Question au Gouvernement n° 3185 :
théâtre

13e Législature

Question de : M. Patrick Bloche
Paris (7e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 14 avril 2011

REMPLACEMENT DU DIRECTEUR DU THÉÂTRE DE L'ODÉON

M. le président. La parole est à M. Patrick Bloche, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Patrick Bloche. Monsieur le ministre de la culture et de la communication, vous avez annoncé brutalement, vendredi dernier, votre décision de débarquer Olivier Py de la direction de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, au motif surprenant de faire taire les rumeurs. Il est vrai que, pour les mêmes raisons, vous aviez créé un précédent en annonçant vous-même votre entrée au Gouvernement.
Olivier Py est un directeur de théâtre unanimement apprécié par le public, par les artistes et par la critique. Sa non-reconduction au terme de son premier mandat est si incompréhensible qu'elle a logiquement été jugée arbitraire.
Comment ne pas déplorer un exercice du pouvoir si " Ancien Régime ", où l'on place ici et là favoris et courtisans, où l'on congédie par caprice, sans aucune raison ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Protestations sur les bancs du groupe UMP.) La République souffre tant de ce fait du prince, qui a force de loi depuis que le chef de l'État s'est lui-même arrogé un pouvoir de vie et de mort sur les trois présidents de l'audiovisuel public ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
On constate un peu plus chaque jour les conséquences de ces dérives, par exemple quand le pouvoir exécutif, pour protéger ses amis et justifier ses choix, en vient à laisser perdurer de manière scandaleuse la crise de gouvernance qui frappe l'audiovisuel extérieur de la France depuis plus de dix mois.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous donner les raisons du départ d'Olivier Py, auxquelles le principal intéressé n'a même pas eu droit ? Et comment justifiez-vous la soudaine urgence d'une décision si arbitraire alors que tant de dossiers culturels sont en souffrance ? (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la culture et de la communication.
M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, monsieur le député,... (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. Monsieur Hutin !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...la question des nominations à la direction des théâtres publics...
M. Christian Bataille. Autocrate !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...fait très souvent l'objet de controverses.
M. Jean Glavany. La preuve !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. Celle de l'actuel directeur du théâtre de l'Odéon, il y a quatre ans, n'a d'ailleurs pas fait exception...
M. Jean-Louis Bianco. C'est vrai !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...et la liste des cas similaires est longue.
Le théâtre de l'Odéon, édifié sous Louis XVI (Vives exclamations sur les bancs du groupe SRC), et où Beaumarchais donna pour la première fois Le Mariage de Figaro,... (Même mouvement.)
M. le président. Je vous en prie !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ... est l'une des plus belles salles de Paris. (Même mouvement.)
M. le président. Mes chers collègues !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. Elle compte huit cents places, auxquelles s'ajoutent une petite salle attenante et un autre site aux Ateliers Berthier, sur le boulevard du même nom.
Mais ce théâtre situé à Paris n'est pas un théâtre parisien : c'est le Théâtre de l'Europe, destiné à mettre en valeur le répertoire, les troupes, les metteurs en scène d'Europe !
M. Jean Glavany. Répondez à la question !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. Cette définition a été amplement légitimée par Giorgio Strehler, Lluis Pasqual ou Georges Lavaudant.
Dans le contexte de difficultés en tous genres qui affectent les politiques culturelles en Europe, il est essentiel que l'Odéon-Théâtre de l'Europe retrouve pleinement sa place (Exclamations sur les bancs du groupe SRC), qui lui vaut une subvention de 12 millions d'euros et un concours européen tout récent, que le Gouvernement a contribué à lui obtenir.
La nomination que je propose au Président de la République,... (Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Christian Bataille. Coupeur de têtes !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...celle d'une personnalité unanimement respectée,...
M. Christian Bataille. Jivaro !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...me semble plus conforme aux attentes que suscite l'Odéon. J'ai longuement exposé mon point de vue à l'actuel directeur, en lui confirmant que les engagements qu'il a pris envers les artistes en résidence seront évidemment honorés...
M. Christian Bataille. Autocrate !
M. le président. Monsieur Bataille !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...et en lui précisant que j'étais ouvert à toute réflexion concernant une autre affectation d'importance plus adaptée à son talent. Il n'y a eu ni brutalité, ni surprise,...
M. Christian Bataille. Tartuffe !
M. Frédéric Mitterrand, ministre. ...car cette rencontre n'était évidemment pas la première, mes réticences grandissantes étant bien connues. N'est abasourdi que celui qui ne veut pas entendre ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
La politique que je mène est soigneusement mûrie (Exclamations sur les bancs du groupe SRC) et, lorsqu'il s'agit de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, le mieux n'est pas l'ennemi du bien ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)

Données clés

Auteur : M. Patrick Bloche

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Arts et spectacles

Ministère interrogé : Culture et communication

Ministère répondant : Culture et communication

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 avril 2011

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