Première séance du vendredi 16 mai 2025
- Présidence de Mme Clémence Guetté
- 1. Accompagnement et soins palliatifs (suite)
- Rappel au règlement
- Discussion des articles (suite)
- Article 10
- M. Christophe Bentz
- Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales
- Mme Élise Leboucher
- M. Patrick Hetzel
- Mme Catherine Vautrin, ministre
- Amendement no 6
- M. François Gernigon, rapporteur de la commission des affaires sociales
- Amendements nos 486, 95, 414, 591, 612, 631, 674 rectifié et 62
- Rappel au règlement
- Article 10 (suite)
- Suspension et reprise de la séance
- Article 11
- M. Patrick Hetzel
- Amendements nos 657 et 681
- Sous-amendement no 806
- Après l’article 11
- Amendement no 238
- Article 11 bis
- Article 11 ter
- Amendement no 618
- Article 11 quater
- Article 11 quinquies
- Article 12
- Après l’article 12
- Article 13
- M. Charles Sitzenstuhl
- M. Patrick Hetzel
- Amendements nos 318, 151 et 417
- Après l’article 13
- Article 14
- Amendements nos 424, 444, 650, 274, 105, 447 rectifié, 622 rectifié, 652 rectifié, 508, 445, 623, 502 et 678
- Article 10
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Clémence Guetté
vice-présidente
Mme la présidente
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à neuf heures.)
1. Accompagnement et soins palliatifs (suite)
Suite de la discussion d’une proposition de loi
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs (nos 1102, 1281).
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. René Pilato, pour un rappel au règlement.
M. René Pilato
Il se fonde sur l’article 99 du règlement de l’Assemblée nationale. Madame la ministre, pour montrer notre bonne foi et afin de satisfaire ceux qui veulent une étanchéité entre les deux textes – tout comme nous-mêmes, qui avons été déçus par le rejet de l’article 8, qui concerne la formation –, nous vous proposons, puisque vous avez le droit d’amendement pour le deuxième texte, de déposer un amendement visant à pour créer une formation sur l’aide à mourir. Le premier texte prévoirait une formation centrée sur la fin de vie, les soins palliatifs et l’accompagnement, et le second serait enrichi des dispositions initialement prévues dans le premier. La confusion provient du fait que nous n’avions au départ qu’un seul texte ; il était normal de lier la formation à l’aide à mourir et celle à l’accompagnement et aux soins palliatifs. Quand le texte a été séparé en deux… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles.
Mme Catherine Vautrin, ministre du travail, de la santé, des solidarités et des familles
Je vous remercie, monsieur Pilato, de votre demande et de la précision apportée. Puisque nous examinons deux textes, il est important, au moment où nous entamons les débats, de considérer chacun d’entre eux de manière distincte. Depuis lundi, nous disons d’ailleurs que la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs ne concerne que ces derniers ; les dispositions qui se rapportent à l’aide à mourir devront figurer dans le second texte, dont c’est l’objet.
Il faudra que l’on regarde de quel type de formation il s’agit. D’ores et déjà, je veux souligner qu’il sera important d’insister sur son caractère facultatif, puisque les professionnels pourront faire valoir leur clause de conscience – je réfléchis tout haut à votre proposition. Sur le principe, je suis prête à travailler le sujet et à formuler des propositions lorsque nous examinerons la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir.
Permettez-moi d’élargir le propos : dans la discussion que nous aurons aujourd’hui, en particulier sur les maisons d’accompagnement, peut-être pourrions-nous collectivement acter le principe que dans ce texte, nous ne parlons que de soins palliatifs, et que nous préciserons ces éléments lorsque nous examinerons le texte relatif au droit à l’aide à mourir.
M. Thibault Bazin
Excellent !
Mme Catherine Vautrin, ministre
Cela permettrait de limiter le risque de confusion entre les deux textes et de respecter l’étanchéité choisie par certains d’entre vous.
Mme la présidente
Madame Vidal, vous souhaitez faire un rappel au règlement ?
Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales
Non, ce n’est pas un rappel au règlement.
Mme la présidente
Dans ce cas, je vous laisse vous inscrire sur l’article 10, dont nous allons entamer l’examen.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je souhaite juste réagir aux propos qui viennent d’être tenus, compte tenu du fait que j’avais la responsabilité de l’article 8 bis en tant que rapporteure.
Mme la présidente
Je vous propose de faire un rappel au règlement – sans cela, tout le monde va souhaiter prendre la parole – ou bien de vous inscrire sur l’article – vous aurez la parole pour deux minutes.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je m’inscris sur l’article.
Mme la présidente
Très bien.
Discussion des articles (suite)
Mme la présidente
Mercredi 14 mai, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles de la proposition de loi, s’arrêtant à l’article 10.
Article 10
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Avant-hier, lors de l’examen de l’article 8 relatif à la formation, certains collègues ont voulu jouer avec le feu et se sont brûlés – ils ont considéré qu’il était pertinent d’introduire les pratiques euthanasiques dans la formation en médecine palliative.
M. Hadrien Clouet
En médecine générale !
M. Christophe Bentz
C’était la preuve éclatante de l’absence d’étanchéité entre les deux textes. Résultat, nous avons dû supprimer l’article 8 et nous le regrettons.
M. Hadrien Clouet
Mais oui, c’est ça !
M. Christophe Bentz
Sur l’article 10, notre inquiétude est de même nature, madame la ministre. Dans votre réponse aux propos de M. Pilato, vous avez évoqué de nouveau l’importance de l’étanchéité. Nous vous suivons totalement sur ce point, mais nous avons quelques craintes et réserves sur l’article 10 relatif aux maisons d’accompagnement et de soins palliatifs. En effet, il y a un an, nous vous avions interrogée en commission sur la possibilité d’administrer une substance létale dans le cadre des maisons d’accompagnement, et vous aviez répondu qu’à partir du moment où ces maisons pouvaient être un domicile, alors des suicides assistés ou des euthanasies pourraient y être pratiqués. Notre positionnement et notre vote sur l’article 10 dépendront grandement de la réponse que vous nous apporterez dans le cadre de l’examen de ce texte. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
M. Hadrien Clouet
Si vous regrettez votre vote, on peut revoter !
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales.
Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales
Je m’exprime non pas au nom du groupe EPR, mais en tant que rapporteure et auteure du texte. Je soutiens la proposition de M. Pilato. J’ai clairement indiqué dans la discussion que je ne doutais pas que la formation à l’aide à mourir serait nécessaire, si un tel droit était créé, mais qu’elle n’avait pas sa place dans la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs. Nous avons d’ailleurs tenté tout au long de la discussion de préserver l’étanchéité entre les deux textes pour cibler les échanges sur l’objet de ce texte, à savoir le développement de l’accompagnement et des soins palliatifs.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher.
Mme Élise Leboucher
Nous arrivons à l’un des articles essentiels : il répond à un manque dans le maillage des établissements médico-sociaux existants en France. Alors que 60 % des Français déclarent vouloir finir leurs jours chez eux, 53 % des décès surviennent dans une structure hospitalière. Il est urgent de sortir de l’approche hospitalo-centrée qui a prévalu jusqu’à maintenant. Cependant, il reste des patients dont les situations médicales sont stabilisées et qui ne nécessitent pas une prise en charge hospitalière, pour lesquels le retour à domicile n’est pas possible. Il manque donc un chaînon dans le maillage pour les accueillir. La Convention citoyenne sur la fin de vie, la Cour des comptes et le rapport Chauvin ont appelé au développement des solutions intermédiaires pour accueillir les personnes en fin de vie quel que soit leur âge.
Pour que ces maisons d’accompagnement soient effectives et réparties au mieux sur le territoire, nous vous invitons à suivre les recommandations du rapport Chauvin, qui préconise d’ouvrir à terme 100 maisons d’accompagnement. Pour cela, il faudra joindre les actes à la parole et adopter des investissements publics massifs dans la santé lors des prochains projets de loi de finances (PLF) et projets de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
Enfin, j’alerte sur les amendements qui viseraient à revenir sur l’exclusion du secteur privé à but lucratif des maisons d’accompagnement. On entend de toutes parts monter la petite musique de l’austérité budgétaire. Or, quand l’État n’investit plus suffisamment, voire se retire, les acteurs privés s’engouffrent et engrangent des profits au détriment des membres les plus vulnérables de la société. Les résultats sont édifiants, comme en témoignent les scandales dans les Ehpad et les crèches. Nous refusons de prendre ce risque pour les maisons d’accompagnement, qui ont vocation à accueillir des publics vulnérables. Les besoins peuvent être couverts par le secteur public et le secteur privé à but non lucratif à condition de s’en donner les moyens. Nous ne voulons pas d’établissements Orpea de la fin de vie. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Nous nous posons plusieurs questions en lien avec cet article. Tout d’abord, la rédaction actuelle soulève des difficultés. Nous aimerions avoir des précisions sur le statut juridique des maisons d’accompagnement. S’agira-t-il d’un établissement de santé, dans lequel la prise en charge sera intégrale, ou d’un établissement médico-social, dans lequel les personnes devront s’acquitter d’un reste à charge ? Ces points ne sont pas réglés.
Mme Leboucher a évoqué à l’instant la place du secteur privé, notamment lucratif, mais nous n’avons pas la même vision qu’elle. La question reste entière. Nous aimerions connaître les intentions du gouvernement, puisque, nous le savons, ces propositions de loi sont la reprise d’un projet de loi gouvernemental défendu lors de la précédente législature. Madame la ministre, pouvez-vous nous éclairer sur les intentions du gouvernement concernant les maisons d’accompagnement ? Quid de la partie répit : qu’est-ce qu’elle englobera ou au contraire n’englobera pas ?
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Vautrin, ministre
La proposition du groupe de travail présidé par le professeur Chauvin visait à répondre au constat que certains patients, alors qu’ils ne relèvent plus de la technicité d’un service hospitalier, ne peuvent pas rentrer chez eux, parce qu’ils sont seuls ou parce que leur logement n’est pas adapté à l’accueil d’un grand malade. Ces maisons auront le statut d’établissement et service social et médico-social (ESMS) mais seront avant tout des lieux d’hébergement. Les soins dont le patient aura besoin seront dispensés essentiellement par les professionnels de l’hospitalisation à domicile (HAD).
En ce qui concerne le reste à charge, le financement sera assuré par un forfait journalier comme en milieu hospitalier. Ces dispositions seront déterminées par la voie réglementaire, mais on peut imaginer un reste à charge de l’ordre d’une vingtaine d’euros par jour pour la personne accueillie.
Mme la présidente
Nous en arrivons aux amendements à l’article 10. La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement de suppression no 6.
Mme Justine Gruet
Ne vous méprenez pas sur mon intention de supprimer cet article : je souhaite avant tout obtenir des précisions à son sujet, dans la continuité des propos de notre collègue Hetzel. Il est important de démédicaliser la fin de vie pour répondre aux attentes de nos concitoyens – nous en sommes tous d’accord. Malheureusement, la perte d’autonomie et la dépendance sont insuffisamment prises en charge : en raison du coût du reste à charge en Ehpad et de l’absence d’accompagnement dans le maintien à domicile, les personnes en fin de vie sont parfois contraintes d’être hospitalisées par manque d’accompagnement humain ou de ressources financières suffisantes – ce qui, à mon sens, ne répond pas à leurs souhaits. Madame la ministre, pourriez-vous préciser à la représentation nationale, comme vous venez de commencer à le faire, le statut de ces maisons et leur niveau de prise en charge ?
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je viens de répondre !
Mme Justine Gruet
Quel sera le reste à charge pour les patients ? En effet, si ce dernier est inexistant à l’hôpital et qu’il est considérable dans les maisons d’accompagnement, nous manquerons l’objectif de démédicaliser. Le coût de fonctionnement des maisons d’accompagnement sera-t-il intégré à la stratégie décennale des soins d’accompagnement ? Serons-nous en mesure de les déployer sur l’ensemble du territoire ? Quels seront les moyens alloués ? Si l’on veut réellement suppléer nos hôpitaux, les conditions d’accès doivent être les mêmes.
Je veux alerter sur un point portant plutôt sur le second texte : il ne devrait pas être possible de recourir à l’aide à mourir si des soins palliatifs n’ont pas été dispensés au préalable – puisque la temporalité n’est pas la même – dans les maisons d’accompagnement.
Enfin, je m’interroge sur la création d’une nouvelle structure, alors que celles qui existent connaissent des difficultés, notamment sur le plan des ressources humaines. Un tiers des Ehpad ne disposent pas d’un médecin coordinateur, ils sont nombreux à ne pas avoir d’infirmière de nuit et le turn-over des aides-soignantes y est élevé. Les maisons d’accompagnement constituent une excellente initiative, mais nous nous tromperons collectivement si nous n’assurons pas une prise en charge cohérente et un déploiement sur l’ensemble du territoire.
Mme la présidente
La parole est à M. François Gernigon, rapporteur de la commission des affaires sociales, pour donner l’avis de la commission.
M. François Gernigon, rapporteur de la commission des affaires sociales
L’article 10 crée une nouvelle catégorie d’établissements médico-sociaux. Mme la ministre a rappelé les fonctions de ces maisons d’accompagnement, qui sont des structures intermédiaires entre le domicile et l’hôpital. Leur création vise à diminuer le recours à l’hospitalisation pour des situations médicales stabilisées.
J’entends vos craintes, mais je précise que les maisons d’accompagnement ne se substituent en rien aux unités de soins palliatifs. Je laisse la ministre préciser la fonction de ces nouveaux établissements. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Catherine Vautrin, ministre
Si j’ai bien compris vos propos, madame la députée, vous trouvez l’initiative intéressante mais vous présentez un amendement de suppression. J’y suis totalement défavorable, puisque la nouvelle structure que nous proposons de créer répond spécifiquement à un besoin qui n’est pas satisfait aujourd’hui. Je veux rappeler un élément très important pour nos débats : si des personnes âgées sont accueillies dans des établissements pour personnes dépendantes, ayons conscience que la maladie frappe à tous les âges.
C’est pourquoi nous avons besoin d’une structure qui accueille des personnes qui peuvent avoir 30 ans et dont la pathologie et l’état de santé très grave ne sont pas forcément liés à l’âge. Si leur situation ne relève pas d’une prise en charge par l’hôpital, ils ne peuvent pas non plus rentrer chez eux, soit parce qu’ils sont seuls, soit parce que leur logement ne le leur permet pas : voilà la raison de la création d’un établissement nouveau, qu’il faut donc décorréler de la question du grand âge.
M. René Pilato
Eh oui !
Mme Catherine Vautrin, ministre
Pour répondre à vos questions, les maisons d’accompagnement offriront une quinzaine de places – l’objectif n’est pas de créer des superstructures. Le coût d’une place, estimé à ce stade à 60 000 euros, sera composé pour l’essentiel des frais de personnel – qui sera chargé de l’accompagnement, de la coordination des différents acteurs, notamment de ceux qui effectuent l’hospitalisation à domicile, de l’entretien et de l’accueil –, ainsi que des prestations extérieures d’alimentation et de fonctionnement. Chaque structure coûtera donc environ 1 million d’euros par an.
La phase d’expérimentation verra la création d’une quinzaine de maisons d’accompagnement. L’évaluation en sera faite dans deux ou trois ans avant un éventuel élargissement de leur déploiement. Avec dix maisons créées chaque année, il faudra un financement nouveau de 10 millions d’euros par an. Une partie des crédits budgétaires sera issue des moyens alloués à la stratégie décennale, dont le budget annuel est de 100 millions d’euros par an. En parallèle, s’agissant d’établissements médico-sociaux, leur fonctionnement sera partiellement assis sur la loi de financement de la sécurité sociale. Pour toutes ces raisons, je suis totalement défavorable à votre amendement.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Cet amendement de suppression est totalement inadapté, car la nature des maisons d’accompagnement a évolué avec le travail parlementaire. Au fil de nos débats, nous avons mieux compris leur fonction et leur vocation. Elles seront destinées à des patients jeunes qui ne peuvent rester à domicile pour des raisons de logement ou de présence d’enfants, ainsi qu’à des personnes âgées malades – veillons d’ailleurs à ne pas confondre personnes âgées et personnes atteintes d’une maladie incurable prise en charge dans une unité de soins palliatifs.
Cette nouvelle structure peut donc s’apparenter à un domicile, où le patient reçoit des soins nécessaires au traitement de la douleur ou à l’accompagnement de fin de vie – séjour complété le cas échéant par des allers et retours avec la maison ou les unités de soins palliatifs. Les maisons d’accompagnement ont donc leur raison d’être. Elles sont nécessaires aux patients pour lesquels le maintien à domicile devient difficile pour de multiples raisons ; elles sont bien définies, financées et adaptées.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Nous ne voterons pas l’amendement de suppression de nos collègues de la Droite républicaine. Par principe, nous sommes favorables, voire très favorables à la création des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs. De plus, nous privilégions le débat et l’examen des amendements qui vont suivre. Nous réservons bien entendu notre vote final sur l’article 10 en fonction des réponses de Mme la ministre à nos questions.
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
Il serait bien que nous nous respections les uns les autres pour garantir un débat apaisé. Madame la ministre, vous soulignez ce qui vous semble constituer une contradiction dans ma précédente prise de parole : j’exprime simplement des doutes quant à la création d’une nouvelle structure, alors qu’on a déjà du mal à financer et à déployer les établissements existants. De plus, avec une dizaine de maisons à l’échelle nationale, je ne voudrais pas qu’on laisse croire à nos concitoyens qu’il s’agit d’une solution miracle : rien ne changera si nous ne nous donnons pas les moyens de les financer. Enfin, le secteur médico-social dépend aussi de l’engagement des départements. Je ne suis pas sûre qu’ils seront tous capables de supporter une charge financière supplémentaire.
Malgré mes réserves, je vous redis ma volonté de voir naître ces maisons d’accompagnement qui répondent à un manque : nous devons humaniser et peut-être aussi démédicaliser la fin de vie. C’est pourquoi je retire mon amendement, qui visait avant tout à émettre une alerte : si nous voulons que ces maisons d’accompagnement voient le jour, réussissent dans la durée et répondent pleinement aux attentes de nos concitoyens dans tout le pays, nous devons nous en donner les moyens.
(L’amendement no 6 est retiré.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille, pour soutenir l’amendement no 486.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Il vise à préciser la rédaction de l’article 10. L’alinéa 5 parle de maisons de répit. Or celles-ci existent déjà, notamment pour aider les familles qui ont des enfants handicapés ou autistes ainsi que des personnes souffrant de maladies curables et qui ne sont pas en fin de vie. C’est pourquoi l’utilisation de ce terme risque d’apporter une confusion. De plus, le même alinéa dispose que les maisons d’accompagnement constituent aussi des lieux de répit temporaire pour les aidants. Ce n’est pas le cas : ce sont des lieux de séjour temporaire pour les patients, afin de soutenir les aidants.
Cet amendement de précision rédactionnelle vise donc à éviter de confondre les maisons de répit avec les maisons d’accompagnement et à préciser qu’il ne s’agit pas d’un répit pour les aidants, mais pour les patients afin de soutenir les aidants.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Vous souhaitez supprimer la notion de répit dans la définition des maisons d’accompagnement. En fait, celles-ci ne sont pas des maisons de répit, mais bien des lieux de répit. Après les débats que nous avons eus en commission sur l’appellation de ces maisons, je vous propose de nous en tenir à la dénomination « maison d’accompagnement et de soins palliatifs », comme le propose mon amendement rédactionnel no 591 qui va suivre.
De plus, je partage avec vous le souci d’améliorer la rédaction de l’alinéa 5. Là encore, je vous invite à adopter dans quelques instants mon amendement no 674, qui vise à en réécrire la première phrase pour la rendre plus claire et à supprimer la deuxième phrase qui comprend la notion de répit. C’est pourquoi je vous demande de retirer votre amendement ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je comprends votre demande, mais votre amendement me gêne dans la mesure où, en supprimant la première phrase de l’alinéa, son adoption supprimerait aussi la notion d’alternative au domicile. Or la situation que nous évoquons est celle d’un patient qui n’a pas d’aidant, qui vit seul et qui ne peut pas rentrer chez lui. Il convient de conserver la mention de l’absence de volonté ou de possibilité de rentrer chez soi, c’est pourquoi je vous demande de retirer votre amendement au profit du no 674 de votre collègue François Gernigon, qui est plus précis ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Le retirez-vous, monsieur Isaac-Sibille ?
M. Cyrille Isaac-Sibille
Je lis l’amendement de M. le rapporteur et j’entends la réponse de la ministre. Mon amendement propose la mention de « séjour temporaire pour les patients », il s’agit donc bien d’une alternative au domicile. Je proposais simplement d’éviter la confusion entre les maisons de répit qui existent déjà et les maisons d’accompagnement : les premières sont destinées aux personnes qui ne sont pas forcément en fin de vie, mais qui souffrent de maladies très contraignantes pour les aidants et les familles – je pense notamment à l’autisme. Si mon collègue Gernigon réécrit l’alinéa en supprimant la notion de répit et en précisant bien qu’il s’agit d’un séjour temporaire, je retire mon amendement.
(L’amendement no 486 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de cinq amendements, nos 95, 414, 591, 612 et 631, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 95 et 414 sont identiques, ainsi que les amendements nos 591 et 612.
