Liban
Question de :
M. François Rochebloine
Loire (3e circonscription) - Nouveau Centre
Question posée en séance, et publiée le 14 mai 2008
SITUATION AU LIBAN
M. le président. La parole est à M. François Rochebloine, pour le groupe Nouveau Centre.M. François Rochebloine. Monsieur le ministre des affaires étrangères et européennes, depuis quelques jours, de violents affrontements opposent au Liban les forces de l'opposition, notamment le Hezbollah chiite, à la majorité en place, hier pro-syrienne et aujourd'hui anti-syrienne. L'armée libanaise poursuit son déploiement depuis samedi afin de prévenir une extension de ces violences qui ont fait à ce jour 61 morts et environ 200 blessés à Beyrouth ouest, à Tripoli et dans la montagne druze, au sud-est de la capitale.
Cette nuit encore, de violents combats au fusil, au lance-grenades et au mortier ont repris à Tripoli. Il est du devoir de la France d'appeler les belligérants au calme et à renouer le dialogue avec les différentes composantes de la société multiconfessionnelle libanaise. Le Liban ne doit pas être l'otage de puissances étrangères régionales ou internationales quelles qu'elles soient.
Monsieur le ministre, la France, par votre intermédiaire, a multiplié les interventions. Vos nombreuses visites en témoignent. Plus que quiconque, vous connaissez les liens privilégiés qui unissent la France et le Liban, et la place qu'occupe dans le coeur des Français le pays du Cèdre. Il nous faut demeurer fidèles à cette amitié, c'est pour nous une exigence.
M. Michel Hunault. Très bien !
M. François Rochebloine. Aussi ma question est-elle simple. Dans un contexte aussi difficile que celui que connaît le Liban aujourd'hui, que compte faire le Gouvernement français afin que soit garantie la spécificité de ce pays fondée sur l'entente, le dialogue et le consensus entre les différentes forces politiques ? Il en va de son avenir et de celui des Libanais. (Applaudissements sur les bancs du groupe Nouveau Centre et quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)
M. le président. La parole est à M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes.
M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes. Monsieur Rochebloine, nous allons continuer à parler à toutes les communautés (Exclamations sur quelques bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche) qui composent ce Liban difficile, heurté et, depuis quelques jours, en proie à une crise à laquelle nous nous attendions mais qui s'est révélée très meurtrière. Que faire ?
Nous avons tenté ce qu'on a appelé " l'initiative française " qui, après plusieurs mois, a débouché sur trois points précis. D'abord, il s'agissait de procéder à l'élection d'un président de consensus ; le fait que le général Sleimane soit devenu le candidat de la majorité après avoir été celui de l'opposition devait être une garantie de succès. Il s'agissait ensuite de constituer un gouvernement équilibré au sein duquel toutes les communautés devaient se trouver représentées. Enfin, une modification des circonscriptions se révélait nécessaire. Cela n'a pas marché.
C'est alors que la Ligue arabe est intervenue pour, elle-même, après quelques mois, buter sur les trois points que je viens de mentionner. Que faire désormais ?
Il faut attendre que la Ligue arabe, sous la direction du prince héritier du Qatar et de son secrétaire général, M. Amr Moussa, ait rencontré demain, à Beyrouth, tous les protagonistes. En attendant, nous espérons que l'armée continue de concourir au maintien d'un calme relatif, même si son attitude a été l'objet d'interprétations différentes et même si, hélas, elle n'a pas pu empêcher les affrontements meurtriers auxquels vous avez fait allusion, monsieur le député.
Dès que la Ligue arabe nous aura fait connaître ses premières conclusions, nous jugerons, après avoir multiplié les contacts avec tous les protagonistes, parmi lesquels le Premier ministre Fouad Siniora, responsable pour le moment du seul gouvernement légal, de la seule autorité légale. Puis nous aviserons. Si nous devons reprendre une initiative, nous le ferons, monsieur Rochebloine. (Applaudissements sur les bancs du groupe Nouveau Centre. - Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)
Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Quelle obscure clarté !
Auteur : M. François Rochebloine
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Affaires étrangères et européennes
Ministère répondant : Affaires étrangères et européennes
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 14 mai 2008