déficits publics
Question de :
M. Pierre-Alain Muet
Rhône (2e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 9 novembre 2011
PLAN D'ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES
M. le président. La parole est à M. Pierre-Alain Muet, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Pierre-Alain Muet. Ma question, puisque M. le Premier ministre n'est pas là, s'adressera à Mme Pécresse.
Hier, en présentant son plan d'austérité, le Premier ministre a parlé de courage. Est-ce du courage que d'augmenter l'impôt le plus injuste, la TVA, qui pèse sur nos concitoyens les plus modestes ? (" Démago ! " sur les bancs du groupe UMP.) Est-ce du courage que d'accélérer le passage à 62 ans de l'âge de la retraite (" Oui ! " sur les mêmes bancs), en obligeant les salariés qui ont toutes leurs annuités à cotiser pour rien ? Est-ce du courage que d'accroître encore les inégalités en diminuant le pouvoir d'achat des allocations familiales et des allocations logement ? (" Oui ! " sur les bancs du groupe UMP.)
Le courage, madame Pécresse, aurait été d'annuler l'allégement de l'ISF de 1,8 milliard d'euros, que vous tous, à droite, avez voté au mois de juillet ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR. - " Les 35 heures ! " sur les bancs du groupe UMP.)
Le courage, cela aurait été, comme le disait mon collègue Eckert, d'annuler les 10 milliards d'euros du paquet fiscal - 10 milliards qui pèsent sur nos comptes ! (Mêmes mouvements.)
Le courage, cela aurait été de rétablir vraiment les droits de succession sur les grandes fortunes que vous avez exonérées !
M. Jean-Pierre Door. Les 35 heures !
M. Pierre-Alain Muet. Le courage, enfin, cela aurait été de supprimer une partie des 75 milliards d'euros de cadeaux fiscaux que cette majorité aura faits en dix ans et qui sont très largement responsables de l'explosion de notre dette ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Le Premier ministre a parlé de faillite en évoquant les années où la France a vécu à crédit. La dette de notre pays aura doublé en moins de vingt ans, passant de 42 % du PIB en 1993 à 86 % en juin 2012 : ce doublement ne résulte pas de l'ensemble des gouvernements, mais uniquement des gouvernements de droite (Protestations sur les bancs du groupe UMP), car nous, nous avons réduit la dette. La faillite, c'est vous ! (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Protestations sur les bancs des groupes UMP et NC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. François Baroin, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous prie d'abord de bien vouloir excuser l'absence du Premier ministre qui est en Allemagne, aux côtés de la chancelière Angela Merkel et du président russe Dmitri Medvedev, pour continuer le travail en vue de la coordination des politiques publiques afin de soutenir notre croissance.
Monsieur le député, vous avez posé la question du courage. Est-ce du courage que de proposer, pour satisfaire quelques catégories prétendument favorables sur le plan électoral, la création de 60 000 emplois dans l'éducation nationale ? (" Oui ! " sur les bancs du groupe SRC. - " Non ! " sur les bancs du groupe UMP.) Est-ce du courage que de proposer, dans la même veine, 300 000 emplois financés sur fonds publics (Mêmes mouvements), alors qu'aucun parti de gauche au monde ne propose aujourd'hui de créer des emplois publics ? Est-ce du courage que de ne pas revenir sur les 35 heures ? (" Non ! " sur les bancs du groupe UMP.) Est-ce du courage de dire que vous allez revenir à la retraite à 60 ans, alors que vous ne le ferez jamais ? Est-ce du courage que de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité, de vous accrocher à de vieilles lunes socialistes qui vous ont, certes, conduit par effraction au pouvoir en 1997 (Vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR), vous qui n'avez rien fait de la croissance venue de l'extérieur avec la bulle Internet ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. - Huées sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. Je vous en prie, mes chers collègues !
M. François Baroin, ministre. Oui, je le répète, c'est par effraction (Vives exclamations sur les bancs des groupes SRC et GDR), car c'est sur un coin de table que vous avez rédigé l'affaire des 35 heures ! (Mmes et MM. les députés des groupes SRC et GDR se lèvent et conspuent le ministre. - Exclamations sur les bancs des groupes UMP et NC.) C'est sur un coin de table que M. Strauss-Kahn et Mme Aubry ont rédigé l'affaire des emplois-jeunes ! Oui, c'est par un coin de table que vous êtes arrivé aux affaires, et c'est sur un coin de table toujours que vous avez rédigé un projet qui est aujourd'hui caduc et qui, dans le même esprit, vous a amené à proposer un projet qui ne correspond en rien à la réalité de la situation économique de notre pays ! (Mmes et MM. les députés des groupes SRC et GDR commencent à quitter l'hémicycle. - Mmes et MM. les députés des groupes UMP et NC commencent à se lever à leur tour.)
Vous pourrez crier, le bruit n'ajoutera rien à l'affaire ! Vous pourrez vous lever, cela ne réglera pas l'affaire du projet socialiste ! (Des boulettes de papier sont jetées depuis les bancs du groupe SRC vers le ministre). Vous pourrez quitter la salle et adresser des quolibets, vous serez vous aussi, face aux Français, au rendez-vous de la vérité ! Nous, nous le serons ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC. - Huées prolongées sur les bancs des groupes SRC et GDR.).
De nombreux députés du groupes SRC. Voyou !
M. le président. Mes chers collègues, je vous en prie !
Plusieurs députés du groupe UMP. Guérini ! Guérini !
M. Noël Mamère. Karachi !
M. le président. Je demande à chacun de regagner sa place ! Chacun pourra alors prendre la parole. (" Non ! Nous voulons des excuses ! " sur les bancs du groupe SRC.)
Si vous ne regagnez pas vos places, je me verrai obligé de suspendre la séance ! (" Démocratie ! Démocratie ! " sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Auteur : M. Pierre-Alain Muet
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Finances publiques
Ministère interrogé : Économie, finances et industrie
Ministère répondant : Économie, finances et industrie
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 9 novembre 2011