Sur les amendements identiques nos 95 et 414, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Thibault Bazin, pour soutenir l’amendement no 95.
M. Thibault Bazin
Nous en arrivons donc à l’article 10. Répond-il à un besoin ? Oui, car il y avait un trou dans la raquette pour les patients à la situation desquels l’hôpital n’est plus adapté mais dont le retour à domicile n’est pas possible. La création des maisons va donc constituer une meilleure réponse que celle qui existe déjà. En revanche, le risque de cette mesure est celui de l’allocation des ressources, surtout lorsque l’on souffre d’une pénurie ou d’une limitation des moyens. Il s’agit là d’une profonde question éthique.
C’est pourquoi il ne faut pas se tromper de cible : la mission des maisons d’accompagnement doit être très claire, leur dénomination aussi. J’avais déposé un amendement visant à décrire la phase d’expérimentation et d’évaluation – une quinzaine de maisons et un bilan après deux ou trois ans de fonctionnement, comme vous venez de le rappeler –, mais il a été jugé irrecevable car relevant de la compétence du gouvernement.
Ces nouvelles maisons, bien que demandées par les praticiens des soins palliatifs, les inquiétaient lorsqu’une seule proposition de loi était envisagée. Dès lors que l’étanchéité entre deux textes différents est garantie, ils sont rassurés, nous aussi. Demeure toutefois un souci rédactionnel, puisque la dénomination des maisons n’est pas la même aux alinéas 5 et 13. Je vous propose d’adopter la même, à savoir « maisons de soins palliatifs », en cohérence avec leur objet.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such, pour soutenir l’amendement no 414.
Mme Sandrine Dogor-Such
Vous présentez les maisons d’accompagnement comme une solution d’hébergement alternative à l’hôpital et au domicile. Le risque est grand que, faute de moyens humains et financiers, elles ne deviennent des lieux de soins dégradés qui finissent par se substituer aux unités de soins palliatifs (USP), voire empêchent leur création dans les départements qui en sont dépourvus. De plus, cet amendement d’appel exprime un doute : même si Mme la ministre a précisé que nous débattons du texte sur les soins palliatifs, ces maisons ne sont-elles pas créées pour offrir des lieux où l’aide à mourir va être pratiquée ?
C’est pourquoi nous proposons de préciser les missions de ces maisons et leur intégration dans l’offre de soins palliatifs. Les patients hospitalisés en USP rentrent chez eux quand ils vont mieux ; qu’en sera-t-il avec ces nouvelles structures ? Les USP offrent un accompagnement de qualité et les patients s’y sentent bien ; il ne faudrait pas que le développement des maisons d’accompagnement, au rythme de dix par an pendant dix ans, se fasse au détriment de la création de nouvelles USP, voire conduise à leur fermeture.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 591.
M. François Gernigon, rapporteur
Il vise à insérer « et » après le mot « accompagnement » à la première phrase de l’alinéa 5 en cohérence avec la formulation prévue à l’alinéa 13 : « maisons d’accompagnement et de soins palliatifs ». C’est donc un amendement rédactionnel.
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 612.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Il est identique au précédent.
Mme Gruet et M. Isaac-Sibille ayant tous les deux retiré leurs amendements, je n’ai pas pu prendre la parole après leurs interventions. Je voudrais donc leur répondre, ainsi qu’à Mme Dogor-Such, qui a exprimé son inquiétude sur les nouveaux établissements que sont les maisons d’accompagnement.
Ces maisons constituent une nouvelle étape dans la filière des soins palliatifs, l’objet de la proposition de loi étant de permettre une gradation dans ces soins. En créant ces nouveaux établissements, il ne s’agit pas, madame Dogor-Such, de créer des soins palliatifs dégradés – surtout pas ! Il ne s’agit pas non plus de remplacer les unités de soins palliatifs, destinées à prendre en charge les cas les plus difficiles et complexes. Toutefois, faute de structures, nous manquons de solutions quand le maintien à domicile n’est pas possible, ce qui est le cas dans des situations diverses.
J’ai rencontré une jeune femme de 44 ans dans une unité de soins palliatifs. Bien prise en charge, elle aurait pu rentrer à son domicile. Elle ne le faisait pas parce qu’elle était mère célibataire : « Madame la ministre, je ne veux pas que mon fils me découvre morte un matin au réveil. »
Les maisons d’accompagnement ont précisément pour but d’accueillir des personnes dont le retour à domicile n’est pas possible et dont l’hospitalisation n’est plus nécessaire. Elles interviennent pendant la phase de transition et ne répondent en aucun cas à une volonté de créer des soins dégradés. J’invite ceux qui auraient des doutes à aller visiter la maison Astrolabe, à Cahuzac-sur-Vère. C’est l’une des premières maisons d’accompagnement qui a été créée. Elle montre à quel point le dispositif est nécessaire.
Je partage la position de M. Isaac-Sibille : il n’était pas judicieux de nommer ces établissements « maisons de répit », ce qui créait une confusion ; il est préférable de conserver l’appellation « maisons d’accompagnement ». (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Hadrien Clouet
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à M. René Pilato, pour soutenir l’amendement no 631.
M. René Pilato
Nous souhaitons quant à nous supprimer carrément les mots « et de soins palliatifs » dans la dénomination des nouveaux établissements. Dans les « maisons d’accompagnement », des gestes techniques utiles peuvent être réalisés quand le maintien à domicile n’est pas possible, mais si des soins palliatifs sont nécessaires, ils seront dispensés dans un second temps.
Les maisons d’accompagnement sont censées répondre aux besoins de malades en fin de vie dans un environnement peu médicalisé. Leur dénomination originelle reflète le mieux leur spécificité. Par cohérence, nous proposons de supprimer également les mots « et de soins palliatifs » à l’alinéa 13.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces cinq amendements en discussion commune ?
M. François Gernigon, rapporteur
Avis défavorable sur les amendements nos 95, 414, 612 et 631. Avis favorable, bien sûr, sur le no 591 dont je suis l’auteur.
M. René Pilato
C’est ce qu’on appelle être juge et partie ! (Sourires.)
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Catherine Vautrin, ministre
Même avis. Permettez-moi de revenir quelques instants sur tout ce qui a été dit, notamment par Mme Dogor-Such.
Comme vous, madame Dogor-Such, je crois que nous devons faire très attention à ce qu’il n’y ait pas de confusion possible entre les différents établissements. Vous avez raison, les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs ne doivent en aucun cas devenir des unités de soins palliatifs de deuxième ordre. Nous nous sommes interrogés, à un moment donné, sur l’opportunité d’implanter les premiers établissements expérimentateurs dans les départements dépourvus d’USP. Je pense aujourd’hui que ce ne serait pas une bonne idée, précisément parce que notre objectif est que chaque département possède une unité de soins palliatifs. Parallèlement au maillage du territoire, nous souhaitons expérimenter une nouvelle structure d’accompagnement et de soins palliatifs, qui, comme son nom l’indique, n’est pas une unité de soins palliatifs. Voilà pourquoi nous devons veiller à choisir la bonne appellation pour ces nouveaux établissements. Depuis le début de la séance, nous avons insisté sur le fait qu’ils constituaient un sas particulier et nécessaire parce que répondant à des situations personnelles liées à l’âge, à la solitude, à l’absence d’aidant ou à un domicile inadapté.
Vous connaissez très bien le sujet, madame Dogor-Such : vous savez donc que certaines personnes vont en soins palliatifs, puis rentrent chez elles, et parfois y reviennent. Il y a une semaine, j’étais à l’hôpital Jean-Jaurès, à Paris. Le chef du service a eu cette formule : « Soins palliatifs un jour, soins palliatifs toujours. » Il exprimait ainsi le fait qu’une personne hospitalisée dans une USP aura toujours la possibilité d’y revenir si elle en a besoin : elle fait partie de cette communauté et y sera toujours accueillie. D’où, d’ailleurs, la nécessité d’un nombre de lits suffisants dans les unités.
Pour résumer : d’un côté, les soins palliatifs, de l’autre, une structure spécifique qui joue le rôle de sas pour celles et ceux qui en ont besoin.
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
À ce stade de la discussion, il me semble important de préciser que les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs ne sont pas « plus que le domicile et moins que l’hôpital », elles sont une alternative à l’hôpital dont nous avons vraiment besoin. Elles permettent de renforcer l’offre d’accompagnement et de soins palliatifs et de la diversifier.
La maison Astrolabe a été mentionnée tout à l’heure. Il existe d’autres établissements de ce type, souvent soutenus par des fondations. Ils sont aujourd’hui en difficulté faute de statut juridique. Grâce à l’article 10, les maisons d’accompagnement qui existent déjà, dont Astrolabe, pourront sécuriser leur statut. J’ai rencontré les responsables de cet établissement il n’y a pas très longtemps : pour obtenir des financements et faire fonctionner la structure, ils sont obligés d’accueillir, en plus des patients accompagnés en soins palliatifs, d’autres catégories de personnes, notamment des personnes âgées. Il est donc essentiel d’adopter cet article.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs constituent donc une offre alternative à l’hôpital et au domicile – sur ce point, pas de problème. Au fond, trois lignes politiques ont été défendues pendant cette discussion commune. Les amendements de M. Bazin et de Mme Dogor-Suc ont le mérite de la précision : ils proposent l’appellation « maisons de soins palliatifs ». Ceux de M. Gernigon et de Mme Firmin Le Bodo ne sont pas des amendements rédactionnels, contrairement à ce qui a été dit par M. le rapporteur,.
M. Emeric Salmon
Non, en effet !
M. Christophe Bentz
Une maison « d’accompagnement et de soins palliatifs » n’est pas la même chose qu’une maison « d’accompagnement de soins palliatifs ». L’ajout du « et » signifie bien évidemment qu’un autre accompagnement que les soins palliatifs peut être proposé. Enfin, l’amendement de M. Pilato : il est encore plus clair puisqu’il supprime entièrement la notion de soins palliatifs.
J’aimerais savoir si le rapporteur et la ministre sont favorables à ce dernier amendement – je n’ai pas très bien compris.
Mme Catherine Vautrin, ministre
Nous y sommes défavorables !
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 95 et 414.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 63
Nombre de suffrages exprimés 61
Majorité absolue 31
Pour l’adoption 25
Contre 36
(Les amendements identiques nos 95 et 414 ne sont pas adoptés.)
(Les amendements identiques nos 591 et 612 sont adoptés ; en conséquence, l’amendement no 631 tombe.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 674 rectifié, je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Je suis saisie de deux amendements, nos 674 rectifié et 62, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 674 rectifié.
M. François Gernigon, rapporteur
Comme je l’ai dit tout à l’heure, la rédaction de l’alinéa 5 a été modifiée en commission et me semble pouvoir encore être simplifiée et améliorée. C’est ce que je vous propose de faire avec cet amendement, qui reprend et clarifie la définition des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs adoptée en commission : ces établissements accueillent des personnes dont l’état médical est stabilisé et qui n’ont pas la volonté ou la possibilité de rester à domicile, ainsi que des personnes en fin de vie dont les aidants, au bord de l’épuisement, ont besoin d’un répit. Je précise qu’une phase de préfiguration des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs débutera dès 2026 dans plusieurs territoires, sur la base d’un cahier des charges national élaboré en lien avec les agences régionales de santé.
La simplification de l’alinéa me semble d’autant plus nécessaire que l’article L. 312-1 du code de l’action sociale et des familles n’a pas vocation à détailler le fonctionnement et les missions des établissements et des services sociaux et médico-sociaux, mais uniquement à les lister. Pour rappel, la maison d’accompagnement et de soins palliatifs est une alternative au maintien à domicile. Ma rédaction préserve plusieurs dispositions prévues par le dispositif : un état médical stabilisé, l’absence de volonté ou de possibilité de rester à domicile, et la possibilité d’accueillir une personne en fin de vie pour permettre le répit de ses aidants et éviter leur épuisement.
Quant à l’amendement no 62 de Mme Dombre Coste, il simplifie à l’excès. J’indique donc dès maintenant que j’y serai défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Arnaud Simion, pour soutenir l’amendement no 62.
M. Arnaud Simion
Comme celui de M. le rapporteur, cet amendement des députés Socialistes et apparentés vise à simplifier la définition des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs. Il est proposé, pour ne pas exclure des patients potentiellement éligibles, de renvoyer aux soins définis à l’article L. 1110-10 du code de la santé publique revu par la proposition de loi.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement sur les deux amendements en discussion commune ? Je rappelle que M. le rapporteur a émis un avis défavorable sur l’amendement no 62.
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je suis favorable à la définition proposée par M. le rapporteur, plus claire que celle de l’amendement de Mme Dombre Coste, sur lequel j’émets un avis défavorable.
Au point où nous en sommes dans ce débat, il me paraît important de revenir sur la question évoquée par M. Bentz : sera-t-il possible de bénéficier du droit à l’aide à mourir dans une maison d’accompagnement et de soins palliatifs ? Rien ne l’indique dans le texte, puisqu’il concerne uniquement les soins palliatifs. Il est donc logique que l’aide à mourir ne soit pas mentionnée dans l’amendement de M. le rapporteur.
Cependant, et puisque vous avez repris quasiment mot pour mot les propos que j’ai tenus l’année dernière, monsieur Bentz, je tiens à préciser que la maison d’accompagnement et de soins palliatifs sera considérée au même titre qu’un domicile dans la mesure où elle accueillera des personnes qui ne relèvent plus d’un service de soins palliatifs mais dont l’état de santé est très fragile. Dès lors, si le patient le souhaite, il pourra demander à bénéficier du droit à l’aide à mourir, dans le cadre de la procédure dont nous discuterons lors de l’examen de la seconde proposition de loi. Si celle-ci est adoptée et si le patient remplit les critères définis, alors il pourrait en effet, potentiellement, recevoir l’aide à mourir dans une maison d’accompagnement et de soins palliatifs, considérée comme un domicile.
Mme la présidente
La parole est à M. Corentin Le Fur.
M. Corentin Le Fur
L’adoption de l’amendement de M. le rapporteur ferait sans doute tomber mon amendement no 326 à venir. Je veux donc en dire quelques mots.
Je soutiens sans réserve l’article 10 : les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs font partie des principales avancées de la proposition de loi. J’ai moi aussi eu l’occasion de me pencher sur le travail de la maison Astrolabe de Cahuzac-sur-Vère, qui est remarquable. Cet article offrira à l’établissement une base juridique indispensable et permettra à d’autres maisons de ce type d’ouvrir. On parle pour l’instant de dix structures au niveau national, mais j’espère qu’il y en aura d’autres. Ce dispositif permettra d’accompagner des personnes, souvent jeunes, en fin de vie qui ne sont pas hospitalisées dans une unité de soins palliatifs et qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, rester à domicile. Il constitue donc une avancée importante.
Nos débats étaient structurants et riches, mais il est évident que toute solution nouvelle pouvant répondre à un besoin insuffisamment satisfait faute d’offre adaptée doit être saluée. J’espère que de telles structures pourront se développer partout, y compris dans les territoires ruraux.
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin, pour un rappel au règlement.
M. Thibault Bazin
Il se fonde sur l’article 100, alinéa 4, de notre règlement, relatif à la discussion d’amendements concurrents. Les deux amendements que nous examinons et les suivants, nos 96 et 326, ne font pas l’objet d’une discussion commune, alors qu’ils portent sur le même alinéa et que l’adoption des premiers ferait tomber les seconds.
L’exposé des motifs de l’amendement no 674 rectifié mentionne que la définition proposée conserve la notion de répit des aidants, mais son adoption aurait pour effet de supprimer la deuxième phrase de l’alinéa 5, or c’est elle qui prévoit la possibilité d’héberger l’aidant. D’ailleurs, quiconque visite une unité de soins palliatifs y voit bien souvent une pièce prévue pour accueillir les aidants. Je souhaiterais que M. le rapporteur clarifie les conséquences qu’aurait l’adoption de son amendement sur ce point.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur.
M. François Gernigon, rapporteur
L’idée de répit des aidants est toujours présente dans l’esprit du texte, cela a été dit plusieurs fois. N’ayez crainte.
Mme Catherine Vautrin, ministre
C’est écrit noir sur blanc dans l’amendement : « en associant les proches » !
Article 10 (suite)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 674 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 68
Nombre de suffrages exprimés 63
Majorité absolue 32
Pour l’adoption 42
Contre 21
(L’amendement no 674 rectifié est adopté ; en conséquence, l’amendement no 62, les amendements identiques nos 96 et 326 et le sous-amendement no 792 tombent.)
M. Thibault Bazin
Et voilà, il n’y a plus le mot « répit » !
Mme la présidente
Je suis saisie de cinq amendements, nos 415, 4, 396, 5 et 592, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such, pour soutenir l’amendement no 415.
Mme Sandrine Dogor-Such
Il s’agit d’un amendement d’appel. Même après avoir entendu vos explications, je souhaite que l’aide à mourir ne puisse être pratiquée dans les maisons d’accompagnement. Je comprends vos arguments mais je m’inquiète pour l’état psychologique des patients. L’entrée dans une structure de soins palliatifs est déjà pour eux source d’inquiétude ; il ne faudrait pas y ajouter l’inquiétude liée à l’aide à mourir, quand bien même celle-ci ne serait administrée qu’à la demande du patient.
Le 14 mai 2024, en commission spéciale, vous avez confirmé, madame la ministre, que l’aide à mourir pourrait être pratiquée dans les maisons d’accompagnement. À mon sens, il est très important que ces maisons restent des lieux de soin et de bien-être. J’espère que vous entendrez ma préoccupation.
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 4.
Mme Justine Gruet
Je soutiendrai par la même occasion l’amendement no 5. L’amendement no 4 vise à ce que l’aide active à mourir ne soit pas autorisée au sein des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs. L’amendement no 5 me paraît plus mesuré et j’espère qu’il obtiendra un avis favorable : il vise à ce que l’aide active à mourir ne puisse être pratiquée dans ces lieux que si le patient a préalablement bénéficié de soins palliatifs. Compte tenu de la temporalité de l’aide active à mourir, très courte, et de celle des soins palliatifs, plus longue, il serait dommage que les places en maison d’accompagnement ne soient utilisées que pour avoir recours à l’aide à mourir. Je propose donc de sécuriser le dispositif pour que l’aide active à mourir ne puisse intervenir qu’à la fin du processus, après que des soins palliatifs auront été dispensés.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 396.
M. Christophe Bentz
Madame la ministre, je vous remercie sincèrement pour la clarté de votre réponse, même si j’en regrette le contenu. Pour notre part, nous aurions voulu sanctuariser les maisons d’accompagnement de soins palliatifs en y rendant impossible toute administration de substance létale, car nous considérons que cette pratique va à l’encontre du principe même de soin. J’imagine que vous serez défavorable à l’amendement, mais votre avis aura au moins le mérite d’être exprimé clairement : l’euthanasie pourra être pratiquée dans les maisons d’accompagnement et les Français sauront à quoi s’en tenir.
M. René Pilato
Si le deuxième texte est voté !
Mme la présidente
L’amendement no 5 de Mme Justine Gruet est défendu.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 592.
M. François Gernigon, rapporteur
Je propose une voie d’équilibre pour rassurer les collègues exprimant des craintes quant à l’objet des maisons d’accompagnement. Il s’agit de s’assurer que ces maisons ne seront pas détournées de leurs missions, qui sont centrées sur la prise en charge de personnes bénéficiaires de soins palliatifs mais dont l’état de santé ne nécessite pas une hospitalisation ainsi que sur l’hébergement de personnes en fin de vie pour ménager un temps de répit aux aidants. À cette fin, l’amendement vise à garantir que les médecins et infirmiers qui accompagnent une personne hébergée dans une telle structure et souhaitant bénéficier de l’aide à mourir ne participeront pas à cette procédure. Cet amendement d’équilibre me paraît de nature à sécuriser le personnel soignant.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Il est défavorable aux quatre premiers amendements et favorable à l’amendement no 592.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je comprends parfaitement les arguments cités à l’appui des amendements. Il me paraît important de préciser deux points. Premièrement, la maison d’accompagnement est considérée comme un domicile et c’est sur ce fondement que ses résidents pourront, à leur demande, bénéficier de l’aide à mourir. J’ajoute que la personne qui viendra dans ce cas pratiquer l’aide à mourir sera extérieure à la maison d’accompagnement car cet établissement, pensé sur le modèle de l’hospitalisation à domicile, n’emploiera pas de personnel soignant permanent. Les personnels de la maison d’accompagnement joueront un rôle de coordination ; ce sont des personnels extérieurs qui viendront prodiguer à chaque patient des soins d’hospitalisation à domicile ou, le cas échéant, l’aide à mourir.
Deuxièmement, tous ces amendements anticipent sur un texte qui n’est encore ni voté ni examiné en séance. L’amendement no 5 de Mme Gruet tend à ce que l’aide à mourir ne soit accessible que si des soins palliatifs ont d’abord été dispensés ; le second texte que nous examinerons nous donnera l’occasion d’en débattre, puisqu’il prévoit qu’une personne demandant l’aide à mourir se verra proposer des soins palliatifs.
