Deuxième séance du lundi 19 octobre 2020
- Présidence de M. David Habib
- 1. Projet de loi de finances pour 2021
- Première partie (suite)
- Après l’article 22 (suite)
- Article 23
- Après l’article 23
- Amendements nos 371, 247, 1508, 2877, 1303, 2578, 248, 819, 1070, 1444, 1445, 1582, 1590, 1669, 1747, 2136, 2510 et 2718 rectifié
- Sous-amendement nos 2950, 2951, 2952, 2953, 2954, 2959, 2955, 2956, 2957,, 2958
- Amendements nos 1298, 2015, 1564, 1638, 1735, 2113, 2184, 2271, 2500, 2855, 1568, 1583, 1639, 1738, 2013, 2117, 2185, 2504, 2856, 2382, 1806, 364, 986, 1299, 1463, 1880, 1558, 1636, 1668, 1730, 2008, 2073, 2111, 2144, 2183, 2253, 2496, 2648, 2854 et 1804
- Sous-amendement no 2972
- Amendements nos 2304, 1826, 251 et 2711
- Article 24
- Amendements nos 2014, 1530, 1650, 255, 372, 1074, 1350, 1469, 2459, 2550, 256, 373, 323, 480, 1330, 2325, 2882, 2357, 2783, 1915, 2789, 2679, 2971, 2465, 2765, 2698, 2700, 2466, 1612, 2835, 29, 31, 37, 62, 63, 76, 336, 369, 502, 587, 810, 1043, 1048, 1077, 1342, 1351, 1382, 1393, 1471, 1611, 1689, 1701, 2026, 2386, 2469, 2602, 2637 et 2970
- Sous-amendement no 2982
- Suspension et reprise de la séance
- Après l’article 24
- Amendements nos 2377 et 2153
- Sous-amendement no 2967
- Amendements nos 265, 266, 538 et 2753
- Article 25
- Amendements nos 561, 567, 1533, 2018, 2125 et 2541
- Article 26
- Article 27
- Amendements nos 2390, 1924, 2139 rectifié, 2522 rectifié et 1332 rectifié
- Article 28
- Amendement no 2019
- Article 29
- Article 30
- Amendement no 2020
- Après l’article 30
- Amendement no 2149
- Article 32 et état A
- Seconde délibération
- Première partie (suite)
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de M. David Habib
vice-président
M. le président
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)
1. Projet de loi de finances pour 2021
Première partie (suite)
M. le président
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la première partie du projet de loi de finances pour 2021 (nos 3360, 3399).
Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 2805 portant article additionnel après l’article 22.
Après l’article 22 (suite)
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics, pour soutenir l’amendement no 2805, qui fait l’objet de plusieurs sous-amendements.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
Le présent amendement concerne l’affectation d’une fraction de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, la TICPE, à la Collectivité européenne d’Alsace – CEA – en compensation des transferts de compétences prévus par la loi du 2 août 2019. Nous proposons de fixer le montant du droit à compensation à 15,5 millions d’euros.
Je précise, pour répondre de façon anticipée aux sous-amendements qui ont été déposés, que cette somme correspond à une provision. Courant 2021, la commission consultative sur l’évaluation des charges, la CCEC, qui comprend des élus de la CEA et des représentants de l’État, se réunira pour évaluer, comme elle le fait en pareil cas, l’effet des transferts de charges sur les six ou sept années d’investissement et les trois années de fonctionnement. Le montant de la compensation sera ajusté en conséquence, soit dans le cadre du PLF pour 2022, soit dans celui d’un projet de loi de finances rectificative – il y en aura sûrement un en 2021, au moins en fin de gestion.
M. le président
La parole est à M. Raphaël Schellenberger, pour soutenir le sous-amendement no 2975.
M. Raphaël Schellenberger
Un mot sur l’ensemble des sous-amendements que j’ai déposés.
Votre logique de provision ne tient pas, monsieur le ministre délégué, pour plusieurs raisons.
D’abord, il y a un problème de méthode : nous découvrons en séance un amendement du Gouvernement qui n’a donné lieu à aucune consultation des collectivités concernées, alors même que celles-ci sollicitent le ministère depuis des mois – en vain. Or l’idée de financer le réseau routier transféré à la CEA par l’affectation d’une fraction de la TICPE n’avait jamais été évoquée jusqu’à présent !
Ensuite, vous proposez de fixer le montant de la fraction transférée à 15 millions d’euros, alors que les collectivités vous demandaient le double et que les discussions semblent avoir abouti à un équilibre se traduisant par un droit à compensation d’environ 23 millions.
Au vu du chiffre proposé par l’amendement, vous semblez ne pas prendre la TVA dans votre calcul, alors même que cette taxe n’est pas récupérée par les collectivités de façon uniforme, mais en fonction de la nature de la dépense. Ce seul point aurait mérité un vrai travail en amont.
Enfin, alors que des infrastructures seront directement transférées de l’État à l’Eurométropole de Strasbourg, cette entité est complètement évacuée de la discussion.
L’amendement étant complètement bancal, le sous-amendement no 2975 vient proposer une première solution en augmentant la fraction de TICPE à transférer à la CEA.
Je laisse mes collègues présenter les autres sous-amendements.
M. le président
Qui défend le sous-amendement no 2976 ?
M. Philippe Meyer
Comme l’a dit mon collègue, si on veut réussir la loi du 2 août 2019…
M. le président
Monsieur Meyer, n’étant pas signataire du sous-amendement, vous ne pouvez pas le soutenir.
M. Raphaël Schellenberger
Si ! Tous mes collègues alsaciens sont signataires des sous-amendements ! Mais pendant la pause entre les deux séances, le fonctionnement de la plateforme de dépôt des amendements a été suspendu pendant quarante minutes !
M. le président
Respectons les procédures ! M. Yves Hemedinger figure parmi les signataires, il peut prendre la parole.
M. Yves Hemedinger
Nous nous répartissons le travail, c’est normal. C’est l’occasion ou jamais de faire vivre l’Alsace !
Comme l’a dit mon collègue Schellenberger, l’amendement arrive au dernier moment en discussion, alors que nous sortons à peine du train pour accourir, tel Zorro, participer à ce débat si important pour nous !
Le sous-amendement no 2976 propose de porter à 0,040 euro la fraction de TICPE sur le gazole attribuée en compensation.
M. le président
La parole est à M. Raphaël Schellenberger, pour soutenir les sous-amendements nos 2979, 2980, 2977 et 2978, pouvant faire l’objet d’une présentation groupée.
M. Raphaël Schellenberger
Soyons sérieux ! Si on ne repousse pas l’amendement du Gouvernement, soit on l’adopte et on laisse faire la navette parlementaire en comptant sur la raison du Sénat, soit on l’adopte en le sous-amendant de façon à respecter le dialogue avec les collectivités territoriales.
Je propose de fixer le montant de la compensation à 23 millions d’euros, qui représentent le point d’équilibre qui ressort des discussions entre les collectivités et l’État, ou à 30 millions, qui représentent la somme nécessaire pour réaliser le rattrapage d’investissement dans les structures.
Enfin, les sous-amendements nos 2977 – qui a ma préférence – et 2978 proposent que l’arrêté conjoint du ministre chargé de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales et du ministre chargé des comptes publics soit pris après consultation des collectivités locales concernées. C’est bien le moins, monsieur le ministre délégué, vu la précipitation dans laquelle l’amendement est présenté.
M. le président
La parole est à M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire, pour donner l’avis de la commission.
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire
Avis favorable sur l’amendement no 2805, défavorable sur les sous-amendements.
L’article 72-2 de la Constitution est très clair : dès lors qu’il y a transfert de compétences, il y a compensation financière. Si la fraction de TICPE affectée à la CEA venait à être inférieure au montant fixé par arrêté, la différence serait intégralement compensée. C’est ce qui a toujours été fait et qu’il faut continuer de faire.
Sur la forme, monsieur Schellenberger, je partage votre agacement devant les amendements gouvernementaux déposés en plein examen du texte, car cela nous empêche de discuter des dispositions qu’ils contiennent,…
Mme Véronique Louwagie
Très bien !
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
…mais sur le fond, l’amendement a du sens.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement sur les sous-amendements ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Défavorable. Deux précisions cependant.
D’abord – c’est important pour la suite des débats entre la CEA et l’État –, la méthode d’évaluation des charges que nous proposons est conforme à l’article L. 1614-1 du code général des collectivités territoriales. Un bilan sera effectué selon les termes de l’article L. 1614-3, en application du principe constitutionnel – article 72-2 de la Constitution.
Nous proposons de fixer la somme à 15,5 millions d’euros ; si la CCEC estime qu’il faut l’augmenter – je n’envisage pas qu’elle puisse suggérer de la diminuer –, nous le ferons.
M. Schellenberger semble m’avoir tendu une perche en évoquant la navette parlementaire. J’ai entendu vos critiques et les transmettrai à qui de droit. Si les travaux en cours concluent à la nécessité de réévaluer ce montant, le Gouvernement sera ouvert à cette éventualité. L’amendement constitue une première application du principe selon lequel un transfert de compétences – et donc de charges – doit être compensé, mais il ne propose pas un montant définitif. Le cas échéant, nous disposons de deux mois pour l’ajuster, et si cela ne se fait pas dans le cadre de la navette et que la CCEC nous y incite, nous nous engageons à le réévaluer en 2021.
M. le président
La parole est à M. Raphaël Schellenberger.
M. Raphaël Schellenberger
Monsieur le ministre, je ne comprends toujours pas votre logique. Si vous admettez que vous n’êtes pas prêts et qu’il faut poursuivre la discussion, alors n’adoptons pas un amendement dont le montant ne correspond ni aux besoins d’investissements dans les infrastructures, ni à l’état des négociations entre l’État et les collectivités concernées ! La semaine dernière, en commission des lois, j’ai présenté, avec mon collègue Rémy Rebeyrotte, un point d’étape sur l’application de la loi du 2 août 2019. Après avoir auditionné l’ensemble des ministères, nous sommes tombés d’accord sur un montant se situant autour de 22 millions d’euros ; aujourd’hui, vous ne proposez que 15 millions !
Enfin, pourquoi financer la compensation par une fraction de la TICPE, un impôt dont nous souhaitons, à terme, réduire le rendement, puisque nous voulons tous que la consommation de carburant diminue ? C’est quand même fou ! Cette logique est incompréhensible, et ce n’est pas un bon moyen pour établir des relations de confiance entre le Gouvernement et la future collectivité européenne d’Alsace.
M. le président
La parole est à M. Vincent Thiébaut.
M. Vincent Thiébaut
On peut regretter la manière dont l’amendement est proposé. Toutefois je fais confiance au Gouvernement…
M. Raphaël Schellenberger
Nous non !
M. Maxime Minot
Vous ne devriez pas !
