Dans un monde bousculé et confronté à des défis politiques, sociaux et environnementaux majeurs, nos Assemblées jouent un rôle essentiel pour faire avancer nos sociétés, améliorer la représentation de nos concitoyennes et concitoyens et faire progresser nos législations vers une plus grande égalité entre hommes et femmes.

En 2024, nous célébrons en France le 80e anniversaire de l’ordonnance de 1944 qui reconnut aux Françaises le droit de vote et l’éligibilité, aboutissement d’un long combat interne mais aussi universel pour les droits des femmes. Dans ce contexte très symbolique et à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, le Sommet des Présidentes d’Assemblée est un acte fondateur et inédit de diplomatie féministe et parlementaire, réunissant à Paris les femmes Présidentes d’Assemblée. Trois ans après l’organisation du Forum Génération Égalité par le Mexique et la France, qui marquait les 25 ans de l’adoption de la déclaration de Pékin lors de la 4e conférence mondiale sur les femmes, ce Sommet a vocation à prolonger les initiatives et engagements internationaux pour les droits des femmes en mettant en avant le rôle des Parlements nationaux et de leurs Présidentes.

Les deux tables-rondes organisées sont au coeur de cet événement et marquent l’engagement des Présidentes d’Assemblée en faveur de :
• l’éducation à l’égalité, la santé et la lutte contre les violences ;
• l’égalité et la parité en politique, et l’affirmation de rôles-modèles féminins.

MODALITÉS

Les présidentes d’Assemblée seront invitées à participer à deux tables-rondes le jeudi 7 mars en salle Lamartine. L’interprétariat sera assuré en simultané. Chaque table ronde sera introduite par un duo de Keynote speakers parmi les Présidentes.

10h30 - 11h45 • TABLE RONDE 1

Éducation à l’égalité, santé et lutte contre les violences

Ouverture par Mme Valérie Rabault, première vice-présidente de l’Assemblée nationale

Keynote speakers : Mme Eliane Tillieux [Belgique], Mme Nosiviwe Mapisa-Nqakula [Afrique du Sud] 5 minutes chacune.

L’éducation, qui est la clé de voûte du développement, apparaît comme la condition première de l’émancipation économique des femmes et de leur accès à l’égalité dans tous les domaines. Si l’écart de scolarisation entre filles et garçons s’est considérablement réduit ces vingt dernières années, deux tiers des personnes analphabètes dans le monde sont des femmes et certains pays connaissent actuellement d’inquiétantes régressions. Ainsi, en Afghanistan, les jeunes filles sont depuis 2022 interdites d’enseignement secondaire et supérieur. Par ailleurs, dans les pays où les femmes sont aussi nombreuses que les hommes à poursuivre des études supérieures, on observe une nette sous-représentation des femmes dans les filières dites « d’avenir », telles que l’innovation technologique ou scientifique. 

Plus largement, l’éducation est un vecteur d’égalité car elle permet, dès le plus jeune âge, de lutter contre les discriminations de toute nature et les stéréotypes sexistes risquant de se reproduire ensuite dans la sphère professionnelle, sociale et privée. Cela passe par la sensibilisation aux violences de genre et à la protection de la santé sexuelle mais aussi par la valorisation du même type de carrières professionnelles pour les filles et les garçons, essentielle afin que les plus jeunes puissent envisager un avenir égalitaire. 

L’accès des femmes à la santé et la protection de leurs droits sexuels et reproductifs est un autre défi majeur en termes d’égalité. Définis comme des droits fondamentaux des femmes lors de la conférence de Pékin de 1995, ils comprennent l’accès à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité, l’accès sécurisé à l’avortement ou encore la lutte contre les pratiques violentes et néfastes pour les femmes telles que l’excision. Combat emblématique des mouvements féministes, l’accès des femmes à la santé sexuelle et reproductive conditionne leur liberté à disposer de leurs corps et à être maîtresse de leur sexualité, liberté qui est aujourd’hui très inégalement assurée à travers le monde. Selon l’OMS, 45 % des avortements pratiqués chaque année dans le monde ne sont pas sécurisés et un tiers d’entre eux sont pratiqués dans les conditions les plus dangereuses. La France est aujourd’hui l’un des pays leaders dans la défense, sur le plan diplomatique, des droits sexuels et reproductifs (400 M € consacrés sur 5 ans) et s’apprête à inscrire la liberté de recourir à l’avortement dans sa Constitution. Plus récemment, la lutte contre la précarité menstruelle est devenue dans plusieurs pays une priorité en termes de réduction des inégalités de genre et d’accès à la santé.

L’accès des femmes à la santé ne se limite cependant pas à la sphère sexuelle et gynécologique : les maladies cardiovasculaires sont aujourd’hui la première cause de mortalité des femmes et présentent des symptômes moins bien identifiés par la communauté médicale que celles des hommes. Les femmes sont également davantage concernées que les hommes par les problématiques de santé mentale, quel que soit leur âge. 

