Première séance du mardi 13 avril 2021
- Présidence de M. Richard Ferrand
- 1. Questions au Gouvernement
- Calamité agricole
- Calamité agricole
- Amélioration du travail parlementaire
- Calamité agricole
- Calamité agricole
- Conditions de vie des étudiants
- Calamité agricole
- Revalorisation des salaires des aides à domicile
- Remboursement de la dette publique
- Vaccination dans les Hauts-de-France
- Liaisons aériennes avec le Brésil
- Création de l’Institut du service public
- Renforcement des moyens des polices municipales
- Aides aux entrepreneur
- Position de la France sur le Sahara occidental
- Calamité agricole
- Séquençage des variants de la covid-19
- Recrutement des travailleurs saisonniers dans le secteur de la restauration
- Relations franco-algériennes
- Politique économique et fiscale du nouveau président américain
- Stocks de marchandises invendues
- Calamité agricole
- Financement des centres de vaccination
- Calamité agricole
- Calamité agricole
- Relations franco-turques
- 2. Organisation des prochaines élections départementales et régionales
- M. Jean Castex, Premier ministre
- M. Pascal Brindeau (UDI-I)
- M. Bertrand Pancher (LT)
- M. Adrien Quatennens (FI)
- M. Sébastien Jumel (GDR)
- M. Stanislas Guerini (LaREM)
- M. Christian Jacob (LR)
- M. Patrick Mignola (Dem)
- Présidence de Mme Laetitia Saint-Paul
- M. Olivier Faure (SOC)
- M. Olivier Becht (Agir ens)
- Présidence de M. Richard Ferrand
- M. Arnaud Viala (LR)
- Mme Marie-France Lorho
- M. Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur
- M. Jean Castex, Premier ministre
- Vote en application de l’article 50-1 de la Constitution
- 3. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de M. Richard Ferrand
M. le président
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à quinze heures.)
1. Questions au Gouvernement
M. le président
L’ordre du jour appelle les questions au Gouvernement.
Calamité agricole
M. le président
La parole est à M. Aurélien Pradié.
M. Aurélien Pradié
Ma question s’adresse au ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Lorsque notre agriculture souffre, c’est le pays tout entier qui souffre.
M. Marc Le Fur
Tout à fait !
M. Aurélien Pradié
La vague de gel qui a frappé la France ces derniers jours a eu des conséquences calamiteuses. Les pertes pour nos viticulteurs, pour nos arboriculteurs, pour nos maraîchers et pour nos grandes cultures sont désastreuses. Je veux dire à nos agriculteurs notre soutien sans faille. (Applaudissements
Une telle calamité nous place face à une urgence vitale. En Occitanie, 70 à 100 % des cultures ont été détruites par le gel. Pour la seule viticulture lotoise, c’est une perte de revenus de plus de 50 % qui s’annonce pour 2022 ; 90 % des arbres fruitiers ne produiront pas cette année. Pour notre agriculture, pour notre économie et pour les consommateurs, le coût sera terrible.
Le constat est sans appel et l’urgence est absolue. Les déclarations traditionnelles et les mesures d’ordre technique ne suffiront plus. Tous nos producteurs auront besoin d’aides massives : celles et ceux, nombreux, qui ne sont pas assurés, tout comme ceux qui le sont et pour lesquels le revenu versé par l’assurance ne couvrira pas les pertes réelles. L’année blanche fiscale s’impose ; le décalage des prêts garantis par l’État – PGE – et une annulation totale des charges sont impératifs.
M. Damien Abad
Eh oui !
M. Aurélien Pradié
Mais pour préparer l’avenir, il faut aller plus loin. Notre nation doit s’organiser durablement pour faire face à ces aléas climatiques de plus en plus fréquents et de plus en plus violents. Il nous faut une stratégie de long terme : la réforme du régime de calamités, mais aussi la création d’un fonds national auquel chaque producteur adhérerait, mutualisant budgets régionaux, nationaux, moyens des assureurs et des banques. Voilà un projet ambitieux sur lequel nous devons avancer. Monsieur le ministre, je vous en fais la proposition : expérimentons un tel fonds préventif, pourquoi pas en région Occitanie. Notre agriculture fait face à un défi climatique nouveau ; la responsabilité politique est d’être au rendez-vous. (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
Tout d’abord, permettez-moi d’excuser l’absence de Julien Denormandie, convoqué de longue date au Sénat, à l’heure où nous nous réunissons, pour un débat sur la mise en application de la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire – ÉGALIM. Il ne pouvait se soustraire à ce débat sénatorial et m’a demandé de le représenter aujourd’hui.
Nous partageons tout du constat que vous faites des dégâts causés au monde agricole, à toutes les cultures – l’arboriculture la viticulture le maraîchage – et à tous les secteurs par cet épisode de gel très intense et très tardif, survenu, qui plus est, après une période de redoux qui avait favorisé l’émergence des premiers bourgeons, des premiers fruits.
Julien Denormandie était sur le terrain dès le jour du constat de ces dégâts ; samedi, M. le Premier ministre, Julien Denormandie et moi-même étions en Ardèche, à la rencontre des organisations agricoles et des producteurs les plus touchés. Hier, une première réunion de travail s’est tenue au ministère de l’agriculture, associant le ministère de l’action et des comptes publics pour à la fois évaluer et préparer l’avenir. Dans un premier temps, nous appliquerons tous les dispositifs existants ; ils sont utiles. Nous devons travailler à de nouveaux mécanismes et le nombre de questions portant sur ce sujet permettra à M. le Premier ministre de préciser un certain nombre des mesures que nous instaurerons. Nous devons aussi travailler sur l’avenir, vous l’avez dit : il y a des pistes en matière d’assurance, de réforme du régime des calamités, d’équipement. C’est la raison pour laquelle, par exemple, nous avions inscrit, sans pouvoir prévoir cet épisode de gel, 70 millions dans le plan de relance pour favoriser et accompagner l’achat de matériels de lutte contre les aléas climatiques. Nous devons regarder tous ces chantiers, un par un : d’abord répondre à l’urgence, mais aussi préparer l’avenir et faire en sorte que cet épisode, s’il devait se reproduire, soit le moins dévastateur possible. (Applaudissements
Calamité agricole
M. le président
La parole est à Mme Géraldine Bannier.
Mme Géraldine Bannier
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation. La semaine dernière, le gel a très sévèrement touché nos campagnes et à un niveau tristement historique. Producteurs de betteraves du nord de la France ; arboriculteurs d’Ardèche ou du Vaucluse ; vignerons de Dordogne, de Touraine, du Jura ou de Gironde ; cidriculteurs et producteurs de pommes de l’ouest ; cultivateurs de colza, lin, orge de la région parisienne.
M. Pierre Cordier
Des Ardennes !
Mme Géraldine Bannier
Tarn, Gard, Aude, Aveyron, Mayenne : la liste des départements touchés est interminable.
Mme Émilie Bonnivard
Savoie !
Mme Géraldine Bannier
Braseros, éoliennes, aspersions d’eau ou survols d’hélicoptères n’ont en définitive été que de peu de secours pour les producteurs bien impuissants, qui subiront à diverses échéances des pertes financières conséquentes.
Dès jeudi dernier, le ministre a assuré de l’application du régime de calamités agricoles. La viticulture n’y est pas éligible et d’autres mécanismes seront instaurés. Les professionnels demandent aussi, du fait de leur fragilité face au dérèglement climatique – en quelques jours, certaines régions sont passées de 30 degrés à des températures négatives–, une réforme de l’assurance récoltes. De fait, à cause du coût, peu de producteurs sont assurés contre le gel. À très court terme, se pose aussi pour certains, notamment les betteraviers, la question du remplacement de la culture ravagée par une autre.
Pouvez-vous revenir sur les dispositifs d’indemnisation qui vont être créés, le calendrier envisageable depuis l’état des lieux jusqu’aux versements compensatoires, et l’accompagnement qui va être instauré face à cette catastrophe et à la détresse de nos agriculteurs. Députés siégeant sur tous les bancs, nous rappelons notre soutien unanime qui devra être aussi celui des consommateurs. (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
À l’occasion de cette première séance de questions après l’épisode de gel, la vôtre est d’abord l’illustration que tous les secteurs et tous les territoires sont touchés par les conséquences de cet épisode. Vous avez rappelé les territoires, le type de cultures, vous avez souligné le fait que, dans des régions qui pourraient paraître moins exposées, les dégâts, notamment autour des plants de betteraves, étaient absolument importants.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Votre question est aussi l’illustration de la nécessité de préparer l’avenir, notamment s’agissant des régimes d’assurance, auxquels vous avez rappelé à juste titre que la viticulture n’était pas éligible. Elle l’est toutefois en cas de destruction des plants ou lorsqu’il est nécessaire d’opérer des tailles sévères qui endommageraient ou contrecarreraient la récolte des années 2021 et 2022. Nous appliquerons ces dispositifs et irons chercher toutes les dispositions permettant de couvrir le risque subi par les producteurs, notamment par les viticulteurs.
À l’occasion de la réunion qui s’est tenue dès la fin de semaine dernière et de la réunion de travail qui a eu lieu hier, les équipes de Julien Denormandie et les miennes ont veillé à mobiliser l’ensemble des acteurs des filières de l’assurance et de la banque, pour que non seulement l’État, qui sera bien évidemment au rendez-vous, mais également tous ces acteurs répondent présents. Je le disais en réponse à Aurélien Pradié, il y a une triple nécessité : mobiliser très vite tous les moyens ; faire en sorte que le régime de calamités agricoles soit actionné et les procédures ont été diligentées dès le 8 avril pour que cela soit le plus rapide possible ; toujours garder en ligne de mire la nécessité de préserver l’avenir et de réfléchir à des mécanismes beaucoup plus protecteurs que ceux que nous connaissons aujourd’hui. (Applaudissements
Amélioration du travail parlementaire
M. le président
La parole est à Mme Frédérique Dumas.
Mme Frédérique Dumas
Ma question s’adresse à M. le Premier ministre. Jeudi dernier, notre groupe a fait le choix d’inscrire plusieurs débats d’importance à l’ordre du jour de l’Assemblée. Je veux saluer le vote historique de la loi Molac pour la protection et l’enseignement des langues régionales qui répond à des attentes anciennes. Je veux aussi revenir sur notre proposition de loi pour une fin de vie libre et choisie. Au-delà des positions de chacun, légitimes sur un sujet qui touche à l’intime, je déplore les milliers d’amendements déposés par quelques députés : l’objectif affiché était simplement d’empêcher tout débat de fond. Mon groupe a fait le choix d’inscrire ces propositions de loi, précisément pour que le débat s’engage dans l’hémicycle. Il s’est achevé à minuit après l’adoption de l’article 1er.
Monsieur le Premier ministre, nous le savons, le Gouvernement a la maîtrise de notre ordre du jour. D’où ma première question : quelles suites entendez-vous donner à ce texte dans les prochaines semaines ? Plus largement, quelles suites pourraient être données à d’autres propositions dont nous n’avons pu débattre, destinées à lutter contre la spéculation foncière en Corse, à lutter contre les prélèvements forcés d’organes commis notamment en Chine contre les Ouïghours, à promouvoir une vraie régulation du cannabis par sa légalisation…
M. Fabien Di Filippo
On ne veut pas du cannabis ! C’est dangereux, le cannabis !
Mme Frédérique Dumas
…ou enfin, à reconnaître véritablement le vote blanc ?
Cet épisode illustre le peu de prérogatives de l’opposition, et plus largement du Parlement. Depuis 2017, nous constatons son affaiblissement constant et systématique, et plus encore ces douze derniers mois. Le Parlement est piétiné,…(MM. Boris
M. Pierre Cordier
C’est une ancienne députée LaREM qui le dit !
