États-Unis
Question de :
M. Louis Giscard d'Estaing
Puy-de-Dôme (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 6 novembre 2008
ÉLECTION DU PRÉSIDENT AMÉRICAIN
M. le président. La parole est à M. Louis Giscard d'Estaing, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Louis Giscard d'Estaing. Monsieur le président, mes chers collègues, j'associe à ma question tous les membres du groupe d'amitié parlementaire France - États-Unis d'Amérique que j'ai l'honneur de présider. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Monsieur le Premier ministre, le peuple américain vient de s'exprimer : Barack Obama sera le 44e Président des États-Unis d'Amérique.
M. Maxime Gremetz. Bravo !
M. Louis Giscard d'Estaing. La vitalité démocratique qui vient de se manifester aux États-Unis est à tout point de vue exemplaire, avec un taux de participation inégalé depuis 1908. De plus, à l'issue d'une campagne d'une intensité et d'une durée exceptionnelles, c'est la première fois dans l'histoire des États-Unis qu'un homme de couleur accède à la Maison Blanche. L'enthousiasme suscité par cette campagne axée sur la volonté de changement constitue une véritable opportunité pour donner une nouvelle impulsion à la relation franco-américaine et, au-delà, au dialogue entre les États-Unis et l'Europe.
En effet, l'engagement du Président de la République française comme Président en exercice de l'Union européenne, d'abord pour trouver une issue dans le conflit entre la Russie et la Géorgie, ensuite pour trouver les meilleures solutions à la crise financière et bancaire née aux États-Unis, rejoint le volontarisme exprimé par le candidat Barack Obama pendant sa campagne.
Comme un précédent Président français avait pris l'initiative de créer le G7, Nicolas Sarkozy a souhaité la tenue d'un G20 le 15 novembre prochain, qui lui donnera l'occasion de prendre un premier contact avec le futur Président des États-Unis à un moment où le monde souhaite que se tourne la page d'une logique unilatérale de l'administration américaine.
De nombreux enjeux nous mettent naturellement en situation de volonté de dialogue et de coopération : l'impact de la crise financière sur les principales économies, la lutte contre le réchauffement climatique, la recherche de situations de sécurité et de paix durables au Moyen-Orient, la contribution au développement solidaire du continent africain.
Compte tenu de cette élection, quelles perspectives se présentent pour l'avenir de nos relations avec la nouvelle présidence des États-Unis d'Amérique ? (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC et sur divers bancs.)
M. le président. La parole est à M. François Fillon, Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, aujourd'hui, c'est une nouvelle page de l'histoire des États-Unis qui a commencé de s'écrire et la France est heureuse de saluer, avec chaleur et amitié, l'élection du nouveau Président des États-Unis.
M. Jean-Pierre Brard. La Fayette !
M. François Fillon, Premier ministre. Le peuple américain a marqué, avec cette élection, sa volonté profonde de changement. Il y a un siècle, le Président Roosevelt avait créé un scandale en recevant simplement à la Maison Blanche un Noir. Aujourd'hui, avec Colin Powell et Condoleezza Rice, l'élection de Barack Obama est le symbole d'une Amérique en train de se réconcilier avec elle-même, de se réunifier par-delà les préjugés raciaux et de tourner définitivement les pages sombres de la ségrégation. John McCain lui-même a souligné avec beaucoup d'élégance et de sincérité la force de ce symbole qui transcende les frontières.
Si les États-Unis ont désormais tous les moyens de se réconcilier avec eux-mêmes, il leur reste encore à se réconcilier avec une grande partie du monde, en quête de nouveaux équilibres diplomatique et économique.
Une opportunité s'ouvre donc pour le multilatéralisme, et vous savez que, sur ce point, la France a des propositions à faire prévaloir, pour une réforme profonde de l'Organisation des Nations unies, en particulier de son Conseil de sécurité, pour une réforme profonde du G8, que nous voulons voir élargi aux grands pays émergents et dans lequel nous voulons que tous les continents soient représentés, pour une réforme profonde du Fonds monétaire international, dont nous voulons qu'il joue un rôle central dans la gestion financière mondiale.
M. Maxime Gremetz. Et pour la suppression de l'OTAN !
M. François Fillon, Premier ministre. La nouvelle administration va devoir faire face à des dossiers extrêmement difficiles et l'espoir que fait naître l'élection de Barack Obama entraîne aussi, pour lui, des responsabilités internationales considérables.
Il y a la crise financière et la nécessaire refondation de la gouvernance mondiale. Il y a la question de l'environnement, sur laquelle les États-Unis n'ont jamais été moteur jusqu'à présent et pour laquelle nous allons avoir le rendez-vous de Copenhague l'année prochaine, rendez-vous que ni l'Europe ni les États-Unis ne doivent évidemment rater. Il y aura la question de l'Iran, qui, avec le nucléaire, défie la communauté internationale. Il y a le processus de paix israélo-palestinien. Il y a la question de l'Irak et de l'Afghanistan.
Ce que nous pouvons dire aujourd'hui, c'est que sur tous ces sujets, les États-Unis pourront compter sur l'amitié mais également sur la détermination de la France.
Mesdames et messieurs les députés, la lucidité doit nous conduire à ne pas tout attendre d'un homme qui a d'abord été élu pour défendre les intérêts de son pays. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes UMP et NC.)
M. Jean-Pierre Brard et M. Jacques Desallangre. Très bien !
M. François Fillon, Premier ministre. Mais l'espoir nous porte à croire qu'avec l'élection de Barack Obama, un nouvel élan partagé est possible, et c'est à ce nouvel élan que je veux croire, avec l'ensemble de la représentation nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC et sur plusieurs bancs des groupes SRC et GDR.)
Auteur : M. Louis Giscard d'Estaing
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 6 novembre 2008