M. Vincent Thiébaut
…qui, en seulement dix-huit mois, a fait passer une loi créant la CEA et qui a toujours su se montrer à l’écoute de la nouvelle entité. Que vous le vouliez ou non, cher collègue, la collectivité européenne d’Alsace existe bien grâce à la majorité et au Gouvernement !
M. Raphaël Schellenberger
Il n’y a rien dans la loi !
M. Vincent Thiébaut
Je fais confiance au Gouvernement : j’ai bien noté le fait qu’il s’agit d’une provision et que les discussions en cours pourront donne lieu à d’éventuels ajustements. Je voterai donc l’amendement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)
M. le président
Chers collègues, il nous reste près de 300 amendements à examiner. Je donne la parole exceptionnellement à M. de Courson et à Mme Fiat, que je prie d’être particulièrement brefs. Ensuite, je m’en tiendrai à la règle de deux orateurs par amendement – un pour, un contre – et n’accepterai plus de demandes de parole supplémentaires.
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
Monsieur le ministre délégué, êtes-vous sûr du caractère constitutionnel de votre amendement,…
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Oui !
M. Charles de Courson
…en particulier du II ? Comment pouvez-vous affirmer que si le montant du prélèvement sur recettes de la TICPE ne suffit pas, la fraction de tarif sera majorée ? Seul le Parlement peut le faire, donc il vous faudrait revenir devant la représentation nationale.
Deuxième observation : pourquoi n’avez-vous pas saisi la CCEC – dont j’ai été membre pendant des années – avant de proposer l’amendement ? Pourquoi prévoir de la saisir après ? C’est très curieux !
Comme l’a souligné notre collègue, il est de toute façon étrange d’asseoir le financement sur la TICPE.
M. le président
Veuillez conclure.
M. Charles de Courson
Enfin, la loi sur la CEA prévoyait de compenser le transfert de compétences par une taxe sur les poids lourds. Refusant le schéma proposé par le Sénat – la question, paraît-il, était trop complexe –, vous nous aviez d’ailleurs promis un texte spécifique. Mais où en est l’application de cette disposition ?
M. le président
Merci, monsieur de Courson.
M. Charles de Courson
Dernier point : pourquoi ne distinguez-vous pas les dépenses d’investissement et de fonctionnement ? Tel que l’amendement est rédigé, l’ensemble de la compensation viendra financer le fonctionnement, alors que seuls 4 millions lui sont consacrés, 11 millions étant affectés à l’investissement.
Pouvez-vous répondre à ces questions simples ?
M. le président
Et voilà : je vous donne la parole et il faut que vous dépassiez le temps imparti !
M. Jean-Paul Lecoq
Mais c’est passionnant !
M. le président
La parole est à Mme Caroline Fiat.
Mme Caroline Fiat
Cela devait arriver… Voilà pourquoi nous étions opposés à la collectivité européenne d’Alsace ! (Protestations sur les bancs du groupe LR.) Nous aimons tellement nos amis alsaciens que nous ne voulions pas faire de différences entre la Lorraine, la Meurthe-et-Moselle, l’Alsace… À vouloir créer des différences entre les collectivités, on en vient à des situations comme celle-ci,…
M. Raphaël Schellenberger
Oh là là !
Mme Caroline Fiat
…où on se retrouve le bec dans l’eau et on n’applique pas ce qui était initialement prévu.
M. Yves Hemedinger
La République est riche de la diversité de ses territoires !
(Les sous-amendements nos 2975, 2976, 2979, 2980, 2977 et 2978, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
(L’amendement no 2805 est adopté.)
Article 23
M. le président
Je suis saisi de cinq amendements, nos 410, 1287, 1288, 1289 et 1712, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 410 et 1287 sont identiques.
La parole est à M. Hervé Saulignac, pour soutenir l’amendement no 410.
M. Hervé Saulignac
Il vise à modifier le montant de la dotation globale de fonctionnement – DGF – et de l’ensemble des prélèvements opérés sur les recettes de l’État au profit des collectivités territoriales, pour tenir compte de l’amendement no 403 déposé à l’article 22, qui a pour objet de faire financer par l’État l’augmentation de 180 millions d’euros du montant de la péréquation verticale à destination des communes.
M. le président
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 1287.
M. Jean-Félix Acquaviva
Il tend en effet à gager l’amendement déposé à l’article 22 qui majore le montant de la DGF de 180 millions d’euros, afin de financer une progression de la dotation de solidarité urbaine – DSU – et de la dotation de solidarité rurale – DSR – à hauteur de 90 millions d’euros chacune. La péréquation n’a pas pour objet d’être un simple mécanisme de compensation, mais bien un mécanisme de réduction des écarts de richesse entre communes riches et communes pauvres. De ce fait, une péréquation verticale dynamique est nécessaire : c’est l’objet du présent amendement.
Je précise d’ores et déjà que les amendements nos 1288 et 1289 constituent des propositions de repli.
M. le président
Les amendements nos 1288 et 1289 de M. François Pupponi sont donc défendus.
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour soutenir l’amendement no 1712.
M. Jean-Paul Lecoq
Je défendrai également le no 1709. Il convient de réévaluer la politique de compensation des pertes exceptionnelles subies par le bloc communal durant la crise du Covid-19. Nous proposons pour cela de majorer la compensation prévue pour 2021 afin de ne pas accroître la charge financière sur les premiers maillons de l’organisation de la République.
Compensées partiellement – à hauteur de 750 millions d’euros – dans le cadre de la troisième loi de finances rectificative – LFR – pour 2020, les pertes financières du bloc communal sont aujourd’hui estimées à 2,3 milliards d’euros, soit un manque net de 1,55 milliard d’euros. Par ailleurs, les pertes de recettes tarifaires – estimées à 1,9 milliard d’euros pour l’année 2020 –, n’ont pas été prises en compte dans la LFR 3, alors que dans certaines communes, elles représentent plus de 40 % des recettes de fonctionnement.
L’enjeu est de préserver nos collectivités d’un étau financier trop serré qui provoquerait une très forte récession de l’investissement public local, donc un recul des services publics sur le territoire. Les communes ne doivent pas souffrir en 2021 du poids des pertes subies pendant l’année 2020.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Ces amendements étant des amendements de conséquence d’amendements similaires portant sur la DGF à l’article 22, j’y suis défavorable, pour les mêmes raisons que celles que j’ai exposées précédemment. Je rappelle également que, comme l’an dernier et il y a deux ans, le présent projet de loi propose d’augmenter de 90 millions d’euros la DSU et la DSR.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Avis défavorable. Les amendements nos 410, 1287, 1288 et 1289 sont des amendements de coordination avec des amendements déposés sur des articles antérieurs : lesdits amendements n’ayant pas été adoptés, rien ne justifie la coordination proposée.
Quant à la proposition d’augmenter la DGF de 10 millions d’euros, elle ne semble pas proportionnée au regard des compensations opérées au niveau du bloc local, qui s’établissent à plusieurs centaines de millions d’euros.
M. le président
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
J’ai une question de méthode, monsieur le ministre : comment se fait-il que l’étude d’impact ne dise rien au sujet de l’article 23 ?
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
On me souffle qu’il n’y a jamais d’étude d’impact sur le tableau des prélèvements sur recettes.
M. Charles de Courson
Au nom de quoi ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
L’article 23 se présente sous la forme d’un tableau de chiffres, ce qui justifie qu’il ne donne pas lieu à une étude d’impact.
(Les amendements identiques nos 410 et 1287 ne sont pas adoptés.)
(Les amendements nos 1288, 1289 et 1712, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le président
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 1256.
M. Jean-Félix Acquaviva
La semaine dernière s’est tenu à Corte le congrès de l’Association nationale des élus de montagne – ANEM –, au cours duquel le Premier ministre a annoncé un grand plan pour la montagne. Pour ma part, comme je l’avais déjà fait les années précédentes, je vous présente un amendement portant sur les comités de massif, instaurés puis consolidés par deux lois dites Montagne, la loi de 1985 relative au développement et à la protection de la montagne et celle du 28 décembre 2016 de modernisation, de développement et de protection des territoires de montagne. Dans le cadre de la loi du 22 janvier 2002 relative à la Corse, notamment de son article 25, le pilotage et l’animation du comité de massif corse ont été transférés à la collectivité de Corse, ce qui explique qu’il n’y ait pas de commissariat de massif dans l’île.
En 2016, la nouvelle majorité territoriale a réactivé le comité de massif, resté silencieux depuis 2002, et l’Assemblée de Corse a adopté le tout premier schéma de développement de la montagne corse. Je rappelle qu’aux termes de l’article 25 de la loi de 2002, le pilotage du comité de massif corse devait s’accompagner de crédits alloués par le fonds national d’aménagement et de développement du territoire – FNADT. Or, depuis 2002, ce montant est limité à 150 000 euros par an, une somme modique ne correspondant pas à la réalité du transfert de compétences, ni à celle du schéma Montagne.
C’est pourquoi cet amendement vise à opérer un rattrapage des crédits, à hauteur de 5 millions d’euros, en faveur du comité de massif de la Corse, de façon à lui apporter un financement comparable à celui d’autres massifs de superficie équivalente comme le Jura. Ce n’est qu’à cette condition que le transfert de compétences au profit de la collectivité deviendrait pleinement effectif.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
En présence de Mme Dalloz, je ne me hasarderai pas à établir des comparaisons entre le massif corse et le massif du Jura ! (Sourires.)
Plus généralement, je rappellerai que le prélèvement sur recettes – PSR – pour la Corse a augmenté de 22 millions d’euros l’année dernière, et que s’ajoutent à cela plusieurs autres annonces relatives au territoire de Corse, prises dans le cadre de ce PLF et des LFR pour 2020 ; enfin, on peut penser que le Premier ministre fera encore d’autres annonces quand il se rendra sur l’île – le plus rapidement possible, j’espère. Pour toutes ces raisons, j’émets un avis défavorable à cet amendement.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Même avis. J’ajouterai simplement que le congrès évoqué par M. Acquaviva a été l’occasion d’élire Mme Jeanine Dubié à la tête de l’ANEM, ce dont je la félicite.
M. le président
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva.
M. Jean-Félix Acquaviva
Je vais m’efforcer de prendre le meilleur de ce que je viens d’entendre, à savoir qu’il y aura prochainement des annonces concernant la Corse. Cependant, force est de constater que celles faites précédemment au sujet des Hautes-Pyrénées ou des territoires ultramarins – je pense notamment à un plan relatif au tourisme – n’ont à ce jour pas été suivies d’effet en raison de la spécificité des territoires concernés. J’ose espérer que les annonces faites au sujet de la Corse finiront par donner lieu à des actes et, en l’état actuel, je ne peux que regretter qu’un transfert de compétences n’ait toujours pas été accompagné, vingt ans plus tard, du transfert des moyens afférents, d’un montant pourtant modique.
(L’amendement no 1256 n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de trois amendements, nos 1709, 2284 et 2047, pouvant être soumis à une discussion commune.
