XVIIe législature
Session ordinaire de 2024-2025

Première séance du jeudi 19 juin 2025

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Première séance du jeudi 19 juin 2025

Présidence de M. Jérémie Iordanoff
vice-président

M. le président

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à neuf heures.)

    1. Approbation d’une convention internationale

    Procédure d’examen simplifiée

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la discussion, selon la procédure d’examen simplifiée, en application de l’article 103 du règlement, du projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l’approbation de l’avenant à la convention entre la France et la Suisse du 9 septembre 1966 modifiée, en vue d’éliminer les doubles impositions en matière d’impôt sur le revenu et de double imposition (nos 1257).
    Ce texte n’ayant fait l’objet d’aucun amendement, je vais le mettre aux voix, en application de l’article 106 du règlement.

    Avenant à la convention entre la France et la Suisse du 9 septembre 1966 modifiée, en vue d’éliminer les doubles impositions en matière d’impôts sur le revenu et sur la fortune et de prévenir la fraude et l’évasion fiscales

    (Le projet de loi est adopté.)

    3. Programmation nationale énergie et climat pour les années 2025 à 2035

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi portant programmation nationale énergie et climat pour les années 2025 à 2035 (nos 463, 1522).

    Discussion des articles (suite)

    M. le président

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    Hier soir, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles, s’arrêtant à l’amendement no 523 à l’article 5.
    Des scrutins publics ont été annoncés sur cet amendement et les suivants, jusqu’au no 97 inclus, ainsi que sur les sous-amendements s’y rapportant.

    Article 5 (suite)

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes, pour soutenir l’amendement no 523.

    Mme Julie Laernoes

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    Avec l’amendement no 522, nous avions proposé de fixer un objectif chiffré d’énergies renouvelables. Dès lors que le rapporteur et le gouvernement tiennent coûte que coûte à maintenir un objectif global d’énergie dite décarbonée, sans détailler la part issue des énergies renouvelables, il faut au moins, si nous poursuivons la fameuse stratégie gouvernementale « à deux jambes » affichée depuis 2022, que cet objectif soit cohérent avec une trajectoire réelle de développement des renouvelables. C’est l’objet de cet amendement de repli.
    L’objectif global actuellement proposé est de 58 % d’énergie décarbonée. Selon une note interne des autorités françaises transmise à la Commission européenne, cela correspond à seulement 35 % d’énergie issue de sources renouvelables. Si l’on veut respecter l’équivalent d’un objectif de 44 % de renouvelables, il faut viser 67 % d’énergie décarbonée et non 58 %.
    C’est une simple règle de 3, que nous appliquons sur les éléments dont nous disposons. C’est donc un objectif indicatif, qui devrait être affiné. Toutefois, il a le mérite de poser une vraie question : à quel niveau le gouvernement place-t-il réellement ses ambitions ?
    Le choix actuel est flou, et assumé comme tel. Nous débattons d’une catégorie aux contours peu définis, ce qui sert à dissimuler,  sous un vernis climatique, notre retard sur les renouvelables. Il ne vous aura pas échappé que limiter le réchauffement climatique à 1,5oC, comme prévu par l’accord de Paris, est désormais impossible et que nous devons nous projeter au-delà.
    Ce flou sur les énergies décarbonées camoufle nos manquements, désoriente les filières et affaiblit notre parole européenne. Nous vous demandons une clarification : cessons de naviguer à vue ! Que le gouvernement dise clairement où nous en sommes et où il veut aller ! C’est le minimum pour construire une position crédible, planifier des investissements et respecter les engagements que nous avons nous-mêmes défendus et négociés à Bruxelles. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. Antoine Armand, rapporteur de la commission des affaires économiques, pour donner l’avis de la commission.

    M. Antoine Armand, rapporteur de la commission des affaires économiques

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre chargé de l’industrie et de l’énergie, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. Marc Ferracci, ministre chargé de l’industrie et de l’énergie

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 523.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        52
            Nombre de suffrages exprimés                52
            Majorité absolue                        27
                    Pour l’adoption                19
                    Contre                33

    (L’amendement no 523 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 859 qui fait l’objet d’un sous-amendement.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Pour dissiper tout doute, cet amendement vise à préciser que l’électricité décarbonée comprend « l’électricité nucléaire et celle issue de sources renouvelables. »

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir le sous-amendement no 877.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Nous proposons de préciser la liste des énergies renouvelables sur lesquelles se fonde l’objectif de production d’électricité.
    Cette précision, qui pourrait paraître inutile, est en réalité essentielle compte tenu de ce qui s’est passé lundi soir, quand un sous-amendement du Rassemblement national à un amendement de M. Alfandari a évincé l’éolien et le photovoltaïque des objectifs de production d’énergie décarbonée.
    Nous souhaitons réaffirmer notre attachement à l’ensemble des énergies renouvelables, cette addition de solutions dont nous avons besoin pour produire de l’électricité, de la chaleur ou du froid. Nous tenons particulièrement à ce sous-amendement, qui est fondamental au regard de ce qui s’est passé lundi. J’invite toutes celles et ceux qui soutiennent l’ensemble des énergies renouvelables à l’adopter.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Pour les raisons que vient de développer M. Fugit, avis très favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Avis favorable sur le sous-amendement et sur l’amendement de la commission.

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 877.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        54
            Nombre de suffrages exprimés                54
            Majorité absolue                        28
                    Pour l’adoption                29
                    Contre                25

    (Le sous-amendement no 877 est adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 859, tel qu’il a été sous-amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        53
            Nombre de suffrages exprimés                53
            Majorité absolue                        27
                    Pour l’adoption                26
                    Contre                27

    (L’amendement no 859 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes, pour soutenir l’amendement no 521.

    Mme Julie Laernoes

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    Si ce texte parle d’un objectif de production de 560 térawattheures d’électricité décarbonée en 2030, le flou organisé et l’ambiguïté demeurent sur ce que cela recouvre.
    D’ailleurs, si la commission des affaires économiques a présenté un amendement –⁠ qui a été rejeté après un avis favorable du gouvernement – pour préciser la définition de l’électricité décarbonée et y inclure les énergies renouvelables, c’est bien que cette ambiguïté existe.
    Le droit européen, avec la directive RED III, fixe un objectif de 42,5 %, voire de 44 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’ici 2030. Il est parfaitement clair que le nucléaire n’en fait pas partie.
    La confusion volontairement entretenue sur la notion d’électricité décarbonée masque notre retard structurel en matière d’énergies renouvelables. Cette confusion, dangereuse pour notre sécurité d’approvisionnement, alimente une stratégie de contournement des engagements européens et mine notre crédibilité.
    Notre amendement apporte de la rigueur et vise à remplacer l’objectif d’atteindre au moins 560 térawattheures de production décarbonée par celui d’atteindre un niveau « suffisant » pour permettre à la France de respecter ses engagements européens.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, on est au cœur de votre hypocrisie ! Pourquoi y aurait-il un objectif pour le nucléaire et pas pour les énergies renouvelables ? Pourquoi les opposez-vous ?
    Le vote qui vient d’avoir lieu montre la pente sur laquelle vous vous êtes engagés en refusant hier les amendements que nous avions proposés pour fixer des objectifs chiffrés sur les énergies renouvelables (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS)  : vous vous êtes mis dans la main de l’extrême droite sur le nouveau nucléaire et vous y restez sur les énergies renouvelables !
    Il est temps pour vous de comprendre le danger que présente la stratégie menée depuis plusieurs jours et de rectifier le tir si vous voulez éviter que ce texte n’aboutisse à un moratoire sur les énergies renouvelables. Il est temps de vous ressaisir et de revenir à la raison en donnant des avis favorables aux amendements qui visent à soutenir les énergies renouvelables ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Bien dit !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 521.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        62
            Nombre de suffrages exprimés                60
            Majorité absolue                        31
                    Pour l’adoption                17
                    Contre                43

    (L’amendement no 521 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements, nos 601 et 272, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à Mme Marie-Noëlle Battistel, pour soutenir l’amendement no 601.

    Mme Marie-Noëlle Battistel

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    Par cet amendement, nous proposons de préciser la répartition du mix électrique décarboné entre production électronucléaire et production renouvelable sur la base des objectifs intégrés dans le projet de PPE 3.
    Alors que l’amendement précédent n’a pas été adopté, je crois que celui-ci peut corriger les choses et obtenir l’assentiment de M. le rapporteur, car nous ne sommes pas totalement déconnectés de l’ambition du gouvernement.
    Dès lors que les capacités de production d’EDF sont estimées pour la période 2025-2027 à 360 térawattheures, l’objectif de production renouvelable se déduit aisément : il doit être d’au moins 200 térawattheures. Cela est cohérent avec l’objectif de 206 térawattheures inscrit dans le projet de PPE 3.
    Si la production électronucléaire est structurellement rigide jusqu’à l’entrée en exploitation d’un nouveau parc au-delà de 2035, la montée en puissance des énergies renouvelables n’affecte nullement les objectifs assignés en matière nucléaire et s’inscrit dans la ligne de la stratégie énergétique proposée par notre groupe. J’espère donc, monsieur le rapporteur, que nous pourrons au moins obtenir cela.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir l’amendement no 272.

    M. Matthias Tavel

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    Hier soir, nous avons énoncé des arguments pour donner de la visibilité aux filières des renouvelables et sanctuariser leur développement afin de garantir l’approvisionnement électrique de notre pays pour les dix ans à venir. Depuis, deux arguments se sont ajoutés qui devraient, je l’espère, permettre l’adoption de cet amendement.
    Le premier, c’est que, selon un collectif de scientifiques, l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5o C est d’ores et déjà inatteignable, de sorte que notre effort doit tendre à éviter de dépasser les 2o C. Il y a donc une urgence encore plus grande à accélérer sur la décarbonation de notre industrie, de notre énergie, de notre société et à sortir des énergies fossiles : comme nous l’avons déjà dit et répété, cela passe à très court terme par le développement des énergies renouvelables.
    Le second argument, auquel vous serez peut-être plus sensibles, ce sont les prévisions de croissance que vient de publier l’Insee : elles sont très mauvaises, en particulier pour ce qui concerne l’investissement. Celui-ci recule désormais, du fait de la politique que vous menez, de l’incertitude que vous créez en refusant de respecter le résultat des élections et de la cure d’austérité que vous entendez encore renforcer à la fin de l’année. Le secteur des énergies renouvelables, dans ce contexte, est un secteur porteur sur lequel nous pouvons nous appuyer pour relancer l’investissement et l’emploi, sur des bases écologiquement soutenables et dans l’intérêt général du pays.
    Pour des raisons à la fois écologiques, économiques et de création d’emplois, il nous faut donner aux énergies renouvelables toute la force qu’elles peuvent apporter au pays.
    Enfin, vous avez refusé hier, monsieur le rapporteur, nos amendements proposant un niveau de production d’énergies renouvelables en pourcentage ou en puissance installée, disant qu’à la rigueur, le plus cohérent serait de proposer un objectif de production en térawattheures. Eh bien, c’est exactement le dispositif de cet amendement. Alors soyez cohérent et donnez, au moins, un avis de sagesse ! ( Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Comme je l’ai dit hier, je considère qu’il vaut mieux avoir des objectifs de production décarbonée ou de capacité installée que des pourcentages qui ne font référence qu’à eux-mêmes et nous mènent tranquillement dans l’impasse. Je vous rappelle que la commission a supprimé, dans la définition de l’objectif de 560 térawattheures de production d’électricité décarbonée, la distinction entre nucléaire et énergies renouvelables. Je suis surpris que cet amendement ne propose de rétablir que la part des énergies renouvelables. Pour autant, je pense que chacun est capable de faire un exercice de vases communicants ; ce sera donc, en effet, un avis de sagesse.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Oui, les 200 térawattheures se déduisent aisément de la cible des 560 térawattheures, sachant que l’objectif est de 360 térawattheures de production nucléaire. Je m’en remets donc, moi aussi, à la sagesse de l’Assemblée.

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes.

    Mme Julie Laernoes

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    Ce qui est particulièrement choquant, c’est que ni le rapporteur ni le gouvernement ne proposent d’amendement visant à inscrire des montants de production à l’article 5, alors qu’ils ont cherché à rétablir l’article 3 –⁠ quand bien même on entend dire qu’il faudrait respecter les votes de la commission. Monsieur le ministre, vous dites que vous allez vous en remettre à la sagesse de l’Assemblée pour ajuster la PPE –⁠ sans faire référence, d’ailleurs, au groupe de travail ; merci de nous faire travailler pour rien et de le dire ouvertement. Mais en fait, vous n’écoutez pas l’Assemblée, vous écoutez les pantins du Rassemblement national (Exclamations sur les bancs du groupe RN)…

    M. Emeric Salmon

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    Si c’est pour dire ça, restez chez vous !

    Mme Julie Laernoes

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    …pour aller vers les extrêmes, vers le toujours plus de nucléaire, et piétiner, avec les énergies renouvelables, la gauche.

    M. Théo Bernhardt

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    C’est très bien, le nucléaire !

    Mme Julie Laernoes

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    Je ne sais pas si les énergies renouvelables sont plus de gauche que de droite, monsieur le ministre, mais, en l’état, cela ne fait pas un mix équilibré.
    Et lorsque vous vous contentez de dire, oui, ça se déduit aisément de la cible des 560 térawattheures, vous semblez oublier que nous parlons d’une programmation et qu’il faut bien inscrire dans la loi des objectifs chiffrés pour les énergies renouvelables ! Vous tuez cette filière, et cela n’a pas l’air de vous émouvoir. Vous ne voulez pas bouger le petit doigt ? Eh bien, vous resterez dans l’histoire comme le ministre qui a tué toute l’industrie des énergies renouvelables et a permis au climat de s’emballer de plus belle. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS.) Vos prises de position sur les énergies renouvelables sont totalement indignes. Vous êtes le ministre de l’inaction, vous vous cachez derrière le nucléaire et le Rassemblement national. Aucune de vos troupes n’est dans l’hémicycle pour défendre quoi que ce soit en la matière !

    M. Emeric Salmon

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    Vous êtes six !

    Mme Julie Laernoes

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    Il faut absolument adopter ces amendements ; ce serait un minimum, mais on n’est même pas sûr d’y arriver vu la non-mobilisation de vos troupes et votre focalisation sur l’extrême droite en matière d’énergie.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Je prends la parole non parce que mon groupe est pointé du doigt mais parce que j’ai envie de parler de politique énergétique. Je ne suis pas là pour invectiver les autres ni pour compter combien ils sont.  De mon point de vue, ce n’est pas comme cela qu’on fait de la politique et je n’adopterai pas le ton de certains d’entre vous.
    Même si le groupe EPR n’est pas suffisamment nombreux à vos yeux, madame Laernoes, nous voterons pour ces amendements, car ils correspondent à ce que nous défendons depuis le début des débats. Le minimum de 200 térawattheures provenant d’énergies renouvelables par rapport à l’objectif global de 560 térawattheures nous semble cohérent avec les travaux préparatoires à cette PPE 3 –⁠ auxquels vous avez participé, comme moi. Au passage, je rappelle à toutes celles et ceux qui pensent qu’il n’y a pas eu de débat sur la PPE, que cela fait tout de même quatre ans que beaucoup de personnes y travaillent ! Je vous invite d’ailleurs, quand il y a des consultations publiques, à y participer, plutôt que de déclarer dans l’hémicycle que rien ne s’est passé. On ment aux Français quand on dit cela.
    À force de le répéter, peut-être que tout le monde finira par s’en rendre compte : ces productions s’ajoutent les unes aux autres –⁠ 150 térawattheures d’électricité issue des énergies renouvelables ont été produits l’an dernier –, pour parvenir à ce que plus de 95 % de notre électricité soit décarbonée. Avoir un mix équilibré est une chance. Nous devrions en être fiers, plutôt que d’avoir peur d’en faire un peu trop avec l’un ou avec l’autre. L’objectif, c’est de réduire la part des énergies fossiles, ce qui suppose de s’appuyer à la fois sur le nucléaire et sur les renouvelables. Sortons de ce débat stérile, arrêtons de regarder l’avenir avec les lunettes du passé, cela n’a aucun sens. Il s’agit de donner des objectifs réalistes, et aux renouvelables, et au nucléaire.

    M. le président

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    La parole est à M. Kévin Mauvieux.

    M. Kévin Mauvieux

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    Madame Laernoes, il est assez lunaire de voir que dès 9 h 20, vous arrivez à pomper l’air de tout le monde avec vos leçons de morale et vos éoliennes. Vous n’êtes pourtant que quatre écolos !

    M. Maxime Laisney

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    Oh, du calme ! Laissez-nous respirer ! Vous pouvez sortir si vous voulez !

    M. Kévin Mauvieux

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    En l’occurrence, les députés du groupe RN sont ce matin plus nombreux que tous les autres rassemblés. Cela prouve que nous sommes plus responsables, sur ce texte comme sur tous les autres. Entendre des donneurs de leçons en permanence, cela commence à bien faire !
    Et puis vous faites un long discours sur le fait que le gouvernement va tuer l’industrie des énergies intermittentes.

    Mme Julie Laernoes

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    C’est déjà fait.

    M. Kévin Mauvieux

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    Mais nous ne sommes pas là pour défendre l’industrie chinoise ou l’industrie allemande ! Nous sommes là pour défendre la France et les Français ! Et en l’occurrence, ils ont besoin d’une énergie propre et décarbonée, donc du nucléaire. Nous ne voulons pas que l’argent du contribuable soit dilapidé au bénéfice de grandes firmes multinationales allemandes ou chinoises. Les énergies intermittentes, que vous voulez plantez partout –⁠ sauf dans vos territoires –, sont produites en Allemagne et en Chine.

    Mme Julie Laernoes

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    C’est n’importe quoi !

    M. Kévin Mauvieux

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    Ne venez donc pas nous dire que revenir sur les énergies intermittentes mettrait l’industrie française à mal. Cela nuirait seulement aux industriels étrangers –⁠ on n’est pas là pour penser à eux !
    Enfin, j’ai noté que vous avez attaqué le RN en qualifiant ses députés de pantins. Il y a ici deux types de pantin : les pantins des Français, qui agissent dans leur intérêt ; les pantins des firmes étrangères, qui agissent au nom de l’Allemagne et de la Chine. Je préfère être le pantin des Français que celui de la Chine ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Dominique Potier

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    Un moment historique…

    M. le président

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    La parole est à Mme Anna Pic.

    Mme Anna Pic

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    Il faut bien entendu développer un mix équilibré. Mais s’agissant de la question industrielle, je viens d’entendre quelque chose qui est absolument faux.
    Je vais vous parler de ma circonscription. On ne peut pas dire que le Cotentin soit peu nucléarisé, ni particulièrement opposé à l’énergie nucléaire… et pourtant, je peux vous assurer que nous sommes les plus proactifs sur le mix énergétique et la montée en puissance des énergies renouvelables.
    En 2016, nous avions plus de 11 % de chômage ; depuis, l’ensemble des collectivités territoriales, qu’elles soient de droite ou de gauche, ont massivement investi pour faire émerger les énergies marines renouvelables notamment ; le taux de chômage est tombé à 4,7 %. Ce n’est pas l’EPR qui nous a conduits à ce résultat, mais une vraie réindustrialisation, la montée en compétences et un écosystème économique, que vous n’avez visiblement pas l’air de comprendre.
    Est-ce que l’éolien offshore provient de filières étrangères ? Non, c’est principalement la réalisation d’EDF Renouvelables. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) La construction des pales, par LM Wind Power, ne crée-t-elle pas d’emplois sur notre territoire ? Bien sûr que si : 700 emplois, pérennes de surcroît.
    Je voudrais qu’on arrête de croire que seule l’énergie nucléaire est issue de l’industrie française. Vous devriez d’ailleurs voir comment a été construit notre réacteur EPR. Il a été pour nous un point important de la relance, mais on ne peut pas dire qu’il est 100 % français. Qu’il y ait des chaînes de valeur qui se créent au niveau européen et que nous ayons besoin aussi de l’extérieur pour faire grandir notre industrie ne me pose d’ailleurs aucun problème.

    M. Emeric Salmon

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    Ça nous pose un problème, à nous !

    Mme Anna Pic

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    Par contre, cela me pose un problème que nous mettions un point d’arrêt à la réindustrialisation du territoire, faute d’objectifs. Je reçois depuis cinq jours des messages de l’ensemble des filières des énergies renouvelables ; encore hier, à minuit, j’ai reçu le SMS suivant : « C’est planté. On va perdre nos investissements. »
    Les investissements dans les renouvelables ne nous coûteront pas plus cher.

    Un député du groupe RN

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    Et les lobbys ?

    Mme Anna Pic

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    Ah, les lobbys, c’est votre hobby ! Ceux que vous appelez les lobbys créent des emplois pérennes, des compétences.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Il n’y en a pas !

    Mme Anna Pic

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    Je pense à CMN, à Efinor, à tous ces petits joyaux industriels que nous avons sur notre territoire et qui, ces dernières années, ont investi à leur propre compte des millions d’euros (M. Dominique Potier applaudit), pour lesquels la France a déjà fait une avance sur les recettes futures. C’est seulement lorsque nous aurons installé leurs machines qu’ils pourront commencer à rembourser notre pays.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Ce sont les Américains de toute façon !

    Mme Anna Pic

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    Je ne sais pas ce que vous voulez : jeter l’argent par les fenêtres ?

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Mais c’est vous !

    Mme Anna Pic

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    Mettre fin à la réindustrialisation ? Vous voulez continuer sur le chemin de la désespérance ? Désolée, mais grâce aux emplois industriels sur notre territoire, nous sommes passés sous la barre des 5% de chômage. Arrêtez votre patriotisme de pacotille et commencez à vous intéresser au sujet ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, EPR et EcoS. –⁠ M. Jean-Philippe Tanguy s’exclame.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes.

    Mme Julie Laernoes

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    Monsieur Tanguy, visiblement vous vous êtes mal réveillé ce matin, peut-être à l’idée que nous attaquerions d’emblée par l’article 5… qui concerne les énergies renouvelables. (M. Matthias Tavel applaudit.)
    Pour éclairer les débats, je rappelle que, par kilowattheure produit, les énergies renouvelables sont plus pourvoyeuses d’emplois que le nucléaire.

    M. Maxime Amblard

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    C’est subventionné !

