Question au Gouvernement n° 981 :
télévision

13e Législature

Question de : M. Laurent Fabius
Seine-Maritime (4e circonscription) - Socialiste, radical, citoyen et divers gauche

Question posée en séance, et publiée le 11 février 2009

INTERVENTION TÉLÉVISÉE
DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

M. le président. La parole est à M. Laurent Fabius, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.
M. Laurent Fabius. Monsieur le Premier ministre, cela ne vous étonnera pas : nous n'avons pas la même appréciation des propos tenus par le Président de la République jeudi dernier à la télévision. Au regard de l'ampleur de la crise, de nombreux Français ont été déçus par la relative minceur et par le flou des pistes esquissées. (" Non ! " sur de nombreux bancs du groupe UMP.)
On a pu également noter de nombreux oublis. Ainsi, les mots " pouvoir d'achat " n'ont pas été prononcés (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et quelques bancs du groupe GDR) ; la situation grave de la Guadeloupe n'a pas été évoquée, alors même que le chef de l'État doit être le garant de la cohésion sociale (Mêmes mouvements). On a pu relever de nombreuses approximations, notamment sur la taxe professionnelle, et des contrevérités - en réalité des mensonges - sur la situation de Gandrange (Vives protestations et huées sur les bancs du groupe UMP), sur la situation scolaire, et sur celle de l'audiovisuel.
Comme je ne puis tout embrasser, c'est sur l'audiovisuel que je prendrai un exemple qui a valeur de test. Le Président de la République s'est félicité du vote, intervenu la veille de l'émission, c'est-à-dire le mercredi, aux termes duquel, désormais, a-t-il dit, le président de l'audiovisuel public sera nommé avec l'approbation des trois-cinquièmes des commissions parlementaires compétentes. Or c'est absolument faux ! En effet, ce même mercredi, le Parlement a expressément exclu cette solution que l'opposition avait proposée et donné au Président de la République et à lui seul le droit de décider en la matière.
M. Jean-Marc Roubaud. Cela n'a rien à voir avec la question que vous êtes censé poser !
M. Laurent Fabius. On peut y trouver deux explications. La première est que, dans la nuit de mercredi à jeudi, le Président de la République a réfléchi et s'est rendu à nos arguments, ce vous allez peut-être me confirmer, monsieur le Premier ministre. La seconde hypothèse est que, j'ai le regret de le dire, M. Sarkozy, devant, vous l'avez rappelé, 15 millions de personnes, a prononcé un énorme mensonge. (Protestations sur les bancs du groupe UMP. - Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. Claude Goasguen. Rendez-nous Ayrault !
M. Laurent Fabius. D'où ma question, très simple, et qui appelle une réponse tout aussi simple :...
M. Claude Goasguen. Ayrault, reviens !
M. Laurent Fabius. ...le propos de M. Sarkozy sur l'audiovisuel est-il un revirement ou un mensonge ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC et de nombreux bancs du groupe GDR.)
M. le président. La parole est à M. François Fillon, Premier ministre.
M. François Fillon, Premier ministre. En écoutant M. Fabius poser sa question, je m'attendais que nous ayons enfin cette vision à la hauteur de la crise, qu'il reprochait à l'instant au Président de la République de ne pas avoir. (Protestations sur les bancs des groupes SRC et GDR. - Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)
M. Frédéric Lefebvre. En effet, ça ne vole pas bien haut du côté de l'opposition !
M. François Fillon, Premier ministre. Comme les députés de la majorité, quelle n'est pas ma surprise de constater que la question de M. Fabius porte sur la nomination du président de France Télévisions ! (Protestations sur les bancs du groupe SRC.) Voilà le sujet de préoccupation principal de la gauche dans le contexte de crise économique que traverse le pays ! (Huées sur les bancs du groupe UMP.)
La vérité, monsieur Fabius, vous la connaissez très bien : le procédé de nomination voté lors de la révision constitutionnelle, précisé ensuite dans le texte de loi sur l'audiovisuel, constitue une amélioration de la situation existante. (Vives protestations sur les bancs du groupe SRC.) Naturellement, vous nous reprochez de ne pas vous avoir donné, à vous qui êtes minoritaires, la majorité pour décider de la nomination du président de France Télévisions. Nous ne sommes bien sûr pas allés jusque-là et je pense que, si vous aviez été majoritaires, vous ne seriez pas allés jusque-là non plus.
La vérité est que vous avez mis cinq moins pour proposer un plan de relance contre la crise. Aux propositions lourdes formulées par le Président de la République (Exclamations continues sur les bancs du groupe SRC) et dont certaines concernent votre propre région, monsieur Fabius - je pense au plan automobile à Sandouville, à la décision, dont j'espère que vous l'approuvez, de construire un nouveau réacteur nucléaire à Penly (Mêmes mouvements) -, vous ne faites qu'opposer des critiques politiciennes qui, j'en suis sûr, ne convaincront certainement pas les Français. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC. - Plusieurs députés du groupe UMP se lèvent pour applaudir. - Huées sur les bancs du groupe SRC.)

Données clés

Auteur : M. Laurent Fabius

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Audiovisuel et communication

Ministère interrogé : Premier ministre

Ministère répondant : Premier ministre

Date de la séance : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue dans le journal officiel le 11 février 2009

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