États-Unis
Question de :
M. Louis Giscard d'Estaing
Puy-de-Dôme (3e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire
Question posée en séance, et publiée le 21 janvier 2009
INVESTITURE DE BARACK OBAMA
M. le président. La parole est à M. Louis Giscard d'Estaing, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.M. Louis Giscard d'Estaing. Monsieur le Premier ministre, aujourd'hui, l'Amérique célèbre solennellement l'investiture de celui qu'elle a choisi pour être le quarante-quatrième président des États-Unis : Barack Obama.
Ce moment est historique à la fois par le profil du candidat élu, par l'intensité du processus électoral qui a abouti au choix du peuple américain et par le contexte économique et diplomatique dans lequel il s'apprête à prendre ses fonctions.
L'élection de ce nouveau président américain a suscité de par le monde et des deux côtés de l'Atlantique un tel intérêt, mobilisé tant d'attention, créé tant d'attentes et d'espoirs que ce moment de nos relations revêt un caractère crucial.
Sur les grands sujets que sont l'environnement, la résolution de la crise économique et financière mondiale, la présence militaire en Irak et en Afghanistan, la question iranienne et la crise palestinienne, nous avons vocation à travailler avec la nouvelle administration dans l'esprit de dialogue que Barack Obama a mis en avant dans son programme. Par la composition même de la nouvelle équipe présidentielle, il a d'ores et déjà envoyé des signes d'ouverture à l'action multilatérale et à une relation plus étroite avec l'Europe et avec la France.
Cette rupture paraît d'autant plus opportune que, si les États-Unis ont désormais tous les moyens de se réconcilier avec eux-mêmes, il leur reste encore à se réconcilier avec une grande partie du monde en quête de nouveaux équilibres diplomatique et économique.
Monsieur le Premier ministre, dans ce contexte inédit pour les États-Unis et pour le monde, et alors que Barack Obama veut entrer dans l'ère de la responsabilité, quelles sont les raisons d'espérer de cette nouvelle administration l'ouverture d'un chapitre inédit des relations franco-américaines ? (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et NC.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. Monsieur Giscard d'Estaing, l'Amérique vit aujourd'hui un moment d'allégresse et s'apprête à écrire une nouvelle page de son histoire. Le peuple américain célèbre un jeune président noir qui, par son intelligence et par son charisme, est parvenu à le rassembler, à tourner la page sombre de la ségrégation et à susciter l'espoir d'un très grand changement.
Je pense que notre pays peut, alors que le président Obama s'apprête à prononcer son premier discours, s'y associer avec le coeur et avec une grande émotion, et lui souhaiter bonne chance pour réussir son mandat.
Par ailleurs le moment est également bien choisi pour dire au président américain, avec beaucoup de sincérité, ce que nous attendons de lui. Peut-être est-ce la meilleure façon de l'encourager.
Nous attendons du président Obama qu'il redresse l'économie américaine mais sans déstabiliser les économies du reste du monde ; je songe en particulier à la question de la parité des monnaies.
Nous attendons du président des États-Unis qu'il s'engage pleinement dans la rénovation de la gouvernance mondiale - du conseil de sécurité des Nations unies à l'élargissement du G8 - et dans celle des règles de la finance internationale.
Nous attendons du président Obama qu'il reconnaisse que l'unilatéralisme a été un échec et doit désormais céder la place au multilatéralisme.
M. Maurice Leroy. Très bien !
M. François Fillon, Premier ministre. Nous attendons du président Obama qu'il engage les États-Unis, sans réserve, dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Enfin, nous attendons du président Obama qu'il nous dévoile la stratégie qu'adopteront les États-Unis pour contribuer à résoudre les grandes crises internationales, dans le respect des positions de chacun, en particulier de celles que l'Europe a déjà annoncées et défendues, s'agissant notamment de la crise israélo-palestinienne.
Mesdames et messieurs les députés, il faut être lucide : le président Barack Obama a été élu pour défendre les intérêts des États-Unis (" Eh oui ! " sur les bancs du groupe UMP), et il serait totalement naïf d'attendre de ces derniers notre salut. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)
Toutefois le monde a besoin d'une coopération plus étroite entre les États-Unis et l'Europe, et je pense que l'arrivée de Barack Obama la rend possible. Tel est en tout cas notre espoir et le voeu que nous formons au moment où le président des États-Unis entre en fonctions. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)
Auteur : M. Louis Giscard d'Estaing
Type de question : Question au Gouvernement
Rubrique : Politique extérieure
Ministère interrogé : Premier ministre
Ministère répondant : Premier ministre
Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 21 janvier 2009