    Mme Julie Laernoes

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    Toutes les études le confirment : 1 kilowattheure produit à partir du solaire, de l’éolien ou des réseaux de chaleur est nettement plus pourvoyeur d’emplois que l’industrie nucléaire.
    De surcroît, celle-ci engloutit, dans l’opacité la plus totale, des milliards d’argent public depuis des années. Hier, nous parlions des salariés de General Electric, un outil industriel qui était à l’origine français puisque composé de parcelles d’Alstom vendues par notre pays. Ces salariés, ce sont surtout des ouvriers et des ingénieurs. Ils ont acquis des compétences puisqu’ils ont construit le premier parc éolien offshore. Avec l’abandon de ce parc, délaissé totalement, nous allons non seulement perdre ces compétences mais aussi cet outil industriel français.
    Quand on ne soutient pas la filière du solaire, quand on ne répond pas aux cris d’alarme de Systovi et des rares autres fabricants de panneaux photovoltaïques qui tiennent encore bon face aux Chinois, c’est un peu comme si on vendait nos compétences.
    Quant à la filière nucléaire, elle n’est pas aussi synonyme de liberté et d’industrie franco-française que vous le prétendez. Monsieur Amblard, comme l’apôtre du nucléaire Jean-Marc Jancovici, vous promouvez les centrales nucléaires en kit. Ces centrales, que je ne qualifierai pas de low cost car elles seront tout aussi onéreuses, sont de fabrication chinoise, sud-coréenne ou plus généralement asiatique. Pour faire tourner nos centrales, nous dépendons déjà complètement de puissances étrangères peu recommandables. Ainsi, un tiers de l’uranium utilisé comme combustible provient de Russie. Nous sommes pieds et poings liés à l’entreprise Rosatom de Vladimir Poutine –⁠ le même qui occupe la centrale de Zaporijjia. Cela nous fait courir un risque géopolitique majeur.
    D’un coup, vous opérez un revirement à 300 % (Exclamations et sourires sur les bancs du Rassemblement national). Oui, vous faites des tours sur vous-mêmes !
    Vous prétendez que les énergies renouvelables, c’est mal, parce que c’est l’étranger. Or, en France, nous disposons de compétences, de salariés, d’industries dont on cassera la dynamique si on ne fixe pas d’objectif en matière d’énergies renouvelables.
    Vous dites que le nucléaire, c’est bien, parce que c’est français. Or cela fait très longtemps qu’il ne l’est plus.

    Plusieurs députés des groupes EcoS et LFI-NFP

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    Eh oui !

    Mme Julie Laernoes

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    Cela fait très longtemps que nous n’avons plus de mines d’uranium. Souvenons-nous que Mme Lauvergeon avait réussi l’exploit d’acheter avec les deniers publics des mines d’uranium dénuées d’uranium !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Elle était socialiste !

    Mme Julie Laernoes

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    Voyez à quelles compromissions avec l’étranger le nucléaire nous conduit !
    Messieurs et mesdames du Rassemblement national, dire que les énergies renouvelables, c’est l’étranger, et que le nucléaire, c’est français, c’est factuellement erroné ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe SOC.)

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Encore ?

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur Tanguy, un peu de calme ! Je sais que vous avez déjà seize collègues en burn-out et en arrêt maladie, ce qui vous permet de bénéficier de nombreuses délégations de vote aujourd’hui ; souffrez de nous entendre encore longtemps. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)

    M. Pierre Meurin

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    De quel droit dites-vous ça ?

    M. Matthias Tavel

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    Vous nous parlez de souveraineté et de l’argent public que nous donnons à des multinationales étrangères : voulez-vous parler de l’argent public déversé à fonds perdus par France 2030 pour développer de petits réacteurs modulaires (SMR) ? Des réacteurs coréens que vous souhaitez installer dans notre pays ? (M. Maxime Laisney et Mme Anna Pic applaudissent.) De la licence que nous payons à Westinghouse car ce sont leurs modèles qui équipent notre parc nucléaire ? De l’uranium que nous importons ? Des sommes que nous versons à Rosatom pour recycler en Russie l’uranium utilisé dans nos centrales nucléaires ?
    La souveraineté passe par les énergies renouvelables…

    M. Sébastien Humbert

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    Non !

    M. Matthias Tavel

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    …car c’est grâce à elles que nous pouvons produire ici l’énergie dont nous avons besoin, sans dépendre des importations d’uranium. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    La souveraineté énergétique passe par l’industrie hydraulique. Or, il y a moins d’un an, vous avez proposé, à l’occasion de votre journée d’initiative parlementaire, de vendre nos barrages à des fonds étrangers –⁠ européens ou extra-européens – désireux d’en faire l’acquisition (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS), alors que cette question faisait l’objet d’une mission d’information. Vous n’avez donc pas de leçons à nous donner en matière de souveraineté !
    La souveraineté industrielle passe aussi par l’éolien en mer. Les pales des éoliennes sont produites à Cherbourg ou au Havre, les turbines assemblées au Havre et à Saint-Nazaire, les sous-stations électriques produites à Saint-Nazaire par les Chantiers de l’Atlantique –⁠ deuxième leader européen en la matière, qui remporte des contrats jusqu’en Allemagne. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Anna Pic applaudit également.)
    Les énergies renouvelables représentent plus de 100 000 emplois dans notre pays. Si vous voulez que nous soyons souverains en matière d’éolien terrestre et de photovoltaïque, il faut voter nos amendements quand nous réclamons du protectionnisme, des critères plus favorables aux entreprises françaises dans les appels d’offres ou un fléchage de l’argent public vers la production photovoltaïque nationale et européenne ! Il faut relocaliser la production plutôt que de poursuivre, comme vous le faites, les chimères dangereuses et climaticides de l’exploitation en France du pétrole et des gaz de schiste, désastreuse pour l’environnement, l’eau et la santé humaine ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Je soutiens les amendements de nos collègues Battistel et Tavel, qui sont similaires.
    Nous devons sortir des caricatures : penser que le nucléaire serait français et que les énergies renouvelables seraient asiatiques relève de la fiction –⁠ c’est bien plus entremêlé et complexe, tout le monde peut l’admettre ici.
    Je donnerai un exemple simple d’une industrie qui sert à la fois le nucléaire et les énergies renouvelables et qui est menacée par le risque de dumping : la production de canalisations, notamment à Pont-à-Mousson, où est installée une filiale de Saint-Gobain.
    Les rapports sur la question sont sans appel : on ne peut pas produire d’énergie nucléaire dans des conditions de sécurité optimales sans circuits de refroidissement, donc sans une industrie française de la canalisation et sans l’école française de l’eau, qui a su développer des technologies de très haut niveau.
    Nous avons besoin d’une industrie de l’eau et de la canalisation en France non seulement pour lutter contre les incendies, alimenter nos réseaux d’eau potable et satisfaire nos besoins en irrigation, mais aussi pour faire fonctionner l’industrie nucléaire et la production d’hydroélectricité. Protéger ces pépites –⁠ nous assurons 50 % de la production européenne de canalisations – est capital.
    Monsieur le ministre, je vous ai interpellé plusieurs fois sur l’avenir de cette industrie, qui doit être décarbonée dans les plus brefs délais. Nous avons échangé et il faut continuer sur cette voie. Le maintien dans le giron national et européen d’une industrie de la canalisation à hauteur d’au moins 40 % ou 50 % de nos besoins est un facteur essentiel de souveraineté, non seulement en matière d’eau, mais aussi d’énergie.
    Monsieur le ministre, je vous ai adressé un courrier cosigné par Boris Vallaud, auquel j’espère un jour recevoir une réponse. Nous y avions fait la liste des dispositions des directives européennes et du droit français –⁠ notamment la loi Agec, la loi « énergie-climat », la loi « climat et résilience » –, qui nous permettraient de consolider sur le long terme une industrie française des énergies renouvelables. Cela passerait par des appels d’offres publics, une nouvelle orientation de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et une lutte contre le dumping pratiqué par des puissances étrangères qui ne respectent ni le droit fiscal, ni les droits humains, ni les objectifs du Giec et de la COP15 en matière de décarbonation.
    Je le dis avec une certaine gravité : défendre la souveraineté industrielle en matière d’énergies renouvelables tout en soutenant une proposition de directive omnibus qui démantèle la directive CSRD, relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises, et la directive CS3D, sur le devoir de vigilance, relève de la tartuferie. Ces directives protégeaient notre industrie et lui permettaient, dans un contexte de compétition mondiale, de se distinguer de ses concurrents américains et asiatiques en mettant l’accent sur la protection des droits humains et de l’environnement. Les industriels qui essaient de développer la filière photovoltaïque, notamment en Moselle, disent bien que les directives européennes que vous détricotez dans un cynisme total sont le meilleur moyen de disposer d’une industrie indépendante, garante de notre souveraineté.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Nous soutiendrons évidemment ces amendements.
    Permettez-moi de revenir sur la guerre, que je trouve hypocrite, entre les énergies renouvelables et le nucléaire. Notre collègue nous a parlé du Cotentin ; pour ma part, je parlerai du Gers.
    Dans le Gers, nous avons du soleil et des agriculteurs –⁠ donc du photovoltaïque et des méthaniseurs. Je me bats tous les jours pour le développement de nouveaux projets, lesquels se heurtent systématiquement à des associations écologistes, comme les Amis de la Terre –⁠ vos amis ! À chaque fois qu’on lance un projet photovoltaïque qui bénéficiera aux collectivités locales, ces associations viennent le freiner. À chaque fois que des agriculteurs veulent augmenter leurs revenus en installant un méthaniseur, elles leur mettent des bâtons dans les roues et les stigmatisent. Cette hypocrisie me fatigue !
    Ici, vous nous dites avec des trémolos dans la voix qu’il faut développer les énergies renouvelables, mais quand on augmente dans le projet de loi de finances les crédits du fonds Vert, ou quand on vote des dispositions en faveur des énergies renouvelables, vous votez contre.

    Mme Lisa Belluco

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    On n’a pas pu voter le PLF, monsieur Cazeneuve !

    M. Jean-René Cazeneuve

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    L’année dernière, nous avons présenté un projet de loi pour accélérer le développement des énergies renouvelables : vous vous y êtes opposés ! Et quand vous êtes sur le terrain, vous agissez systématiquement contre ces projets. Chers collègues écologistes, instillez un peu de cohérence et de clarté dans vos propos et dans vos actes ! (M. Christophe Marion applaudit.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 601.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        90
            Nombre de suffrages exprimés                89
            Majorité absolue                        45
                    Pour l’adoption                46
                    Contre                43

    (L’amendement no 601 est adopté ; en conséquence, les amendements no 272 et 685 tombent.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 463 et 524.
    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir l’amendement no 463.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Nous souhaitons inscrire dans la politique énergétique un objectif explicite de production de froid renouvelable. C’est un sujet majeur. L’énergie dépasse la question de l’électricité : elle recouvre aussi celle de la chaleur et du froid.
    Le plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc), présenté fin 2024, fait du froid renouvelable une priorité stratégique des réseaux de froid. Ces derniers permettent de substituer à la consommation électrique individuelle des solutions collectives, durables et plus sobres. En cohérence avec le Pnacc et la stratégie française pour l’énergie et le climat (Sfec), nous proposons de franchir un cap, en reconnaissant pleinement le rôle du froid renouvelable dans notre transition énergétique.
    Il ne s’agit pas ici de polémique politicienne, mais de soutenir l’industrie et les scientifiques dans la loi. Il est temps de fixer des objectifs à la fois raisonnables et pertinents.

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes, pour soutenir l’amendement no 524.

    Mme Julie Laernoes

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    Je rejoins M. Fugit : il s’agit d’inscrire dans la loi des objectifs chiffrés en matière de froid renouvelable.
    Monsieur Cazeneuve, durant huit ans, j’ai été vice-présidente chargée de l’énergie au sein de Nantes métropole. J’y ai développé une des plus grandes centrales photovoltaïques de l’Ouest. Reposant en partie sur l’autoconsommation, elle est implantée au sein du marché d’intérêt national (MIN) de Nantes. J’ai promu l’autoconsommation et fait le relais entre les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales. J’ai aussi soutenu des projets de méthanisation respectueux de l’environnement et les réseaux de chaleur, aujourd’hui mis à mal par la baisse de dotation du fonds Chaleur de l’Ademe.
    Pour toutes ces raisons, je suis convaincue qu’il faut non seulement fixer des objectifs, mais aussi ne pas mentir sur les budgets alloués au développement des énergies renouvelables. Oui, je suis écologiste ; oui, j’ai promu et accompagné des projets d’énergies renouvelables sur les territoires où j’ai exercé des responsabilités ; oui, dans l’hémicycle, je continue à promouvoir les énergies renouvelables, dans toute leur diversité.
    Le froid est un des oubliés de cette politique ; il n’a du moins pas été développé autant qu’il aurait dû l’être, compte tenu des besoins. Ainsi, le MIN de Nantes, qui utilise beaucoup de froid, aurait pu bénéficier d’un réseau de froid, mais ces réseaux, plus que d’autres, sont difficiles à mettre en place. Il faut disposer de moyens publics dédiés. Il est donc important d’inscrire explicitement cet objectif dans l’article 5.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    J’émettrai un avis favorable sur ces deux amendements. Mentionner ici le froid ne fait pas entorse à notre règle qui consiste à ne pas mentionner d’énergie spécifique. En effet, le froid…

    Mme Julie Laernoes

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    Renouvelable !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    …et le chaud peuvent s’obtenir à partir de sources très diverses –⁠ je pense notamment à la géothermie.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Favorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 463 et 524.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        89
            Nombre de suffrages exprimés                89
            Majorité absolue                        45
                    Pour l’adoption                43
                    Contre                46

    (Les amendements identiques nos 463 et 524 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements, nos 345 et 860, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à M. Pierre Meurin, pour soutenir l’amendement no 345.

    M. Pierre Meurin

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    Il vise à remplacer, à l’alinéa 3, les mots « chaleur renouvelable et de récupération » par les mots « chaleur bas-carbone ». Je pense qu’il est mieux écrit que l’amendement suivant car la notion de chaleur bas-carbone inclut les chaleurs renouvelable et de récupération. Il permettrait d’éviter des formules redondantes. Je suggère donc à M. le rapporteur de retirer son amendement au profit du mien. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 860.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Il est proche –⁠ mais mieux écrit – de celui de M. Meurin, dont je suggère le retrait. (Sourires.)

    M. Emeric Salmon

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    On va voir qui va gagner…

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Leur but commun est de ne pas discriminer en fonction de la méthode de décarbonation. Toutefois, l’adoption de la formulation proposée par M. Meurin risquerait de nous priver de financements européens.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement sur ces amendements ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Favorable à celui de M. le rapporteur et défavorable à celui de M. Meurin.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 345.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        95
            Nombre de suffrages exprimés                94
            Majorité absolue                        48
                    Pour l’adoption                48
                    Contre                46

    (L’amendement no 345 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 860 tombe.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 525 et 592.
    La parole est à Mme Julie Laernoes, pour soutenir l’amendement no 525.

    Mme Julie Laernoes

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    Il vise à intégrer dans la loi un objectif clair et mesurable de développement du solaire thermique, fixé à au moins 6 térawattheures produits d’ici à 2030. Il ne s’agit pas d’une simple projection théorique ou d’une vue de l’esprit des écologistes mais du chiffre que le gouvernement avait envisagé dans le projet de PPE 3. On peut toutefois douter de la solidité de vos engagements, puisque vous avez appelé à voter contre l’inscription d’objectifs chiffrés en matière d’énergies renouvelables.
    Le solaire thermique permet de produire de la chaleur renouvelable sans solliciter le réseau électrique ni dépendre du gaz. C’est simple, mature, local, peu coûteux et parfaitement adapté aux besoins de chaleur des bâtiments, notamment des logements collectifs. Pourtant, faute d’être inscrite dans la loi, cette solution reste marginalisée. Elle est trop peu déployée et souffre d’un manque d’investissements. Nous proposons de lui donner la reconnaissance institutionnelle nécessaire à l’accélération de son développement. Nous parlons non pas d’une innovation à venir mais d’une technologie disponible et efficace, qui peut jouer un rôle structurant dans la sortie des énergies fossiles.
    Je profite de la présentation de l’amendement pour interpeller M. le ministre sur un point connexe. Par vos choix d’attribution du fonds Chaleur de l’Ademe, vous avez stoppé net des projets, pourtant en voie de développement, de boucles et de réseaux de chaleur renouvelable produite à partir de biomasse et destinée à des logements.
    Vous dites privilégier d’autres méthodes. Il serait illogique que vous ne souteniez pas un amendement sur le solaire thermique, qui est justement une de ces autres méthodes. J’aimerais connaître la position du gouvernement sur l’avenir des réseaux de chaleur si le fonds dédié n’est plus abondé, si le recours à la biomasse n’est plus possible et si les solutions alternatives ne sont pas soutenues par la loi.

    M. le président

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    La parole est à M. Karim Benbrahim, pour soutenir l’amendement identique no 592.

    M. Karim Benbrahim

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    Les énergies renouvelables constituent un élément essentiel de la lutte pour protéger l’environnement et limiter nos émissions carbone. Elles permettent d’assurer une indépendance énergétique et répondent à des enjeux sociaux et économiques.
    Le solaire thermique reste moins identifié que l’énergie photovoltaïque. Pourtant, cette technologie est également décarbonée et présente un meilleur rendement énergétique que le chauffage électrique. Toutes les énergies renouvelables doivent pouvoir se compléter afin que chacune soit utilisée de la manière la plus performante possible. Dans sa rédaction actuelle, la proposition de loi ne fixe pas d’objectif au solaire thermique. Nous proposons de fixer un plancher d’objectif de capacités installées d’au moins 6 térawattheures.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    J’en comprends l’esprit et je partage l’attachement et le besoin de soutien au solaire thermique dont ils témoignent. Toutefois, comme je l’ai déjà indiqué, la place des objectifs assignés pour chaque énergie est dans un décret, celui qui fixera la PPE. En cohérence avec mes précédents et futurs avis, je demande le retrait de ces amendements.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis. Il n’est ni nécessaire ni pertinent de fixer des objectifs de production de chaleur sous-filière par sous-filière, car des évolutions ou des bouleversements du marché pourraient obliger à les revoir dans des délais assez brefs. L’adoption de ces amendements donnerait à la loi une rigidité inopportune.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 525 et 592.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        95
            Nombre de suffrages exprimés                95
            Majorité absolue                        48
                    Pour l’adoption                31
                    Contre                64

    (Les amendements identiques nos 525 et 592 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Mathilde Hignet, pour soutenir l’amendement no 338.

    Mme Mathilde Hignet

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    Il vise à introduire dans la définition de biogaz un critère d’exclusion des gaz provenant de cultures dédiées. L’enjeu est celui de la sécurité alimentaire : il s’agit de protéger les terres agricoles nécessaires à la production d’aliments. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Deux éléments expliquent mon avis défavorable. Le premier est que cette question ne relève pas de la loi. Or des textes réglementaires prévoient justement déjà des limitations. Ainsi, un décret de 2022, qui précise la notion de culture principale, dispose que l’essentiel des intrants d’un méthaniseur doit provenir de substrats ou de sous-produits agricoles. Par ailleurs, pour prévenir certaines critiques qui pourraient être émises, j’insiste sur le fait que modifier un décret aussi récent priverait de visibilité la filière et les investisseurs qui s’y sont engagés.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Même avis.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Notre groupe soutient l’amendement sur la protection des cultures à vocation alimentaire défendu par Mathilde Hignet. Si nous avions pu, nous aurions déposé un sous-amendement qui aurait fixé une échéance à 2030.
    En effet, certains projets de cogénération ont été lancés conformément à la loi Le Foll, qui autorise l’utilisation de 15 % de cultures dédiées, une part largement complétée par des cultures à vocation intermédiaire. Le décret a été pris trop tardivement ; des dérives se sont produites, avec des phénomènes de prédation des terres, de substitution à l’élevage et de hausse du prix du foncier ainsi que des matières premières agricoles, totalement contraires à l’esprit de la loi.
    Par ailleurs –⁠ et comme des amendements du groupe socialiste me permettront d’y revenir –, tous les principes de la cogénération ont été abandonnés. Il est stupéfiant que les rachats par EDF soient menacés, alors que la cogénération est le système de méthanisation le plus vertueux. L’obsession de substituer du gaz de biomasse à 20 % des gaz fossiles a fait complètement oublier de valoriser effluents d’élevage pour produire de l’électricité et de la chaleur. Des centaines de projets vertueux sont ainsi menacés d’abandon. Vu les coûts de raccordement, pousser l’injection du biogaz dans le réseau de distribution de gaz aboutirait à une hyperconcentration. Cette logique capitalistique est contraire à la conception initiale de la méthanisation, qui visait un bon aménagement du territoire et la valorisation de la polyculture et de l’élevage.
    Nous considérons l’amendement en discussion comme un amendement d’appel et appelons à une refonte profonde de la méthanisation, pour qu’elle soit fondée sur les 70 000 fosses à lisier porcines et bovines qui émettent du méthane et du protoxyde d’azote. Nous ne devons pas uniquement voir leur capacité à produire de l’énergie, nous devons nous préoccuper de la façon de faire baisser les émissions de ces gaz à effet de serre qui contribuent au dérèglement climatique. Nous devons adopter une nouvelle doctrine en matière de méthanisation.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    M. le rapporteur a dit qu’un décret de 2022 encadrait la production de biogaz. Le gouvernement peut-il nous indiquer quels contrôles ont été effectués depuis cette date pour s’assurer de l’absence de pratiques abusives qui viendraient concurrencer la production alimentaire ? (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. –⁠ M. Dominique Potier applaudit également)
    Si M. le ministre nous dit qu’il y a des contrôles, et des sanctions, nous ferons  l’effort de le croire. Dans le cas contraire, nous maintiendrons cet amendement.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 338.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        99
            Nombre de suffrages exprimés                95
            Majorité absolue                        48
                    Pour l’adoption                23
                    Contre                72

    (L’amendement no 338 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 603 et 662.
    La parole est à Mme Marie-Noëlle Battistel, pour soutenir l’amendement no 603.

    Mme Marie-Noëlle Battistel

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    L’insuffisance de l’électrification, dont dépend la réduction de la consommation d’énergies fossiles importées, nuit à la souveraineté énergétique de la France et à la décarbonation de son économie. Elle se traduit déjà par un déséquilibre entre l’offre et la demande d’électricité. Puisque nous ne souhaitons pas que le retard pris dans l’électrification des usages s’aggrave, nous voulons permettre à l’État de moduler le rythme des appels d’offres. Même s’ils n’ont pas été défendus, le fait que des amendements identiques au mien aient été déposés par beaucoup de groupes témoigne de sa pertinence.

    M. le président

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    La parole est à M. Joël Bruneau, pour soutenir l’amendement no 662.