L’amendement no 1709 de M. Sébastien Jumel a été défendu.
La parole est à Mme Claudia Rouaux, pour soutenir l’amendement no 2284.
Mme Claudia Rouaux
Le bloc communal est actuellement confronté à des pertes de recettes fiscales et domaniales du fait de la crise sanitaire. En effet, le dispositif de compensation mis en place dans le cadre de la troisième loi de finances rectificative pour 2020 est insuffisant, d’autant que la crise, loin d’être terminée, impose la prolongation du dispositif.
L’amendement proposé vise à doubler le montant du prélèvement opéré sur les recettes de l’État au titre du soutien exceptionnel au bloc communal, donc la compensation versée au bloc communal au titre des pertes de recettes fiscales et domaniales, pour le fixer à 860 millions d’euros.
M. le président
La parole est à M. Christophe Jerretie, pour soutenir l’amendement no 2047.
M. Christophe Jerretie
Cet amendement, à la fois de constat et d’appel, concerne les autorités organisatrices de transports – AOT. Vous avez annoncé le versement d’avances renouvelables, comme cela s’est fait en Île-de-France, mais la situation actuelle me paraît justifier que l’on donne l’alerte dans le cadre du PLF pour 2021, ainsi que pour les années futures. Déjà dans la loi d’orientation des mobilités – LOM –, nous avions eu quelques difficultés à analyser le financement des autorités organisatrices de transports, notamment dans les zones rurales.
Afin d’appeler l’attention de notre assemblée et du Gouvernement sur une situation que j’estime préoccupante, cet amendement propose d’allouer une compensation de 50 millions d’euros aux autorités organisatrices des transports hors Île-de-France, en augmentant du même montant le soutien exceptionnel de l’État au profit des collectivités du bloc communal confrontées à des pertes de recettes fiscales et domaniales du fait de la crise sanitaire.
Il s’agit surtout de vous alerter sur les difficultés auxquelles pourraient être confrontées l’année prochaine les autorités organisatrices de transports dans les zones de faible densité, déjà difficiles à financer. Cela étant fait, je retire mon amendement, mais je souhaite que vous gardiez à l’esprit en vue de l’année prochaine le problème que je viens d’évoquer : au-delà des avances, il faudra peut-être envisager de consentir un soutien exceptionnel.
(L’amendement no 2047 est retiré.)
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur les amendements nos 1709 et 2284 ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Nous avons déjà décidé, dans le cadre de la troisième LFR, de procéder à une avance au profit du bloc communal pour 2021. Par ailleurs, je rappelle que, pour Île-de-France Mobilités et les autorités organisatrices de mobilité – AOM – en général, cette question sera traitée dans le cadre du quatrième PLFR que nous examinerons en novembre. Je suis donc défavorable à ces amendements
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Défavorable pour les mêmes raisons. J’ajoute à l’intention de M. Jerretie que le dispositif d’avances remboursables pour les AOM dites de province – comme nombre d’entre vous, je n’aime guère cette expression – sera présenté dans le cadre du PLFR 4, comme je m’y suis engagé.
(Les amendements nos 1709 et 2284, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le président
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 2417.
M. Jean-Félix Acquaviva
La crise du Covid est à l’origine de situations difficiles pour de nombreux secteurs, notamment dans celui du service public maritime et aérien pour la Corse. Le présent amendement vise par conséquent à rehausser la dotation de continuité territoriale – DCT –, afin de compenser la très forte baisse d’activité sur les lignes maritimes et aériennes desservant la Corse. Les compagnies délégataires de service public sont déjà sérieusement touchées, et il existe de réels risques de destruction d’emplois. De même, les capacités d’investissement prévues dans le cadre du service public, notamment pour que les compagnies se dotent de navires et d’avions plus écologiques, se trouvent freinées.
La perte de recettes déséquilibre l’ensemble du périmètre du service public et risque d’être à l’origine d’une crise sans précédent. C’est pourquoi nous souhaitons que, ne serait-ce qu’à titre provisoire, la dotation de continuité territoriale nécessaire pour permettre la continuité du service public d’acheminement des marchandises et des passagers dans l’île, figée depuis 2009 alors qu’elle était autrefois indexée sur le coût de la vie, soit rehaussée.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Avis défavorable, pour les mêmes raisons que celles précédemment exposées.
(L’amendement no 2417, repoussé par le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
L’amendement no 2634 de M. Christophe Jerretie est défendu.
(L’amendement no 2634 est retiré.)
(L’article 23 est adopté.)
Après l’article 23
M. le président
Je suis saisi de six amendements, no 371, 247, 1508, 2877, 1303 et 2578, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 247 et 1508 ainsi les amendements nos 1303 et 2578 sont identiques.
La parole est à Mme Émilie Bonnivard, pour soutenir l’amendement no 371.
M. Maxime Minot
Nous allons enfin entendre des paroles sensées !
Mme Émilie Bonnivard
Cet amendement vise à soutenir la reprise de la commande publique locale grâce à la revalorisation du fonds de compensation pour la TVA – FCTVA – à destination des collectivités. J’ai pris part aujourd’hui à une réunion avec des acteurs du BTP, qui m’ont indiqué que la reprise était extrêmement timide. Si le récent renouvellement des conseils municipaux explique en partie cette situation, le manque de visibilité résultant de la crise y est également pour quelque chose.
Il est proposé d’augmenter le taux de remboursement du FCTVA, d’élargir les dépenses éligibles, notamment à l’entretien des ouvrages d’art – je pense aux départements de montagne, qui comptent de nombreux tunnels et ponts – et des infrastructures de l’eau, nécessitant des investissements importants, et de procéder à un versement anticipé, en année n-1 – mise en œuvre en 2009, cette mesure avait sensiblement accéléré la reprise.
Si le Gouvernement a mis en place la dotation de soutien à l’investissement local – DSIL – ainsi qu’un financement complémentaire important, ce qui doit être salué, la situation des collectivités locales reste compliquée, car elles ont de nombreux dossiers à constituer. En outre, une telle organisation est beaucoup moins pratique qu’une compensation de FCTVA venant abonder directement leur budget, sur laquelle elles ont la main et une bien meilleure visibilité pour engager les travaux.
Nous avions interrogé M. le rapporteur général sur la répartition de la DSIL par département, mais il n’a pas été en mesure de nous répondre ; c’est pourquoi je vous pose la même question, monsieur le ministre délégué. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président
La parole est à M. Arnaud Viala, pour soutenir l’amendement no 247.
M. Arnaud Viala
Cet amendement est quasiment identique à celui que vient de défendre notre collègue Bonnivard. Je tiens toutefois à insister sur la nécessité d’étendre le champ d’application du FCTVA, en particulier, à certaines grosses dépenses d’entretien assumées par les collectivités territoriales, comme on l’a déjà fait voilà plusieurs années pour certaines dépenses d’entretien de bâtiments publics. Une telle disposition, si elle s’appliquait aux ouvrages d’art et aux réseaux, favoriserait non seulement la commande publique, mais aussi le maintien en bon état de ces éléments indispensables à la vitalité des territoires.
M. le président
L’amendement identique no 1508 de Mme Josiane Corneloup est défendu, ainsi que l’amendement no 2877 de M. Julien Aubert.
La parole est à Mme Patricia Lemoine, pour soutenir l’amendement no 1303.
Mme Patricia Lemoine
Pour permettre à l’ensemble des collectivités locales de soutenir et d’accompagner le plan de relance, cet amendement tend à uniformiser le renforcement du FCTVA en année n+1.
On ne manquera pas de m’objecter que ce dispositif, mis en œuvre lors de la crise de 2009-2010, n’avait pas été efficace, mais je rappelle qu’en raison de la crise financière à laquelle nous étions alors confrontés, nombre de collectivités rencontraient de grosses difficultés pour emprunter, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. J’espère donc que cette proposition utile pour nos collectivités recevra un écho favorable.
Mme Émilie Bonnivard
Très bien !
M. le président
La parole est à M. Christophe Jerretie, pour soutenir l’amendement identique no 2578.
M. Christophe Jerretie
Il a été fort bien défendu par Mme Lemoine. J’ajoute cependant, même si c’est est un peu prématuré, que l’automatisation du FCTVA, dont l’application progressive jusqu’en 2023 est prévue à l’article 57, pose la question de l’harmonisation entre les trois catégories de collectivités. Peut-être serait-il souhaitable de généraliser la référence à l’année n+1 – même si, je l’avoue, monsieur le ministre, cette mesure aurait un impact non négligeable sur la trésorerie de l’État.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Il s’agit ici d’une nouvelle discussion sur le FCTVA. Mme Lemoine a, en effet, anticipé sur une partie de ma réponse, ce qui est pratique, mais je vais expliquer à nouveau pourquoi, à mon sens, ces amendements ne devraient pas être adoptés.
Tout d’abord, la nature des dépenses concernées a une grande importance : le FCTVA doit être consacré à des dépenses d’investissement, c’est-à-dire propres à modifier véritablement le patrimoine de la collectivité. Je sais que, lors de l’examen des projets de lois de finances rectificatives précédents, nous avons déjà débattu de sujets relevant en quelque sorte d’une « zone grise », comme les locations de longue durée ou, dans la proposition de M. Bothorel, le cloud. Néanmoins, l’ensemble de ces amendements concernent selon moi des dépenses de fonctionnement.
Nous avons également évoqué le taux de compensation forfaitaire à de multiples reprises. Le porter de 16,404 % à 20 % induirait, compte tenu de la contribution française au budget européen, un taux de TVA théorique de 25 %. Il n’est pas souhaitable de rembourser plus que la part de TVA elle-même !
Pour ce qui est du versement anticipé, je vous renvoie à l’analyse de la Cour des comptes : si la mesure n’a pas eu, en 2009, d’effet sur l’investissement des collectivités, ce n’est pas sans raison. En matière d’investissement local, agir sur la date du remboursement de la TVA ne me semble pas un outil très efficace, et je ne pense pas, d’ailleurs, qu’il s’agisse là de la principale demande des collectivités ; nous devrions nous concentrer davantage sur la manière de les accompagner.
Pour ce qui concerne, enfin, la DSIL, je répète que nous devons rechercher la plus grande précision au sujet de la répartition de cette dotation que nous avons abondée d’un milliard d’euros supplémentaire en PLFR 3, afin que nous, parlementaires, puissions piloter l’élaboration par les communes de projets éligibles. Avis défavorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
L’avis vaudra également pour toute la série d’amendements relatifs au FCTVA.
Je répondrai aux questions dans le désordre. Tout d’abord, monsieur Viala, l’entretien des réseaux est déjà éligible au FCTVA depuis le projet de loi de finances pour 2020.
En deuxième lieu, nous considérons que le remboursement anticipé du FCTVA est un fusil à un coup, un outil que nous préférons garder en réserve, sachant, d’une part, que la plupart des collectivités sont remboursées en année n+1, et d’autre part que nous avons prévu des dispositifs d’aide à l’investissement pour un montant très important.