Pour ces deux raisons, je suis défavorable à l’ensemble des amendements à l’exception de l’amendement no 592.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 613, je suis saisie par les groupes Horizons & indépendants et La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Je rappelle que ces maisons sont des lieux de résidence, d’accompagnement, de soins et de prise en charge pour des patients qui, pour diverses raisons, ne souhaitent pas entrer dans une unité de soins palliatifs. Ces lieux accueilleront peut-être un médecin à temps partiel, en tout cas des soignants libéraux qui interviendront dans le cadre de l’hospitalisation à domicile. Tous ces soignants pourront faire valoir une clause de conscience, comme ils le peuvent partout ailleurs. Leur interdire de proposer ou de pratiquer l’aide à mourir dans ces maisons me semble totalement inadapté ; pourquoi, dans ce seul lieu, les empêcher de satisfaire à une demande du patient à laquelle ils pourraient répondre partout ailleurs ? (Mme Danielle Simonnet applaudit.)
Je ne vois pas pourquoi on devrait traiter les maisons d’accompagnement différemment des autres lieux et empêcher un médecin qui le souhaiterait d’accompagner un patient dans cette démarche. Je suis donc opposée à l’interdiction, étant entendu que les personnels médicaux ou paramédicaux impliqués pourront faire valoir leur clause de conscience. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Danielle Simonnet applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette.
M. Stéphane Delautrette
Il convient de mesurer les conséquences qu’aurait l’adoption de tels amendements. Vous craignez que des personnes aient recours à l’aide à mourir au lieu de soins palliatifs, mais vos amendements pourraient avoir l’effet inverse de celui que vous recherchez : en interdisant la pratique de l’aide à mourir dans les maisons d’accompagnement, vous risquez de décourager les personnes souhaitant en bénéficier d’entrer dans une structure qui pourrait les accompagner dans une offre palliative. Elles se tourneront alors directement vers la procédure d’aide à mourir.
Je trouve l’amendement de M. le rapporteur extrêmement dangereux pour l’examen du second texte à venir. En interdisant de fait à des professionnels de santé de pratiquer l’aide à mourir, son adoption remettrait en cause les débats que nous avons eus au sujet de la clause de conscience. Mme Dubré-Chirat l’a rappelé, tout professionnel de santé pourra faire valoir une clause de conscience ; si nous interdisons d’emblée cette pratique à certains professionnels, nous rendrons bancales toutes les discussions à ce sujet dans les deux propositions de loi. Je vous invite donc à voter contre tous les amendements. (M. Arnaud Simion applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Les quatre premiers amendements en discussion commune découlent logiquement des positions de leurs auteurs. Je respecte leurs convictions, mais si nous interdisons la pratique de l’aide à mourir dans les maisons d’accompagnement, que ferons-nous des résidents malades qui en formuleront la demande ?
M. Christophe Bentz
Si la deuxième proposition de loi est votée !
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Bien sûr ; j’allais d’ailleurs le préciser. Je rappelle également que les soins palliatifs sont si bénéfiques que les personnes qui les reçoivent demandent très rarement qu’on les aide à mourir. C’est le cas dans les USP et ce sera le cas dans les maisons d’accompagnement que nous avions, d’ailleurs, d’abord envisagé de nommer maisons de vie.
Enfin, je peine à comprendre l’amendement de M. le rapporteur. Pourquoi retirer à des professionnels la faculté même de pratiquer l’aide active à mourir alors qu’ils pourront faire valoir leur clause de conscience s’ils souhaitent s’y refuser ? La maison Astrolabe, à Cahuzac-sur-Vère, compte un médecin généraliste ; même si les maisons d’accompagnement ne sont pas des structures médicalisées, elles disposent de temps médical et de temps infirmier. En interdisant cette pratique à certains professionnels, nous nous substituerions à leur conscience, ce que je trouve assez dangereux ; en outre, nous compliquerions l’accès à l’aide à mourir dans des territoires qui comptent peu de professionnels. Je voterai donc contre l’amendement no 592.
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
Le nombre de places en maison d’accompagnement sera limité. Je trouve dommage de ne pas garantir que la priorité sera donnée aux soins palliatifs plutôt qu’à l’aide active à mourir.
Mme Catherine Vautrin, ministre
Ce n’est pas le lieu pour en débattre !
Mme Justine Gruet
La procédure prévue dans la seconde proposition de loi n’instaure pas l’obligation de dispenser des soins palliatifs avant d’engager la procédure d’aide à mourir, mais simplement l’obligation de les proposer. Le patient n’est pas obligé d’y avoir recours. Ma réflexion a mûri grâce aux débats en commission ; je comprends la difficulté que poserait l’interdiction de l’aide à mourir dans les maisons d’accompagnement, étant donné qu’il s’agit d’un domicile. En revanche, j’aimerais qu’elle ne puisse être pratiquée que si des soins palliatifs ont effectivement été administrés. Je ne vois pas en quoi cela pose problème.
Je n’anticipe pas non plus sur le second texte, puisqu’il prévoit que des soins palliatifs doivent être proposés mais pourront être refusés. Je pense que la place des patients qui souhaitent uniquement avoir recours à l’aide à mourir n’est pas en maison d’accompagnement. S’ils décident d’y avoir recours après avoir bénéficié de soins palliatifs, le cas est différent ; c’est d’ailleurs la raison d’être de ces structures que de prendre le temps nécessaire pour accompagner le patient.
Mme la ministre m’a indiqué que ma demande pourrait être satisfaite dans le texte suivant, mais j’en doute, puisque je souhaite que les soins palliatifs soient non seulement proposés, mais obligatoires avant toute démarche d’aide à mourir.
Mme la présidente
La parole est à M. René Pilato.
M. René Pilato
Je m’étonne que Mme la ministre émette un avis favorable sur l’amendement no 592, car un tel avis est contradictoire avec ce que vous avez soutenu en réponse à M. Bentz. En admettant que le second texte soit voté, si vous considérez qu’une maison d’accompagnement est un domicile où les soins palliatifs ou l’aide à mourir peuvent être pratiqués, on ne peut pas exclure la participation des personnels de santé exerçant dans les maisons.
Nous voterons donc contre tous ces amendements.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
Nous commençons à bien nous connaître et chacun a pu exprimer ses arguments ; nous ne ferons donc pas semblant. Les amendements nos 415, 4, 396 et 5 ont été déposés par des députés opposés à l’aide à mourir – exprimer cette opposition est leur droit le plus strict.
M. Christophe Bentz
Bien vu !
Mme Danielle Simonnet
Nous en débattrons lors de l’examen du prochain texte. Cependant, vous glissez des amendements dans la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs pour faire peur. Derrière vos critiques sur les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs, vous insinuez que ces maisons seraient essentiellement destinées à permettre l’exercice de l’aide à mourir.
Revenons à des considérations élémentaires. Ces maisons d’accompagnement seront très utiles, car elles offriront une solution aux personnes qui ne souhaitent pas poursuivre ce qu’elles considèrent être un acharnement thérapeutique ou dont l’état ne nécessite pas une hospitalisation mais qui ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer chez elles pour des raisons qui leur sont propres. Les maisons d’accompagnement deviennent alors leur domicile. Toute personne en fin de vie, dont le pronostic vital est engagé, en phase avancée ou terminale d’une maladie, dont les souffrances physiques ou psychiques sont réfractaires à tout traitement doit être libre de penser sa vie de vie. En aucun cas, madame Gruet, les soins palliatifs ne peuvent être rendus obligatoires pour qui que ce soit car, dans notre pays, aucun soin ne doit l’être. En revanche, il est de notre responsabilité que notre système propose les soins palliatifs ainsi que l’accompagnement et qu’il informe les patients.
En dernière instance, s’il répond aux critères, bien entendu, le patient doit pouvoir bénéficier de l’aide à mourir dans tout lieu qui serait son domicile, sans aucune exclusive.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.
Mme Sandrine Dogor-Such
L’idéal serait que dans chaque département, outre les maisons d’accompagnement, il y ait une unité de soins palliatifs. En effet, les maisons d’accompagnement, entre l’hospitalisation et le domicile, sont des maisons de soin, d’accompagnement et de bien-être. À la fin d’une hospitalisation, le médecin peut ainsi proposer au patient une période de récupération, en quelque sorte, avant de rentrer à son domicile, ou le diriger vers une unité de soins palliatifs.
Ensuite, il faut rappeler que si les soins palliatifs sont des soins, l’aide à mourir n’en est pas un.
Nous voterons en faveur de l’amendement no 592 de M. Gernigon, car il reconnaît une sorte de clause de conscience.
Je reviens sur ce qu’a dit Mme Simonnet à propos de l’acharnement thérapeutique. Un patient qui veut arrêter les traitements a parfaitement le droit de le faire, comme le prévoit la loi Claeys-Leonetti. Dans le tableau qu’elle propose pour distinguer entre la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès et l’euthanasie, la Haute Autorité de santé (HAS) établit que l’intention qui préside à la sédation est de soulager une souffrance réfractaire.
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Il me semble que nous introduisons de la confusion là où il n’y en avait pas. En effet, la rédaction actuelle du texte me paraît tout à fait claire. Considérons ce qui se produira dans la vraie vie, si j’ose dire : qui ira dans ces maisons d’accompagnement et de soins palliatifs ? Elles accueilleront d’une part des personnes qui sont à l’hôpital mais qui n’ont plus besoin d’y être et qui, pour différentes raisons, ne peuvent pas rentrer chez elles, d’autre part des personnes qui jusque-là étaient à domicile, notamment parce que leurs proches, épuisés, auront besoin de souffler un peu, si je peux le dire ainsi, pour un temps court. Dans les deux cas, les personnes malades seront très probablement soignées par une équipe d’hospitalisation à domicile ou une équipe mobile de soins palliatifs. Si, durant leur parcours de fin de vie, ces personnes demandent l’aide à mourir qui sera peut-être votée dans le prochain texte, en toute logique cette demande sera adressée aux soignants concernés, qui auront la possibilité d’exercer leur clause de conscience.
Ainsi, si on s’efforce de considérer les choses dans leur ensemble, le problème que vous essayez d’inscrire dans la loi ne se posera que pour un très faible nombre de cas.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur.
M. François Gernigon, rapporteur
Comme l’a souligné Mme la rapporteure Annie Vidal, il y a un risque de confusion. Pour l’éviter, je retire l’amendement no 592. (Mme Danielle Simonnet et M. René Pilato applaudissent.)
M. Thibault Bazin
Je le reprends !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je voudrais revenir sur quelques-uns des éléments qui ont été évoqués. Madame Gruet, vous nous interpelliez en soutenant qu’il fallait que ces maisons d’accompagnement soient essentiellement destinées à accueillir des personnes en soins palliatifs. C’est effectivement le cas. Cependant, il peut arriver que des personnes qui étaient dans des services de soins et qui n’ont pas accepté de soins palliatifs soient dans une situation qui ne leur permet pas de retourner à leur domicile et qui nécessite un accompagnement et des soins relevant de l’hospitalisation à domicile, même si ce cas est probablement rare. J’essaie de tirer le fil : peut-être qu’en arrivant dans la maison d’accompagnement, la personne acceptera qu’une équipe mobile de soins palliatifs l’accompagne. Nous devons apporter une diversité de réponses à des personnes malades se trouvant dans une situation extrêmement difficile et qui, pour des raisons matérielles – je choisis ce terme à dessein – ne peuvent pas rentrer chez elles.
Ensuite, je remercie M. Gernigon d’avoir retiré l’amendement no 592.
Mme la présidente
Il a été repris, madame la ministre.
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je sais, mais je vous remercie d’avoir la gentillesse de me le rappeler. Étant donné les échanges que nous venons d’avoir, je considère qu’adopter l’amendement no 592 complexifie – M. le rapporteur me pardonnera ce terme – inutilement la situation. Comme l’a dit Mme la rapporteure Annie Vidal, toute personne accueillie dans une maison d’accompagnement bénéficie de soins d’équipes mobiles de soins palliatifs ou d’hospitalisation à domicile. Nous ne devons pas interdire à tel ou tel praticien de venir dans ces maisons d’accompagnement. C’est la raison pour laquelle j’émets un avis défavorable sur l’amendement no 592 repris par M. Bazin.
M. Thibault Bazin
Vous n’émettez jamais d’avis favorable sur mes amendements ! (Sourires.)
Mme Catherine Vautrin, ministre
J’attends de pouvoir le faire ! (Sourires.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Karine Lebon.
Mme Karine Lebon
Premièrement, il me semble, chers collègues, que les amendements nos 415 et 4 sont satisfaits. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Danielle Simonnet applaudit également.) En effet, actuellement, l’aide active à mourir n’est pas autorisée par la loi. Nous en débattrons dans le texte suivant, mais pour le moment, ces amendements sont satisfaits et n’ont donc pas lieu d’être.
Deuxièmement, vos amendements sont contre-productifs par rapport à vos objectifs. En effet, notre objectif à tous – nous pouvons être fiers que ce texte nous rassemble –, est d’améliorer l’accompagnement et les soins palliatifs. Avec ces amendements, vous risquez d’introduire de la conflictualité dans un texte qui nous rassemble ; cela me paraît vraiment dommageable. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC. – Mme Danielle Simonnet applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Ces débats sont assez instructifs sur la finalité des maisons d’accompagnement. Elles ne sont pas dénommées « maisons d’accompagnement et de soins palliatifs », mais « maisons d’accompagnement de soins palliatifs ».
Plusieurs députés des groupes EcoS et GDR
Non !
Mme Catherine Vautrin, ministre
Mais non ! Ce sont des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Certains de nos collègues soutiennent que des personnes pourraient venir dans ces maisons et refuser les soins palliatifs ; mais c’est contraire à la vocation de ces maisons, qui est de donner des soins palliatifs. (Protestations sur les bancs des groupes RN, EcoS et GDR.)
Mme Justine Gruet
Exactement !
M. Cyrille Isaac-Sibille
Qu’est-ce que des personnes qui ne veulent pas recevoir de soins palliatifs viendraient faire dans ces maisons ? C’est là que réside la subtilité en ce qui concerne la dénomination de ces maisons et nous devons être clairs sur cette question. Je ne sais pas si l’amendement no 592 sera voté ou non, mais je pense qu’il est important – au sens où nous savons que les déclarations de la ministre ici présente, et plus généralement les débats dans cet hémicycle, font foi –, de préciser…
Mme Catherine Vautrin, ministre
Je viens de le faire !
M. Cyrille Isaac-Sibille
…qu’il s’agit de maisons d’accompagnement de soins palliatifs et qu’elles ont vocation à recevoir des patients qui souhaitent des soins palliatifs. Dans l’intitulé, ce sont des maisons d’accompagnement de soins palliatifs.
M. Emeric Salmon
Mais non ! Il ne fallait pas voter l’amendement no 591.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Je m’adresse donc à la ministre : les personnes qui viennent dans ces maisons sont-elles là pour bénéficier de soins palliatifs ?
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Catherine Vautrin, ministre
Il me semble que Mme Vidal et moi avons déjà répondu sur ce point au cours de la discussion précédente, mais je vais m’efforcer de bien me faire comprendre, puisqu’il semble que les choses ne soient pas claires pour tout le monde. Ces maisons sont destinées à accueillir des patients dont la pathologie est extrêmement grave, qui ne relèvent plus des soins techniques d’un service hospitalier mais qui ne peuvent pas rentrer à domicile, soit parce que celui-ci n’est pas adapté, soit parce que ces personnes n’ont pas de proche aidant et que leur état médical ne leur permet pas d’être seuls chez eux. De tels patients peuvent venir dans des maisons d’accompagnement et de soins palliatifs.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Non, « des maisons d’accompagnement de soins palliatifs » !
Mme Catherine Vautrin, ministre
Si. Dans l’immense majorité des cas, parce que c’est sa volonté, le patient recevra des soins palliatifs. Si ce n’est pas sa volonté, il n’en recevra pas. On peut même imaginer qu’un patient arrive et reçoive des soins palliatifs pendant quelque temps, pour décider un jour qu’il ne veut plus en recevoir. Le mettriez-vous alors dehors ?
M. Cyrille Isaac-Sibille
Non !
Mme Catherine Vautrin, ministre
Il faut tirer le fil complètement. Là est la question, et c’est la raison pour laquelle nous avons retenu l’expression « maison d’accompagnement et de soins palliatifs ». Pour entrer dans ces maisons, il n’est pas nécessaire de demander des soins palliatifs. J’espère avoir été assez claire.
M. François Gernigon, rapporteur
Tout à fait !
(Les amendements nos 415, 4, 396 et 5, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 592.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 86
Nombre de suffrages exprimés 83
Majorité absolue 42
Pour l’adoption 33
Contre 50
(L’amendement no 592 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Voici un point d’information sur l’avancement de nos débats. Pour cette importante discussion commune, au cours de laquelle il était nécessaire d’échanger les arguments, j’ai pris douze orateurs. La conférence des présidents a fixé un rythme de vingt-cinq amendements par heure pour tenir le calendrier des deux textes dans le temps imparti. Je ne serai pas aussi libérale pour la suite des débats, notamment pour l’article 10 sur lequel beaucoup a déjà été dit. Je vous invite à accélérer le rythme.
Mme Elsa Faucillon
Ne soyez pas trop libérale, madame la présidente !
M. Thibault Bazin
Surtout pas sur la fin de vie !
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 613.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Dans un souci d’ouverture rapide et d’accessibilité des maisons d’accompagnement sur tout le territoire, je souhaite supprimer la dernière phrase de l’alinéa 5.
L’exclusion du secteur à but lucratif restreindrait le champ d’application du texte. Une telle limitation n’est ni justifiée par les autres dispositions du texte ni nécessaire pour garantir la qualité de l’accueil ou le respect de l’éthique palliative. Elle introduit une barrière inutile à l’émergence de structures supplémentaires sur le territoire.
La qualité de la prise en charge repose avant tout sur l’encadrement médical, l’évaluation des pratiques, la coordination territoriale et le respect des principes énoncés dans le code de la santé publique, et non sur le statut juridique du porteur de projet.
Supprimer cette phrase ouvrirait le champ des initiatives, tout en maintenant des exigences de qualité identiques pour tous. C’est un gage d’efficacité, de souplesse territoriale et de cohérence pour l’organisation de l’offre de soins en France.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Avis favorable. J’ai moi-même déposé un amendement sur ce sujet lors des débats en commission. Les besoins estimés en soins palliatifs ne sont actuellement couverts qu’à hauteur de 50 %, alors même que le droit d’accès aux soins palliatifs reconnu par la loi Claeys-Leonetti suppose une couverture totale de ces besoins. L’absence de structures intermédiaires a pour effet un recours trop important à l’hospitalisation et à une prise en charge inadaptée.
De telles structures existent pourtant. Je pense, par exemple, à une clinique privée à but lucratif de ma circonscription, dont l’unité de soins palliatifs est reconnue pour la qualité de ses soins, qui n’entraînent aucun coût supplémentaire.
De plus, même si l’objectif n’est pas le même, je ne peux m’empêcher de faire le parallèle avec les maisons de convalescence proposées par certains établissements privés : les malades y sont accueillis avant leur retour à domicile pour s’y reposer et bénéficier d’un accompagnement. Je ne vois donc pas pourquoi on exclurait du champ du texte ces cliniques privées, qui sont reconnues et se soumettraient à un cahier des charges clair et précis sur les exigences de qualité de soins.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement, pour donner l’avis du gouvernement.
M. Patrick Mignola, ministre délégué chargé des relations avec le Parlement
C’est un sujet important, qui a fait l’objet de nombreux débats en commission. Au regard de sa sensibilité et des risques éventuels, nous comprenons parfaitement que certains souhaitent exclure du dispositif les établissements privés à but lucratif.
Toutefois, une telle mesure présente un risque constitutionnel : elle porterait atteinte à la liberté d’entreprendre et au principe d’égalité entre les gestionnaires selon qu’ils sont publics, privés à but lucratif ou privés à but non lucratif. De plus, le rapporteur vient de nous rappeler que des soins palliatifs, de même que des décisions d’arrêt de traitement ou de sédation profonde et continue, sont mis en œuvre de façon indifférenciée dans le public comme dans le privé lucratif ou non lucratif.
Les structures que l’article 10 entend créer seront évidemment soumises au régime d’autorisation préalable des agences régionales de santé (ARS). Il va de soi que la puissance publique renforcera les contrôles de ces agences pour éviter toute dérive. Pour ces raisons, j’émets un avis favorable à l’amendement.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Nous avons abordé ce sujet sensible plusieurs fois l’an dernier – ainsi que cette année en commission –, ce qui me permet régulièrement d’attirer votre attention sur une anomalie contenue dans le code de l’action sociale et des familles : ce dernier ne donne aucune définition juridique des termes que nous utilisons tous les jours dans nos débats – je pense aux établissements publics, privés non lucratifs et privés à but lucratif. Seule la partie réglementaire de ce code renvoie aux règles comptables qui s’appliquent spécifiquement aux établissements privés à but lucratif. Notre assemblée devra définir ces trois catégories d’établissements.