    M. Joël Bruneau

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    Il s’agit d’appeler l’État à la vigilance lorsqu’il lance de nouveaux appels d’offres en matière d’énergies renouvelables, de façon à ne pas poursuivre la tendance actuelle, que nous espérons momentanée.
    En effet, nous souhaitons tous la décarbonation, c’est-à-dire une moindre utilisation de l’énergie fossile. Malheureusement, à l’heure où nous parlons, nous avons enregistré un record du nombre de jours où le prix de l’électricité a été négatif et un appel beaucoup plus important que prévu à la modulation –⁠ la capacité de production du parc nucléaire a été abaissée. L’amendement vise à ce que la montée en puissance de la production électrique, toutes sources confondues, soit conforme à l’évolution de la consommation.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je parle sous le contrôle du gouvernement, qui s’exprimera dans un instant, mais il me semble que les amendements sont satisfaits : il est déjà possible d’adapter le rythme des appels d’offres. Nous avions déjà eu cette discussion en commission mais je ne disposais pas alors des informations nécessaires.
    D’autre part, je crois savoir –⁠ je parle cette fois-ci sous le contrôle de la direction de la séance – que les amendements qui visaient à revoir à la hausse les objectifs de la PPE ont été déclarés irrecevables. Cela signifie que si nous adoptions les amendements en discussion, nous ne pourrions adapter le rythme qu’à la baisse.
    En résumé, soit les amendements sont satisfaits, soit leur adoption produirait potentiellement un résultat contraire à celui souhaité. Plus généralement, je suis dubitatif quant à la portée normative de ces amendements, pourtant de bon sens. C’est pourquoi je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Il est clair qu’il est nécessaire d’adapter le rythme des appels d’offres à l’évolution de la consommation. Cette disposition figure déjà dans la programmation pluriannuelle de l’énergie, définie au niveau réglementaire. L’introduire dans la loi poserait un problème de cohérence avec le contenu même de l’article, celui-ci fixant des objectifs globaux de production d’électricité décarbonée : il serait de ce fait nécessaire de moduler non seulement le volume global des appels d’offres mais également les objectifs globaux. C’est pourquoi j’émettrai un avis défavorable sur les amendements.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 603 et 662.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        91
            Nombre de suffrages exprimés                87
            Majorité absolue                        44
                    Pour l’adoption                9
                    Contre                78

    (Les amendements identiques nos 603 et 662 ne sont pas adoptés.)

    M. Matthias Tavel

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    Je demande une suspension de séance, monsieur le président.

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix heures, est reprise à dix heures dix.)

    M. le président

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    La séance est reprise.
    La parole est à M. Maxime Laisney, pour soutenir l’amendement no 211.

    M. Maxime Laisney

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    Cet amendement vise à fixer à 100 % la part des énergies renouvelables dans la production d’énergie à l’horizon 2050.
    RTE –⁠ Réseau de transport d’électricité –, l’Ademe –⁠ l’Agence de la transition écologique –, l’association négaWatt ainsi que d’autres instituts très compétents ont montré que c’était techniquement possible ; mais je ne m’attarderai pas sur ce point. Je veux surtout revenir sur la question des coûts, qu’on a pu évoquer hier.
    S’agissant du coût du nucléaire, je pense que tout le monde ici est capable de lire le rapport de la Cour des comptes et de se faire un avis.
    Les énergies renouvelables, quant à elles, sont de moins en moins chères et de plus en plus compétitives. Leur coût est d’ores et déjà inférieur à celui du nucléaire. Pour ce qui est du soutien financier de l’État à leur développement, il est vrai que, par le passé, des contrats ont été passés entre l’État et des producteurs, du type contrat pour différence, qui n’étaient vraiment pas avantageux. Le comité de gestion des charges de service public de l’électricité estime néanmoins que le soutien financier aux énergies renouvelables atteindra un pic en 2027, avant de décroître sans cesse par la suite. On prévoit même que, dans quelques années, ces énergies rapporteront plusieurs milliards à l’État. Certains risquent de s’étouffer, mais ce que l’on constate, c’est que c’est l’éolien terrestre qui coûte le moins cher en soutien public à l’État. (Quelques députés du groupe RN font mine de s’étouffer.)
    Pendant la crise de l’énergie, lorsque les prix sur les marchés européens de l’énergie atteignirent des sommets himalayens –⁠ comme dirait l’autre –, les énergies renouvelables, du fait du mécanisme appliqué, ont rapporté des milliards d’euros à l’État.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    C’est faux !

    M. Maxime Laisney

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    Il est vrai que quand les prix s’effondrent, il faut au contraire que l’État compense –⁠ mais c’est parce qu’il s’agit, je le répète, de contrats pour différence. Nous souhaitons pour notre part asseoir les tarifs sur les coûts de production, ce qui permettrait de régler le problème.
    Depuis 2019, les capacités nouvelles en matière d’éolien terrestre et de solaire ont permis d’éviter 59 milliards d’importations d’énergies fossiles à l’échelle européenne. Ce n’est pas négligeable.
    Très souvent, on nous oppose que, comme il ne s’agit pas d’une énergie concentrée et que cela pose des problèmes pour les réseaux, le renouvelable coûterait beaucoup plus cher. D’abord, RTE dans l’étude « Futurs énergétiques 2050 », qu’il a publié en 2021, indiquait qu’un scénario avec 100 % d’énergies renouvelables coûterait environ 10 % plus cher qu’un scénario très nucléarisé. Or, entre-temps, la facture des réacteurs de type EPR 2 a été multipliée par deux ; on peut donc imaginer que la différence de 10 % a déjà été annulée.
    Ensuite, s’agissant des réseaux, nous savons tous ici que RTE doit investir 100 milliards d’euros dans les vingt-cinq prochaines années. Sur ces 100 milliards –⁠ avec lesquels on nous fait parfois peur –, 40 milliards seulement sont destinés au développement des énergies renouvelables ; tout le reste ira à l’adaptation du réseau, en particulier au changement climatique. Quant à Enedis, ce sont 96 milliards qu’elle devra investir dans les vingt-cinq prochaines années ; sur cette somme, 10 milliards concerneront le raccordement des énergies renouvelables.
    De surcroît, les énergies renouvelables sont très pourvoyeuses d’emplois : en France, l’éolien terrestre représente déjà 24 000 emplois directs, l’éolien maritime, 9 000, le photovoltaïque, 26 000.
    Enfin, dans le cadre de la mission d’information sur le prix de l’électricité, la compétitivité des entreprises et l’action de l’État dont mon collègue Philippe Bolo et moi sommes les corapporteurs, des entreprises, parfois même de très grosses entreprises électro-intensives, nous ont déclaré –⁠ tenez-vous bien – qu’elles souhaitaient pouvoir passer des contrats avec des producteurs d’énergies renouvelables. Voyez : nous comptons même des soutiens du côté des grandes entreprises !
    Il n’est pas vrai que le renouvelable plombe le budget de l’État ni qu’il coûte plus cher que le nucléaire. Il correspond à de vraies filières industrielles, créatrices de vrais emplois. Il est efficace : figurez-vous qu’il produit du courant ! De toute façon, il s’agit de la seule source d’énergie que nous pouvons déployer dans un délai raisonnable en vue de lutter contre le changement climatique qui ne fait que s’emballer –⁠ cela a été rappelé par des scientifiques pas plus tard qu’aujourd’hui.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Très défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 211.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        102
            Nombre de suffrages exprimés                102
            Majorité absolue                        52
                    Pour l’adoption                20
                    Contre                82

    (L’amendement no 211 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 200 de M. Paul Molac est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 200.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        97
            Nombre de suffrages exprimés                84
            Majorité absolue                        43
                    Pour l’adoption                9
                    Contre                75

    (L’amendement no 200 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir l’amendement no 339, qui fait l’objet d’un sous-amendement.

    M. Matthias Tavel

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    Il s’agit d’un nouvel amendement sur le biogaz. Je pose une nouvelle fois la question à M. le ministre : y a-t-il eu, depuis la publication du décret en 2022, des contrôles sur l’existence éventuelle de cultures dédiées à la production de biomasse, réduisant d’autant la production alimentaire ? Combien ? Quelles leçons en tirons-nous quant à la nécessité de graver cette interdiction dans la loi ?

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir le sous-amendement no 879.

    M. Dominique Potier

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    Telle qu’elle a été conçue il y a une dizaine d’années, la production de biogaz devait permettre la valorisation des effluents d’élevage et celle des déchets de l’agroalimentaire, en méthanisant cette biomasse. Puis, sous la pression de divers opérateurs et d’enjeux financiers, une méthanisation d’un autre type a émergé, peu respectueuse des règlements et peu contrôlée. Enfin, il s’est produit il y a quelques jours une révolution : La cogénération, qui est adaptée à des systèmes agricoles à taille humaine de polyculture-élevage et repose essentiellement sur la valorisation de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) et d’effluents d’élevage, sera abandonnée au profit de l’injection. Ce système consistant à injecter le gaz produit dans le réseau nécessite des capitaux importants –⁠ les coûts de raccordement s’élèvent à plus de 1 million d’euros, ce qui est très discriminant.
    Nous sommes en train de perdre ce qui faisait initialement de la méthanisation une source d’énergie renouvelable, à savoir la valorisation des déchets en un cercle vertueux, contribuant également à réduire les intrants et les impacts agronomiques. Je le redis avec force : il faut soutenir l’amendement no 339, tout en le tempérant pour tenir compte de la situation des opérateurs, les agriculteurs et leurs partenaires, qui ont investi.
    C’est pourquoi, nous proposons de reporter à 2030 l’objectif fixé par l’amendement de Mme Trouvé, afin de laisser à chacun le temps de se réorienter et de développer des technologies de valorisation des effluents, qui n’affectent pas la sécurité alimentaire. En effet, chers collègues, si nous sommes réunis ici pour assurer la souveraineté énergétique de notre pays grâce à un mix énergétique –⁠ sur lequel chacun fera valoir ses nuances –, convenons que le mur climatique rend urgente la construction progressive d’une souveraineté alimentaire et, à travers le juste échange, la contribution de la France à la sécurité alimentaire au-delà de nos frontières.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Avis défavorables sur l’amendement et le sous-amendement, pour les mêmes raisons que tout à l’heure.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Mêmes avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 879.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        98
            Nombre de suffrages exprimés                84
            Majorité absolue                        43
                    Pour l’adoption                6
                    Contre                78

    (Le sous-amendement no 879 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 339.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        108
            Nombre de suffrages exprimés                108
            Majorité absolue                        55
                    Pour l’adoption                29
                    Contre                79

    (L’amendement no 339 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de huit amendements, nos 568, 682, 563, 681, 564, 680, 47 et 87, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 568 et 682, nos 563 et 681 et nos 564 et 680 sont identiques. Ces quatre derniers font l’objet de sous-amendements.
    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 568.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Nous en venons au cœur de la discussion de l’article 5 : les objectifs de production d’énergies renouvelables. Pour rappel, le texte qui nous est parvenu du Sénat était hétérogène : il fixait des objectifs chiffrés pour certaines énergies renouvelables électriques, d’autres n’étaient que mentionnées, d’autres encore ne l’étaient même pas.
    Comme je l’ai affirmé en commission, inscrire dans la loi des objectifs chiffrés pour chaque source d’énergie ne me semble pas possible, non que nous ne serions pas capables de les fixer dans un décret, sous forme de fourchettes ou de valeurs précises, mais parce que cela ne relève pas du domaine de la loi et que nous désorganisons le mix énergétique global chaque fois que nous fixons de tels objectifs –⁠ malheureusement, c’est ce que nous avons fait en commission. En effet, nous ne parvenons pas à voter en faveur d’une réécriture cohérente, assurant le bouclage du système électrique, comme on peut le faire dans un décret.
    Dans cet esprit, j’ai déposé trois amendements. Hélas –⁠ pour des raisons que je comprends, monsieur le président –, comme les amendements les plus éloignés du texte initial sont présentés en premier, les amendements visant à inscrire dans la loi des intervalles proches de ceux de la PPE seront défendus après ceux qui établissent une liste des énergies renouvelables à promouvoir sans fixer d’objectifs spécifiques.
    L’amendement no 568, quant à lui, vise à inscrire les objectifs généraux résultant de ce que nous avons voté jusqu’ici : 560 térawattheures d’électricité décarbonée, dont au moins 200 térawattheures issus des énergies renouvelables.
    J’ignore ce que la représentation nationale décidera dans un instant. Mais si nous n’adoptons pas ce type d’amendement général, je crains qu’en adoptant, amendement après amendement, des objectifs concernant chaque source d’énergie, nous ne parvenions pas à des objectifs finaux cohérents. Ce faisant, nous ne rendrions service à personne : dans le cas où de tels objectifs auraient une valeur normative, nous désorganiserions le mix énergétique des prochaines années ; dans le cas contraire, nous enverrions des signaux contradictoires aux filières concernées.

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Bolo, pour soutenir l’amendement no 682.

    M. Philippe Bolo

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    Dans ce texte, il faut en effet chercher un équilibre, notamment entre énergies renouvelables et nucléaire. Nos débats montrent qu’il est difficile de trouver un point d’accord général. S’agissant du nucléaire, il convient de distinguer la production actuelle du nouveau nucléaire, puisque les convergences et les divergences dont ils font l’objet ne sont pas les mêmes. S’agissant des énergies renouvelables, le débat est trop souvent focalisé sur l’éolien et le photovoltaïque, alors qu’il en existe de nombreuses autres.
    Je comprends l’argument du rapporteur, il faut parvenir à une programmation cohérente, aussi bien en termes de trajectoire que d’objectifs, qu’il a proposé de fixer à 560 térawattheures d’énergie décarbonée, dont 200 térawattheures d’énergies renouvelables. Il importe toutefois d’assurer la cohérence avec la PPE –⁠ le débat a déjà eu lieu – et il serait bon de pouvoir en intégrer les grandes lignes à l’article 5. (M. Maxime Laisney applaudit.)
    Cela nous permettrait d’obtenir enfin un texte équilibré. Pour en avoir débattu à maintes reprises, nous savons bien que le nucléaire et les renouvelables sont également indispensables –⁠ l’une ne va pas sans les autres – pour atteindre les objectifs d’électrification et de décarbonation qui sont les nôtres, sans risquer de nous retrouver dans une impasse. J’attends la suite des débats pour décider de maintenir ou de retirer cet amendement. (M. Maxime Laisney applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur, pour soutenir l’amendement no 563.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Pour des raisons de moindre écart vis-à-vis des dispositions du texte initial, je défends cet amendement qui vise à dresser une liste exhaustive des énergies renouvelables dont nous pourrions avoir besoin, sans fixer d’objectifs chiffrés pour autant, conformément à la démarche que j’ai commencé à expliquer tout à l’heure. En effet, je devine que nous ne parviendrons pas à nous mettre d’accord sur de tels objectifs. Nous pouvons du moins nous accorder sur une liste d’énergies décarbonées utiles au sein du mix énergétique.

    M. le président

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    L’amendement no 681 de M. Philippe Bolo est défendu.
    Nous en venons aux sous-amendements aux amendements identiques.
    La parole est à Mme Marie-Noëlle Battistel, pour soutenir le sous-amendement no 850.

    Mme Marie-Noëlle Battistel

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    Il vise à rehausser notre ambition pour le développement de l’hydroélectricité pour la production comme le stockage d’électricité et à fixer des objectifs précis à l’horizon 2035, en cohérence –⁠ je le répète ici – avec les travaux préparatoires au projet de PPE 3, laquelle fixe bien des objectifs chiffrés.
    Il s’agit d’augmenter les capacités de grande hydroélectricité de près de 2 300 mégawatts et celles des stations de transfert d’énergie par pompage (Step) de 1,7 gigawatt. Ces objectifs sont à la fois réalistes, puisqu’ils correspondent à des projets qui sont déjà dans les cartons, et conformes à ceux de la PPE 3.
    Monsieur le rapporteur, j’ai bien compris votre volonté de ne pas fixer d’objectifs chiffrés. Pendant des années, vous avez pourtant répété que la filière nucléaire avait été tuée par manque de visibilité sur son avenir. Le même problème se pose pour la filière hydroélectrique. Vous savez aussi bien que moi que les différents contentieux avec la Commission européenne ont compromis la visibilité nécessaire au développement de cette filière d’excellence française. Inscrire ces objectifs reviendrait à fixer un cap, améliorant ainsi l’attractivité des métiers de l’hydroélectricité, affaiblie ces dernières années.
    Forts du soutien du gouvernement, mon collègue Philippe Bolo et moi-même avons bon espoir de résoudre enfin les conflits nous opposant à la Commission européenne, permettant ainsi la libération des investissements. Le cap que cet amendement tend à fixer n’en contribuerait pas moins à rendre attractive la plus belle des filières d’excellence françaises.

    M. le président

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    Le sous-amendement no 874 de M. Maxime Amblard est défendu.
    La parole est à M. Karim Benbrahim, pour soutenir le sous-amendement no 855.

    M. Karim Benbrahim

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    Monsieur le rapporteur, avec l’amendement no 568, vous renoncez à inscrire dans une proposition de loi de programmation la moindre programmation relative à la production et au stockage hydrauliques, à l’éolien offshore, au photovoltaïque, à l’agrivoltaïsme, à la production de froid et de chaleur renouvelables, à l’hydrolien, à l’éolien terrestre, à la biomasse, à l’énergie marémotrice, à la géothermie –⁠ pourtant chère notre premier ministre. On ne peut plus parler de loi de programmation. Le seul objectif que vous acceptez de maintenir dans ce texte concerne le développement des énergies « décarbonées », un terme qui ne nous permettra même pas de respecter les engagements que nous avons pris à travers la directive RED III.
    Dans le même temps, vous lancez la construction de quatorze nouveaux réacteurs, objectif que vous avez inscrit hier à l’article 3. Nous n’avons pourtant ni garantie ni visibilité quant à leur coût de construction ; aucune garantie sur la capacité de la filière nucléaire à réaliser et à financer ces investissements ; aucune visibilité sur la stratégie de gestion des déchets que produiront ces quatorze nouveaux réacteurs. Vous prétendez vouloir un mix équilibré –⁠ quelle hypocrisie ! Vous voulez, dites-vous, avancer sur les deux jambes, le nucléaire et les renouvelables. C’est aussi l’idée que nous défendons. Mais alors, pourquoi renoncez-vous à inscrire dans la future loi de programmation tout objectif chiffré pour les énergies renouvelables ? Vous allez jusqu’à bannir le terme du texte !

    M. Jean-François Coulomme

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    Quel dogmatisme !

    M. Karim Benbrahim

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    Alors que vous vous dites soucieux des prix de l’énergie, vous refusez d’engager par la loi notre pays dans une transition vers des énergies compétitives, afin de ne froisser aucun de vos alliés sur ce texte. Vous prétendez vouloir réindustrialiser le pays, mais vous renoncez à soutenir un tissu industriel qui s’est créé ces dernières années, notamment dans l’éolien offshore, composé de grands groupes internationaux et aussi de PME.
    Vous devriez renoncer et retirer l’amendement no 568. Il est indigne des travaux de la commission et son adoption transformerait le texte en repoussoir absolu.
    Pour ce qui est du sous-amendement no 855, il a vocation à inscrire dans le texte un objectif de développement de l’éolien offshore, afin d’atteindre une capacité d’au moins 18 gigawatts en 2035 et 45 gigawatts en 2050.
    La façade maritime de la France est un véritable atout : nous avons là un gisement exceptionnel qui peut nous permettre à la fois de décarboner nos usages, de soutenir la création de nouveaux emplois et de réindustrialiser le pays. Il ne serait pas responsable d’adopter une loi de programmation qui ne comprendrait pas un objectif de développement de l’éolien offshore car c’est une énergie compétitive, comme en témoignent les derniers appels d’offres ; c’est une filière industrielle qui crée d’ores et déjà des emplois et qui est capable d’exporter.
    Le manque de visibilité en la matière a déjà mis en péril des emplois : je pense  aux usines et aux bureaux d’études de General Electric à Montoir-de-Bretagne et à Saint-Herblain, en Loire-Atlantique. Il faut que cela cesse ! C’est la raison d’être de ce sous-amendement.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir les sous-amendements nos 843 et 840, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Matthias Tavel

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    Vous avez dit, monsieur le rapporteur, que nous étions au cœur du texte. C’en est assurément un des cœurs : après le cœur nucléaire –⁠ nous en avons parlé et vous avez fait votre choix, appuyé par les voix du Rassemblement national –, voilà le cœur relatif aux énergies renouvelables.
    Nous nous opposerons fortement à votre amendement no 568, qui vise à faire disparaître le principe même du soutien à différentes filières d’énergies renouvelables. S’agissant d’abord de l’éolien en mer, ce serait un message calamiteux envoyé à une filière qui souffre déjà beaucoup, notamment du côté de Saint-Nazaire –⁠ cela vient d’être mentionné –, où General Electric a supprimé plusieurs centaines d’emplois.
    Deux autres filières sont également concernées : l’hydroélectricité, alors qu’un large consensus se dessine, dans notre assemblée, pour dire que nous devons être capables d’investir dans les barrages et de créer des stations de transfert d’énergie par pompage ; et l’agrivoltaïsme, que vous défendez pourtant mordicus, au point d’avoir refusé d’inscrire à l’ordre du jour de la séance la proposition de loi de notre collègue Pascal Lecamp visant à assurer le développement raisonné et juste de l’agrivoltaïsme.
    Nous nous opposerons donc à l’amendement no 568. Nous vous demandons solennellement d’éviter le deux poids, deux mesures entre le nucléaire et les renouvelables. Vous nous dites que vous voulez un mix équilibré : prouvez-le ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Anna Pic applaudit également.) Vous ne pouvez pas d’un côté introduire, pour le nucléaire, des objectifs chiffrés, exprimés en gigawatts, de puissance installée et de nouvelles capacités, en allant jusqu’à préciser quel type de réacteurs il faudrait produire, et de l’autre, pour les renouvelables, vous contenter d’un objectif général, vague, flou et non décliné par filières, alors que c’est nécessaire si nous voulons que les entreprises investissent !
    Pour revenir à l’éolien en mer, qui est l’objet des sous-amendements nos 843 et 840, de gros dossiers sont sur la table ; ils concernent à la fois l’existant et l’avenir. RTE, notamment, dit être prêt à implanter ou à faciliter l’implantation en France d’une usine de câbles sous-marins s’il dispose de la visibilité nécessaire pour le faire. Nous avons en la matière une filière française d’excellence ; elle a besoin de cette visibilité pour continuer à se renforcer !
    Il serait très dommageable et même assez lamentable qu’à l’issue de nos discussions, nous donnions l’impression que la confiance, la volonté, la visibilité, les objectifs et la planification indispensables au développement des énergies renouvelables sont absents. Nous sommes regardés, nous sommes écoutés par des salariés qui sont inquiets pour leur emploi, par des territoires qui ont fait le choix de la bifurcation énergétique, par des industriels qui se demandent s’ils vont investir en France ou ailleurs !
    Notre responsabilité commune, c’est de leur envoyer un signal de confiance : nous devons les assurer de la confiance de la nation dans l’avenir et de notre soutien pour atteindre les objectifs de développement économique et d’approvisionnement électrique auxquels ils sont censés contribuer.
    Nous sommes donc prêts, monsieur le rapporteur, à voter votre amendement no 564 ; nous souhaitons par conséquent que vous retiriez les amendements nos 568 et 563. Si vous ne le faites pas, nous voterons contre le no 568, pour les raisons que j’ai évoquées tout à l’heure, et nous consentirons à voter l’amendement no 563, à condition que nos sous-amendements visant à y introduire les objectifs chiffrés de la PPE soient adoptés.
    Outre le sous-amendement no 843, c’est le cas du sous-amendement no 840, qui concerne également l’éolien en mer et introduit un objectif de production d’au moins 18 gigawatts d’ici 2035, des sous-amendements nos 841 et 842 pour l’éolien terrestre, des sous-amendements nos 844 et 845 pour le photovoltaïque et de l’amendement no 846 pour l’hydrolien, car nous voulons que toutes les énergies renouvelables soient mentionnées. Nous sommes aussi favorables, évidemment, au sous-amendement no 850 de notre collègue Battistel,…

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Évidemment !