Vous avez tous eu, en effet, la gentillesse de rappeler le milliard d’euros supplémentaire alloué à la DSIL. Dans le cadre du comité de pilotage du plan de relance, nous avons en outre décidé, avec Bruno Le Maire, que les crédits qui ne seraient pas mobilisés en 2020 pourraient être reportés sur l’année 2021.
Je précise aussi que les préfets de département se sont déjà vu notifier la disponibilité d’autorisations d’engagement pour 40 % du montant total de cette dotation supplémentaire, une part de 5 % devant être engagée ultérieurement pour des projets régionaux. Chaque préfet s’est vu notifier une enveloppe et il lui a été demandé de repérer, avec les élus, les dossiers éligibles à cette DSIL « spéciale relance » en fonction de critères précisés par circulaire. Sont concernés, monsieur Viala, non seulement les projets habituellement éligibles à la DSIL, mais aussi ceux pouvant bénéficier de la DETR, la dotation d’équipement des territoires ruraux, qui s’adresse à des communes de plus petite taille.
Enfin, si une commune a retenu en début d’année un projet financé à 20 % par la DSIL et si le préfet et les élus considèrent que porter cette dotation à 30 % ou 40 % permettra d’engager le projet pour de bon, nous avons autorisé ce dernier à le faire, au nom de ce que nous appelons le principe d’additionnalité.
Pour ce qui concerne le FCTVA, le Gouvernement est hostile à tous les amendements visant à anticiper les versements, pour des raisons de trésorerie, car nous considérons que les outils d’aide à l’investissement que nous mettons en cash – si vous me permettez cette vilaine expression – sont plus utiles.
Madame Lemoine, je ne dirais pas que le remboursement anticipé était un mauvais dispositif. En 2009, j’étais maire et il m’a aidé à boucler mon plan de financement. Mais à l’époque, la DETR était de 650 millions d’euros, sans DSIL, alors que nous disposons aujourd’hui, avec ces deux dotations et hors plan de relance, de 2 milliards d’euros. Les situations ne sont donc pas comparables.
L’avis est donc défavorable sur tous les amendements. Nous ne souhaitons ni avancer le remboursement de TVA – car nous privilégions d’autres outils –, ni étendre le champ des dépenses éligibles, car cela déjà été fait – toutes les autres relèvent du fonctionnement. Quant aux amendements destinés à modifier le taux de compensation, ils sont présentés chaque année et reçoivent systématiquement un avis défavorable de la part du Gouvernement.
M. le président
La parole est à Mme Véronique Louwagie.
Mme Véronique Louwagie
Merci, monsieur le ministre délégué, pour les réponses que vous avez apportées. Nous avons déjà exprimé en commission des finances notre souhait de connaître la répartition de la DSIL par département. Pouvez-vous nous dire ce soir quels sont les critères qui ont été retenus, et quelle est la ventilation de ce milliard d’euros supplémentaires par département ? C’est une question très importante.
M. le président
La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.
M. Jean-René Cazeneuve
Le problème, pour les collectivités territoriales, résident dans leurs dépenses de fonctionnement. C’est là que la crise fait mal, parce qu’elles doivent faire face à des dépenses supplémentaires tout en étant privées de certaines recettes. Tout l’esprit de la troisième LFR et de ce projet de loi de finances pour 2021 est d’aider les collectivités territoriales à maintenir le mieux possible leurs capacités d’autofinancement.
Le problème que nous rencontrons en matière d’investissement est presque contraire : il est de savoir si les appels à projets reçoivent suffisamment de réponse et si les fonds arriveront assez vite dans les régions et des régions vers les établissements publics de coopération intercommunale. Il s’agit plus d’un problème de mobilisation que de montants. En effet, l’aide aux investissements est très importante et la situation est très différente, madame Lemoine, de celle que nous connaissions en 2008, où il était très difficile de faire appel à l’emprunt. Si donc nous maintenons la capacité d’autofinancement, les collectivités territoriales ont parfaitement la possibilité d’aller sur le marché de l’emprunt. (Mme Dominique David applaudit.)
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Je n’ai pas répondu à la question relative à l’automatisation du FCTVA, prévue à l’article 57 du projet de loi, et qui est une des raisons de ne pas trop modifier les assiettes. Grâce à l’automatisation, les dépenses éligibles seront imputées directement dans le système du FCTVA, ce qui évitera aux collectivités de devoir faire des déclarations. Elles économiseront donc beaucoup en temps et en frais de gestion. Certes, dans certaines collectivités, le gain ne serait que de quelques heures, mais sur le plan macro-économique, il pourrait tout de même représenter l’équivalent de 3 000 équivalents temps plein !
En deuxième lieu, madame Louwagie, la répartition territoriale du milliard d’euros de DSIL supplémentaire a été faite de manière strictement identique à celle qui s’applique habituellement pour cette dotation, dont les critères ont été fixés par la loi lors de sa création. Le principal critère – parmi d’autres que vous me pardonnerez de ne pas avoir à l’esprit – est la population.
Quant à la répartition par département, je ne dispose pas de cette information, mais mon cabinet pourra vous la transmettre dans le courant de la semaine.
(L’amendement no 371 n’est pas adopté.)
(Les amendements identiques nos 247 et 1508 ne sont pas adoptés.)
(L’amendement no 2877 n’est pas adopté.)
(Les amendements identiques nos 1303 et 2578 ne sont pas adoptés.)
M. le président
Les deux amendements identiques nos 248 de M. Fabrice Brun et 819 de Mme Émilie Bonnivard sont défendus.
(Les amendements identiques nos 248 et 819, repoussés par la commission et le Gouvernement, ne sont pas adoptés.)
M. le président
Je suis saisi de trois amendements, nos 1070, 1444 et 1445, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 1070 et 1444 sont identiques.
La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 1070.
Mme Marie-Christine Dalloz
Il vise à faire entrer dans l’assiette du FCTVA, au bénéfice des communes, la location de longue durée de véhicules. Pour rendre plus cohérente votre politique de verdissement du parc automobile, il conviendrait d’inciter les collectivités territoriales, qui connaissent un vrai retard en la matière, à louer des véhicules à faibles émissions.
Une telle disposition ne coûterait qu’environ 200 000 euros à l’État, ce qui est un montant modeste.
M. le président
La parole est à Mme Véronique Louwagie, pour soutenir l’amendement no 1444.
Je vous propose de présenter également l’amendement no 1445, ma chère collègue.
Mme Véronique Louwagie
Le no 1445 est un amendement de repli par rapport à l’amendement no 1444 identique à celui de Mme Dalloz. Il propose de n’appliquer cet élargissement du bénéfice du FCTVA qu’aux contrats de location signés avant le 31 décembre 2022.
Ces dispositions contribueraient au verdissement du parc automobile des communes : elles rendraient plus aisé le renouvellement des véhicules grâce au contrat de location longue durée devenu très usuel.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Avis défavorable : la location ne peut être considérée comme un investissement pérenne de nature à modifier le patrimoine des collectivités. Si celles-ci veulent renouveler leur parc automobile afin de disposer de véhicules plus verts, elles y sont bien évidemment encouragées.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Défavorable.
M. le président
La parole est à M. Arnaud Viala.
M. Arnaud Viala
Précisons que nous visons les locations de longue durée. Il s’agit d’encourager des politiques transversales au sein des collectivités. Les véhicules verts sont soumis à des évolutions technologiques très rapides qui rendent les modèles éphémères. Dès lors, comment pouvons-nous accepter votre réponse, monsieur le rapporteur ?
Par ailleurs, monsieur le ministre délégué, la DSIL est, à ma connaissance, répartie au niveau régional. Notre collègue Véronique Louwagie souhaite savoir si la territorialisation de cette dotation sera déclinée jusqu’au niveau départemental et selon quels critères.
(Les amendements identiques nos 1070 et 1444 ne sont pas adoptés.)
(L’amendement no 1445 n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de plusieurs amendements identiques, nos 1582, 1590, 1669, 1747, 2136 et 2510.
La parole est à M. Charles de Courson, pour soutenir l’amendement no 1582.
M. Charles de Courson
Monsieur le ministre, il faut s’adapter à l’évolution du monde ! Les règles actuelles du FCTVA poussent les collectivités à acheter des véhicules neufs plutôt qu’à en louer en recourant à la location de longue durée, à la location-vente ou au crédit-bail. Or l’une des façons de moderniser leur parc, et donc de réduire la consommation d’énergie, serait de rendre éligibles les dépenses liées à ces diverses formules.
Vous me direz que c’est un marronnier, que ça fait des années que, sur tous les bancs, des amendements analogues ont été déposés – j’anticipe votre réponse, vous le voyez –, il n’en demeure pas moins qu’un tel refus n’est pas logique. Il est contre-productif puisqu’il n’encourage ni les réductions de consommation de carburant ni les économies. Pourquoi ne pas accélérer le renouvellement du parc automobile détenu par les collectivités ? Rappelons qu’aujourd’hui, leurs véhicules ont neuf ans en moyenne.
M. le président
La parole est à Mme Patricia Lemoine, pour soutenir l’amendement no 1590.
Mme Patricia Lemoine
Je souscris aux arguments de mon collègue Charles de Courson : mon amendement est identique. Il importe d’adopter ce dispositif d’accompagnement si l’on veut permettre aux collectivités de verdir leur parc automobile.
M. le président
Les amendements nos 1669 de Mme Véronique Louwagie, 1747 de M. Stéphane Viry, 2136 de Mme Émilie Bonnivard et 2510 de Mme Dalloz sont défendus.
(Les amendements identiques nos 1582,
M. le président
La parole est à M. Vincent Thiébaut, pour soutenir l’amendement no 2718 rectifié, qui fait l’objet des sous-amendements nos 2950, 2951, 2952, 2953, 2954, 2959, 2955, 2956, 2957 et 2958 de M. Raphaël Schellenberger.
M. Vincent Thiébaut
Cette proposition est le fruit du travail en cours avec le ministère de la cohésion des territoires. Elle fournit une solution transitoire pour résoudre un problème lié au Fonds national de garantie individuelle des ressources – FNGIR – : depuis sa création, il y a dix ans, les montants perçus ou versés chaque année par les collectivités locales au titre de ce fonds sont fixes.
Aux termes de l’amendement, l’État attribuerait aux collectivités ayant subi une baisse ou une stagnation de recettes, du fait notamment de départs d’entreprises, une compensation correspondant à un tiers de leur prélèvement au titre du FNGIR.
Cette solution, je le répète, n’est pas définitive : il faudra bien un jour se pencher sur les fondements mêmes du FNGIR et sur ses bases de calcul.
M. le président
Monsieur Schellenberger, je vous propose de faire une présentation groupée de vos dix sous-amendements, nos 2950, 2951, 2952, 2953, 2954, 2959, 2955, 2956, 2957, et 2958.
M. Raphaël Schellenberger
De quoi s’agit-il avec cet amendement déposé par M. Thiébaut – ou plus exactement qui lui a été proposé, puisqu’il est le fruit des réflexions en cours au ministère de la cohésion des territoires ?
Rappelons que, l’an dernier, ce même ministère s’était engagé pendant la discussion du projet de loi de finances à mener un travail de fond sur la problématique du FNGIR après le retrait de l’un de mes amendements. Ce fonds a en effet été figé dans le temps, si bien que des collectivités contributrices doivent continuer à l’alimenter alors même qu’elles sont confrontées à un effondrement de leurs recettes.
L’amendement vise en particulier la situation de Fessenheim. Jusqu’à présent, le bloc communal percevait au titre de la fiscalité locale environ 6 millions d’euros générés par la centrale et contribuait à hauteur de 3 millions d’euros au FNGIR. À partir de l’année prochaine, du fait de l’arrêt des deux réacteurs, il ne touchera plus aucune recette et devra continuer à payer ces 3 millions chaque année : c’est inadmissible !
Or le mécanisme proposé dans l’amendement n’est absolument pas satisfaisant. Pourquoi ? Parce qu’il ne règle pas le problème à la source mais se contente d’ajouter une compensation à un outil de péréquation qui reposait déjà sur cette logique. L’enjeu pour un territoire comme Fessenheim est de se projeter dans l’avenir : pour assurer sa reconversion, il doit être certain de pouvoir compter sur des ressources ou des stratégies financières et fiscales pérennes.
La date d’application retenue n’est pas bonne non plus. La compensation de la compensation jouerait à partir de 2024 alors que les conséquences de l’arrêt de la centrale se font sentir dès le budget 2021.
Le montant de la compensation ne nous satisfait pas plus : schématiquement, ce sera un tiers des 3 millions de contribution au FNGIR, soit 1 million d’euros.
Nous ne pouvons accepter, en outre, que pour corriger en partie les effets de la baisse des versements, il soit fait appel au fonds de péréquation des ressources communales et intercommunales : cela montre décidément qu’on n’entend pas considérer Fessenheim comme un territoire comme les autres.
Mon sous-amendement no 2950 propose un système plus durable : une révision des bases du FNGIR plutôt qu’un mécanisme de compensation de la compensation. À défaut, le sous-amendement no 2951 vise à fixer le montant de la compensation à 100 % de la contribution au FNGIR ; les sous-amendements nos 2952 à 2954, de repli, déclinent des proportions moindres.
Le sous-amendement no 2959, issu de la communauté de communes de Fessenheim, nécessite davantage d’attention : il prévoit une compensation totale des communes et établissements de coopération intercommunale dès lors que le montant de leur prélèvement au titre du fonds est supérieur à 2 millions d’euros.
Les sous-amendements nos 2955, 2956 et 2957, d’importance décroissante, s’attachent à apporter des correctifs de dates.
M. Sylvain Maillard
Quel esprit inventif !
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Mon avis sera favorable à l’amendement de M. Thiébaut, qui va dans le bon sens, comme vous semblez vous-même le reconnaître, monsieur Schellenberger.
Il présente en effet un double avantage. D’une part, le dispositif qu’il propose est temporaire, contrairement à ce que prévoient les sous-amendements. Cela me paraît nécessaire tant qu’il n’y a pas eu de refonte globale de la fiscalité locale – et je m’exprime sous le contrôle de M. Jerretie, rapporteur spécial des crédits de la mission « Relations avec les collectivités territoriales ».
D’autre part, le mécanisme prévu est plus facilement pilotable pour le budget de l’État, dimension qu’il importe de mettre en avant collectivement, et apporte davantage de prévisibilité pour les collectivités. Et son coût, de moins de 1 million d’euros, reste maîtrisé.
Sur vos sous-amendements, monsieur Schellenberger, mon avis sera défavorable, même s’ils posent des questions sur le ratio d’un tiers entre compensation et contribution qui sont loin d’être idiotes. Je vous invite à vous rallier à la solution de votre collègue, qui ne déséquilibre pas le fonds.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Même avis pour les mêmes raisons. Le FNGIR pose une difficulté spécifique puisqu’il est fondé sur un financement en circuit fermé avec des compensations et des contributions figées, qui ne reflètent pas toujours les évolutions économiques des territoires.
Cela dit, il faut parfois apporter des solutions ponctuelles. C’est ce que permet l’amendement de M. Thiébaut.
M. le président
La parole est à M. Vincent Thiébaut.
M. Vincent Thiébaut
Je remercie le rapporteur général et le ministre pour leur soutien.
Il a beaucoup été question de la commune de Fessenheim mais elle n’est pas la seule dans ce cas : plus de 300 communes sont concernées par cette problématique, pour des montants qui ne s’élèvent pas forcément à 1, 2 ou 3 millions.
Corrigeons ensuite une erreur : c’est bien à partir de 2024 que Fessenheim sera concernée…
M. Christophe Jerretie
En effet !
M. Vincent Thiébaut
…puisque dans les trois premières années, une compensation intégrale sera versée par l’État, conformément à l’engagement qu’il a pris.
M. Raphaël Schellenberger
Cacahuète !
M. Vincent Thiébaut
Je sais, cher collègue, que beaucoup de mesures prises par ce gouvernement, à l’instar de la création de la Collectivité européenne d’Alsace, appellent ce qualificatif de votre part, mais bon…
M. le président
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
Moi, je voterai en faveur de l’amendement de notre collègue Thiébaut. Il dit lui-même dans son exposé des motifs qu’il s’agit d’une solution d’attente. Un million pour 300 communes, ça fait 3 300 euros par commune en moyenne : c’est une petite gâterie, comme disait ma grand-mère. (Rires sur plusieurs bancs.)
(Les sous-amendements nos 2950,
(L’amendement no 2718 rectifié est adopté.)
M. le président
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 1298.
M. Jean-Félix Acquaviva
Comme chacun sait, il n’existe en Corse, depuis le 1er janvier 2018, qu’une seule collectivité, celle de Corse, qui résulte de la fusion des départements de la Haute-Corse, de la Corse du Sud et de la collectivité territoriale de Corse. Il nous semble donc important d’intégrer dans la fraction du produit de la TVA attribuée à la collectivité unique la part de DGF des anciens départements.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Votre amendement se traduirait non seulement par une augmentation de la fraction de TVA mais aussi par un gain lié au dynamisme de cette taxe – d’où un gain cumulé qui, convenons-en, ne serait pas raisonnable. Avis défavorable.
(L’amendement no 1298, repoussé par le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
La parole est à M. Hervé Saulignac, pour soutenir l’amendement no 2015.
M. Hervé Saulignac
Cet amendement vise à tirer les conséquences de la suppression de la taxe d’habitation sur les modalités de calcul et de répartition de la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations, dite GEMAPI, de la taxe spéciale d’équipement, la TSE, ainsi que des contributions fiscalisées des syndicats.
En 2020, le taux global issu de la répartition de la TSE, de la taxe GEMAPI et des contributions fiscalisées ne peut dépasser le total des taux de 2019. Ainsi, la fraction du produit voté de ces taxes qui ne peut être répartie entre les redevables de la taxe d’habitation a été répartie entre les redevables de la taxe foncière sur les propriétés bâties – TFPB –, de la taxe foncière sur les propriétés non bâties et de la cotisation foncière des entreprises.
Il en est souvent résulté une augmentation de la pression fiscale sur les contribuables concernés, qui supportent désormais la part auparavant applicable à la taxe d’habitation.
C’est pourquoi cet amendement vise à créer un prélèvement sur recettes de l’État afin d’atténuer cette pression fiscale injuste. J’ajoute que cette demande émane aussi de l’Association des maires de France.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Sous réserve de l’avis du ministre, votre amendement est satisfait. Nous en avons déjà parlé l’an dernier, lors de la réforme de cette partie de la fiscalité locale : ces taxes additionnelles ont bien été intégrées dans le mécanisme de neutralisation.
Plus généralement, prenons garde à ne pas toucher de nouveau au Meccano adopté l’an dernier, qui est sensible – il repose notamment sur des coefficients correcteurs. Je souhaite qu’il ne soit pas modifié, pour éviter de créer de nouveaux déséquilibres.
(L’amendement no 2015, repoussé par le Gouvernement, n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de huit amendements identiques, nos 1564, 1638, 1735, 2113, 2184, 2271, 2500 et 2855.
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 1564.
M. Jean-Félix Acquaviva
Il vise à ce que la compensation octroyée en 2021 sous forme d’affectation de fraction de TVA aux départements, à la ville de Paris et à la métropole de Lyon intègre la croissance résultant de l’effet-base du produit de la taxe foncière sur les propriétés bâties transférées aux communes.
La rédaction adoptée en loi de finances pour 2020 aboutit en effet à neutraliser pour l’année de la réforme le bénéfice du dynamisme résultant de l’effet-base du foncier bâti transféré, en dépit de l’opposition des différents niveaux de collectivités territoriales à cette « année blanche ».
M. le président
Les amendements nos 1638 de M. Vincent Descoeur, 1735 de M. Stéphane Viry, 2113 de Mme Émilie Bonnivard, 2184 de Mme Christine Pires Beaune, 2271 de M. Paul Christophe, 2500 de Mme Marie-Christine Dalloz et 2855 de M. Vincent Rolland sont défendus.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Avis défavorable. Conservons le dispositif adopté l’an dernier, à savoir un taux de référence 2019 et des bases 2020 ; évitons de le modifier au risque de créer de nouveaux déséquilibres.
(Les amendements identiques nos 1564, 1638, 1735, 2113, 2184, 2271,
M. le président
Je suis saisi de plusieurs amendements identiques, nos 1568, 1583, 1639, 1738, 2013, 2117, 2185, 2504 et 2856.
La parole est à M. Charles de Courson, pour soutenir l’amendement no 1568.
M. Charles de Courson
Nous proposons un mécanisme de garantie très simple. La perte pour les départements du produit de la taxe sur les propriétés bâties a été compensée par une part de celui de la TVA perçu l’année n-1. L’amendement vise à ce qu’en cas de baisse du produit de la TVA, les départements perçoivent un montant au moins équivalent au produit versé en 2020.
Aux dernières nouvelles, ce mécanisme ne s’appliquera pas l’an prochain. Le confirmez-vous, monsieur le ministre délégué ? Quoi qu’il en soit, on ne sait jamais ce qui peut arriver.
M. le président
L’amendement no 1583 de Mme Patricia Lemoine est défendu.
La parole est à M. Pierre Vatin, pour soutenir l’amendement no 1639.
M. Pierre Vatin
Cet amendement vise lui aussi à défendre les ressources des collectivités territoriales et à éviter les pertes de recettes résultant de la baisse du produit de la TVA leur étant affecté, alors qu’était prévu le maintien de son niveau à celui de l’année n-1.
