Mission flash sur les conséquences de la géothermie profonde
Mardi 7 novembre 2023, la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire a créé la mission d’information sur les conséquences de la géothermie profonde.
Gérard Leseul (SOC, Seine-Maritime) et Vincent Thiébaut (HOR, Bas-Rhin) en étaient les co-rapporteurs.
La géothermie profonde exploite des nappes d’eau souterraines de températures comprises entre 30°C et 200°C, à des profondeurs comprises entre 500 et 3 000 mètres. Ces aquifères profonds se situent dans des bassins sédimentaires comme les bassins parisien et aquitain, le fossé rhénan, le couloir rhodanien, le Limagne et le Hainaut. Techniquement, cette technologie permet un échange direct de chaleur entre l’eau géothermale pompée et réinjectée et l’eau du système de chaleur. Elle permet ainsi la production de chaleur ou d’électricité ou des deux dans le cadre de projets de cogénération.
Selon les chiffres présentés par le ministère de la Transition énergétique, la géothermie profonde représente 78 installations en fonctionnement fin 2022 pour la production de chaleur (58 en Île-de-France et 1 en Centre-Val de Loire sur le bassin parisien, 15 en Nouvelle-Aquitaine et 3 en Occitanie sur les bassins aquitain et du Sud-Est, 1 dans le Bas-Rhin). En ce qui concerne la production d’électricité, une seule exploitation existe à Bouillante en Guadeloupe.
Le 2 février 2023, le Gouvernement a présenté un plan d’action pour accélérer le passage à la géothermie qui a, notamment, pour objectif d’augmenter de 40 % le nombre de projets de géothermie profonde lancés d’ici à 2030.
Si la géothermie profonde suscite un certain attrait, ces dernières années se sont exprimées un certain nombre d’inquiétudes par rapport au développement de projets. Ainsi le 9 décembre 2020, la préfecture du Bas-Rhin a décidé d’arrêter définitivement les travaux sur le site du projet de géothermie profonde à Vendenheim qui devait alimenter en électricité et en chaleur près de 20 000 logements. La préfecture a expliqué « qu’une série d’événements sismiques dont un séisme de magnitude 3,59, ressenti le 4 décembre a remis en cause, de par son caractère non prévisible et son ampleur, la poursuite des opérations du projet en zone urbanisée ».
En outre, il apparait que les eaux géothermales, notamment alsaciennes, pourraient contenir du lithium qui serait susceptible être extrait à travers ces installations.
Selon un rapport de juillet 2017 de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), « comme toute activité industrielle, la géothermie profonde s’accompagne de nuisances potentielles et d’un certain nombre de risques possibles pour les personnes et pour l’environnement, qu’il convient de bien identifier et de savoir maîtriser ».
La mission d’information s'est donné pour objectif de faire un état des lieux de la géothermie profonde en France et de faire des propositions pour la mise en œuvre des nouveaux chantiers. Elle a auditionné les acteurs locaux, les services de l’État et le secteur associatif pour ou contre cette source de production d’énergie. Elle a rendu ses conclusions le mercredi 13 mars 2024.