Je suis opposé à l’amendement de ma collègue Agnès Firmin Le Bodo. Alors que nous nous apprêtons à créer une dix-huitième catégorie d’établissements sociaux et médico-sociaux, permettez-moi de rappeler le contexte actuel. La financiarisation des politiques de santé est un sujet de préoccupation pour beaucoup, dont le ministre de la santé et le président de la commission des affaires sociales. Nous partageons tous l’objectif de démarchandisation de certaines politiques publiques – crèches et Ehpad.
Or le but d’un établissement privé lucratif est précisément marchand, puisqu’il vise à dégager du profit pour rémunérer ses actionnaires et verser des dividendes. En excluant ces établissements, nous éviterons qu’une maison d’accompagnement de soins palliatifs soit suspectée d’alimenter des profits.
Enfin, M. le ministre vient de mentionner la logique d’habilitation : c’est le seul outil qui fonctionne et qui donne les moyens d’agir à la puissance publique – ARS ou conseil départemental. Dans les Landes, Henri Emmanuelli et ses successeurs n’ont jamais délivré d’autorisations pour des Ehpad privés à but lucratif. C’est légalement possible, sans porter atteinte au principe de liberté de commerce et d’industrie. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC, EcoS et GDR.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 148, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Je rejoins les arguments de M. Guedj. Il serait pertinent de limiter la création des maisons d’accompagnement de soins palliatifs aux établissements publics ou privés à but non lucratif. Autrement, cela créerait de la confusion. Les besoins existants seront déjà très difficiles à satisfaire, ne serait-ce que par manque de professionnels de santé. Les choses doivent être bien encadrées, afin d’éviter que certains établissements en tirent du profit. Je suis défavorable à cet amendement.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 613.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 86
Nombre de suffrages exprimés 83
Majorité absolue 42
Pour l’adoption 15
Contre 68
(L’amendement no 613 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 148.
M. Patrick Hetzel
L’accueil des personnes en situation de handicap est un autre sujet très sensible. L’amendement prévoit de compléter l’alinéa 5 par une phrase très simple : « [Ces maisons d’accompagnement] sont préparées à recevoir des personnes en situation de handicap. » Nous devons être très clairs sur ce point : les personnes en situation de handicap ont besoin d’un suivi particulier tout au long de leur vie et a fortiori à la fin de leur vie. Nous devons le mentionner explicitement dans cet article.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Votre intention est louable, mais elle est doublement satisfaite. L’article 1er précise que l’accompagnement et les soins palliatifs sont adaptés à l’âge de la personne et aux besoins particuliers des personnes en situation de handicap. L’alinéa 8 de l’article 10, quant à lui, prévoit que les prestations délivrées par les maisons d’accompagnement sont réalisées par des équipes pluridisciplinaires qualifiées et formées aux enjeux liés à l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Je ne comprends pas. Ni l’article 1er ni l’alinéa 8 de cet article, auxquels vous faites référence, n’évoquent la structure physique des maisons d’accompagnement, alors qu’il faut absolument que tous les aspects de l’accueil soient abordés à 360 degrés. En général, je ne suis pas favorable à une loi bavarde, mais là, il serait quand même pertinent d’intégrer la question du handicap afin d’éviter toute ambiguïté.
Par ailleurs, j’en profite pour indiquer que votre amendement, monsieur le rapporteur, pose un autre problème. Quid des aidants ? Avant l’adoption de votre amendement, la formule prévoyait clairement que les aidants puissent aussi résider un certain temps avec leur proche. Cela est-il toujours garanti ? C’est une demande des familles – je pense notamment aux situations pédiatriques. La rédaction que vous avez proposée crée un angle mort. J’aimerais donc être sûr que ces maisons d’accompagnement de soins palliatifs puissent également accueillir les proches aidants, y compris la nuit.
M. Thibault Bazin
C’est très juste ! J’avais alerté à ce sujet dans mon rappel au règlement !
Mme la présidente
Vous maintenez donc votre amendement ?
M. Patrick Hetzel
Oui, madame la présidente.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Vous avez raison, c’est un sujet très important. L’article 10 fait bien référence à l’entourage du patient. Nous pouvons donc vous rassurer, monsieur le député Hetzel : de jour comme de nuit, l’entourage des patients de ces futurs établissements pourra être hébergé.
S’agissant des personnes en situation de handicap, le code de la santé publique s’applique à tout établissement.
M. Thibault Bazin
C’est l’idéal, mais ce n’est pas toujours réalisé !
M. Patrick Mignola, ministre délégué
L’article 10 crée un chaînon supplémentaire pour pallier les manques : il va de soi que ces établissements sont adaptés à l’accueil des personnes en situation de handicap. L’amendement est satisfait. Si, dans sa sagesse, l’Assemblée nationale tient à le préciser, elle peut le faire. C’était le sens de l’avis défavorable que j’ai émis.
Mme la présidente
Maintenez-vous votre amendement, monsieur le député ?
M. Patrick Hetzel
Oui, madame la présidente.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Je me méfie de ce type d’amendement qui met en avant les personnes en situation de handicap. Nous parlons de patients qui souffrent de maladies incurables, qu’ils soient en situation de handicap ou non. Autrement, le risque est de donner à penser que les personnes handicapées seraient prises en charge seulement au titre de leur handicap. Toutes les personnes atteintes de maladies incurables seront accueillies dans ces maisons, au même titre que dans des unités de soins palliatifs, et pourront être temporairement accompagnées par un membre de leur famille.
Enfin, il est évident qu’en vertu de la loi, ces maisons seront accessibles aux personnes en situation de handicap.
M. Thibault Bazin
Il n’est pas tant question d’accessibilité que de la douleur des personnes handicapées !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 148.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 75
Nombre de suffrages exprimés 59
Majorité absolue 30
Pour l’adoption 31
Contre 28
(L’amendement no 148 est adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 398 et 544.
La parole est à M. Michel Lauzzana, pour soutenir l’amendement no 398.
M. Michel Lauzzana
Dans la logique de la discussion que nous venons d’avoir au sujet des handicapés, il serait utile d’ajouter à l’alinéa 8 « et des mineurs », afin que les équipes pluridisciplinaires de ces maisons soient qualifiées en matière d’accompagnement des jeunes patients.
Mme la présidente
L’amendement no 544 de M. Christophe Marion est défendu.
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?
M. François Gernigon, rapporteur
Défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 398 et 544.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 73
Nombre de suffrages exprimés 70
Majorité absolue 36
Pour l’adoption 38
Contre 32
(Les amendements identiques nos 398 et 544 sont adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 64.
M. Jérôme Guedj
Il vise à rendre opérationnelles nombre de dispositions qui viennent d’être évoquées. Nous sommes en train de créer une dix-huitième catégorie d’ESMS : il s’agit de prévoir d’emblée que les maisons d’accompagnement de soins palliatifs pourront signer avec l’ARS un contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM), afin de fixer le cadre de leur efficience et des moyens qui leur seront alloués. Depuis que ces contrats, créés par la fameuse loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale, ont été progressivement généralisés, la quasi-totalité des ESMS sont dans ce cas, qu’il s’agisse d’un établissement et service d’aide par le travail (Esat), institut médico-éducatif (IME), institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (Itep), maison d’accueil spécialisée (MAS) ou encore foyer d’accueil médicalisé (FAM).
Pour faire écho à notre discussion de tout à l’heure, le CPOM peut constituer un vecteur juridique approprié en vue de détailler les modalités de financement. Ces ESMS seront financés par un objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) spécifique, décliné à l’échelle des ARS, qui pourra garantir le caractère non lucratif de l’activité et devenir ainsi le support de l’habilitation que nous évoquions – d’où l’utilité de cet amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Sagesse.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Monsieur Guedj, nous connaissons votre attachement au CPOM touchant le fonctionnement des établissements médico-sociaux. En l’occurrence, nous en sommes à la démarche de création de ces maisons, dont les quinze premières nous permettront d’expérimenter. Elles feront l’objet d’un cahier des charges extrêmement précis. De là vient la réserve du gouvernement : l’adoption immédiate du CPOM entraînerait pour les ARS une charge administrative supplémentaire, étant entendu que le cadre juridique de l’autorisation, l’évaluation, l’inspection, la tarification, le projet d’établissement, sera lui aussi d’une exigence extrême.
Nous comprenons votre objectif ; le gouvernement s’engage au sujet des moyens qui seront mis à la disposition des maisons. Cependant, s’agissant, encore une fois, de la création de ces structures – création que nous voulons rapide et aussi souple que possible, afin de les généraliser si elles fonctionnent comme nous l’espérons tous –, l’instauration, d’emblée, d’un mode de tarification aussi lourd que celui induit par les CPOM n’est pas souhaitable. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Rousseau.
Mme Sandrine Rousseau
L’amendement de Jérôme Guedj est très important : il vise à faire entrer véritablement ces établissements dans leur mission de service public, mais aussi à permettre leur déploiement territorial, indispensable à l’effectivité du droit d’accès aux soins palliatifs que nous avons créé au début de l’examen de ce texte. Je vous invite à l’adopter de la manière la plus large ; si ces maisons n’intègrent pas les politiques pluriannuelles des ARS, certaines pourraient s’installer dans les zones les plus denses en termes de soins et, encore une fois, délaisser les territoires déjà désertés.
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin.
M. Thibault Bazin
Si nous voulons que des maisons soient créées, s’organisent, en d’autres termes que l’opération réussisse, il faut une visibilité pluriannuelle. Sans l’assurance d’un financement à long terme, qui s’engagera ? Objectifs et moyens doivent être cohérents ! L’absence de CPOM pour un certain nombre de structures constitue d’ailleurs, notamment dans le secteur médico-social, une grande cause de souffrance. Il importe que la stratégie décennale se traduise dans les faits ; or, à ma connaissance, et même si cela avait été annoncé il y a un an, nous ne disposons pas à ce jour d’un sous-Ondam qui lui soit consacré. Je me rappelle une discussion avec Cyrille Isaac-Sibille au sujet de l’actuel sous-Ondam relatif à la prévention, mais il ne s’agit pas du même domaine. Je le répète donc devant Jérôme Guedj, toujours très attentif à ces sujets : cela n’a pas été traduit, pas comme tel ! Il appartient au gouvernement de le faire ; ce n’est pas du ressort du Parlement. Par conséquent, je soutiens clairement cette démarche pluriannuelle, qui engagerait les ARS à donner des moyens, de la visibilité, dans le temps long, et je remercie le rapporteur de son avis favorable.
M. François Gernigon, rapporteur
Pas favorable, sagesse !
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Pour éclairer le débat, en réponse à l’argument de M. le ministre, je rappellerai les retards considérables, notamment dans le cas des Ehpad, pris en matière de signature du CPOM obligatoire – jusqu’à trois, quatre, cinq ans :…
M. Thibault Bazin
Quand ils en ont !
M. Jérôme Guedj
…jamais cela n’a empêché un établissement de fonctionner. Le fait d’inscrire dans le texte l’obligation d’un CPOM n’empêchera donc pas davantage l’expérimentation, le déploiement préalable que vous envisagez ; au contraire, les premières expériences permettront d’enrichir la préparation des contrats.
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Je comprends l’intention de M. Guedj ; reste qu’à ce stade du projet de maisons d’accompagnement, commencer de facto par le CPOM constitue un risque de lourdeur. Surtout, nous créons une structure en vue d’assurer le financement des soins. M. le rapporteur général du PLFSS vient de dire qu’il n’existait pas de sous-Ondam spécifique : lorsque nous avons auditionné le ministre de la santé, sa réponse sur ce point a été assez claire. Nous ne pouvons inscrire le CPOM dans ce texte ; remettons-le au cahier des charges qui sera établi. Enfin, Mme Rousseau affirme que cet amendement offrirait la garantie…
Mme Sandrine Rousseau
Ce n’est pas une garantie !
Mme Agnès Firmin Le Bodo
…d’un développement territorial harmonieux : pas du tout ! Il n’est pas question ici d’organisation territoriale, mais de signature d’un CPOM par chaque établissement, ce qui n’obligerait nullement les ARS à les répartir dans l’ensemble du pays. Tel n’est pas l’objet de l’amendement, auquel je suis plutôt défavorable, car, encore une fois, le moment n’est pas le bon.
(L’amendement no 64 est adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de cinq amendements identiques, nos 225, 262, 467, 559 et 735.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 225.
Mme Josiane Corneloup
Il vise à revenir sur un point fondamental : le fait que, si nous adoptions l’euthanasie, les maisons d’accompagnement de soins palliatifs n’auraient pas vocation à la proposer. Afin de préserver la confiance, le respect, la sérénité des personnes en fin de vie, dont la vulnérabilité tant physique que psychique et émotionnelle se révèle souvent grande, il serait essentiel de distinguer nettement ces maisons des éventuels lieux où l’euthanasie pourrait demain être pratiquée. Par ailleurs, en soins palliatifs, la majorité des soignants sont opposés à l’euthanasie, qui ne constitue pas un soin ; sans clarification, certains pourraient renoncer à exercer au sein de ces structures, par crainte de devoir coexister avec des pratiques qu’ils refusent.
Mme la présidente
Sur ces amendements no 225 et identiques, je suis saisie par le groupe UDR d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 262.
M. Corentin Le Fur
Je suis entièrement favorable aux maisons d’accompagnement de soins palliatifs à condition que l’aide à mourir n’y soit pas pratiquée. D’abord en raison des problèmes de recrutement, de vocations : il est indispensable que les médecins en soins palliatifs, très majoritairement défavorables à l’euthanasie et au suicide assisté, puissent intégrer ces structures. Ensuite parce qu’il importe, comme le souhaitent beaucoup d’entre nous, de distinguer les deux textes, les deux logiques. Nous devons absolument développer les soins palliatifs, dont le retard est inacceptable, mais à condition, je le redis, de les dissocier très clairement de la possibilité – ou non, selon ce que nous voterons par la suite – d’une aide à mourir. S’y ajoute effectivement le fait que ces maisons accueilleront des personnes très vulnérables, susceptibles d’être tentées de croire qu’elles constituent un poids pour la société, pour leur famille – ce qui n’est absolument pas le cas –, et de demander à mourir non pas librement, en toute conscience, mais sous l’influence de cette impression.
Mme la présidente
L’amendement no 467 de Mme Anne-Laure Blin est défendu.
La parole est à M. Daniel Grenon, pour soutenir l’amendement no 559.
M. Daniel Grenon
De même que les précédents, cet amendement vise à garantir que les maisons d’accompagnement de soins palliatifs assurent uniquement, comme leur nom l’indique, un accompagnement des malades et des soins palliatifs, en aucun cas d’autres pratiques liées à la fin de vie. Cette distinction entre elles et les lieux où serait éventuellement pratiquée l’aide à mourir est nécessaire, cela a été dit, à la confiance, au respect, à la sérénité des personnes concernées, qui peuvent se sentir particulièrement vulnérables et sans défense. Elle faciliterait également le recrutement des professionnels, dont certains, opposés à l’aide à mourir, pourraient démissionner ou renoncer à exercer s’ils risquent de le faire dans des structures où l’on dispenserait celle-ci.
Mme la présidente
L’amendement no 735 de M. Vincent Trébuchet est défendu.
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?
M. François Gernigon, rapporteur
Nous avons eu cette discussion tout à l’heure, lors de l’examen du no 592. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Il a effectivement été question en début de matinée de la distinction entre le débat de conscience qui entoure l’aide à mourir et nos discussions consacrées aux soins palliatifs. Mme Lebon le soulignait tout à l’heure, de tels amendements sont en fait satisfaits : l’aide à mourir n’a pas encore été soumise au vote et, si elle était adoptée, l’exercice de ce nouveau droit, autorisé dans d’autres établissements, serait interdit au sein de ceux dont l’article 10 prévoit la création. Il va de soi que l’avis du gouvernement est défavorable.
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 519, par le groupe Rassemblement national ; sur le no 65, par le groupe Socialistes et apparentés ; sur l’article 10, par le groupe Ensemble pour la République.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. René Pilato.
M. René Pilato
C’est très étonnant, parce qu’on a déjà eu l’explication tout à l’heure. Mme la ministre l’a dit, les maisons d’accompagnement pourront être considérées comme le domicile des patients. Sans préjuger de l’issue de nos débats à venir, il est effectivement normal que l’on puisse y pratiquer l’ensemble des soins à domicile.
À chaque fois que vous proposez des amendements de ce genre, vous ajoutez à la confusion. J’invite donc les collègues à les retirer.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
On ne peut interdire dans certains établissements une pratique qui serait autorisée dans d’autres établissements. Rien ne justifierait que des professionnels de santé à l’hôpital ou dans un Ehpad puissent accompagner leurs patients vers un acte, alors qu’ils ne pourraient pas le faire dans une maison d’accompagnement et de soins palliatifs. On a déjà eu ce débat.
Par ailleurs, la maison d’accompagnement et de soins palliatifs sera bien un domicile pour les patients. La liberté des patients de pouvoir bénéficier de l’aide à mourir doit être respectée, qu’ils soient à leur domicile, dans un Ehpad ou dans une maison d’accompagnement et de soins palliatifs.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Votre amendement pose un vrai problème, parce que vous allez contraindre les soins palliatifs. Je rappelle que le deuxième texte dont nous allons débattre prochainement ne s’appelle plus « fin de vie », mais « aide à mourir ». Dans les soins palliatifs, il y a des pratiques qui concernent la fin de vie. Avec cet amendement, vous contraignez le développement des soins palliatifs dans ces maisons.
Ensuite, dans l’éventualité où le deuxième texte sur l’aide à mourir serait adopté, il faut partir du principe que les gens pourront choisir le lieu où ils veulent accéder à cette pratique. Il faut leur laisser cette liberté.
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Je rejoins les propos de M. Monnet et j’irai même plus loin. L’exposé sommaire de l’amendement est très clair : vous ne souhaitez pas que l’aide à mourir puisse éventuellement être pratiquée dans les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs. Avec cette rédaction, vous proposez d’exclure « toutes autres pratiques qui pourraient concerner la fin de vie ». Or les soins palliatifs concernent la fin de vie ! Si cet amendement est adopté, on pourra donc exclure les soins palliatifs des maisons d’accompagnement. Je ne crois pas que ce soit ce que vous souhaitez – ni personne d’autre ici, d’ailleurs.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Agnès Firmin Le Bodo et Yannick Monnet ont souligné la contradiction tonitruante d’exclusion des soins palliatifs qui procéderait de votre amendement. Je veux aller plus loin, parce que ces amendements sont extrêmement pernicieux et génèrent une grande lassitude.
On a bien compris que vous êtes opposés à l’aide à mourir. Mais puisqu’elle sera – nous l’espérons – ouverte avec le prochain texte, introduire une discrimination dans les lieux dans lesquels elle peut s’exercer n’est pas acceptable.
Avec ces amendements, vous mettez un pied dans la porte. Vous dites qu’on ne pourra pas pratiquer l’aide à mourir dans les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs. Et vous ne vous arrêterez pas là. Je suis sûr que vous exclurez aussi les Ehpad, en arguant du fait qu’ils doivent être des lieux de vie, et qu’il serait donc malvenu d’introduire la possibilité de mettre en place l’accompagnement de la fin de vie jusqu’à l’aide à mourir.
Puis vous allez continuer : vous direz qu’on ne peut pratiquer l’aide à mourir dans aucun service hospitalier, parce que les services hospitaliers doivent être sanctuarisés et ne pratiquer que des soins destinés à préserver la vie – et ainsi de suite. À suivre votre logique, je pense même que vous finiriez par l’exclure des unités de soins palliatifs !
Par petites tranches, vous voulez donc réduire à la portion congrue les lieux dans lesquels on pourrait, le cas échéant, procéder à l’aide à mourir.
Or il y a un principe d’égalité. Si, la semaine prochaine, nous votons l’aide à mourir, alors elle doit pouvoir s’appliquer partout où se trouve le patient : à son domicile ou dans un établissement social et médico-social – une maison de soins, un Ehpad, un foyer d’accueil médicalisé pour le handicap ou un Itep. C’est ça, le principe d’égalité inhérent aux deux lois dont nous débattons aujourd’hui. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. – M. Cormier-Bouligeon et Mme Dubré-Chirat applaudissent aussi.)
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Je complète ce qu’ont très bien dit nos collègues Agnès Firmin Le Bodo et Jérôme Guedj. Vous invitez le deuxième texte à tout moment dans nos discussions. Pourtant, vous devriez être satisfaits du choix qui a été fait d’avoir deux textes séparés !
Je ne reviens pas sur l’argument qui consiste à exclure toutes les pratiques qui touchent à la fin de vie, mais je tiens tout de même à souligner que les soins palliatifs, par définition, correspondent à une sédation profonde et continue jusqu’au décès. Est-ce que, oui ou non, vous l’incluez dans cet amendement ? Ça n’est pas expliqué.
On examinera le texte sur la fin de vie la semaine prochaine. Je vous rappelle que nous avons écrit en commission que les soins palliatifs seront proposés aux patients quoi qu’il arrive. Ainsi, si nous votons tous ensemble cette loi, une personne en soins palliatifs dans une maison d’accompagnement pourra décider de bénéficier du droit à l’aide à mourir. Vous allez donc la transporter dans un autre lieu ? Si vous refusez que le patient puisse bénéficier de l’aide active à mourir dans le lieu initialement choisi pour bénéficier de soins palliatifs, c’est ce que vous allez lui infliger. Pardonnez-moi, mais où est la dimension humaine dans ce que vous proposez ?
