Fabrication de la liasse

Amendement n°II-CF919

Déposé le lundi 17 octobre 2022
Discuté
Rejeté
(vendredi 21 octobre 2022)
Photo de monsieur le député Rodrigo Arenas
Photo de madame la députée Nadège Abomangoli
Photo de monsieur le député Laurent Alexandre
Photo de monsieur le député Gabriel Amard
Photo de madame la députée Ségolène Amiot
Photo de madame la députée Farida Amrani
Photo de madame la députée Clémentine Autain
Photo de monsieur le député Ugo Bernalicis
Photo de monsieur le député Christophe Bex
Photo de monsieur le député Carlos Martens Bilongo
Photo de monsieur le député Manuel Bompard
Photo de monsieur le député Idir Boumertit
Photo de monsieur le député Louis Boyard
Photo de monsieur le député Aymeric Caron
Photo de monsieur le député Sylvain Carrière
Photo de monsieur le député Florian Chauche
Photo de madame la députée Sophia Chikirou
Photo de monsieur le député Hadrien Clouet
Photo de monsieur le député Éric Coquerel
Photo de monsieur le député Alexis Corbière
Photo de monsieur le député Jean-François Coulomme
Photo de madame la députée Catherine Couturier
Photo de monsieur le député Hendrik Davi
Photo de monsieur le député Sébastien Delogu
Photo de madame la députée Alma Dufour
Photo de madame la députée Karen Erodi
Photo de madame la députée Martine Etienne
Photo de monsieur le député Emmanuel Fernandes
Photo de madame la députée Sylvie Ferrer
Photo de madame la députée Caroline Fiat
Photo de monsieur le député Perceval Gaillard
Photo de madame la députée Raquel Garrido
Photo de madame la députée Clémence Guetté
Photo de monsieur le député David Guiraud
Photo de madame la députée Mathilde Hignet
Photo de madame la députée Rachel Keke
Photo de monsieur le député Andy Kerbrat
Photo de monsieur le député Bastien Lachaud
Photo de monsieur le député Maxime Laisney
Photo de monsieur le député Arnaud Le Gall
Photo de madame la députée Élise Leboucher
Photo de madame la députée Charlotte Leduc
Photo de monsieur le député Jérôme Legavre
Photo de madame la députée Sarah Legrain
Photo de madame la députée Murielle Lepvraud
Photo de monsieur le député Antoine Léaument
Photo de madame la députée Pascale Martin
Photo de madame la députée Élisa Martin
Photo de monsieur le député William Martinet
Photo de monsieur le député Frédéric Mathieu
Photo de monsieur le député Damien Maudet
Photo de madame la députée Marianne Maximi
Photo de madame la députée Manon Meunier
Photo de monsieur le député Jean-Philippe Nilor
Photo de madame la députée Danièle Obono
Photo de madame la députée Nathalie Oziol
Photo de madame la députée Mathilde Panot
Photo de monsieur le député François Piquemal
Photo de monsieur le député Thomas Portes
Photo de monsieur le député Loïc Prud'homme
Photo de monsieur le député Adrien Quatennens
Photo de monsieur le député Jean-Hugues Ratenon
Photo de monsieur le député Sébastien Rome
Photo de monsieur le député François Ruffin
Photo de monsieur le député Aurélien Saintoul
Photo de monsieur le député Michel Sala
Photo de madame la députée Danielle Simonnet
Photo de madame la députée Ersilia Soudais
Photo de madame la députée Anne Stambach-Terrenoir
Photo de madame la députée Bénédicte Taurine
Photo de madame la députée Andrée Taurinya
Photo de monsieur le député Matthias Tavel
Photo de madame la députée Aurélie Trouvé
Photo de monsieur le député Paul Vannier
Photo de monsieur le député Léo Walter

Modifier ainsi les autorisations d'engagement et les crédits de paiement :

(en euros)
Programmes+-
Formations supérieures et recherche universitaire01
Vie étudiante00
Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires00
Recherche spatiale00
Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables00
Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle00
Recherche duale (civile et militaire)00
Enseignement supérieur et recherche agricoles00
Encadrement de l'enseignement privé(ligne nouvelle)10
TOTAUX11
SOLDE0
Exposé sommaire

Par cet amendement d’appel, nous souhaitons dénoncer le laisser-faire du Gouvernement dans le développement de l’enseignement privé lucratif.

Face à la faiblesse des moyens alloués à l’enseignement public ainsi que la pénurie de places organisée, le marché de l’enseignement privé progresse fortement. Ainsi, près d’un étudiant sur quatre suit un cursus dans un établissement supérieur privé. Ils sont 737 000, soit 260 000 de plus qu’il y a cinq ans. Ces effectifs progressivement bien plus rapidement dans le privé (+10 % en un an) que dans le public (0,3 %).