La lutte contre toutes les formes de violences faites aux femmes demeure une priorité au niveau tant international que national. Elle constitue la première coalition d’action du Forum Génération Égalité réuni à Mexico et à Paris en 2021. La violence à l’égard des femmes est une violation majeure de leurs droits, qui a des répercussions tant physiques que psychologiques pouvant aller jusqu’à la mort. Dans le monde, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie et cinq femmes décèdent chaque heure du fait de violences intrafamiliales. Les femmes en situation de handicap sont deux fois plus victimes que les autres de violences verbales, physiques et sexuelles, un enjeu très inégalement pris en compte dans le monde. Les mutilations génitales féminines et les mariages forcés font également partie des violences et des atteintes à l’intégrité dont les femmes sont encore trop souvent victimes. Les femmes représentent par ailleurs plus de 70 % des victimes de traite dans
le monde, en majeure partie à des fins d’exploitation sexuelle et de prostitution forcée. Les femmes sont également plus exposées que les hommes aux cyber-violences et aux violences économiques. Malgré une prise de conscience mondiale et des législations qui progressent dans de nombreux pays, l’effectivité de l’accès des femmes à leurs droits en matière de protection contre les violences demeure aléatoire. Enjeu majeur de coopération entre les services publics que sont la santé, la justice et la police, la lutte contre les violences faites aux femmes ne saurait progresser sans une intégration pleine et entière à l’éducation dès le plus jeune âge.

Axes de discussions

• l’accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur pour toutes, la transformation des modèles éducatifs pour assurer l’égalité entre les femmes et les hommes ;

• les progrès et les résistances en matière de santé sexuelle et reproductive, le rôle des Parlements nationaux pour renforcer les droits et assurer leur effectivité ;

• les avancées législatives pour faire reculer toutes les formes de violences faites aux femmes notamment les femmes en situation de handicap, les modèles probants en termes de prévention et de prise en charge des violences.

11h45 - 12h45 • TABLE RONDE 2

Égalité et parité en politique, affirmation de rôles modèles féminins

Keynote speakers : Mme Bärbel Bas [Allemagne] et Mme Marcela Guerra Castillo [Mexique] 5 minutes chacune.

La représentation paritaire des femmes dans les fonctions électives, et plus largement dans les postes à responsabilité dans les secteurs public comme privé, est une priorité que nous incarnons au quotidien. Si l’égalité d’accès aux fonctions électives existe en droit dans tous les Parlements nationaux, son effectivité est loin d’être assurée et connaît de grandes disparités en fonction des pays.

Seuls 28 pays dans le monde ont à leur tête une femme chef d’État ou de Gouvernement. Les portefeuilles ministériels où les femmes sont les plus nombreuses demeurent ceux de la Famille, de la Protection sociale, ou encore des droits des minorités. Au niveau des Parlements nationaux, on recense 26 % de femmes parlementaires et seulement 6 Parlements ayant atteint ou dépassé la parité en 2023. 19,6 % de Parlements ont à leur tête une Présidente. ONU Femmes estime ainsi qu’au rythme actuel, la parité dans les instances législatives nationales ne sera pas atteinte avant 2063.

Garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès égal aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique, fait partie des cibles des objectifs de développement durable de l’ONU pour 2030 pour parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes.

Divers instruments contraignants ou incitatifs existent pour favoriser la représentation des femmes dans les postes à responsabilité. Celle-ci est notamment liée à la capacité des employeurs à proposer une réelle politique d’inclusion des femmes dans le monde du travail, qui passe par l’accompagnement de la parentalité, la facilitation de la conciliation entre vie privée et vie professionnelle ou encore la lutte contre les violences de genre et le harcèlement sur le lieu de travail.

L’affirmation de modèles féminins dépasse largement le secteur politique et le monde du travail dans son ensemble doit progresser pour permettre aux femmes d’occuper des rôles de premier plan. Dans le monde entier, les femmes sont plus susceptibles de travailler dans des emplois informels et dans des emplois vulnérables, mal payés ou sous-évalués. L’accès des femmes au financement de leur projet et aux services financiers fait également l’objet de profondes inégalités de genre qui empêchent trop souvent les femmes de se lancer dans des activités telles que l’entreprenariat.

Axes de discussions

• les outils juridiques pour favoriser la représentation des femmes en politique et l’échange de bonnes pratiques pour faire avancer la diplomatie féministe ;

• le rôle des Parlements nationaux en tant qu’institution pour améliorer l’inclusion des femmes en leur sein et accompagner leurs carrières ;

• les perspectives et les freins à l’affirmation de rôles modèles féminins dans le monde du travail.