Question au Gouvernement n° 3446 :
âge de la retraite

13e Législature

Question de : M. Régis Juanico
Loire (1re circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 6 juillet 2011

RETRAITES

M. le président. La parole est à M. Régis Juanico, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Régis Juanico. Ma question s'adresse au ministre du travail.
Monsieur le ministre, jusqu'où irez-vous dans la régression sociale et les mauvais coups portés aux salariés ? (Protestations sur les bancs du groupe UMP.) Ce matin, contre l'avis des syndicats et avec l'appui du MEDEF, vous venez d'annoncer pour les générations nées à partir de 1955 l'allongement de la durée de cotisation à 41,5 ans pour obtenir une retraite à taux plein. Cette décision intervient quelques jours seulement après l'entrée en vigueur de la loi repoussant l'âge légal de départ à la retraite et la disparition d'un acquis social historique : la retraite à soixante ans.
Les Français vont devoir cotiser trois mois de plus - 166 trimestres - et attendre quatre mois supplémentaires après soixante ans pour pouvoir partir à la retraite. Les salariés les plus modestes, les femmes, les jeunes vont payer au prix fort le cumul de ces deux mesures injustes.
Lors de la présentation de votre réforme en juin 2010, le Gouvernement évoquait un passage à 41,5 ans de la durée de cotisation, mais à l'horizon 2020. Vous avez donc trompé les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Ce n'est pas la première fois : vous avez déjà menti sur l'allocation équivalent retraite pour les 30 000 demandeurs d'emploi de moins de soixante ans qui ont suffisamment cotisé mais n'ont pas atteint l'âge légal ; vous vous étiez engagé à reconduire ce dispositif, vous l'avez supprimé. Vous avez également menti sur la pénibilité au travail, en publiant un décret d'application restrictif, qui concernera très peu de salariés ; ceux qui ont une incapacité physique entre 10 et 20 % devront prouver devant une commission qu'ils ont été exposés à des risques professionnels pendant dix-sept ans... un véritable parcours du combattant.
Le Président de la République nous a expliqué qu'avec sa réforme le problème des retraites était réglé. En fait, rien n'est réglé, la réforme est injuste, financée à 92 % par les salariés. Elle n'est pas viable, et vous annoncez déjà un nouveau train de mesures dès 2013.
Si la gauche l'emporte l'an prochain, nous reviendrons sur toutes ces injustices ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Alors, monsieur le ministre, ma question est simple : sur les retraites, quand allez-vous cesser d'abuser les Français ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Mme la présidente. La parole est à Mme Nadine Morano, ministre chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle.
Mme Nadine Morano, ministre chargée de l'apprentissage et de la formation professionnelle. Monsieur le député, permettez-moi tout d'abord d'excuser Xavier Bertrand, retenu au Sénat pour l'examen d'un texte.
Ce que je retiens de vos propos, c'est que le parti socialiste oscille entre démagogie, mensonges, angoisse et irresponsabilité ! (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Je ne sens pas de gêne dans vos propos, et pourtant il y aurait de quoi ! N'étiez-vous pas gêné, quand certains de nos concitoyens, après avoir cotisé 44 ans, devaient attendre l'âge de soixante ans pour partir à la retraite ? Or qui a mis en place le dispositif des carrières longues ? C'est cette majorité et le gouvernement de François Fillon ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Patrick Lemasle. Répondez à la question !
Mme Nadine Morano, ministre. Sans doute avez-vous la mémoire courte, monsieur le député, car vous n'avez procédé à aucune réforme des retraites dans notre pays. En 1993, vous n'avez pas voté la réforme portée par Édouard Balladur ; en 1997, vous aviez promis à nos concitoyens que, de retour aux affaires, vous reviendriez sur la réforme : ce ne fut pas le cas ! (" La question ! la question ! " sur les bancs du groupe SRC.)
Nous ne faisons qu'appliquez strictement la loi. La vérité est que nous avons sauvé le système de retraites des Français. C'est une vérité qui vous dérange, car vous n'avez jamais eu le courage de prendre en compte les évolutions démographiques, la progression de l'espérance de vie, pour mener à bien la réforme des retraites. (Protestations sur les bancs du groupe SRC.)
Il vous reste, dans l'état de division où se trouve votre groupe, à méditer la phrase qu'a prononcée Manuel Valls, le 28 juin dernier à la télévision : " C'est pas vrai qu'on reviendra sur la réforme des retraites ; il faudra un langage de courage. " (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Régis Juanico

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Retraites : généralités

Ministère interrogé : Apprentissage et formation professionnelle

Ministère répondant : Apprentissage et formation professionnelle

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 6 juillet 2011

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