Question au Gouvernement n° 879 :
programmes

13e Législature

Question de : Mme Martine Martinel
Haute-Garonne (4e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 17 décembre 2008

ÉDUCATION NATIONALE

M. le président. La parole est à Mme Martine Martinel, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
Mme Martine Martinel. Monsieur Darcos, vous avez déclaré haut et fort être le ministre de l'éducation nationale, et non celui de l'hésitation nationale.
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Je vous le confirme !
Mme Martine Martinel. Sans doute n'aviez-vous pas prévu de devenir celui de l'irritation nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC - Protestations sur les bancs du groupe UMP.)
Alors que le lycée joue un rôle essentiel dans le système éducatif et dans la réussite des jeunes dans l'enseignement supérieur, vous prétendiez, une fois encore, imposer sa réforme au mépris de toute concertation. Ce n'est pas au cours de la réunion à laquelle vous avez convoqué en urgence, un samedi matin, cinq cents des leurs, triés sur le volet, que les lycéens ont pu exprimer leur avis. Pourtant, même cette réunion, soigneusement préparée par vos services, a donné lieu à des manifestations de rejet de votre projet.
Tenus à l'écart de toute information, les enseignants se sentent méprisés par un ministre qui n'a pour seul message à leur adresser que des petites phrases dédaigneuses - comme ce fut le cas au sujet des maternelles -, des mesures vexatoires - comme avec le service minimum d'accueil - et, surtout, la suppression de moyens qui, comme pour les RASED, aggrave les difficultés des élèves les plus fragiles.
La mobilisation des lycéens et des professeurs, mais aussi de nombreux parents, a sans doute amené le Président de la République lui-même à exiger que soit repoussée en catastrophe votre annonce médiatique, qui était prévue pour aujourd'hui.
Monsieur le ministre, allez-vous enfin ouvrir une véritable concertation, comme nous vous le demandons depuis des semaines, pour que la nécessaire évolution du lycée permette d'atteindre cet objectif que nous partageons tous : l'accès de 50 % d'une classe d'âge à la licence ? Toutefois, comment vous faire confiance alors que vous avez déclaré ce matin, sur Europe 1, qu'il s'agissait simplement de " reculer pour mieux sauter " ?
M. Jean Glavany. C'est le ministre qui risque de sauter !
Mme Martine Martinel. Monsieur le ministre, souffrez d'entendre et de prendre le temps d'hésiter ; cela vous évitera peut-être d'avoir à renoncer ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. La parole est à M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale.
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Madame Martinel, enfin, le parti socialiste parle de l'éducation nationale ! (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Jusqu'à présent, j'avais entendu M. Lang me promettre un " Vietnam " - drame des années 1970 -, d'autres évoquer Terminator - un film culte des années 1980 - et Mme Aubry proposer des manifestations dignes de 1936. Si tel est votre projet de réforme, je suis bien le ministre qui n'hésite plus ; je ne suis pas, en tout cas, celui de la désinformation nationale !
M. François Rochebloine. Très bien !
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Vous me demandez d'arrêter les réformes, mais à quelles réformes pensez-vous ? À celle des maternelles, qui n'a jamais eu le moindre commencement d'existence ? Dois-je supprimer les deux heures de soutien dont bénéficient actuellement tous les élèves de l'école primaire ou celui qui est proposé aux collégiens ? Faut-il que nous cessions d'accueillir dix mille élèves handicapés, comme nous l'avons fait lors de la dernière rentrée ? Si c'est cela que vous voulez, dites-le !
La réforme du lycée est nécessaire. Or je n'ai pas encore entendu de votre part de propositions à opposer à ces constats d'évidence : actuellement, 15 % d'élèves redoublent leur seconde, 150 000 disparaissent de la circulation au lycée et un bachelier sur deux n'a aucun diplôme du supérieur au bout de trois ans. Que répondez-vous à cela : que je suis Terminator ou le ministre de l'hésitation nationale ?
Ainsi que je vous l'ai dit, nous allons repartir de zéro et parler avec les enseignants et la jeunesse. (" Zéro ! Zéro ! " sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. Je vous en prie !
M. Xavier Darcos, ministre de l'éducation nationale. Nous allons faire ce que vous n'avez pas fait. Je ne suis pas le ministre de l'hésitation nationale : je suis plus que jamais décidé à réformer, et nous réformerons ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : Mme Martine Martinel

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Enseignement secondaire

Ministère interrogé : Éducation nationale

Ministère répondant : Éducation nationale

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 17 décembre 2008

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