Or, la multiplication de ces établissements a ouvert la voie à des pratiques abusives, aux limites de la légalité. Une enquête de Libération publiée le 27 septembre 2022 cite plusieurs exemples. L’institut d’arts appliqués Lisaa, pour lequel les frais d’inscription sont facturés autour de 8 000 euros par an, a baissé le nombre d’heures de cours délivrés à la rentrée. Une partie sera finalement remplacée par des contenus en ligne. « Cette école appartient au groupe Galileo Global Education, qui se présente comme le leader mondial de l’enseignement supérieur privé avec 54 écoles dans 13 pays : 170 000 étudiants en Europe. Il vise le million d’ici cinq ans. Aux commandes : un fonds de pension canadien, un fonds d’investissement britannique, celui de la famille Bettencourt et une participation de la Banque publique d’investissement (BPI) » révèle Libération.

La BPI finance donc l’enseignement privé, mais la politique de soutien à l’apprentissage est également un moyen pour ce secteur de capter des financements publics. Les frais d’inscription, souvent entre 7 000 et 10 000 euros, sont pris en charge par les cotisations des entreprises et les aides de l’État. « La grande réussite de Macron, c’est sa politique sur l’apprentissage, c’est clair, commente Martine Depas, conseillère en éducation, pour la Financière de Courcelles citée par Libération. Je ne pense pas que c’était l’effet recherché mais c’est le privé qui en profite, car il est plus agile ». Mathias Emmerich, d’Omnes Education, regroupant 40 000 étudiants et appartenant à un fonds d’investissement britannique, dit exactement la même chose : « Cette politique du Gouvernement accélère notre croissance, c’est certain. Nous avons aujourd’hui près de 50 % d’alternants. Dès l’annonce des mesures, on a su réagir vite pour mettre en place une organisation efficace ».

Le rapport de la Cour des Comptes sur la formation en alternance publié le 23 juin 2022 dresse un constat sévère sur les conséquences de ces choix politiques. À partir du niveau de la licence, la plus-value sur l’insertion professionnelle est faible. Ces aides servent en réalité à financer l’enseignement supérieur... privé ! En 2021, le montant total des dépenses d’apprentissage pourrait atteindre 11,3 milliards d’euros. Pourtant, France compétences, l’organisme qui distribue ces aides, est en déficit : -3,2 milliards d’euros prévus en 2022 malgré un emprunt de 1,7 milliard d’euros et des subventions exceptionnelles de l’État de 2,75 milliards d’euros. Pour la Cour des comptes, le Gouvernement doit agir vite : « il est particulièrement important que la stratégie nationale de l’alternance veille à l’efficience de la dépense publique en priorisant les situations où l’apprentissage apporte une réelle plus-value et en évitant les effets d’aubaine ». Le rapport alerte également sur le contrôle de la qualité des formations qui a pris du retard et les moyens affectés conduisent à s’interroger sur leur capacité à contrôler une offre de formation si importante.

En effet, Frank Bournois, directeur de l’ESCP, explique à Libération qu’ « Il y a une ambiguïté dans la terminologie, flottante. Formation homologuée par l’État veut dire reconnaissance administrative par le rectorat et non l’existence d’un contrôle pédagogique ».

Cela a des conséquences dramatiques pour les étudiants qui se font berner par ces établissements. Lucas Bento de Carvalho, professeur de droit à l’université de Montpellier, alerte les étudiants en droit via les réseaux sociaux et ses publications depuis des mots. Dans un éditorial pour Dalloz publié le 22 septembre 2022, il dénonce les mensonges et tromperies des établissements privés : « Le »mastere« ne permet pas de s’incrire aux concours et examens ouvrant l’accès aux professions d’avocat, de magistrat, de notaire, de commissaire de police ou encore d’huissier de justice. (...) A l’écrit, la distinction entre »master« et mastere » est mince. Les campagnes de communication de ces établissements privés ne mentionnent à aucun moment cette différence dont la compréhension est pourtant déterminante d’un consentement éclairé« .

Cet amendement d’appel propose de renforcer les exigences opposables en matière de transparence sur la qualité et le contenu des enseignements, le contrôle et la répression de la publicité mensongère et l’encadrement des fonds qui financent ces établissements. Nous appelons également à cesser le financement public de ces établissements privés lucratifs.

Pour respecter les règles de recevabilité financière, nous proposons dans cet amendement de transférer des crédits de l’action 04 « Etablissements d’enseignement privé » du programme 150 à hauteur de 1 euro en autorisations d’engagement et 1 euro en crédits de paiement, vers l’action 1 d’un nouveau programme « Encadrement de l’enseignement privé ».