Question au Gouvernement n° 951 :
immigration

13e Législature

Question de : M. Daniel Fasquelle
Pas-de-Calais (4e circonscription) - Union pour un Mouvement Populaire

Question posée en séance, et publiée le 29 janvier 2009

LUTTE CONTRE L'IMMIGRATION

M. le président. La parole est à M. Daniel Fasquelle, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.
M. Daniel Fasquelle. Monsieur le président, mes chers collègues, je regrette d'autant plus l'absence de nos collègues socialistes qu'elle est la conséquence d'une situation qu'ils ont eux-mêmes créée de manière tout à fait artificielle, en multipliant des manoeuvres d'obstruction d'une ampleur sans précédent sous la Ve République. (" C'est vrai ! " sur les bancs du groupe UMP.) On ne peut pas à la fois mettre le feu et regretter l'incendie. (Protestations sur les bancs du groupe GDR.)
M. Jean-Pierre Brard. C'est facile, ils sont absents !
M. Daniel Fasquelle. Monsieur le ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, permettez-moi tout d'abord de vous féliciter pour les nouvelles responsabilités que vous venez de prendre au sein du Gouvernement. Avec mes collègues parlementaires, nous avons pu mesurer votre sérieux et votre capacité d'écoute lorsque vous occupiez vos précédentes fonctions. Je suis persuadé que vous saurez faire preuve des mêmes qualités à la tête de votre nouveau ministère et occuper ainsi pleinement et efficacement toute la place qui vous revient, avec la sensibilité qui est la vôtre, au sein de notre majorité présidentielle. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe UMP.)
Votre action sera d'autant plus nécessaire qu'en France, on a trop longtemps manqué de lucidité et de courage pour traiter les problèmes d'immigration et d'identité nationale. Avec Nicolas Sarkozy, la donne a heureusement changé et votre prédécesseur, Brice Hortefeux, a montré qu'il était possible d'affronter ces sujets avec pragmatisme et humanité. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe GDR.) Je suis convaincu que vous saurez prolonger cette action, indispensable pour l'avenir de notre pays.
En tant que député du Pas-de-Calais, je souhaite me faire l'interprète des habitants de mon département, pour vous dire combien nous avons été sensibles au fait que vous ayez réservé votre premier déplacement à la Côte d'Opale et, en particulier, à Calais. Sur place, vous avez pu constater par vous-même combien la ville et l'agglomération calaisienne concentrent des difficultés exceptionnelles liées aux flux de clandestins qui arrivent régulièrement dans cette zone.
Ces immigrés ont pour seul objectif de passer en Angleterre, soit par le tunnel sous la Manche, soit par le port de Calais. Ceux qui n'y parviennent pas immédiatement se maintiennent dans la région pour tenter à nouveau la traversée, sans jamais y renoncer. Dans cette attente, ils vivent dans des conditions extrêmement précaires, parfois même avec des enfants, ce qui n'est pas acceptable, particulièrement en hiver. Se pose, en outre, un problème de cohabitation avec les habitants, très préoccupés par cet état de fait. Au-delà de la ville elle-même, c'est la Côte d'Opale et les départements du Nord et du Pas-de-Calais qui sont concernés.
Après une amélioration liée à la fermeture du centre de Sangatte, la situation se détériore de nouveau. Monsieur le ministre, quelles conclusions tirez-vous de votre déplacement ? Quelles solutions envisagez-vous pour remédier à cette situation humainement insupportable ? (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. le président. La parole est à M. Éric Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire.
M. Éric Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire. Monsieur le député, permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour vos propos agréables. (Rires et exclamations sur les bancs du groupe GDR.)
M. Jean-Pierre Brard. Gare aux flatteurs !
M. Éric Besson, ministre de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire. Vous pouvez rire ! Je le remercie avec plaisir. Ce qui vous ennuie, c'est que je me sente bien dans cette majorité et que je l'assume. Tant pis ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
Vous avez raison, monsieur le député, après une nette amélioration liée à la fermeture de Sangatte et malgré les efforts considérables de mon prédécesseur, Brice Hortefeux, la situation s'est à nouveau dégradée à Calais. Je suis allé visiter les lieux hier, et j'y ai rencontré l'ensemble des acteurs concernés : élus locaux - et je veux rendre hommage à Mme le maire ainsi qu'à son conseil municipal, qui font preuve d'un calme et d'une ouverture d'esprit absolument remarquables -, services de l'État, magistrats et associations humanitaires. J'ai observé, écouté et j'ai pris l'engagement de revenir devant eux avant le 1er mai avec des propositions.
Je peux d'ores et déjà vous présenter cinq orientations.
Premièrement, il est hors de question de recréer une structure d'hébergement des immigrants illégaux. En clair, nous ne recréerons pas un Sangatte, ni même un Sangatte édulcoré. Une telle décision serait en effet immédiatement exploitée par les réseaux de l'immigration illégale et ne ferait, malheureusement, qu'attirer sur place des milliers de nouveaux clandestins, aggravant ainsi le problème humanitaire.
Deuxièmement, il est indispensable de renforcer l'étanchéité de la frontière. L'ensemble des acteurs que j'ai rencontrés sont d'accord sur ce point. Hélas ! les candidats à l'immigration clandestine et leurs réseaux continuent d'affluer à Calais. Or ils n'y viendront plus que s'ils ont la conviction qu'ils ne peuvent plus traverser la Manche, que la zone de Calais est devenue réellement étanche. C'est pourquoi je rencontrerai, dès le 11 février, mon homologue britannique afin de solliciter l'aide du Royaume-Uni. Les Britanniques doivent en effet nous aider davantage sur ce dossier.
Troisièmement, nous avons besoin de mener une action spécifique renforcée contre les réseaux de l'immigration clandestine. Ces réseaux mafieux gagnent beaucoup d'argent sur le dos de ces malheureux, car les clandestins ne viennent pas tout seuls. Avec le ministre de l'intérieur, nous comptons mobiliser l'ensemble des services de police et développer la coopération avec nos voisins européens, en particulier avec l'Italie.
Quatrièmement, nous devons assurer la tranquillité des habitants de Calais, qui ont le droit de pouvoir vivre en toute sérénité. Avec Michèle Alliot-Marie, nous y veillerons.
Enfin, le rôle de l'État et des collectivités locales est aussi d'appuyer l'action des associations humanitaires qui oeuvrent sur place. Il est hors de question de recréer des centres d'accueil en dur, comme ce fut le cas à Sangatte, mais ce n'est pas parce que des mafias exploitent la misère humaine que nous devons détourner les yeux du sort fait aux immigrants clandestins. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)

Données clés

Auteur : M. Daniel Fasquelle

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Étrangers

Ministère interrogé : Immigration, intégration, identité nationale et développement solidaire

Ministère répondant : Immigration, intégration, identité nationale et développement solidaire

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 29 janvier 2009

partager