télévision
Question de :
M. Didier Mathus
Saône-et-Loire (4e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche
Question posée en séance, et publiée le 10 décembre 2008
RÉFORME DE L'AUDIOVISUEL
M. le président. La parole est à M. Didier Mathus, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)M. Didier Mathus. Monsieur le Premier ministre, vous voilà confronté à une sévère déconvenue sur le projet de réforme de l'audiovisuel, puisque vous êtes aujourd'hui dans l'impossibilité d'assurer son adoption avant la fin de l'année.
M. Richard Mallié. À qui la faute ?
M. Didier Mathus. Ce fiasco parlementaire du Gouvernement était prévisible : pourquoi en effet vouloir légiférer au pas de charge en décrétant l'urgence sur un projet sensible qui porte atteinte à la liberté de la presse et coûtera, de surcroît, 450 millions d'euros au contribuable, sinon pour alimenter les caisses de MM. Bouygues et Bolloré et de leurs amis du club du Fouquet's ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Le groupe socialiste, qui a conduit cette offensive, assume et revendique son opposition radicale à ce projet dangereux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Qui donc, en cet hiver 2008, dans une France meurtrie par la crise, les suppressions d'emplois et le recul du pouvoir d'achat, a réclamé cette mesure absurde et coûteuse, hormis M. Bouygues ? Qui a réclamé que, toutes affaires cessantes, au lieu de s'occuper des hôpitaux en faillite, des sans-abri, des chômeurs et de la misère qui monte, on consacre 450 millions d'euros à satisfaire les amis du Président de la République, hormis le Président lui-même qui privatise ainsi l'action publique ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC. - " Démago ! " sur plusieurs bancs du groupe UMP.) Surtout, qui n'a pas compris que l'objectif ultime de ce projet n'est autre que de mettre la télévision publique en laisse en ruinant son indépendance et la liberté de ses dirigeants, afin de préparer l'élection présidentielle de 2012 ?
M. François Grosdidier. Ridicule !
M. Didier Mathus. En tout cas, les Français, eux, l'ont bien compris, puisqu'un sondage paru ce matin montre que 56 % d'entre eux considèrent que ce projet porte atteinte à l'indépendance de la télévision. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Même dans vos rangs des voix s'élèvent, et non des moindres, puisqu'il s'agit de celles de deux anciens Premiers ministres, pour condamner ce projet et demander son ajournement. Comme l'écrit dans un hebdomadaire conservateur un membre de l'Académie française plus proche de vos idées que des nôtres, Jean-Marie Rouart : " Ce projet archaïque sent la vieille chaussette poutinienne ". (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR. - Exclamations sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
M. le président. Je vous prie de poser votre question, monsieur Mathus.
M. Didier Mathus. Ma question est simple : monsieur le Premier ministre, quand allez-vous retirer ce projet dont personne ne veut ? (Mêmes mouvements sur les mêmes bancs.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. La déconvenue sera la vôtre, car nous ne retirerons évidemment pas un projet que nous avons bien l'intention de mettre en application à la date prévue. (Huées sur les bancs des groupes SRC et GDR.) Dans quelques mois, l'histoire retiendra assez sévèrement la bataille que vous avez conduite pour empêcher la mise en oeuvre d'une réforme que vous avez souhaitée durant des années (Protestations sur les bancs du groupe SRC - Applaudissements sur les bancs du groupe UMP) et que nous réaliserons : une télévision publique débarrassée de la contrainte de la publicité et 450 millions d'euros supplémentaires pour la création. (" Liberté ! Liberté ! " sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. Mes chers collègues, je vous prie d'écouter M. le Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Vos hurlements feront rire dans quelques mois ! (" Liberté ! Liberté ! " sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
M. le président. Je vous en prie ! (Mêmes mouvements.) Laissez parler le Premier ministre !
M. François Fillon, Premier ministre. C'est ainsi que Martin Karmitz, qui n'est pourtant pas un ami de la majorité, a écrit récemment que le Président de la République aura sans doute, avec cette réforme, sauvé la télévision publique. (" Liberté ! Liberté ! " sur les bancs des groupes SRC et GDR - Plusieurs députés du groupe UMP se lèvent pour applaudir le Premier ministre.)
M. le président. Mes chers collègues, ce genre de manifestation ne relève pas des débats parlementaires ! (Vives exclamations et huées sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Auteur : M. Didier Mathus
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Audiovisuel et communication
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 10 décembre 2008