politique de la santé
Question de :
M. Claude Leteurtre
Calvados (3e circonscription) - Nouveau Centre
Question posée en séance, et publiée le 22 octobre 2008
ÉTAT DE LA PSYCHIATRIE
M. le président. La parole est à M. Claude Leteurtre, pour le groupe NC.M. Claude Leteurtre. " Chaque société a la psychiatrie qu'elle mérite ", disait hier soir un médecin au cours d'un documentaire diffusé sur Canal Plus et qui soulignait un vrai problème : celui de l'état de la psychiatrie dans notre pays.
Madame la ministre de la santé, vous allez présenter demain en conseil des ministres le projet de loi " hôpital, patients, santé et territoires " qui vise à harmoniser l'accès aux soins.
Mais regardons les choses en face. 800 postes de psychiatres n'ont pas de titulaire dans les hôpitaux publics ; 700 ne sont pas pourvus dans le médico-social ; la pédopsychiatrie est quasiment en voie d'extinction. En vingt ans, 80 000 lits d'hospitalisation en psychiatrie ont été supprimés sans que les crédits ainsi économisés soient consacrés aux soins de ville. De ce fait, notre système de santé est incapable d'assurer la prise en charge de tous les patients qui devraient être suivis. Quant à la psychiatrie en prison, elle est quasi inexistante.
Alors que l'on est passé de 800 000 consultations en 1990 à 1 400 000 en 2004 et que la demande ne cesse d'augmenter, le nombre de médecins psychiatres ne cesse de baisser. Ils sont encore 12 000 aujourd'hui. Si rien n'est fait, ils ne seront plus que 9 000 dans dix ans ! Je n'ose pas évoquer à nouveau le devenir de la pédopsychiatrie...
Malgré toutes les annonces, la vérité c'est que rien n'a été fait pour la psychiatrie depuis vingt ans. On a nié sa spécificité, refusé de tenir compte des contraintes financières qu'elle impose, comme si on voulait la faire disparaître en tant que spécialité médicale.
Et pourtant, elle exige encore plus de technicité, d'humanisme et d'empathie avec les malades que n'importe quelle autre discipline médicale.
Madame la ministre, le Nouveau centre s'interroge : quelles mesures allez-vous proposer pour sauver la psychiatrie française ? Comment y ramener de nouvelles générations d'étudiants en médecine ? Comment éviter la catastrophe sanitaire annoncée ? (Applaudissements sur les bancs du groupe NC.)
M. le président. La parole est à Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative.
Plusieurs députés du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. Et des franchises !
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative. Le secteur de la psychiatrie traite 10 millions de personnes par an, dont 1 500 000 dans le public. Il représente 73 000 lits, 63 000 infirmiers, plus de 13 000 médecins. Des efforts considérables ont été faits au cours du plan qui se termine à la fin de l'année. 131 millions ont été consacrés à la formation des infirmiers, plus de 2 000 postes supplémentaires ont été créés, dont 250 de médecins psychiatres, 228 de psychologues, plus de 1 000 postes d'infirmiers. On a procédé à des restructurations et rénovations lourdes d'hôpitaux psychiatriques.
Je ne peux donc pas vous laisser dire que rien n'a été fait, y compris dans des secteurs importants comme la psychiatrie infantojuvénile, que vous avez mentionnée, le traitement de la précarité, qui mobilise 92 équipes, la prévention du suicide - et j'accompagnerai bien sûr les mesures que va prendre Rachida Dati pour lutter contre les suicides en prison. Avec Xavier Bertrand et Valérie Létard, nous avons créé plus de 1 200 places en maisons d'accueil spécialisées et en foyers d'accueil médicalisés. D'ailleurs, Libération, qu'on ne peut soupçonner de se faire le thuriféraire du Gouvernement, a reconnu que la psychiatrie française était sans doute celle qui disposait des moyens les plus importants en Europe. Ainsi, notre pays compte le plus grand nombre de médecins psychiatres. Mais il y a une mauvaise répartition, une mauvaise allocation des ressources.
C'est pourquoi j'ai confié, le 7 juillet dernier, à Édouard Couty une mission de réflexion sur les soins en psychiatrie. Il s'est entouré de professionnels et me communiquera bientôt ses observations et préconisations. Elles trouveront place dans le projet de loi " hôpital, patients, santé, territoires ", dont vous aurez à débattre dans quelque temps. La psychiatrie est un secteur primordial de la santé publique, et je rends hommage aux équipes qui l'animent. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP et sur plusieurs bancs du groupe NC.)
Auteur : M. Claude Leteurtre
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Santé
Ministère interrogé : Santé, jeunesse, sports et vie associative
Ministère répondant : Santé, jeunesse, sports et vie associative
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 22 octobre 2008