Serge Janquin
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires européennes
Ministère répondant : Affaires européennes
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 16 janvier 2008