Je crois que toutes les garanties ont été apportées, et que cet amendement entre en contradiction totale avec les soins palliatifs et la loi Claeys-Leonetti. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Hanane Mansouri.
Mme Hanane Mansouri
Je pensais que nous étions en train d’examiner le texte qui concerne les soins palliatifs et de créer des maisons d’accompagnement où les personnes pourraient avoir accès à des soins palliatifs. N’est-ce pas le cas ? Dans ce cas, ces amendements sont tout à fait justifiés.
Votre seul argument est de prétendre qu’on ne peut pas voter ces amendements parce qu’ils empêcheraient éventuellement une pratique qui serait éventuellement votée dans un second texte. Ça n’a aucun sens ! (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) En l’état, l’euthanasie n’a pas encore été votée. Le suicide assisté non plus.
Pour l’instant, nous parlons de soins palliatifs, de maisons d’accompagnement et de soins palliatifs : mettons un cadre à ces établissements.
S’agissant de l’endroit où auront lieu l’euthanasie et le suicide assisté, j’ai envie de vous dire qu’on verra cela après, lors de l’examen du second texte. Prévoyez d’en parler à ce moment-là, prévoyez des amendements ; j’ose espérer que vous avez commencé à y travailler.
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Depuis le début de l’examen de ce texte sur les soins palliatifs, nous avions une sorte de consensus pour parler des soins palliatifs exclusivement. Jusqu’à présent, nous avons réussi à le faire ; je m’en réjouis, et je vous en remercie.
Avec tous ces amendements, et quelle que soit la position de chacun sur ce droit à l’aide à mourir, on est en train de dire qu’en cas d’ouverture ultérieure de ce nouveau droit, il ne pourra pas s’exercer dans certains lieux. On est en train d’exclure des endroits et des personnes de ce droit. On ne peut pas écrire ça dans un texte de loi, ce n’est pas cohérent avec la discipline légistique qui doit être la nôtre. Je nous invite tous à nous en tenir à la philosophie des soins palliatifs.
Si, demain, il y a un nouveau droit, alors la question se posera. Je rappelle tout de même qu’il y aura la possibilité pour les professionnels qui ne veulent pas pratiquer cet acte de faire valoir leur clause de conscience.
Essayons de mener nos deux textes jusqu’au 27 mai sans anticiper ce qui pourrait arriver après. (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Pour enfoncer le clou par rapport à ce que disait notre collègue Hanane Mansouri, je confirme que nous voterons naturellement ces amendements, parce que notre démarche intellectuelle consiste tout simplement à exclure ce qui est aujourd’hui illégal.
Vous préparez l’arrivée du deuxième texte. Or je vous rappelle qu’à l’heure où nous parlons, l’aide à mourir, le suicide assisté et l’euthanasie sont des pratiques illégales. Vous ne pouvez pas anticiper un éventuel vote du deuxième texte ; peut-être qu’il sera voté, peut-être qu’il ne le sera pas. Par anticipation, nous mettons des garde-fous pour sanctuariser les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 225, 262, 467, 559 et 735.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 97
Nombre de suffrages exprimés 94
Majorité absolue 48
Pour l’adoption 28
Contre 66
(Les amendements identiques nos 225, 262, 467, 559 et 735 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Arnaud Simion, pour soutenir l’amendement no 38.
M. Arnaud Simion
Cet amendement est porté par mon excellente collègue Fanny Dombre Coste. Il vise à compléter l’alinéa 14 pour mieux définir les maisons de soins palliatifs et d’accompagnement, en précisant notamment qu’elles sont un lieu de répit temporaire pour les aidantes et les aidants ainsi qu’un lieu d’information sur leurs droits. Nous en reparlerons un peu plus tard à l’article 12 du sujet des aidants avec un amendement d’appel de ma collègue Céline Thiébault-Martinez.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Vous souhaitez que les maisons d’accompagnement soient un lieu de répit seulement temporaire et un lieu d’information sur les droits des aidants. Cet amendement introduit une définition qui, au mieux, est satisfaite, puisque les proches sont déjà mentionnés, et qui, au pire, restreint la finalité des maisons de soins palliatifs et d’accompagnement. En effet, ces structures ont d’abord vocation à accueillir les personnes en situation palliative, et leur mission principale reste l’accompagnement global des patients en fin de vie. C’est donc un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 38.
(Le vote à main levée n’étant pas concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 92
Nombre de suffrages exprimés 73
Majorité absolue 37
Pour l’adoption 33
Contre 40
(L’amendement no 38 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Lisette Pollet, pour soutenir l’amendement no 519.
Mme Lisette Pollet
Les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs sont des lieux où l’on traite, soigne et soulage. Elles ne doivent pas devenir des structures équivoques où la porte des soins palliatifs et celle de l’euthanasie seraient voisines. Cet amendement vise donc à rappeler une évidence : les maisons d’accompagnement et de soins palliatifs ne sont pas faites pour accueillir des pratiques d’euthanasie.
Cette clarification est essentielle pour les soignants, puisque leur vocation est contraire à un tel acte – beaucoup refusent toute implication dans cette pratique.
Mme Anaïs Belouassa-Cherifi
Il y a la clause de conscience !
Mme Lisette Pollet
Elle l’est aussi pour les proches, qui doivent pouvoir se fier à la finalité profondément humaine de ces structures. Enfin, elle l’est pour les malades, qui doivent être sûrs que l’on veut les soigner et les soulager, et non les inciter lentement à en finir.
Cet amendement a été travaillé avec le Syndicat de la famille.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
On revient donc sur le débat sur l’aide à mourir. Nous en avons déjà parlé à l’article 1er et nous avions alors tranché. C’est donc un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. François Ruffin.
M. François Ruffin
Je voudrais m’exprimer sur l’ensemble des amendements de nos collègues de droite qui abordent la question de l’aide à mourir dans ce texte sur les soins palliatifs. Je respecte vos convictions. Sur le sujet de l’aide à mourir, il doit y avoir un vrai débat moral et éthique, pour s’assurer qu’un droit individuel ne devienne pas une pente collective et économique.
En revanche, à mon sens, l’introduction permanente de cette question dans le présent texte vient polluer le débat et ne permet pas d’avoir un débat digne.
Nous vivons un moment important. Nous nous demandons comment faire pour construire les soins palliatifs les plus solides et pour que les personnes en fin de vie aient la possibilité d’échapper à la douleur physique et psychique.
Faire revenir en permanence ces considérations dans le débat empêche de se poser pleinement ces questions, alors même que nous pouvons avoir des inquiétudes sur les soins palliatifs. J’ai moi-même des inquiétudes que j’ai déjà exprimées ici même. Je considère notamment que les moyens budgétaires ne sont pas au rendez-vous pour assurer l’accès aux soins palliatifs à tous les Français. Aujourd’hui, un malade sur deux n’y a pas accès. D’ici dix ans, on ne prévoit même pas le doublement de ce budget, alors qu’on sait qu’avec 23 % de personnes âgées en plus il y aura de l’inflation pendant cette période. Il n’y aura donc pas de soins palliatifs réels pour tout le monde.
Aujourd’hui, je considère que le rôle des députés doit être de faire en sorte de garantir l’accès aux soins palliatifs pour tous les Français. On aura le débat sur l’aide à mourir plus tard, mais vous venez polluer le débat en permanence.
M. Emeric Salmon
C’est dommage, vous n’étiez même pas là lors de l’examen de l’article 8 !
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Cet amendement de notre collègue Pollet a toute son importance pour préciser que les établissements n’ont pas à hâter ou à différer la survenue de la mort.
D’abord, rappelez-vous que vous avez supprimé cette précision à l’article 1er au tout début des débats. Je le regrette.
Vous dites, monsieur le rapporteur, qu’on est en train d’avoir un débat sur l’aide à mourir. C’est effectivement le cas, et nous parlons de l’aide à mourir pour une raison très simple : je considère que l’article 10 est un cheval de Troie par lequel l’aide à mourir s’invite dans les soins palliatifs.
D’ailleurs, la réponse de Mme la ministre, tout à l’heure, a été claire.
Le groupe Rassemblement national aura donc une liberté de vote sur cet article. À titre personnel, je serai contraint de voter contre car l’aide à mourir s’invite ici, comme c’était déjà le cas à l’article 8, relatif à la formation.
M. Yannick Monnet
C’est vous qui l’invitez !
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
J’invite notre collègue à relire son propre amendement. Les soins palliatifs sont conçus pour accompagner, et vous écrivez : « Ces établissements n’ont vocation ni à hâter ni à différer la survenue de la mort. » Est-ce à dire que vous ne voulez pas laisser les malades vivre le plus longtemps possible dans les meilleures conditions possibles ? C’est le contraire de ce que vous soutenez !
C’est là une erreur de rédaction, je vous le dis avec beaucoup de douceur et d’humilité. Il nous faut nous montrer très prudents.
Nous voterons contre cet amendement, et je vois que le ministre s’apprête à prendre la parole pour nous éclairer encore mieux.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Mignola, ministre délégué
J’irai dans le même sens que M. Vigier : on ne peut pas écrire dans la loi qu’un établissement ne peut pas « différer la survenue de la mort ».
M. Emeric Salmon
L’amendement dit qu’ils n’ont pas « vocation » à hâter ou différer la mort !
M. Patrick Mignola, ministre délégué
C’est rédigé de cette façon. On ne peut pas écrire dans la loi la négation du serment d’Hippocrate.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 519.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 91
Nombre de suffrages exprimés 84
Majorité absolue 43
Pour l’adoption 21
Contre 63
(L’amendement no 519 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Arnaud Simion, pour soutenir l’amendement no 65, qui fait l’objet du sous-amendement no 805.
M. Arnaud Simion
Tous les amendements sont importants, bien sûr, mais celui-ci tout particulièrement.
La République, c’est l’égalité ; certes, c’est là un idéal à atteindre, et l’examen, hier, de la proposition de loi sur la mortalité infantile, dans la niche parlementaire du groupe LIOT, nous a encore permis de constater à quel point l’offre de soin peut être déséquilibrée dans notre territoire.
Il est donc impératif d’inscrire dans la loi qu’il doit exister une maison d’accompagnement et de soins palliatifs par département. Cet objectif sera sous-amendé par ma collègue Élise Leboucher.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir le sous-amendement no 805.
Mme Élise Leboucher
Nous soutenons cet amendement, en effet nécessaire. Nous proposons de le renforcer en incluant les collectivités d’outre-mer, afin que les maisons d’accompagnement soient effectivement présentes sur l’ensemble de notre territoire.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
L’amendement et le sous-amendement sont satisfaits, la stratégie décennale prévoyant déjà la création d’une maison d’accompagnement par département. S’ils ne sont pas retirés, j’émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Nous sommes pleinement d’accord sur l’objectif d’égalité des territoires, y compris ultramarins. La ministre de la santé le disait tout à l’heure : il y aura une phase expérimentale avec dix à quinze de ces maisons, et la stratégie décennale prévoit un développement jusqu’en 2034.
Je serai néanmoins défavorable à l’amendement comme au sous-amendement, qui s’apparentent en réalité à des demandes de rapport.
Mme la présidente
La parole est à M. Emeric Salmon.
M. Emeric Salmon
Je reviens à l’amendement précédent. L’alinéa 10 de l’article 1er voté en commission disposait exactement : « L’accompagnement et les soins palliatifs ne visent ni à hâter, ni à différer la survenance de la mort. » Certes, il a été supprimé, mais vous ne pouvez pas reprocher à Mme Pollet de vouloir insérer cette même phrase à l’article 10.
Mme la présidente
La parole est à Mme Karine Lebon.
Mme Karine Lebon
J’appelle votre attention sur l’état du système de santé dans certains territoires ultramarins, en particulier Mayotte – je regrette que nous n’ayons pas débattu de l’extension de l’AME à Mayotte hier. Êtes-vous sûrs de garantir, si ce n’est pas inscrit dans la loi, qu’il y aura un jour une maison d’accompagnement et de soins palliatifs à Mayotte, au vu de l’état actuel de son système de santé ? (Mme Danielle Simonnet applaudit.)
Mme la présidente
Je mets aux voix le sous-amendement no 805.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 91
Nombre de suffrages exprimés 84
Majorité absolue 43
Pour l’adoption 61
Contre 23
(Le sous-amendement no 805 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 65, tel qu’il a été sous-amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 91
Nombre de suffrages exprimés 65
Majorité absolue 33
Pour l’adoption 44
Contre 21
(L’amendement no 65, sous-amendé, est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Karine Lebon, pour soutenir l’amendement no 180.
Mme Karine Lebon
Cet amendement précise que les maisons d’accompagnement font l’objet d’une évaluation annuelle. Mme Gruet avait déposé un amendement de suppression de cet article 10, dont je crois qu’il s’agissait d’un amendement d’appel qui serait, je crois, satisfait par cette demande d’évaluation.
Nous connaîtrions ainsi le nombre de maisons créées chaque année, et nous disposerions de données relatives à la nature de l’accompagnement, au profil des personnes accompagnées, aux moyens humains et financiers mobilisés.
C’est indispensable : nous ne pouvons pas nous contenter d’afficher des objectifs numériques – 100 maisons d’ici à dix ans, 20 dès 2025 – sans nous assurer non seulement qu’ils sont atteints mais que ces maisons remplissent les missions qui leur sont confiées.
Ces maisons ne sont pas des structures comme les autres : elles accueillent des malades et leurs proches dans une approche globale qui mêle soins, répit, soutien, humanité. C’est tout un pan du médico-social que nous réinventons et nous n’avons pas le droit à l’approximation. Or sans données précises, sans suivi méthodique, comment s’assurer que l’ambition affichée n’accouchera pas d’un dispositif inégal, sous-financé ou à deux vitesses ? Comment garantir que ces lieux ne deviendront pas les variables d’ajustement budgétaire d’après-demain ?
Il importe donc, au fur et à mesure du déploiement de ces maisons, de disposer de données objectives et fines afin de se faire une idée plus précise des missions que ces maisons d’accompagnement rempliront effectivement, et des moyens que nécessitera leur bon déploiement.
C’est une manière d’ajuster notre dispositif en temps réel et de garantir que cette promesse ne reste pas lettre morte. (Mme Danielle Simonnet applaudit.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Un comité de gouvernance est prévu à l’article 4 bis de la loi. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
(L’amendement no 180, repoussé par le gouvernement, est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’article 10, tel qu’il a été amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 94
Nombre de suffrages exprimés 90
Majorité absolue 46
Pour l’adoption 73
Contre 17
(L’article 10, amendé, est adopté.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures dix, est reprise à onze heures vingt.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Article 11
Mme la présidente
Sur les amendements nos 657 et 681, je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
L’article 11 prévoit l’existence d’un volet relatif aux soins palliatifs et d’accompagnement dans le projet d’établissement des Ehpad. Nous tenons particulièrement à ces éléments puisque plusieurs dispositions établies par cet article ont été permises grâce à un amendement de notre collègue Thibault Bazin, qui a prévu d’inclure dans le CPOM des Ehpad la prise en compte des besoins en soins palliatifs, qui sont importants. Un autre amendement, adopté à l’initiative de nos collègues Sylvie Bonnet et Thibault Bazin, y a inclus l’accompagnement des proches dans le deuil. De nos jours, en effet, beaucoup de nos concitoyens décèdent en Ehpad. Il devient donc plus urgent que jamais de s’assurer que les moyens seront aussi au rendez-vous dans les établissements de ce type. Nous souhaitons entendre le gouvernement sur ce point et connaître les modalités de mise en œuvre qu’il envisage.
Mme la présidente
Nous en venons aux amendements à l’article. Je suis saisie de deux amendements, nos 657 et 681 – ce dernier faisant l’objet d’un sous-amendement –, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme la rapporteure, pour soutenir le premier.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Il vise à garantir l’application de la stratégie décennale. Il convient donc de s’assurer que les crédits libérés dans le cadre des différentes lois de financement de la sécurité sociale (LFSS) soient employés de manière effective au renforcement de l’offre palliative. J’ai retiré un amendement identique, discuté en commission sous la référence AS620, car il avait été placé après l’article 11, ce qui est apparu comme problématique.
L’amendement no 657 précise que les modalités de déploiement de l’accompagnement et des soins palliatifs doivent être décrites dans les schémas régionaux de santé (SRS) rédigés par les ARS et dans les projets d’établissement ou de service des ESMS.
Mon amendement et celui de notre collègue Agnès Firmin Le Bodo sont en concurrence mais partagent le même objectif. Le mien est plus précis car il porte sur les projets d’établissements plutôt que sur les CPOM qui, comme beaucoup d’entre nous le savent, n’existent pas dans tous les établissements ou sont parfois inopérants ou non révisés. Celui de Mme Firmin Le Bodo cible les établissements et les structures médico-sociales qui accueillent des personnes concernées par le parcours de fin de vie. Je propose de retirer mon amendement au profit de celui de notre collègue en sous-amendant ce dernier.
(L’amendement no 657 est retiré.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 681.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Madame la rapporteure, la synthèse de nos deux amendements offrirait une bonne réécriture de l’article 11. Le mien est en effet plus précis et apporte une clarification qui manque à d’autres endroits du texte. Sous-amendé comme vous le proposez, il permet une nouvelle rédaction à même de satisfaire le maximum d’entre nous.
Mme la présidente
Le sous-amendement no 806 de Mme la rapporteure est défendu.
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement et le sous-amendement ?
M. François Gernigon, rapporteur
Favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Je salue la finesse du travail légistique résultant de la synthèse entre l’amendement et le sous-amendement, en faveur desquels nous allons voter. L’article 11 est très important car un rapport de la Cour des comptes a souligné les difficultés du déploiement des soins palliatifs dans les Ehpad. Il faut dire les choses telles qu’elles sont : s’ils sont des lieux de vie, les Ehpad sont aussi des lieux de fin de vie, puisqu’un quart de leurs résidents décèdent chaque année, soit 150 000 personnes. Le déploiement des soins palliatifs en leur sein, notamment par la montée en puissance des conventions qu’ils doivent conclure avec des équipes mobiles spécialisées, représente donc un enjeu crucial.
Il importe qu’un texte sur les soins palliatifs s’empare du sujet, ce que les propositions en discussion commune permettent. Cela fait écho au débat que nous avons eu sur l’article 10. Il faut que la culture palliative, aide à mourir incluse, atteigne les Ehpad. En effet, un quart de leurs résidents qui décèdent rendent leur dernier souffle au cours d’une hospitalisation, souvent délétère, qui aurait pu être évitée par le déploiement d’une telle culture dans ces établissements. Nous sommes là au cœur de ce que nous devons faire pour le développement des soins palliatifs comme accompagnement digne de la fin de vie, alors qu’actuellement les Ehpad ne sont pas toujours à la hauteur, dans ces moments-là, ni pour les résidents, ni pour les familles, ni pour les personnels.
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin.
M. Thibault Bazin
Je suis très favorable à l’amendement de Mme Firmin Le Bodo et je me réjouis du retrait de celui de Mme Vidal car il faisait mention de la stratégie décennale qui, selon moi, ne doit pas figurer dans le texte de la future loi. En revanche, la suppression, dans le sous-amendement no 806, de la référence au CPOM me pose problème. Par cohérence avec le précédent article tel que nous l’avons adopté, je pense qu’il faut rejeter le sous-amendement.
Par ailleurs, il y a une interrogation sur les modalités d’application de l’article 11. Mme la ministre Vautrin n’est plus là mais ses conseillers pourront lui rapporter ce que je vais dire. L’annexe du PLFSS première version, sous Michel Barnier, faisait état d’intentions sur les soins palliatifs qui ont disparu dans la version finale de la LFSS adoptée sous François Bayrou. Il faut qu’on puisse vérifier les montants engagés et, le cas échéant, comment ils se déclinent. Or certains sous-objectifs de l’Ondam concernent les soins palliatifs, sans que nous ayons les détails. Il faudra croiser ces éléments avec les CPOM, dans une sorte de nécessaire service après-vente de la loi. Le plus important pour nous est de nous assurer que tout ce que l’on souhaite créer en matière de soins palliatifs soit enfin réalisé. Or nous voyons bien que des écueils demeurent et nous attendons des précisions du gouvernement.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
La rédaction de l’article 11 est très importante. Même si, non sans malice, Thibault Bazin a dit que les intentions étaient écrites sous Michel Barnier et ne l’étaient plus aujourd’hui, je confirme que – comme le premier ministre l’a indiqué en présentant il y a peu un plan d’accès aux soins – cette affaire de soins palliatifs nous engage tous. Elle nous engage financièrement et nous veillerons à ce que les crédits ne soient pas noyés dans la masse, comme dirait Jérôme Guedj, mais individualisés, afin qu’ils correspondent aux attentes partout où ils seront déployés.
Par ailleurs, je profite de la présence au banc du gouvernement du ministre des relations avec le Parlement pour faire part d’une petite frustration que le ministère des universités pourrait résoudre. Je regrette l’absence d’un engagement ferme sur la définition d’une discipline universitaire consacrée aux soins palliatifs. Il faut la créer. Comment voulez-vous que ces métiers soient attractifs sans reconnaissance universitaire ? Il existe des diplômes mais ils ne permettent pas de devenir chef de service. La Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine a demandé que cela change. Nous devrions tous pouvoir nous retrouver sur ce point.
De plus, comme travailler en soins palliatifs est plus un poste de milieu que de début de carrière, il faut inventer des passerelles. Ainsi qu’Agnès Firmin Le Bodo l’a très bien dit il y a quelques jours, sans formation, rien ne se fera, quels que soient les moyens mis sur la table. L’existence de filières est la condition préalable à la généralisation des soins palliatifs sur tout le territoire. Il s’agit d’une exigence que nous devons exprimer collectivement.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Il est bon de rappeler ce que la ministre avait indiqué en commission, et brièvement ce matin, quant à la création d’une filière de soins palliatifs, à son implantation territoriale et au déploiement des moyens à cette fin. Je tiens à rassurer la représentation nationale, en particulier le rapporteur général Bazin, sur les intentions du gouvernement : même si la mention ne figure plus, cette année, en annexe du PLFSS, les 100 millions d’euros alloués aux soins palliatifs y sont bien inscrits.
M. Thibault Bazin
Mais comment seront-ils répartis ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Lorsque nous en viendrons au texte suivant, il sera important d’avoir à l’esprit les obligations que créera l’amendement d’Agnès Firmin Le Bodo sous-amendé par Annie Vidal.
(Le sous-amendement no 806 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 681, tel qu’il a été sous-amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 81
Nombre de suffrages exprimés 80
Majorité absolue 41
Pour l’adoption 80
Contre 0
(L’amendement no 681, sous-amendé, est adopté ; en conséquence, l’article 11 est ainsi rédigé et les amendements nos 97, 328, 263 rectifié, 99, 416 et 593 tombent.)
Après l’article 11
Mme la présidente
Je suis saisie d’un amendement, no 238, portant article additionnel après l’article 11.
La parole est à M. Patrick Hetzel, pour le soutenir.
M. Patrick Hetzel
Afin de garantir la conduite opérationnelle de la stratégie décennale, il convient de s’assurer que les crédits alloués dans le cadre des différentes lois de finances soient effectivement déployés. Inscrire une série de dispositions dans le code de la santé publique garantira que les moyens suivront dans la durée.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Le sujet a déjà été évoqué. Je demande le retrait de l’amendement, sinon je donnerai un avis défavorable.
(L’amendement no 238, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Article 11 bis
(L’article 11 bis est adopté.)
Article 11 ter
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 618 qui tend à supprimer l’article.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
J’ai beaucoup hésité avant de le déposer. Lorsqu’une personne entre dans un Ehpad, elle signe un contrat avec l’établissement, mais ce contrat doit-il contenir des informations sur la fin de vie et les directives anticipées ? L’arrivée dans un Ehpad est un moment compliqué, difficile ; c’est un choc. Aborder ce sujet immédiatement, dès la signature du contrat, me paraît déplacé : non seulement le moment est mal choisi, mais ces éléments sont alors présentés – n’y voyez aucun mépris – par la secrétaire de l’Ehpad, qui remplit le dossier, et non par un membre du personnel médical ou paramédical.
M. Jérôme Guedj
Elle a raison !
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Évoquer ces sujets à ce moment et de cette façon risque de mettre les futurs résidents de l’Ehpad en difficulté. Je propose de supprimer l’article 11 ter et de prévoir la mise à disposition de ces informations à un autre moment du parcours d’installation dans l’établissement.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 618, je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
L’information prévue à l’article 11 ter peut être écrite et concise, à la manière du livret d’information dont la remise est prévue à l’article 1er. Pour en avoir discuté avec la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées dans mon département de Maine-et-Loire, j’estime qu’il ne faut pas entrer plus dans le détail, notamment en ce qui concerne les modalités de la fin de vie. Je suis donc favorable à l’amendement de suppression.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Il est vrai que fournir ces informations au moment de l’entrée en Ehpad enverrait un message négatif au futur résident. Le plus souvent, elles font partie d’un dossier administratif comportant toute une série de documents, et la personne ne sait pas bien quoi en faire. C’est inopportun. Je soutiendrai donc la suppression de l’article.
En revanche, vu l’objet du texte, la question ne doit pas être traitée au regard de l’âge de la personne – une personne âgée qui entre en Ehpad –, mais de la pathologie qui requiert une prise en charge dans le cadre d’un accompagnement et de soins palliatifs. D’ailleurs, l’article 14 précise qu’à l’annonce de la pathologie, on instaure un cycle de discussions ; quand le moment sera venu et que le médecin ou l’équipe de soins pensera que la personne est prête à recevoir cette information, on lui dira qu’elle peut, si elle le souhaite, rédiger des directives anticipées et être accompagnée.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Le groupe La France insoumise soutiendra la suppression de l’article, en cohérence avec nos votes depuis 2024. Nous adhérons à plusieurs arguments. Nous sommes tous attachés à l’information sur les directives anticipées – chacun doit prendre la décision, en son âme et conscience –, mais nous estimons aussi que l’entrée dans l’établissement n’est pas le bon moment pour la fournir. Ce calendrier, le manque de temps pour en parler, le statut de l’interlocuteur administratif, tout cela conduirait à envoyer un mauvais message au futur résident. L’amendement de Mme Firmin Le Bodo devrait recueillir la majorité, et c’est une bonne chose.
La deuxième bonne nouvelle, c’est que l’amendement no 732 à venir vise à charger l’assurance maladie d’informer les personnes, régulièrement et périodiquement, dès la majorité et tout au long de leur vie, sur les directives anticipées. Cela éviterait de délivrer cette information à un moment où la personne est vulnérable, comme lors de son entrée en établissement spécialisé.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Rousseau.
Mme Sandrine Rousseau
Le groupe Écologiste et social soutiendra également l’amendement de suppression. Nous avons cependant besoin d’une garantie de ce que les personnes, à un moment ou un autre de leur parcours, seront bien informées de leurs droits en fin de vie. En effet, la suppression de l’article 11 ter qui, j’en conviens, place cette information à un moment inopportun, ne doit pas conduire à omettre cette information, indispensable. Nous ne pourrons sereinement voter pour l’amendement de Mme Firmin Le Bodo que si le ministre et les rapporteurs s’engagent à se montrer favorables aux amendements à venir qui proposent un autre calendrier. (Mme Danielle Simonnet applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Ce débat fait suite à nos échanges en commission. Il apparaît en effet plus sage de voter l’amendement d’Agnès Firmin Le Bodo car le moment de l’entrée en Ehpad est déjà émotionnellement très chargé. Pour répondre à l’interrogation de Sandrine Rousseau, même en l’absence d’un amendement en ce sens – la mesure n’est d’ailleurs peut-être pas de nature législative –, le bon moment pour informer les résidents de leurs droits serait l’élaboration du plan d’accompagnement personnalisé (PAP), qui intervient quelque trois à cinq mois après l’entrée en Ehpad, après un travail de coordination et de discussion avec l’ensemble de l’équipe médico-sociale – je pense notamment au psychologue de l’établissement.
Mme Nicole Dubré-Chirat
C’est déjà précisé à l’article 14 !
M. Jérôme Guedj
Très bien. Cette précision est inutile dans le contrat de séjour. Faisons confiance au professionnalisme des équipes des Ehpad pour aborder le sujet de la fin de vie et des directives anticipées avec tact.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Le groupe Démocrate est également favorable à l’amendement ; ces informations n’ont rien à faire dans le contrat signé à l’entrée en Ehpad. Quitter son domicile et son environnement est violent, et le personnel administratif n’a pas les compétences nécessaires en psychologie pour évoquer le sujet de la fin de vie. L’article 14 répond pleinement au problème.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Je suis d’accord avec Jérôme Guedj sur le moment opportun pour aborder la question. Madame Rousseau, nous sommes favorables à l’article 14 qui va dans le sens de la volonté qui s’est exprimée sur l’ensemble des bancs. Pour la pleine information de la représentation nationale, je vous indique qu’en dehors de ce qui sera inscrit dans la loi, le gouvernement s’est engagé à lancer une grande campagne de communication et d’information car seuls 16 % des moins de 65 ans ont aujourd’hui rempli leurs directives anticipées. Au mois de septembre prochain, chacun doit avoir pris connaissance de ses droits et de la liberté de les exercer.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Je voterai également l’amendement de suppression. Par ailleurs, vu l’extension du maintien à domicile, on entre aujourd’hui en Ehpad dans un état de dépendance bien plus avancée qu’il y a vingt ans. Il est alors parfois trop tard pour mener une réflexion sur ce sujet. Tout au long de la vie, chacun doit être informé de ses droits – pas besoin, pour cela, d’attendre d’être malade.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.
Mme Sandrine Dogor-Such
Le groupe Rassemblement national votera l’amendement de Mme Firmin Le Bodo. Une personne qui arrive dans un établissement est perdue ; lui faire signer un contrat en ce sens peut être violent – n’oublions pas l’envers humain des dispositions législatives. Il faut donc supprimer cet article. Les directives anticipées – à l’article 15, j’ai déposé un amendement, no 419, qui s’y rapporte – doivent être signées non pas à l’arrivée en Ehpad, mais plus tard. L’information peut se faire au fur et à mesure du séjour.
Mme la présidente
La parole est à M. Corentin Le Fur.
M. Corentin Le Fur
Le groupe Droite républicaine se joint à l’accord quasi général pour soutenir l’amendement de Mme Firmin Le Bodo et supprimer l’article. Il est brutal et maladroit d’évoquer ce sujet dès l’arrivée en Ehpad, alors qu’on connaît l’émotion et les difficultés psychologiques qu’elle entraîne. Ce n’est ni le lieu ni le moment pour le faire. La réflexion devra être menée plus tard, avec des personnels qualifiés, de manière subtile, accompagnée et progressive. Avoir introduit cet article dans le texte était une erreur et j’espère que sa suppression sera votée à l’unanimité.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 618.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 88
Nombre de suffrages exprimés 87
Majorité absolue 44
Pour l’adoption 87
Contre 0
(L’amendement no 618 est adopté à l’unanimité ; en conséquence, l’article 11 ter est supprimé et les amendements en discussion commune depuis l’amendement no 49 jusqu’à l’amendement no 714, ainsi que l’amendement no 125, tombent.)
Article 11 quater
Mme la présidente
La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl
L’article 11 quater est intéressant – je remercie les collègues qui l’ont introduit en commission ; il va dans le sens de ce qui aurait dû être fait depuis une vingtaine d’années : améliorer l’information de nos concitoyens au sujet des soins palliatifs, notamment en fixant aux médecins la mission d’informer leurs patients de l’existence de ces soins.
Nous vivons en effet dans un pays dont l’immense majorité des habitants ne savent pas ce qu’est la médecine palliative ; la plupart des Français n’ont aucune idée de ses bienfaits, en particulier pour soulager la douleur – qui constitue l’un des enjeux fondamentaux des textes que nous examinons.
Cet article vise à inscrire dans le code de la santé publique que les médecins généralistes de premier recours devront « s’assurer de la bonne information et de la prise en charge palliative du patient » et, si nécessaire, les médecins traitants devront faire « le lien avec les structures spécialisées dans la prise en charge palliative », ce qui aurait dû être inscrit dans la loi depuis bien longtemps.
(L’article 11 quater est adopté.)
Article 11 quinquies
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir les amendements nos 595 et 594, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
M. François Gernigon, rapporteur
L’amendement no 595 est rédactionnel et vise à substituer aux mots « intègre des objectifs, sous forme d’indicateurs, » les mots : « comprend des objectifs et des indicateurs ».
L’amendement no 595 est, lui, un amendement de coordination, qui reprend la formulation « d’accompagnement et de soins palliatifs », retenue à l’article 1er.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
M. Thibault Bazin
Que de sagesse depuis le début de l’examen de ce texte !
(Les amendements nos 595 et 594 sont successivement adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 555.
M. Christophe Marion
Le présent amendement vise à intégrer dans le contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens des établissements de santé, des objectifs relatifs à la formation de leurs personnels à l’aide à mourir en sus de ceux relatifs à la formation à l’accompagnement et aux soins palliatifs.
J’entends le principal argument que vous m’opposerez et que vous avez déjà fait valoir mercredi dernier pour modifier l’article 8 : toute remise en cause de l’étanchéité entre les deux textes serait inadmissible. Pour ma part, je n’ai jamais pensé que ces deux textes devaient être étanches l’un à l’autre.
M. Thibault Bazin
Ça ne nous étonne pas !
M. Christophe Marion
Sur ce point, je m’oppose à la conception du gouvernement – reconnaissez-moi au moins une certaine cohérence.
D’autre part, le texte adopté à l’unanimité en commission comportait des dispositions relatives à la formation à l’aide à mourir, notamment à l’article 8, ce qui ne choquait alors personne.
Enfin, au vu des débats de ce matin sur l’article 10, en particulier des amendements de certains collègues visant à éviter que l’aide mourir puisse être pratiquée dans les maisons d’accompagnement, la notion d’étanchéité me semble toute relative.
Malgré cela, en gage de ma bonne volonté et pour garder à nos échanges leur sérénité, je retire cet amendement. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)
M. Thibault Bazin et Mme Anne-Laure Blin
Voilà qui est raisonnable !
Mme Sandrine Rousseau
Vous êtes trop influençable !
(L’amendement no 555 est retiré.)
(L’article 11 quinquies, amendé, est adopté.)
Article 12
Mme la présidente
Sur l’amendement no 617, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo, pour soutenir l’amendement no 617, qui tend à supprimer l’article.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Ce n’est pas parce que j’ai déposé cet amendement de suppression de l’article 12 que je serais opposée au congé de solidarité familiale qu’il prend pour objet – je le précise d’emblée pour parer aux raccourcis faciles.
Tout en rappelant qu’il s’agit pour nous d’écrire la loi, je donne lecture de l’article 12 tel qu’il figure dans la proposition de loi : « Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le gouvernement remet au Parlement un rapport sur le coût et sur les modalités d’une réforme du congé de solidarité familiale permettant d’en accroître le taux de recours et de garantir une revalorisation de l’indemnisation […] associée […]. »
Si je propose la suppression de cet article, c’est que nous savons bien – le fait même de demander un rapport en témoigne – que le taux de recours à ce congé peu connu reste faible. Le problème tient à l’insuffisante information de nos concitoyens à son sujet. Plutôt que d’attendre six mois après la promulgation de la loi – dont nous ignorons le moment –, il serait plus efficace et plus économe de temps de conduire nous-mêmes une mission d’évaluation du dispositif – la mission d’évaluation et de contrôle de la sécurité sociale (Mecss) ou le Printemps social pouvant se saisir de ce sujet – afin d’en améliorer l’accessibilité.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Tout en étant favorable au congé de solidarité familiale, je ne le suis pas aux demandes de rapport. J’émets donc un avis favorable sur cet amendement de suppression.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Ce congé est-il suffisamment connu ? Non. Y a-t-on suffisamment recours ? Non plus. Est-il nécessaire de le recalibrer, du moins de mieux le faire connaître, afin que le droit créé par cette assemblée il y a quelques années soit réellement appliqué dans les années à venir ? La question se pose à la représentation nationale comme au gouvernement. C’est pourquoi je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée sur tous les amendements à cet article.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher.
Mme Élise Leboucher
Nous ne voterons pas en faveur de l’amendement de Mme Firmin Le Bodo, dont la proposition nous semble complémentaire à la demande de rapport.
Les proches aidants jouent un rôle central dans l’accompagnement de la fin de vie. Hélas, l’allocation journalière d’accompagnement d’une personne en fin de vie n’est versée qu’à condition que l’accompagnement ait lieu à domicile, ce qui empêche l’aidant d’en bénéficier, dès lors que la personne aidée est hospitalisée. Vous comprendrez tous que cela pose problème car le temps d’hospitalisation n’est pas un moment de repos pour le proche aidant qui continue d’accompagner activement la personne.
La création des lieux intermédiaires entre hôpital et domicile que sont les maisons d’accompagnement rend d’autant plus nécessaire la suppression de ce critère d’accompagnement spécifique à domicile. Les associations de proches aidants demandent depuis longtemps que l’allocation soit versée indépendamment de cette condition pour une durée de trois mois renouvelable, contre soixante-six jours à l’heure actuelle.
Ce rapport, que nous compléterons par voie d’amendement, permettra de mettre en lumière le rôle du proche aidant et de dégager des pistes de réformes susceptibles d’améliorer le congé de solidarité familiale.
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Grâce à l’adoption en commission d’un amendement du rapporteur général du budget de la sécurité sociale, Thibault Bazin, le délai laissé au gouvernement pour remettre ce rapport a été réduit, d’un an à six mois. Les informations demandées seraient particulièrement utiles pour préparer le débat budgétaire concernant la sécurité sociale, raison pour laquelle notre groupe est favorable au maintien de cet article.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Je suis contre cet amendement de suppression. Si l’article prévoit la remise, par le gouvernement, d’un rapport, disposition – vraiment utile – que nous enrichirons d’ailleurs par voie d’amendement afin d’obtenir plus d’informations, c’est que, dans une proposition de loi, nous ne pouvons faire autre chose pour que le gouvernement se saisisse rapidement de la question.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
J’avoue ne pas comprendre les arguments censés justifier la suppression de cet article qui vise à nous faire bénéficier d’un rapport sur le coût et sur les modalités d’une réforme du congé de solidarité familiale. Nous devons discuter d’une telle réforme, notamment de la suppression du critère qui conduit à n’accompagner les proches aidants qu’à la condition que la personne décède à son domicile. Même en tenant compte de la pluralité des domiciles – maison d’accompagnement, Ehpad ou domicile « classique » –, il convient de supprimer ce critère afin de prendre en compte toutes les situations.
J’ai cru comprendre que, selon Mme Firmin Le Bodo, c’était dans le cadre de l’exercice de nos prérogatives d’évaluation de la loi et de contrôle de son application qu’il nous revenait d’évaluer ce dispositif.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Oui.
Mme Danielle Simonnet
Or nos prérogatives nous permettent seulement de vérifier la parution de tous les décrets d’application six mois après l’adoption d’une loi, au cours d’une mission de contrôle ; puis de conduire une mission d’évaluation de la loi, trois ans après son adoption. Ces différentes missions ne peuvent remplacer ce qui est demandé dans l’article :…
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Si !
Mme Danielle Simonnet
…un rapport de nature à éclairer le gouvernement et à permettre au législateur d’aller au-delà de l’objet de ce texte et de se poser toutes les questions relatives aux proches aidants.
Mme la présidente
La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl
Je suis également opposé à la suppression de cet article, non que je sois amateur de rapports, bien au contraire : je dépose régulièrement des amendements de suppression d’articles portant de telles demandes. Si les rapports demandés dans nombre de textes sont aussi bavards qu’inutiles, sur un sujet comme celui-là, un rapport me semble justifié.
Le non-recours au congé de solidarité familiale représente bel et bien une difficulté. L’année dernière, cette question avait été soulevée par voie d’amendement au précédent texte sur la fin de vie ; cette année, elle figurait dans la version initiale de la présente proposition de loi – je me tourne vers nos rapporteurs pour en être certain. Cela montre qu’il existe bien un problème d’évaluation d’une politique publique, sur lequel le pouvoir législatif formule une demande claire à l’exécutif. Nous devons obtenir des réponses quant aux moyens d’améliorer le taux de recours au congé de solidarité familiale.
Je termine en adressant un contre-argument à Mme Firmin Le Bodo. Chère collègue, vous justifiez votre volonté de supprimer cet article en invoquant le non-recours et en affirmant que le problème n’est pas celui que cible l’article. S’il fallait cesser de discuter d’un dispositif dès lors qu’il y est peu recouru, il faudrait supprimer la présente proposition de loi. (Mme Agnès Firmin Le Bodo fait un signe de dénégation.)
M. Thibault Bazin
Après cinq jours de débat !
M. Charles Sitzenstuhl
En matière de soins palliatifs aussi, le taux de non-recours est élevé et nos concitoyens restent mal informés. À vous suivre, nous ne discuterions pas de ce texte. Cet argument-là ne me semble donc pas bon.
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Monsieur Sitzenstuhl, l’excès nuit toujours à l’argument que l’on veut défendre.
Au risque de me répéter, je vais répondre à Mme Simonnet. Le congé de solidarité familiale a déjà été instauré ; son existence est déjà inscrite dans la loi. Pour avoir rencontré des associations d’aidants, nous savons tous – chacun l’a dit avec ses mots – qu’il n’est pas demandé parce qu’il reste méconnu.
Si j’ai voulu déposer cet amendement, c’est parce que je pense que nous pouvons aller plus vite pour apporter des améliorations en la matière. Je vous rappelle que nous disions déjà la même chose il y a un an. Dans ce délai, nous aurions déjà pu, par l’intermédiaire de la Mecss ou du Printemps de l’évaluation, voire d’une mission d’information lancée par l’un d’entre nous, essayer d’apporter des réponses à ce sujet. Je pense donc qu’un tel rapport, qui ne serait publié qu’après la promulgation de la loi, ne nous ferait pas gagner de temps, alors que nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est nécessaire d’améliorer la connaissance de ce dispositif et peut-être même son application.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre délégué.
M. Patrick Mignola, ministre délégué
J’ajoute que nous sommes en première lecture ; dans la meilleure hypothèse, ce texte aura achevé sa navette parlementaire dans six ou huit mois. En l’occurrence, le rapport dont nous discutons devrait être remis dans un délai de six mois après la promulgation de la loi. N’aurait-on pas intérêt à susciter une mission parlementaire ou gouvernementale – …
M. Yannick Monnet
L’un n’empêche pas l’autre !
M. Patrick Mignola, ministre délégué
…c’est la proposition que je fais –,…
M. Thibault Bazin
C’est ce que je demandais !
M. Patrick Mignola, ministre délégué
…pour que, d’ici au prochain PLFSS, nous disposions d’éléments objectifs sur lesquels la représentation nationale pourra s’appuyer, afin de conforter ce congé de proche aidant et de permettre à tous de mieux en bénéficier. Je regarde le rapporteur général du PLFSS, Thibault Bazin : il semble d’accord avec ma proposition, qui me semble plus opérationnelle.
M. Patrick Hetzel
C’est sûr !
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Je maintiens donc ce que je disais à propos de la suppression de cet article : je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 617.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 93
Nombre de suffrages exprimés 66
Majorité absolue 34
Pour l’adoption 23
Contre 43
(L’amendement no 617 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je fais un petit point d’information sur l’avancée de nos travaux. Nous avançons au rythme de vingt et un amendements par heure ;…
M. Thibault Bazin
Vous êtes meilleure que la présidente, mais moins bonne que M. Lescure ! (Sourires.)
Mme la présidente
…or, si nous voulons tenir nos délais, la conférence des présidents a fixé un objectif de vingt-cinq amendements par heure. Nous allons donc essayer d’aller un peu plus vite, même si nous avons déjà bien accéléré par rapport au début de la séance. À ce rythme, il resterait théoriquement 108,5 heures de débat sur les deux textes. Sur celui-ci, nous avons encore 269 amendements à examiner.
L’amendement no 596 de M. le rapporteur est rédactionnel.
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
(L’amendement no 596 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 183.
M. Yannick Monnet
Il vise simplement à préciser l’objet du rapport, qui pourrait notamment examiner la possibilité d’élargir les modalités de versement de l’indemnisation associée au congé de solidarité familiale, et celle d’allonger sa durée de versement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 183 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 727.
Mme Élise Leboucher
Je l’ai déjà un peu présenté tout à l’heure, quand j’ai argumenté contre l’amendement de suppression de Mme Firmin Le Bodo : il vise à préciser que le rapport étudiera la possibilité de supprimer le critère selon lequel l’accompagnement doit s’effectuer à domicile pour entraîner le versement d’une allocation, mais aussi celle d’allonger à trois mois la durée de versement, pour l’aligner sur la durée du congé de solidarité familiale.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 727 est adopté.)
(Mme Danielle Simonnet applaudit.)
Mme la présidente
Sur l’article 12, je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Anaïs Belouassa-Cherifi, pour soutenir l’amendement no 728.
Mme Anaïs Belouassa-Cherifi
Nous souhaitons intégrer au rapport un volet spécifique consacré au coût et aux modalités d’une réforme du congé de proche aidant. On estime que 9 millions de proches aidants accompagnent au quotidien des malades ; leur action pallie souvent des carences de la solidarité nationale et un manque d’engagement de la part de l’État. Dans un contexte de vieillissement de la population, il nous semble essentiel de disposer d’éléments sur la situation des proches aidants ; il est urgent de reconnaître pleinement ce qu’ils vivent au quotidien en améliorant leurs droits.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 728 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Constance de Pélichy, pour soutenir l’amendement no 443.
Mme Constance de Pélichy
Il a trait aux séjours de répit des proches aidants. À l’échelle du territoire national, on observe que l’accès aux séjours de répit et l’information disponible à leur propos sont très disparates. Par ailleurs, 30 % des aidants décèdent avant leur proche aidé. Nous souhaitons donc que le rapport comprenne des propositions sur ce sujet.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 443 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’article 12, tel qu’il a été amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 84
Nombre de suffrages exprimés 59
Majorité absolue 30
Pour l’adoption 45
Contre 14
(L’article 12, amendé, est adopté.)
Après l’article 12
Mme la présidente
Sur l’amendement n° 738 portant article additionnel après l’article 12, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Hadrien Clouet, pour le soutenir.
M. Hadrien Clouet
Il a un objectif simple et que j’espère partagé par tout le monde : élargir le bénéfice du congé pour décès aux personnes de confiance. Vous savez que le code du travail reconnaît le droit à un congé pour décès lorsque vous perdez quelqu’un de votre famille – ce peut être un parent, un beau-parent, un frère ou une sœur, c’est-à-dire des personnes avec lesquelles vous avez un lien biologique : vous avez alors le droit de ne pas retourner au travail pendant quelque temps. On sait très bien que la peine, la douleur, la souffrance que cause le décès d’un proche ou d’une proche nécessite du temps pour soi, pour les autres, pour se reconstruire et pour assurer ce qui doit l’être dans les jours qui suivent.
Nous avons ici l’occasion de franchir un pas important pour notre humanité commune. L’idée est la suivante : la personne de confiance qui vous a accompagné dans votre fin de vie et a partagé vos derniers moments, celle qui a récolté l’information pour vous et dialogué avec vos soignants, a aussi droit, au même titre qu’un membre de votre famille, à un congé pour décès. Pouvez-vous imaginer que cette personne de confiance, qui vous a tenu la main jusqu’au bout, soit obligée, le lendemain de votre décès, de retourner à son poste de travail ? Cela me paraît insensé. Reconnaître ce droit, c’est dire que le deuil ne repose pas seulement sur une base biologique : il procède aussi d’un choix social. Dès lors que l’on aime quelqu’un, on a le droit d’avoir le temps de faire son deuil. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Danielle Simonnet applaudit également.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Vous soulevez un enjeu important et je trouve votre amendement intéressant,…
M. Thibault Bazin
Mais ?
M. François Gernigon, rapporteur
…mais je crois que, comme moi, vous êtes attaché au dialogue social : nous pouvons laisser aux partenaires sociaux le soin de modifier ce congé dans les entreprises. Avis défavorable.
M. Thibault Bazin
Le rapporteur a raison !
Mme Élise Leboucher
Il faut une mesure qui s’applique à tous de manière égalitaire !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
C’est évidemment un enjeu majeur dans une société dont l’une des évolutions les plus récentes est la souffrance de la solitude, qui n’est pas forcément soignée ou accompagnée par des liens biologiques. Je suis donc assez sensible à l’argument du député Clouet. Cependant, nous sommes en train d’examiner une loi qui porte sur les soins palliatifs : même si elle peut indirectement concerner les aidants familiaux, ce n’est probablement pas dans ce texte que nous devons faire figurer une telle mesure. Je rejoins donc volontiers le rapporteur : cela relève des partenaires sociaux.
Mme Élise Leboucher
Il y aura des inégalités !
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Néanmoins, je crois qu’il est fondamental que la représentation nationale et le gouvernement expriment leur sensibilité à ce sujet. À ce stade de l’examen du texte, nous pouvons nous contenter d’envoyer un message quant à la nécessité de travailler sur ce sujet et d’en charger les partenaires sociaux. Le gouvernement le prend très au sérieux et souhaite que des réponses soient apportées sans attendre le cheminement parlementaire du texte, dont il est entendu qu’il sera encore long. Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
Il est vraiment essentiel de soutenir l’amendement de notre collègue Clouet. Il permet enfin de considérer que les liens sociaux qui nous unissent à ceux qui nous sont le plus chers ne sont pas forcément des liens biologiques ou familiaux. C’est un sujet crucial et c’est la responsabilité de la représentation nationale que d’en débattre. Renvoyer un tel débat aux partenaires sociaux, c’est d’une certaine manière le limiter à la question du coût qu’il va représenter pour la collectivité. Ce dont nous sommes en train de parler, c’est d’un droit que nous voulons inscrire dans la loi. Nous avons ici l’occasion de jouer notre rôle de parlementaires en reconnaissant une évolution marquante de la société, car tout le monde est désormais convaincu que des liens sociaux peuvent être très forts sans pour autant être familiaux ou biologiques. Légiférons pour garantir ces droits !
Comme d’autres l’ont rappelé, j’ajoute que la lutte contre la solitude et pour la reconnaissance du caractère multiple des liens sociaux est primordiale. On entend parfois le slogan « moins de biens, plus de liens » : traduisons-le maintenant !
Mme Anaïs Belouassa-Cherifi
Bravo !
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Il faut se garder d’une vision manichéenne des choses : il n’y a pas d’un côté ceux qui, en défendant certains amendements, deviendraient les tenants de l’humanisme, et de l’autre ceux qui, n’y étant pas favorables, pourraient être qualifiés d’anti-humanistes. À gauche, vous êtes habituellement favorables à la démocratie sociale ; or sur un sujet tel que celui-là, la démocratie sociale invite à faire appel aux partenaires sociaux. Les négliger, dans une telle discussion, ne me semble absolument pas souhaitable.
Nous sommes donc hostiles à cet amendement, non parce que nous n’en approuvons pas l’esprit mais parce que ce sujet doit selon nous être traité de manière beaucoup plus large, en laissant les partenaires sociaux jouer pleinement leur rôle. Ne les laissons pas de côté.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Il ne faut pas opposer les droits et la négociation sociale. Que prévoit le code du travail lors du décès d’un proche, qu’il soit un ascendant ou un descendant ? Un nombre minimum de jours de congé, au cours desquels on peut essayer de se reconstruire et de s’en remettre. C’est seulement sur ce minimum légal que la négociation peut s’appuyer pour obtenir mieux.
Mme Anne Stambach-Terrenoir
Voilà !
M. Hadrien Clouet
La partie du code du travail que nous souhaitons modifier est très claire : une durée minimum est prévue, mais l’accord d’entreprise ou l’accord de branche peuvent faire mieux.
M. René Pilato
Voilà !
M. Hadrien Clouet
Il est donc inutile de construire une opposition artificielle entre la négociation et les droits : le droit, c’est la base de la négociation. En revanche, renvoyer la discussion aux partenaires sociaux comporte un risque de rupture d’égalité entre les personnes qui obtiendront des jours de congé en vertu d’un lien biologique avec la personne décédée, et celles qui n’en bénéficieront pas faute d’accord. L’absence d’accord ne sera d’ailleurs pas forcément liée à une quelconque malveillance : peut-être certaines négociations n’auront-elles simplement pas eu le temps d’aboutir.
Il y a donc un risque d’inégalité en fonction de la nature du lien qui nous unit à la personne aimée et décédée. Il nous revient donc d’écarter ce risque pour ceux qui accompagnent les personnes en fin de vie, dans le cadre de la reconnaissance générale des droits que nous souhaitons tous voir advenir. Le sujet, c’est l’égalité des droits lorsqu’on aime quelqu’un. Existe-t-elle aujourd’hui ? Non. Peut-elle exister grâce à cet amendement ? Oui. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Je suis d’accord avec M. Hetzel. Nous savons tous très bien que la personne de confiance est douloureuse lorsque meurt le malade qu’elle accompagnait et votre proposition de lui permettre de bénéficier d’un congé pour décès ne peut laisser insensible. Il me semble néanmoins impossible de prévoir une telle disposition dans la loi. Nous avons engagé un travail à ce sujet avec les partenaires sociaux et il serait important de le poursuivre, ne serait-ce que pour ne pas risquer de rompre l’égalité entre les salariés. Une telle avancée pourrait ne pas être acceptée dans toutes les conventions collectives.
D’autre part, vous n’avez pas précisé qui serait cette personne de confiance. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Est-ce celle désignée dans les directives anticipées ? (« Oui ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Beaucoup de personnes remplissent cette mission de confiance sans avoir été nommées dans les directives. Votre rédaction est trop floue.
M. Hadrien Clouet
Article L. 1111-6 du code de la santé publique, c’est précisé dans l’amendement !
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Négocions plutôt avec les partenaires sociaux. Nous sommes d’accord sur le fond mais pas sur la forme.
M. Thibault Bazin
Il faut avoir l’intelligence de la situation et s’adapter à chaque cas.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Je nous crois toutes et tous, ici, très attentifs aux proches, aux aidants, aux personnes de confiance – qui ne sont pas toujours les mêmes, d’ailleurs, c’est bien pour cela que je reste réservé quant à votre proposition. En conscience, nous voulons tous avancer sur le sujet. Le président du groupe Horizons, Paul Christophe, n’est pas là pour le rappeler, mais nous savons tous les combats qu’il a menés des années durant pour qu’un statut soit enfin accordé aux aidants. Et nous ne sommes pas encore arrivés au bout du chemin !
Je comprends le sens de votre amendement, qui s’inscrit d’ailleurs dans votre ligne de conduite et que je peux partager d’un point de vue humain, mais si vous créez ce droit pour les personnes de confiance, que proposerez-vous en miroir aux aidants ? La personne de confiance a un rôle administratif à jouer. Elle est désignée parce qu’elle partage avec celui qui l’a choisie une connivence d’ordre intellectuel ou éthique, mais elle n’est pas forcément l’aidant. Je le sais pour l’avoir vécu dans mon entourage. Je crains donc que ce droit que vous voulez créer ne conduise à une rupture d’égalité.
C’est une réflexion que nous devons engager mais dans un cadre élargi, avec les partenaires sociaux. Nous parviendrons à avancer, je n’en doute pas, mais de grâce n’oublions pas les aidants ! De combien d’années aurons-nous eu besoin pour reconnaître que ces personnes, qui sont devenues indispensables, réalisent un travail formidable ? Il aura fallu trois propositions de loi avant que le gouvernement ne se saisisse enfin du sujet.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 738.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 94
Nombre de suffrages exprimés 93
Majorité absolue 47
Pour l’adoption 36
Contre 57
(L’amendement no 738 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 511.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Cet amendement d’appel tend à élargir la notion d’aidants au-delà de la définition qui en est donnée dans les textes et qui se limite à ceux qui accompagnent les personnes âgées ou les personnes handicapées. Or ce sont 11 millions de personnes dans le pays, dont 60 % de femmes – mères, jeunes filles, collégiennes, lycéennes – qui doivent soutenir, soigner, rassurer, quitte à s’oublier, à renoncer à leur emploi, à perdre des revenus. La catégorie des aidants familiaux n’est pas homogène. On peut même être un aidant sans appartenir à la famille. Il est donc temps d’harmoniser la définition et de l’inscrire dans la loi. Ainsi, les aidants de personnes atteintes d’une maladie chronique, d’un cancer ou en fin de vie, ne sont pas reconnus comme tels.
Nous venons de voter la création de maisons d’accompagnement pour accueillir et accompagner les personnes en fin de vie ainsi que leurs proches et nous avons prévu qu’une information serait délivrée sur les droits des proches aidants. Une définition harmonisée des proches aidants aurait donc toute sa place dans ce texte.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Je partage votre souci de reconnaître le travail de tous les aidants. Cependant, ce n’est pas en inscrivant une telle disposition dans la loi que nous y parviendrons mais par des mesures concrètes comme le prévoient ce texte et la stratégie décennale. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis. Vous soulevez une question légitime par cet amendement d’appel – comme vous le considérez vous-même. Pour des raisons qui tiennent au lien avec la proposition de loi et au délai qui s’écoulera avant sa promulgation, il me semblerait préférable de prévoir une telle mesure dans une proposition de loi que le gouvernement pourrait soutenir.
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
C’est vrai, l’aidant n’a pas un statut clairement défini, mais nous avons beaucoup travaillé avec Paul Christophe, et bien d’autres, sur le sujet, ce qui a permis de créer le congé du proche aidant et d’en indexer le montant sur l’évolution du smic. Un aidant est toute personne qui accomplit auprès d’une personne vulnérable ou empêchée par l’âge, la maladie ou le handicap, d’accomplir un acte du quotidien. C’est sur cette définition que se sont basés tous les travaux réalisés en la matière. On compte en effet 11 millions d’aidants mais parmi eux sont comptabilisés des personnes qui n’aideront qu’une demi-heure ou une heure par semaine pour faire des courses, par exemple. Ce n’est pas la même chose que d’accomplir avec ou à la place de la personne aidée un geste indispensable du quotidien qu’elle ne peut faire elle-même.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 511.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 83
Nombre de suffrages exprimés 82
Majorité absolue 42
Pour l’adoption 33
Contre 49
(L’amendement no 511 n’est pas adopté.)
Article 13
Mme la présidente
La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl
Je souhaite pouvoir voter cet article, d’autant plus qu’il reprend une idée que notre excellent collègue Michel Lauzzana avait eue l’année dernière. L’article prévoit que les associations peuvent organiser l’intervention des bénévoles au domicile des personnes malades après avoir conclu la convention mentionnée au troisième alinéa. Des associations interviennent régulièrement en milieu médical et c’est heureux pour les malades. Cependant, il me semble nécessaire de mieux encadrer cette action. Tout d’abord, de quelles associations s’agit-il ? Selon quelles modalités les bénévoles seront-ils appelés à intervenir ?
Les malades accueillis dans les unités de soins palliatifs sont, en général, particulièrement sensibles aux propos qui sont tenus en leur présence, aux informations qu’elles reçoivent et, à cet égard, l’amendement no 151 de notre collègue Hetzel me semble plutôt intéressant en ce qu’il prévoit de préciser que les associations en question sont habilitées à intervenir en matière de soins palliatifs. Je voterai donc l’article si cet amendement qui en améliorerait encore davantage la qualité, était lui-même adopté.
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Cet article traite en effet du rôle des bénévoles dont personne ne niera la place essentielle qu’ils occupent auprès des malades. Ils sont très nombreux à se relayer dans les unités de soins palliatifs, au chevet des personnes en fin de vie. La générosité de leur engagement donne du sens aux derniers jours des personnes qu’ils visitent.
Il conviendra cependant, et c’est l’objet de l’article, de s’assurer que les associations appelées à intervenir dans ce milieu sont agréées pour remplir cette mission et présentent toutes les garanties nécessaires.
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 318.
Mme Josiane Corneloup
Les bénévoles sont nombreux à intervenir dans les établissements médico-sociaux et dans les hôpitaux. Je salue leur engagement, qui est très utile.
Le cadre légal actuel, prévu par l’article L. 1110-11 du code de la santé publique, ne permet pas aux bénévoles d’intervenir à domicile sauf si un conventionnement existe avec un établissement de santé, social, ou médico-social, ce qui exclut les situations pourtant fréquentes dans lesquelles une personne est uniquement accompagnée par son médecin traitant, et alors même qu’un grand nombre de patients souhaitent finir leurs jours à domicile.
D’autre part, l’instruction ministérielle du 21 juin 2023 prévoit pourtant que le médecin traitant peut recourir à l’intervention d’une équipe de bénévoles d’accompagnement dans tous les lieux de vie.
L’amendement vise, par conséquent, à mettre en concordance le code de la santé publique avec cette instruction ministérielle afin de permettre l’intervention des bénévoles auprès des personnes malades et de leurs proches à domicile, si elles en expriment le souhait et le besoin.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Je partage votre constat de la nécessité d’améliorer l’accompagnement à domicile, qui nécessite de mobiliser le médecin traitant, mais votre disposition ne s’insérerait pas au bon endroit du code puisque nous modifierions, ce faisant, l’article relatif au conventionnement avec les associations, ce qui me semble problématique. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Nous partageons votre objectif mais, tel qu’il est rédigé, votre amendement réduit le champ des conventions aux établissements de santé alors que l’article 13 permet de le faire également avec des CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé). La rédaction de l’article, issue des travaux en commission, me semble donc préférable. Je vous invite à le retirer ; à défaut j’y serai défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Nous ne voterons pas l’amendement pour la simple et bonne raison qu’il confère au médecin traitant le soin de faire intervenir des bénévoles à domicile. Or près de 6 millions de nos compatriotes sont privés d’un médecin traitant, ce qui les empêcherait de bénéficier de cette mesure.
(L’amendement no 318 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 151 et 417, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 151.
M. Patrick Hetzel
L’amendement tend à préciser que les seules associations habilitées sont les associations intervenant en milieu de soins palliatifs.
Mme la présidente
Sur l’article 13, je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such, pour soutenir l’amendement no 417.
Mme Sandrine Dogor-Such
Conformément à l’objet de la proposition de loi, cet amendement précise que seules les associations de bénévoles qui se consacrent à l’accompagnement et aux soins palliatifs sont habilitées à intervenir. Cette précision dissipera toute ambiguïté qui pourrait évoquer le cas de la Suisse où des associations favorables au suicide assisté ont accès à l’équivalent des établissements de soins et des Ephad. Il s’agit de protéger les malades résidant dans ces établissements.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. François Gernigon, rapporteur
Il ne semble pas nécessaire de répéter que les malades se trouvent en soins palliatifs. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis. Il n’y a pas d’ambiguïté : l’actuel article L. 1110-11 du code de la santé publique prévoit que les bénévoles sont « formés à l’accompagnement de la fin de vie ». En réservant aux seules associations spécialisées dans les soins palliatifs la faculté d’intervenir, on pourrait restreindre la capacité des bénévoles et de leurs associations à intervenir pour s’adapter aux situations, toutes différentes, et au type d’accompagnement de fin de vie souhaité.
Mme la présidente
La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl
Si M. le ministre a raison sur le fait que l’article L. 1110-11 vise « la fin de vie », je suis en désaccord avec son interprétation des amendements. L’objectif de nos collègues est de s’assurer que nous demeurons bien dans le champ des soins palliatifs. Depuis notre discussion sur l’article 8, je considère que, collectivement, nous sommes à nouveau d’accord au sein de cet hémicycle pour dire que la présente proposition de loi n’a aucun lien direct avec le second texte sur l’aide à mourir. Les auteurs des amendements cherchent à s’assurer que les associations habilitées à intervenir sont spécialisées dans les soins palliatifs et que d’autres associations ne pourront se saisir de ce dispositif pour faire la promotion du suicide assisté.
Monsieur le ministre, pour certains collègues, la question de la fin de vie englobe celles de l’euthanasie et du suicide assisté : c’est le cœur du débat que nous avons sur ces deux textes.
M. Thibault Bazin
C’est tout le problème de la confusion de ces deux textes !
M. Charles Sitzenstuhl
Nous sommes une partie à considérer que la fin de vie se distingue de l’euthanasie tandis qu’une autre partie considère l’inverse. Si le second texte est adopté par le Parlement, l’interprétation du code de la santé publique englobera la question de l’euthanasie. Ainsi, l’objectif poursuivi par les auteurs des amendements est bon même si, du point de vue de la légistique, la rédaction de l’amendement de M. Hetzel – qui inclut la notion d’habilitation – est un peu meilleure que celle de l’amendement de Mme Dogor-Such.
M. Thibault Bazin
Il a raison !
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je ne partage pas tout à fait l’avis de notre collègue. L’article L. 1110-11 du code de la santé publique est très clair : « Des bénévoles, formés à l’accompagnement de la fin de vie » – en 2010, date de rédaction du texte, cela ne visait que les soins palliatifs – « et appartenant à des associations qui les sélectionnent, peuvent, avec l’accord de la personne malade ou de ses proches […] apporter leur concours à l’équipe de soins […]. / Les associations qui organisent l’intervention des bénévoles se dotent d’une charte qui définit les principes qu’ils doivent respecter dans leur action. […] / Les associations qui organisent l’intervention des bénévoles dans des établissements de santé publics ou privés et des établissements sociaux et médico-sociaux doivent conclure, avec les établissements concernés, une convention conforme à une convention type […]. » Cet article crée un cadre clair.
On peut toujours chercher des interprétations spécieuses mais, alors que nous avons déjà du mal à préserver l’étanchéité entre les deux textes souhaitée par tous, ici, vous fendez les cheveux, non pas en quatre ou en dix, mais en cent !
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Delautrette.
M. Stéphane Delautrette
Entendez-vous ce que vous défendez ? Si les associations qui accompagnent les patients en fin de vie sont diverses, elles poursuivent toutes un seul et même objectif : accompagner les personnes en fin de vie dans les meilleures conditions.
M. Emeric Salmon
Non !
M. Stéphane Delautrette
Oui, certaines associations sont favorables à l’instauration d’un droit à mourir et d’autres y sont hostiles mais cessez de les opposer ! On peut assurer un accompagnement des personnes dans de bonnes conditions quoi qu’on pense. Ne laissez pas entendre que les associations qui seraient favorables à l’aide à mourir n’accompagneraient pas correctement les personnes en fin de vie et feraient la promotion de l’aide à mourir. C’est scandaleux d’entendre ce type de propos ! (M. Arnaud Simion applaudit. – Exclamations sur les bancs du groupe DR.)
Mme Danielle Simonnet
C’est sordide !
M. Stéphane Delautrette
De même que des associations qui ne souhaitent pas l’instauration d’une aide à mourir continueront à accompagner les patients dans les meilleures conditions, quel que soit le vote sur le texte relatif à la fin de vie. Je ne peux pas vous laisser ainsi opposer les associations entre elles, ce serait une erreur stratégique.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz.
M. Christophe Bentz
Nous savons très bien ce qui se passe ; vous savez que nous savons et nous savons que vous savez que nous savons…
Mme Danielle Simonnet
Qu’est-ce que c’est que ça ? Voulez-vous dire qu’il y aurait un complot ? (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Hadrien Clouet
Vous lisez aussi dans les boules de cristal ?
M. Christophe Bentz
Qu’est-ce que le principe de non-étanchéité ? Quand deux textes ne sont pas étanches, ça déborde… On vous l’a dit lors de l’examen de l’article 8 sur la formation, puis à nouveau lors de l’examen de l’article 10 sur les maisons d’accompagnement. Nous le répétons ici sur la question des bénévoles. S’il faut prendre encore une image, nous disons que l’aide à mourir et le suicide assisté débordent dans ce texte-là, raison pour laquelle il faut absolument voter ces deux amendements, même s’ils ne sont que des rustines. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Agnès Firmin Le Bodo.
Mme Agnès Firmin Le Bodo
Si nous votons l’un des deux amendements en discussion commune, réservant l’accompagnement aux associations habilitées à intervenir en soins palliatifs, vous exclurez France alzheimer, dont le rôle est d’accompagner les malades, et la Ligue contre le cancer – ce sont les deux associations qui me viennent à l’esprit. Je pense qu’il faut être très vigilants. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et HOR, ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel.
M. Patrick Hetzel
Mon amendement inclut l’idée d’habilitation pour donner un certain nombre de garanties aux patients.
En second lieu, si l’association doit être habilitée à intervenir dans le domaine des soins palliatifs, cela ne définit pas son champ d’action. Madame Firmin Le Bodo, avec tout le respect que je vous dois, ni la Ligue de lutte contre le cancer ni France alzheimer ne serait exclue pour une raison toute simple, c’est que, si elles ont toutes deux un large périmètre d’action, ces associations ont aussi vocation à s’occuper des soins palliatifs. Ne cherchez pas à argumenter en avançant que les amendements seraient exclusifs. Il est simplement nécessaire de pouvoir s’assurer que les associations intervenantes donnent des garanties, d’où l’idée d’habilitation.
Mme la présidente
La parole est à M. François Ruffin.
M. François Ruffin
Monsieur Bentz, chers collègues d’extrême droite, je le répète depuis le début : en matière d’aide à mourir, toutes les convictions sont respectables. S’il est naturel qu’il y ait un moment dans ce débat pour les défendre, votre attitude constante depuis le début de l’examen de cette partie du texte relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs n’est pas digne. Elle n’est pas digne parce qu’elle démontre que vous n’avez rien à proposer sur ce texte ; rien à proposer pour améliorer les soins palliatifs, rien à proposer pour que la culture des soins palliatifs irrigue tout le corps médical et paramédical et qu’elle s’étende à tout le territoire ; rien à proposer pour pousser le gouvernement à donner de vrais moyens afin que, dans dix ans, on ne se retrouve pas comme aujourd’hui avec un malade sur deux n’ayant pas accès aux soins palliatifs. Vous n’avez rien à proposer !
La seule chose que vous faites, c’est répéter et ratiociner sur suicide assisté et euthanasie. Nous y viendrons mais ce moment n’est pas encore arrivé. Sur le soutien aux personnes qui sont en fin de vie, qui ont affronté la douleur physique et la douleur psychique, vous n’avez rien d’autre à proposer que votre slogan.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.
Mme Sandrine Dogor-Such
Le but de mon amendement était simplement de protéger les personnes fragiles. Je n’oppose pas les associations, monsieur Delautrette.
M. Stéphane Delautrette
Si, clairement !
Mme Sandrine Dogor-Such
Simplement, quand une personne est en soins palliatifs, elle est un peu perdue. Il ne faudrait pas qu’on l’incite à faire quelque chose qu’elle ne veut pas faire.
M. Thibault Bazin
Surtout avec la fluctuation des demandes !
Mme Sandrine Dogor-Such
Voilà, il s’agit de protéger la structure et de protéger les patients. L’amendement de M. Hetzel est mieux écrit que le mien. Je retire donc mon amendement no 417 au bénéfice du no 151.
Monsieur Ruffin, je ne suis pas d’extrême droite ; je suis simplement extrêmement française. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
M. Hadrien Clouet
La bonne blague !
Mme Sandrine Rousseau
Regardez où vous êtes assise dans l’hémicycle !
(L’amendement no 417 est retiré.)
(L’amendement no 151 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’article 13.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 86
Nombre de suffrages exprimés 56
Majorité absolue 29
Pour l’adoption 55
Contre 1
(L’article 13 est adopté.)
Après l’article 13
Mme la présidente
La parole est à M. Patrick Hetzel, pour soutenir l’amendement no 150, portant article additionnel après l’article 13.
M. Patrick Hetzel
Il s’agit ici de préciser la fonction des bénévoles et leur intégration dans le parcours de soins palliatifs.
(L’amendement no 150, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 759 de Mme Nathalie Colin-Oesterlé est défendu.
(L’amendement no 759, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)
Article 14
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 424 et 444, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. Thierry Frappé, pour soutenir l’amendement no 424.
M. Thierry Frappé
Le présent amendement vise à renforcer l’accompagnement des patients confrontés à l’annonce d’une affection grave, de l’aggravation d’une pathologie chronique ou d’une perte d’autonomie liée à l’âge ou au handicap. L’annonce d’un tel diagnostic est bien évidemment un bouleversement majeur, tant sur le plan médical que psychologique, et, dans cet instant où le patient est particulièrement vulnérable, il est essentiel de lui reconnaître un temps nécessaire pour comprendre, accepter et s’approprier son état de santé.
En introduisant la notion de « délai raisonnable », le texte entend garantir au patient un temps d’intégration et de réflexion avant l’élaboration de son plan personnalisé d’accompagnement. Ce délai, qui reste bien sûr à l’appréciation du professionnel de santé au regard de la situation clinique de l’urgence et de l’état psychologique du patient, vise à instaurer un accompagnement respectueux du rythme de chacun dans une approche humaine et partagée du soin.
(La séance, suspendue quelques instants, est immédiatement reprise.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure de la commission des affaires sociales, pour soutenir l’amendement no 444.
Mme Annie Vidal, rapporteure de la commission des affaires sociales
Votre amendement, intéressant par certains aspects, présente aussi certaines contradictions. D’un côté, il anticipe la proposition du plan personnalisé d’accompagnement à l’instant même du diagnostic alors qu’en commission nous étions tous d’accord pour laisser un court délai. Nous pensions qu’il ne fallait pas aller trop vite afin que le patient ait le temps d’assimiler l’annonce, ce qui nous a conduit à reformuler la phrase qui commence désormais par les mots : « Dès lors que […] ».
Mme Annie Vidal, rapporteure
De l’autre, et certainement pour tempérer les effets de cette disposition, vous évoquez un « délai raisonnable », une notion difficile à définir d’un point de vue juridique.
Mme Anne-Laure Blin
Tiens, c’est intéressant !
Mme Annie Vidal, rapporteure
Pour ces raisons, je donne un avis défavorable et vous invite plutôt à adopter mon amendement no 444, qui vise un objectif très proche du vôtre, avec une rédaction plus resserrée, plus condensée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Je demande le retrait de l’amendement no 424 et émettrai sinon un avis défavorable. Avis favorable sur le no 444.
(L’amendement no 424 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 444.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 73
Nombre de suffrages exprimés 48
Majorité absolue 25
Pour l’adoption 31
Contre 17
(L’amendement no 444 est adopté ; en conséquence, les amendements suivants, depuis l’amendement no 470 jusqu’à l’amendement no 359 inclus, tombent.)
M. Thibault Bazin
Un joli coup d’accélérateur !
Mme la présidente
L’amendement no 650 de Mme Élise Leboucher est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Annie Vidal, rapporteure
J’en demande le retrait au profit de l’amendement no 447 rectifié que je vous présenterai ultérieurement.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 650 est retiré.)
Mme la présidente
L’amendement no 274 de M. Patrick Hetzel est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je demande le retrait de cet amendement ; à défaut, je donnerai un avis défavorable. Je ne suis pas convaincue que la rédaction que vous proposez présente une valeur ajoutée. Je dois dire que la différence très subtile entre « préférences » et « souhaits » m’échappe un peu.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis. L’amendement me semble satisfait.
(L’amendement no 274 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de quatre amendements, nos 105, 447 rectifié, 622 rectifié et 652 rectifié, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 622 rectifié et 652 rectifié sont identiques.
La parole est à M. Thibault Bazin, pour soutenir l’amendement no 105.
M. Thibault Bazin
L’alinéa 3 commence ainsi : « Ce plan est élaboré à partir des besoins et des préférences du patient et évolue avec ceux-ci. » Je vous propose d’ajouter au début de la seconde phrase les mots : « Si ce dernier y consent, » et, en conséquence, de remplacer, toujours dans la seconde phrase, le mot : « sont », par les mots : « peuvent être ».
Mme Sandrine Rousseau
Mais non !
M. Thibault Bazin
Cet amendement vise à mieux respecter et mieux garantir la liberté individuelle de décider pour soi-même. Il prévoit en effet que le patient puisse préciser s’il souhaite, ou non, que sa famille et/ou la personne de confiance participent à l’élaboration du plan créé par l’article 14.
J’aurais d’ailleurs préféré utiliser la notion de « planification anticipée des soins futurs », qui avait été suggérée, lors de l’examen du projet de loi l’an dernier, par notre ancien collègue Pierre Dharréville et qui me semble plus adaptée.
M. Patrick Hetzel
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure, pour soutenir l’amendement no 447 rectifié.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je propose, par cet amendement, après le mot : « associés », d’insérer les mots : « , si ce dernier y consent, ».
Je signale que j’ai déposé cet amendement par fidélité à la discussion en commission, notamment à propos d’un amendement déposé par M. Hetzel. Le présent amendement est donc presque le fruit d’une rédaction commune avec M. Hetzel.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean Moulliere, pour soutenir l’amendement no 622 rectifié.
M. Jean Moulliere
Il prévoit que l’implication de la personne de confiance ou des proches dans l’élaboration et l’actualisation du plan personnalisé d’accompagnement nécessite l’accord du patient.
Il est essentiel de garantir, par principe, le respect de l’autonomie et du consentement du patient à toutes les étapes de sa prise en charge. On ne peut associer des proches ou une personne de confiance que sous réserve de la volonté du patient et non de façon automatique.
Mme la présidente
La parole est à M. René Pilato, pour soutenir l’amendement no 652 rectifié.
M. René Pilato
Il est identique à celui de Mme Firmin Le Bodo que vient de défendre M. Moulliere. Il prévoit d’ajouter à la fin de la seconde phrase : « avec l’accord du patient », une rédaction me semble préférable à celles qui ont été proposées avec les amendements précédents.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur l’ensemble des amendements en discussion commune ?
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je demande de voter mon amendement no 447 rectifié et demande donc le retrait des autres amendements ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable sur ces cinq amendements.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Sur le fond, je suis bien sûr favorable à l’ensemble de ces amendements. La rédaction de l’amendement no 105 me semble bonne, comme celle, assez claire, du no 447 rectifié. Sans vouloir faire offense à Mme la rapporteure, j’émettrai plutôt un avis favorable sur le no 105.
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin.
M. Thibault Bazin
Madame la rapporteure, vous auriez pu sous-amender mon amendement puisque vous en partagez l’esprit.
Dans votre amendement, vous conservez le mot : « sont », dans la seconde phrase, alors que, dans le mien, je propose de le remplacer par les mots : « peuvent être », une formulation qui est en quelque sorte la traduction de la notion de consentement évoquée dans la première phrase. Cet amendement présente donc une grande cohérence.
Mme Justine Gruet
Il est excellent !
M. Thibault Bazin
Voilà pourquoi il me semblerait judicieux que vous retiriez le vôtre au profit du no 105. À défaut, nous ne voterions pas le vôtre ! (Sourires.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Nous sommes d’accord sur le fond. C’est une simple question de finesse rédactionnelle. Nous n’allons pas nous fâcher pour si peu. Je retire donc mon amendement au profit du vôtre. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR.)
(L’amendement no 447 rectifié est retiré.)
(L’amendement no 105 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 622 rectifié et 652 rectifié tombent.)
Mme la présidente
L’amendement no 508 de M. Alexandre Dufosset est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Annie Vidal, rapporteure
J’en demande le retrait ; à défaut, j’émettrai avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 508.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 74
Nombre de suffrages exprimés 67
Majorité absolue 34
Pour l’adoption 24
Contre 43
(L’amendement no 508 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure, pour soutenir l’amendement no 445.
Mme Annie Vidal, rapporteure
La notion de désignation par le patient, dont nous avons discuté en commission, me semble importante. C’est pourquoi cet amendement, presque rédactionnel mais pas tout à fait, vise à remplacer les mots : « les proches sont », à propos des proches aidants, par les mots : « , à défaut, un parent ou un proche que le patient désigne peuvent être ».
(L’amendement no 445, accepté par le gouvernement, est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Bertrand Bouyx, pour soutenir l’amendement no 623.
M. Bertrand Bouyx
Il vise à préciser que le plan personnalisé d’accompagnement est, d’abord, un outil d’anticipation mais aussi d’évolution et de révision. Par conséquent, il doit pouvoir être adapté à chaque instant à la situation du patient, de façon personnalisée. Il est donc essentiel d’adopter cet amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Annie Vidal, rapporteure
Je demande le retrait de l’amendement puisqu’il est satisfait ; à défaut, j’émettrai donc un avis défavorable. L’actualisation et la révision du plan personnalisé d’accompagnement sont déjà prévues aux alinéas 3 et 6. Il n’est donc pas nécessaire de faire figurer ces mentions une nouvelle fois.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
(L’amendement no 623 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 502 et 678.
La parole est à M. Thibault Bazin, pour soutenir l’amendement no 502.
M. Thibault Bazin
L’alinéa 4 précise : « Le plan personnalisé d’accompagnement est consacré à l’anticipation, à la coordination et au suivi des prises en charge sanitaire, psychologique, sociale et médico-sociale du patient. » Or le patient peut éprouver une certaine inquiétude s’il ne sait pas ce qui est prévu après son décès pour accompagner son entourage.
C’est pourquoi, je propose, par cet amendement, d’inclure la prise en charge de l’entourage du malade dans l’élaboration du plan personnalisé d’accompagnement prévu par l’article 14, afin de tranquilliser, d’apaiser la personne malade s’agissant de l’accompagnement dont ses proches bénéficieront également, y compris après son décès.
Ce sont des retours du terrain qui m’ont conduit à déposer cet amendement. J’espère donc, madame la rapporteure, que vous émettrez un avis favorable.
Mme la présidente
L’amendement no 678 de Mme Agnès Firmin Le Bodo est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
Mme Annie Vidal, rapporteure
Sur le fond, je suis évidemment totalement favorable à un accompagnement de l’entourage après le décès du patient car c’est un moment important. Mais c’est précisément pour cette raison que l’article 1er relatif aux soins palliatifs prévoit déjà très clairement, à l’alinéa 8, que l’accompagnement et les soins palliatifs « sont délivrés de façon précoce, active et continue tout au long du parcours de soins de la personne malade et soutiennent son entourage, y compris après son décès ».
Par conséquent, il n’est pas nécessaire de faire figurer cette mention à propos du plan personnalisé d’accompagnement.
Par ailleurs, sur la question du deuil, il existe d’autres leviers dont il faudra se saisir – je ne crois pas que le plan personnalisé d’accompagnement soit le plus pertinent en la matière.
Voilà pourquoi l’avis est défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Patrick Mignola, ministre délégué
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin.
M. Thibault Bazin
Nous avons modifié l’article 1er qui définit les soins palliatifs. À l’article 14, qui prévoit de créer un plan d’accompagnement personnalisé – j’aurais préféré une planification anticipée des soins futurs mais cette proposition a été rejetée –, vous précisez bien, noir sur blanc, que ce dispositif concerne uniquement le patient. L’entourage n’est jamais mentionné.
Vous avez raison !
Mme la présidente
La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Annie Vidal, rapporteure
Comme son nom l’indique, le plan personnalisé est consacré à la situation du patient. Il y est question des modalités de sa prise en charge, en matière d’accompagnement et de soins palliatifs. Or ceux-ci sont décrits à l’article 1er qui mentionne bien l’entourage.
Par ailleurs, l’article 18 : « Le Gouvernement réalise annuellement une campagne nationale de sensibilisation et de prévention relative au deuil et aux soins palliatifs ainsi qu’à l’accompagnement des personnes en deuil et des aidants. » Certes, il n’est pas question d’un accompagnement direct du proche mais tous ces éléments démontrent que nous ne sommes pas insensibles à la situation des proches qui viennent de perdre un être cher.
(Les amendements identiques nos 502 et 678 sont adoptés.)
Mme la présidente
Je vous informe que nous avons amélioré notre rythme : nous avons examiné en moyenne 29 amendements par heure et il en reste 216.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
2. Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la présidente
Prochaine séance, cet après-midi, à quinze heures :
Suite de la discussion de la proposition de loi relative à l’accompagnement et aux soins palliatifs ;
Suite de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir.
La séance est levée.
(La séance est levée à treize heures.)
Le directeur des comptes rendus
Serge Ezdra