    M. Matthias Tavel

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    …qui a trait à aux capacités hydroélectriques. Voilà la proposition que nous vous faisons, monsieur le rapporteur. J’ajoute qu’en l’absence d’objectifs chiffrés, l’article 5 manquerait sa cible et enverrait un signal très négatif ; nous ne serions alors pas en mesure de le voter. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard, pour soutenir le sous-amendement no 871.

    M. Maxime Amblard

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    En cohérence avec les positions qui ont été les siennes jusque-là, le Rassemblement national refuse d’introduire des objectifs en matière d’énergies renouvelables intermittentes. (Sourires et exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Bien sûr, nous ne sommes pas contre l’hydrolien, la géothermie, la biomasse ou l’aérothermie…

    M. Jean-François Coulomme

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    Mais si ! Objectivement, vous l’êtes !

    M. Maxime Amblard

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    Je sais que la subtilité, c’est quelque chose qui vous échappe, mais chez nous, c’est important ! (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous sommes contre le soutien aux énergies intermittentes et souhaitons donc supprimer de l’amendement tous les alinéas qui s’y rapportent.

    M. le président

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    La parole est à Mme Virginie Duby-Muller, pour soutenir le sous-amendement no 851.

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Il vise à préciser l’amendement du rapporteur, dont l’objet est la poursuite du développement de l’éolien et du photovoltaïque. Il convient d’y ajouter une condition, en prévoyant notamment la réalisation d’une étude sur les besoins qui justifieraient une production électrique liée à l’énergie mécanique du vent ou à celle du soleil.
    Alors que les Français disposaient d’une électricité fiable et bon marché, produite par le deuxième parc nucléaire au monde, un réseau de barrages tout aussi remarquable et quelques centrales thermiques mobilisées seulement pour couvrir les pointes de consommation aux heures les plus froides de l’hiver, le développement à marche forcée des énergies renouvelables intermittentes, éolienne et solaire, a été imposé à tous les Français pour des raisons idéologiques et en vertu d’accords électoraux irresponsables à courte vue, en l’absence d’études de faisabilité technique ou d’impact économique.
    Les Français peuvent d’ailleurs remercier Mme Voynet car sa responsabilité est lourde dans la situation actuelle : elle a sabordé le nucléaire français et s’en est même vantée !

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Laisney, pour soutenir les sous-amendements nos 841 et 842, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Maxime Laisney

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    Je voudrais enfoncer le clou sur lequel mon collègue Tavel a commencé à taper : l’exigence de visibilité nécessite d’introduire des objectifs chiffrés par filière. Monsieur le rapporteur et monsieur le ministre, vous devez connaître un peu le SER –⁠ le Syndicat des énergies renouvelables :…

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Jamais entendu parler !

    M. Maxime Laisney

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    …c’est en quelque sorte le Medef des énergies renouvelables. (Sourires.)

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Ils apprécieront !

    M. Maxime Laisney

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    C’est comme ça que je comprends son rôle ; j’imagine donc que lui aussi vous murmure à l’oreille.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Vous exagérez !

    M. Maxime Laisney

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    J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs fois ses représentants dans le cadre de mes fonctions et voici ce qu’ils nous disent, comme d’ailleurs l’ensemble des acteurs concernés : cela fait maintenant deux ans qu’ils attendent que la PPE soit publiée et décline des objectifs clairs par filière pour déclencher les investissements nécessaires.
    Mais ce n’est pas tout : ils veulent aussi pouvoir s’appuyer sur une loi car si ces objectifs ne se trouvent que dans la PPE, ils n’auront qu’une portée réglementaire et ne seront pas suffisamment solides. Je vous demande donc de les écouter et d’inscrire ces objectifs dans le présent texte. Si ce n’est pas le cas, il n’y aura pas de nouveaux investissements et donc pas de création d’emplois industriels dans ces filières, alors qu’elles sont déjà dynamiques dans notre pays.

    Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback

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    Porte-parole du Medef ! On aura tout vu !

    M. Maxime Laisney

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    Surtout, dans les dix ans qui viennent, puisque la PPE traite de notre production d’énergie jusqu’à 2035, en l’absence de nouvelles capacités nucléaires –⁠ je pense que tout le monde admet que ce sera le cas –, nous risquons de manquer de courant ! Le pays ne produira pas d’électricité supplémentaire et nous n’assisterons ni à l’électrification des usages ni à la décarbonation des process de production des industries lourdes.
    Contrairement à ce que vous promettez, les émissions de gaz à effet de serre ne diminueront donc pas, pas plus que la consommation d’énergies fossiles. Je vous engage vraiment à retirer vos deux amendements nos 568 et 563, afin de nous permettre de voter le no 564 sous-amendé. Sinon, cette loi sera définitivement celle du Rassemblement national. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Sophie-Laurence Roy

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    Ce n’est pas grave, ça ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Le sous-amendement no 857 de M. Karim Benbrahim est défendu.
    La parole est à M. le ministre, pour soutenir le sous-amendement no 867.

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Il vise à supprimer la priorité que donne l’amendement aux projets d’installation photovoltaïque développés sur du bâti existant et aux projets agrivoltaïques. Cette volonté procède d’une démarche qui a été engagée par le gouvernement et qui s’est notamment traduite par la révision, le 26 mars 2025, de l’arrêté tarifaire du 6 octobre 2021, dit S21. La logique qui sous-tend cela, c’est de privilégier les projets photovoltaïques de grande ampleur, et ce pour des raisons de rentabilité. En effet, le petit photovoltaïque engendre des coûts, notamment liés au raccordement, qui pèsent sur l’efficacité économique relative de ces projets par rapport à d’autres plus ambitieux.
    Dans ce nouvel arrêté, nous faisons également le choix de privilégier l’autoconsommation, c’est-à-dire la production d’une électricité qui n’est pas injectée dans le réseau : nous la soutenons grâce à des dispositions telles que la prime à l’achat de panneaux. Nous adoptons ici une approche globale et cohérente, qui consiste à continuer de soutenir le photovoltaïque, mais en privilégiant les grands projets et l’autoconsommation.

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-Noëlle Battistel, pour soutenir le sous-amendement no 856.

    Mme Marie-Noëlle Battistel

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    Il vise à donner la priorité au développement du photovoltaïque sur les toitures ou les délaissés. Dans ma circonscription, un délaissé minier a été équipé de grands panneaux photovoltaïques : c’est pertinent ! C’est d’ailleurs aussi un symbole : là où l’on produisait du charbon, on fait désormais de l’énergie propre. Il importe donc, à l’alinéa 8 de l’amendement du rapporteur, de retirer l’agrivoltaïsme de la liste des installations photovoltaïques prioritaires.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour soutenir le sous-amendement no 844.

    M. Matthias Tavel

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    Il s’agit du sous-amendement qui vise à introduire des objectifs chiffrés en matière de production d’énergie photovoltaïque.
    Je vous le dis très clairement, monsieur le ministre : ce que vous venez de dire n’est pas acceptable ! Nous avons régulièrement des débats sur l’artificialisation des terres et sur la manière dont nous pourrions maintenir, encourager ou reconstruire une filière photovoltaïque française, et voilà que vous nous dites vouloir donner la priorité aux grands champs photovoltaïques installés sur les espaces naturels, agricoles ou forestiers. C’est contraire à nos objectifs de non-artificialisation des sols et de reconstruction d’une filière en France.
    S’agissant de l’artificialisation, chacun voit bien ce qui se passe si l’on construit de grands parcs solaires au sol. On va déjà jusqu’à déforester pour installer du photovoltaïque, ce qui est absurde ! On en est à prélever des espaces naturels ou agricoles, donc des puits de carbone ou des lieux où l’on pourrait produire de l’alimentation humaine, pour faire de l’énergie. Ce n’est pas acceptable ! Nous disposons de kilomètres carrés de toitures, de parkings, de délaissés et de friches ; c’est là qu’il faut mettre les panneaux photovoltaïques dont nous avons besoin, afin de préserver les espaces naturels et de limiter l’artificialisation.
    Si l’on souhaite reconstruire une filière française du photovoltaïque, cela devra d’abord passer par les toitures. Pourquoi ? Parce que, dans le coût total d’un projet, la pose –⁠ autrement dit, le travail des artisans du bâtiment et des travaux publics (BTP) – vient compenser le différentiel de prix entre les panneaux. Cela permet, d’une manière intelligente, de nous protéger d’une concurrence déloyale qui repose uniquement sur le prix des panneaux.
    Évidemment, si l’on sélectionne les projets uniquement sur le prix des panneaux, alors ce seront des panneaux chinois. Si nous voulons des panneaux français, alors il faut viser les toitures ou les délaissés –⁠ des sites qui nécessitent l’intervention d’artisans et mobilisent la filière BTP. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Dominique Potier applaudit également.)
    Dans le contexte actuel, avec les annonces et la suspension de MaPrimeRénov’, ce serait un bon signal pour le monde de l’artisanat. Il nous regarde et attend de ce texte qu’il lui ouvre des perspectives de travail. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)

    M. le président

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    Le sous-amendement no 845 de Mme Anne Stambach-Terrenoir est défendu.
    La parole est à Mme Anna Pic, pour soutenir le sous-amendement no 866.

    Mme Anna Pic

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    Quand je lis les exposés sommaires des amendements, je suis étonnée. Visiblement, nous ne disposons pas du même niveau d’information sur l’énergie dégagée par les courants marins.
    Pourquoi poursuivre encore l’expérimentation ? C’est surprenant, surtout dans un texte censé programmer jusqu’à 2035. Dix ans supplémentaires, ce n’est pas possible, d’autant que la programmation a déjà commencé il y a plus de dix ans : cela commence à faire très, très long…
    L’hydrolien maritime n’en est plus au stade de l’expérimentation ; il se déploie. Le projet NH1 de Normandie Hydroliennes a déjà obtenu la certification du Japon. C’est un marché et une filière très concurrentiels –⁠ qui se développent aussi en Grande-Bretagne. Et nous, nous réfléchissons, encore et toujours. Pendant ce temps, les industriels, eux, ont investi.
    Cette énergie est prédictible et elle a du potentiel. Vous parlez de moins de 5 gigawatts. C’est plus ; vous pouvez ajouter 10 à 11 gigawatts. Nous n’avons pas les mêmes chiffres, ou alors notre territoire change en fonction de celui qui le regarde.

    M. Sylvain Maillard

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    Ah !

    Mme Anna Pic

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    Avec le raz Blanchard et les courants bretons, nous avons le deuxième potentiel européen, avec une faible emprise sur les fonds marins.
    Nous avons donc besoin d’objectifs et d’une stratégie de déploiement, plus que d’une expérimentation qui ne peut durer une décennie de plus. L’Europe le reconnaît : les projets pilotes, FloWatt et NH1, ont été lauréats de l’ Innovation Fund, avec 51 millions d’euros de subventions.
    Passons à l’action ! Les industriels ont besoin de perspectives, nos territoires aussi, pas seulement pour maintenir l’emploi, mais pour créer 6 000 emplois supplémentaires.

    M. le président

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    Le sous-amendement no 858 de Mme Anna Pic a été défendu.
    La parole est à M. Maxime Laisney, pour soutenir le sous-amendement no 846.

    M. Maxime Laisney

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    Pourquoi est-il essentiel de fixer des objectifs chiffrés par filière dans la loi ? Vous avez fait le choix de laisser le développement des énergies renouvelables à la fameuse main invisible du marché. Ce sont donc des acteurs privés qui doivent investir dans de nouvelles capacités de production. Pour cela, ils doivent emprunter auprès de banques, parfois plusieurs millions d’euros. Or, ces emprunts sont conditionnés à un taux qui dépend du risque. Et le risque, c’est notamment l’incertitude sur la viabilité et la rentabilité du projet. S’il n’existe pas d’objectifs clairs dans la loi, les banques y regarderont à deux fois avant de financer, ce qui renchérira le coût des projets.
    Donc, même dans une logique libérale –⁠ la vôtre –, je ne comprends pas qu’on néglige ces objectifs chiffrés, indispensables au déploiement des filières renouvelables.
    Dites-le franchement : vous n’y croyez pas ; vous n’en voulez pas ; vous êtes d’accord avec le Rassemblement national, qui veut briser toutes les éoliennes du pays. Au moins, la discussion serait honnête.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir le sous-amendement no 755.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Ce sous-amendement, comme les suivants, s’inscrit dans la logique que je défends depuis le début : additionner les solutions.
    Il vise à orienter l’électricité excédentaire –⁠ souvent vendue à perte – vers des usages stratégiques, afin de réduire nos importations de gaz fossile, d’accélérer la décarbonation et de soutenir la structuration d’une filière française de gaz renouvelable pilotable.
    En 2024, la France a exporté environ 23 térawattheures d’électricité à très bas prix, tout en brûlant 17 térawattheures d’énergies fossiles dans ses centrales à gaz. Cette situation reflète une incohérence, du point de vue de notre souveraineté énergétique et de notre balance commerciale.
    Le sous-amendement vise à valoriser l’électricité excédentaire, en particulier celle produite par le méthane de synthèse, un gaz renouvelable, stockable et mobilisable pour l’industrie et les transports lourds. Il s’agit d’inscrire clairement cette priorité dans le code de l’énergie.

    M. Sylvain Maillard

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    C’est ambitieux ! Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard, pour soutenir le sous-amendement no 875.

    M. Maxime Amblard

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    Cela va peut-être en surprendre certains, mais le Rassemblement national défend le développement de la production de chaleur et d’électricité par cogénération à partir de biomasse.
    Il peut s’agir de convertir des centrales fossiles existantes ou de construire de nouvelles capacités, afin d’augmenter nos capacités de production renouvelables, pilotables et décarbonées.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir le sous-amendement no 757.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Je comprends l’argument selon lequel il ne serait pas nécessaire de fixer des objectifs chiffrés pour chaque énergie. Toutefois, afficher des objectifs et donner des orientations claires peut être extrêmement intéressant.
    C’est précisément ce que propose ce sous-amendement : reconnaître dans le code de l’énergie l’intérêt d’explorer pleinement le potentiel des énergies marines, fluviales et renouvelables, notamment l’énergie osmotique –⁠ qui représente à elle seule un potentiel équivalent à celui d’un réacteur nucléaire –, mais aussi l’énergie marémotrice ou houlomotrice. Mme Pic a d’ailleurs très bien présenté l’hydrolien.
    Il faut diversifier nos sources, mais aussi ajouter, et non opposer, les solutions. En matière d’énergies marine et fluviale, la France dispose d’un potentiel unique en Europe. Si nous investissons dans ces filières, non seulement nous créerons de l’emploi local, mais nous pourrons aussi exporter ces technologies.
    L’énergie osmotique est reconnue par le Giec, et je l’avais fait inscrire dans la loi du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, que tout le monde ici n’a pas votée.
    L’énergie houlomotrice, issue du mouvement des vagues, représente un potentiel de 40 térawattheures, soit près de 10 % de la production nucléaire actuelle. L’énergie marémotrice, quant à elle, permet une production locale, pilotable et décarbonée.
    Nous aurions tout intérêt à investir dans ces énergies car ces ressources sont prometteuses, à la fois sur les plans industriel et économique. À plus long terme, elles seront aussi sources de retombées si nous pouvons exporter les technologies. La France peut devenir leader en matière d’énergies marines. Mieux vaut des aventures positives que des débats stériles.

    M. le président

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    Le sous-amendement no 868 de M. Jérôme Nury est défendu.
    La parole est à M. Jean-Luc Fugit, pour soutenir le sous-amendement no 754.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Ce troisième et dernier sous-amendement s’inscrit dans la même logique : il vise à soutenir le développement de la production de chaleur à partir de combustibles solides de récupération. Ces CSR sont issus de déchets non dangereux et non recyclables, et constituent une alternative concrète aux énergies fossiles pour produire chaleur et électricité au bénéfice notamment des industriels et des réseaux de chaleur urbains.
    Cette filière présente un double atout : elle valorise des déchets qui ne peuvent être recyclés et contribue à l’atteinte de nos objectifs en matière de chaleur renouvelable à l’horizon 2030.
    Reconnaître le rôle des CSR dans ce texte d’orientation, c’est encourager une solution d’économie circulaire, locale, décarbonée au service de la transition, et une solution cohérente avec l’enjeu de souveraineté industrielle des territoires.
    Des industriels nous écoutent, et scrutent attentivement les orientations dont nous débattons. Derrière eux, il y a des investisseurs, mais aussi des emplois, des territoires qui attendent des perspectives concrètes, et toute une génération de jeunes qui souhaitent s’engager dans ces secteurs d’avenir.
    Essayons d’être positifs et constructifs sur ces énergies d’avenir.

    M. le président

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    Toujours dans la discussion commune, je suis saisi de deux amendements identiques, nos 564 et 876, qui font l’objet de sous-amendements.
    La parole est à M. Antoine Armand, rapporteur, pour soutenir l’amendement no 564.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Dans mon esprit, cet amendement figurait en tête de la discussion commune, même s’il apparaît en troisième position, car c’est le plus proche de la rédaction issue des débats au Sénat.
    Il s’agit, si l’Assemblée y est prête, d’adopter des objectifs pour chaque filière d’énergie renouvelable électrique. Cependant, de nombreux sous-amendements ont été déposés, et je doute que nous puissions adopter un tel amendement –⁠ cela n’a pas été possible lors de l’examen en commission des affaires économiques.
    Le résultat de nos débats est problématique : des objectifs sont affichés pour certaines énergies, mais pas toutes, et certaines énergies ne sont même pas mentionnées. Un objectif global, accompagné d’une description, est préférable au maintien d’objectifs disparates et non cohérents.

    M. le président

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    L’amendement no 680 de M. Philippe Bolo est défendu.
    Les sous-amendements nos 873 et 880 rectifié de M. Maxime Amblard sont défendus.
    La parole est à Mme Anna Pic, pour soutenir le sous-amendement no 872.

    Mme Anna Pic

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    Ce sous-amendement vise à rétablir la vérité sur ce qu’est l’énergie hydrolienne. Certains, manifestement, se contentent d’une approche idéologique et restent très éloignés de la réalité.
    Nous souhaitons des objectifs chiffrés afin d’affirmer que ce qui était hier une innovation est aujourd’hui une technologie parvenue à maturité. C’est pourquoi nous plaidons pour son déploiement rapide.

    M. le président

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    Les sous-amendements nos 870 et 876 rectifié de M. Maxime Amblard sont défendus.
    Dans la discussion commune, la parole est à M. Maxime Amblard, pour soutenir l’amendement no 47.

    M. Maxime Amblard

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    Il faut exploiter les gisements d’énergie hydraulique. On estime en effet qu’il existe une marge d’environ 10 TWh par an. Par ailleurs, il est essentiel de favoriser le stockage d’électricité en optimisant les installations existantes ou, lorsque c’est possible, en créant de nouvelles capacités.

    M. le président

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    L’amendement no 87 de M. Maxime Amblard a été défendu.
    Quel est l’avis de la commission sur les amendements et sous-amendements de cette discussion commune ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je vais essayer d’être clair, et concis. Si les amendements identiques nos 568 et 682 devaient être rejetés, j’appellerais à voter l’amendement no 563.
    Mon avis est défavorable sur les sous-amendements à l’amendement no 563, exception faite des sous-amendements nos 867 du gouvernement, auquel je suis favorable, et 858 de Mme Pic, pour lequel je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
    J’en profite pour dire que le « Medef des énergies renouvelables », pour reprendre l’expression de M. Laisney –⁠ je vois que ce Medef parle à La France insoumise,…

    M. Maxime Laisney

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    À tout le monde !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    …c’est tant mieux, et vous avez raison de lui parler, y compris des énergies renouvelables –, n’affirme pas qu’il y a en France un potentiel d’hydrolien supérieur à 5 gigawatts, mais quantifie le potentiel du raz Blanchard à 5 gigawatts. C’est déjà beaucoup et si nous parvenons à actualiser ce potentiel, ce sera formidable. Du reste, comme vous le savez, puisqu’il s’agit de votre territoire, les projets afférents se déploieraient au long de plusieurs décennies. L’idée que nous disposerions en France d’un potentiel facilement actualisable de 10 ou 11 gigawatts ne me paraît pas juste.

    Mme Anna Pic

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    Ce n’est pas exactement ce que j’ai dit !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Tant mieux, car ce n’est pas vrai.
    Sur le sous-amendement no 755 de notre collègue Fugit, je m’en remets également à la sagesse de l’Assemblée.
    Nous passons à présent à mon amendement no 564 et à l’amendement identique no 680, sur lesquels mon avis est bien sûr favorable et que je soutiendrai si les précédents amendements ne sont pas adoptés. Je suis en revanche défavorable à l’ensemble des sous-amendements à ces amendements identiques.
    Enfin, sur les amendements nos 47 et 87, mon avis est défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Les débats ont eu lieu. Le principe de fixer dans la loi des objectifs quantifiés pour l’ensemble des filières de production d’énergies renouvelables n’est pas bon, car nous devons préserver notre capacité d’ajuster de tels objectifs en fonction de l’évolution des techniques industrielles, des consommations et du marché.
    Je prolongerai donc le propos du rapporteur en me déclarant favorable à ses amendements nos 568 et 563. Je suis en revanche défavorable au no 564, pour les raisons que je viens d’évoquer. Par ailleurs, je suis défavorable à l’ensemble des sous-amendements, à l’exception, bien sûr, du no 867 que j’ai défendu, ainsi que du no 858, pour lequel je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée. Je suis enfin défavorable aux amendements no 47 et 87, qui ont été déposés tardivement.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, vous êtes droits dans vos bottes ! Par l’amendement no 568, vous vous livrez à une provocation contre les énergies renouvelables et vous envoyez un signal de défiance à tous ceux qui veulent la bifurcation énergétique, la décarbonation rapide et le développement de filières industrielles de production d’énergies renouvelables en France. Cet amendement trace ni plus ni moins que le chemin d’un moratoire sur les énergies renouvelables. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)

    M. Peio Dufau

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    Il a raison !

    M. Sylvain Maillard

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    Mais non !

    M. Matthias Tavel

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    Voilà ce que vous défendez en réalité ! Votre coup de ciseaux très large porte même atteinte à l’énergie hydraulique, ce qui témoigne non seulement de votre obstination, mais aussi de l’impréparation qui caractérise la manière dont vous menez cette discussion.
    Il faut rejeter cet amendement no 568, dont l’adoption enverrait un signal désastreux à toutes les filières de production d’énergies renouvelables de notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Anna Pic applaudit également.)
    Collègues, notamment du bloc central, il faut que vous preniez la mesure du signal que vous vous apprêtez à envoyer au pays si vous votez des amendements de ce type. Vous lui signifierez par là que la France renonce à jouer un rôle majeur, pionnier, dans le développement de toutes les énergies renouvelables, qu’il s’agisse de celles qui existent déjà ou de celles qui ne demandent qu’à se développer.
    Pour notre part, je le redis, nous voterons tous les sous-amendements qui tendent à fixer des objectifs chiffrés filière par filière, y compris celui de notre collègue Pic relatif à l’hydrolien. Très franchement, quand on a la possibilité de développer une énergie renouvelable prédictible, invisible depuis le littoral et susceptible d’être exportée par notre pays, notamment vers le Royaume-Uni, je ne comprends pas comment on peut envoyer un tel signal de défiance.
    Nous voterons aussi le sous-amendement no 757 de notre collègue Fugit, pour témoigner à l’ensemble des filières de production d’énergies marines la confiance que nous inspirent leurs efforts de recherche et de développement relatifs à la conversion de l’énergie osmotique en électricité et à l’eau motrice. Un projet fera bientôt l’objet d’une expérimentation au large du Croisic, en Loire-Atlantique, après avoir passé un premier test mené par l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) à Brest. Bien sûr, les énergies en question ne seront pas utilisables dans les prochaines années, mais il s’agit d’énergies d’avenir susceptibles de contribuer, demain, à un mix renouvelable très puissant et d’apporter des réponses à des territoires insulaires et ultramarins, s’agissant notamment de la chaleur renouvelable issue de l’énergie thermique des mers, comme nous le verrons plus tard à l’occasion de l’examen d’un amendement.
    Vraiment, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, vous jouez un très mauvais tour aux énergies renouvelables, aux filières industrielles, à la transition énergétique et à l’emploi en France. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Avec une certaine gravité et à ma manière, je voudrais dire que vous trahissez la promesse de la loi Aper et de la loi relative à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes. L’idée d’un équilibre sous-tendait ces lois. Ici, il n’y a pas d’équilibre : nous nous tenons certes sur deux jambes, mais l’une, celle du nucléaire, est survitaminée tandis que celle des énergies renouvelables est une jambe de bois puisqu’en la matière, l’absence d’objectifs quantifiés trahit votre renoncement.
    Je voudrais souligner un point important : le sous-amendement du gouvernement relatif au photovoltaïque laisse entrevoir ce qui se prépare pour la biomasse, menacée par le même scénario. Nous pouvions choisir un déploiement des énergies renouvelables fondé sur le photovoltaïque, essentiellement dans des friches et des parcs d’activité. Je rappelle qu’il y a dans notre pays 500 000 hectares de parcs d’activité industriels, artisanaux et commerciaux où des équipements de production d’énergies renouvelables auraient pu être installés ou densifiés. Il y a des friches militaires, industrielles, hospitalières partout dans notre pays. Des capacités de stockage des effluents d’élevage auraient également pu être valorisées.
    De tels efforts de déploiement et de valorisation sont sans aucun impact sur la biodiversité et la souveraineté alimentaire. Pourtant, selon votre récit, le photovoltaïque concurrencera la souveraineté alimentaire et empiétera sur des terres agricoles (Mmes Ayda Hadizadeh et Sandrine Rousseau ainsi que M. Boris Vallaud applaudissent), sous le faux nez d’un agrivoltaïsme qui nie totalement le vote très clair de la loi Aper, pour laquelle nous avions eu la naïveté de vous apporter notre concours, suivant une logique de compromis. Je le regrette vivement parce que vous trahissez entièrement votre parole.
    L’objectif de l’absence d’impact sur l’agriculture est désormais sacrifié : nous savons qu’à partir de 40 % de couverture agrivoltaïque, c’est près de 50 % de la production alimentaire qui est mise en cause, suivant les indications de l’Inrae, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. S’agissant du méthane, votre logique d’injection favorisera des projets prédateurs et concentrés qui soustrairont des ressources à l’alimentation en faveur de l’énergie : c’est une folie !
    Votre projet signe en fait une rupture complète avec la tentative, menée sous l’égide d’Élisabeth Borne par le secrétariat général à la planification écologique, d’additionner une ambition énergétique de décarbonation à des objectifs alimentaires et des cycles vertueux en matière de carbone, d’azote et de phosphore. C’est une ruine ! On a envie de dire : « Antoine Pellion, reviens ! », mais je crois qu’il est déjà trop tard. Vous êtes en train de mettre à sac le peu qui avait été fait en matière de transition énergétique, au nom de quelques centimes de bénéfice sur les mégawatts, en favorisant des projets à caractère industriel, prédateurs des écosystèmes et de l’alimentation, au profit de quelques-uns.
    Votre politique est totalement contracyclique par rapport à ce qui aurait pu être, selon l’expression que Boris Vallaud et moi-même avions employée, une épopée industrielle et d’aménagement du territoire, un partage de la valeur, une maîtrise des collectivités, bref : un scénario de développement heureux que vous balayez aujourd’hui !
    Le groupe socialiste, qui a espéré jusqu’au bout un dialogue avec M. le rapporteur et M. le ministre, est en colère.

    M. Frédéric Weber

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    Saine colère !

    M. Dominique Potier

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    C’est peut-être l’heure de vérité !

    Mme Ayda Hadizadeh

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    Bravo !

    M. Dominique Potier

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    Avec Karim Benbrahim et Marie-Noëlle Battistel, je voudrais solennellement, au nom du groupe socialiste, vous faire part d’une interrogation très claire. Un mystère m’a tourmenté cette nuit alors que je souffrais d’une insomnie et je voudrais le dissiper.

    M. Frédéric Weber

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    Ah !

    M. Dominique Potier

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    S’il vous plaît ! Je n’ai pas pour habitude d’interrompre qui que ce soit.

    M. Jérôme Guedj

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    Écoutez-le, c’est une parole de sagesse !

    M. Dominique Potier

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    Je voudrais vous interroger directement et j’aimerais, monsieur le rapporteur, monsieur le ministre, que vous répondiez franchement. Le groupe Rassemblement national n’a pas déposé d’amendement de suppression de l’article 5. Voilà qui dévoile une immense hypocrisie : un accord caché a été passé entre ce groupe et vous, ou alors je ne comprends rien à la vie politique française ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Hier, vous pouviez renoncer à l’article 5 et éviter ces débats hypocrites qui nous conduisent à un scénario qui n’est pas celui qui avait été écrit suivant une logique de bon sens et de partage.
    Je le demande avec force : dites-nous quel accord politique vous avez passé avec le Rassemblement national pour que nous ayons à subir ce faux nez, cette politique de tartuffe, au lieu de la suppression de l’article 5, qui aurait eu le mérite de la franchise. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS. –⁠ M. Jean-François Coulomme applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Au Rassemblement national, nous disons toujours ce que nous faisons et faisons toujours ce que nous disons. Si un accord existait, cela se saurait. Ce sont vos accords qui font souvent les unes et ont malheureusement engendré l’assemblée introuvable que nous connaissons. Il n’y a aucun accord : nous ne partageons absolument pas les objectifs très hypocrites du rapporteur et du ministre. Vous avez d’ailleurs voté, avec les macronistes, en faveur de la production de 200 térawattheures d’énergies renouvelables intermittentes, ce qui représente une hausse de l’intermittence de 75 % et nous conduira à une situation ingérable. Bref !
    Vous prétendez écouter ce que nous disons mais les préjugés si nombreux que vous nourrissez à l’endroit de nos propos vous empêchent en réalité de le faire. Ne voyez-vous pas les amendements que nous avons déposés pour améliorer l’hydroélectricité, les stations de transfert d’énergie par pompage (Step), la géothermie ou encore les pompes à chaleur ? Voilà pourquoi nous n’avons pas déposé d’amendement de suppression à l’article 5, mais vous n’écoutez pas ce que nous disons !
    Comme sur tant de sujets, vous avez un tel besoin de diaboliser votre adversaire que vous ne connaissez même pas son propos ! En trois ans, je n’ai jamais débattu avec un seul député de gauche qui avait lu le programme du Rassemblement national s’agissant de l’énergie et de l’écologie. Jamais ! Pas un seul n’a été capable de lire le plan « Marie Curie » de Marine Le Pen. Pas un !

    Mme Julie Laernoes

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    Ce n’est pas vrai !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Quand nous vous combattons, nous lisons vos projets. Je connais celui de chacun d’entre vous. D’ailleurs, c’est sans doute pour cette raison que quand nous débattons et que vous ne vous livrez pas à des magouilles, nous vous explosons aux élections ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes.

    Mme Julie Laernoes

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    Monsieur le rapporteur, vous avez déposé un amendement à l’article 5 dont force est de constater qu’il est assez similaire à celui que j’avais déposé et dont nous avons débattu hier soir, qui tendait à réécrire l’article en y intégrant les objectifs chiffrés inscrits dans le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie. Il est important d’inscrire ces chiffres dans la loi, car –⁠ on l’a dit et répété – on ne défait pas la loi comme on défait un décret.
    Les différentes expressions émanant de la droite et de l’extrême droite trahissent une opposition, la volonté d’instaurer un moratoire sur tout ce qui s’apparente à une énergie renouvelable, à des économies d’énergie et à l’efficacité énergétique autant qu’à l’innovation en matière d’énergies renouvelables et à la protection de nos concitoyens confrontés à la précarité énergétique. Tout cela vise à protéger les intérêts de la Russie, qu’il soit question d’uranium ou de gaz. Il s’agit aussi, pour le Rassemblement national, de protéger les propriétaires avant tout, même quand ils louent des passoires énergétiques et sont multipropriétaires. (Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.) La réalité se dévoile ! Elle est inscrite dans le programme du Rassemblement national, que chacun peut lire.
    Nous avons une responsabilité en tant que personnes qui regardent la réalité en face, voient arriver la falaise du nucléaire et constatent que nous avons besoin de diminuer notre consommation énergétique –⁠ contrairement à ce qui est répété à l’envi. Cette diminution est possible puisque nous sommes en mesure d’appliquer des méthodes et des politiques publiques éprouvées pour peu que nous en finissions avec le stop and go. Je pense à la rénovation énergétique, mais aussi au rail et au transport modal. Quoi qu’il arrive, nous serons confrontés à un écart entre capacité de production et besoin d’énergie. Comme tout le monde l’a dit et répété, y compris dans le cadre du groupe de travail réuni sous l’égide d’Agnès Pannier-Runacher, le constat est limpide : d’ici à 2035, nous serons confrontés à de véritables difficultés s’agissant de la sécurité de notre approvisionnement en électricité.
    Nous n’aurons pas de nouvelles capacités de production d’énergie nucléaire avant 2038, au mieux. La sécurité de nos approvisionnements en électricité n’est donc pas garantie : c’est un sujet qui devrait préoccuper même ceux qui se fichent du climat ! Si nous sommes de nouveau confrontés à des problèmes de corrosion sous contrainte –⁠ problèmes qui commencent à se faire sentir dans certaines de nos centrales –, non seulement nos factures vont flamber, mais nous allons manquer d’électricité pour nous chauffer. La France est responsable de 50 % du pic de consommation d’électricité européen parce que nos systèmes de chauffage sont peu efficaces et fonctionnent à l’électricité, dans des bâtiments moins isolés qu’ailleurs en Europe.
    Face à la progression, dans notre pays, du populisme climatosceptique, il est de la plus grande importance de fixer dans la loi des objectifs clairs, filière par filière, pour les énergies renouvelables. Nous soutiendrons donc votre amendement no 564, monsieur le rapporteur, à l’exclusion des autres, et à la condition que soient adoptés les sous-amendements apportant des précisions sur les énergies renouvelables. En laissant planer un certain flou et en entretenant la crainte que le texte, sous l’égide des climatosceptiques de votre bord, ne soit pas adopté, vous prenez le risque que cette proposition de loi, qui déjà ne ressemblait pas à grand-chose, finisse par ne plus ressembler à rien, si ce n’est à la vision –⁠ que vous avaliserez ou non, je l’ignore, mardi prochain – du Rassemblement national. (« Oh là ! » sur les bancs du groupe RN.)

    M. Frédéric Weber

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    Et alors, quel est le problème ?

    Mme Julie Laernoes

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    C’est une vision très dangereuse pour la sécurité de l’approvisionnement énergétique de notre pays, pour le climat, mais aussi pour la facture des Françaises et des Français.

    M. Emeric Salmon

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    Au contraire, nous allons la sauver, cette facture !

    Mme Julie Laernoes

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    Vous construisez un avenir énergétique basé sur des mythes, des incantations et des vœux pieux, plutôt que sur des solutions éprouvées. C’est pourquoi nous avons fait des propositions sérieuses, destinées à des gens sérieux, qui travaillent sur le modèle énergétique –⁠ comme MM. Bolo ou Fugit, qui connaissent ces enjeux, même si nous avons avec eux des divergences. Vous savez que les objectifs en matière d’énergies renouvelables doivent être crantés et chiffrés, filière par filière.
    Ne nous laissons pas dicter notre avenir énergétique par le Rassemblement national –⁠ c’est bien plutôt un non-avenir énergétique qu’il nous réserve, et qui nous promet, très vite, de tomber de la falaise.
    Je vous invite donc à voter l’amendement no 564 de M. le rapporteur et à rejeter les autres. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS. –⁠ M. Jean-François Coulomme applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Bolo.

    M. Philippe Bolo

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    Permettez-moi de revenir sur les débats que nous avons eus depuis que nous avons commencé l’examen de ce texte. Je crois beaucoup, comme M. le rapporteur, à la nécessité de bâtir une programmation cohérente et équilibrée : c’est ainsi, et seulement ainsi, que nous pourrons respecter les trajectoires que nous nous sommes fixées –⁠ celles de la décarbonation, de l’électrification, mais aussi de la consommation.
    Il s’agit également, de manière moins visible, de concilier ces trajectoires de long terme avec des exigences budgétaires qui nous obligent à arbitrer entre les filières en fonction de leur coût, aujourd’hui et demain. Pour cette dernière raison, je ne pense pas qu’il soit souhaitable de nous contraindre par des objectifs trop précisément définis.
    L’intérêt de nos débats est de nous amener à réfléchir à la nature des objectifs que nous devons nous donner : pas d’objectifs du tout, des objectifs globaux ou des objectifs spécifiques ? Je pense que nous devons respecter un certain équilibre entre l’article 3 et l’article 5, sans entrer nécessairement dans le détail de chacune des filières énergétiques et en conservant de la souplesse, condition de la cohérence et de l’équilibre de l’ensemble.
    Nous n’avons pas besoin d’objectifs spécifiques détaillés –⁠ pour le nucléaire, entre le nucléaire actuel et le nucléaire futur, pour les renouvelables, entre le solaire, l’éolien et l’hydraulique –, objectifs qui nous priveraient de marge de manœuvre. Nous devons cependant considérer les proportions nécessaires à l’équilibre général. On s’expose, sans cela, à une multiplication des sous-amendements, filière énergétique par filière énergétique –⁠ et c’est précisément ce à quoi nous assistons, au détriment de la qualité de nos débats.
    L’amendement no 564 du rapporteur est propice à cet équilibre que nous recherchons tous. Il apporte également une réponse à la question, soulevée à plusieurs reprises dans nos débats, du maintien des compétences et des savoir-faire. Cela vaut pour les énergies renouvelables comme pour le nucléaire.
    Nous avons été sensibles aux arguments de M. Potier quand il a souligné que nous avions déjà passé beaucoup de temps, lors des précédentes législatures, à travailler sur les lois d’accélération du nucléaire et des énergies renouvelables. Nous devons veiller à rester cohérents avec ce travail accompli –⁠ nous privilégierons donc, pour cette raison aussi, l’amendement no 564, qui, je crois, pourra satisfaire tout le monde. Il faut que la loi qui sortira de nos débats ait un article 3 et un article 5 –⁠ je ne vois pas, sinon, comment cela pourrait marcher. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Luc Fugit.

    M. Jean-Luc Fugit

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    Je tiens à rappeler à M. Potier que ce qu’il a appelé le « bloc central » s’est mobilisé, tout à l’heure, pour que soit adopté l’amendement no 601 de Mme Battistel –⁠ ne l’oublions pas !
    Avant le début de cette séance, l’article 5, dans son alinéa 3, indiquait que l’objectif était de « porter la part d’énergie décarbonée à 58 % au moins de la consommation finale brute d’énergie en 2030 » et qu’à cette date « la production d’électricité décarbonée doit atteindre au moins 560 térawattheures en métropole continentale ».
    Que devient l’article 5 après avoir été modifié par l’amendement no 601 –⁠ adopté grâce à notre mobilisation ?

    M. Matthias Tavel

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    Oh !

    M. Jean-Luc Fugit

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    Il précise : « dont au moins 200 térawattheures issus de sources renouvelables ». Ne venez donc pas prétendre que nous sommes défavorables aux énergies renouvelables !

    M. Sylvain Maillard

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    Il a raison !

    M. Jean-Luc Fugit

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    Nous avons fait également adopter, au début de la séance –⁠ et alors que tous les bancs étaient encore clairsemés –, un sous-amendement que j’ai défendu et qui énumérait toutes les énergies renouvelables dont nous soutenons le développement.
    Il m’est plutôt désagréable d’entendre dire que nous serions contre les énergies renouvelables…

    M. Matthias Tavel

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    Vous êtes des hypocrites !

    M. Jean-Luc Fugit

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    …alors que nous avons soutenu l’amendement fixant à au moins 200 térawattheures la quantité d’énergie décarbonée issue de sources renouvelables que nous devrons produire en 2030. (M. Karim Benbrahim s’exclame.) Comme nous partons de 150 térawattheures, en 2024, c’est l’ambition d’une augmentation de 33 % que nous avons ainsi soutenue.
    Ne venez pas nous accuser, après cela, de ne pas être favorables aux énergies renouvelables ! Je précise tout cela pour éclairer celles et ceux qui nous écoutent. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ M. Philippe Bolo et Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback applaudissent également.)

    M. Sylvain Maillard

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Erwan Balanant.

    M. Erwan Balanant

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    Certaines postures, en effet, sont agaçantes. Nous sommes un certain nombre de députés à suivre le même chemin : celui de la science, celui que nous indiquent les spécialistes du mix énergétique. On ne peut pas nous reprocher de tout détricoter quand, au contraire, nous poussons vers plus d’énergies renouvelables ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en dix ans, la part de ces énergies dans le mix énergétique a considérablement augmenté –⁠ cette augmentation a même accéléré ces dernières années quand nous étions au pouvoir.

    M. Maxime Laisney

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    Nous sommes les seuls, en Europe, à ne pas avoir respecté nos objectifs !

    M. Erwan Balanant

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    Cessez de faire croire aux Français que nous serions complices des propositions énergétiques du Rassemblement national ! C’est bien parce que nous avons lu le programme du Rassemblement national sur ce sujet –⁠ contrairement à ce que M. Tanguy a prétendu tout à l’heure – que nous le combattons et défendons la position qui est la nôtre.
    Cessez ces procès d’intention qui nous empêchent d’avancer et travaillons ensemble à un mix énergétique cohérent, efficace et qui réponde à nos besoins en électricité dans les années à venir. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem. –⁠ M. Mathieu Lefèvre applaudit.)

    M. Sébastien Peytavie

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    Applaudissements nourris !

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Renault.

    M. Matthias Renault

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    Les discussions sont en effet intéressantes. Non seulement il n’y a eu aucune négociation entre le Rassemblement national et la Macronie, mais les négociations ont eu lieu, en réalité, entre la Macronie et la gauche et l’extrême gauche. Vous êtes ainsi parvenus à faire monter en puissance les énergies renouvelables, de 150 à 200 térawattheures –⁠ voilà la réalité !

    M. Jean-Luc Fugit

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    On assume !

    M. Matthias Renault

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    Si cette série d’amendements est somme toute assez neutre, puisque la ventilation des objectifs par énergie renouvelable n’est pas détaillée et renvoyée à un décret, il n’en reste pas moins que l’objectif général a été voté tout à l’heure, main dans la main, par tout le bloc central, la gauche et l’extrême gauche. Par ce vote, le bloc central, dont certains membres se vantent d’avoir voté l’amendement no 601, a en réalité fait allégeance aux écologistes, auprès desquels il cherche des justifications et des excuses.
    L’article 40 de la Constitution a été invoqué contre certains amendements, mais quel est le coût, pensez-vous, de cet amendement-là ? Il est absolument considérable ! Le projet de décret PPE 3 prévoit 100 milliards d’euros de subventions publiques pour les énergies renouvelables. Voilà le coût de cet amendement, voilà le coût de cette PPE 3 ! (M. Jean-Luc Fugit s’exclame.)

    M. Maxime Laisney

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    Il sort d’où ce chiffre ?

    M. Matthias Renault

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    Nous avons discuté de l’éolien en mer, mais revenons sur son coût pour les finances publiques. Cette énergie hypersubventionnée n’est pas rentable. En 2018, dans un premier bilan sur l’éolien en mer, la Cour des comptes a estimé qu’il coûterait 40 milliards d’argent public sur vingt ans –⁠ 2 milliards par an. Cette évaluation mériterait au demeurant d’être actualisée étant donné que nous avons maintenant trois parcs éoliens offshore en service, et dix nouveaux projets –⁠ soit une montée en puissance évidente.
    Selon les données officielles de la CRE, EDF rachète 195 euros le mégawattheure d’électricité produit par l’éolien en mer : ce prix est considérable. (« Mais non ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Matthias Tavel

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    Il est de 45 euros à Dunkerque !

    M. Matthias Renault

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    À titre de comparaison, le mégawattheure d’électricité produit par l’éolien terrestre, lui-même hypersubventionné et non rentable, est racheté 102 euros.

    M. Matthias Tavel

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    Vous avez dix ans de retard !

    M. Matthias Renault

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    Le coût de raccordement des éoliennes en mer, lui, est souvent sous-estimé. D’après la projection de RTE, qui se réfère elle-même au projet de décret PPE 3, ce coût pour les quinze prochaines représentera 37 milliards d’euros d’argent public : c’est absolument délirant ! (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Regardons ce que se passe dans les autres pays et notamment en Allemagne, un pays longtemps réputé être la pointe des énergies renouvelables, de l’éolien et du combat contre le nucléaire –⁠ non sans une certaine influence sur la France : Alpha Ventus, historiquement le premier parc d’éoliennes offshore, a fermé au mois de mars. Au début de son exploitation, ce parc était hypersubventionné ; au bout de quinze ans, il a totalement cessé de l’être, et donc fait faillite. Voilà quelle est la viabilité des parcs éoliens offshore ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme Lisa Belluco

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    Et que se passerait-il si on arrêtait de subventionner le nucléaire ?

    M. Matthias Renault

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    Par ailleurs, l’éolien offshore n’est absolument pas une solution souveraine, et je voudrais répondre sur ce point à des remarques que j’ai entendues au cours de débats précédents.
    D’abord, la construction des éoliennes offshore est assurée par des entreprises étrangères : le groupe américain General Electric –⁠ notamment depuis qu’on leur a vendu la filiale d’Alstom –, le danois Vestas, les allemands Siemens et Enercon. Ce ne sont pas des entreprises françaises.

    Mme Julie Laernoes

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    Ce sont des employés et des ingénieurs français ! Des compétences françaises ! C’est une honte ! Vous êtes une honte !

    M. Matthias Renault

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    En outre, seuls 25 % des composants des éoliennes, aussi bien terrestres que maritimes, sont produits en France. Ce n’est donc pas une solution souveraine.

    M. Erwan Balanant

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    Il va falloir expliquer ça à Brest et à Saint-Nazaire !

    Mme Julie Laernoes

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    Ce sont des outils industriels français et des travailleurs français !

    M. Matthias Renault

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    Quant au capital des exploitants des éoliennes en mer, il passe sous drapeau étranger.

    Mme Julie Laernoes

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    Vous êtes contre l’emploi et pour la hausse des factures ! C’est ça, le RN !

    M. Frédéric Weber

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    Du calme !

    M. Matthias Renault

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    Prenons l’exemple, dans ma circonscription, du parc éolien offshore en cours de construction au large de Dieppe et du Tréport : les capitaux de l’exploitant sont détenus par une société espagnole et commencent à être infiltrés par des Chinois.

    Mme Julie Laernoes

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    Et vos centrales nucléaires en kit ? Elles ne sont pas asiatiques ?

    M. le président

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    Madame Laernoes, s’il vous plaît !

    M. Matthias Renault

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    Voilà la réalité : non seulement la construction est étrangère et une minorité des composants sont fabriqués en France, mais le capital aussi appartient à des étrangers.

    M. Erwan Balanant

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    Quel gloubi-boulga intellectuel !

    M. Matthias Renault

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    L’éolien offshore est une catastrophe pour les finances publiques. C’est une catastrophe parce que ce n’est pas une solution souveraine.

    Mme Julie Laernoes

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    Votre solution, c’est la soumission à la Russie ! Voilà votre vision de la souveraineté ! (Exclamations sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    S’il vous plaît, madame Laernoes !

    M. Matthias Renault

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    C’est une catastrophe pour les activités de pêche : l’impact des éoliennes en mer, c’est une baisse de 30 % du chiffre d’affaires pour les pêcheurs. (« Mais non ! », « Il n’y connaît rien ! » et « N’importe quoi ! » sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, EcoS et Dem.) C’est évidemment une catastrophe paysagère et visuelle.

    Mme Julie Laernoes

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    C’est vrai que c’est beau, une centrale !

    M. Matthias Renault

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    C’est une catastrophe, enfin, pour l’environnement : les éoliennes en mer saccagent les fonds marins (« Mais non ! » sur quelques bancs), à tel point que certaines ONG écologistes historiques, comme Sea Shepherd, sont radicalement opposées à leur développement. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. Pierre-Yves Cadalen

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    Vous ne les connaissez même pas ! Allez les rencontrer !

    M. Matthias Renault

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    Autrement dit, même si on se place sur votre terrain, cela ne fonctionne pas.
    Le débat sur l’éolien est très important. À cet égard, les amendements que nous examinons ici sont relativement neutres, car ils n’entrent pas dans le détail s’agissant des énergies renouvelables. Nous aurons surtout ce débat lorsque nous aborderons les amendements portant article additionnel après l’article 5. Les groupes Rassemblement national et Droite républicaine –⁠ si ses membres sont présents – défendront alors des amendements et des sous-amendements instaurant un moratoire sur les éoliennes terrestres et maritimes.

    M. Maxime Laisney

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    Il faudrait un moratoire sur le RN !

    M. Matthias Renault

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    Ce moratoire figure dans notre programme. Voilà le vrai débat, et il se tiendra après l’article 5. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 568 et 682.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        154
            Nombre de suffrages exprimés                146
            Majorité absolue                        74
                    Pour l’adoption                100
                    Contre                46

    (Les amendements identiques nos 568 et 682 sont adoptés ; en conséquence, tous les amendements et sous-amendements suivants à l’article 5 tombent, ainsi que les amendements no 54 et 594 portant article additionnel après l’article 5.)
    (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à onze heures trente-cinq, est reprise à onze heures quarante-cinq.)

    M. le président

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    La séance est reprise.
    La parole est à M. le rapporteur.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    J’en profite, si vous le permettez, monsieur le président, alors que vous êtes sur le point de mettre l’article 5 aux voix, pour faire un point d’étape, pour la bonne clarté des débats. Je vous ferai la grâce de ne pas résumer la séance de lundi soir, je ne reviendrai pas sur la volonté de transformer EDF en établissement public industriel et commercial (Epic), sur celle de rétablir les tarifs réglementés du gaz, ni sur le souhait que la production présente et future d’électricité nucléaire relève d’un monopole public. Comme nous l’a fait remarquer notre collègue Sitzenstuhl, si ces amendements n’ont pas été jugés irrecevables, c’est parce qu’ils n’ont pas de portée normative directe, ce qui est le cas de l’amendement visant à la réouverture de la centrale de Fessenheim, alors qu’elle est en cours de démantèlement. Et s’ils n’ont pas été jugés irrecevables pour des raisons financières, c’est parce qu’ils visent à modifier des articles qui ne font que fixer des objectifs programmatiques, lesquels ne créent pas de charge publique.
    Nous avons ensuite adopté l’article 3 qui entérine une relance inédite de l’industrie nucléaire et marque l’attachement de la nation –⁠ et par conséquent de la représentation nationale – au parc nucléaire existant, avec la volonté de le maintenir en fonctionnement tout en se donnant pour objectif de le renouveler progressivement, l’attachement de la nation au cycle du combustible qui est, vous le savez, une des grandes forces de l’industrie nucléaire française et que nous devons poursuivre et développer. L’article 3 avalise également la relance du nucléaire à travers le chantier du nouveau nucléaire, la construction de six réacteurs de type EPR devant être décidée d’ici à la fin de 2026 et celle de huit EPR supplémentaires d’ici à 2030.
    Enfin, point très important, l’article 3 prévoit qu’avant la fin de l’année 2030, une décision sera prise pour la construction d’un réacteur de quatrième génération, autrement dit d’un réacteur à neutrons rapides dont la technologie permet de réutiliser les déchets nucléaires, en tout cas le combustible usé, d’une manière bien différente –⁠ j’y insiste parce que, trop longtemps, certaines administrations, dont nous avons auditionné les représentants en commission d’enquête, ont tenté de faire la jointure entre la troisième génération, le multirecyclage en réacteurs à eau pressurisée (REP), et la quatrième génération. Or il ne s’agit pas de la même technologie et il n’y a pas eu d’avancée récente concernant le cycle du combustible, la fermeture complète du cycle, parce que, à un moment ou à un autre, ce processus nécessite la construction d’un démonstrateur dont on pourra discuter de la puissance et de l’importance à l’occasion de l’examen d’amendements.
    Nous avons par ailleurs ajouté, à l’article 3, une mention spécifique sur le cycle du combustible. Nous avons aussi voté, après l’article 3, des dispositions visant à valoriser ledit cycle. Nous avons même voté un amendement du groupe Droite républicaine sur la question des réserves stratégiques, même si j’ai eu l’occasion de dire que cela me semblait délicat étant donné la qualification des matières nucléaires. C’est ainsi que nous avons voté l’article 3 à une large majorité des présents.
    Nous avons ensuite voté l’article 4, qui porte notamment sur les réseaux, la flexibilité et les capacités de stockage associées à un objectif très ambitieux, voire excessivement ambitieux, même si j’entends bien la volonté de la représentation nationale de l’atteindre : porter à 100 % l’hydrogène renouvelable dans la décennie à venir.
    Je m’arrête un instant sur cet article. Même s’il a davantage fait consensus que les précédents, il faut avoir conscience de toutes ses implications. D’abord, à l’échelle nationale, nous allons avoir besoin de dizaines de milliards d’euros d’investissements dans les réseaux –⁠ il ne s’agit pas ici d’être pour ou contre le nucléaire, pour ou contre les énergies renouvelables –, à la fois pour leur renouvellement, pour leur modernisation et pour leur adaptation aux nouvelles productions énergétiques.
    Ensuite, nous avons eu un débat, sans doute trop rapide au vu de l’enjeu, sur les interconnexions, lesquelles sont indispensables et doivent être planifiées sur le moyen terme –⁠ encore une fois, qu’on soit pour ou contre le nucléaire. Certains collègues l’ont souligné lors de la discussion sur la réforme du marché européen de l’électricité, et ils ont eu raison, car il faut être lucide : ces interconnexions sont des câbles et elles ne sont donc pas directement liées au marché de l’électricité ; aussi serait-il faux, absurde, d’avancer qu’on ne peut pas sortir du marché de l’électricité à cause des interconnexions.
    Néanmoins, je répète l’importance du marché européen de l’électricité, récemment réformé pour pallier certains de ses défauts. Or l’adoption d’un amendement visant à faire sortir la France de la fixation des prix, c’est-à-dire, disons-le très honnêtement, chers collègues, à faire sortir la France du marché européen de l’électricité, est une très mauvaise chose.
    En effet, la France a bénéficié de ce marché à de très nombreuses reprises, en bénéficie régulièrement sur le plan économique pour échanger rapidement son électricité. Parce que nous avons un parc nucléaire, parce que nous avons des installations hydroélectriques, nous sommes en effet capables d’exporter de l’électricité. Nous profitons donc de ce marché non seulement économiquement, mais aussi techniquement, au maximum –⁠ jusqu’à saturation des interconnexions –, au moment où la corrosion sous contrainte rend les réacteurs nucléaires indisponibles. Nous y reviendrons peut-être.
    J’en profite pour évoquer un point mentionné par un de nos collègues : la pointe et la puissance électrique. Grâce à son hydroélectricité, et je le dis en l’absence de la vice-présidente de la commission, Marie-Noëlle Battistel, toutefois présente moralement, la France joue un rôle des plus positifs dans l’équilibrage du réseau européen.

    Mme Julie Laernoes

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    C’est factuel !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    J’entends bien ce qui a été dit sur le chauffage électrique, mais si, à certains moments, les interconnexions européennes sont utiles et bénéfiques au réseau français, à de nombreux autres moments, c’est le réseau français –⁠ le parc nucléaire français, l’hydroélectricité française – qui équilibre le réseau électrique européen.

    Mme Julie Laernoes

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    Tout à fait !

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    C’est ainsi que l’article 4 a été adopté.
    Nous avons eu de longs débats sur l’article 5, dont la structure initiale a conduit, c’est assez inhabituel, les amendements les plus précis, les plus détaillés, les plus chiffrés, à être examinés après les amendements les plus généraux.
    Comme l’a souligné de façon juste et convaincante notre collègue Fugit, l’Assemblée a décidé que, dans les prochaines années, 200 térawattheures d’électricité seraient produits par les énergies renouvelables. Ceux qui avancent avec beaucoup de gravité que ce serait un recul sans précédent ont voté l’amendement et donc, en conscience, ne sauraient continuer de l’affirmer alors que c’est un signal très fort lancé aux filières.
    Ensuite, et c’est le sens de mon amendement no 568, je considère, nous sommes nombreux à considérer, que les objectifs spécifiques type d’énergie par type d’énergie sont à fixer par un décret portant programmation pluriannuelle de l’énergie. Le ministre l’a dit lui-même tout à l’heure. Le décret en question, beaucoup de collègues l’ont rappelé, a fait l’objet de consultations, d’avis d’expertise nombreux et contradictoires. Chaque chose doit par conséquent être à sa place et c’est de cette manière que nous parvenons à un équilibre qui correspond à un scénario de RTE pour la prochaine décennie, un scénario cohérent qui renvoie au décret le détail de points que nous avons évoqués, points dont nous voyons bien la complexité, la multiplicité, l’hétérogénéité.
    Si l’Assemblée devait se prononcer sur chaque objectif énergétique, sur le potentiel de l’énergie osmotique, sur le celui de l’énergie hydrolienne, sur celui de l’énergie solaire thermique, entre autres, non seulement nous ne parviendrions pas à un résultat satisfaisant, mais ce résultat serait probablement contradictoire. C’est pourquoi je vous propose d’adopter en l’état l’article 5.

    Rappels au règlement

    M. le président

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    La parole est à M. Karim Benbrahim, pour un rappel au règlement.

    M. Karim Benbrahim

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    Mon intervention se fonde sur l’article 100 du règlement. Avant de procéder au vote sur l’article 5, il paraît important d’apporter un peu de clarté au débat. Notre collègue Dominique Potier…

    M. le président

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    Je me permets de vous interrompre, monsieur Benbrahim. Votre intervention n’est pas un rappel au règlement et il n’y a pas d’explications de vote prévues pour les articles. Le texte est examiné suivant les règles du temps législatif programmé et, donc, si vous poursuivez votre intervention, sa durée sera décomptée de celle attribuée à votre groupe.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Vous êtes plein de mansuétude, monsieur le président !

    M. Karim Benbrahim

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    Je poursuis très brièvement. Tout à l’heure, notre collègue Dominique Potier a interrogé le gouvernement et le rapporteur sur le deal passé entre le bloc central et le groupe Rassemblement national pour aboutir à une nouvelle rédaction de l’article 3 et de l’article 5.

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Ce n’est pas un rappel au règlement !

    M. Karim Benbrahim

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    Nous avons désormais la réponse. Le texte a été totalement vidé de sa substance, de ses ambitions concernant le développement des énergies renouvelables. En supprimant tout objectif en la matière, on envoie le plus mauvais signal aux industriels de la filière : on fragilise une filière économique compétitive et créatrice d’emplois ; on fragilise une filière qui contribue à la décarbonation de l’économie ; on fragilise une filière qui renforce la souveraineté nationale tant en matière énergétique qu’industrielle.
    Le seul élément relatif aux énergies renouvelables qui figurera désormais dans le texte n’est pas une concession faite par le bloc central, ce n’est pas un nouvel objectif, mais une simple soustraction entre l’objectif de production d’énergie au plan national, soit 560 térawattheures, et l’objectif de production d’énergie nucléaire, soit 360 térawattheures, à savoir, in fine, 200 térawattheures pour l’énergie issue de sources renouvelables. Vous avez vous-même, monsieur le rapporteur, considéré que cet amendement n’apportait pas d’élément nouveau.
    Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons sur l’article 5.

    M. Emeric Salmon

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    Ce n’était clairement pas un rappel au règlement !

    M. le président

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    La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir, pour un rappel au règlement.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Il est fondé sur l’article 100 et concerne la bonne qualité de nos débats. De très nombreux amendements et sous-amendements sont tombés d’un coup. Il me semble dès lors nécessaire d’éclairer la présente discussion.

    M. Emeric Salmon

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    Ce n’est pas un rappel au règlement !

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Je rappellerai que…

    M. le président

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    Permettez-moi de vous interrompre une minute. Comme pour notre collègue Benbrahim, votre rappel au règlement sera décompté de la durée impartie à votre groupe et ainsi des autres rappels au règlement.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Mais ce ne sont pas des rappels au règlement !

    M. le président

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    En effet, ce ne sont pas, formellement, des rappels au règlement. Reste que le règlement est quelque peu baroque puisqu’il autorise, en temps législatif programmé, au titre de l’article 49, alinéa 9, des rappels au règlement décomptés des durées attribuées aux groupes. Je peux difficilement procéder autrement.

    M. Emeric Salmon

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    C’est hypocrite, en effet !

    M. le président

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    Veuillez poursuivre, madame Stambach-Terrenoir.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    RTE a conçu six scénarios dans le cadre de son rapport « Futurs énergétiques 2050 ». Des spécialistes en sont les auteurs, si bien qu’on peut parler d’un travail sérieux sur la manière de parvenir à une économie bas-carbone. Or nos collègues du bloc central et leurs nouveaux alliés du groupe Rassemblement national ont imaginé une sorte de septième scénario. Depuis le début, vous évoquez un modèle équilibré, marchant sur deux jambes, le nucléaire et les énergies renouvelables, mais le moins que l’on puisse dire est que votre modèle est sacrément boiteux. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Matthias Tavel

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    Pas mal !

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Vous nous proposez un septième scénario complètement loufoque, ultra-nucléarisé, puisqu’il contient plus de nucléaire que le scénario le plus nucléarisé de RTE –⁠ et, soit dit en passant, j’attends de voir comment vous expliquerez aux Français la réouverture de Fessenheim –, mais contenant aussi un sous-objectif en matière de développement des énergies renouvelables.

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Et ça parle, et ça parle…

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Il n’est plus question que de 200 térawattheures pour les énergies renouvelables, sans aucun détail, par ailleurs, sur les filières concernées. Or le scénario N03 de RTE, le plus nucléarisé, propose une trajectoire visant 320 à 375 térawattheures pour lesdites énergies. Nous sommes donc loin de prendre la bonne direction et nous allons avoir un gros souci de calendrier avec ce scénario loufoque : nous l’avons dit et répété, il n’y aura pas de nouveau nucléaire avant 2038, voire 2040 et, allez savoir, avant 2045.
    Cela signifie que nous n’atteindrons en rien les objectifs bas-carbone. Nous n’allons pas diminuer nos émissions de gaz à effet de serre –⁠ c’est foutu. Or nous nous trouvons dans un contexte où tous les scientifiques nous disent que les accords de Paris sont dépassés : l’augmentation de 1,5 degré Celsius prévue sera réalisée très rapidement –⁠ c’est fini. De plus, toujours suivant ce scénario, nous allons manquer d’énergie à court terme. C’est ça, que vous êtes en train de construire.
    Enfin, votre objectif de seulement 200 térawattheures d’électricité issue de sources renouvelables vous permettra d’accepter les moratoires réclamés par le groupe Rassemblement national et de condamner certaines filières, ce qui est inacceptable. Bref, ne comptez pas sur nous pour voter cet article. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes, pour un autre rappel au règlement, sans doute pour les mêmes raisons. Il sera également décompté du temps de parole de son groupe.

    Mme Julie Laernoes

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    Il se fonde sur l’article 100, relatif à la bonne tenue de nos débats, monsieur le président, et vise en effet à donner une explication de vote sur l’article 5.
    Cet article est dénué d’objectifs chiffrés pour les énergies renouvelables puisque l’objectif de 58 % au moins d’énergie décarbonée dans la consommation finale brute d’énergie en 2030 comprend à la fois le nucléaire et les énergies renouvelables. Vous vous basez uniquement sur le chiffre de 200 térawattheures pour la production d’énergies renouvelables intermittentes.
    Chers collègues du socle commun, M. Amblard a déposé un amendement qui est tombé, mais qui visait à instaurer un moratoire sur toutes les énergies renouvelables : l’éolien, dont l’éolien en mer, et le solaire.

    M. Maxime Amblard

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    Pas toutes, alors !

    Mme Julie Laernoes

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    Pour atteindre un taux élevé d’énergies renouvelables, il nous faudra donc noyer toute la France pour produire de l’hydroélectricité –⁠ encore faut-il qu’il pleuve ! Voilà, à peu près, le projet du Rassemblement national en matière d’énergies renouvelables. Il n’est cependant pas en reste puisque M. Nury propose, dans un amendement à venir, qui lui n’est pas tombé, un moratoire sur tout nouveau projet éolien, terrestre ou maritime, ou photovoltaïque. L’article 5 sera donc vidé de son sens si nous n’inscrivons pas dans le texte des objectifs précis pour les filières du photovoltaïque et de l’éolien : nous subirons alors l’attaque des climatofascistes (« Ah ! » et exclamations sur les bancs du groupe RN), qui détricoteront les dispositions de la proposition de loi.

    M. Emeric Salmon

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    Nucléofascistes aussi, non ?

    Mme Julie Laernoes

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    Pendant la campagne des élections législatives de 2024, des salariés sont venus me voir, très inquiets pour leurs emplois et de la progression du populisme et de l’extrême droite. Ils ont raison de l’être puisque le gouvernement suit la stratégie du RN, dont le poids à l’Assemblée est lourd. Mais le RN détruit des emplois, il en a déjà détruit en Loire-Atlantique et il continuera. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe RN.)
    C’est une gabegie absolue ! Il n’y a plus d’énergies renouvelables dans ce texte : le groupe écologiste ne votera pas l’article 5 ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. Raphaël Schellenberger, pour un rappel au règlement, dont le temps sera décompté sur le temps de parole des députés non inscrits. Vous êtes néanmoins limité à cinq minutes.

    M. Raphaël Schellenberger

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    Avant de voter cet article, prenons un peu de recul sur l’évolution des normes légales en matière d’énergie dans notre pays. La première fois que l’on a mis dans la loi des objectifs chiffrés en matière énergétique, c’était dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015. Il s’agissait alors de plafonner la capacité de production nucléaire installée afin de fermer la centrale nucléaire de Fessenheim.

    M. Emeric Salmon

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    On l’a rouverte !

    M. Raphaël Schellenberger

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    C’est à partir de là que l’on a commencé à désorganiser le système normatif en matière de production d’énergie. La loi n’a pas à se substituer aux techniciens et à dire ce qui fonctionne techniquement. Ou alors nous allons bientôt voter des lois pour calibrer la taille des boulons et des transformateurs d’électricité. On en est là !
    Je regrette que cet article 5 contienne des chiffres. Certes, ce sont des chiffres grossiers et non des chiffres précis filière par filière, mais je suis opposé par principe à l’inscription dans la loi de tout chiffre en matière énergétique.

    M. Matthias Tavel

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    Même sur le nucléaire ?

    M. Raphaël Schellenberger

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    Notre rôle est de fixer de grands principes et de grands objectifs.
    Permettez-moi de souligner quelques contradictions à gauche et à droite. D’abord, à gauche, en début de semaine, de formidables amendements s’opposaient à ce que la France mène une politique énergétique d’exportation de l’électricité. Mais alors pourquoi voulez-vous en produire autant puisque notre consommation stagne, voire baisse,…

    M. Matthias Tavel

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    C’est pour remplacer le gaz de Russie !

    M. Raphaël Schellenberger

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    …et que l’efficacité énergétique, que vous défendez depuis des années, a quelques effets sur notre système électrique ? Vous voulez produire uniquement de l’énergie intermittente, mais pas pour l’exporter. Expliquez-moi à quoi cela sert ?

    M. Matthias Tavel

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    C’est pour consommer !

    M. Raphaël Schellenberger

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    Expliquez-moi aussi vos amendements populistes sur Fessenheim. J’ai entendu certains de vos collègues expliquer leur position en dehors de l’hémicycle : ils souhaitent la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim non pas parce qu’ils la pensent nécessaire, mais parce qu’ils ne savent pas ce qui s’y passe et comment elle marche. Comme ils ne le savent pas, ils sont prêts à soutenir une ânerie, c’est-à-dire la réouverture de Fessenheim !

    M. Théo Bernhardt

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    Demande aux Alsaciens ce qu’ils en pensent ! Ils sont contents de la réouverture de Fessenheim !

    M. Raphaël Schellenberger

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    Tout ce qui se passe à Fessenheim est transparent. Je suis président de la commission locale d’information et de surveillance de la centrale.

    M. Théo Bernhardt

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    Dis-nous ce qui s’y passe alors !

    M. Raphaël Schellenberger

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    Vous pouvez savoir précisément où en est chaque étape du plan de démantèlement. Je me suis battu contre la fermeture de Fessenheim, sans doute de façon beaucoup plus constante que le Rassemblement national,…

    M. Frédéric Weber

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    Nous sommes beaucoup plus efficaces !

