marins-pêcheurs
Question de :
M. Maxime Bono
Charente-Maritime (1re circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 21 mai 2008
CRISE DE LA PÊCHE
M. le président. La parole est à M. Maxime Bono, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.M. Maxime Bono. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. J'y associe, bien sûr, les députés socialistes de notre façade maritime, et plus particulièrement Bernard Cazeneuve, député-maire de Cherbourg.
Monsieur le ministre, depuis bientôt une semaine, les pêcheurs de notre pays sont en colère, car la hausse constante du prix du gazole ruine les armements, contraint les bateaux à rester à quai et prive les équipages de tout revenu. Ils sont en colère également car les promesses faites, les assurances données et les espoirs que certains propos avaient fait naître n 'ont pas été suivis d 'effets.
Le 6 novembre, au cours d'une visite mouvementée au Guilvinec, le Président de la République affirmait : " Je n'ai pas l'intention de laisser mourir la pêche. " En déplacement à Boulogne-sur-Mer, il poussait même la démagogie jusqu'à promettre qu'il profiterait de la présidence française de l'union européenne pour " sortir des quotas de pêche " !
Aujourd'hui, plus personne ne croit à ces promesses, et les pêcheurs ne croient plus, monsieur le ministre, en votre plan pluriannuel. Ils ignorent encore à ce jour si les mesures prévues pourront être mises en oeuvre, leur compatibilité avec les règles de Bruxelles n'étant toujours pas établie. Aujourd'hui, un bateau qui part en pêche s'endette, et l'ensemble de la filière ne peut admettre qu'à ce jour, la seule mesure réellement financée et mise en oeuvre du plan que vous aviez annoncé soit destinée à la destruction des bateaux sortis de la flotte.
Monsieur le ministre il est urgent que le dialogue reprenne. À ce jour, plus de quinze ports sont bloqués, et bien d'autres en grève. Le mouvement ne cesse de s'étendre, à la mesure du désespoir qui s'empare des équipages. Dans l'immédiat, et dans 1'attente de mesures structurelles, seules à même de garantir l'avenir des métiers de la mer, dans l'attente de la modernisation des bateaux pour une moindre consommation et une plus grande sécurité, des mesures sociales au profit des équipages sont indispensables. Celles-ci ne dépendent pas de la législation européenne. Monsieur le ministre, êtes-vous prêt, demain, à ouvrir le dialogue en ce sens ? (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)
M. le président. La parole est à M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Michel Barnier, ministre de l'agriculture et de la pêche. Permettez-moi de commencer par une remarque, monsieur Bono : en vérité, la pêche française n'est ni de droite ni de gauche. (" Très bien ! " et applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.)
M. Jean Glavany. Les quotas non plus !
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche. Elle fait partie de notre identité nationale, elle est au coeur du défi alimentaire et territorial que doit relever notre pays. Comme vous l'avez dit, les pêcheurs connaissent aujourd'hui une situation très difficile, pour une raison précise : au-delà des dangers et des difficultés de leur métier, le gazole qu'ils utilisent - certains plus que d'autres - a augmenté de 20 centimes d'euro depuis six mois, soit autant que les deux dernières années. C'est pour cette raison que le Président de la République, après sa visite au Guilvinec - ses engagements seront respectés - m'a demandé de travailler, sous l'autorité du Premier ministre, à un plan de secours et de soutien à la pêche française. Celui-ci est sans précédent, tant par son ampleur, avec 310 millions d'euros déployés sur trois ans, que par son ambition : une pêche durable et responsable. J'ai travaillé sur ce plan avec tous ceux qui l'ont voulu, sans parti pris, et nombre d'entre vous peuvent en témoigner, comme M. Cuvilliez, M. d'Ettore et bien d'autres. Je me suis attaché à ce que les quinze mesures proposées soient compatibles avec les règles européennes. Vous comme moi avons à l'égard des pêcheurs français, un devoir de solidarité et de vérité. Vous me demandez si je suis prêt à dialoguer : je n'ai jamais cessé de le faire ! Je rencontrerai demain l'ensemble des représentants des professionnels, avec le souci de faire face à l'urgence et à la détresse des hommes et des femmes qui vivent de la pêche, grâce à des mesures sociales. Je veux également donner un nouvel horizon à la pêche française avec des mesures structurelles qui seront accentuées, intensifiées en faveur de la modernisation de la flottille, de la formation, des économies d'énergie et de la sécurité des marins-pêcheurs. Voilà dans quel esprit je poursuivrai, demain, le dialogue avec l'ensemble des marins professionnels. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire et du groupe Nouveau Centre.)
Auteur : M. Maxime Bono
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Aquaculture et pêche professionnelle
Ministère interrogé : Agriculture et pêche
Ministère répondant : Agriculture et pêche
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 21 mai 2008