Question au Gouvernement n° 1241 :
politique industrielle

14e Législature

Question de : M. Lionel Tardy
Haute-Savoie (2e circonscription) - Les Républicains

Question posée en séance, et publiée le 24 octobre 2013


ÉCONOMIE NUMÉRIQUE

M. le président. La parole est à M. Lionel Tardy, pour le groupe de l'Union pour un mouvement populaire.

M. Lionel Tardy. Madame la ministre déléguée à l'économie numérique, à plusieurs reprises vous avez exprimé le souhait de voir la France jouer un rôle moteur dans la définition de l'agenda européen sur les questions numériques. Nous ne pouvons que nous en féliciter et encourager ce volontarisme plus que nécessaire. Mais, sur ce sujet comme sur tant d'autres, nous ne vous avons pas attendu, contrairement à ce que vous avez prétendu. Nous avions organisé en 2011 l'e-G8, sommet mondial de l'internet – et pas uniquement européen – que vous seriez bien incapables de reproduire étant donné l'état de faiblesse actuel de la France. Néanmoins, au regard des positions avancées par la France et des réactions qu'elles suscitent chez nos voisins européens, je crains que votre esprit d'initiative ne soit assimilé à un passage en force. Malgré le mini-sommet que vous avez organisé à Bercy il y a un mois, aucun consensus ne semble se dessiner autour des propositions françaises. Vous avez, par exemple, mis l'accent sur la création d'une taxe au niveau communautaire. Cette initiative a été critiquée par certains pays, dont la Pologne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie qui estiment à juste titre que toute taxation de ce type est vaine si elle n'est pas mise en œuvre à un niveau international. Par ailleurs, je note avec regret que la contribution de la France est très orientée sur les questions de fiscalité et de propriété intellectuelle. Ne faudrait-il pas sortir de ce schéma de pensée et réfléchir plutôt en termes d'attractivité et de cadre juridique favorable pour les entreprises du numérique, comme l'ont fait les Britanniques dans leur contribution ? Ne faudrait-il pas enfin se donner les moyens de construire de véritables clusters européens capables de rivaliser avec la Silicon Valley ? Madame la ministre, de quelle marges de manœuvre la France disposera lors de ce Conseil européen ? Pouvez-vous nous dire si un consensus préalable se dessine réellement ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UMP.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique.

Mme Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des petites et moyennes entreprises, de l'innovation et de l'économie numérique. Monsieur le député, je profite de votre question pour saluer l'initiative parlementaire prise récemment sous la forme d'une proposition de résolution adoptée à l'unanimité par la commission des affaires économiques la semaine dernière, ainsi que le travail d'Axelle Lemaire, d'Hervé Gaymard et de Corinne Erhel sur cette proposition de résolution. Cette proposition saluait le travail effectué par le Gouvernement français pour préciser l'agenda du Conseil européen qui se tiendra demain et après-demain. Contrairement à ce que vous dites, monsieur le député, la taxation et la fiscalité ne sont pas du tout au cœur de la position française puisque, précisément, la position que nous avons construite vise à créer les conditions, en Europe, de l'émergence d'un écosystème numérique qui n'existe pas pour l'instant. J'ai rappelé tout à l'heure un certain nombre de chiffres concernant les fabricants de téléphonie mobile. J'aurais également pu citer la question de la valorisation boursière des entreprises de l'internet, qui font apparaître l'Europe comme un nain vis-à-vis des États-Unis. Vous avez raison, le sujet, aujourd'hui, c'est bien de construire une Europe du numérique. La fiscalité et la régulation ne sont que des aspects collatéraux des propositions que nous avons formulées.

Nous proposons de créer les bonnes conditions pour que l'Europe puisse s'approprier la révolution de l'internet 3.0, c'est-à-dire l'internet des données. Nous avons évoqué plus tôt le big data et les objets connectés : c'est cela qui est important aujourd'hui. Nous proposons de créer un capital-risque européen. Aujourd'hui, l'une des difficultés que rencontrent les entreprises françaises et européennes est de trouver les financements pour accompagner leur création et leur croissance ; le financement par capital-risque européen est trop faible. Il nous faut aussi travailler sur la normalisation et la standardisation, dont nous connaissons aujourd'hui l'importance : que les technologies européennes soient reconnues et adoptées par l'ensemble des industries mondiales, c'est un enjeu important. Les questions de régulation et de fiscalité sont collatérales. L'enjeu, c'est bien de créer l'Europe du numérique. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)

Données clés

Auteur : M. Lionel Tardy

Type de question : Question au Gouvernement

Rubrique : Industrie

Ministère interrogé : PME, innovation et économie numérique

Ministère répondant : PME, innovation et économie numérique

Date : La question a été posée au Gouvernement en séance, parue au Journal officiel du 24 octobre 2013

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