    M. Raphaël Schellenberger

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    …qui, à une période, doutait ouvertement de la place du nucléaire dans notre mix énergétique.
    Je suis aussi très fier du travail qui est fait à Fessenheim par les salariés d’EDF et par les sous-traitants. Ils permettent à la France de démontrer qu’elle saura respecter les délais, augmenter le niveau des compétences et tenir les coûts du démantèlement. Non seulement nous savons exploiter des centrales nucléaires en toute sûreté, mais nous maîtrisons le cycle de vie d’une centrale. Nous démontrons que l’énergie nucléaire ne laisse pas de trace : à la fin de l’exploitation, le terrain sera libre ; nous pourrons alors –⁠ c’est ce que je souhaite – y construire une nouvelle centrale et de nouveaux réacteurs.
    Il faut que les choses soient claires : le site de Fessenheim ne peut pas redémarrer en l’état,…

    M. Théo Bernhardt

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    Ce n’est pas ce qu’on a dit !

    M. Raphaël Schellenberger

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    …ce serait une hérésie, et c’est le député de Fessenheim qui vous le dit. Les coups de com’ finissent par décrédibiliser tout le travail que nous essayons de faire.

    M. Emeric Salmon

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    Tu n’as pas fait grand-chose !

    M. Raphaël Schellenberger

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    Le principe même de cette proposition de loi n’est pas crédible.
    Chers collègues du Rassemblement national, plutôt que de voter la réouverture absurde de deux réacteurs qui sont déjà en cours de démantèlement, j’attends le soutien de vos cadres locaux pour la construction du technocentre à Fessenheim.

    Mme Julie Ozenne

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    Si tu veux des plans pour ta maison, je peux te les faire !

    M. Raphaël Schellenberger

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    Ils s’y opposent…

    M. Théo Bernhardt

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    C’est de ta faute !

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    On n’est pas responsable de ta compromission avec la gauche !

    Un député RN

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    C’est le chant de la cigogne !

    M. Raphaël Schellenberger

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    …alors même que ce projet permet de boucler le cycle de la matière, le cycle des réacteurs nucléaires. Par ce projet, nous démontrerons que nous maîtrisons toute la durée de vie d’une centrale nucléaire.

    Article 5 (suite)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’article 5.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        137
            Nombre de suffrages exprimés                47
            Majorité absolue                        24
                    Pour l’adoption                47
                    Contre                0

    (L’article 5 est adopté.)

    Mme Anna Pic

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    Il est bien voté, cet article !

    M. Sylvain Maillard

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    À l’unanimité !

    Après l’article 5

    M. le président

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    Je suis saisi d’une série d’amendements portant article additionnel après l’article 5.
    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir les amendements nos 393 et 580, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Dominique Potier

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    Si vous le voulez bien, je vais défendre ensemble deux amendements qui portent sur une source d’énergie renouvelable peu évoquée jusqu’à présent : la biomasse et sa valorisation, notamment par la méthanisation.
    Une petite révolution s’opère, à bas bruit, à l’instar de celle du photovoltaïque, marquée par le renoncement à un photovoltaïque installé sur des friches et des zones artificialisées. La méthanisation était jusque-là centrée, notamment à travers la cogénération, sur la valorisation des effluents d’élevage, des déchets de l’agroalimentaire et des déchets biodégradables collectés auprès des ménages dans le cadre du tri sélectif. Tout à coup, une bascule a lieu : la cogénération ne sera plus financée par EDF et les seuls modèles valorisés seront ceux de l’injection.
    Or les deux modèles sont complètement différents. Sous réserve d’un contrôle et d’une régulation, la méthanisation de cogénération était de nature à apporter un complément de revenu et un apport d’énergie à partir de systèmes d’exploitation bâtis sur une économie agricole de polyculture et d’élevage. La méthanisation d’injection repose, pour l’essentiel, sur des logiques de réseaux, de financiarisation, avec des risques d’accaparement des terres, de concentration, de calage entre la biomasse apportée et la restitution des effluents. Cela pose des questions redoutables dans nos territoires sur les pollutions de l’eau, le maintien des infrastructures rurales et les équilibres agronomiques.
    Il y a donc une bonne méthanisation et une méthanisation à risque. Dans l’absolu, il ne s’agit pas de les opposer, dès lors qu’il peut y avoir de la place pour les deux, sous certaines réserves, mais l’abandon de la cogénération est tragique.
    Il y avait un modèle français, qui pouvait reposer sur le détournement des gaz à effet de serre, non seulement le méthane mais aussi le protoxyde d’azote, qui a un effet de serre quatorze fois plus puissant. Nous aurions pu avoir, sur les 70 000 fosses à lisier porcines et bovines, une stratégie de faible production d’énergie, mais de forte réduction des gaz à effet de serre. Mais dans une logique purement financière, nous abandonnons cette filière, qui, au total, représente 500 000 mégawatts, soit la moitié de la puissance d’un EPR dans notre pays.
    Les amendements que nous défendons, avec le groupe socialiste, visent, dans une logique de progressivité et de réalisme, à considérer que deux tiers des équipements d’élevage pourraient être couverts et ainsi limiter les gaz à effet de serre, avec une progression de 100 mégawatts à l’horizon 2030, de 200 à l’horizon 2040, et de 500 en 2050.
    Ces équipements à faible valeur capitalistique seraient de nature à valoriser des ressources existantes. Ce scénario n’aura aucune conséquence sur la production alimentaire et détournera des gaz à effet de serre. Mais on me dit qu’on ne sait pas valoriser l’économie carbone et l’économie des gaz à effet de serre : c’est bien la faillite d’une logique de planification écologique qui ne sait pas tenir compte à la fois des objectifs de décarbonation et de ceux de limitation des gaz à effet de serre.
    Nous sommes en train, dans l’énergie photovoltaïque, comme dans la méthanisation, de tourner le dos à des systèmes intégrés, équilibrés, valorisant une économie territoriale, au bénéfice d’une logique capitalistique et financière. Nous abandonnons, sans le dire et à bas bruit, une logique d’aménagement du territoire et de respect des écosystèmes au profit d’une logique financière.
    Nous pourrions, avec les énergies renouvelables, vivre une épopée industrielle et d’aménagement du territoire, mais nous nous orientons vers une déformation de nos paysages et de nos écosystèmes, et vers un partage de la valeur, sous l’effet d’une spéculation sur le foncier, qui éloignera la perspective du renouvellement des générations. Au lieu d’une belle épopée des énergies renouvelables, vous dessinez une logique de prédation dans le cadre d’un capitalisme financier. C’est un échec total qui se prépare.
    Ces amendements rappellent que le potentiel d’un demi-EPR se trouve dans les systèmes d’élevage tels qu’ils existent en France, sans concurrence avec l’alimentation.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Les amendements après l’article 5, quoique compatibles légistiquement, sont incompatibles avec les dispositions de l’article 5 que nous venons d’adopter. Avant d’y revenir, je veux répondre aux collègues socialistes qui m’ont interpellé tout à l’heure.
    Vous avez imaginé un accord d’arrière-boutique avec les uns et les autres. Je ne maîtrise pas toute l’histoire du parti socialiste, mais c’est sans doute une technique que vous avez utilisée par le passé : des accords de couloir pour troquer une centrale nucléaire contre une circonscription. Sachez que ce ne sont pas nos méthodes. Nous examinons des articles sur lesquels vous perdez, et cela vous chagrine.

    Mme Julie Ozenne

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    Ça ne nous chagrine pas, c’est incohérent.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Je le comprends, mais je ne partage pas votre chagrin, parce que je suis heureux qu’ils soient adoptés.
    À ce moment de nos débats, je voudrais toutefois faire une observation concernant la position du groupe socialiste en matière d’énergie. Pendant des heures, en commission des affaires économiques, j’ai tenté, avec une immense bonne foi, de comprendre quelle était cette position. Puis j’ai eu l’espoir de comprendre quand est sorti le grand livre rouge du parti socialiste : « Notre stratégie énergétique : souveraineté, décarbonation, compétitivité » (L’orateur montre le document). Malheureusement, à la lecture de ses plusieurs dizaines de pages, davantage de questions ont émergé que de réponses.
    Parmi les grandes questions que cette lecture a suscitées figure la durée de vie des réacteurs nucléaires. Il existe un principe technique, physique, économique et d’exploitation des réacteurs nucléaires : ils sont en fonctionnement tant que l’autorité de sûreté nucléaire les y autorise. Un choix net doit donc être fait.
    Je ne suis pas d’accord avec une partie des députés du Nouveau Front populaire, mais on peut au moins leur créditer la clarté de leur position : maintien en fonctionnement de ce qui existe pour décarboner, sans relance du nouveau nucléaire. De même, je peux ne pas être d’accord avec les positions exprimées plus à droite, mais elles sont tout aussi claires.
    La question est simple : veut-on laisser en fonctionnement les réacteurs le plus longtemps possible ou les substituer dès que possible ? Pas de réponse du groupe socialiste, depuis le début des discussions, sur l’échéance des 60 ans. Est-ce qu’on maintient les réacteurs jusque-là, puis on souffle les bougies et on éteint la lumière ? Ou bien est-ce qu’on continue le plus longtemps possible ? On ne sait pas. Vous nous répondez : « On verra à 60 ans, cher ami ! » Mais ce n’est pas comme ça qu’on décide d’une politique industrielle sur cinquante ans ; ce n’est pas possible de fonctionner ainsi.
    Sur le nouveau nucléaire, vous nous dites avoir réfléchi. Certains d’entre vous souhaitaient quatre réacteurs, d’autres douze ; vous vous êtes mis d’accord sur huit. Mais on ne peut pas couper l’industrie en deux, comme une poire, simplement sous prétexte de trouver un compromis.
    Monsieur Benbrahim, dans votre défense de l’amendement, vous avez, à l’issue d’un procès financier, condamné à mort le nouveau nucléaire. Dans ce cas, il ne fallait pas soutenir des amendements qui visaient à la construction de huit nouveaux EPR. Un peu de cohérence, par pitié ! Aucun accord, aucun compromis n’est possible avec des gens qui n’ont pas de position claire.
    Vous vous êtes abstenus lors du vote de l’article 5 alors que c’est l’adoption de l’amendement no 601 de Mme Battistel qui a permis l’inscription, dans cet article, de l’objectif d’au moins 200 térawattheures d’électricité décarbonée issue des énergies renouvelables. C’est l’objectif le plus ambitieux jamais inscrit dans la loi ! Mais même là-dessus, vous n’avez pas été capables de prendre position. Même sur votre propre stratégie, vous n’avez pas d’avis. (Mme Marina Ferrari applaudit.)

    M. Dominique Potier

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    Et mes amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Finissons en beauté, monsieur Potier : vous avez défendu les mauvais amendements, mais j’y suis quand même défavorable !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes.

    Mme Julie Laernoes

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    M. le rapporteur nous a brillamment exposé son incompréhension de la stratégie énergétique du parti socialiste. Je le rejoins, mais les socialistes ont au moins le mérite d’avoir travaillé et essayé de proposer quelque chose.
    La position des écologistes et des Insoumis est limpide, claire et constante.

    Mme Virginie Duby-Muller

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    On voit où elle nous a menés !

    Mme Julie Laernoes

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    La droite aussi est constante dans son opposition aux énergies renouvelables. En revanche, monsieur le rapporteur, je reste sur ma faim quant à la stratégie énergétique du gouvernement, que vous êtes supposé défendre. Elle manque de clarté en matière industrielle. Que voulez-vous faire pour le développement de l’éolien, pour le photovoltaïque, pour la rénovation énergétique ? Vous prononcez parfois ces mots, mais vous avez du mal à les inscrire dans la loi. Et quand vous les prononcez, c’est seulement pour retirer des moyens d’action et des financements publics.
    Que dire de la suspension de MaPrimeRénov’ ? Est-ce vraiment le moyen d’atteindre les objectifs de rénovation globale des bâtiments et des logements ? Que dire de l’arrêté tarifaire du 6 octobre 2021, dit S21, qui a mis à mal une grande partie de la filière solaire ? Est-ce ainsi que vous soutenez son développement ? Que dire aussi de la quasi-suppression de l’Ademe par l’amputation massive de son budget ? Ce n’est pas ainsi que l’on soutient la chaleur renouvelable, comme vous le prétendez ! Non seulement vous ne fixez aucun objectif, mais vous misez tout sur le nucléaire.
    Aidez-nous à voir clair, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur ! Votre position n’est pas équilibrée sur les énergies renouvelables. Que vous misiez tout sur le nucléaire, c’est clair, mais vous donnez l’impression de vous aligner complètement sur la politique énergétique du Rassemblement national, alors qu’elle est irréaliste, dénuée de tout pragmatisme et relève du mythe. C’est inquiétant !

    M. le président

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    La parole est à M. Kévin Mauvieux.

    M. Kévin Mauvieux

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    Je me permets de rebondir sur ce que vient de dire le professeur Escrolo (Sourires sur les bancs du RN) –⁠ je savais d’ailleurs exactement ce qu’allait dire notre collègue.
    Cher professeur Escrolo, depuis hier, vous affirmez que l’avenir énergétique envisagé par le Rassemblement national vous fait peur car il est dangereux et mauvais pour la France. Laissez-moi vous rappeler une chose : ce qui est désormais le présent énergétique de la France, c’est l’avenir que vous envisagiez il y a quelques années ! Vous avez réussi à imposer votre idéologie en France comme en Europe. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Exactement !

    M. Kévin Mauvieux

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    L’année dernière, on a demandé aux Français de ne pas trop se chauffer parce que l’on manquait d’électricité. Il y a quelques semaines, ce sont les habitants du Nord de la France à qui l’on a dit de faire attention au motif que l’air était pollué. Pourquoi ? Parce qu’en Allemagne, depuis la fermeture des centrales nucléaires, les centrales à charbon tournent à plein régime et les éoliennes ne produisent pas assez !
    Le présent énergétique de la France est une catastrophe : pour notre production électrique, pour notre souveraineté énergétique, pour l’attractivité économique et industrielle du pays, pour l’environnement, pour les habitants de la moitié nord du pays, qui respirent les fumées de centrales à charbon qu’on a rouvertes à cause de votre politique.

    M. Sébastien Martin

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    N’oubliez pas que la Russie a envahi l’Ukraine !

    M. Kévin Mauvieux

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    Il y a quelques jours, nous avons réussi à supprimer les zones à faibles émissions (ZFE), notamment grâce à notre collègue Pierre Meurin. Elles avaient pour but de préserver les grandes villes de la pollution causée par les voitures, mais dois-je vous rappeler que ces grandes villes étaient polluées par vos centrales à charbon il y a encore quelques semaines ? Alors ne venez pas dire au Rassemblement national que l’avenir énergétique qu’il propose est dangereux ! Vous êtes responsables d’un présent énergétique qui tue des gens et des entreprises !
    Nous lutterons contre votre dogme sur les éoliennes. Certains de nos amendements proposeront en effet des moratoires. Nous n’avons jamais caché que nous ne voulions pas des énergies intermittentes. Par pitié, faites la différence entre les énergies intermittentes et les énergies renouvelables. Vous voulez les premières, nous voulons les secondes et le nucléaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. Karim Benbrahim.

    M. Karim Benbrahim

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    Monsieur le rapporteur, ce n’est pas parce que vous n’avez pas compris nos réponses ou que vous avez lu trop rapidement notre rapport que les éléments de réponse à vos questions n’y figuraient pas. La stratégie énergétique que propose le groupe Socialistes et apparentés pour notre pays a trois ambitions. Laissez-moi vous l’expliquer.
    D’abord, réussir la décarbonation de notre économie. Ensuite, renforcer notre souveraineté énergétique et industrielle. Enfin, permettre à tout citoyen et à toute entreprise de disposer d’une énergie compétitive. Pour atteindre ces trois objectifs, nous préconisons quatre leviers.
    Le premier, c’est d’investir dans la sobriété et l’efficacité énergétiques. L’énergie la moins chère et la plus propre, c’est celle que nous ne consommons pas.
    Le deuxième est d’investir massivement dans le développement des énergies renouvelables, car elles nous permettraient de couper les ponts avec des régimes autoritaires avec lesquels nous avons peu de choses en commun. Bien souvent, ces régimes portent atteinte à nos intérêts et à nos valeurs. C’est pourquoi nous avons déposé un amendement qui vise à réduire nos importations depuis certains pays. Vous êtes opposé à cet amendement, tout comme vos alliés du Rassemblement national, mandatés pour défendre le régime de Vladimir Poutine. (« Oh là là ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.)
    Le troisième, c’est de soutenir l’électrification des usages pour passer de vecteurs thermiques à des vecteurs électriques.
    Le quatrième, c’est d’investir dans le nucléaire. Pourquoi ? Parce que le nucléaire couvre actuellement 70 % de notre consommation électrique et qu’il nous permet de bénéficier massivement d’une énergie décarbonée. Cela étant, les centrales nucléaires ont été conçues pour une durée d’exploitation de quarante ans.

    M. Jean-Philippe Tanguy

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    Ce n’est pas vrai !

    M. Karim Benbrahim

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    Une diminution prévisible de la production d’électricité d’origine nucléaire nous attend, tout du moins une diminution de la disponibilité des centrales nucléaires. Pour y faire face, il est nécessaire d’investir afin de prolonger les durées d’exploitation du parc nucléaire historique. La loi de programmation que nous examinons ne nous permettra pas de réaliser le travail de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR). Peut-être que ma réponse ne vous convient pas, mais c’est celle que nous vous faisons. Dans cette loi de programmation, nous devons inscrire des objectifs d’investissement. Nous proposons de porter à soixante ans la durée d’exploitation des centrales nucléaires.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    C’est long !

    M. Karim Benbrahim

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    Je vais continuer,…

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Vous n’aviez pas fini ?

    M. Karim Benbrahim

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    …parce que je n’ai pas encore répondu à toutes les questions du rapporteur.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Nous n’avons toujours pas compris votre position !

    M. Karim Benbrahim

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    Monsieur le rapporteur, vous vous demandez pourquoi nous proposons d’investir dans le nucléaire. Je n’ai présenté qu’un élément de réponse. Le deuxième, c’est que la pilotabilité d’un mix énergétique 100 % énergies renouvelables n’est pas garantie. Certaines questions d’ordre technique doivent encore être résolues. Pour assurer la sécurité du système électrique, il est nécessaire de conserver une part non négligeable de moyens de production pilotables.
    Notre système de production d’électricité s’appuie sur deux modes de production d’électricité décarbonée : l’hydroélectrique et le nucléaire. C’est pourquoi nous considérons qu’il n’est pas seulement nécessaire de prolonger la durée d’exploitation du parc nucléaire existant, mais qu’il est tout aussi important de lancer la construction de nouveaux réacteurs. Mais celle-ci doit être dimensionnée de telle sorte qu’elle ne dépasse pas le minimum nécessaire pour garantir la pilotabilité de notre système de production d’électricité. Or, avec l’adoption de l’article 3, vous êtes allés au-delà. Alors qu’on ne sait pas encore si nous avons les capacités pour construire ces réacteurs, ni même combien cela coûterait, l’adoption de cet article fait peser une menace sur la compétitivité énergétique de notre pays. C’est pourquoi nous n’avons pas soutenu votre ligne stratégique.
    J’ai bien compris que, sur le fond, tout cela ne vous intéresse pas et que vous êtes enfermés dans une alliance avec le Rassemblement national. («  Oh là là ! » sur quelques bancs du groupe RN.) Malheureusement, nous allons continuer à examiner le texte dans ce contexte…

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    No pasarán !

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Je remercie le rapporteur de m’avoir indiqué que mes amendements sur la méthanisation concernaient en réalité l’article 5. Ils n’ont pas pu être examinés, mais ils illustrent parfaitement ce que je défends dans les amendements nos 393 et 580.
    Le no 393 vise à créer une métrique permettant d’évaluer les ressources disponibles pour les énergies renouvelables, afin que les politiques de développement en matière d’urbanisme, d’aménagement du territoire, de foncier et de technologie puissent être planifiées par les parties prenantes. Une métrique des transitions qui tiendrait non seulement compte des objectifs de production, mais viserait aussi à protéger d’autres biens communs essentiels à l’écologie et à la souveraineté –⁠ l’eau et l’alimentation notamment –, me paraît indispensable. C’était le rêve d’une planification écologique dont il ne nous reste plus que l’ombre, tant les logiques financières ont pris le dessus dans ce gouvernement.
    Le no 580 est frappé au coin du bon sens et je désespère qu’il n’ait pas été satisfait lors de l’examen de la loi Aper. Il vise à faire des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) –⁠ les communautés de communes, les communautés d’agglomération, les métropoles – des acteurs du déploiement territorial des énergies renouvelables, éolien, solaire, biomasse, osmotique quand c’est possible –⁠ le sous-amendement no 877 de M. Fugit avait dressé la liste de ces énergies dans toute leur diversité.
    L’amendement vise à fixer des objectifs de quantité d’électricité produite aux EPCI en leur laissant une certaine marge de manœuvre dans leur dialogue avec l’État et les opérateurs de réseau –⁠ RTE ou Enedis –, en les autorisant à maîtriser publiquement les espaces fonciers, afin que la valeur soit partagée avec l’ensemble des citoyens, et en leur permettant de publier des appels à projets à destination des industriels capables de développer ces technologies.
    En repartant des territoires et des collectivités, en faisant jouer la complémentarité de compétences en matière d’urbanisme, d’économie, d’environnement et de maîtrise de l’eau, on opérerait une inversion qui me semble pleine de bon sens. C’est un autre scénario que celui défendu par les multinationales qui sillonnent le territoire à la recherche de propriétaires fonciers avec qui négocier. Ce faisant, elles créent du désordre, des jalousies et des tensions locales qui nourrissent des controverses stériles au sujet des énergies renouvelables.
    Ces amendements proposent une planification à la main des collectivités territoriales selon une logique de partenariat public-privé. Nous avons failli en créant l’usine à gaz d’une planification à laquelle personne ne comprend rien et qui a abouti à l’échec que nous connaissons.
    Pour résumer, nous proposons d’une part la création d’une métrique qui doit permettre de donner un second souffle à la planification écologique, d’autre part la montée en compétences des EPCI.

    (Les amendements nos 393 et 580, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Sur l’amendement no 447 et les sous-amendements nos 883, 886 et 885, je suis saisi par les groupes Rassemblement national et Droite républicaine de demandes de scrutins publics.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Virginie Duby-Muller, pour soutenir l’amendement no 447.

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Disons les choses telles qu’elles sont : nous souhaitons mettre un terme au développement de toute nouvelle installation éolienne, terrestre comme maritime. Trop c’est trop ! Tout cela coûte une fortune et ce sont les Français qui paient l’addition.
    Les choix énergétiques actuels font peser sur les Français un coût économique et social démesuré, sans bénéfice clair pour la sécurité de l’approvisionnement. Il y a d’abord l’impact visuel des éoliennes, qui défigurent nos paysages.

