Fabrication de la liasse
Photo de madame la députée Emmanuelle Ménard

L’article 1 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l’État est ainsi rédigé :

« L’État français, fort de son héritage chrétien, assure le libre exercice de culte et la liberté de conscience. Ces libertés ne peuvent être contraintes qu’en cas de violation grave et manifeste de l’ordre public. »

Exposé sommaire

La rédaction actuelle du projet de loi visant à conforter le respect des principes de la République pose un certain nombre de problèmes puisque, au lieu de garantir les libertés individuelles, il instaure un certain nombre de principes à portée uniforme qui sanctionnent de façon disproportionnée le libre exercice des cultes et notamment la liberté de l’Église catholique (libertas ecclesiae).

Au lieu de nommer spécifiquement les dérives islamistes comme ennemi des principes qui fondent notre pays, ce projet de loi, par commodité, risque de contredire un travail mené de longue date entre l’Eglise catholique et l’État français, alors que, depuis plus de 100 ans, l’un et l’autre ont appris à vivre à la fois séparément et dans le respect mutuel.

Cet équilibre ne s’est d’ailleurs pas trouvé sans douleur, puisqu’il faut rappeler que la loi de 1904 a conduit à l’exil de plus de 30 000 religieux et religieuses catholiques.

Alors que la blessure infligée aux catholiques était béante, la loi de 1905 a été fermement combattue par eux-mêmes et le Pape Saint Pie X. C’est au prix de longues négociations qu’un statut légal a été garanti à l’Église catholique par convention internationale entre le Saint Siège et la France. 

Aujourd’hui, c’est tout ce travail que vient remettre en question ce projet de loi discuté en temps législatif programmé, empêchant ainsi tout débat et défense de position. En effet, ce texte ne tient pas suffisamment compte des garanties offertes aux catholiques par l’échange de lettres « Poincaré-Cerretti (1923/1924) toujours en vigueur et publiées au journal officiel à la faveur d’un échange de lettres Baldelli-Védrine  (décembre 2001) interprétatif du précédent.

Au-delà de l’inefficacité du texte pour combattre activement les dérives islamistes, il s’agit bien d’une atteinte aux équilibres obtenus au sujet du statut légal de l’Église catholique en France grâce aux relations diplomatiques entre la France-Saint Siège dont nous allons sous peu fêter le centenaire. 

Cet amendement vise donc à rappeler d’une part que ce n’est pas la République - simple régime politique - qui garantit la liberté de conscience mais l’État français à travers tous les régimes politiques assumés. Il vise à rappeler que, par sa présence multiséculaire en France et son lien avec l’histoire de notre nation, l’Église catholique ne peut être simplement traitée tout à fait de la même manière que d’autres cultes arrivés plus récemment dans notre pays.