Deuxième séance du dimanche 22 avril 2018
- Présidence de M. Yves Jégo
- 1. Immigration maîtrisée, droit d’asile effectif et intégration réussie
- Discussion des articles (suite)
- Article 24
- Amendement no 340
- Mme Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
- M. Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’intérieur
- Amendements nos 975 et 976
- Mme Élise Fajgeles, rapporteure de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
- Amendements nos 274 et 974
- Article 25
- Article 26
- Amendements nos 1019, 1152, 1153 (sous-amendement), 1143 et 977
- Après l’article 26
- Amendements nos 669 rectifié, 1148, 1139 rectifié, 978 et 5
- Article 26 bis
- Suspension et reprise de la séance
- Article 26 ter
- Amendement no 761
- Article 27
- Article 28
- Article 29
- Amendement no 983
- Article 30
- Après l’article 30
- Amendements nos97, 1046 et 405 rectifié, 404, 400, 401, 407, 406
- Article 31
- Amendements nos763, 986, 275, 1024 et 1156 (sous-amendement)
- Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur
- Amendement no987
- Article 32
- Rappel au règlement
- Article 32 (suite)
- Article 33
- Article 33 bis
- Suspension et reprise de la séance
- Rappels au règlement
- Article 33 bis(suite)
- Amendement no737
- Après l’article 33 bis
- Suspension et reprise de la séance
- Présidence de M. François de Rugy
- Amendements nos662, 12, 374, 13, 14, 378, 216, 410, 660, 412, 73, 74, 48, 408, 379, 850, 851, 354, 852, 226, 461, 885, 1168 (sous-amendement), 771, 1003, 455, 995, 47, 996, 1033, 993, 1041, 1025, 1001, 403, 71, 164, 69, 360, 514, 6 rectifié, 841 deuxième rectification, 345 rectifié, 838, 355 rectifié, 1002, 994, 504, 999, 1000, 853, 451, 639, 452 et 1072
- Rappel au règlement
- Après l’article 33 bis(suite)
- Avant l’article 34
- Amendement no1016
- Article 34
- Après l’article 34
- Amendements nos1159 deuxième rectification, 836 et 810
- Article 35
- Amendements nos223, 705, 738, 811
- Article 36
- Après l’article 36
- Amendement no373
- Article 37
- Article 38
- Amendements nos539, 1167, 1166 (sous-amendements), 1008 et 1009, 1007
- Après l’article 38
- Amendements nos941 et 16, 17, 18, 20, 21, 15, 19
- Article 38 bis
- Article 39
- Amendement no1010
- Article 40
- Article 41
- Amendement no1105
- Après l’article 41
- Amendement no791
- Article 42
- Rappels au règlement
- Après l’article 42
- Amendement no376
- Rappel au règlement
- Titre
- Article 24
- Explications de vote
- Vote sur l’ensemble
- Discussion des articles (suite)
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de M. Yves Jégo
vice-président
M. le président
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à quatorze heures.)
1. Immigration maîtrisée, droit d’asile effectif et intégration réussie
Suite de la discussion d’un projet de loi
M. le président
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie (nos 714, 857, 815, 821).
Discussion des articles (suite)
M. le président
Ce matin, l’Assemblée a poursuivi l’examen des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’article 24.
Article 24
M. le président
La parole est à Mme Laurence Dumont, pour soutenir l’amendement no 340.
Mme Laurence Dumont
Il est défendu.
M. le président
La parole est à Mme Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, pour donner l’avis de la commission sur l’amendement no 340.
Mme Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
Défavorable.
M. le président
La parole est à M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur, pour donner l’avis du Gouvernement.
M. Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’intérieur
Défavorable.
(L’amendement no 340 n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de deux amendements, nos 975 et 976, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Danièle Obono, pour soutenir l’amendement no 975.
Mme Danièle Obono
Si nous soutenons la création d’un document unique pour les enfants, il est important de ne pas gommer la mention « titre d’identité républicain », qui existe actuellement pour les enfants nés en France. Cette distinction permet de rappeler qu’aux termes de l’article 21-7 du code civil, les enfants nés en France sont considérés comme étant, s’ils le souhaitent – puisqu’ils pourront toujours ultérieurement renoncer à cette nationalité –, d’ores et déjà partie au peuple et à la nation française – article 3 de la Constitution.
L’extension de la mention de « titre d’identité républicain » aux frères et sœurs de l’intéressé permet, en outre, d’éviter que les documents des enfants de la famille soient intitulés différemment, et permet également, au nom de la préservation de la cellule familiale, de préciser et de reconnaître que si un enfant a d’ores et déjà un lien fort avec le peuple et la nation française, par extension et par les liens familiaux qui les lient, ses frères et sœurs en ont aussi de facto un.
Au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant consacré par l’article 3 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, et pour éviter que les enfants d’une même famille aient des documents différents, unifions les en donnant à l’enfant né en France et à sa fratrie un même titre.
M. le président
La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir l’amendement no 976.
Mme Bénédicte Taurine
Comme nous l’avons dit, nous sommes favorables à l’article 24, qui vise à simplifier les dispositions très complexes du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile – CESEDA. En effet, la création d’un document de circulation unique d’une durée de cinq ans permet de clarifier et de simplifier les démarches pour tous les parents.
Toutefois, nous vous rappelons qu’il existait auparavant deux documents différents. L’un d’entre eux était intitulé : « titre d’identité républicain ». Il permettait de préciser que certains enfants étrangers sont nés en France. Cette distinction permet de rappeler qu’aux termes de l’article 21-7 du code civil, les enfants nés en France sont considérés comme étant, s’ils le souhaitent, d’ores et déjà partie au peuple et à la nation française.
Nous estimons nécessaire de préserver la mention de « titre d’identité républicain », et ce sans modifier la procédure et les conditions d’attribution proposées par le Gouvernement. Si cet amendement de bon sens n’était pas adopté, il faudrait y voir une grave régression du Gouvernement, qui souhaiterait gommer l’appartenance potentielle à la nation des enfants nés en France de parents étrangers, ce qui implique de facto de remettre en question le droit du sol.
M. le président
La parole est à Mme Élise Fajgeles, rapporteure de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, pour donner l’avis de la commission sur les amendements nos 975 et 976.
Mme Élise Fajgeles, rapporteure de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République
Défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis.
M. le président
La parole est à Mme Danièle Obono.
Mme Danièle Obono
Je répète que nous sommes favorables à l’article 24, mais il est vraiment dommage que le Gouvernement et la rapporteure n’apportent pas une réponse argumentée, à l’heure où la question du droit du sol est remise en cause – nous y reviendrons. Les amendements que nous proposons permettrait de contribuer à la simplification de certaines démarches administratives, et les adopter serait un signal positif : ce serait reconnaître les apports de tous ceux qui souhaitent appartenir à notre peuple. Il est vraiment dommage que le ministre et la rapporteure n’aient rien à dire sur un sujet aussi important.
(Les amendements nos 975 et 976, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le président
La parole est à M. Éric Diard, pour soutenir l’amendement no 274.
M. Éric Diard
Il est défendu.
(L’amendement no 274, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir l’amendement no 974.
Mme Mathilde Panot
Par cet amendement, proposé par la CIMADE, nous souhaitons mettre fin à la distinction entre les enfants de personnes titulaires de différents titres de séjour. En effet, l’article 24 prévoit un document de circulation unique permettant aux mineurs étrangers de revenir en France après un voyage à l’étranger, c’est-à-dire concrètement de faire des voyages scolaires, document qui est valable pendant cinq ans pour tous, à quelques exceptions près, que nous vous proposons de supprimer.