    Mme Dominique Voynet

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    Alors que les pylônes, c’est vraiment magnifique !

    Mme Virginie Duby-Muller

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    Il y a aussi l’impact sur la biodiversité des turbines, qui perturbent les écosystèmes locaux. Il y a enfin l’impact budgétaire : nous parlons ici d’un surcoût de 300 milliards d’euros d’ici 2040, dont deux tiers sont liés au raccordement des énergies renouvelables intermittentes. Il faudrait aussi parler du coût des subventions, des dispositifs de stockage encore inexistants et des contraintes imposées au parc nucléaire pour l’adapter à l’intermittence.
    Une fois de plus, le dogme des écologistes de pacotille se confronte à la réalité des faits. Il est temps de repenser notre approche et de nous assurer que nous ne sacrifions pas notre patrimoine naturel et culturel au nom d’une solution énergétique qui n’est pas aussi verte qu’on voudrait nous le faire croire.
    Ce modèle n’est soutenable ni financièrement ni écologiquement puisqu’il retarde la décarbonation de notre énergie en nous détournant du nucléaire. Pire encore, il a été imposé sans étude d’impact sérieuse et sans débat transparent.
    La Droite républicaine préfère le bon sens aux illusions : elle vous invite à soutenir cet amendement.

    M. Patrick Hetzel

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    Très bien !

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Renault, pour soutenir les sous-amendements nos 883 et 886, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Matthias Renault

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    Nous nous apprêtons à voter, enfin, le moratoire sur les éoliennes terrestres et maritimes. C’est le groupe DR, représenté par deux députés seulement ce matin, qui a déposé l’amendement tendant à l’imposer. Nous soutiendrons son initiative, en la précisant par des sous-amendements.
    D’autres l’ont rappelé : les éoliennes constituent un gouffre financier absolu et ce moratoire permettrait de soulager nos finances publiques. Le projet de PPE accordait 100 milliards de subventions à certaines énergies renouvelables. Il faut y ajouter le coût du raccordement au réseau, notamment des éoliennes terrestres et maritimes. Au total, 200 milliards d’euros d’argent public, une somme considérable, seront consacrés au développement des énergies renouvelables d’ici à 2040.
    Je ne reviendrai pas sur l’impact paysager d’installations qui saccagent nos territoires. Dans la Somme, dont je suis élu, on en sait quelque chose : 15 % du parc éolien français est implanté dans ce département, qui a été choisi pour sa météo et parce que sa population est assez pauvre. Oui, il faut le dire : sûrs d’acheter l’acceptabilité sociale des éoliennes en versant des sommes aux propriétaires des terrains où elles seront construites, les promoteurs ciblent leur stratégie commerciale sur des régions pauvres !

    M. Jean-François Coulomme

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    N’allez pas nous faire croire que ces propriétaires sont pauvres !

    M. Emeric Salmon

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    Ils le sont !

    M. Matthias Renault

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    Cette acceptabilité sociale est toutefois relative, ce que j’ai déjà rappelé hier soir. Dans l’immense majorité des cas, les opposants aux projets remportent des victoires écrasantes quand les conseils municipaux organisent des référendums locaux sur les éoliennes terrestres.
    Le nucléaire procure aux communes des retombées économiques exceptionnelles.

    M. Jean-François Coulomme

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    Ah, on parle enfin de pognon !

    M. Emeric Salmon

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    Oui, du pognon qui retourne dans la poche des Français !

    M. Matthias Renault

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    Le ratio entre la surface de paysages saccagés et la production d’électricité est évidemment en faveur du nucléaire. Je ne prétendrai pas qu’une centrale nucléaire, c’est beau. C’est moche comme les éoliennes, mais ça produit beaucoup plus d’électricité et pour un coût bien moins élevé et un niveau de subventions publiques beaucoup plus faible, c’est-à-dire pour un coût final de l’électricité beaucoup plus faible.

    M. Jean-François Coulomme

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    Et les pastilles d’iode, elles sont fournies ?

    M. Emeric Salmon

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    Oui ! Vous racontez n’importe quoi !

    M. Matthias Renault

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    L’amendement no 447 de M. Nury  est important et ces sous-amendements précisent sa rédaction. Votons, enfin, un moratoire sur les éoliennes terrestres et maritimes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. Maxime Amblard, pour soutenir le sous-amendement no 885.

    M. Maxime Amblard

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    Voici l’aboutissement d’un long combat que mène Marine Le Pen depuis longtemps contre le retour des moulins à vent dans tout le territoire. Ceux-ci gâchent nos paysages et n’ont aucune autre utilité que de nous ramener au Moyen Âge en tentant de produire de l’énergie à partir de l’énergie mécanique du vent. On a fait des progrès depuis, merci !
    Subtilité –⁠ de celles que vous prétendez tant aimer tout en les ignorant royalement –, j’admets que, dans les outre-mer, les énergies renouvelables, notamment intermittentes, peuvent avoir leur utilité pour accélérer la décarbonation. Mon sous-amendement propose donc de faire une exception pour ces territoires dans l’application du moratoire demandé par M. Nury.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement et les sous-amendements ?

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Il sera évidemment défavorable. Pour les avoir lues et entendues depuis quelques jours, je connais les positions que tiennent les uns et des autres au sujet des énergies renouvelables électriques. J’insiste toutefois sur un point. Ce sont des dizaines de milliers d’emplois et des centaines de milliards d’euros d’investissements déjà consentis auxquels votre moratoire porterait un coup fatal.

    M. Antoine Armand, rapporteur

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    Au fond, on peut discuter de votre vision des énergies renouvelables. On peut même considérer qu’il faut revoir la programmation pluriannuelle de l’énergie et que ses objectifs doivent être révisés. En revanche, on doit tous essayer d’honorer le principe d’une loi de programmation et de donner de la visibilité aux acteurs des énergies renouvelables.
    Par un amendement unique, faire tomber des investissements, des propositions de valeur, des créations d’emplois et des sites industriels –⁠ comme à Fos-sur-Mer, où de nouvelles capacités de production doivent être installées, ce qui développera l’emploi et renforcera notre souveraineté – est totalement contre-productif, y compris au regard de vos objectifs.

    M. Pieyre-Alexandre Anglade

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    Très bien, monsieur le rapporteur !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Marc Ferracci, ministre

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    Il est également défavorable. Comme l’a expliqué le rapporteur, l’adoption de l’amendement porterait un coup dramatique à notre industrie. Ces dernières années, la progression de l’emploi et l’ouverture de nouveaux sites industriels ont été permises grâce aux industries vertes et grâce à la filière de l’éolien en mer. L’adoption de cet amendement enverrait un signal dramatique.

    Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback

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    Évidemment !

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel.

    M. Matthias Tavel

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    Je veux répondre aux contrevérités qui viennent d’être proférées. Vous nous dites que c’est le nucléaire qui coûte le moins cher, mais c’est faux. D’après la CRE, le coût complet de la production nucléaire est de 60 euros le mégawattheure et d’après EDF il atteint 75 euros. Le gouvernement pourra bien mettre tout le monde d’accord avec un décret de méthodologie, ce coût ne pourra pas descendre en deçà de 60 euros. Il ne tient d’ailleurs pas compte de la gestion des déchets radioactifs pendant les 100 000 prochaines années –⁠ on aurait du mal à calculer un taux d’actualisation.
    À l’inverse, l’Ademe estime à 59 euros le mégawattheure le coût complet de production d’électricité par les éoliennes terrestres.

    M. Kévin Mauvieux

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    Revoilà l’Ademe !

    M. Matthias Tavel

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    C’est donc déjà moins que le coût du nucléaire estimé par la CRE.

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Tiens donc !

    M. Matthias Tavel

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    D’après le dernier appel d’offres lancé à ce sujet, le coût de production d’électricité par l’éolien en mer posé est de 45 euros le mégawattheure. À mon avis, ce coût pourrait être augmenté pour mieux soutenir l’industrie locale.
    Quant à l’éolien en mer flottant –⁠ encore seulement expérimenté dans le cadre de projets pilotes –, le premier parc a été attribué avec l’hypothèse d’un coût de production de 86 euros le mégawattheure. C’est peu pour une filière française et européenne et c’est nettement inférieur au coût de l’électricité produite par l’EPR de Flamanville 3, estimé à 138 euros le mégawattheure !
    Si l’on raisonne à partir du coût de production, les énergies renouvelables sont donc beaucoup moins chères que le nucléaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    M. Jean-François Coulomme

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    CQFD !

    M. Matthias Renault

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    Vous ne tenez pas compte du coût du raccordement !

    M. Matthias Tavel

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    Deuxième contrevérité : les territoires ruraux seraient opposés à l’éolien. Il se trouve que je suis député de Saint-Nazaire et que ma circonscription comprend des communes rurales, notamment celle de Quilly, 1 500 habitants, qui a développé un parc éolien terrestre grâce à une participation citoyenne et des subventions communales. La municipalité est très satisfaite, tant pour l’énergie fournie et les retombées fiscales que pour l’accompagnement qu’elle a reçu au titre de ce projet citoyen !
    La surconcentration des éoliennes dans certains territoires est réelle et nous partageons votre constat. Lorsque la loi Aper était en débat, nous avions voté des amendements tendant à bonifier des appels d’offres dans les régions les moins dotées et à promouvoir une véritable planification territoriale et l’identification de zones d’accélération, qui seraient véritablement ciblées et privilégiées.
    Je n’ai pas compris les propos de M. Amblard au sujet des territoires d’outre-mer. Ou vous dites que l’éolien est une catastrophe mais que vous voulez le développer dans ces territoires –⁠ vous considérez donc les outre-mer comme une sorte de poubelle. Ou vous pensez, comme nous, que les énergies renouvelables sont positives et qu’il faut les développer outre-mer pour faire de ces territoires les fers de lance de la décarbonation énergétique de notre pays.
    En instaurant un moratoire sur l’éolien terrestre et maritime, cet amendement et ces sous-amendements préparent les plans sociaux ! Vous voulez supprimer des milliers d’emplois, les 8 000 emplois de la filière de l’éolien maritime, plus de 1 000 emplois à Saint-Nazaire ! Vous voulez contraindre les Chantiers de l’Atlantique, exportateurs et leaders européens dans ce domaine, à renoncer à leur principale source de diversification contre une dépendance à la production de paquebots de croisière ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EPR. –⁠ Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback applaudit également.) Le moratoire que nous propose le Rassemblement national est un moratoire contre les travailleurs français !

    M. Antoine Léaument

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    Exactement !

    M. Matthias Tavel

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    Monsieur le ministre, d’autres amendements visant à instaurer des moratoires ont été déposés par des députés d’un parti qui participe au gouvernement, le parti Les Républicains. Ces amendements ont-ils reçu l’aval de M. Retailleau, président de ce parti et ministre de votre gouvernement ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Le danger que nous pointions lors de l’examen de l’article 5 se réalise : fixer un objectif de production de 200 térawattheures d’électricité d’origine renouvelable n’empêche pas l’instauration de moratoires sur le développement de certaines filières. Voilà pourquoi il fallait voter les amendements que nous avons proposés pour fixer des objectifs par filière ! Voilà pourquoi vous aurez tout à l’heure l’occasion de vous racheter en soutenant les amendements que nous proposons à cette fin ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. Raphaël Schellenberger.

    M. Raphaël Schellenberger

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    Ce qui est moyenâgeux, pour reprendre une référence de M. Amblard, c’est la guerre des religions dans laquelle s’enfonce cet hémicycle. On est soit pour le nucléaire, soit pour les énergies renouvelables, mais jamais on ne pense au système dans son ensemble ! Chaque source d’énergie présente pourtant ses propres fragilités et apporte une contribution particulière au système énergétique français.
    Je ne crois pas qu’il soit bon d’instaurer un moratoire sur les énergies renouvelables, fussent-elles intermittentes, comme il n’est pas bon de vouloir appliquer un moratoire sur le nucléaire, tel que l’a défendu la gauche pendant de nombreuses années et tel qu’elle le voudrait dans cet hémicycle.
    Quelles sont les responsabilités des différentes sources d’énergie vis-à-vis du système ? Les énergies renouvelables sont à l’origine de perturbations et de difficultés que nous devrions traiter plutôt que de discuter sans fin de la légitimité de tel ou tel moyen de production. Pour une croissance de la production d’énergie, tous les moyens sont bons, mais pas à tout prix ! Nous devons tenir compte de la place de chaque source d’énergie dans le système.
    Les énergies renouvelables intermittentes, dès lors qu’elles deviennent déterminantes dans notre mix énergétique –⁠ c’est le cas aujourd’hui –, ont une responsabilité vis-à-vis du système. De ce fait, on ne peut pas continuer à vouloir raser gratis et à annoncer, comme M. Tavel, des tarifs bruts et non corrigés des coûts que font peser les énergies renouvelables sur le système. Le coût de l’intermittence doit être pris en compte et l’intermittence doit être gérée sur le plan technique, avec des règles de raccordement au réseau adaptées.
    La question des énergies intermittentes qui encombrent certains territoires –⁠ nous en avons beaucoup parlé –, notamment les éoliennes, qui dégradent les paysages, doit être abordée sous l’angle du droit de l’urbanisme et du droit de l’environnement plutôt que sous l’angle du type d’énergie à privilégier.
    Je crois en la libre administration des collectivités territoriales –⁠ je suis très attaché à ce principe, y compris quand des élus locaux souhaitent développer une énergie qui ne me plaît pas. Vous ne pourrez pas défendre demain la liberté des maires si vous votez aujourd’hui des lois contraignant leurs choix !
    Du point de vue de la compétitivité économique, enfin, il me semble que si ces énergies sont déterminantes dans le mix énergétique, elles doivent gagner leur place sans bénéficier de subventions, sans piocher dans les finances publiques. Si tel était le cas, je m’y opposerai, car je refuse que l’on continue à déverser des milliards d’euros d’argent public pour développer les énergies renouvelables intermittentes. Celles-ci doivent être compétitives par elles-mêmes ! Ainsi pourrons-nous sortir du débat moyenâgeux, de la guerre des religions opposant les partisans des énergies renouvelables intermittentes à ceux du nucléaire.

    M. le président

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    La parole est à M. Jordan Guitton.

    M. Jordan Guitton

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    Député de l’Aube, je suis né au nord du département, à la frontière entre l’Aube et la Marne, deux départements qui comptent environ 1 million d’habitants, mais détiennent un dixième du parc éolien français –⁠ 430 éoliennes dans l’Aube et un peu plus de 600 dans la Marne. Au sein de la population, les projets d’éoliennes qui ont mûri ces vingt dernières années suscitent de nombreuses questions, et de plus en plus de critiques.
    Je soutiens les sous-amendements de mes collègues du Rassemblement national parce qu’ils traduisent une demande ancienne de Marine Le Pen. Depuis la présidentielle de 2017, nous demandons en effet un moratoire sur l’éolien afin de pouvoir répondre aux interrogations grandissantes de nos concitoyens : quel poids les éoliennes représentent-elles dans le financement de notre modèle énergétique ? Quel est leur bilan ? Selon la Cour des comptes en 2020, 1 euro investi dans l’éolien ne comprend que 20 centimes de matériel français –⁠ preuve que nous contribuons très peu à la croissance économique par ce biais.
    J’en viens au bilan carbone des éoliennes que nous appelons de nos vœux et que la mise en place d’un moratoire permettrait d’établir. Dans ma circonscription, les nombreux projets qui ont vu le jour dans les années 2000 commencent à être démantelés, ce qui ne va pas sans surprises : détruire des gros blocs de béton au milieu de champs implique en effet le sacrifice de la production des agriculteurs qui les cultivent ; cela prend des dizaines d’heures, avec des marteaux-piqueurs et de nombreux engins thermiques. Au bout du compte, on voit parfois les vieux modèles être remplacés par de nouveaux mâts encore plus grands et plus puissants –⁠ ceux que les promoteurs éoliens cherchent à vendre en quantités toujours plus grandes aux élus locaux.
    Le moratoire permettrait aussi d’établir un bilan énergétique des éoliennes, qui, parce qu’elles sont complètement dépendantes de la météo, produisent une énergie intermittente. Combien l’éolien coûte-t-il par rapport aux autres énergies ? Comment les concurrence-t-il au sein du réseau géré par Enedis ? Il semble que l’éolien soit aussi la cause de l’usure grandissante des centrales. La responsabilité en revient aux macronistes et au gouvernement, qui n’ont pas toujours été clairs à l’égard du nucléaire –⁠ je n’oublie pas que M. Hulot était ministre de l’écologie lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Il est donc temps de mettre fin à cette source d’énergie.
    J’en viens ensuite à la nécessité d’établir un bilan démocratique de l’éolien. Alors que les populations locales s’interrogent, que les conseils municipaux délibèrent en défaveur des projets de nouvelles constructions, et que des associations locales sont créées dans de nombreux villages pour s’y opposer, quel est le degré d’acceptation sociale de l’éolien ? Je crois qu’il va toujours diminuant dans les territoires. Il faut dire que quelques petits villages de centaines d’habitants comptent parfois des dizaines d’éoliennes ! Hélas, l’appât du gain l’emporte sur les dégâts qu’entraînent la pollution visuelle des paysages et le remplacement de terres agricoles très productives.

    M. Maxime Laisney

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    Vous racontez des sornettes !

    M. Jordan Guitton

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    Un moratoire permettrait aussi de dresser un bilan budgétaire de l’éolien, lequel coûte très cher aux contribuables pour un gain énergétique faible. Cela a été démontré par de nombreuses études.

    Plusieurs députés du groupe EcoS

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    Lesquelles ?

    Mme Julie Laernoes

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    Sans doute celles de la Fédération environnement durable !

    M. Jordan Guitton

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    On le sait, EDF a acheté de l’énergie éolienne à un prix excessif ! Nous avons dépensé tant d’argent public pour financer un modèle si dogmatique, si idéologique ! Vous avez tous défendu ce modèle, y compris les macronistes entre 2017 et 2022.
    Finalement, que reste-t-il à l’éolien ? Très peu de choses, sinon, comme l’a dit M. Matthias Renault, l’appât du gain qu’il suscite chez des élus locaux –⁠ tentés d’augmenter leur budget pour financer les investissements de leur collectivité – ou des agriculteurs. Dépenser davantage d’argent public pour installer des éoliennes me paraît complètement contre-productif. Au lieu de tenter de suivre votre « en même temps » pro-nucléaire et pro-éolien auquel on ne comprend plus grand-chose, je préfère faire confiance à Marine Le Pen et au plan « Marie Curie » conçu par notre collègue M. Jean-Philippe Tanguy. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Nous y ajouterons une touche d’hydroélectricité et une touche d’hydrogène, et cela vaudra bien mieux pour les territoires. Les Français ne veulent plus de vos éoliennes ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Jean-Claude Raux

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    Ils ne veulent pas non plus de Marine Le Pen !

    M. le président

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    La parole est à Mme Julie Laernoes.

    Mme Julie Laernoes

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    Dire que le Rassemblement national prétendait ne pas être dogmatique, qu’il se disait ouvert et nous reprochait de ne pas avoir bien lu le programme de Marine Le Pen.

    M. Théo Bernhardt

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    C’est le cas !

    Mme Julie Laernoes

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    Dire qu’il nous reprochait de passer à côté de son incroyable vision énergétique ! Nous assistons en fait à la conjonction du RN et du groupe Droite républicaine alors que ce dernier, sauf erreur de ma part, fait partie du socle commun et soutient donc le gouvernement.

    M. Julien Guibert

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    Ils ont été élus grâce à vous !

    Mme Julie Laernoes

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    L’amendement déposé par le groupe DR, sous-amendé par le RN, demande un moratoire sur trois filières des énergies renouvelables : l’éolien terrestre, l’éolien en mer et le photovoltaïque.

    M. Kévin Mauvieux

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    Les énergies intermittentes !

    Mme Julie Laernoes

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    La droite et l’extrême droite nient donc de concert notre système énergétique. Elles voudraient en outre rendre ce moratoire irréversible. La rentabilité des énergies renouvelables, je la rappelle, est très supérieure à l’énergie nucléaire.

    Mme Olivia Grégoire, M. Guillaume Kasbarian et M. Sylvain Maillard

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    Ça suffit, on passe au vote !

    Mme Julie Laernoes

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    Mesdames et messieurs du Rassemblement national, vous prétendez que les énergies renouvelables coûteraient 300 milliards d’euros. Heureusement, dans notre pays, les journalistes font leur travail (Plusieurs députés du groupe RN rient)  : ils ont éclairé le débat en soulignant qu’il s’agissait là d’un mensonge éhonté de votre part.

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Elle a dû lire ça dans L’Humanité ou sur Mediapart !

    Mme Julie Laernoes

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    Comme on ne connaît pas la facture de l’énergie nucléaire, il est facile d’imaginer différents programmes de recherche sur cette énergie –⁠ les pertes importent peu !

    M. Sylvain Maillard

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    Accélérez, sinon on risque de perdre ce vote ! Il faut absolument que l’amendement soit mis aux voix avant la fin de la séance !

    Mme Julie Laernoes

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    En ce qui concerne le photovoltaïque, le coût du mégawattheure s’établit entre 58 et 62 euros ; il est de 67 euros pour l’éolien terrestre ; et de 44 euros pour l’éolien offshore –⁠ record établi par le récent appel d’offres de Dunkerque. Le coût du mégawattheure d’origine nucléaire atteint quant à lui 120 à 150 euros. C’est l’énergie la plus chère ! (« C’est faux ! » et exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    M. Matthias Renault

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    Vous n’incluez pas les coûts de raccordement !

    Mme Julie Laernoes

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    Vous voulez supprimer les énergies qui n’émettent pas de CO2, qui réduisent les factures et qui améliorent notre balance commerciale en réduisant nos importations d’énergies fossiles. Non seulement votre proposition est suicidaire sur le plan climatique et pour l’approvisionnement énergétique,…

    M. Théo Bernhardt

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    Rien que ça !

    Mme Julie Laernoes

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    …mais elle l’est aussi du point de vue des factures des Françaises et des Français ! (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Le programme des Républicains et du Rassemblement national en matière d’énergie représente un danger absolu pour le pays ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EcoS.)

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 883.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        129
            Nombre de suffrages exprimés                126
            Majorité absolue                        64
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                72

    (Le sous-amendement no 883 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 886.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        127
            Nombre de suffrages exprimés                125
            Majorité absolue                        63
                    Pour l’adoption                53
                    Contre                72

    (Le sous-amendement no 886 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 885.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        124
            Nombre de suffrages exprimés                124
            Majorité absolue                        63
                    Pour l’adoption                57
                    Contre                67

    (Le sous-amendement no 885 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 447.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        128
            Nombre de suffrages exprimés                126
            Majorité absolue                        64
                    Pour l’adoption                57
                    Contre                69

    (L’amendement no 447 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

    4. Ordre du jour de la prochaine séance

    M. le président

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    Prochaine séance, cet après-midi, à quinze heures :
    Suite de la discussion de la proposition de loi portant programmation nationale énergie et climat pour les années 2025 à 2035.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à douze heures cinquante-cinq.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra