Question au Gouvernement n° 3792 :
énergies renouvelables

13e Législature

Question de : M. Christophe Bouillon
Seine-Maritime (5e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 22 décembre 2011

ÉNERGIES RENOUVELABLES

M. le président. La parole est à M. Christophe Bouillon, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Christophe Bouillon. Madame la ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, l'année 2011 s'achève. C'est l'heure des bilans, notamment pour les énergies renouvelables.
Sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, il y a les discours et il y a les actes. Intéressons-nous aux actes, quand on sait ce que valent les discours depuis 2007. Et voyons ce qu'il en est de l'éolien et du photovoltaïque en France.
L'année 2011 aura été celle de la panne de croissance du secteur éolien en France. La puissance installée est passée de 479 mégawatts en 2009 à 1 034 mégawatts en 2010 et à 340 en 2011. À ce rythme-là ce n'est pas une décrue, ce sont les chutes du Niagara. Et les projets d'éoliennes offshore ne gommeront pas cet effet.
Avec vous, la France n'atteindra jamais l'objectif de 25 000 mégawatts de puissance installée en 2020.
M. Alain Gest. N'importe quoi !
M. Christophe Bouillon. L'année 2011 aura aussi été celle de la crise de la filière photovoltaïque. L'entreprise Photowatt, acteur historique du solaire en France, a déposé son bilan.
M. François de Rugy. Eh oui !
M. Christophe Bouillon. Alors que partout dans le monde l'énergie solaire est en pleine expansion, notre pays, en quelques mois, a détruit un tiers des 25 000 emplois que la filière avait créés entre 2007 et 2010.
Souvenez-vous, on nous parlait, il n'y a pas si longtemps, de croissante verte et d'emplois verts. Les chiffres annoncés donnaient même presque le vertige. La réalité, aujourd'hui, c'est que les emplois verts sont passés au rouge. Pire, on n'en verra sans doute jamais la couleur.
Les petites entreprises, non délocalisables, sont les plus touchées. N'ayant pas la possibilité de se reporter sur d'autres activités, elles n'ont d'autre choix que de procéder à des licenciements. Triste nouvelle, dans le contexte actuel d'aggravation du chômage en France.
Alors, à qui la faute, me direz-vous ?
N'allez pas chercher, comme d'habitude, les 35 heures, le Front populaire, Mai 68, ou encore la crise, pour justifier vos échecs. La crise de l'éolien et du photovoltaïque s'explique par l'instabilité réglementaire dont vous avez fait preuve depuis plusieurs années.
Vous êtes atteints du complexe de Pénélope : vous détricotez ce que vous avez fait.
Quand allez-vous, madame la ministre, mettre fin à l'incohérence gouvernementale ? (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement.
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement. Pénélope va vous répondre, monsieur le député. En 2007, il y avait dans notre mix énergétique 9,3 % d'énergies renouvelables. Cette proportion était restée stable depuis la mise en service des derniers grands barrages. Ce taux est aujourd'hui de 13 % et nous sommes sur la voie de l'objectif de 23 % en 2020.
M. François de Rugy. Sûrement pas !
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre. L'éolien offshore est lancé. François Hollande est allé le saluer hier à Saint-Nazaire, qui sera un des grands sites de l'éolien offshore. Nous en attendons 10 000 emplois. L'appel d'offre a été lancé le 11 juillet dernier. Les entreprises doivent déposer leur projet avant le 11 janvier.
En ce qui concerne le solaire, nous avons triplé la puissance installée entre l'année précédente et l'année 2010-2011, en partant du mois de juin. Nous en étions à 1 700 mégawatts pour la période juin 2010-juin 2011. Que voudriez-vous ? Que nous ne soyons pas préoccupés par les 1,5 milliard d'euros de déficit de la balance commerciale dans le secteur solaire ?
Oui, nous avons rectifié le cadre du soutien au solaire. Mais c'est pour mieux créer des emplois en France, créer une filière industrielle en France et produire les panneaux que nous posons plutôt que de les importer. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP. -Exclamations sur les bancs du groupe SRC.)
M. Christophe Bouillon. Ce n'est pas vrai !
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre. Mesdames et messieurs les députés, une politique énergétique solide se fonde d'abord sur une politique industrielle, et c'est ce que nous cherchons à faire dans le secteur des énergies renouvelables : produire en France les équipements que nous installons et que nous finançons. Car tout cela est financé sur la facture d'électricité des Français.
Il s'agit d'une politique poursuivant des objectifs de puissance, des objectifs environnementaux, mais aussi des objectifs en matière d'emploi. Il nous semble parfois, mesdames et messieurs les députés socialistes, que vous les oubliez un peu. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Christophe Bouillon

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Énergie et carburants

Ministère interrogé : Écologie, développement durable, transports et logement

Ministère répondant : Écologie, développement durable, transports et logement

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 22 décembre 2011

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