En effet, pour les parents qui sont détenteurs de certains titres de séjour, comme les salariés, les étudiants, ou les personnes malades soignées en France, la durée de validité de ce document de circulation pourra être inférieure à cinq ans. Nous estimons cette discrimination injustifiée, car elle pourrait impliquer, chaque année, des coûts de renouvellement de 45 euros et des démarches supplémentaires pour tous les parents, alors même que la préfecture peut toujours retirer un document de circulation, si elle estime que la durée de validité est trop longue, eu égard au séjour des parents.
Au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant consacré à l’article 3 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, il faut mettre un terme à ces distinctions et à ces lourdeurs, qui entravent le droit de ces personnes mineures à une vie normale.
(L’amendement no 974, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
(L’article 24 est adopté.)
Article 25
(L’article 25 est adopté.)
Article 26
M. le président
Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 1019 et 1152.
L’amendement no 1019 fait l’objet d’un sous-amendement no 1153. L’amendement no 1019 est défendu.
La parole est à M. Florent Boudié, pour soutenir l’amendement no 1152.
M. Florent Boudié
Il est défendu.
M. le président
La parole est à M. Gérard Collomb, ministre d’État, pour soutenir le sous-amendement no 1153 et donner l’avis du Gouvernement sur les amendements identiques nos 1019 et 1152.
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Le sous-amendement no 1153 vise modifier l’amendement no 1019 afin de « permettre » et non plus de « prévoir » le repérage des troubles psychiques des demandeurs d’asile, lors de la visite médicale effectuée par l’Office français de l’immigration et de l’intégration – OFII. Je suis favorable aux amendements identiques nos 1019 et 1152, sous réserve de l’adoption du présent sous-amendement.
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur les amendements identiques et sur le sous-amendement ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Favorable aux deux amendements identiques, sous réserve de l’adoption du sous-amendement.
(Le sous-amendement no 1153 est adopté.)
(Les amendements identiques nos 1019 et 1152, sous-amendés, sont adoptés.)
M. le président
La parole est à M. Gérard Collomb, ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 1143.
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Il s’agit de permettre à l’OFII de mener des actions d’aide au retour et à la réinsertion des étrangers dans leur pays d’origine, depuis les pays de transit.
(L’amendement no 1143, accepté par la commission, est adopté.)
M. le président
La parole est à Mme Danièle Obono, pour soutenir l’amendement no 977.
Mme Danièle Obono
L’alinéa 4 de l’article 26 doit être supprimé, car il tend à donner la possibilité à l’OFII de maintenir en activité jusqu’à l’âge de 73 ans les médecins recrutés sous contrat qui effectuent des visites médicales, par dérogation au droit de la fonction publique. Il s’agit de faire face au manque de médecins exerçant dans cette institution.
Après avoir tenté, à deux reprises, d’introduire cet amendement, le Gouvernement a, semble-t-il, trouvé un nouveau véhicule législatif. Pour autant, nous voterons contre cet article, pour deux raisons principales.
Premièrement, entre 67 et 73 ans, il est très probable que les médecins n’exerceront plus en dehors de l’OFII, ce qui aurait pour effet de les tenir à l’écart des progrès de la connaissance et de l’évolution de la pratique médicale. Cette disposition nous paraît d’autant moins pertinente que le Gouvernement fait référence à un unique précédent : le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 73 ans avait été prévu par une loi de 2016, qui n’avait pas fait l’objet d’une étude d’impact.
Deuxièmement, il nous semble plus adéquat de procéder à des recrutements, car de nouveaux médecins seraient plus à même de garantir des visites médicales de qualité. La solution proposée ne répond donc pas véritablement au problème de fond, celui du manque de moyens humains et financiers alloués à l’OFII.
Telles sont les raisons pour lesquelles nous proposons cet amendement de suppression.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Défavorable, également.
M. le président
La parole est à Mme Danièle Obono.
Mme Danièle Obono
Il est dommage que nous n’ayons pas plus d’explications. Le Gouvernement et la majorité, ayant essayé d’introduire à chaque fois ce cavalier, sont peut-être embarrassés.
Sur les questions de santé, comme sur celles de justice, précédemment, on se satisfait pour les demandeurs et demandeuses d’asile, et les migrants, d’un abaissement des exigences en matière de qualité, y compris sur des problématiques que l’on sait essentielles. La santé physique et mentale des personnes migrantes est en effet fondamentale pour pouvoir juger de leur parcours.
Le Gouvernement, usant d’une manière complètement inefficace et contre-productive, prend le prétexte de l’austérité budgétaire pour refuser d’accorder les moyens d’augmenter la démographie médicale et de recruter plus d’agents et de personnel. Il revoit ainsi à la baisse les exigences en matière de santé publique.
Cette disposition est à l’image de ce texte, pour l’ensemble des services publics. Cela nous semble particulièrement lamentable ! (Applaudissements sur les bancs du groupe FI.)
(L’amendement no 977 n’est pas adopté.)
(L’article 26, amendé, est adopté.)
Après l’article 26
M. le président
Je suis saisi de plusieurs amendements portant articles additionnels après l’article 26.
La parole est à M. Éric Ciotti, pour soutenir l’amendement no 669 rectifié.
M. Éric Ciotti
Il est défendu.
(L’amendement no 669 rectifié, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
La parole est à M. le ministre d’État, pour soutenir l’amendement no 1148.
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Cet amendement vise à introduire dans le contrat d’intégration républicaine – CIR – un volet relatif à l’insertion professionnelle, à rappeler les principes du parcours d’intégration et à préciser un nombre d’heures suffisant de formation linguistique pour permettre l’intégration. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LaREM.)
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Avis favorable. Après nos travaux en commission et l’attention que nous avons portée aux propositions d’Aurélien Taché, cet amendement paraît très important pour le bon équilibre de ce texte.
M. le président
La parole est à M. Aurélien Taché.
M. Aurélien Taché
Je salue l’amendement majeur que vient de présenter M. le ministre d’État. Contrairement à ce que j’ai entendu tout à l’heure à la droite de cet hémicycle, il permettra de poser les bases d’une véritable politique d’intégration.
En prévoyant dans la loi un nombre d’heures de français suffisant pour rendre autonomes les étrangers qui signent le contrat d’intégration et en plaçant l’insertion professionnelle au cœur de cette politique, nous posons les bases d’une politique d’intégration beaucoup plus ambitieuse.
Donner une ambition à ce parcours d’intégration permet de répondre à une question simple : assumons-nous d’accueillir des étrangers en France, assumons-nous de protéger ceux qui doivent l’être, de permettre à ceux qui vivent ici de faire venir leurs enfants ou leur conjoint et à des entreprises de recruter les salariés donc elles ont besoin et qu’elles ne trouvent pas dans notre pas ?
M. M’jid El Guerrab
Bravo !
M. Aurélien Taché
Si oui, donnons-leur les moyens d’apprendre notre langue, de comprendre notre pays et, surtout, de prendre en compte leurs talents et leurs compétences, et sachons les orienter correctement vers des secteurs ou des régions où nous avons le plus besoin d’eux.
Bref, donnons à ceux qui arrivent les moyens de construire la France de demain, avec nous. Cet amendement le permettra. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LaREM et MODEM.)
M. le président
Sur l’amendement no 978, je suis saisi par le groupe La France insoumise d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
(L’amendement no 1148 est adopté.)
M. le président
La parole est à M. Raphaël Gérard, pour soutenir l’amendement no 1139 rectifié.
M. Raphaël Gérard
Il est défendu.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Demande de retrait, sinon avis défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis.
M. le président
Monsieur Gérard, souhaitez-vous maintenir votre amendement ?
M. Raphaël Gérard
Il est retiré, monsieur le président.
(L’amendement no 1139 rectifié est retiré.)
M. le président
La parole est à Mme Bénédicte Taurine, pour soutenir l’amendement no 978.
Mme Bénédicte Taurine
En vertu de l’article L.741-11 du CESEDA, l’accès au marché du travail ne peut être autorisé au demandeur d’asile qu’à l’expiration d’un délai de neuf mois après l’introduction de la demande.
Chers collègues, calculez combien vous a coûté votre repas de midi et combien vous coûte votre logement : pourrions-nous vivre avec 6,80 euros par jour – 10,20 euros pour un couple – pour nous vêtir, nous nourrir ? Pourrions-nous nous loger avec 5,40 euros par jour ? Eh bien tels sont les montants qui sont alloués par l’État français aux demandeurs d’asile qui, pour une grande partie d’entre eux, ont fui les conflits et la misère. Heureusement que la générosité publique et le dévouement humain et financier des associations existent !
Dernière illustration de cette hypocrisie d’État, le 23 décembre 2016, le Conseil d’État a annulé un décret du Gouvernement qui fixait à 4,20 euros par jour l’indemnité pour les demandeurs d’asile que l’État n’avait pu loger au motif que ce montant était trop bas. Le 29 mars 2017, celui-ci a généreusement été relevé de 1,20 euro !
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis.
M. le président
La parole est à Mme Bénédicte Taurine.
Mme Bénédicte Taurine
Je sais que nous sommes dimanche après-midi, que tout le monde est très pressé de partir mais, tout de même, sur ces questions importantes, il est regrettable que nous ayons si peu de réponses de la part de la rapporteure et du ministre. (Exclamations sur les bancs du groupe LaREM.) Vous pouvez râler, chers collègues, cela m’est bien égal.
Jusqu’à présent, les débats s’étaient correctement déroulés, mais nous sommes maintenant en train de passer tous les amendements en revue, sans débat, en disant que tout va bien.
M. le président
Je mets aux voix l’amendement no 978.
(Il est procédé au scrutin.)
(L’amendement no 978 n’est pas adopté.)
M. le président
La parole est à Mme Lise Magnier, pour soutenir l’amendement no 5.
Mme Lise Magnier
Défendu.
(L’amendement no 5, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
Article 26 bis
M. le président
La parole est à Mme Marine Le Pen, pour soutenir l’amendement no 760, qui vise à supprimer l’article.
Mme Marine Le Pen
Monsieur le président, je défendrai en même temps l’amendement no 761, qui vise à supprimer l’article 26 ter.
En 2005, 2 500 mineurs non accompagnés franchissaient les frontières françaises, ou ce qu’il en reste. Ils sont plus de 18 000 en 2017. Encore ne s’agit-il ici que d’une fourchette basse. L’explosion du nombre de ces mineurs qui, bien souvent, ne sont pas plus mineurs que vous et moi, a de lourdes conséquences pour la collectivité. En effet, la prise en charge d’un mineur coûte près de 60 000 euros à l’aide sociale à l’enfance, ce qui représente un coût annuel total de près de 2 milliards d’euros.
Dans ma région des Hauts-de-France, ce phénomène est particulièrement problématique et constitue une véritable provocation pour nombre de nos compatriotes, qui peinent à vivre décemment du fruit de leur travail.
Nous sommes ici confrontés non à une immigration liée à des motivations politiques, mais à des flux migratoires motivés par des considérations économiques. En notre qualité de législateur, nous ne pouvons ni ne devons raisonner que par l’affect. Nous avons prioritairement pour mission de légiférer dans l’intérêt du peuple français. Et son intérêt n’est pas de favoriser, comme votre texte le prévoit, monsieur le ministre d’État, l’insertion professionnelle de mineurs, en réalité bien souvent majeurs, fuyant leur pays à la recherche d’un eldorado économique. Il est temps, enfin, d’être honnête sur ce que notre pays peut et ne peut plus offrir.
(L’amendement no 760, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de trois amendements, nos 342, 81 et 832, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. Alain David, pour soutenir l’amendement no 342.
M. Alain David
Cet amendement vise à permettre aux demandeurs d’asile d’accéder au marché du travail dès l’enregistrement de leur demande d’asile. Il n’y a pas de raison de suspecter par principe que leur demande n’est pas fondée, et de ne pas leur offrir le bénéfice du droit de travailler.
M. le président
La parole est à M. M’jid El Guerrab, pour soutenir l’amendement no 81.
M. M’jid El Guerrab
Cet amendement vise également à rendre effectif l’accès au marché du travail des demandeurs d’asile, conformément au droit européen.
En effet, pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille, les demandeurs d’asile ayant reçu une attestation de demande d’asile de courte durée cherchent à travailler dans les domaines où, parce que la main-d’œuvre manque, ils pourraient être immédiatement employables.
L’opposabilité de la situation de l’emploi, qui est une mesure inutile, donne prétexte à l’introduction de conditions supplémentaires, comme la nécessité de demander une autorisation à travailler. À un accès déjà compliqué au marché du travail on ajoute la nécessité de fournir un contrat ou une promesse d’embauche.
Dans les faits, il ressort de l’étude menée par la Fondation Robert Schuman sur les politiques migratoires, que la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi – DIRECCTE – n’a accordé qu’une seule autorisation de travailler à un demandeur d’asile, en 2015. Il faut donc rendre le droit au travail automatique et nécessaire pour qu’il devienne effectif.
M. le président
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour soutenir l’amendement no 832.
M. Jean-Paul Lecoq
Cet amendement s’appuie sur le rapport intéressant de notre collègue Aurélien Taché, qui propose que les demandeurs d’asile puissent travailler au bout de six mois. C’est presque un amendement de repli car l’idéal, comme l’a dit Alain David, serait que les demandeurs d’asile puissent travailler dès qu’ils reçoivent le récépissé de dépôt du dossier de demande d’asile. À défaut, monsieur le ministre d’État, nous vous proposons de le leur permettre au bout de six mois plutôt que neuf. Ce sera déjà une avancée.
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur ces trois amendements ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Je souhaite le retrait de ces amendements au profit des amendements identiques nos 884 et 1053, qui reprennent les propositions du rapport d’Aurélien Taché et traduisent une position d’équilibre. À défaut, l’avis serait défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis que Mme la rapporteure.
M. le président
Monsieur David, maintenez-vous votre amendement ?
M. Alain David
Oui, monsieur le président.
M. le président
Qu’en est-il du vôtre, monsieur El Guerrab ?
M. M’jid El Guerrab
Puisqu’il est satisfait, je le retire, en me fiant à Aurélien Taché.
(L’amendement no 81 est retiré.)
M. le président
Souhaitez-vous maintenir le vôtre, monsieur Lecoq ?
M. Jean-Paul Lecoq
Tout à fait.
M. le président
La parole est à M. Guillaume Larrivé.
M. Guillaume Larrivé
Pour les Républicains le sujet qui s’annonce mérite un vrai débat. De ce que viennent de dire la rapporteure et le ministre d’État, je comprends que la majorité s’apprête à bouger sur la question de l’accès au marché du travail des demandeurs d’asile.
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Tout à fait !
M. Guillaume Larrivé
En commission, où nous avions déjà un peu débattu de cette mesure, nous vous avions déjà averti des dangers qu’elle annonce.
Qu’est-ce que cela veut dire, très concrètement, l’accès des demandeurs d’asile au marché du travail dès six mois ? Cela veut dire que vous allez vous mettre dans une situation qui, en réalité, va nécessairement accélérer les régularisations des déboutés. C’est hélas une certitude. D’ailleurs, Manuel Valls partageait la même préoccupation, en commission des lois, lorsque nous avons eu ce débat il y a quelques jours.
C’est aussi très contradictoire avec votre intention d’examiner les demandes en six mois, monsieur le ministre d’État. Si la demande d’asile est examinée en six mois et que, par hypothèse, dans 70 % des cas elle aboutit à un rejet, cela veut dire que vous aurez, en réalité, autorisé des déboutés du droit d’asile à continuer de travailler. Cela va les placer dans une situation impossible, de même que les entreprises,…
M. Pierre-Henri Dumont
Exactement !
M. Guillaume Larrivé
…et cela aboutira – nous le savons tous, étant des élus de terrain – à ce que les préfets soient saisis de demandes de régularisation de déboutés, parce que les associations diront : « Certes, il est débouté, mais il est en train de travailler ! » Il s’agit donc d’une mesure extrêmement dangereuse pour la régulation de l’immigration. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR et parmi les députés non inscrits.)
M. le président
La parole est à M. Jean-Luc Mélenchon.
M. Jean-Luc Mélenchon
Je m’efforce de voter à la lumière de la raison. Vous dites, cher collègue Larrivé, que les dispositions qui autorisent à travailler sitôt que l’on a déposé une demande d’asile – le dépôt est un acte officiel, qui reconnaît le cadre dans lequel on évolue – représenteraient un grand danger. Mais un danger de combien de personnes ?
M. Guillaume Larrivé
100 000 !
M. Jean-Luc Mélenchon
Donnez-nous une indication, pour que l’on puisse avoir peur raisonnablement !
Mme Marine Le Pen
100 000 en 2017 !
M. Jean-Luc Mélenchon
Mme Le Pen nous a dit tout à l’heure que les mineurs, le plus souvent, n’étaient pas mineurs. Comment le sait-elle ? Combien y en a-t-il ?
Mme Marine Le Pen
100 000 !
M. Jean-Luc Mélenchon
De quoi parle-t-elle ?
Mme Marine Le Pen
100 000 !
M. Jean-Luc Mélenchon
Toujours le même fantasme ! Ne vous énervez pas tout de suite, madame…
M. Éric Ciotti
C’est le résultat de l’évaluation !
M. Jean-Luc Mélenchon
Nous essayons de nous fonder sur des éléments rationnels. La possibilité pour quelqu’un de proposer son travail a un résultat concret : réduire la fraude au travail clandestin. Voilà ce que cela permet ! C’est donc un bon moyen de limiter les embauches en cachette.
Si vous avez un argument à opposer à cela, que ce soit un argument rationnel. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe FI.) Dites-nous de qui vous parlez, combien il y en a, où cela perturbe les relations de travail, où cela faciliterait l’immigration.
Car qu’avez-vous l’intention de faire à ce sujet ? Empêcher les gens d’immigrer ? Vous n’y arriverez jamais ! Voilà deux jours que je vous dis qu’il y a entre 200 000 et 800 000 – suivant les fantasmes – personnes réputées clandestines. Au lieu de proférer toutes sortes de phrases menaçantes à leur égard, dites-nous comment vous comptez résoudre un problème comme celui-là. Essayez de formuler une solution matérielle, rationnelle, à laquelle on puisse se raccrocher pour croire à vos fantasmes. Vous ne faites qu’une chose : faire peur, pour rien, au lieu de proposer des solutions raisonnables. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – M. Brahim Hammouche applaudit également.)
M. le président
La parole est à M. Guillaume Larrivé.
M. Guillaume Larrivé
Jean-Luc Mélenchon nous appelle à la rationalité. J’en prends acte, et je vais démontrer très simplement combien notre position est rationnelle.
Vous le savez, en 2017, il y a eu un peu plus de 100 000 demandes d’asile. Si, par hypothèse, les amendements en discussion étaient retenus, cela voudrait dire, très concrètement, que ces 100 000 personnes, six mois après l’enregistrement de leur demande d’asile, auraient le droit d’accéder au marché du travail : 100 000 !
Toujours par hypothèse, dans 70 % des cas, ces demandes sont déboutées. Cela veut dire que vous aurez, au bout de six mois, 70 000 personnes déboutées du droit d’asile qui auront pourtant l’autorisation de travailler. C’est tout à fait absurde. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR. – Mme Emmanuelle Ménard applaudit également. – Exclamations sur les bancs du groupe FI.)
(Les amendements nos 342 et 832, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le président
Je suis saisi de quatre amendements, nos 473 rectifié, 166, 1 et 39, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. Jean-Bernard Sempastous, pour soutenir l’amendement no 473 rectifié.
M. Jean-Bernard Sempastous
Je le retire au profit de l’amendement no 1053 à venir.
(L’amendement no 473 rectifié est retiré.)
M. le président
La parole est à Mme Jeanine Dubié, pour soutenir l’amendement no 166.
Mme Jeanine Dubié
Cet amendement vise à autoriser les demandeurs d’asile à accéder au marché du travail dans les mêmes conditions que les autres étrangers, en sollicitant une autorisation de travail auprès de la DIRECCTE – c’est important –, tant que leur demande n’a pas fait l’objet d’une décision définitive rendue par l’OFPRA ou la CNDA.
Autoriser aux demandeurs d’asile l’accès au marché du travail constitue un véritable progrès qui leur permettra de vivre plus dignement en France dans l’attente de leur statut définitif.
En laissant les individus et familles concernés accéder légalement à des moyens de survie, une telle mesure tendrait en outre à minimiser le coût économique que représente l’accueil de ces personnes pour la solidarité nationale.
Je rappelle que, dans certains secteurs en tension – la santé, les métiers de service, le secteur du bâtiment et des travaux publics –, de nombreux demandeurs d’asile ont des qualifications et des compétences qui mériteraient d’être utilisées.
Autoriser les demandeurs d’asile à travailler contribue également à lutter contre le travail au noir, ce qui engendre des retombées fiscales positives. Nous avons donc tout intérêt à leur permettre de travailler dès leur arrivée. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe FI.)
M. le président
La parole est à Mme Lise Magnier, pour soutenir l’amendement no 1.
Mme Lise Magnier
Il est défendu.
M. le président
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 39.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Défendu également.
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur ces trois amendements ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Je demande leur retrait au profit des amendements identiques à venir nos 1053 et 884. À défaut, l’avis sera défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis.
M. le président
Retirez-vous votre amendement, madame Dubié ?
Mme Jeanine Dubié
Non, je le maintiens, car je suis convaincue de sa pertinence. Je défendrai tout à l’heure un autre amendement tendant à ramener à six mois le délai précédant l’autorisation de travailler.
Mme Lise Magnier
Je retire l’amendement no 1.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
L’amendement no 39 est retiré également.
(Les amendements nos 1 et 39 sont retirés.)
(L’amendement no 166 n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de plusieurs amendements, nos 788, 884, 1053, 2, 167, 341 et 40, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 884 et 1053 sont identiques, ainsi que les amendements nos 2, 167 et 341.
La parole est à Mme Isabelle Florennes, pour soutenir l’amendement no 788.
Mme Isabelle Florennes
Le groupe MODEM souhaite l’abaissement de neuf à six mois du délai au-delà duquel un demandeur d’asile peut travailler, afin de faciliter de manière effective l’accès des demandeurs d’asile au marché du travail.
Pour répondre à l’objection de Guillaume Larrivé, cela ne concernerait que les demandeurs soumis à la procédure normale, et non ceux qui relèvent de la procédure accélérée, puisque celle-ci dure trois mois.
M. le président
Nous en venons aux amendements identiques nos 884 et 1053.
La parole est à Mme Lise Magnier, pour soutenir l’amendement no 884.
Mme Lise Magnier
Cet amendement, qui a été retravaillé dans le sens évoqué en commission, vise à permettre aux demandeurs d’asile qui n’ont pas obtenu de réponse de l’OFPRA d’accéder au marché du travail dans un délai de six mois à compter de l’introduction de leur demande, et non plus neuf mois comme le prévoit la législation actuellement en vigueur.
En effet, le délai de neuf mois apparaît disproportionné, dans la mesure où le maintien des demandeurs d’asile dans l’inactivité est préjudiciable à tous, nuit à leurs capacités d’intégration, ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins et favorise l’emploi non déclaré.
Cette mesure reprend la proposition no 47 du rapport de notre collègue Aurélien Taché sur l’intégration réussie des étrangers en France.
Les demandeurs d’asile resteraient naturellement soumis aux règles de droit commun applicables aux travailleurs étrangers pour la délivrance d’une autorisation de travail. Cependant, l’amendement prévoit que l’autorité administrative dispose d’un délai d’instruction de deux mois à compter de la réception de la demande d’autorisation de travail pour s’assurer que l’embauche de l’étranger respecte les conditions de droit commun d’accès au marché du travail. À défaut de notification dans ce délai, l’autorisation est alors réputée acquise et est applicable pour la durée du droit du demandeur d’asile au maintien du séjour.
M. le président
La parole est à M. Aurélien Taché, pour soutenir l’amendement identique no 1053.
M. Aurélien Taché
Cet amendement est issu des 72 propositions du rapport que j’ai remis au Gouvernement en vue de renforcer l’intégration. Il vise à faciliter l’accès des demandeurs d’asile au marché du travail.
Quelle est aujourd’hui la situation, mes chers collègues ? Les demandeurs d’asile peuvent demander l’autorisation de travailler neuf mois après avoir introduit leur demande d’asile, et les services du ministère du travail mettent parfois autant de temps à leur répondre. Dans les faits, il est donc extrêmement difficile pour les requérants de travailler pendant la procédure de demande d’asile, ce qui nuit considérablement à l’intégration de tous ceux qui vont rester en France, laquelle doit être notre priorité.
Cette législation, l’une des plus restrictives en Europe, explique que nous ayons parmi les plus mauvais résultats d’Europe en matière d’accès à l’emploi des étrangers pourtant régulièrement admis sur notre sol : seul un sur trois trouve un emploi au cours des cinq années qui suivent son arrivée en France.
Pourtant, ceux qui sont contraints à l’exil ne viennent pas demander l’assistance ou la charité, ni le RSA comme semble le penser M. Wauquiez (Protestations sur les bancs du groupe LR),…
M. Maxime Minot
Quel rapport ?
M. Aurélien Taché
…ils veulent retrouver de la dignité, ce qui commence par le fait de pouvoir travailler. Tous ceux que j’ai pu rencontrer dans les campements ou dans les centres d’accueil supportent très mal l’oisiveté forcée dans laquelle les plonge notre procédure d’asile. Il est donc temps de leur ouvrir beaucoup plus largement l’accès au travail. (Exclamations sur les bancs du groupe LR.)
M. Fabien Di Filippo
Les Français ne pensent pas comme vous !
M. Aurélien Taché
Si l’amendement est adopté, ces personnes pourront solliciter l’autorisation de travailler au plus tard six mois après avoir introduit leur demande, ce qui correspond à l’objectif fixé par M. le ministre pour la durée totale de la procédure. En l’absence de réponse des services du ministère du travail au bout de deux mois, cette autorisation sera réputée acquise.
Ce serait une avancée majeure que de consacrer ainsi le droit au travail des demandeurs d’asile qui n’auraient pas reçu de réponse à leur demande dans un délai raisonnable, et un grand pas pour l’intégration des réfugiés qui veulent et doivent pouvoir travailler le plus rapidement possible. Mes chers collègues, n’ajoutons pas la douleur du déclassement à celle de l’exil.
M. Florent Boudié
Bien !
M. le président
Nous abordons les amendements identiques nos 2, 167 et 341.
La parole est à Mme Lise Magnier, pour soutenir l’amendement no 2.
Mme Lise Magnier
Il est défendu.
M. le président
La parole est à Mme Jeanine Dubié, pour soutenir l’amendement identique no 167.
Mme Jeanine Dubié
Cet amendement de repli vise à ramener de neuf à six mois le délai d’accès des demandeurs d’asile au marché du travail.
Le droit au travail est un droit fondamental, essentiel à l’exercice des autres droits fondamentaux comme à la préservation de la dignité humaine, et un vecteur d’émancipation économique et sociale pour les individus. L’emploi est aussi, de manière plus générale, un aspect essentiel de l’intégration, car il développe le sentiment de dignité, de respect et d’estime de soi des individus et leur permet d’accéder à l’indépendance et à l’autonomie financière.
Puisque c’est, semble-t-il, l’amendement no 1053 qui va être adopté, je vais vous éviter du travail, monsieur le président, en retirant le mien à son profit. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
(L’amendement no 167 est retiré.)
M. le président
La parole est à Mme Marietta Karamanli, pour soutenir l’amendement identique no 341.
Mme Marietta Karamanli
Notre groupe défend le passage du délai de neuf à six mois. C’est aussi une demande des associations et une préconisation du Défenseur des droits.
Or, au délai de six mois, l’amendement no 1053 ajoute deux mois d’instruction administrative, de sorte qu’il ramène le délai non à six mois mais à huit.
Nous maintenons donc notre amendement, car nous souhaitons témoigner de notre volonté d’intégration sociale des demandeurs d’asile.
Un exemple très concret : dans mon département de la Sarthe, des demandeurs d’asile venus de Syrie, qui ont des compétences et une bonne pratique de la langue française, ne peuvent accéder au travail dans des secteurs où nous manquons de main-d’œuvre.
M. le président
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 40.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Défendu.
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
En commission, nous avons ajouté au titre du texte les mots « intégration réussie ». Voilà où nous trouvons notre point d’équilibre : travailler à préserver l’asile, être plus efficaces dans les reconduites des étrangers sans droit ni titre et, évidemment, œuvrer à une intégration réussie.
Or, comment réfléchir à l’intégration sans penser au travail, alors que tous ceux qui ont eu affaire à des demandeurs d’asile et à des réfugiés, tous ceux qui ont œuvré avec les associations savent combien ils demandent à travailler et, ainsi, à prendre part au récit national, en donnant ce qu’ils peuvent donner de leur force de travail ?
Il fallait donc une rédaction raisonnable – pour reprendre le mot de M. Mélenchon –, qui évite que la demande d’asile soit dévoyée en point d’accès au travail. Voilà pourquoi le délai choisi correspond au délai d’instruction de la demande tel que nous l’avons par ailleurs réduit.
Pour ces raisons, avis favorable aux amendements no 884 et 1053, et défavorable aux autres amendements. (M. Rémy Rebeyrotte et M. Bruno Questel applaudissent.)
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
À partir du moment où nous réduisons le délai de décision à six mois, il nous faut en tirer les conséquences. L’amendement no 1053 de M. Boudié vise à permettre aux demandeurs d’asile de travailler à partir de six mois, tout en veillant à ce qu’il ne soit, évidemment, pas plus facile de travailler pour eux que pour un étranger ayant un titre. Par ailleurs, pour éviter les attentes exceptionnellement longues, nous prévoyons que, suite à la demande faite au ministère du travail, le silence vaudra autorisation. Avis favorable aux amendements nos
M. le président
La parole est à M. Pierre-Henri Dumont.
M. Pierre-Henri Dumont
Je tiens à rappeler les propos fort justes de mon collègue Guillaume Larrivé, auxquels j’ajouterai une question. L’architecture du texte repose sur la réduction des délais, afin de donner une réponse plus rapide aux demandeurs d’asile. C’est bien dans ce but, n’est-ce pas, que vous avez présenté un texte ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Absolument !
M. Pierre-Henri Dumont
Nous sommes d’accord avec le principe de donner une réponse au demandeur d’asile dans un délai de six mois. Cela étant, si vous légiférez sur des cas où le demandeur d’asile n’aurait pas eu de réponse après six mois, c’est que vous estimez que ce que nous sommes en train de faire depuis six jours ne sert à rien et que vous n’allez pas réussir à tenir vos délais ! Cette disposition est en profonde contradiction avec l’esprit de votre texte.
M. le président
La parole est à M. Guillaume Larrivé.
M. Guillaume Larrivé
J’ai en réalité, monsieur le ministre d’État, la même interrogation sur la cohérence de votre texte. Nous vous le disons avec beaucoup de sincérité – comme toujours, bien sûr – et un vrai souci de précision. Si on entre dans votre logique – et je vous fais crédit, naturellement, de votre bonne foi –, six mois après le dépôt de sa demande d’asile, la personne sait si elle est réfugiée ou déboutée. Si elle est réfugiée et dispose d’une carte de séjour de dix ans, nous souhaitons tous, naturellement, qu’elle puisse accéder au marché du travail, s’intégrer et même, à terme, rejoindre la communauté nationale. En revanche, si elle est déboutée, nous souhaitons tous, je crois, que la loi de la République soit appliquée et que la personne soit éloignée vers son pays d’origine.
Mme Constance Le Grip
C’est ça !
M. Guillaume Larrivé
C’est bien pour cela que nous ne comprenons vraiment pas, rationnellement, pourquoi vous allez vous mettre dans une situation qui voudrait qu’au bout de six mois des demandeurs d’asile puissent accéder au marché du travail. Par hypothèse, si votre loi fonctionne, il n’y aura plus de demandeurs d’asile au bout de six mois… Il y aura soit des réfugiés, soit des déboutés. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
Mme Constance Le Grip
C’est d’une logique imparable !
M. le président
La parole est à Mme Marine Le Pen.
Mme Marine Le Pen
Monsieur le ministre d’État, votre déclaration est, à mon sens, totalement incohérente. Vous dites qu’un demandeur d’asile doit être comme un étranger qui a un titre. Évidemment que non ! Par définition, l’étranger qui a un titre a un titre. Il a fait l’objet d’un contrôle et d’une autorisation à rester sur le territoire, ce qui lui permet d’accéder au marché du travail. Au contraire, le demandeur d’asile a 70 % de risques de se voir refuser sa demande et d’être renvoyé vers son pays d’origine. Comment allez-vous faire si vous avez du retard, si vous ne respectez pas vos grandes promesses et que la procédure prend plus de six mois ? Irez-vous les chercher dans les entreprises où ils travaillent ? Irez-vous expliquer à leur employeur qu’ils avaient le droit de travailler mais qu’ils l’ont désormais perdu ? Ce texte n’a absolument aucun sens ! Le seul sens idéologique que l’on peut lui trouver, c’est qu’il vise une nouvelle fois à créer les conditions d’une filière d’immigration supplémentaire et, peut-être même, dans le cadre de cet article, à régulariser des clandestins supplémentaires.
M. le président
La parole est à M. Florent Boudié.
M. Florent Boudié
Je voudrais répondre aux fantasmes exprimés par Mme Le Pen et, dans une certaine mesure, par M. Larrivé.
M. Guillaume Larrivé
Et par M. Valls en commission !
M. Florent Boudié
Actuellement, le droit au travail est ouvert neuf mois après le dépôt de la demande d’asile, alors que les délais moyens de demande d’asile en 2017 sont de quatorze mois. Or, nous n’avons pas remarqué que cette possibilité de travailler dès neuf mois ait entraîné une dérive, que ce soit en termes de régularisations ou d’appel d’air, pour reprendre cette expression que vous affectionnez. Nous faisons un choix que nous assumons, celui de l’intégration. Je tiens d’ailleurs à préciser que cet amendement a été déposé suite au rapport d’Aurélien Taché. Ce matin, nous avons fait le choix de la fraternité, en réformant le délit de solidarité. Nous, dans la majorité, nous assumons la volonté d’intégration. C’est notre choix politique. C’est notre choix idéologique. Mais, dès lors que la personne serait déboutée du droit d’asile, elle passerait bien évidemment sous le coup des mesures d’éloignement que nous avons rendues plus efficaces. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. le président
La parole est à M. Pierre-Henri Dumont.
M. Pierre-Henri Dumont
Je voudrais réagir aux propos de mon estimé et estimable collègue. Pardonnez-moi de vous le dire, mais il y a un lien très clair entre l’augmentation du nombre de demandeurs d’asile en France, qu’ils obtiennent le droit de séjour ou pas, et le nombre de régularisations. On a bien vu une poussée de ces demandeurs d’asile jusqu’à atteindre le nombre historique de 100 000 en 2017, mais également une augmentation sans précédent du nombre de régularisations.
M. Gérard Collomb, ministre d’État et M. Florent Boudié
Non !
M. Pierre-Henri Dumont
Je vous rappelle le chiffre, puisque vous étiez déjà membre de la majorité sous la précédente législature – votre darwinisme politique est assez développé puisque vous êtes toujours dans la majorité – : le nombre de régularisations a augmenté de 32 % entre 2012 et 2017. Hier, votre collègue nous a confirmé qu’il y avait bien un plan gouvernemental de régularisation de 40 000 clandestins, comme l’annonçait un article du Monde la semaine dernière. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. le président
La parole est à M. Gérard Collomb.
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Nous avons confiance dans le fait que nous pourrons décider, grâce à cette loi, qui a le droit d’asile et qui ne l’a pas, en l’espace de six mois. Évidemment, ce chiffre est une moyenne, puisque certains verront leur situation examinée plus rapidement que d’autres. C’est donc un contrat de confiance que nous passons avec la majorité. Nous pensons, au Gouvernement, que nous arriverons à atteindre nos objectifs. Pour les personnes qui dépasseraient le délai, un droit s’ouvrirait, lequel prendrait bien sûr fin à partir du moment où la personne serait déboutée. Nous ne voulons pas que l’incertitude se prolonge.
Quant aux régularisations, en 2017, elles ont été moins nombreuses qu’en 2016. Contrairement à ce que vous avez dit, il n’y a pas de fuite en avant, mais, au contraire, une volonté de contrôler ce qui se passe et d’accorder moins de régularisations, à partir du moment où nous réduirons les délais pour dire qui a droit à l’asile et qui n’y a pas droit et sera renvoyé. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. Michel Herbillon
Que faites-vous des déboutés ?
M. le président
La parole est à Mme Isabelle Florennes.
Mme Isabelle Florennes
Le groupe MODEM retire son amendement no 788. En effet, nous serons ravis de soutenir un amendement à venir de M. Boudié, lequel tend à prévoir un encadrement plus précis de la mesure par l’autorité administrative.
(L’amendement no 788 est retiré.)
(Les amendements identiques nos 884 et 1053 sont adoptés et les amendements nos 2, 341 et 40 tombent.)
M. le président
La parole est à Mme Lise Magnier, pour soutenir l’amendement no 3.
Mme Lise Magnier
Nous venons de régler la question de l’autorisation du droit au travail des demandeurs d’asile. Il est important de leur faciliter l’accès à la formation préprofessionnelle, et je pense surtout aux mineurs ou aux jeunes majeurs qui arrivent en France et rencontrent des difficultés pour obtenir des contrats d’apprentissage, alors que des employeurs seraient prêts à les accompagner pour leur permettre de réussir leur intégration.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Retrait ou avis défavorable.
M. le président
La parole est à Mme Lise Magnier.
Mme Lise Magnier
Je retire mon amendement.
(L’amendement no 3 est retiré.)
M. le président
La parole est à M. M’jid El Guerrab, pour soutenir l’amendement no 82.
M. M’jid El Guerrab
Cet amendement vise à permettre l’accès aux formations professionnelles au plus tard au moment de l’accès au travail. Je propose de mettre en conformité notre droit avec l’article 16 de la directive européenne « Accueil », lequel dispose que : « Les États membres peuvent autoriser l’accès des demandeurs à la formation professionnelle, que ceux-ci aient ou non accès au marché du travail. » La formation devient automatique après l’accès au marché du travail. Or, l’article L. 744-11 du CESEDA prévoit l’accès non pas à la formation professionnelle, mais seulement à certaines actions de formation comme l’alphabétisation, la formation linguistique, la formation préprofessionnelle ou la validation des acquis de l’expérience. Il ne prévoit pas non plus l’accès à l’orientation prévu dans le code du travail, qui accompagne et rend effectif l’accès à la formation professionnelle. Dès qu’ils ont le droit de travailler, les demandeurs d’asile devraient avoir accès à Pôle emploi. Cette institution est chargée d’accompagner vers l’emploi et de proposer un large choix de formations. Ces articles du code du travail devraient donc être modifiés afin de prévoir un accès à Pôle emploi pour les demandeurs d’asile au bout de six mois.
(L’amendement no 82, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 83 et 474 deuxième rectification.
La parole est de nouveau à M. M’jid El Guerrab, pour soutenir l’amendement no 83.
M. M’jid El Guerrab
Cet amendement vise à mettre à profit le temps de la demande d’asile pour se préparer à entrer dans des parcours d’intégration, une fois le statut obtenu, afin d’acquérir des compétences utiles dans le pays hôte ou le pays d’origine.
M. le président
La parole est à M. Jean-Bernard Sempastous, pour soutenir l’amendement no 474 deuxième rectification.
M. Jean-Bernard Sempastous
Cet amendement vise également à mettre à profit le temps de la demande d’asile pour préparer le demandeur d’asile à entrer dans des parcours d’intégration, une fois le statut obtenu, pour acquérir des compétences fondamentales utiles dans le pays hôte.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Défavorable.
M. le président
La parole est à M. Ian Boucard.
M. Ian Boucard
J’ai du mal à comprendre votre demande, mes chers collègues. Cela signifierait que dès que quelqu’un déposerait une demande d’asile, il aurait accès à une formation professionnelle payée par l’État. Cela pose un problème, à moins de considérer que, grâce à ce texte, on accordera l’asile à toutes celles et tous ceux qui en feront la demande ! Mais je ne crois pas que ce soit exactement l’esprit du texte de M. le ministre. Vous avez rappelé le texte de la directive, sur laquelle vous voulez aligner le CESEDA, mais il dispose que les États membres « peuvent » donner l’accès à la formation professionnelle, et non pas « doivent ». Il semble logique d’avoir accès à la formation dès lors que l’on a accès au travail, mais pas aussitôt que l’on fait la demande d’asile. Cela serait étonnant.
(Les amendements identiques nos 83 et 474 deuxième rectification ne sont pas adoptés.)
M. le président
Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 4 et 57.
La parole est à Mme Lise Magnier, pour soutenir l’amendement no 4.
Mme Lise Magnier
Cet amendement vise à prendre en considération la situation particulière des demandeurs d’asile venant avec un visa de long séjour, afin de leur garantir l’accès immédiat au marché du travail.
M. le président
La parole est à Mme Jeanine Dubié, pour soutenir l’amendement no 57.
Mme Jeanine Dubié
Défendu.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Après l’adoption des deux amendements identiques relatifs à l’autorisation du travail dans un délai de six mois à compter de l’introduction de la demande d’asile, je pense que ces amendements pourraient être retirés. À défaut, l’avis sera défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis.
M. le président
Madame Magnier, maintenez-vous l’amendement ?
Mme Lise Magnier
Je le retire.
M. le président
Madame Dubié ?
Mme Jeanine Dubié
Également.
(Les amendements identiques nos 4 et 57 sont retirés.)
M. le président
Sur l’article 26 bis, je suis saisi par le groupe Les Républicains d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Suspension et reprise de la séance
M. le président
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à quinze heures, est reprise à quinze heures cinq.)
M. le président
La séance est reprise.
Je mets aux voix l’article 26 bis, tel qu’il a été amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
(L’article 26 bis, amendé, est adopté.)
Article 26 ter
M. le président
La parole est à Mme Marine Le Pen, pour soutenir l’amendement no 761.
Mme Marine Le Pen
Il est défendu.
(L’amendement no 761, repoussé par la commission et le Gouvernement, n’est pas adopté.)
(L’article 26 ter est adopté.)
Article 27
M. le président
Je suis saisi de quatre amendements identiques, nos 343, 762, 833 et 979, visant à supprimer l’article 27.
La parole est à M. Christophe Bouillon, pour soutenir l’amendement no 343.
M. Christophe Bouillon
Il est défendu.
M. le président
La parole est à M. Gilbert Collard, pour soutenir l’amendement no 762.
M. Gilbert Collard
Pour faire gagner du temps à l’Assemblée, qui en a bien besoin, considérons que l’amendement est défendu.
M. le président
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour soutenir l’amendement no 833.
M. Jean-Paul Lecoq
Monsieur le ministre, quand en aurez-vous terminé avec l’utilisation des ordonnances ? Code du travail, réforme de la SNCF, et maintenant rédaction de la partie législative du CESEDA : tous ces sujets extrêmement sensibles méritent la plus grande attention de la part du Parlement et le temps nécessaire à la réflexion et à la discussion – qui nous fait défaut. Cela est d’autant plus valable s’agissant des dispositions dont nous débattons aujourd’hui, qui concernent le respect des droits fondamentaux des requérants du droit d’asile.
Ce nouveau recours aux ordonnances ne fait que témoigner de votre empressement à légiférer, dans le plus grand mépris de la démocratie. En effet, en agissant de la sorte, vous privez la représentation nationale de toute possibilité d’évaluer précisément les dispositifs en vigueur. Vous empêchez les parlementaires de mener un examen approfondi des différents problèmes, qui ne manquent pas dans le contentieux du droit d’asile et que votre projet de loi – nous en sommes persuadés – ne fera qu’aggraver. Dans ce contexte, vous laisser carte blanche pour la rédaction de la partie législative du CESEDA reviendrait à vous donner un blanc-seing. Cela nous semble parfaitement irresponsable et profondément antidémocratique. Aussi, nous vous demandons de renoncer à l’utilisation des ordonnances, afin de permettre aux représentants de la nation de se saisir pleinement d’un sujet qui intéresse fortement nos concitoyens. Il suffit pour s’en convaincre de voir avec quelle véhémence les associations, les professionnels du droit d’asile et les citoyens ont manifesté leur désapprobation à l’encontre de ce projet de loi.
M. le président
La parole est à M. Alexis Corbière, pour soutenir l’amendement no 979.
M. Alexis Corbière
Je m’étonne, monsieur Collard, que vous n’ayez pas défendu votre amendement ; je vous ai trouvé un peu trouillard, presque péteux ! (Exclamations parmi les députés non inscrits.)
M. Gilbert Collard
Mais laissez-nous donc en paix !
M. le président
Chers collègues, restons sur le sujet !
M. Alexis Corbière
Mais c’était le sujet ! Nous l’avons dit, nous sommes opposés à l’article 27 de ce projet de loi, en raison du choix du recours aux ordonnances. (Mêmes mouvements.)
M. le président
S’il vous plaît, pas d’interpellations, d’autant plus que vous semblez d’accord sur l’article !
M. Alexis Corbière
Nous considérons que rien ne justifie ni la méthode ni l’empressement du Gouvernement à faire adopter une réforme partielle du CESEDA. Une telle réforme mérite un examen serein et exhaustif par le Parlement. Il faut faire cesser au plus vite ce détournement de la procédure législative normale, ce court-circuitage du Parlement, cette atteinte grave et répétée au fonctionnement de notre démocratie.
Par cet amendement de bon sens, nous proposons que les sujets traités dans cet article fassent l’objet d’un projet de loi spécifique. Ces questions ne doivent pas faire l’objet d’obscurs arbitrages dans les réunions interministérielles, que viendrait entériner le groupe majoritaire qui malheureusement s’est habitué à voter en bloc, de façon systématique, toutes les dispositions proposées par le Gouvernement, en méconnaissance des règles de notre Constitution fixées par l’article 27 qui dispose : « Le droit de vote des membres du Parlement est personnel. »
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?
Mme Élise Fajgeles, rapporteure
Il faut faire tomber les fantasmes sur le recours aux ordonnances. Rédigé avec précision, l’article 27 en encadre parfaitement l’utilisation qui permettra, à droit constant, de simplifier le CESEDA. Si l’on s’intéresse au droit des étrangers et si l’on écoute les associations, on sait que ce code a grand besoin d’être simplifié. Avis défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Gérard Collomb, ministre d’État
Même avis.
M. le président
La parole est à Mme Marine Le Pen.
Mme Marine Le Pen
J’aurais bien voté contre, mais je voudrais savoir si j’en ai le droit ! La garde des sceaux, Mme Belloubet, vient en effet de dire que le vote du Front national sur la loi asile est une tactique pour déstabiliser l’ensemble de notre système républicain.
M. Florent Boudié
Elle a raison !
Mme Marine Le Pen
Vous ne cessez, mes chers collègues, de défendre les droits fondamentaux des demandeurs d’asile ; mais qu’en est-il des députés ? Avons-nous le droit de voter librement, pour ou contre, ou bien devons-nous nous attendre à des poursuites de la part de Mme Belloubet ? Va-t-il nous arriver des bricoles ? Devrons-nous demander l’asile politique dans un autre pays puisque nous ne sommes plus libres de voter en France sans que la ministre de la justice nous traite de factieux ? (Applaudissements parmi les députés non inscrits.)
M. le président
Je rappelle qu’il existe un droit fondamental : celui d’écouter l’orateur, et ce serait formidable si vous pouviez le respecter !
La parole est à Mme Danièle Obono.
Mme Danièle Obono
Merci beaucoup, monsieur le président. Nous proposons cet amendement car nous estimons, madame la rapporteuse, que le CESEDA mérite mieux qu’une simplification : une remise à plat. C’est ce que réclament beaucoup d’associations, de magistrats et d’avocats que nous avons entendus comme vous, même si vous avez choisi de ne retenir qu’une partie de ce qu’elles et ils disaient.
Nous estimons que les conditions d’examen de ce texte, dans lequel vous avez sciemment mélangé la question du droit d’asile et celle de la politique migratoire, ne permettaient pas d’engager un véritable débat sur le CESEDA. Nous l’avons dénoncé depuis le départ, donc ne nous faites pas maintenant le reproche de ne pas mesurer l’importance de cette réforme.
En mettant à la fin du projet de loi un article qui, subrepticement, encadre soi-disant la simplification du CESEDA par ordonnances, vous déniez au Parlement le droit de débattre et d’assumer cette politique. Une ordonnance, par définition, donne un blanc-seing et ne permet pas au Parlement de discuter dans de bonnes conditions. Nous n’acceptons pas cette manière de faire ; c’est pourquoi nous présentons cet amendement qui exige le respect du débat parlementaire.
M. le président
La parole est à M. Jean-Luc Mélenchon.
M. Jean-Luc Mélenchon
Il est curieux qu’après tant d’heures passées à décrire dans le détail ce qu’on fera subir aux personnes, voilà tout d’un coup qu’on sort des ordonnances pour tout un pan du texte ! Mais ce n’est pas l’heure pour moi d’en parler. Puisque M. Collard nous a fait le bienfait de renoncer à expliquer ses sottises sur l’amendement no 762, je m’en vais lui dire que j’ai depuis ce matin sur l’estomac les simagrées, injurieuses pour la foi, auxquelles il s’est livré en singeant des signes de croix pendant que parlait mon ami Corbière.
M. Gilbert Collard
Oh là là, Mélenchon, je sors boire un pastis !
Mme Marietta Karamanli
Bon débarras !
M. Jean-Luc Mélenchon
Il apprendra la connivence profonde qui existe entre les gens comme nous et bien des catholiques qui sont aujourd’hui en première ligne dans la lutte pour faire respecter les droits humains des migrants. J’en profite pour lui dire que sur nos bancs est intact le souvenir de Mgr Romero, assassiné par ses amis au Salvador, celui des sœurs assassinées par ses amis en Argentine…,
Mme Valérie Boyer
Mais cela va se terminer par une retraite au monastère !
M. Jean-Luc Mélenchon
…du prêtre tué par ses amis au Chili, et enfin du frère Burin des Roziers, d’heureuse mémoire.
M. Éric Straumann
Et les prêtres cubains et vénézuéliens, qu’en faites-vous ?
M. Jean-Luc Mélenchon
Je dis tout cela à Collard pour qu’il se rappelle que ses injures ne nous atteignent pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe FI. – Exclamations sur plusieurs bancs.)
M. le président
Si nous pouvions retrouver le calme de nos débats et éviter les mises en cause, cela nous permettrait d’avancer !
(Les amendements identiques nos 343, 762, 833 et 979 ne sont pas adoptés.)
M. le président
Sur l’article 27, je suis saisi par le groupe La France insoumise d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Jeanine Dubié, pour soutenir l’amendement no 168.
Mme Jeanine Dubié
Pour la fin de l’examen de ce texte, nos débats avancent à la vitesse d’un TGV ! Pour ne pas perdre de temps, je présenterai dans le même temps les amendements nos 168 et 169.
M. le président
Très bonne idée !
Mme Jeanine Dubié
Par l’amendement no 168, nous proposons de supprimer les alinéas 2 et 3 de l’article 27, qui ont pour objet d’autoriser le Gouvernement à recourir aux ordonnances, dans le délai de vingt-quatre mois à compter de la promulgation de la loi, pour procéder à une nouvelle rédaction de la partie législative du CESEDA. Cette disposition est formulée trop largement à nos yeux : elle devrait être mieux encadrée.
L’amendement no 169, quant à lui, tend à modifier l’alinéa 6, afin que le Défenseur des droits donne son avis sur certains points de la nouvelle rédaction de la partie législative du CESEDA issue des ordonnances.
M. le président
Je vous remercie, madame la députée, pour cette présentation à la fois explicite et synthétique.
(Les amendements nos 168 et 169, repoussés par la commission et le Gouvernement, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le président
Je mets aux voix l’article 27.
(Il est procédé au scrutin.)
(L’article 27 est adopté.)
Article 28
M. le président
Je suis saisi de trois amendements identiques, nos 344, 834 et 982, tendant à supprimer l’article.
La parole est à Mme Marietta Karamanli, pour soutenir l’amendement no 344.
Mme Marietta Karamanli
Défendu.
M. le président
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour soutenir l’amendement no 834.
M. Jean-Paul Lecoq
Défendu.
M. le président
La parole est à Mme Mathilde Panot, pour soutenir l’amendement no 982.
Mme Mathilde Panot