M. le président
La parole est à M. Raphaël Schellenberger, pour soutenir l’amendement no 1738.
M. Raphaël Schellenberger
Nous en venons à l’un des problèmes majeurs posé par la stratégie fiscale du Gouvernement à l’égard des collectivités territoriales. On a longtemps pensé que la TVA était un impôt forcément dynamique et croissant, raison pour laquelle il valait mieux verser une part de son produit aux collectivités plutôt que de leur accorder un pouvoir fiscal – un pouvoir sur les taux et sur des bases fixes. Or le débat que nous avons sur plusieurs sujets ce soir fait la démonstration que c’est ce pouvoir qui garantit l’autonomie fiscale. Le dispositif que vous instaurez est donc, comme d’habitude, un passe-passe constitutionnel pour réduire davantage l’autonomie fiscale des collectivités.
M. le président
La parole est à M. Michel Zumkeller, pour soutenir l’amendement no 2013.
M. Michel Zumkeller
En effet, la question de l’autonomie des collectivités est importante. Lorsqu’on supprime un impôt, on supprime aussi une possibilité pour les collectivités de gérer leurs ressources différemment de leurs voisines. Lorsqu’on remplace cet impôt non par une dotation – ce qui est déjà bien –, mais par la part du produit d’une autre taxe qui, de surcroît, n’est pas toujours dynamique, alors on met en péril tout le système d’autonomie des collectivités. Il faut donc garantir le maintien de l’autonomie et, au minimum, des recettes équivalentes.
M. le président
L’amendement no 2117 de Mme Émilie Bonnivard est défendu.
La parole est à Mme Hélène Vainqueur-Christophe, pour soutenir l’amendement no 2185.
Mme Hélène Vainqueur-Christophe
Cet amendement identique aux précédents vise à mettre en place un mécanisme garantissant le produit de TVA en faveur des départements, qui s’enclencherait dès lors que le montant de la TVA affectée
M. le président
Les amendements nos 2504 de Mme Marie-Christine Dalloz et 2856 de M. Vincent Rolland sont défendus.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Défavorable. Tout d’abord, nous n’allons pas revenir sur ce que nous avons décidé ensemble dans la loi de finances pour 2020. L’histoire récente montre, monsieur Schellenberger, que les régions ne se sont pas plaintes du transfert d’une fraction de TVA en leur faveur pour compenser la DGF. Reconnaissons en toute objectivité que les collectivités sont intéressées par la TVA parce que cet impôt national est dynamique. Convenons donc ensemble que la décision de remplacer la part de TFPB par une part de TVA n’est pas mauvaise pour les départements.
Nous pourrons certes rouvrir le débat sur le lien au contribuable créé par le transfert d’une fraction de TVA, mais quant à la dynamique et à l’intérêt financier du mécanisme, je suis convaincu que les départements ne seront pas perdants.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Même avis. J’ajoute deux raisons : sur une période longue, la TVA est dynamique à hauteur de 2,81 %.
M. Sylvain Maillard
Très bien !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Lors d’une crise systémique telle que celle que nous traversons, l’État apporte toujours des réponses particulières, comme ce fut le cas en 2009. D’autre part, la loi de finances pour 2020 prévoit bien que la compensation est assise sur un socle de 15,25 milliards d’euros et qu’elle ne saurait être inférieure à ce montant, quoi qu’il arrive.
M. le président
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
Reste un problème, monsieur le ministre délégué. Cette compensation de la suppression d’un impôt, qui s’apparente au fond à une dotation, n’est pas assortie d’une clause de garantie, alors que d’autres dotations le sont. Convenons que ces clauses de garantie ne font pas l’objet d’une grande cohérence. Peut-être conviendrait-il de faire le ménage et d’adopter une approche homogène de ces clauses ; qu’en pensez-vous ? Le président Cazeneuve, lui, y est tout à fait favorable puisqu’il fait de grands gestes pour signifier que notre petite délégation aux collectivités territoriales pourrait bien se saisir de la question.
M. le président
La parole est à M. Raphaël Schellenberger.
M. Raphaël Schellenberger
La crise que nous traversons démontre que la TVA est certes dynamique sur une période longue, mais qu’en période d’instabilité, il est essentiel que la capacité d’investissement des collectivités, elle, reste stable. Ce sont en effet les collectivités qui peuvent le mieux déployer de la dépense publique efficace pour investir et relancer l’économie ; l’État seul n’en est pas capable. C’est dans ces moments-là que les collectivités ont besoin de stabilité.
M. de Courson a souligné le paradoxe de la clause de garantie : si une nouvelle crise survient dans dix ans, cette garantie, compte tenu du dynamisme de la TVA, sera complètement obsolète ! Et pour cause : la dynamique de la taxe, supposée forte, aura été telle que le niveau de vie d’une collectivité aura beaucoup augmenté, peut-être même de façon disproportionnée par rapport à ses besoins. La garantie sera alors à un niveau inférieur aux besoins de financement de la collectivité en question, qui se trouvera dès lors sans capacité d’investissement supplémentaire. Ce mécanisme n’est pas forcément opportun !
(Les amendements identiques nos 1568, 1583, 1639, 1738, 2013, 2117, 2185, 2504 et 2856 ne sont pas adoptés.)
M. le président
La parole est à Mme Claire Guion-Firmin, pour soutenir l’amendement no 2382.
Mme Claire Guion-Firmin
L’article 24 de la troisième loi de finances rectificative pour 2020 prévoit la compensation partielle par l’État des pertes de recettes fiscales subies par certaines collectivités d’outre-mer. En ce qui concerne Saint-Martin, il s’agit du produit de la taxe de consommation sur les produits pétroliers, la TCPP.
Les dispositions de la LFR prévoient que le montant de la dotation versé par l’État est égal à la différence entre le montant moyen des recettes de TCPP perçues entre 2017 et 2019 et leur montant perçu en 2020. Or ce montant est naturellement affecté par les conséquences de la crise économique subie depuis 2017, qui a affecté les recettes fiscales de Saint-Martin durant deux exercices.
C’est pourquoi le présent amendement vise à ce que la dotation versée à Saint-Martin soit égale à la différence entre le montant des recettes de TCPP perçues pendant le seul exercice 2019 et leur montant perçu en 2020. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. Maxime Minot
C’est logique !
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Je ne suis pas d’accord avec votre proposition d’établir un différentiel entre les montants moyens des prélèvements sur recettes au profit des collectivités territoriales – PSRCT – pour une question de rupture d’égalité. Cela dit, la situation de Saint-Martin est particulière, on le sait. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle une ligne budgétaire ad hoc avait été créée après le passage de l’ouragan Irma, dotée de 50 millions d’euros d’autorisations d’engagement en 2019 et en 2020. Dans de tels cas nous savons voter des dotations budgétaires exceptionnelles.
Je pense donc qu’il serait juridiquement risqué de prévoir un traitement différent du PSRCT. En revanche, nous aurons le cas échéant la possibilité d’utiliser ces crédits budgétaires exceptionnels dans le cas de Saint-Martin.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 2382 n’est pas adopté.)
M. le président
Je suis saisi de six amendements, nos 1806, 364, 986, 1299, 1463 et 1880, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 364, 986, 1299, 1463 et 1880 sont identiques.
La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour soutenir l’amendement no 1806.
M. Jean-René Cazeneuve
La réussite du plan de relance est notre objectif à tous ici, je crois. Or on ne pourra pas le réussir sans les collectivités territoriales, qui réalisent les deux tiers de l’investissement public. Il faut absolument qu’elles participent activement à la relance, et c’est également leur volonté. Pour cela, il faut qu’elles aient un minimum de visibilité sur le niveau de leurs recettes en 2021. C’est pourquoi je propose d’adopter pour 2021 le dispositif glissant que nous avons adopté dans le cadre de l’examen du troisième PLFR pour les recettes de 2020. Ainsi, le bloc communal, communes et établissements publics de coopération intercommunale – EPCI –, disposeront d’un filet de protection propre à garantir le niveau de leurs ressources.
M. Sylvain Maillard
Excellent !
M. le président
La parole est à Mme Émilie Bonnivard, pour soutenir l’amendement no 364.
Mme Émilie Bonnivard
L’objectif est en effet que les collectivités puissent participer activement au plan de relance. Pour cela il est important qu’elles bénéficient d’une compensation intégrale des pertes fiscales dues à la crise sanitaire et que celles-ci soient calculées par rapport aux recettes perçues en 2019. En effet, la moyenne des trois dernières années retenue par la troisième loi de finances rectificative ne leur est pas favorable.
Par ailleurs, le PLRF 3 ne comptabilise pas les pertes de recettes tarifaires des collectivités et les montants obtenus à partir du différentiel entre le montant en 2020 et celui des trois dernières années sont encore réduits du fait de la dégradation d’autres recettes fiscales locales.
Ce système très complexe ne me semble pas susceptible de donner aux communes de ma circonscription une vision suffisamment claire de la compensation dont elles vont pouvoir bénéficier.
M. Pierre Vatin
C’est vrai !
M. Maxime Minot
Eh oui !
Mme Émilie Bonnivard
Nous avons besoin d’un système plus simple et d’une véritable compensation des pertes de recettes par rapport à 2019 et non par rapport à la moyenne des trois dernières années.
M. le président
L’amendement no 986 de Mme Valérie Bazin-Malgras est défendu.
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 1299.
M. Jean-Félix Acquaviva
Je n’ai rien à ajouter à l’argumentaire de Mme Bonnivard.
M. le président
Les amendements nos 1463 Mme Véronique Louwagie et 1880 de M. Christophe Naegelen sont défendus.
Quel est l’avis de la commission sur l’ensemble de ces amendements ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Je souscris totalement à la finalité de ces amendements, qui est de donner de la visibilité aux collectivités, particulièrement à celles du bloc communal, pour qu’elles puissent investir. L’avis sera cependant défavorable, tant en ce qui concerne la proposition du président Cazeneuve de reconduire l’année prochaine le filet de sécurité déjà mis en place que sur les amendements tendant à assurer la compensation de l’intégralité des pertes fiscales.
Je crois en effet qu’à partir de 2021 nous devrons changer d’échelle dans l’accompagnement des collectivités territoriales parce que la crise n’est plus la même. Des décisions ont déjà été prises pour 2021, comme la hausse du FCTVA à hauteur de plus de 140 millions d’euros ou l’augmentation du décile à hauteur de 1 milliard d’euros. Si cette dernière a été autorisée par la troisième LFR, elle doit encore recevoir une traduction sous forme de crédits de paiement. C’est aussi notre rôle que de l’expliquer aux territoires.
Il y a aura donc bien des crédits supplémentaires pour le bloc communal en 2021 : il faut simplement qu’ils infusent les projets. Je préfère cette solution à la reconduction de facto du même schéma proposée par le président Cazeneuve comme à la compensation intégrale des pertes que vous proposez.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
C’est le même avis, monsieur le président. Nous avons mis en place un filet de sécurité pour 2020. Il apparaît au fil des rentrées des recettes fiscales et domaniales que les collectivités subiront des pertes de recettes moins importantes que ce nous craignions, et c’est heureux. En outre elles continueront à être accompagnées en 2021, notamment dans le cadre du plan de relance.
J’entends souvent s’exprimer une inquiétude, notamment dans la bouche du président Cazeneuve : celle qu’en dépit de toutes les aides à l’investissement prévues pour l’année 2021, les collectivités n’aient pas les moyens d’épargner et de financer leurs projets à hauteur des 20 % minimum qu’elles doivent financer comme maîtres d’ouvrage. Jacqueline Gourault et moi-même vous proposerons, d’ici à l’examen de la deuxième partie du PLF, qu’à titre exceptionnel, dans le cadre du plan de la relance, les préfets puissent en 2021, par dérogation à la règle de minimis, autoriser des subventions au-delà du plafond de 80 %. Ce sera un outil supplémentaire pour accompagner les collectivités.
Mme Émilie Bonnivard
Tout à fait !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Je comprends la volonté exprimée par divers groupes que 2019 soit l’année de référence plutôt que la moyenne des trois années 2017, 2018 et 2019. J’ai déjà rappelé à l’occasion de l’examen du troisième PLFR que la référence aux trois dernière années, classique en matière d’évaluation des recettes, vise à éviter les effets de bord. Je rappelle aussi que c’est la première fois que l’État instaure un mécanisme de garantie de recettes. Rien n’obligeait le Gouvernement à prendre une telle initiative, sinon sa volonté de protéger les collectivités. On peut certes toujours faire mieux mais cela a le mérite d’exister.
M. le président
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
Je pense, monsieur le ministre délégué, que vous avez tort. Si vous voulez que les collectivités locales investissent, il faut leur donner un minimum de sécurité. C’était l’objet du filet de sécurité que vous nous aviez proposé pour 2020 et je suis tout à fait favorable à son maintien pendant une année. Qui sinon va profiter des dotations supplémentaires à part les collectivités territoriales et les EPCI riches, même si leurs recettes chutent ? Ceux dont le niveau de recettes est moyen, voire tend vers le bas, n’investiront pas, par crainte de voir leur capacité de financement chuter en 2021.
En outre, vous ne nous avez pas dit combien la clause de 2020 va coûter. On a parlé de 750 millions d’euros : est-ce exact ? En tenant compte de l’augmentation des bases, le coût du petit amendement de M. Cazeneuve peut être estimé à 300 ou 400 millions, 500 millions maximum.
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
On ne sait pas !
M. Charles de Courson
Si ! À partir de l’augmentation des bases.
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Disons qu’il y a une dynamique.
M. Charles de Courson
J’espère bien que M. Cazeneuve va maintenir ce bon amendement.
M. le président
La parole est à Mme Émilie Bonnivard.
Mme Émilie Bonnivard
Les communes doivent effectivement pouvoir financer elles-mêmes leurs projets à hauteur d’au moins 20 % mais voilà des années que je n’ai pas vu de projets communaux bénéficier de 80 % de financement public, monsieur le ministre délégué. Ce sera déjà très bien si les gros projets de nos territoires bénéficient d’un tel niveau de financement public ! Quoi qu’il en soit, il restera 20 % pour le financement desquels les communes devront être accompagnées. Je salue donc votre proposition de les autoriser à déroger à la règle des 20 % mais je crains que l’augmentation du décile ne nous permette pas d’atteindre les 80 % de financement. D’où l’importance de sauvegarder les recettes de nos collectivités.
M. le président
La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.
M. Jean-René Cazeneuve
Je vais retirer mon amendement.
M. Maxime Minot
Je le reprends !
M. Jean-René Cazeneuve
La beauté de notre système de finances locales, c’est qu’il va permettre à la très grande majorité des communes et des EPCI de voir leurs recettes augmenter l’année prochaine, sauf quelques-unes dont le profil est très particulier et qui vont voir leurs recettes baisser – la métropole du Grand-Paris, par exemple, qui est très dépendante de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises – CVAE. Ce filet de sécurité aurait donc joué pour un nombre minimum de collectivités, et nous aurait permis de les embarquer sur notre plan de relance.
M. le président
L’amendement no 1806 est repris par M. Minot.
(L’amendement no 1806 puis la série d’amendements identiques nos 364, 986, 1299, 1463 et 1880, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
M. le président
Je suis saisi de plusieurs amendements, nos 1558, 1636, 1668, 1730, 2008, 2073, 2111, 2144, 2183, 2253, 2496, 2648, 2854 et 1804, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 1558, 1636, 1668, 1730, 2008, 2073, 2111, 2144, 2183, 2253, 2496, 2648 et 2854 sont identiques et l’amendement no 1804 fait l’objet d’un sous-amendement no 2972.
La parole est à M. Jean-Félix Acquaviva, pour soutenir l’amendement no 1558.
M. Jean-Félix Acquaviva
Les crédits consacrés au financement du revenu de solidarité active – RSA – par les départements, la métropole de Lyon et la collectivité de Martinique représentent 57 % du financement des allocations individuelles de solidarité. Depuis 2010, ces dépenses ont fortement progressé en raison de la hausse du nombre d’allocataires. Cette évolution a été aggravée par le plan de revalorisation de 2 % par an de l’allocation décidé par l’État entre 2013 et 2017. En 2019, les départements ont ainsi financé plus de 40 % des dépenses de RSA sur leurs fonds propres, pour un reste à charge de 4,6 milliards d’euros.
Pourtant les départements n’ont qu’une très faible marge de manœuvre quant à la maîtrise de cette dépense malgré les politiques volontaristes qu’ils ont mises en place pour l’insertion et l’accompagnement des bénéficiaires, les critères du RSA étant fixés au niveau national.
La crise sanitaire a d’ores a d’ores et déjà eu pour conséquence d’accroître les dépenses de RSA : à la fin du mois d’août 2020, elles avaient déjà augmenté d’environ 9 % par rapport à la même période de 2019. L’augmentation prévisible du chômage dans les prochains mois conduira inexorablement à l’augmentation du nombre des bénéficiaires du RSA. Les dépenses associées devraient donc, au-delà d’un certain niveau, relever prioritairement de la solidarité nationale.
C’est pourquoi l’Assemblée des départements de France – ADF – demande la prise en charge automatique par l’État en 2021 des dépenses de RSA supérieures à 5 % des dépenses de l’année 2020.
M. le président
La parole est à M. Pierre Vatin, pour soutenir l’amendement no 1636.
M. Pierre Vatin
Les départements prennent en effet en charge plus de 40 % des dépenses de RSA, en constante augmentation depuis 2017, plus particulièrement cette année en raison de la crise. Il semble logique que la solidarité nationale, au travers de l’État, soulage les départements de cette charge, particulièrement lourde pour certains.
M. le président
La parole est à Mme Véronique Louwagie, pour soutenir l’amendement no 1668.
Mme Véronique Louwagie
Cette disposition a été très bien défendue.
M. le président
La parole est à M. Raphaël Schellenberger, pour soutenir l’amendement no 1730. Seriez-vous plus critique, monsieur Schellenberger ?
M. Raphaël Schellenberger
Le dispositif proposé a été très bien défendu. J’ajoute simplement qu’il s’agit là d’un problème récurrent : celui de la conception de la décentralisation qui est celle de l’État. Celui-ci ne cesse de décentraliser les dépenses, sans jamais transférer les pouvoirs qui permettraient d’agir sur cette dépense. Dans le cas d’espèce, il a décentralisé une dépense que le département n’a absolument aucun moyen de maîtriser : c’est l’État qui fixe toutes les règles, qui décide qui a le droit d’en bénéficier et pour quel montant. Il est donc tout à fait normal que l’État prenne en charge la hausse de cette dépense.
M. le président
L’amendement no 2008 de M. Christophe Naegelen est défendu.
La parole est à M. Guillaume Chiche, pour soutenir l’amendement no 2073.
M. Guillaume Chiche
Nous proposons la prise en charge automatique par l’État des dépenses de RSA de l’année 2021 supérieures de 5 % à celles de 2020.
Cela a été dit, les départements ont financé en 2019 plus de 40 % des dépenses de RSA sur leurs fonds propres. La crise financière, sociale et économique qui bat son plein va se traduire par la destruction de plus de 800 000 emplois et une chute inédite du pouvoir d’achat de nos concitoyens. Le nombre des bénéficiaires de l’aide alimentaire a d’ores et déjà augmenté de 30 % et le pays comptera un million de pauvres supplémentaires d’ici à la fin de l’année. Chaque jour, 3 000 personnes appellent le 115 pour trouver à se loger la nuit.
Les départements occupant une place singulière dans la lutte contre la pauvreté, il convient de faire jouer à plein la solidarité nationale dans le financement du RSA pour leur permettre d’assumer leurs compétences en matière d’aides sociales.
M. le président
L’amendement no 2111 de Mme Émilie Bonnivard est défendu.
La parole est à M. Fabien Roussel, pour soutenir l’amendement no 2144.
M. Fabien Roussel
Je rappelle à mes collègues des bancs de droite, qui dénoncent une certaine forme de décentralisation, que celle-ci date des lois de décentralisation de Jean-Pierre Raffarin de 2004, qui ont transféré aux départements le paiement de dépenses de solidarité, dont le RSA. Comme à son habitude, l’État a décidé, quelques années plus tard, de ne plus compenser la hausse de ces dépenses. De fait, les départements se trouvent dans une situation des plus difficiles : ils doivent payer à la place de l’État. En 2019, la facture s’élevait ainsi à 4,6 milliards d’euros, et les départements l’ont payée pour l’État.
Du fait de la pandémie et de la crise économique, le nombre de Français vivant sous le seuil de pauvreté augmente fortement. Le RSA étant leur dernier filet de sécurité, les dépenses correspondantes croissent fortement. La moindre des choses serait donc que l’État assume pleinement ses missions et ses responsabilités, et qu’il compense entièrement les dépenses de RSA des départements. (Mme Caroline Fiat applaudit.)
M. le président
La parole est à Mme Isabelle Santiago, pour soutenir l’amendement no 2183.
Mme Isabelle Santiago
Il vise à instaurer un prélèvement sur les recettes de l’État au profit des départements au titre de leurs dépenses de RSA qui, comme l’ont expliqué nos collègues, croîtront de 5 % en 2021.
Puisque nous sommes tous deux des élus du Val-de-Marne, monsieur le rapporteur général, vous devez savoir que notre département a reçu 5 000 demandes supplémentaires d’inscription au RSA. Cette prestation représente, pour cette collectivité, une dette cumulée de plus de 1 milliard d’euros sur seize ans. Autant dire que son poids pèsera très fortement sur le budget et les activités du département. Face à la crise sociale et sanitaire que nous traversons, il est nécessaire que l’État compense les dépenses correspondantes. Je vous invite à œuvrer en ce sens, monsieur le rapporteur général, tout comme je vous invite dans le Val-de-Marne pour rencontrer nos concitoyens qui s’inscrivent au RSA.
M. le président
La parole est à M. Paul Christophe, pour soutenir l’amendement no 2253.
M. Paul Christophe
Le département du Nord comptait 104 000 allocataires du RSA en décembre 2019 et 100 000 en mars ; il en compte 108 000 actuellement, soit une charge mensuelle d’environ 60 millions d’euros. Ce n’est pas neutre, vous en conviendrez. À mon tour, j’appelle votre attention sur les difficultés que rencontrent les départements face à l’envolée du nombre d’allocataires du RSA. La situation ne tend pas à s’améliorer, et aura de grandes répercussions sur les finances départementales. Je me joins donc à la proposition de mes collègues.
M. le président
Les amendements identiques nos 2496 de Mme Marie-Christine Dalloz, 2648 de M. Philippe Vigier et 2854 de M. Vincent Rolland sont défendus.
Dans cette discussion commune, la parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour soutenir l’amendement no 1804, qui fait l’objet d’un sous-amendement no 2972.
M. Jean-René Cazeneuve
L’investissement des collectivités territoriales est absolument nécessaire à la réussite du plan de relance. Or en 2021, les départements seront soumis à deux incertitudes : sur l’augmentation de leurs dépenses sociales et de leurs dépenses de RSA d’une part, sur l’évolution de leurs recettes – de la CVAE et des droits de mutation à titre onéreux, les DMTO, en particulier – d’autre part. En la matière, ils feront face à un effet de ciseaux bien connu. Cet amendement vise à leur apporter un filet de garantie et à leur donner de la visibilité en 2021. Il ne s’agirait pas de compenser l’intégralité des départements – ce ne serait pas souhaitable –, mais de venir en aide à ceux qui subiront les augmentations de dépenses sociales les plus importantes.
M. le président
La parole est à Mme Claudia Rouaux, pour soutenir le sous-amendement no 2972.
Mme Claudia Rouaux
Il vise à rendre effectif le dispositif proposé dans l’amendement no 1804. D’après les simulations de l’Assemblée des départements de France, un seuil de déclenchement de la compensation à 10 % aurait pour conséquence de ne s’appliquer à aucun département. Il serait pour le moins paradoxal de légiférer pour rien… C’est une des raisons pour lesquelles les députés du groupe Socialistes et apparentés comptent sur la recevabilité de ce sous-amendement. Un seuil de 4 % rendrait éligibles cinquante et un départements, quand un seuil de 5 % en rendrait éligibles vingt. Le coût d’une telle mesure est estimé à 684 millions d’euros pour l’État. Ce sous-amendement a été proposé par l’Assemblée des départements de France.
M. le président
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements et ce sous-amendement ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Je ne reprendrai pas le riche débat sur les départements que nous avons eu à l’occasion de l’examen du PLFR 3, ni sur le débat de cet après-midi. Je préfère donner un avis favorable à l’amendement no 2304 que M. Cazeneuve présentera après la présente série, et qui propose une solution de renforcement des financements et des capacités d’investissement des départements. Je demande donc le retrait de l’amendement no 1804 ; à défaut, mon avis sera défavorable sur l’ensemble des amendements.
Par ailleurs, je souhaite la bienvenue à madame Santiago, et je la remercie pour ses mots très aimables. J’étais ce matin même dans le Val-de-Marne, avec le ministre délégué, dans un quartier qui compte de nombreux allocataires du RSA ; mais nous y avons aussi rencontré de nombreux entrepreneurs, de petits commerçants – des coiffeurs, un agent immobilier… – qui avaient besoin de l’État à leurs côtés pour faire face à la crise. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM et sur plusieurs bancs du groupe Dem.)
M. le président
Si vous étiez venu dans le Béarn, monsieur le ministre délégué, vous auriez vu la même chose, le soleil en plus !
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
J’ai passé un excellent moment, ce matin, dans la circonscription de M. Saint-Martin. Nous y avons également rencontré des douaniers, pour leur présenter le plan de lutte contre le tabagisme et la contrebande de tabac.
Mon avis est défavorable sur ces amendements, mais je ne balayerai pas le sujet du RSA d’un revers de main. Les départements sont confrontés à une augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA. La compensation par l’État des dépenses des départements liées au RSA est un débat, je dirais, vieux comme le monde – Mme Santiago évoquait d’ailleurs une dette cumulée sur seize ans. J’ai la chance d’avoir siégé dans cette assemblée à partir de 2007 et, chaque année, j’ai entendu des députés de tous bords demander à l’État de payer l’addition qui n’avait toujours pas été réglée. La situation se répétait de manière assez semblable, d’année en année. Il faut très certainement trouver une solution au financement du RSA et, plus généralement, des minima sociaux. Cela doit-il passer par une recentralisation ? Ce n’est évidemment pas ce soir que nous trancherons.
M. Fabien Roussel
Dommage !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Je donnerai toutefois un avis favorable à l’amendement no 2304 de M. Cazeneuve. À l’occasion du PLFR 4, je proposerai par ailleurs de reconduire le fonds de stabilité à hauteur de 115 millions d’euros. Enfin, nous avions décidé, dans le cadre du PLF 2020, d’abonder de 250 millions d’euros la compensation de la TFPB. Cet engagement sera tenu. Voilà donc une première solution. Certes, elle ne résout pas le problème du financement du RSA, question à part entière à laquelle nous devrons apporter des réponses.
Si, en 2021, la situation se dégradait – ce que personne ne souhaite – à tel point qu’il faille intervenir auprès des départements pour les aider à faire face, nous le ferons. Cependant, concentrons-nous d’abord sur la relance afin que ce besoin n’apparaisse pas. Je vous propose donc, pour le moment, d’en rester là : si nous donnerons un avis favorable sur plusieurs amendements que nous allons examiner ultérieurement, ce ne sera pas le cas, je le répète, pour la présente série.
M. le président
La parole est à M. Charles de Courson.
M. Charles de Courson
Chers collègues, vous avez raison de soulever cette question ; mais la solution est toute simple : l’État doit reprendre à sa charge le RSA, et laisser aux départements l’insertion des bénéficiaires du RSA. À quoi sert-il de demander aux départements de rembourser chaque mois à la Caisse d’allocations familiales – CAF – et à la Mutualité sociale agricole – MSA – un montant résultant d’un barème fixé par l’État, le tout étant instruit par les caisses nationales ? Cela n’a aucun sens ! Les présidents de départements étaient partagés à ce propos – certains étaient pour, d’autres contre… Il faut trancher. Il faut que l’État assure la solidarité nationale plutôt que de créer des fonds de compensation. Voilà la bonne solution ! Je ne sais pas si votre pensée a mûri à ce sujet, monsieur le ministre délégué, mais c’est, je le répète, la seule solution raisonnable.
M. le président
La parole est à Mme Caroline Fiat.
Mme Caroline Fiat
Je vois que tout le monde est inquiet pour les départements, mais j’ai peut-être une bonne nouvelle – vous comprendrez qu’elle est ironique : puisque les personnels des EHPAD démissionnent, les départements feront des économies ! Appelez des directeurs d’EHPAD, des préfets et des directeurs d’agences régionales de santé, ils vous le confirmeront : bientôt, il y aura de moins en moins de personnel dans les EHPAD !
M. Raphaël Schellenberger
Ce n’est pas malin, comme façon de présenter les choses !
Mme Caroline Fiat
Vu les circonstances, il est important d’en parler ; nous sommes tout de même en pleine crise sanitaire. Les démissions qui se produisent en ce moment permettront, malheureusement, de faire des économies. Je profite de l’occasion pour vous en alerter, mais, à chaque fois que je vous en parle, vous ne semblez pas me croire. Appelez vos ARS et vos directeurs d’EHPAD, pour savoir si je mens !
M. le président
La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.
M. Jean-René Cazeneuve
J’entends dans les paroles de M. le ministre une volonté sincère de parvenir à un accord global avec les départements, et je l’en remercie. Je retire donc mon amendement.
(L’amendement no 1804 est retiré, par conséquent, le sous-amendement no
(Les amendements identiques nos 1558, 1636, 1668, 1730, 2008, 2073, 2111, 2144, 2183, 2253, 2496, 2648 et 2854 ne sont pas adoptés.)
M. le président
La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour soutenir l’amendement no 2304.
M. Jean-René Cazeneuve
Il s’agit de maintenir le système de péréquation, pour l’ensemble des départements, à son niveau actuel, à savoir 1,6 milliard d’euros. Si l’État n’intervient pas, le niveau de péréquation de 2021 baissera, puisqu’il est calculé sur les DMTO de 2020. Cela pénalisera les départements, alors même qu’ils subissent une augmentation de leurs dépenses sociales et qu’ils sont très dépendant du système de solidarité qu’est le fonds unifié de péréquation des DMTO. Il faut donc absolument maintenir un système aussi performant.
M. le président
Quel est l’avis de la commission ?
M. Laurent Saint-Martin, rapporteur général
Favorable.
M. le président
Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Même avis.
M. le président
La parole est à M. Charles de Courson. J’espère que vous resterez jusqu’à la fin de nos travaux, cher collègue ! Je ne l’espère pas d’ailleurs… (Sourires.)
M. Charles de Courson
Bien sûr, comme d’habitude, monsieur le président ! Ne me provoquez pas…
Dans l’exposé sommaire de son amendement, M. Cazeneuve estime l’impact de la mesure qu’il préconise à 60 millions d’euros. Vu les difficultés massives qui s’annoncent, est-ce à la hauteur ? Combien de départements en bénéficieront ? Là encore, on se contente de faire des petites gâteries, au lieu de trancher sur le fond.
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Rassurez-vous, monsieur le président, je ne me lancerai pas dans un concours de petites gâteries avec M. de Courson. Je m’en garderai bien – d’autant que je ne connais pas sa grand-mère ! (Exclamations ironiques sur les bancs du groupe LR.)
Plus sérieusement, les 60 millions d’euros qu’évoque M. Cazeneuve correspondent au montant que le fonds de péréquation des DMTO perdrait si les DMTO baissaient de 15 % au niveau national en 2020. Nous pensons que la baisse sera plutôt de l’ordre de 10 % à 12 %. Ainsi, avec 60 millions de prélèvements sur recettes, nous garantissons à l’ensemble des départements que l’alimentation dudit fonds de péréquation au niveau national sera au moins conforme à ce qui était prévu dans un contexte d’augmentation classique des DMTO. C’est une sécurité qui n’a rien d’approximatif : nous parlons bien d’un prélèvement sur recettes de 60 millions d’euros.
M. Charles de Courson
C’est un filet de sécurité !
(L’amendement no 2304, modifié par la suppression du gage, est adopté.)
M. le président