Mme Frédérique Dumas
…travaille dans l’urgence : abus des ordonnances, débats organisés après les décisions du Président de la République, contrôle artificiel de l’action du Gouvernement. Il est délétère pour notre démocratie de voir une telle concentration des pouvoirs dans les mains de quelques-uns, le Conseil de la Défense, voire d’une seule personne, son président.
Monsieur le Premier ministre, nous connaissons toutes et tous cette phrase de Montesquieu, « il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». Tout pouvoir, quel qu’il soit, a besoin de limites réelles et non fictives et la séparation des pouvoirs est la pierre angulaire de la démocratie. Quand et comment entendez-vous la réhabiliter ? (Applaudissements
M. le président
Avant de céder la parole au Gouvernement, je voudrais juste rappeler que le système dit des niches parlementaires date de 2009, à la suite de l’heureuse réforme constitutionnelle de 2008. (M. Guillaume
Un député du groupe LR
Très bien !
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne.
M. Marc Fesneau, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne
Je vous trouve bien prompte à critiquer des règles qui n’ont pas été fixées par ce Gouvernement, mais par des majorités antérieures et qui sont depuis lors appliquées. Certaines permettent d’avoir une niche parlementaire, vous les avez exercées à bon droit la semaine dernière. Au passage, il ne m’appartient pas de commenter le nombre d’amendements de tel ou tel groupe, parce que je pense que le droit d’amendement est un droit constitutionnel…
M. Pierre Cordier
Très bien, monsieur Fesneau !
M. Marc Fesneau, ministre délégué
…qui doit être garanti, que chacun en fait l’usage qu’il veut, et qu’on ne peut pas avoir un regard sélectif sur le nombre d’amendements, selon que cela arrange ou que cela arrange moins.
M. Sébastien Jumel
C’est vrai aussi pour la majorité !
M. Marc Fesneau, ministre délégué
Ceci étant, le débat a pu s’engager. C’était important de vous le rappeler, madame la députée : je n’arrange pas ce genre de choses au gré de ce qui peut intéresser le Gouvernement.
Ensuite, il ne vous aura pas échappé – je crois qu’à l’époque vous apparteniez à un groupe de la majorité –, qu’une révision constitutionnelle qui, à ce stade, n’a pu aboutir visait à essayer d’améliorer le travail parlementaire et à faire en sorte que les droits du Parlement puissent être renforcés.
M. Sébastien Jumel
Benalla est passé par là !
M. Raphaël Schellenberger
Eh oui ! Merci, Benalla !
M. Marc Fesneau, ministre délégué
Le travail est encore devant nous d’un point de vue constitutionnel. Par ailleurs, l’Assemblée nationale a ses propres règles, dans lesquelles il ne m’appartient pas de m’immiscer, pas plus que dans son règlement. Pour ce qui est du calendrier parlementaire, des temps sont réservés aux groupes de la majorité comme aux groupes de l’opposition auxquels vous appartenez. Il y a le temps du Gouvernement, avec en ce moment un certain nombre de textes, notamment celui issu de la Convention citoyenne sur le climat, et vous comprendrez bien qu’on ne puisse pas faire entrer tous les textes dans un calendrier parlementaire. Néanmoins, sur le sujet que vous avez évoqué, le Gouvernement compte bien poursuivre le travail qui a été amorcé dans la niche de jeudi dernier. (Applaudissements
Calamité agricole
M. le président
La parole est à Mme Michèle Victory.
Mme Michèle Victory
Monsieur le Premier ministre, des températures excessives une semaine, puis glaciales la semaine suivante, soit 30 degrés d’amplitude. Et, dans la nuit du 7 au 8 avril, un épisode de gel dramatique est venu anéantir une année de labeur de nos agriculteurs, notamment dans la vallée du Rhône, dans le Tarn-et-Garonne, en Saône-et-Loire ou dans les Pays de la Loire.
Au nom du groupe socialistes et apparentés, je veux ici dire notre tristesse et notre soutien à toutes celles et ceux qui, après un combat acharné pour tenter de sauver fruitiers, vignes et semences, ont vu au matin qu’ils avaient tout perdu, jusqu’à 100 % des récoltes attendues pour certains.
Monsieur le Premier ministre, vous êtes venu en Ardèche, accompagné de deux de vos ministres, exprimer la solidarité du Gouvernement. Il le fallait. Mais après ? L’annonce de mesures d’urgence exceptionnelles que les agriculteurs espèrent cette fois-ci rapides et accessibles à tous masquera-t-elle l’urgence qu’il y a à repenser les politiques agricoles en termes de nouvelles solidarités ?
Le dérèglement climatique et ses violents épisodes de plus en plus fréquents nous obligent à redéfinir les mécanismes de soutien aux différentes filières et à soutenir les transitions nécessaires dans lesquelles de très nombreux agriculteurs se sont engagés.
Déjà touchés par la raréfaction de la richesse en eau, par les exigences d’une agriculture durable, par l’accaparement du foncier et par la forte pression des entreprises de l’aval de la filière – grandes surfaces, grossistes, industries alimentaires –, nos agriculteurs se trouvent au centre d’exigences contradictoires. Or nous craignons que l’émoi provoqué par cette calamité ne suffise pas pour que la solidarité interprofessionnelle l’emporte sur la loi de l’offre et de la demande.
Quant aux quelques articles consacrés à l’agriculture dans le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, ils apparaissent bien en deçà des attentes des agriculteurs. Des propositions vous sont donc faites par le monde agricole dans sa diversité, comme la création d’un fonds d’indemnisation mutuel et solidaire ou la refonte du système assurantiel.
Ces femmes et ces hommes, par le dialogue qu’ils entretiennent jour après jour avec une nature fragile, sont au-delà même de la mise en valeur de nos territoires : ils sont notre fierté collective. Certes meurtris, mais déterminés à ne pas abandonner, ils comptent sur vous. Ne les abandonnez pas ! (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
Nous étions ensemble samedi dans le nord de l’Ardèche, département auquel nous sommes tous deux très attachés, avec M. le Premier ministre et avec Julien Denormandie. Nous y avons constaté les dégâts dans plusieurs exploitations – une en particulier dans la journée de samedi –, certaines d’entre elles ayant vu disparaître 80, 90, voire 100 % de leurs récoltes. Nous avons également rencontré et échangé avec des hommes et des femmes qui, le 8 avril au matin, épuisés par des nuits de combat passées à essayer d’empêcher les dégâts du gel, ont achevé de voir disparaître une année de labeur, parfois plus.
Nous avons aussi pu constater sinon l’unanimité du moins la convergence de tous les acteurs agricoles, qu’il s’agisse des responsables des organisations syndicales, des Jeunes agriculteurs ou de la chambre d’agriculture, lesquels avaient été rassemblés à l’initiative de Benoît Claret, président de la chambre d’agriculture de l’Ardèche, que vous connaissez comme moi. Ces acteurs étaient porteurs de demandes, mais aussi d’attentes, et ont insisté sur la nécessité d’être accompagnés.
Le Premier ministre l’a dit sur place, tous les dispositifs existants seront mobilisés, qu’il s’agisse des outils fiscaux ou de l’activation rapide du régime des calamités agricoles, au titre duquel Julien Denormandie a ouvert, dès le 8 avril au matin, la possibilité de lancer des procédures, sans visite préalable des exploitations.
Nous devrons également élaborer des dispositifs spécifiques, sur lesquels le chef du Gouvernement aura l’occasion de s’exprimer, et préparer l’avenir, en nous appuyant sur les propositions de toute la profession. Cela inclut la réforme du régime d’assurance, pour laquelle la mission réalisée par le député Descrozaille sur l’assurance multirisques climatiques sera une aide utile, ainsi que la transition du secteur. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle politique agricole commune, nous avons veillé à sanctuariser à la fois le montant des aides dont bénéficie l’agriculture française et, surtout, le deuxième pilier de cette politique, destiné à accompagner les transitions et les évolutions.
Nous savons que le chantier est vaste. Il convient d’abord de répondre à l’urgence dans les délais les plus brefs – c’est l’objet de notre travail des jours présents –, mais nous devons donc aussi préparer l’avenir en matière d’irrigation, de transition et d’établissement de nouveaux modèles agricoles. (Applaudissements
Calamité agricole
M. le président
Avant de lui donner la parole, je souhaite la bienvenue à M. Adrien Morenas (Applaudissements
Mon cher collègue, vous avez la parole.
M. Adrien Morenas
Ma question s’adresse à M. le Premier ministre et je souhaite y associer l’ensemble de mes collègues des groupes d’étude « vigne, vin et œnologie » et « modernisation des activités agricoles et structuration des filières ».
Dix régions sur treize ont été terriblement touchées par l’épisode de gel qui s’est abattu la semaine dernière sur nos cultures. Les viticulteurs et arboriculteurs, particulièrement éprouvés, tentent en ce moment de sauver ce qui peut encore l’être des récoltes de l’année, alors même qu’ils sont depuis des mois en première ligne de la crise sanitaire, afin de continuer à nous nourrir.
Le vignoble français, notamment, a subi l’un des plus sérieux ravages agricoles de ces dernières décennies. Plus largement, c’est l’ensemble des filières arboricole et maraîchère qui sont implacablement touchées. Dans certaines régions, des agriculteurs disent avoir tout perdu. À titre d’exemple, dans mon département du Vaucluse, près de 80 % de la culture de cerise est dévastée.
Dès jeudi dernier, vous avez annoncé, avec Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, le déclenchement du régime des calamités agricoles. Nous sommes tous conscients sur ces bancs qu’il ne suffira pas à lui seul.
Alors que ce nouvel épisode de froid survient comme un coup de grâce après plusieurs années très difficiles, pourriez-vous nous dire quel est le montant de l’enveloppe débloquée dans le cadre de ce régime et quel accord a pu être trouvé entre le Gouvernement et les assurances pour porter assistance au plus vite à celles et ceux qui en ont vivement besoin ? Par ailleurs, n’est-il pas grand temps d’instaurer des fonds de garantie pour les filières agricoles ? Enfin, comment pourrions-nous assurer une aide prévisionnelle en faveur de l’emploi saisonnier, car même pour les agriculteurs qui ont tout perdu, le travail continue ! (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le Premier ministre.
M. Pierre Cordier
LaREM répond à LaREM !
M. Jean Castex, Premier ministre
Après les interventions du ministre délégué chargé des comptes publics, j’ai souhaité, au nom de l’ensemble du Gouvernement, vous répondre…
M. Pierre Cordier
Vous auriez pu répondre à Aurélien Pradié ! Il vous a posé la même question !
M. Jean Castex, Premier ministre
…sur cette catastrophe – le mot n’est pas trop fort – que vient de subir le monde agricole et viticole français. Vous l’avez rappelé les uns et les autres, d’après ce qu’on m’explique, il faut remonter au moins à 1991 pour trouver un désastre climatique d’une telle ampleur,…
M. Boris Vallaud
Absolument !
M. Jean Castex, Premier ministre
…lequel a frappé, vous l’avez dit, une immense majorité des régions françaises. L’arboriculture, la viticulture, mais également d’autres cultures telles que le colza ou la betterave sont durement touchées.
Je veux le dire solennellement devant la représentation nationale : à catastrophe exceptionnelle, mesures exceptionnelles ! (Applaudissements
Je vous remercie de l’avoir rappelé, madame Victory, je me suis immédiatement rendu sur place,…
M. Fabien Di Filippo
C’est vrai que vous faites beaucoup de sur-place !
M. Jean Castex, Premier ministre
…avec le ministre de l’agriculture et le ministre délégué chargé des comptes publics, car nous devons d’abord évaluer de façon précise l’étendue complète, qui sera, je le crains, considérable, des conséquences financières de cet épisode dramatique de gel, non seulement pour les agriculteurs et les éleveurs, mais plus largement pour l’ensemble de la filière agricole, de l’amont à l’aval.
Bien entendu, nous activerons l’ensemble des dispositifs à notre disposition – ils ont été rappelés par le ministre délégué chargé des comptes publics. Je vous annonce d’ores et déjà que le régime des calamités agricoles sera déplafonné. (Applaudissements
M. Pierre Cordier
On le savait déjà !
M. Jean Castex, Premier ministre
Mais nous devrons aller plus loin, d’abord en instaurant un dispositif exceptionnel de solidarité nationale, que j’ai annoncé le week-end dernier et pour lequel j’ai demandé au ministre délégué chargé des comptes publics et au ministre de l’agriculture de me faire des propositions dans les prochains jours.
Nous devons aussi aller plus vite, en consentant des avances de trésorerie aux agriculteurs sinistrés, qui étaient déjà en grave difficulté dans le cadre de la crise que nous traversons.
Mme Émilie Bonnivard
Et les charges ?
M. Jean Castex, Premier ministre
Cet épisode, plusieurs députés l’ont dit, nous engage aussi à prendre des mesures de fond, comme la refonte du régime assurantiel qui n’est plus adapté à ce secteur, si tant est qu’il l’ait jamais été. (Applaudissements
Il nous faudra également agir pour préparer notre agriculture à la transition écologique. À cet égard, je rappelle que des crédits très élevés sont prévus au sein du plan de relance, avec notamment une enveloppe de 70 millions destinée à inciter les agriculteurs à acquérir des équipements de protection contre les aléas climatiques.
Mesdames et messieurs les députés, la France a besoin de ses agriculteurs. La France aime ses agriculteurs et son agriculture. Les agriculteurs ont toujours répondu présents, notamment depuis le début de la crise sanitaire il y a plusieurs mois. Ils ont aujourd’hui besoin de nous et nous serons présents à leurs côtés. (Applaudissements
Conditions de vie des étudiants
M. le président
La parole est à M. Alain Bruneel.
M. Alain Bruneel
Madame la ministre de l’enseignement supérieur, je suis allé à la rencontre des étudiants de plusieurs universités, qui m’ont exprimé leur angoisse, leurs incertitudes, leur détresse psychologique. J’ai été estomaqué, loin de m’imaginer dans quelles conditions de logement vivent certains étudiants. J’ai été le témoin de logements insalubres, dont les fenêtres en bois sont totalement pourries, dont les radiateurs sont hors service, dont les murs sont couverts de tâches de moisissure. Mais le pire, ce sont les cafards et les punaises de lit : c’est ignoble ! Inacceptable !
M. Raphaël Schellenberger
À Strasbourg, ce sont des animaux liminaires !
M. Alain Bruneel
Ce sont des témoignages bouleversants, émouvants, révoltants, qui décrivent une vie sans vie, dans neuf mètres carrés. Madame la ministre, accepteriez-vous que votre enfant vive dans cet enfer ? Privés de cours, de liberté, de jobs étudiants, de leur jeunesse, ils lancent tous le même cri d’alerte.
La précarité s’aggrave, malgré les repas à 1 euro. Il faut souvent faire la queue plus d’une heure pour espérer décrocher de quoi manger. Le ventre vide, les étudiants se tournent vers les associations face à la démission de l’État. Les jeunes que j’ai rencontrés sont presque gênés d’avoir à parler de leurs conditions de vie et d’études. Ils en ont presque honte. Mais ceux qui doivent avoir honte,…
Un député du groupe LaREM
C’est vous !
M. Alain Bruneel
…ce sont ceux qui laissent les étudiants dans une telle détresse morale et matérielle ! (Applaudissements
Madame la ministre, il y a un fossé entre vos déclarations et la réalité. Vous avez le devoir d’imposer aux CROUS – centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires – un relogement digne des étudiants qui vivent dans de telles conditions. Allez-vous décréter l’annulation de leurs loyers en cette période de pandémie et instaurer un revenu étudiant ? (Applaudissements
La jeunesse sacrifiée, oubliée, invisible, reste mobilisée et attend des actes forts. Il faut l’écouter, car elle a beaucoup de choses à vous dire ! (Applaudissements
M. le président
La parole est à Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Mme Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Cela fait quatre ans que, quasiment toutes les semaines, je vais à la rencontre des étudiants dans les résidences universitaires, dans les restos U, dans les universités ou dans les écoles.
M. Raphaël Schellenberger
Cela fait quatre ans qu’on ne vous voit pas !
Mme Frédérique Vidal, ministre
Je vous le confirme, l’état dans lequel se trouvent certaines résidences universitaires de notre pays, qui ne date pas d’il y a quatre ans, est un véritable problème.
Si l’on prend l’exemple des résidences de Villeneuve-d’Ascq, auxquelles je sais que vous êtes particulièrement attentif, je me suis rendu sur place dès le mois de juin dernier, afin de me rendre compte de la situation et de travailler avec le CROUS à la réhabilitation totale des bâtiments.
À cet égard, j’ai sollicité le président de la région Hauts-de-France, qui n’a pas jugé bon de venir en complément de l’effort de l’État. (Applaudissements
M. Pierre Cordier
Ce n’est pas un argument ! Nous voulons des éléments de réponse, pas des propos politicards ! C’est médiocre !
M. Fabien Di Filippo
Nous avons hâte de vous voir aux élections !
Mme Frédérique Vidal, ministre
J’ai également sollicité le président de la métropole européenne de Lille qui, lui, a accepté de verser 12 millions d’euros sur les cinq prochaines années pour contribuer à la réhabilitation des résidences. Au total, entre le CPER – contrat de plan État-région –, le CNOUS – Centre national des œuvres universitaires et scolaires –, la métropole et le plan de relance, ce sont plus de 73 millions qui seront consacrés à la rénovation des résidences de Villeneuve d’Ascq.
Oui, monsieur le député, il y a énormément de choses à faire pour les étudiants : nous les faisons les unes après les autres. Tout comme nous savons depuis 2000 qu’il y aura un afflux d’étudiants qui posera la question du nombre de places à l’université, cela fait plus de vingt ans que des résidences universitaires indignes existent dans notre pays. C’est ce gouvernement qui a débloqué des moyens de sorte que cette question appartienne au passé et non au futur. (Applaudissements
M. Boris Vallaud
Non !
Calamité agricole
M. le président
La parole est à M. Julien Aubert.
M. Julien Aubert
Ma question s’adresse à M. le Premier ministre, et je dis bien le Premier ministre, car malgré tout le respect que je dois au ministre délégué chargé des comptes publics, à l’heure où on nous explique qu’il s’agit de la plus grande catastrophe agricole qui ait bouleversé le pays, le fait que le ministre de l’agriculture ne soit pas présent aujourd’hui devant la représentation nationale me pose question. (Huées
M. Erwan Balanant
Il est au Sénat !
M. Julien Aubert
J’espère donc, monsieur le Premier ministre, que vous répondrez à ma question, comme vous l’avez fait pour celle de la majorité. J’y associe l’ensemble des députés du groupe Les Républicains et plus particulièrement Dino Cinieri, dont le département de la Loire a été ravagé, tout comme les grands crus voisins de Côte-rôtie et de Saint-Joseph. J’évoquerai pour ma part le Ventoux et le Luberon, dans le département du Vaucluse, ainsi que la région Sud dans son ensemble.
Oui, monsieur le Premier ministre, nous faisons face à une catastrophe contre laquelle tous les agriculteurs ne sont pas couverts, en particulier dans le Vaucluse, où il y a beaucoup de polyculture. Or, pour l’arboriculture, l’indemnisation dépend souvent du niveau des pertes ; des exploitants qui possèdent huit hectares de vigne et deux hectares de cerises peuvent très bien ne rien toucher, soit parce que le dispositif ne couvre pas leurs pertes, soit parce qu’ils ne sont pas éligibles au régime des calamités.
Ma question est donc simple : au-delà des mesures exceptionnelles, au-delà du déplafonnement du régime des calamités, vous engagez-vous à ce que chaque agriculteur de France soit justement indemnisé et à ce que nous ne laissions personne sur le bord de la route. Vous avez géré la crise sanitaire « quoi qu’il en coûte », vous devez faire de même pour la crise agricole. (Applaudissements
La région Sud a mis 3 millions d’euros sur la table ; à l’échelle de l’État, cela représente 450 millions d’euros : nous attendons votre réponse ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. le président
Monsieur le député, nous partageons, j’en suis sûr, le plus grand respect pour la Haute Assemblée, devant laquelle se trouve le ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Il me paraît normal que le Gouvernement réponde devant les assemblées. (Applaudissements
Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales
Oui, tout de même !
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics. (Mêmes
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
Monsieur le député Aubert, comme vient de l’indiquer M. le président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’agriculture est retenu au Sénat par un débat organisé sur les conséquences de la loi ÉGALIM.
M. Fabien Di Filippo
Le Premier ministre est là !
M. Pierre Cordier
Castex, t’aurais pu répondre !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Il se trouve que ce débat, prévu depuis plusieurs semaines, a été inscrit à l’ordre du jour par le groupe Les Républicains. Ce sont vos amis du Sénat qui ont convoqué le ministre de l’agriculture aujourd’hui. (Rires
Quant à vos propos polémiques et à votre manière de hausser le ton pour faire croire qu’avec trois millions d’euros, on va résoudre les problèmes des agriculteurs de la région PACA, pardonnez-moi, mais c’est manquer de respect aux agriculteurs dans la situation qu’ils traversent. (Vifs
M. le président
La parole est à M. Julien Aubert.
M. Julien Aubert
Monsieur le Premier ministre, quand il s’agit de décaler les élections régionales, vous êtes capable de faire preuve d’inventivité ; en revanche, il semble que vous ne soyez pas capable de décaler un débat au Sénat… (Huées
L’histoire retiendra que vous n’avez pas voulu vous engager sur le fait que tous les agriculteurs de ce pays seront effectivement et justement indemnisés. (Applaudissements sur les bancs du groupe LR.)
M. Pierre Cordier
Vous ferez moins les malins, le 28 juin au matin !
M. le président
Monsieur le ministre ? Non, rien à ajouter…
Revalorisation des salaires des aides à domicile
M. le président
La parole est à Mme Stella Dupont.
Mme Stella Dupont
La crise sanitaire met à l’honneur certains professionnels, dont on parlait peu jusque-là. Parmi ceux-ci, les professionnels de l’aide et de l’accompagnement à domicile montrent un attachement sans faille à leur engagement auprès des personnes dépendantes. (Applaudissements
Mme Émilie Bonnivard
Inutile de crier, on vous entend !
Mme Stella Dupont
S’il est important de leur rendre ainsi hommage, l’essentiel est maintenant de revaloriser leurs salaires, ainsi qu’ils l’espèrent tant et ainsi qu’on le leur a promis. C’est urgent : je pense à Sonia, que nous avons accompagnée avec la ministre Brigitte Bourguignon, lors de sa venue en Maine-et-Loire, à Chalonnes-sur-Loire ; je pense à Pierre, que j’ai accompagné aux domiciles où il travaille, à Angers.
Ces femmes et ces hommes, qui se donnent sans relâche depuis des années pour accompagner nos aînés et nos proches en situation de handicap doivent se voir reconnaître leur pleine place dans notre société. (Applaudissements
Au-delà des conditions de travail, c’est tout le métier qui doit être repensé, la formation, l’évolution de carrière et, bien sûr, les rémunérations. Pour ce faire, le Gouvernement a récemment annoncé une revalorisation des salaires pour les professionnels des services d’aide et d’accompagnement à domicile (SAAD). Je souhaiterais savoir quels sont les types de SAAD concernés par cette mesure et à partir de quand cette revalorisation sera effective pour les personnels concernés, ainsi que la manière dont seront concrètement financées ces hausses de salaires et celles des personnels des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé
Merci pour votre question qui met à l’honneur, une fois encore, les aides à domicile, qui le méritent bien, tant leur rôle est indispensable, et pas seulement en temps de crise, mais tous les jours : il ne faudra pas les oublier quand la crise sera derrière nous. (Mêmes
Nous mettons tout en œuvre pour que ce ne soit pas le cas, et je m’exprime ici en mon nom et en celui de Brigitte Bourguignon, ministre déléguée à l’autonomie.
M. Pierre Cordier
Elle est en circonscription !
M. Olivier Véran, ministre
D’abord il y a la prime covid, qui a été versée aux aides à domicile, avec la contribution des départements. Ensuite, il y a eu une première revalorisation du point d’indice, qui a été porté de 5,25 à 5,50 euros.
Mais la vraie priorité du Gouvernement, c’est de rendre ces métiers du soin et du « prendre-soin » plus attractifs. Il est inadmissible, par exemple, que pendant plus de dix ans, les professionnels de cette branche n’aient bénéficié d’aucune augmentation salariale et soient demeurés au niveau du SMIC ; c’est encore le cas pour dix-sept niveaux de rémunération.
Mme Cécile Untermaier
C’est vrai ! C’est dingue !
M. Olivier Véran, ministre
De manière à y remédier, les organisations syndicales et les représentants d’employeurs s’étaient mis d’accord sur l’avenant 43 de la convention collective de la branche de l’aide à domicile. Si le financement de ces services et de ces professionnels est, à la base, une compétence départementale, le Gouvernement, pour assurer leur soutenabilité financière, a poursuivi le dialogue avec les départements et répondra toujours présent.
Vous avez voté, en loi de financement de la sécurité sociale pour 2021, un amendement qui devrait permettre à cet avenant d’être agréé par le ministère dès le mois de mai prochain pour une application au 1er octobre, si les départements ont délibéré en conséquence. Les salariés de ces services bénéficieront d’une revalorisation qui atteindra jusqu’à 15 % de leur salaire, ce qui est une hausse historique, une bouffée d’oxygène totalement méritée. (Applaudissements
Les SSIAD ne seront pas en reste, puisque l’avenant transpose les mesures de revalorisation actées dans le cadre du Ségur de la santé. Quant aux personnels de la fonction publique territoriale, ils ne seront pas non plus oubliés, vous pouvez compter sur notre détermination. (Applaudissements
Remboursement de la dette publique
M. le président
La parole est à M. Éric Coquerel.
M. Éric Coquerel
Ma question s’adresse à M. le ministre Bruno Le Maire.
Français, Françaises, depuis un an, vous subissez une crise sanitaire inédite. Nous allons traverser une crise sociale d’ampleur historique, et voilà qu’on nous annonce, pour l’avenir, de la sueur et des larmes… mais pas pour tout le monde : tandis que vous étiez au chômage partiel ou en première ligne, nos milliardaires devenaient champions d’Europe, avec un gain de plus de 175 milliards d’euros en 2020 !
Même le FMI propose une taxe exceptionnelle sur les plus riches, mais, sous la présidence de Macron, pas question de toucher à leurs trésors ! Pire, on nous culpabilise de nouveau avec la dette. Qu’importe que la dette covid soit détenue par nous-mêmes, c’est-à-dire notre banque centrale et non sur les marchés, ce qui fait que sa charge est quasi nulle ; qu’importe qu’en avril 2020, un de vos prédécesseurs, Éric Woerth, se soit écrié ici même : « La dette est quasi éternelle, tout le monde sait que personne ne rembourse la dette », sans que vous n’ayez trouvé à y redire ; qu’importe que les plus réalistes des économistes libéraux vous disent que le moment est venu de s’endetter pour relancer l’activité économique et assurer la transition écologique – ce que font les États-Unis, à hauteur de 4 000 milliards de dollars. Votre aveuglement met en danger notre économie. (Applaudissements
Français, Françaises, au prétexte de la dette, on veut faire payer la crise au monde du travail, avec une réforme des allocations chômage qui s’en prend aux chômeurs et une réforme des retraites qui s’en prend aux salariés.
Français, Françaises, au nom de la dette, on veut vous imposer une austérité XXL, pour revenir dans les clous du programme de stabilité de l’Union européenne, en allant jusqu’à inscrire cette baisse criminelle des dépenses publiques dans la Constitution.
Monsieur le ministre, le pays est cassé par ces politiques d’austérité, et vous voulez recommencer ! Nos hôpitaux manquent de personnel, de matériel, nous sommes incapables de produire un vaccin, et vous voulez recommencer ! L’État est affaibli et vous voulez recommencer ! Lâchez-nous avec la dette ! (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
À vous entendre, la France subirait l’austérité. Or, l’austérité, ce n’est pas tout à fait ce qui caractérise notre pays, ni aujourd’hui, ni hier, ni demain.
M. Sylvain Maillard
Ben non !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
C’est notre pays qui a mis en œuvre les dispositifs les plus élaborés et les plus costauds pour permettre la prise en charge de l’activité partielle et protéger le revenu des salariés, à tel point que l’INSEE a démontré qu’en 2020, malgré une récession de 8,2 % le pouvoir d’achat des ménages français a augmenté de 0,6 %.
Plusieurs députés du groupe LaREM
Eh oui !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
C’est aussi notre pays qui a mis en œuvre les dispositions les plus protectrices pour ses entreprises, avec un fonds de solidarité que nous avons d’ores et déjà abondé de plus de 21 milliards, et avec un prêt garanti par l’État qui permet aux entreprises de passer la crise non pas sans difficulté, mais en étant le plus protégées possible.
M. Pierre Cordier
C’est pour ça que les Français sont aussi contents du Gouvernement !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
C’est enfin notre pays qui a voté, grâce à cette majorité,…
M. Pierre Cordier
Avant, il était au PS !
M. Erwan Balanant
Ce n’est pas une insulte !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
…un plan de relance de 100 milliards sur deux ans pour relancer l’activité, permettre le retour de la croissance et faire en sorte que nous puissions faire face à nos engagements, rembourser la dette que nous avons contractée, grâce à la croissance et à ses recettes, sans augmenter les impôts – nous savons en effet, et le passé nous instruit, que les chocs fiscaux n’ont jamais généré de croissance, qu’au contraire, ils l’étouffent.
C’est cette majorité qui, sous l’égide du ministre de la santé et des solidarités, revalorise le salaire des soignants comme cela n’avait jamais été le cas et engage un plan d’investissement inédit de 19 milliards en faveur du système de santé. (Applaudissements
Alors, vous pouvez hausser la voix, tenter de m’interrompre avec force gestes, la vérité, c’est qu’à vos mots, je peux opposer l’action de la majorité, qui protège les Français. (Applaudissements
M. Pierre Cordier
Quand tu étais au PS, tu disais la même chose que Coquerel !
M. Sylvain Maillard
Excellent ministre !
Vaccination dans les Hauts-de-France
M. le président
La parole est à Mme Marguerite Deprez-Audebert.
Mme Marguerite Deprez-Audebert
J’associe à ma question, qui s’adresse au ministre de la Santé, mon collègue Bruno Duvergé, concerné comme l’ensemble des députés des Hauts-de-France.
La population du Pas-de-Calais est confinée depuis le 6 mars, soit quinze jours avant le reste du territoire. Elle est de plus durement touchée par le très contagieux variant anglais. Cette situation a été insuffisamment prise en compte, car avec un stock de deux jours de doses de vaccin, il est manifeste que notre région des Hauts-de-France est en flux trop tendu par rapport aux régions qui bénéficient de cinq à sept jours de stocks.
M. Alain Bruneel
Elle a raison !
Mme Marguerite Deprez-Audebert
Ainsi, selon les prévisions de l’ARS, les vaccins alloués en avril au Pas-de-Calais pour les primo-vaccinés seraient en baisse de 50 %, seules les secondes doses étant en nombre suffisant. Si le retard de vaccination par rapport aux autres territoires a été rattrapé en mars, grâce à une mobilisation sur le terrain que je tiens à saluer, la population du département risque de se trouver une nouvelle fois à la traîne ; il en va de même dans les quatre autres départements de la région.
Vous le savez, monsieur le ministre, notre région des Hauts-de-France, la troisième en population, est hélas, la dernière pour les indicateurs de santé. Sa population, fragilisée, est touchée par de nombreuses comorbidités, et elle reste, même si la situation s’améliore grâce aux efforts de la population, la deuxième quant au taux d’incidence. Or, avec un taux de 0,188 % injection par habitant, elle est neuvième sur treize régions.
Ne donnons pas le sentiment aux Alto-français qu’on leur manque de considération et que la solidarité nationale les oublie : ils réclament simplement l’équité… (M. Alain
M. Jean-Louis Bricout
Très bien !
Mme Marguerite Deprez-Audebert
…c’est-à-dire un nombre de doses en adéquation avec la population et une pondération selon les critères définis, c’est-à-dire un stock garantissant le bon déroulement de la campagne de vaccination pour laquelle tant d’acteurs que nous remercions chaleureusement se sont mobilisés. Monsieur le Ministre, pouvez-vous nous rassurer : êtes-vous prêt à garantir cette équité ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Éric Ciotti
Et de la pénurie !
M. Pierre Cordier
Notamment de masques !
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé
La situation particulière des Hauts-de-France est que la population y est en moyenne plus jeune que dans d’autres régions. Ainsi, la part des jeunes est plus importante que dans le Grand-Est, tandis que la part des 75 ans et plus y est, en revanche, plus faible.
Les premières répartitions de doses avaient été faites en fonction de cet âge moyen mais, compte tenu de la situation épidémique dans votre région, nous avons considérablement renforcé le nombre de vaccins alloués, et 150 000 doses supplémentaires lui ont été fournies depuis la fin février, ce qui fait qu’à ce jour la couverture vaccinale – en incluant les primo-vaccinés – est de 16,3 % dans les Hauts-de-France, contre 15,7 % en moyenne nationale.
Non seulement donc le retard a été rattrapé, mais il a même été effacé, et c’est une bonne chose. Ce week-end, la région des Hauts-de-France était la première région de France en termes de vaccinations réalisées, devant l’Île-de-France, avec 64 000 injections, et ce, grâce à la mobilisation des acteurs de terrain. À compter du 3 mai enfin, 100 000 doses supplémentaires vont être octroyées à la région pour tenir compte des particularités de la population.
J’en profite pour aborder ici un sujet connexe. J’entendais une candidate à l’élection présidentielle – qui n’est pas présente dans l’hémicycle aujourd’hui, mais que chacun reconnaîtra…
M. Pierre Cordier
La citer, c’est faire sa pub ; arrêtez !
M. Olivier Véran, ministre
…déclarer que la région des Hauts-de-France était emblématique de la façon dont on traitait la population rurale, à l’écart des vaccinodromes où il était plus facile aux citadins de se faire vacciner. Elle est très mal tombée ! Si elle avait lu ses dossiers et connaissait mieux cette région, elle saurait que dans les Hauts-de-France, les 157 centres sont pour deux tiers installés dans des petites villes de moins de 2 000 habitants…
M. Ludovic Pajot
Il n’y a pas les doses de vaccins !
M. Olivier Véran, ministre
…et que c’est la région la plus avancée en termes de couverture vaccinale des populations rurales. (Applaudissements
Le choix de la proximité, nous l’avons fait, et il nous a été reproché par ceux-là même qui estiment aujourd’hui que nous ne vaccinons pas suffisamment en milieu rural. Nous apportons notre soutien à la région Hauts-de-France ; transmettez mes amitiés et mes félicitations à toutes les équipes pour leur mobilisation incroyable, y compris le week-end. (Applaudissements
Liaisons aériennes avec le Brésil
M. le président
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Ma question s’adresse à M. le Premier ministre. Elle concerne la protection de nos concitoyens.
La gravité du variant brésilien, plus contagieux et plus mortel, menace la France. Cependant, les voyageurs en provenance du Brésil ne font l’objet d’aucun contrôle spécifique. Devant le danger du variant brésilien, le Portugal, qui a pourtant des liens historiques avec le Brésil, vient de suspendre ses vols pour protéger sa population. Le Royaume-Uni met à l’isolement ses ressortissants revenant du Brésil pendant au moins une semaine, à l’hôtel. En France, le ministre des transports a déclaré ce matin qu’il ne pouvait strictement rien faire ; il considère que la France ne peut pas suspendre ses liaisons aériennes avec le Brésil car ce serait contraire à notre droit. C’est surréaliste. C’est l’impuissance politique dans toute sa splendeur ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LR. – MM. François
M. Jean-Louis Bricout
C’est vrai.
M. Patrick Hetzel
Nous devons au minimum mettre en place un isolement strict pour nos ressortissants en provenance des pays où circule désormais un variant dangereux, ce que réclament déjà de nombreux scientifiques que je n’énumérerai pas ici. (Applaudissements
M. Jean-Louis Bricout
C’est trop tard !
M. Patrick Hetzel
Monsieur le Premier ministre, allez-vous, oui ou non, fermer les liaisons aériennes avec le Brésil pour protéger la population contre ce nouveau variant, quitte à faire évoluer le droit ?
M. Jacques Cattin
Très bonne question !
M. Patrick Hetzel
Sur un sujet de cette importance, nous ne pouvons pas nous résoudre à l’impuissance publique dont vous faites, hélas, trop souvent preuve. (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean Castex, Premier ministre
Une fois encore, monsieur le député, vous partez d’un constat établi : la gravité de la situation au Brésil, pays qui subit, hélas, une situation absolument dramatique,…
M. Patrick Hetzel
Nous sommes d’accord !
M. Jean Castex, Premier ministre
…et la dangerosité du variant du même nom, lequel, effectivement, pose des difficultés réelles.
M. Jean-Louis Bricout
Il faut réagir !
M. Jean Castex, Premier ministre
Mais, pardonnez-moi de vous le dire, vous faites quelques entorses à la réalité en laissant accroire que nous ne faisons rien. (Exclamationssur
M. Jean-Louis Bricout
C’est le cas !
M. Jean Castex, Premier ministre
C’est complètement faux. Il y a une chose que nous n’avons pas faite : c’est suivre vos préconisations. Vous aviez écrit au Président de la République en 2020 pour lui conseiller de prescrire l’hydroxychloroquine. (Applaudissements
Mme Émilie Bonnivard
Cela n’a rien à voir !
M. Jean Castex, Premier ministre
Oui, oui. Un peu de modestie, comme je le dis toujours.
M. Pierre Cordier
Ta réponse est vraiment médiocre, Castex.
M. Jean Castex, Premier ministre
Pour en revenir aux faits : à ce jour, et depuis les mesures que nous avons prises le 29 janvier dernier, toute personne qui souhaite se rendre en France à partir du Brésil ne peut le faire que pour des motifs impérieux. Vous savez que, s’agissant des ressortissants français, le Conseil d’État a annulé la décision prise par le Gouvernement, considérant qu’il s’agissait d’une contrainte disproportionnée. Toute personne qui souhaite venir du Brésil en France doit présenter un test négatif à l’embarquement, un autre à l’arrivée,
Un député du groupe LR
Qui surveille cela ?
M. Jean Castex, Premier ministre
Ne dites pas non, c’est la vérité. Cependant, nous constatons que la situation s’aggrave. Nous avons donc décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre tous les vols entre le Brésil et la France. (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Vous voyez donc qu’il y a un sujet. Il serait pertinent de faire aussi ce que font les Anglais : il faut protéger nos concitoyens, et vous ne le faites pas suffisamment. (Applaudissements
M. Damien Abad
On avait raison sur le Brésil !
Création de l’Institut du service public
M. le président
La parole est à Mme Sophie Beaudouin-Hubiere.
Mme Sophie Beaudouin-Hubiere
Madame la ministre de la transformation et de la fonction publiques, le Président de la République a annoncé, jeudi dernier, vouloir remplacer l’actuelle École nationale d’administration…
M. Sébastien Jumel
…par HEC et l’ESCP !
Mme Sophie Beaudouin-Hubiere
…par l’Institut du service public. Loin du coup de com’ ou du simple changement de nom que certains veulent y voir, cette réforme revoit de fond en comble la formation des cadres de l’État. (Exclamations
Cette réforme s’inscrit dans le prolongement de nombreuses mesures déjà engagées, comme le programme Talents du service public ou la loi de transformation de la fonction publique. Plus de diversité, moins de déterminisme et de corporatisme dans la haute fonction publique : ce sont évidemment des évolutions bienvenues. Mais, au fond, réformer la formation des cadres de l’État ne suffit pas. Il faut aussi travailler à la gestion des carrières. Quid
M. le président
La parole est à Mme la ministre de la transformation et de la fonction publiques.
Mme Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques
Effectivement, nous vivons une période qui exige de refonder le logiciel de l’action publique, donc celui de la haute fonction publique.
M. Fabien Di Filippo
Le logiciel gouvernemental aussi !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
C’était un engagement du Président de la République en 2017, qu’il a réaffirmé devant les Français en 2019. Je tiens à dire qu’il ne s’agit en rien de remettre en cause la valeur des hommes et des femmes qui s’engagent pour notre pays et qui ont permis à notre État de tenir. Ce n’est pas non plus un reniement de notre histoire, ni de 1945, de l’engagement de Michel Debré et du général de Gaulle, de ces hommes et de ces femmes qui, depuis la promotion « France combattante » à la promotion « Hannah Arendt », ont servi notre pays.
Mais nous devons regarder les enjeux du XXIe siècle : la formation aux enjeux de la crise climatique, au défi numérique, aux inégalités sociales, aux valeurs de la République qu’il nous faut défendre absolument – la loyauté, la laïcité, la neutralité –, au rapport à la science… Pour tout cela, nous devons former différemment, nous devons gérer les carrières différemment. Nous devons mettre fin au système de rente que les grands corps ont entretenu, et qui fait du classement obtenu à vingt-cinq ans un facteur de déterminisme absolu,…
M. Sylvain Maillard
Eh oui !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
…pour mettre au cœur de l’évaluation et des carrières l’expérience, la compétence et le fait que chacun puisse être formé plusieurs fois dans sa vie et occuper, plusieurs fois dans sa vie, des postes opérationnels de terrain au service des Français. L’enjeu, vous l’avez dit, est de gérer les carrières différemment, pour avoir les bonnes personnes au bon endroit, pour que la jeunesse continue de vouloir s’engager au service de son pays, que le service de l’intérêt général soit une perspective attractive et un moyen de réalisation personnelle.
J’entends que certains, sur les bancs de droite, trouvent cette réforme démagogique. (Exclamations
Renforcement des moyens des polices municipales
M. le président
Avant de donner la parole à M. Ludovic Pajot pour sa dernière question au Gouvernement, je lui adresse nos vœux de succès dans ses nouvelles fonctions de maire de Bruay-la-Buissière. (Applaudissements
La parole est à M. Ludovic Pajot.
M. Ludovic Pajot
C’est avec une particulière émotion que j’adresse au ministre de l’intérieur ma dernière question au Gouvernement, avant que mon mandat de député prenne fin dans quelques jours pour me permettre de me consacrer pleinement à la commune de Bruay-la-Buissière, dont j’ai l’honneur d’avoir été élu maire. Je remercie l’ensemble de mes collègues ainsi que les femmes et les hommes qui font vivre au quotidien cette belle institution qu’est l’Assemblée nationale.
Pas de liberté sans sécurité : pas un jour ne passe désormais sans qu’un nouvel acte de délinquance, confinant parfois à la barbarie, ne se produise. Simples incivilités, comme certains les nomment pudiquement, cambriolages accompagnés d’une véritable volonté de violenter physiquement, agressions pour un simple regard, guet-apens tendus aux policiers dans les quartiers, caillassages ou assassinats en pleine rue, comme ce fut encore le cas hier à Paris : la délinquance et la criminalité gangrènent notre pays, des villes jusqu’aux communes rurales.
Face à cette insécurité grandissante, qui est loin d’être un simple sentiment, les élus, à commencer par les maires, se sentent bien souvent démunis. Dans ma commune de Bruay-la-Buissière, il n’y a le soir qu’une seule patrouille de la police nationale qui doit couvrir, à elle seule, pas moins de neuf communes. Le désengagement de l’État, qui se traduit notamment par la diminution constante des effectifs, pousse les communes à créer de nouvelles polices municipales, lesquelles ne disposent pas des mêmes prérogatives. Par ailleurs, leur création représente un coût important pour les collectivités comme la mienne, qui disposent de marges de manœuvre financières restreintes.
M. Erwan Balanant
Décidément, M. Bardella n’avait pas vu le coup.
M. Ludovic Pajot
Il est indispensable que l’État prenne toute sa part dans le financement de la création de polices municipales garantes de la sécurité du quotidien des habitants. Il s’agit d’un enjeu de sécurité publique pour nos administrés. Élus de terrain, nous attendons un engagement précis de l’État sur ce sujet fondamental. (Applaudissements
M. le président
La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de la citoyenneté.
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté
Permettez-moi de commencer par vous adresser mes félicitations républicaines pour votre élection.
Vous le savez, les polices municipales sont entièrement aux mains des maires, qu’il s’agisse de leur création, de leur formation, de leur équipement ou même de leur armement. Elles sont un élément important du continuum de sécurité, c’est pourquoi l’État les soutient. La proposition de loi relative à la sécurité globale que vous avez votée, et que le Gouvernement a soutenue de manière considérable, renforce les pouvoirs de la police municipale. (M. Ugo
M. Sylvain Maillard
Excellent !
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée
Cette proposition de loi fait des polices municipales la troisième force de sécurité intérieure, avec la police et la gendarmerie. Par ailleurs, l’État apporte un soutien financier à la sécurité locale, notamment à travers le fonds interministériel de prévention de la délinquance dont j’ai la responsabilité : en 2020, 12,7 millions ont ainsi financé des projets de vidéoprotection et 500 000 euros ont été consacrés à l’équipement des polices municipales. Vous le voyez, avec M. le ministre de l’intérieur et l’ensemble des parlementaires, notre engagement est total pour mieux soutenir les polices municipales et aider les maires à les équiper et à les développer. (Applaudissements
Aides aux entrepreneur
M. le président
La parole est à Mme Valérie Bazin-Malgras.
Mme Valérie Bazin-Malgras
Monsieur le Premier ministre, depuis un an, notre pays traverse une crise sans précédent. De nombreuses entreprises ont tangué, vacillé, voire fermé. Votre Gouvernement, avec son « quoi qu’il en coûte », a permis, au minimum, à un certain nombre d’entre elles de ne pas couler.
M. Sylvain Maillard
C’est vrai !
Mme Valérie Bazin-Malgras
Le dispositif de chômage partiel a permis, au minimum, aux entreprises de sortir la tête de l’eau. Le fonds de solidarité a permis, au minimum, de payer leurs charges.
Plusieurs membres du Gouvernement et M. Sylvain Maillard
Au minimum ?
Mme Valérie Bazin-Malgras
Mais voilà, ces aides ont leurs limites et des trous dans la raquette persistent.
M. Pierre Cordier
Quand les ministres ne jouent pas au tennis !
Mme Valérie Bazin-Malgras
Fort heureusement, en France, nous avons des entrepreneurs courageux qui, pour le développement de notre pays et de leur territoire, même pendant la crise, ont pris des risques financiers énormes pour créer leur entreprise et créer de l’emploi. Ils sont nombreux, ces chefs d’entreprise comme Jean-Paul Braga, comme Ludivine Locquegnies, comme David Goncalves Pereira et comme tant d’autres. Ils sont nombreux, en France dans mon département à avoir eu des projets bien avant la crise. Ils sont nombreux, comme eux, à avoir emprunté, parfois plus d’un million d’euros, en se portant caution personnelle pour développer leur entreprise et aller au bout de leur rêve.
Après avoir mené des travaux tambour battant, ces entreprises ne peuvent pas ouvrir à cause des restrictions sanitaires. Certains entrepreneurs sont simplement punis, d’autres ont eu la chance de lancer leur activité avec l’espoir de faire un peu de chiffre d’affaires entre deux confinements. Aujourd’hui, ils ne sont éligibles à aucune aide de l’État et se retrouvent sans ressources.
Monsieur le Premier ministre, le Gouvernement ne peut rester sourd à l’appel de ces entrepreneurs, dont le projet est arrivé à la mauvaise date. Le « quoi qu’il en coûte » doit permettre à ces bâtisseurs de faire face à ces quelques mois d’inactivité grâce à une aide calculée à partir des chiffres d’affaires prévisionnels. Quels dispositifs comptez-vous instaurer ? Ils sont attendus par ces chefs d’entreprise. (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises.
M. Alain Griset, ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises
Comme vous, je me félicite que de nombreux hommes et de nombreuses femmes s’investissent dans l’entreprenariat en France : c’est une grande chance pour notre pays ! Depuis le mois de mars 2020, le Gouvernement déploie des dispositifs extrêmement puissants – il ne s’agit vraiment pas de « minima », puisque la France compte parmi les pays du monde qui auront le plus fortement appuyé les entreprises, quelle que soit leur taille mais particulièrement les TPE et les PME.
Nous avons adapté le fonds de solidarité. Son plafond est passé de 1 500 euros mensuels en mars 2020 à 10 000 euros au mois de novembre ; depuis le mois de décembre, s’y ajoute la possibilité d’être indemnisé pour 20 % de son chiffre d’affaires. En janvier, nous avons en outre créé un dispositif pour les frais fixes.
Une difficulté réelle concerne les entreprises reprises. Le fonds de solidarité repose effectivement sur le chiffre d’affaires précédemment réalisé, ce qui pose un problème pour les repreneurs n’ayant pas pu commencer leur activité. À la demande du Premier ministre, Bruno Le Maire et moi-même avons instauré un nouveau dispositif d’accompagnement des repreneurs : depuis le mois de janvier, leurs frais fixes sont pris en charge afin qu’ils puissent reprendre une activité normale le moment venu.
Je précise que les autres entreprises bénéficient en outre d’exonérations de cotisations sociales et d’un accompagnement du Gouvernement pour le report de remboursement de prêt. Vous pouvez être assurée que nous continuerons à accompagner l’ensemble des entreprises durant cette crise sanitaire et économique. (Applaudissements
Position de la France sur le Sahara occidental
M. le président
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.
M. Jean-Paul Lecoq
Monsieur le Premier ministre, la honteuse création par La République en marche d’un comité à Dakhla, au Sahara occidental, n’a pu se faire sans l’accord de l’exécutif – elle a peut-être même eu lieu à sa demande. La présence d’une permanence politique française au cœur d’un territoire non autonome et occupé par un pays colonisateur, le Maroc, illustre malheureusement l’époque que nous vivons, où des chefs d’État, de Donald Trump à Emmanuel Macron et de Benyamin Netanyahou à Mohammed VI, pensent pouvoir agir en toute impunité en s’asseyant sur le droit international et en crachant sur les résolutions d’institutions officielles comme l’Organisation des Nations unies ou la Cour de justice de l’Union européenne, pour faire prévaloir leurs propres intérêts. C’est le règne de la toute-puissance et du scandale d’une diplomatie de compromis cyniques qui sacrifient le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
La torture pratiquée sur les prisonniers politiques sahraouis, la répression exercée contre la population sahraouie vivant au Sahara occidental et l’impossibilité pour un observateur indépendant de se rendre sur place sont ignorées par la France au profit d’un soutien aveugle au Maroc, colonisateur expansionniste qui bafoue le droit du peuple sahraoui à la liberté et à la dignité. Tout est fait pour marginaliser la question du Sahara occidental. La France est complice de la poursuite du peuplement marocain, de l’ouverture des marchés et de l’exploitation de plus en plus systématique des ressources locales.
Monsieur le Premier ministre, dans dix jours, la France soutiendra-t-elle la demande de la République arabe sahraouie démocratique d’obtenir un siège de membre aux Nations unies ? Elle mettrait ainsi en pratique le principe d’équidistance, cher au ministre Jean-Yves Le Drian. Le peuple sahraoui est un peuple digne, décidé à poursuivre son combat jusqu’à ce que la communauté internationale respecte enfin ses droits à la liberté, à l’autodétermination et, pourquoi pas, à l’indépendance. N’est-il pas temps pour notre pays de retrouver le chemin de la justice ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des affaires européennes.
M. Pierre Cordier
C’est donc un spécialiste du Maroc !
M. Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des affaires européennes
Vous avez évoqué une initiative prise localement, que je regrette et qui ne change rien à la position de la France sur cette question hautement sensible. Vous le savez, le conflit au Sahara occidental représente un risque permanent de tensions ; nous l’avons encore constaté au mois de novembre 2020, au point de passage de Guerguerat. Depuis, plusieurs opérations ont été menées par le Front Polisario dont la dernière a conduit à la mort du chef de la gendarmerie de ce mouvement, le 7 avril dernier.
Cette situation rappelle l’urgence de la seule voie possible, celle de la reprise d’un processus politique. C’est cette voie d’équilibre que défend la France, qui appelle à nouveau au calme et reste engagée dans la recherche d’une solution politique dans le cadre de la légalité internationale et des Nations unies. Jean-Yves Le Drian et moi-même sommes favorables à une solution politique juste, durable, acceptable par les deux parties et qui respecte l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Dans cette perspective, reconnaissons-le, le plan d’autonomie marocain est une base de discussion sérieuse et crédible qu’il faut prendre en considération.
Nous apportons ainsi notre soutien à la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental – MINURSO – dont le rôle reste essentiel pour le maintien de la stabilité ou le retour à celle-ci et la prévention des tensions. Nous encourageons aussi le secrétaire général des Nations unies, comme nous l’avons rappelé, à nommer sans attendre un nouvel envoyé personnel pour permettre la reprise des discussions. C’est cette ligne que défendra à nouveau la France au Conseil de sécurité des Nations unies du 21 avril. (Applaudissements
Calamité agricole
M. le président
La parole est à M. André Villiers.
M. André Villiers
J’associe mon collègue Guillaume Larrivé à ma question. Monsieur le Premier ministre, je vous invite à venir dès que vous le pourrez à Chablis, à Tonnerre ou à Vézelay, où nous serons bientôt privés de vin de messe.
La semaine dernière, le combat fut trop inégal et sans merci. Après avoir lutté, minute après minute, pour protéger le fruit de leur travail, les agriculteurs, viticulteurs et arboriculteurs ont été submergés par une vague de gel tardif, exceptionnelle par son ampleur et son intensité. Cette séquence aggrave encore le marasme de la crise sanitaire.
Aurélien Pradié, Géraldine Bannier, Michèle Victory, Adrien Morenas et Julien Aubert l’ont déjà dit, rares sont les régions de France épargnées. Dans l’Yonne, plus de 80 % de certaines productions agricoles ont été détruites, les vignobles ravagés, les cerisiers en fleur anéantis, les champs de betterave et d’orge de printemps gravement touchés. Malgré la mise en place de protections au coût exorbitant – au bas mot, 4 000 euros de l’hectare – un paysage de désolation s’est offert à nos yeux effarés. Syndicats professionnels, organisations agricoles, préfets, maires, tous sont venus dans nos champs, nos vignes et nos vergers pour constater avec nous l’étendue du désastre : 2021 sera assurément une année blanche. Certains marchés risquent d’être perdus durablement ; la situation est très grave, vous le savez.
Ma question est simple : au-delà du déplafonnement du régime d’indemnisation des calamités agricoles, quelles mesures complémentaires d’urgence le Gouvernement compte-t-il prendre et suivant quel calendrier, pour soutenir les agriculteurs, vignerons et arboriculteurs de France ? Tous sont éprouvés ; ils attendent de votre part non seulement des réponses immédiates, concrètes et fortes, mais aussi une réflexion d’ensemble sur la modernisation de la gestion du risque et des mécanismes d’assurance et d’indemnisation face à la multiplication des incidents climatiques. Ils attendent que l’État soit à leurs côtés, au moment où des pans entiers de notre agriculture sont à la peine. À catastrophe exceptionnelle,…
M. le président
Merci, monsieur le député.
M. André Villiers
…mesures exceptionnelles !
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
Monsieur Villiers, vous pardonnerez la brièveté de ma réponse. Beaucoup a déjà été dit. Nous partageons évidemment votre constat : les dégâts causés par cet épisode de gel sont importants et ont touché tous les types de culture et tous les territoires.
La viticulture est un secteur particulier car, vous le savez, elle n’est plus couverte depuis 2010 par le régime des calamités agricoles, sauf lorsque des tailles sévères compromettent les récoltes suivantes ou lorsque les plans sont détruits.
Julien Denormandie et moi-même avons apporté des réponses à l’occasion de notre déplacement en Ardèche. Le Premier ministre a rappelé tout à l’heure que nous utilisons tous les outils de court terme existants – allégements et dégrèvements fiscaux, mais aussi sur les cotisations sociales. Nous avons d’ores et déjà ouvert la procédure de reconnaissance du régime de calamité agricole. Parce que nous voulons aller vite et considérons que les dégâts sont suffisamment significatifs et prouvés, la procédure est ouverte sans visite préalable et peut être lancée immédiatement. Nous avons déplafonné le Fonds national de gestion des risques en agriculture – FNGRA. Son montant, qui s’établit en moyenne entre 130 à 150 millions d’euros par an, a été beaucoup plus élevé certaines années, comme en 2004 où nous avions consacré collectivement 800 millions d’euros à son financement. Dans les prochains jours, à l’issue des concertations que nous menons actuellement, le ministre de l’agriculture et de l’alimentation et moi-même proposerons au Premier ministre la création d’un dispositif spécifique, conformément à ses annonces de tout à l’heure. (Applaudissements
Séquençage des variants de la covid-19
M. le président
La parole est à M. Boris Vallaud.
M. Boris Vallaud
Monsieur le Premier ministre, j’ai tout d’abord une pensée pour les morts de la covid-19, dont le nombre atteindra 100 000 cette semaine, pour les malades et leur famille. Nous ne nous résignons pas face à cet état de fait tragique.
Le variant brésilien frappe durement le Brésil et pourrait à lui seul, dit-on, compromettre les efforts accomplis dans la lutte contre la pandémie en Europe et en France – d’aucuns parlent même d’une possible quatrième vague. Ce variant, outre qu’il semble plus contagieux que tout autre, toucherait des populations plus jeunes. Plus de 50 % des malades en soins intensifs au Brésil auraient ainsi moins de 40 ans. Il aurait une forte capacité de réinfection, comme on l’a observé à Manaus. D’ores et déjà, dix-sept mutations auraient été identifiées.
Monsieur le Premier ministre, vous venez d’annoncer que, face à la menace, la France, comme d’autres pays d’Europe, avait décidé d’interrompre ses liaisons aériennes avec le Brésil. Cette très bonne décision s’imposait.
Depuis plusieurs mois, certains pays ont décidé, face à l’émergence de variants, de massifier leur capacité de séquençage du virus pour détecter les variants les plus contagieux, identifier les événements de surpropagation et suivre, au plus près, l’évolution de l’épidémie. En la matière, la France accuse un très grand retard. Le séquençage se révèle pourtant essentiel dans la lutte contre le coronavirus. Sur la base de données mondiale GISAID – Global Initiative on Sharing Avian Influenza Data –, 500 000 génomes ont été partagés dont seulement 5 000 par la France, quarante fois moins que le Royaume-Uni. Si les Britanniques ont investi 20 millions de livres dès mai 2020 pour créer un consortium de génomique du covid-19, la France n’a pas fourni un tel effort.
Monsieur le Premier ministre, que fait la France pour traquer ce virus et comment entendez-vous rattraper notre retard dans le défi si essentiel du séquençage ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé
Monsieur Vallaud, vous avez raison d’insister sur l’importance des techniques permettant d’identifier les variants des virus connus. Deux méthodes existent et sont pratiquées massivement en France.
La première est le criblage, qui repose sur un test PCR – à réaction en chaîne par polymérase – équipé de réactifs permettant de déterminer, quand le résultat est positif, s’il s’agit d’un variant et de l’identifier s’il est connu, comme le sud-africain, le brésilien ou l’anglais. La France sait piloter au jour le jour, heure par heure, région par région, ville par ville, bassin de vie par bassin de vie, la répartition des différents variants. Actuellement, 80 % sont d’origine britannique, un peu moins de 4 % sont brésiliens et sud-africains. La proportion de ces derniers recule car ils sont moins contagieux que l’anglais, qui, lui, s’étend dans tout le territoire.
La deuxième méthode repose sur le séquençage et consiste à chercher indistinctement les variants, qu’ils soient connus ou pas encore. De fait, il en existe plusieurs milliers et, rien qu’au Brésil, plus de quatre-vingt-dix ont été identifiés.
Il est factuellement inexact de dire que la France ne procède pas à des séquençages de masse ; nous en réalisons plusieurs milliers chaque semaine dans les centres nationaux de référence. Ce travail, extrêmement utile, nous permet notamment d’identifier l’apparition de nouveaux variants. Il y a trois semaines, il avait été question de celui du Trégor : après avoir procédé en deux jours à 600 000 séquençages dans les Côtes-d’Armor, nous avons constaté qu’aucun résultat n’y correspondait, ce qui, vous le reconnaîtrez, était plutôt rassurant.
Encore une fois, célébrons notre communauté scientifique et médicale. Nous continuons de développer le séquençage et le criblage. En la matière, la France n’a vraiment pas à rougir. Certes, nous procédons à moins de séquençages que nos voisins britanniques, mais il n’y a pas photo avec nos voisins européens. (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. Boris Vallaud.
Il ne vous reste plus de temps, mais puisque je vous ai donné la parole, je vous la laisse.
M. Boris Vallaud
Je vous remercie de votre bienveillance, le sujet est important.
M. le président
Soyez bref !
M. Boris Vallaud
J’avais lancé une alerte le 13 octobre 2020 sur notre retard dans le domaine de la vaccination et j’en lance une nouvelle sur notre retard par rapport aux Britanniques en matière de séquençage génomique.
M. David Habib
Excellent !
M. Pierre Cordier
Il faudrait être tolérant avec tout le monde, monsieur le président !
Recrutement des travailleurs saisonniers dans le secteur de la restauration
M. le président
La parole est à M. Christophe Lejeune.
M. Christophe Lejeune
Madame la ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion, alors que les restaurateurs et les propriétaires de bars se préparent à accueillir nos concitoyens d’ici à quelques semaines, aucune date précise de réouverture complète n’a encore été fixée. Tous soulignent que les perspectives annoncées par le Président de la République lors de son allocution du 31 mars constituent un signe d’espoir.
La saison estivale est une période primordiale pour beaucoup d’établissements, ainsi que pour les étudiants et saisonniers, lesquels profitent des nombreux emplois proposés par le secteur. Puisque l’été approche, il apparaît nécessaire de les aider à s’y préparer. Pour tous, employeurs et employés, il est essentiel de sécuriser les contrats de travail. À défaut de visibilité, ils ont besoin de sérénité.
Je sais que le Gouvernement partage leurs préoccupations et les accompagne fortement depuis le début. Chaque député connaît l’importance que revêtent ces lieux de convivialité qui nous sont si chers. Je sais aussi que les femmes et les hommes qui y travaillent nous attendent avec beaucoup d’optimisme et d’envie. Dès la réouverture, l’engouement pour l’art de vivre à la française sera au rendez-vous. J’en suis intimement convaincu puisque j’en ai déjà été témoin l’été dernier, dans ma circonscription de la Haute-Saône, en particulier sur le plateau des Mille étangs.
Pouvez-vous définir un calendrier de réouverture des bars et des restaurants ? Qu’adviendra-t-il des contrats d’embauche visant à répondre à l’accroissement de l’activité en été si la fermeture était prolongée au-delà de la date prévue ? Seront-ils pris en charge par l’État ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à Mme la ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion.
Mme Élisabeth Borne, ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion
La stratégie de lutte contre l’épidémie que nous suivons depuis un an nous a en effet conduits à limiter, voire à interrompre, certaines activités. À la suite de cette décision difficile, nous avons pris des mesures d’accompagnement exceptionnelles pour protéger les emplois et préserver les entreprises. Ainsi, au mois de février, plus de 2 millions de salariés étaient encore protégés par l’activité partielle. Je rappelle également que nous avons été présents auprès des saisonniers des stations de montagne : près de 30 000 saisonniers ont été embauchés cet hiver, beaucoup d’entre eux ayant bénéficié de l’activité partielle.
Nous serons encore au rendez-vous pour le lancement de la saison estivale, avec le double objectif de permettre aux entreprises de préparer la saison touristique et de sécuriser les contrats saisonniers malgré la crise.
Bien sûr, les professionnels attendent surtout la réouverture des établissements. Les concertations tenues ces dernières semaines aboutiront prochainement à des décisions. Néanmoins, pour donner de la visibilité à l’approche de la saison touristique, je vous annonce que le Gouvernement a décidé d’assurer, à titre exceptionnel, la prise en charge des contrats saisonniers par l’activité partielle, lorsqu’ils sont reconduits en application d’une disposition du contrat précédent, d’une convention collective ou qu’ils font suite à un contrat souscrit au titre de l’année 2019 ou 2020.
La prise en charge exceptionnelle des contrats saisonniers qui n’auront pas pu démarrer est prévue jusqu’à fin juin et s’applique bien sûr à tout le territoire. Vous le voyez, nous sommes aux côtés des professionnels pour assurer la préparation de la prochaine saison estivale dans les meilleures conditions. (Applaudissements
Relations franco-algériennes
M. le président
La parole est à Mme Nathalie Serre.
Mme Nathalie Serre
En 2017, le Président de la République a beaucoup choqué en qualifiant la colonisation de « crime contre l’humanité ». Par ailleurs, le contenu très contestable du rapport Stora sur la colonisation et la guerre d’Algérie a profondément blessé les familles de harkis dont la mémoire a été injustement oubliée. En multipliant ce qu’il considérait comme des gestes d’apaisement vis-à-vis de l’Algérie, le Président de la République a souvent heurté voire ravivé de profonds traumatismes mémoriels.
M. Marc Le Fur
Très bien !
Mme Nathalie Serre
En dépit de ces gestes, les relations franco-algériennes ne se sont absolument pas améliorées, pire, notre pays a été violemment mis en cause par El Hachemi Djaâboub, ministre du travail, de l’emploi et de la sécurité sociale, qui, le 8 avril, a qualifié la France d’« ennemi traditionnel et éternel ».
M. Michel Herbillon
Déclaration inacceptable !
Mme Nathalie Serre
Ces propos, lâchés de façon tout à fait inattendue, sont inacceptables. La France ne peut pas rester sans répondre quand elle subit un tel affront diplomatique.
Qualifier la France d’ennemi est lourd de conséquences. Ces propos sont intervenus au moment même où le chef d’état-major des armées françaises, le général Lecointre, était reçu à Alger par le chef d’état-major de l’armée nationale populaire. Sa visite était un préambule à celle du Premier ministre, laquelle aurait été reportée pour des raisons sanitaires, motif qui semble plutôt diplomatique.
Si l’Algérie considère la France comme un ennemi, quel est l’avenir de notre relation diplomatique avec ce pays ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des affaires européennes.
M. Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des affaires européennes
Un rendez-vous bilatéral extrêmement important était effectivement prévu dimanche dernier à Alger. Le Premier ministre devait y mener une importante délégation ministérielle française pour échanger avec le gouvernement algérien, dans le cadre d’un format très rare, puisqu’il s’agissait de la cinquième édition du comité intergouvernemental de haut niveau. La rencontre a dû être décalée pour des raisons sanitaires.
Un député du groupe LR
Il se porte bien, le ministre !
M. Clément Beaune, secrétaire d’État
Dans les conditions actuelles, la rencontre ne pouvait pas avoir lieu avec le format de délégation souhaité. Le ministre Jean-Yves Le Drian a échangé à plusieurs reprises avec les autorités algériennes, de manière à organiser cette rencontre prochainement, dans des conditions sanitaires et politiques satisfaisantes, compatibles avec le format voulu.
Sur le fond, notre volonté de renforcer la relation bilatérale avec l’Algérie demeure intacte. Nous déplorons les propos que vous avez rapportés et que j’ai condamnés dès dimanche. Ils ne reflètent absolument pas la qualité de nos relations bilatérales actuelles, ni la dynamique que nous essayons patiemment de leur donner, soutenus au plus haut niveau par les autorités de nos deux pays. La France, vous le savez, est attachée à sa relation ancienne avec l’Algérie. Avec toutes les difficultés que vous avez rappelées, cette relation est enracinée dans notre histoire partagée, dans les échanges humains, dans les relations économiques et, aujourd’hui, dans un engagement commun en faveur de la stabilité et de la paix. Ce dernier dépasse d’ailleurs le cadre bilatéral et concerne toute la région ; nous en avons besoin au Sahel et en Libye. Vous l’avez également évoqué, nous menons, de manière assumée, un travail mémoriel qui n’avait pas été accompli. Il ne participe ni de la repentance ni du déni, et il est essentiel pour la jeunesse de nos deux pays.
Nous nous inscrivons dans la ligne que le Président de la République a tracée, notamment avec le rapport Stora : ni repentance ni déni. Le Président de la République et le président Tebboune échangent très régulièrement dans ce cadre et sont bien déterminés à faire évoluer dans le bon sens la relation franco-algérienne, si essentielle ; le ministre, Jean-Yves Le Drian, et moi-même œuvrons également dans cette perspective. (Applaudissements
M. le président
La parole est à Mme Nathalie Serre.
Mme Nathalie Serre
Vos propos sont vraiment très diplomatiques,…
Mme Jacqueline Gourault, ministre
C’est son métier !
Mme Nathalie Serre
…mais, comme vous le savez, la diplomatie n’empêche pas, bien au contraire, la fermeté.
Politique économique et fiscale du nouveau président américain
M. le président
La parole est à Mme Christine Pires Beaune.
Mme Christine Pires Beaune
Il semble bien que, cette fois, à l’ouest, il y ait du nouveau, même une révolution. L’ère du tout libéral imposée par le duo Reagan-Thatcher, selon lequel l’État n’est pas la solution mais le problème, pourrait se refermer. En effet, voilà que Joe Biden lance un plan dont le seul premier volet prévoit un investissement de 2 300 milliards de dollars ! Le total pourrait flirter avec un montant représentant 25 % du PIB américain.
Que nous dit Joe Biden ? Tout simplement que seule la puissance publique peut enclencher le redémarrage post-covid et réussir la transformation écologique et sociale qui s’impose. Joe Biden nous dit aussi qu’il n’y a pas d’État fort sans une fiscalité juste et adaptée.
Mme Sylvie Tolmont
Voilà !
M. Sylvain Maillard
Elle est bien plus basse que la nôtre !
Mme Christine Pires Beaune
Voilà qu’il augmente l’imposition des entreprises aux États-Unis et propose un impôt minimum sur les bénéfices au niveau mondial.
Après quarante ans de domination et de toute-puissance des firmes transnationales, des fonds souverains et des paradis fiscaux, Joe Biden propose tout simplement que les États, c’est-à-dire les peuples et les citoyens, reprennent la main.
M. Bruno Millienne
Demandez la carte verte !
Mme Christine Pires Beaune
Face à ces mutations, quelle sera votre position, monsieur le Premier ministre ? J’entends parler de réduire la dépense de l’État et la dette. Et voilà que ressortent la réforme des retraites et celle des droits des chômeurs ! Et voilà que le « quoi qu’il en coûte » cède la place au « pognon de dingue » ! La France ratera-t-elle le train de l’histoire ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des comptes publics.
M. Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics
Vous comparez des situations qui sont difficilement comparables. Vous évoquez le taux de fiscalité sur les entreprises, en précisant que le président américain a décidé de l’augmenter. Mais il s’élevait à 15 % alors que le nôtre était à 33,5 % (Applaudissements
M. Sylvain Maillard
Mais oui !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
Vous évoquez le plan de relance américain, en précisant que son coût pourrait représenter jusqu’à 25 % du PIB. C’est oublier d’abord que les salariés américains n’ont jamais bénéficié du chômage partiel tel que nous l’avons mis en œuvre,… (Applaudissements
M. Stéphane Peu
L’impôt sur les entreprises sera plus élevé qu’en France !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
…ensuite que les dispositifs de protection que nous avons déployés n’existent pas aux États-Unis, enfin que les efforts que nous avons consentis en 2020 en faveur des mesures d’urgence et du plan de relance, ceux que nous consentons en 2021… (M. Éric
M. Stéphane Peu
Vous faites un contresens historique !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué
…et ceux que nous consentirons en 2022 auront un coût pour les finances publiques. On constate une dégradation de 424 milliards d’euros de notre déficit, soit 20 % du PIB. En cela, l’effort est très largement comparable mais avec une différence : notre volonté d’apporter un soutien immédiat aux salariés français, au pouvoir d’achat des ménages et au maintien au plus haut niveau possible du niveau de vie. Je précise que le coût que j’ai cité ne tient pas compte des efforts en matière de protection sociale et de revalorisation de la carrière des soignants, ni de l’investissement dans la santé.
Notre priorité est de déployer rapidement le plan de relance, fort de 100 milliards d’euros. Nous avons déjà engagé une trentaine de milliards d’euros pour faire en sorte d’être efficaces, de relancer l’économie, d’aider les entreprises et les Français à traverser la crise, afin que la France en sorte plus forte et avec une économie renouvelée. (Applaudissements
M. Bruno Millienne
Excellent !
M. le président
La parole est à Mme Christine Pires Beaune.
Mme Christine Pires Beaune
Si l’orthodoxie libérale que vous prêchez avait été respectée, il n’y aurait jamais eu de New Deal ni d’application du programme du Conseil national de la Résistance. (Protestations
M. Bruno Millienne
Honteux !
Mme Christine Pires Beaune
Quelle erreur historique ce serait de ne pas redonner toute sa place à un État fort ! Comme le dit Christian Chavagneux, vous nous proposez, au moment où Biden ressuscite Roosevelt, de rêver à la France de Pinay, bref de rester sur le bord du chemin et de regarder les autres cueillir les fruits de la croissance. Nous avons besoin d’un réel plan de relance national et européen !
Stocks de marchandises invendues
M. le président
La parole est à M. Yannick Haury.
M. Yannick Haury
La troisième vague de l’épidémie est là et nous frappe durement. Il a bien fallu agir afin de protéger les Français et de préserver notre système de santé. C’est pourquoi le Gouvernement a décidé le 31 mars dernier d’appliquer des mesures de freinage des déplacements et des activités pendant quatre semaines.
Parallèlement, la campagne de vaccination est montée en puissance : plus de 11 millions de personnes ont reçu leur première dose de vaccin et les personnes de plus de 55 ans peuvent se faire vacciner depuis hier. Seule la vaccination nous permettra de venir à bout de la pandémie.
Parmi toutes les mesures visant à freiner le virus, l’une des plus difficiles à prendre, avec celle de fermer les écoles, fut la fermeture des commerces, seuls ceux dits de première nécessité restant ouverts. Si je me réjouis du maintien de l’activité, dans le respect des règles sanitaires, des librairies, cordonneries, salons de coiffures et fleuristes, je tiens à réaffirmer que tous les commerces jouent un rôle important. Les commerçants sont le cœur battant de nos centres-villes. Ils leur donnent vie. Ils souffrent de la fermeture, qui leur semble injuste, et souhaitent retravailler et retrouver leurs clients le plus vite possible.
Depuis le début de la crise sanitaire, l’engagement du Gouvernement à leurs côtés a été total. Il s’est traduit par un accompagnement économique reposant notamment sur le fonds de solidarité, les prêts garantis par l’État et la prise en charge de l’activité partielle. Vous avez su écouter les remontées de terrain des parlementaires pour appliquer ces dispositifs.
Aujourd’hui, des commerçants nous interrogent dans nos circonscriptions, car ils se retrouvent avec des stocks de marchandises invendues. Je pense bien entendu à l’univers de la mode et aux boutiques de vêtements, qui vendent des articles dont le renouvellement est rapide car saisonnier.
Vous avez annoncé le 31 mars un dispositif d’aide inédit pour les stocks invendus. Pouvez-vous nous le détailler ? Quelles en sont les modalités et combien de commerces estimez-vous concernés ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises.
M. Alain Griset, ministre délégué chargé des petites et moyennes entreprises
Depuis le mois de mars 2020, des dispositifs extrêmement puissants ont été mis en place pour accompagner les entreprises : fonds de solidarité, prêts garantis par l’État, exonérations de cotisations sociales, activité partielle.
Nous avons malheureusement dû, à cause de la situation sanitaire, fermer certains commerces. Si tous sont extrêmement importants, le choix a été fait de fermer ceux qui ne vendent pas de produits de première nécessité. Parmi eux, il est vrai que les secteurs de l’habillement, de la chaussure, de la maroquinerie et des vêtements de sport connaissent des difficultés de stocks malgré le rallongement de la période des soldes.
Nous avons donc décidé de déployer un dispositif inédit pour accompagner ces entreprises. Pour celles qui comptent moins de 50 salariés, parce que nous avons souhaité un dispositif rapide et efficace, nous allons verser 80 % du fonds de solidarité du mois de novembre, sans démarche à effectuer, de façon à ce qu’elles bénéficient d’un apport rapide de trésorerie. Les entreprises de plus de 50 salariés bénéficieront de la prise en charge des coûts fixes : 35 000 entreprises seront concernées par ce dispositif, pour un montant de 200 millions d’euros. (Applaudissements
Calamité agricole
M. le président
La parole est à Mme Bénédicte Taurine.
Mme Bénédicte Taurine
Des centaines de milliers d’hectares de cultures ont été touchées par le gel. S’il est encore trop tôt pour chiffrer les dégâts avec certitude, les viticulteurs et les arboriculteurs pourraient avoir subi des pertes représentant jusqu’à 80 % de leur récolte. Les catastrophes agricoles – gel, sécheresses, inondations – se répètent désormais quasiment tous les ans à cause du dérèglement climatique.
Dans le cas présent, la végétation est en avance, le débourbage a encore gagné quinze jours, mais la période de gel est normale. C’est bien le réchauffement climatique qui rend les cultures plus vulnérables. Ce n’est pas le projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique, aux faibles ambitions, qui y changera quoi que ce soit. Vous ne vous attaquez pas à l’origine du problème, vous proposez simplement un pansement sur une jambe de bois.
Concernant les aléas climatiques, vous annoncez tous les ans à grand renfort de communication, et vous le faites encore aujourd’hui, des enveloppes exceptionnelles pour les agriculteurs. Il serait par ailleurs envisagé de financer, via la PAC, les assurances privées des agriculteurs, pour faire face à de tels événements climatiques.
Il est inacceptable que les montants importants de la PAC alimentent des entreprises d’assurances privées (Applaudissements
Pourquoi ne pas mettre en place un fonds mutuel et solidaire, alimenté par exemple par les interprofessions et les fournisseurs d’agroéquipements ou d’intrants ? Le monde paysan vous demande une solution pérenne et non d’être livré en pâture à l’assurance privée.
Enfin, les consommateurs sont les grands oubliés de vos annonces. Vous savez que les prix vont augmenter, donc que proposez-vous pour eux ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, qui vient d’être relâché par le Sénat. (Applaudissements
M. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation
Je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser mon absence : j’étais au Sénat, retenu à la demande du groupe Les Républicains. J’aurais été ravi que M. Aubert puisse entendre ma réponse mais il n’est manifestement pas là, et je doute qu’il soit au Sénat. (Applaudissements
M. Damien Abad
C’est petit !
M. Julien Denormandie, ministre
Madame Bénédicte Taurine, votre question est double. Elle vise à apporter un soutien exceptionnel à nos agriculteurs, qui ont probablement vécu la pire catastrophe agronomique du début du XXIe siècle. Un tel soutien a été annoncé samedi dernier par le Premier ministre lors de son déplacement avec Olivier Dussopt et moi-même : nous déploierons non seulement tous les outils habituels mais également un fonds exceptionnel, car une situation exceptionnelle nécessite une réponse exceptionnelle.
Vous nous demandez également d’élaborer une vision d’avenir de la situation. Nous devons engager deux actions. En premier lieu, il faut investir dans du matériel de prévention et de protection : le plan de relance prévoit d’y consacrer 100 millions d’euros. Dans certains endroits, l’utilisation de tous les dispositifs de protection – tours antigel, bougies, aspersion – n’a pas suffi à résister à un événement climatique aussi violent.
Se pose une seconde question, celle du financement de la protection de nos agriculteurs, avec l’assurance récolte. Nous sommes à front renversé car je pense qu’il faut aller au-delà de ce que vous avez indiqué et instaurer une cotisation assise sur la solidarité nationale et pas uniquement sur le monde paysan : j’aurai l’occasion de revenir sur cette proposition.
Financement des centres de vaccination
M. le président
La parole est à M. David Corceiro.
M. David Corceiro
Monsieur le ministre des solidarités et de la santé la mobilisation vaccinale s’est fortement accélérée selon les chiffres publiés ces derniers jours, le seuil symbolique de dix millions de Français vaccinés ayant même été franchi. Le combat contre le virus se poursuit. Ces chiffres sont atteints grâce au concours important des collectivités locales, des professionnels de santé, des sapeurs-pompiers, de la protection civile et des volontaires tels que les étudiants.
Ils sont les premiers acteurs de la vaccination. Le Gouvernement a prévu d’actionner le fonds d’intervention régional – FIR – par l’intermédiaire des agences régionales de santé – ARS –, afin d’assurer un soutien financier aux municipalités. Dès la mi-mars, 60 millions d’euros ont été délégués aux ARS pour financer les dépenses urgentes des 1 700 centres ouverts dans le territoire national.
Je peux témoigner de la réalité du partenariat entre l’État et les collectivités : dans ma circonscription, il se déploie dans les centres d’Enghien-les-Bains ou de Sannois, et, à l’échelle du Val-d’Oise, dans celui de Cergy, tenu par le service départemental d’incendie et de secours.
Je souhaite, au nom de l’ensemble des membres du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés, remercier une nouvelle fois l’ensemble des personnels et les volontaires, qui, par leur engagement, rendent de tels résultats possibles. Ils nous rappellent que le mot solidarité prend tout son sens en France.
Toutefois, monsieur le ministre, pouvez-vous préciser les lignes budgétaires de soutien aux collectivités, en particulier les plus petites d’entre elles, ayant engagé des frais pour la mise en place des centres de vaccination, ainsi que le montant des indemnités prévues pour soutenir financièrement les organisations des méga-centres de vaccination ? Par ailleurs, quelle gratification sera accordée au personnel, qui ne compte ni son temps ni son énergie pour participer à l’effort national ? (Applaudissements
M. le président
La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.
M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé