Deuxième séance du samedi 08 novembre 2025
- Présidence de Mme Hélène Laporte
- 1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
- Deuxième partie (suite)
- Après l’article 12 (suite)
- Article 13
- M. Damien Maudet
- M. Yannick Monnet
- Amendements nos 586 et 1036
- Article 14
- Après l’article 14
- Article 15
- Mme Annie Vidal
- Mme Gabrielle Cathala
- M. Philippe Vigier
- Amendements nos 1040, 2498, 1042, 2497 et 1592
- Article 16
- Après l’article 16
- Article 17 et annexe
- Amendement no 590
- Mme Mathilde Panot
- Suspension et reprise de la séance
- Seconde délibération
- Explications de vote
- Vote sur l’ensemble de la deuxième partie
- Troisième partie
- Article 18
- M. Thierry Frappé
- M. Michel Lauzzana
- M. Damien Maudet
- M. François Ruffin
- M. Yannick Monnet
- M. Jérôme Guedj
- M. Cyrille Isaac-Sibille
- M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
- M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
- Amendements nos 477, 574, 580, 591, 1250, 1358, 1663, 1833, 1986, 660, 358 et 1757
- Rappel au règlement
- Suspension et reprise de la séance
- Rappel au règlement
- Après l’article 18 (suite)
- Rappel au règlement
- Après l’article 18 (suite)
- Article 18
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Hélène Laporte
vice-présidente
Mme la présidente
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à quinze heures.)
1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).
Deuxième partie (suite)
Mme la présidente
Ce matin, l’Assemblée a poursuivi l’examen des articles, s’arrêtant à l’amendement no 1032 portant article additionnel après l’article 12.
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Le groupe Écologiste et social m’a demandé une seconde délibération, que j’ai jugée légitime, sur l’amendement no 2115 de M. Karim Ben Cheikh, relatif au transfert d’une fraction du produit de la contribution sociale généralisée (CSG) à la Caisse des Français de l’étranger (CFE).
Mme la ministre a reconnu que les explications qu’elle avait données dans son avis sur l’amendement étaient erronées. Pour la sérénité de nos débats et dans l’état d’esprit ayant procédé à ma demande de seconde délibération sur l’amendement visant à supprimer la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), je vous demande, madame la présidente, de bien vouloir inscrire à l’ordre du jour une seconde délibération sur cet amendement.
Mme la présidente
Elle est de droit, monsieur le président.
Après l’article 12 (suite)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 1032 et 2496.
Sur ces amendements, le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire a formé une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 1032.
M. Hadrien Clouet
Par cet amendement, nous proposons d’empêcher toute ponction arbitraire de l’Agirc-Arrco par le gouvernement. Même si nous avons entendu avec étonnement ce matin qu’il existerait des caisses « non poreuses », la disposition du code de la sécurité sociale que nous suggérons de supprimer nous rappelle que c’est faux et que l’État a essayé de prélever les caisses d’un régime complémentaire. Il est anormal que des cotisations soient utilisées à d’autres fins que leur objet.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq, pour soutenir l’amendement no 2496.
M. Jean-Paul Lecoq
Il s’agit de revenir sur une disposition qui, après que nous l’avons fermement combattue, nous avait été imposée par 49.3 dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. En effet, afin d’assurer l’équilibre des régimes spéciaux – fermés eux aussi par 49.3, contre l’avis unanime des Français –, le gouvernement a décidé de ponctionner autoritairement les ressources de l’Agirc-Arrco en s’octroyant le droit de définir par décret le montant de la contribution du régime à la branche vieillesse en cas d’échec des négociations d’une convention entre les parties prenantes. Il s’agit là d’une grave remise en cause de la gestion paritaire de l’Agirc-Arrco et d’un détournement des cotisations sociales des salariés du secteur privé, normalement dédiées au financement de leurs retraites complémentaires.
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales, pour donner l’avis de la commission.
M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
Comme vous très attaché à la gestion paritaire, je pense que la clause permettant au gouvernement de fixer arbitrairement par décret le montant de la contribution Agirc-Arrco au régime général était une mauvaise chose. Mais, si j’ai désapprouvé la méthode en son temps, je voudrais vous rassurer : la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) et l’Agirc-Arrco ont bien signé une convention fixant la contribution des régimes de retraite complémentaire à l’équilibre des régimes spéciaux clos par la réforme des retraites de 2023. À mon sens, votre amendement est donc satisfait. Il n’y a pas de projet caché de ponction des réserves de l’Agirc-Arrco et la disposition que vous souhaitez supprimer n’a plus lieu d’être.
Je vous demande de retirer cet amendement, sachant qu’il a été rejeté par la commission.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics, pour donner l’avis du gouvernement.
Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics
Le gouvernement n’a pas eu besoin de prendre de décret puisque la Cnav et l’Agirc-Arrco ont signé une convention. Les choses se sont faites dans une forme de dialogue social bien organisé et bien mené. L’amendement est inutile. Demande de retrait ; à défaut avis défavorable.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 1032 et 2496.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 118
Nombre de suffrages exprimés 108
Majorité absolue 55
Pour l’adoption 63
Contre 45
(Les amendements identiques nos 1032 et 2496 sont adoptés.)
(Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, GDR et LIOT.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Anna Pic, pour soutenir les amendements nos 500 et 499, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
Mme Anna Pic
L’amendement no 500 vise à renforcer les sanctions contre la fraude au travail dissimulé en augmentant de 10 points le taux de majoration des cotisations sociales en cas de travail dissimulé.
Par l’amendement no 499, nous proposons d’abroger la disposition qui permet à une entreprise fraudeuse de se voir appliquer une réduction de 10 points du taux de majoration si elle paie ses créances dans les trente jours. Aucun cadeau ne doit être fait aux employeurs fraudeurs, alors que la fraude aux cotisations sociales est estimée à 7,25 milliards par an, dont seulement 829 millions sont récupérés chaque année.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le premier amendement augmente la majoration des cotisations pour des employeurs qui se sont soustraits intentionnellement à leurs obligations. C’est une bonne chose pour rétablir l’équité entre cotisants et mieux sanctionner les comportements délibérément frauduleux. Vous avez repris mon sous-amendement de coordination, que nous avions adopté en commission, et je vous en remercie. Avis favorable.
Le second amendement serait partiellement satisfait si nous adoptions le no 500. Les incitations à régler les cotisations, pénalités et majorations de retard dans les plus brefs délais sont susceptibles d’améliorer le recouvrement ; il pourrait donc être judicieux de conserver cette possibilité, tout en réfléchissant à l’importance de la réduction accordée. Le projet de loi de lutte contre les fraudes sociales et fiscales comporte précisément des mesures visant à améliorer ce recouvrement.
Je vous demande le retrait de cet amendement, que la commission a rejeté.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Les sanctions contre le travail dissimulé sont au cœur du PJL « fraudes ». Il est vrai que les caisses de sécurité sociale préfèrent parfois baisser un peu la majoration due et encaisser rapidement le règlement plutôt que de se lancer dans un processus contentieux potentiellement long et incertain. Afin que nous ayons un débat sur l’ensemble des questions lors de l’examen du PJL « fraudes », je demande le retrait de ces amendements.
(L’amendement no 500 est adopté ; en conséquence, les amendements identiques no 434, 1029 et 1848 rectifié tombent.) (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
(L’amendement no 499 est adopté.) (Mêmes mouvements.)
Mme la présidente
La parole est à M. Pierre-Yves Cadalen, pour soutenir l’amendement no 1841.
M. Pierre-Yves Cadalen
Cette discussion replace au centre de nos débats la question de la fraude. Je dis aux collègues de la droite et de l’extrême droite : si vous réfléchissez deux secondes à la fraude sociale, peut-être cesserez-vous enfin de vous en prendre aux bénéficiaires du RSA ? (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Je vous invite à lire le rapport du Haut conseil de financement de la protection sociale (HCFIPS) : il indique que l’essentiel de la fraude trouve son origine dans les pertes associées aux cotisations employeurs, alors que la part des assurés, et notamment des titulaires des minima sociaux, est faible dans l’ensemble. Avez-vous compris ? Allez-vous cesser de stigmatiser une partie de la population ? (Mêmes mouvements.)
Cet amendement dit une chose très simple : tant que vous n’aurez pas payé vos cotisations employeur, vous n’aurez pas de papier attestant de leur règlement. C’est l’évidence même et pourtant, actuellement, il en va autrement. Arrêtez de vous en prendre aux plus pauvres ! De toute façon, avec notre victoire, les mauvais jours finiront ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin
L’amendement a été adopté par la commission. Néanmoins, il me paraît normal qu’une personne qui conteste en justice le montant des cotisations que lui demande l’Urssaf puisse bénéficier de la présomption d’innocence. Il arrive aux Urssaf de faire des erreurs et il serait injuste d’empêcher les victimes de ces erreurs d’obtenir des contrats en leur refusant la délivrance d’une attestation de vigilance. En outre, le droit actuel prévoit déjà que cette attestation n’est pas remise lorsque le recours contentieux fait suite à une verbalisation pour travail dissimulé. Les fraudeurs étant déjà sanctionnés, votre amendement ne ciblerait que les employeurs de bonne foi.
À titre personnel, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Pierre-Yves Cadalen.
M. Pierre-Yves Cadalen
Je veux bien entendre l’argument du rapporteur et je l’invite à le répéter lorsque les débats concerneront les bénéficiaires des droits sociaux et du RSA. Il lui faudra plaider pour que le bénéficiaire, lorsqu’il a commis une irrégularité de bonne foi, se voie verser immédiatement les aides dont il a été privé. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Joëlle Mélin.
Mme Joëlle Mélin
La fraude sociale existe depuis très longtemps : il y a quinze ans, le rapport de Dominique Tian estimait déjà qu’elle représentait plus de 15 milliards. Certains usagers fraudent, comme certains patrons, comme certains professionnels de santé.
M. Louis Boyard
Comme Marine Le Pen…
Mme Joëlle Mélin
Voilà maintenant trois ans, collègues de gauche, que nous entendons en commission le mythe du gentil fraudeur, qui fraude parce qu’il a faim et qu’il ne peut faire autrement.
Mme Élise Leboucher
Personne n’a dit ça !
Mme Joëlle Mélin
D’où qu’elle vienne, la fraude est insupportable ! Il nous appartient de remettre les choses à leur place. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
(L’amendement no 1841 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 1035 et 1317, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1035.
Mme Ségolène Amiot
Nous souhaitons distinguer les pénalités applicables en cas de méconnaissance des nouvelles obligations sociales selon qu’elles concernent les travailleurs utilisant les plateformes ou les plateformes elles-mêmes. Actuellement, ces pénalités sont identiques et plafonnées à 7 500 euros, ce qui est un montant ridicule pour les plateformes.
On voit bien qu’un travailleur ubérisé qui touche en moyenne moins de 650 euros par mois ne peut commettre le même niveau de fraude que Deliveroo, qui a été condamnée à verser 9,7 millions à l’Urssaf pour avoir dissimulé plus de 2 000 emplois. Et pourtant, il encourt une pénalité strictement identique.
Nous vous proposons de ramener l’amende des travailleurs à 75 euros, un montant plus pertinent et surtout plus supportable pour ce niveau de revenus, et de faire passer celle des donneurs d’ordre à 750 000 euros. Il faut tenir compte des moyens réels dont disposent les uns et les autres. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 1317.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Madame Amiot, je vous ai entendue demander en commission le rétablissement d’une forme d’équité. Il est vrai qu’actuellement, l’amende maximale s’élève à 7 500 euros, pour le travailleur comme pour la plateforme. Cependant, le montant de la pénalité que vous proposez, 750 000 euros par vendeur ou prestataire concerné, me semble un peu excessif.
En outre, la sanction ne s’applique qu’en cas de non-transmission permettant l’identification des travailleurs de plateforme. Elle n’est donc pas exclusive de la sanction financière prévue pour la plateforme en cas de méconnaissance de l’obligation de précompte, qui peut atteindre 5 % du chiffre d’affaires ou des recettes sur lesquels cette obligation a été méconnue.
Il faut renforcer la responsabilité des plateformes et instaurer une gradation dans la sanction des uns et des autres.
Mon amendement me semble beaucoup plus équilibré. Il prévoit de réduire à 3 250 euros le montant maximum de l’amende des travailleurs et de porter à 15 000 euros par travailleur celui de l’amende des plateformes – un montant très dissuasif, surtout si vous l’ajoutez aux 5 % du chiffre d’affaires.
Je vous propose donc de retirer votre amendement au profit du mien.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Ces amendements visent à modifier les contours et les paramètres des mécanismes de sanction, avec comme objectif de s’assurer que les plateformes ne deviennent pas un cadre choisi pour bénéficier d’exonérations de cotisations.
De nombreuses sanctions existent déjà en cas de méconnaissance par les plateformes de leurs nouvelles obligations. Intuitivement, je ne suis pas certaine qu’il faille modifier dès maintenant tous les paramètres ni que les mesures proposées représentent le meilleur moyen de faire appliquer le droit. D’autres outils sont à notre disposition. Je suis donc défavorable à ces deux amendements, même si je reconnais qu’ils portent sur une question majeure.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Monsieur Bazin, je signale que la somme demandée aux travailleurs dans votre amendement représente six mois de salaire moyen, ce qui est exorbitant par rapport à leurs revenus. Certes, c’est un plafond mais l’argument vaut aussi pour l’amende prévue, dans notre amendement, pour les plateformes – qui, elles, ont des revenus colossaux.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Madame la ministre, je me range derrière le rapporteur général. Ce sont les plateformes qui organisent le système, elles sont donc responsables – les salariés, eux, dépendent d’elles. Avec une amende de 15 000 euros par travailleur pour les plateformes, il suffit que celles-ci comptent 100 travailleurs pour que l’on atteigne une somme considérable. Il y a là de l’argent à récupérer et nous devons montrer une main de fer – ce système ne peut plus perdurer.
(L’amendement no 1035 n’est pas adopté.)
(L’amendement no 1317 est adopté.)
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Frantz Gumbs, pour soutenir l’amendement no 2022.
M. Frantz Gumbs
Il vise à encourager des employeurs ou des travailleurs indépendants à sortir de l’économie souterraine. Pendant six mois, de janvier à juin 2026, il serait offert à ces personnes la possibilité de régulariser à l’amiable leur situation sociale, sans risquer de se voir imposer un redressement sur la période antérieure à la régularisation.
Cette mesure a un précédent qui a bien fonctionné en 1993 à Saint-Martin ; elle a permis de régulariser un grand nombre d’entreprises et d’employés, motivés par la perspective d’une amnistie. À l’époque, la loi de défiscalisation dite loi Pons avait entraîné la création d’un grand nombre d’entreprises en un temps très court, dans un contexte d’hyperactivité, notamment dans le secteur du bâtiment. Mais à la suite du passage du cyclone Irma, en septembre 2017, de nombreuses entreprises se sont détournées de leurs obligations puis la crise sanitaire est venue interrompre les efforts de redressement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous souhaitez inciter les entreprises ayant recours à du travail dissimulé à régulariser leur situation. Je comprends cet objectif. Cependant, je ne crois pas que les entreprises de l’économie souterraine aient toutes un intérêt à déclarer le travail dissimulé, même si on leur garantit qu’aucune poursuite ne sera lancée contre elles. Deuxièmement, il faut faire preuve d’une grande fermeté à l’égard de ceux qui enfreignent délibérément les règles de notre contrat social. J’ai peur que votre amendement envoie un signal de laxisme, au moment même où nous souhaitons faire passer un message très clair vis-à-vis des fraudeurs. J’ajoute que le droit positif offre déjà des outils de régularisation au cas par cas pour les employeurs de bonne foi. J’invite donc ces derniers à s’en emparer.
En outre, la mesure serait extrêmement complexe à appliquer – reconstitution de l’ancienneté, recalcul de l’ensemble des droits des salariés, vérification des périodes et assiettes de cotisations – dans des territoires où il n’est pas toujours évident de déployer les réformes. Nous prendrions le risque de créer de l’insécurité juridique et des contentieux.
Cet amendement n’a pas été examiné en commission. Avis défavorable, dans l’attente de l’avis du gouvernement – peut-être m’en remettrai-je alors à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Monsieur le député, nous avons discuté de cette question hier en dehors de l’hémicycle. À l’évidence, il faut que nous aidions l’ensemble des employés, ouvriers et salariés de votre territoire à accéder à leurs droits sociaux. Le travail dissimulé constitue un préjudice pour la sécurité sociale, mais aussi pour les travailleurs qui exercent leur activité sans en retirer des droits.
Il me semble préférable de poursuivre le travail mené dans de nombreux territoires, qui consiste à résoudre le problème à l’amiable, en procédant à un rescrit et en apurant la situation. L’expérimentation de six mois que vous proposez ne résoudrait pas le problème, pourrait créer des effets d’aubaine et enverrait des messages contradictoires.
Je vous demande donc de retirer l’amendement, tout en rappelant l’engagement que nous avons pris ensemble hier de mobiliser au mieux les équipes de l’Acoss et de la Caisse générale de sécurité sociale de Guadeloupe pour pouvoir procéder à ces apurements. Il faut se battre avant tout pour que les habitants des îles que vous représentez bénéficient de droits sociaux.
Mme la présidente
La parole est à M. Frantz Gumbs.
M. Frantz Gumbs
J’entends vos préoccupations et votre volonté d’accompagner les travailleurs et les entreprises de Saint-Martin pour que leur situation soit régularisée. Cependant je ne suis pas tout à fait d’accord avec la stratégie que vous proposez ; je maintiens donc mon amendement.
(L’amendement no 2022 n’est pas adopté.)
Article 13
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet.
M. Damien Maudet
Je vais vous parler d’un braquage à côté duquel les cambrioleurs du Louvre passent pour Chipeur le renard dans Dora l’exploratrice. (M. Antoine Léaument applaudit.)
Vous connaissez évidemment la TVA, la taxe qu’on acquitte tous, qu’on soit riche ou pauvre, lorsqu’on va faire ses courses ou qu’on paie un service. Évidemment, proportionnellement au revenu, elle pèse davantage sur les plus pauvres.
Depuis 2017, vous répétez que vous baissez les impôts. C’est bien sûr faux : les impôts progressifs pour les plus riches ont baissé ou ont été supprimés, mais la TVA, payée par tout le monde, a rapporté 50 milliards de plus en 2024 – 212 milliards contre 163 milliards en 2017.
La TVA pourrait par exemple financer les services publics. Or il n’en est rien, elle sert à compenser les exonérations de cotisations sociales. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Chaque année, vous privez la sécu de 80 milliards puis vous demandez aux Français de rembourser cette somme en faisant leurs courses, et ce alors que les exonérations de cotisations sociales profitent aux plus gros.
Oui, les Français paient de plus en plus d’impôts parce qu’ils paient vos choix budgétaires s’agissant de la sécurité sociale ! (Mêmes mouvements.) Le pire, c’est que, parfois, vous décidez que le trou de la sécu dû aux exonérations ne sera pas compensé…
En résumé, vous creusez le trou de la sécu puis, pour rembourser l’argent manquant, vous demandez aux Français de payer la TVA et imposez aux secteurs de l’hôpital public, de la santé et des médicaments de faire des économies. Pendant ce temps, les Français continuent de s’appauvrir et de payer plus d’impôts.
C’est un bien joli braquage que ce gouvernement organise depuis 2017 ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Avec cet article, nous sommes au cœur des enjeux liés au financement de la sécurité sociale. Même si nous n’avons pas les mêmes références culturelles que mon collègue Maudet, (Sourires) nous aussi sommes opposés aux exonérations parce qu’à l’arrivée, c’est la sécu qui paie. Le montant des sommes non compensées est énorme : 2,8 milliards – c’est la somme dont aurait besoin l’hôpital public pour se redresser.
Surtout, votre stratégie d’allégements vous empêche de réfléchir à d’autres politiques ambitieuses, comme une politique de réindustrialisation qui créerait de l’emploi dans les territoires. Mais non, vous préférez taper dans les caisses de la sécu, parce que vous pensez que c’est plus simple et que ces exonérations feront plaisir aux entreprises – des sommes qu’au passage, elles n’auront même pas à rembourser si elles décident de licencier. Pour terminer, on perd de l’argent qui était destiné à assurer la solidarité.
Le fond du problème, c’est que vous envisagez la sécurité sociale comme un outil de développement économique, alors que c’est un outil de solidarité pour la population et pour le monde du travail. Le rôle de la sécu est fondamentalement dévoyé. Les pratiques d’exonération mettent à mal le système, au risque de le faire disparaître. C’est pourquoi nous nous y opposons. Surtout, il faut que vous cessiez de ne pas compenser certaines exonérations : les sommes non compensées atteignent un niveau colossal !
M. Jean-Paul Lecoq
Écoutez le parti des fondateurs !
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 586 et 1036, tendant à supprimer l’article 13. Sur ces amendements, le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire a demandé un scrutin public.
L’amendement no 586 a été défendu.
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1036.
Mme Élise Leboucher
À l’article 13 est approuvé le montant de 5,7 milliards d’euros correspondant à la compensation des exonérations de cotisations sociales.
Je l’ai déjà dit, la multiplication des dispositifs d’exonération vise à définancer progressivement la sécurité sociale. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Le montant total de ces exonérations et exemptions atteint 88,5 milliards en 2025. En 2024, la sous-compensation des allégements généraux représentait 5,5 milliards de perte de recettes.
Cette politique d’abaissement du prix du travail ne produit aucun effet sur l’emploi, ne fait que nourrir les profits et inciter les entreprises à maintenir des bas salaires. La multiplication des exonérations a provoqué une fiscalisation avancée de la sécurité sociale, laquelle tire désormais moins de la moitié de ses recettes des cotisations sociales. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) C’est un énorme gâchis, qui se paie sur le dos des malades.
Nous rejetons d’un bloc cette logique et appelons à reconquérir la valeur produite et à fixer les niveaux de cotisations de telle sorte que les recettes puissent répondre à l’ensemble des besoins de la sécurité sociale. Dans une telle configuration, les compensations n’auraient plus lieu d’être. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je pense qu’il y a une confusion. Monsieur Maudet, madame Leboucher, vous parlez beaucoup des allégements généraux de cotisations patronales. Or il n’est pas du tout question de TVA dans la compensation mentionnée à l’article : il s’agit de crédits budgétaires destinés aux missions Outre-mer, Travail, emploi et administrations des ministères sociaux et Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales. Cet article n’a trait qu’aux exonérations ciblées.
Monsieur Monnet, vous êtes impliqué dans le débat et je salue votre constance et votre cohérence. Ce que vous appelez de vos vœux, c’est que les 2,8 milliards qui n’étaient pas compensés le soient. La ministre a pris l’engagement au banc que les 2,3 milliards – ce montant évoluera – engagés pour exonérer les heures supplémentaires seront compensés.
Mais, madame la ministre, pour être totalement complet et que nous n’ayons plus ce débat les prochaines années, je précise qu’il reste à compenser les contrats de sécurisation professionnelle, pour 79 millions, les contrats des stagiaires en milieu professionnel adapté, pour 121 millions, et les contrats uniques d’insertion dans l’emploi, pour 40 millions, si bien que la somme totale qui doit faire l’objet d’une compensation se monte non pas à 2,3 mais à 2,7 ou 2,8 milliards – il faudra préciser ce qu’il en est des déductions forfaitaires. Si votre engagement pouvait aller au-delà des 2,3 milliards évoqués pour englober aussi ces dispositifs, je pense que cela satisferait M. Monnet.
Ces amendements ont été rejetés par la commission et mon avis personnel est défavorable. Je rejoins cependant, dans sa philosophie, l’objectif fixé par M. Monnet.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Mesdames et messieurs les députés, à la fin de la navette, si les votes que vous avez exprimés lors de l’examen de la deuxième partie du PLFSS sont maintenus par le Sénat puis par vous-mêmes lorsque le texte reviendra, le montant approuvé par l’article sera revu. Il atteindra près de 7 milliards d’euros puisque l’État, du fait de vos choix, versera 1,5 milliard de plus à la sécurité sociale.
L’article 13, en coordination avec le PLF, prévoit que l’État doit et va payer 5,7 milliards d’euros à la sécurité sociale en 2026. Son adoption permettra que nous poursuivions les travaux et que le texte résultant de vos votes soit envoyé au Sénat avant de revenir ici. Toutefois, si je devais faire les comptes, je pourrais vous indiquer qu’à l’issue de la deuxième lecture ou de la lecture définitive, il faudra revoir cet article afin qu’il approuve un montant de 7 milliards, en espérant que la navette, comme vous le souhaitez, porte ses fruits.
Je veux bien qu’on affirme qu’on ne veut pas d’exonérations. Mais, pour le bien de la sécurité sociale, il faut bien que, par cet article, l’État verse à la sécu ce qu’il lui doit. Avis défavorable à ces amendements de suppression.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Madame la ministre, l’information importante communiquée dans nos échanges de ce matin et dans le rappel qui vient d’être fait, c’est que vous vous êtes engagée devant la représentation nationale à compenser le coût de l’exonération des heures supplémentaires – 2,3 milliards –, qui plombe le déficit de la sécurité sociale. Jusqu’alors, cette non-compensation méconnaissait la loi Veil de 1994 et grevait les finances de la sécurité sociale.
L’engagement que vous avez pris en toute transparence constituera évidemment un problème pour le budget de l’État mais le présent débat s’attache au financement de la sécurité sociale, auquel ces 2,5 milliards sont indispensables. Dans la mesure où cet engagement a été pris, qui doit pouvoir être finalisé dans la suite de l’intervention de notre collègue Thibault Bazin, et où nous ne souhaitons évidemment pas dégrader davantage l’équilibre de la sécurité sociale, le groupe Socialistes et apparentés rejettera ces amendements.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Certes, il y a des engagements, cher collègue, mais les votes engagent aussi, et de manière un peu plus fiable !
Madame la ministre, vous savez que la réalité, tout compte fait, est une question de point de vue. Nous avons passé notre temps à vous faire des propositions de recettes, pour plusieurs milliards, qui tendaient à prendre l’argent là où il se trouve, chez ceux qui ont les moyens de payer. Ne nous dites pas maintenant : attention, ça va coûter trop cher ! (M. Damien Maudet applaudit.) Votre responsabilité était aussi de vous prononcer en faveur d’un peu de solidarité et de justice fiscale. Lorsque vous vous exprimiez au sujet de nos amendements, vous auriez pu le faire. Ça n’a pas été le cas. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 586 et 1036.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 286
Nombre de suffrages exprimés 158
Majorité absolue 80
Pour l’adoption 58
Contre 100
(Les amendements identiques nos 586 et 1036 ne sont pas adoptés.)
(L’article 13 est adopté.)
Article 14
Mme la présidente
La parole est à M. Louis Boyard.
M. Louis Boyard
Nous arrivons à la fin de l’examen de la partie recettes : durant tout ce débat, mes chers collègues, vos arguments n’ont pas été ceux de représentants du peuple, mais de comptables. On s’est trop peu demandé comment relever l’hôpital public – et vous ne pouvez pas me dire que ce que vous avez voté permettra ce relèvement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Il en va de même des crèches et du non-dégel des aides personnelles au logement.
S’agissant des apprentis, vous cherchez à vous donner bonne conscience, mais c’est vous qui avez créé l’augmentation de la taxe qu’il était prévu de leur imposer avant de la retirer. Ce n’est pas une victoire, vous vous contentez de reprendre de l’argent dans la poche gauche pour le remettre dans la poche droite ! Le 25 novembre, nous voterons pour ou contre leur exonération de CSG et de CRDS : ce jour-là, nous verrons si vous êtes réellement du côté des apprentis. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Tout au long de ce débat, nous avons posé la question des exonérations de cotisations sociales. Le rapport commandé par Mme Borne explique très bien qu’au-delà de 2,5 smic, ces exonérations ne servent absolument à rien. Nous vous avons proposé de les supprimer pour les revenus dépassant 4 000 euros, puis pour les revenus au-dessus de 8 000 euros ; mais, parmi les macronistes comme au Rassemblement national, vous avez protégé les hauts salaires au détriment de l’hôpital, des crèches et des retraités. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP – M. Erwan Balanant s’exclame.)
À la fin des fins, c’est le peuple qui va payer parce que la sécurité sociale est de plus en plus financée par les recettes de la TVA et de la CSG – des impôts injustes qui pèsent sur les plus précaires –, parce que vous avez préservé les intérêts des plus riches. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Dans la période politique que nous traversons, j’ai le sentiment que nous perdons du temps à cause d’un président de la République qui ne veut pas partir. (Mêmes mouvements.)
M. Hervé de Lépinau
À cause de toi !
M. François Cormier-Bouligeon
Allez, dégage !
M. Louis Boyard
Vous prévoyez une croissance économique de 1 %, mais avec tout ce que vous imposez au peuple, elle atteindra à peine 0,7 % ! Vous, du Parti socialiste qui se gargarisera de victoires, allez dans quelque temps visiter un hôpital ou un Ehpad et vous verrez les conséquences de votre politique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Protestations prolongées sur les bancs du groupe SOC.) Vous, du Rassemblement national qui refuse de voter la destitution de Macron, allez dire que vous êtes une opposition alors que tous vos votes ont couvert les macronistes !
Non, nous ne voterons pas la partie recettes du PLFSS, parce que nous voulons un texte au service du peuple, nous voulons que vous dégagiez tous, et le président de la République avec ! (Mêmes mouvements. – Protestations sur les bancs des groupes EPR et Dem)
Mme la présidente
Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 589, 1545 et 1655, visant à supprimer l’article.
Ils font l’objet d’une demande de scrutin public par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Julien Brugerolles, pour soutenir l’amendement no 589.
M. Julien Brugerolles
Cet amendement exprime une nouvelle fois notre très vive inquiétude quant au tableau d’équilibre prévu pour les différentes branches de la sécurité sociale en 2026. Avec de telles perspectives de dépenses et de recettes, nous sommes très loin de répondre aux besoins de financement de la sécurité sociale. Nous sommes très loin de répondre aux besoins sociaux et de santé de la population. Nous sommes très loin d’un rétablissement pérenne des comptes sociaux et d’une remise à flot de nos hôpitaux et de nos Ehpad. Nous sommes très loin d’une répartition équitable des efforts.
Le budget qui nous est présenté s’inscrit dans la vieille logique selon laquelle on résout les problèmes en les contournant. Il repose sur l’idée saugrenue que le déremboursement des soins aura pour effet que les assurés sociaux seront moins malades, que la répression des arrêts de travail améliorera la santé et la sécurité au travail, que le gel des prestations sociales permettra aux assurés sociaux de vivre mieux. Nous savons bien qu’il n’en est rien.
Pour toutes ces raisons, et parce qu’il est nécessaire que ce budget soit fondé sur une grande politique de santé publique et non sur la seule obsession de réduire un déficit public global, nous vous proposons de supprimer l’article 14.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1545.
Mme Ségolène Amiot
Ce tableau d’équilibre est très loin d’être à l’équilibre. Le gouvernement a choisi d’assécher les finances sociales, par des exonérations – 88 milliards –, par le manquement de l’État à ses obligations de compensation – plus de 8 milliards –, par le maintien de la Cades, la Caisse d’amortissement de la dette sociale, qu’il faudrait pourtant éteindre et qui nous coûte 16 milliards plus 3 milliards de charges financières supplémentaires. Ce que vous appelez le trou de la sécu est en fait parfaitement organisé par l’État et par la politique macroniste depuis qu’elle a commencé de s’appliquer. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Il est grand temps d’arrêter de prendre les gens pour des buses (Exclamations sur quelques bancs des groupes EPR et Dem), de les laisser continuer à cotiser pour la caisse et pour ce qu’ils veulent financer, à savoir la solidarité nationale, et de leur rendre l’argent de ces cotisations grâce à cette solidarité, en finançant les services publics ainsi que tous les soins et les systèmes de solidarité auxquels ils ont droit. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
L’amendement no 1655 de Mme Joëlle Mélin est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous voulez supprimer un article qui prévoit d’approuver le tableau d’équilibre, par branche, de l’ensemble des régimes obligatoires de base de sécurité sociale. Comme l’article liminaire et les articles 1er et 2, il s’agit d’un article obligatoire prévu par notre cadre organique – il est de mon devoir de vous le rappeler.
Ce qui est sûr, c’est que les amendements que nous avons adoptés depuis le début de la semaine modifient considérablement les montants qui figurent dans ce tableau, qui sont souvent recalés à la fin de la navette.
Monsieur Brugerolles, vous parliez du déficit et je vous rejoins : je suis inquiet. Si je reprends les chiffres issus de nos décisions, mon calcul me conduit à estimer que nous sommes passés de 17,5 milliards de déficit au début de l’examen à 26 milliards, en intégrant bien sûr ce qui a été voté sur la C3S. Et nous atteignons ce déficit avant même d’aborder la partie dépenses, avec les mesures attendues au sujet de l’Ondam hospitalier – 1 milliard –, peut-être le dégel des pensions – 2,3 milliards – et l’extension de la suspension de la réforme des retraites aux départs anticipés – quelques centaines de millions.
Vous le voyez : nous sommes engagés dans une équation très éloignée du redressement des comptes sociaux que nous attendions.
Je vous invite à retirer ces amendements parce que nous avons besoin de ce tableau d’équilibre, dont nous sommes bien conscients qu’il devra évoluer.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Une fois n’est pas coutume, je vous citerai : nous prendrions les Français « pour des buses ».
Mme Alma Dufour
Ou des vaches à lait.
Mme Amélie de Montchalin, ministre
C’est prendre les Français pour des buses que de les laisser penser que moins d’argent serait consacré à la santé. Dans la partie dépenses, il est prévu une hausse des dépenses de santé de 5 milliards, que le gouvernement a déjà annoncé vouloir porter à 6 milliards. Il est également prévu une hausse des dépenses de la branche autonomie de 1,5 milliard, des dépenses de retraite de 4 milliards et de la branche AT-MP de 500 millions.
Mme Danièle Obono
Quels sont les besoins ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Vous avez raison, madame la députée : il faut comparer les hausses aux besoins. Mais peut-être pouvons-nous prendre pour point de départ le constat collectif que les moyens sont en hausse ! Cette hausse est-elle suffisante ? Le débat à ce sujet s’engagera, je l’espère, lorsque nous commencerons à examiner la troisième partie.
Mme Danièle Obono
Ce n’est pas ce qu’il faudrait.
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Vous voyez bien que le tableau dont l’article prévoit l’approbation est un résumé des propositions initiales du gouvernement. Il est toujours mis à jour à l’issue de la navette et de la deuxième lecture. Il serait étrange de supprimer le point de départ des négociations, des travaux, de la navette. Cela n’apporterait rien au débat. Surtout, cela ferait croire aux Français que, parce qu’on supprimerait un tableau, on éliminerait les problèmes et les enjeux qu’il soulève !
Mme la présidente
La parole est à M. Louis Boyard.
M. Fabien Di Filippo
Est-ce bien nécessaire ? Nous sommes déjà éclairés !
M. Louis Boyard
Voilà ce qu’on appelle une réponse de comptable, madame la ministre, avec tout le respect que je vous dois. On ne peut pas se satisfaire d’avoir examiné la partie recettes en repoussant à plus tard l’étude des besoins. Vous allez voir : quand nous débattrons des besoins, vous nous direz que les recettes votées ne suffisent pas ! À l’issue de l’examen de ce PLFSS, les soignants nous remercieront-ils ? Nous diront-ils qu’enfin, l’Assemblée nationale a donné aux hôpitaux ce dont ils ont besoin ? Les professionnels des Ehpad nous diront-ils que, sur le long terme, ils pourront se préparer au vieillissement de la population ? Toutes ces braves personnes qui travaillent dans les crèches se réjouiront-elles que l’Assemblée nationale leur ait enfin donné les moyens de traiter correctement les petits ? Non, certainement pas !
Tout ce que vous êtes en train de faire, c’est de gagner du temps sur vos agendas politiques ! Mais le peuple n’a pas le temps ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Je terminerai cette intervention en vous posant une question, madame la ministre, toujours au sujet des APL. Vous avez dit que nous en débattrions lors de l’étude du budget. J’aimerais savoir si l’accord que vous avez passé avec les socialistes (Protestations sur quelques bancs du groupe SOC) sur le budget prévoit que vous donniez un avis favorable au dégel… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – des députés du groupe LFI-NFP applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Monsieur le député Boyard, vous dites qu’on n’a pas le temps d’attendre. Mais la première fois qu’un amendement sur la CSG patrimoine vous a été proposé, vous n’avez pas eu le temps de le voter. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem et sur plusieurs bancs des groupes EPR et DR. Mme Anne-Cécile Violland applaudit également.) Je n’ai pas de leçons à recevoir de votre part sur la discussion des recettes et je pense qu’il serait bon de cesser les mauvaises polémiques. (Mêmes mouvements. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
C’est un débat de fond. Il est important et les Français nous regardent. Je suis d’accord avec vous, madame la ministre des comptes publics : nous ne pourrons pas dépenser plus, mais il faut dépenser mieux. Une réforme structurelle est nécessaire. Le tableau d’équilibre inclus dans cet article montre que deux branches sont massivement déficitaires : la branche vieillesse et surtout la branche maladie. Mais il faut aussi tout de même tenir compte du fait que certaines personnes qui relèvent de la branche dépendance – dite autonomie – finissent par être hospitalisées et que le reste à charge n’est alors pas le même. Quant à la branche vieillesse, une réforme des retraites est nécessaire – mais je crois que nous aurons l’occasion d’en reparler.
La droite républicaine reste convaincue de l’importance d’augmenter le taux d’emploi pour financer notre sécurité sociale. C’est pourquoi il faut diminuer le coût du travail, ce qui nécessite de ne pas augmenter les taxes ni d’en créer de nouvelles, mais bien de diminuer les dépenses. Pour y parvenir, il s’agit d’être capable de préserver le social, de lutter contre la fraude, de lutter contre l’assistanat et de diminuer la bureaucratie, qui coûte une fortune sans répondre jamais aux besoins de santé de nos compatriotes.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 589, 1545 et 1655.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 309
Nombre de suffrages exprimés 308
Majorité absolue 155
Pour l’adoption 138
Contre 170
(Les amendements identiques nos 589, 1545 et 1655 ne sont adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 587.
M. Yannick Monnet
Cet amendement pourrait s’intituler : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ». Il vise en effet à ouvrir le débat sur la Cades, qui ampute la sécurité sociale. C’est un vrai sujet. Aujourd’hui, on financiarise la sécu via la Cades puisque l’on est contraint d’emprunter sur les marchés financiers pour refinancer notre dette sociale, et à des taux exorbitants. Alors qu’avant, c’était simple : en cas de déficit, soit on augmentait les cotisations, soit on lançait un emprunt d’État avec la Caisse des dépôts et consignations, qui ne faisait pas porter la charge des intérêts sur la sécurité sociale. Mais depuis, les gouvernements successifs ont créé des systèmes tellement particuliers que nous, nous avons l’impression que votre intention, c’est de tuer la sécurité sociale par sa financiarisation.
Mme la présidente
Sur les amendements nos 1661 et 958, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 587 ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Voyons, monsieur Monnet, je ne cherche pas à tuer la sécurité sociale !
M. Yannick Monnet
Pas vous, évidemment.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Concernant la Cades, que la dette soit un vrai sujet et que son accroissement ait un lien avec la dette Covid, ce n’est pas faux. Mais est-ce le cas de toute la dette portée par la Cades ? Non. À l’époque, je faisais partie de ceux qui pensaient qu’une partie de la dette, notamment celle des hôpitaux, était plus liée au patrimoine immobilier national qu’aux dépenses liées au Covid et qu’on aurait pu imaginer autre chose. Jean-Pierre Door, qui siégeait alors sur nos bancs, soutenait cette démarche.
M. Fabrice Brun
Excellent Jean-Pierre Door !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
On n’a pas pu parvenir à un accord, mais je continue à penser que la dette transférée à la Cades aurait pu être moins importante.
Maintenant, faut-il réaffecter à l’assurance maladie les dépenses engagées pendant la pandémie et indûment affectées à la dette sociale, comme le propose l’amendement ? Je pense que ce n’est pas opportun. N’oublions pas que nous avons l’objectif, fixé par la loi organique, d’amortir la dette sociale via la Cades. Si nous adoptions votre amendement, je pense qu’il ne passerait pas le cap du Conseil constitutionnel. Nous sommes bloqués par le cadre organique actuel, qu’il faudrait revoir. Nous y serons bien obligés parce que les déficits financés par l’Acoss – l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale – atteignent un tel niveau qu’à long terme, il faudra revoir les modalités d’amortissement par la Cades. Mais notre pays ne pourra le faire à l’occasion d’un nouvel emprunt que quand il aura une trajectoire crédible – et je ne suis pas sûr qu’on soit en train de prendre une trajectoire qui nous mette en situation de bien renégocier.
Je vous invite à retirer l’amendement. Sinon, avis défavorable.
(L’amendement no 587, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 1661.
M. Christophe Bentz
Nous vous proposons ici des économies issues du contre-budget du Rassemblement national. L’idée est de lutter contre la suradministration de la santé, illustrée par les agences régionales de santé (ARS), des instances technocratiques et bureaucratiques, éloignées des réalités locales, que nous souhaitons supprimer. Il s’agit de diriger les efforts au bénéfice du soin des patients. Ainsi, deux amendements concernent la gestion des hôpitaux : l’un pour limiter à 10 % maximum le nombre de personnels administratifs, et celui-ci pour le réduire de 10 %. Cela ne concerne ni le personnel technique, ni le personnel affecté à la logistique, ni le personnel soignant, uniquement le personnel administratif stricto sensu. Voilà une économie simple à faire et à portée de main pour rendre plus efficace notre système de santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
J’ai lu avec attention votre amendement. Vous voulez réduire de 10 % le nombre de postes administratifs et vous en escomptez 300 millions d’euros d’économies pour l’assurance maladie… Je serais très intéressé de savoir comment vous arrivez à ce chiffre. Mais en tout cas, il y a un problème de définition de la notion de poste administratif. Une cadre de santé à l’hôpital est considérée comme occupant un poste administratif. Avant de voter éventuellement un tel amendement, il faudrait déjà définir ce qu’est un poste administratif. Je vous invite donc à retirer cet amendement – il a été rejeté par la commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Louis Boyard.
M. Louis Boyard
Enfin, le Rassemblement national sort du bois… Le mot « hôpital » n’apparaît même pas dans votre contre-budget. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.) L’année dernière, les hôpitaux demandaient 2 milliards, cette année 1 milliard, et votre proposition ne rapporterait que 300 millions ! C’est tout ce que vous avez à proposer aux hôpitaux ? Seulement 300 millions d’euros ?
M. Christophe Bentz
C’est mieux que rien !
M. Louis Boyard
La vérité, quand on regarde le détail de votre programme et de vos votes, est claire : comme vous votez contre la fin des exonérations de cotisations sociales sur les salaires au-dessus de 8 000 euros, où allez-vous trouver des budgets pour l’hôpital ? (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Concrètement, sur l’hôpital, vous n’avez ni projet ni programme, et c’est pourquoi vous faisiez jusqu’ici montre d’hypocrisie. On est content que vous sortiez du bois sur l’hôpital, parce que cela montre clairement que vous n’avez aucune proposition concrète. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Monsieur Bentz ?…
M. Christophe Bentz
Je vous remercie, monsieur le rapporteur général, pour votre réponse argumentée. C’est un débat que nous avons chaque année, et encore la semaine dernière en commission.
Pour ce qui est de la définition du personnel administratif, je prends les devants en précisant qu’elle n’inclut pas, par exemple, les secrétaires médicales. Pour une raison simple : nous cherchons à augmenter le temps médical dédié. On ne parle bien que du personnel administratif.
Et oui, monsieur Boyard, c’est chiffré et évalué à 300 millions d’économies, au bénéfice des hôpitaux. C’est exactement le même principe pour les ARS : leurs dépenses de fonctionnement s’élèvent à 630 millions par an, nous pensons qu’il est possible de les réduire d’un tiers, soit 210 millions d’économie. Oui, c’est chiffré et oui, c’est sérieux. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1661.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 307
Nombre de suffrages exprimés 295
Majorité absolue 148
Pour l’adoption 85
Contre 210
(L’amendement no 1661 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Guillaume Florquin, pour soutenir l’amendement no 958.
M. Guillaume Florquin
Par cet amendement, le Rassemblement national souhaite renforcer la reconnaissance des proches aidants, ces millions de Français qui chaque jour mettent leur vie entre parenthèses pour accompagner un parent âgé, un conjoint malade ou un enfant handicapé. Notre proposition est simple et juste : indexer l’indemnisation du congé du proche aidant sur les revenus, afin d’assurer une véritable compensation des pertes salariales à 100 % jusqu’au Smic, à 80 % jusqu’au salaire médian et à 50 % au-delà. Nous proposons également la création d’une indemnité spécifique de 300 euros par mois pour toute personne qui fait le choix d’accueillir ou de vivre auprès d’un proche dépendant.
Au-delà de l’aspect financier, cette mesure traduit une conception profondément humaine et familiale de la solidarité nationale. Elle s’inscrit dans la philosophie constante du programme défendu en 2022 par Marine Le Pen : replacer la famille, la dignité et la transmission au cœur du pacte social français. C’est une question de respect, de justice et de cohésion nationale. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
C’est un amendement d’appel. Le soutien aux aidants fait déjà l’objet d’une montée en charge depuis la loi que nous avons adoptée ici même le 15 novembre 2024 et qui a institué le droit au répit et les prestations de suppléance. Demande de retrait. Sinon, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Vous vous contentez de changer des chiffres dans un tableau, et on peut en faire plein d’autres choses. Si c’était aussi simple que cela de soutenir les aidants, cela se saurait. Nous, nous avons préféré agir concrètement. Je doute que votre proposition soit vraiment ce qu’attendent les aidants : ils demandent surtout des lieux de répit, des lieux de prise en charge et davantage de personnels formés, et le gouvernement y travaille. Vous proposez en l’espèce de prendre 100 millions à la branche famille en faveur de la branche autonomie, alors qu’il y a quelques heures à peine, vous vouliez surtout qu’on ne touche pas à la branche famille pour qu’elle puisse continuer à financer au même niveau l’aide à la natalité…. J’émets un avis défavorable.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 958.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 296
Nombre de suffrages exprimés 263
Majorité absolue 132
Pour l’adoption 80
Contre 183
(L’amendement no 958 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 564.
M. Hendrik Davi
L’article 14 présente le tableau prévisionnel d’équilibre des branches pour 2026. C’est l’occasion pour nous, les écologistes, de réaffirmer que pour préserver notre système de santé, améliorer l’accès aux soins et financer notre système de retraite, il aurait été nécessaire cette année de dégager au moins 21 milliards de recettes. C’est le programme en matière de sécurité sociale du groupe écologiste et social que nous vous avons proposé par nos amendements mais aussi au cours des discussions que nous avons pu avoir avec la ministre.
Nous avons proposé de revenir sur les exonérations de cotisations sociales, notamment pour les salaires au-dessus de 2 smic, et un gel général des autres exonérations de cotisations sociales. Nous avons proposé de revenir sur les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires. Nous avons aussi proposé d’augmenter la part des revenus du capital dans l’effort budgétaire. Mais en réalité, l’Assemblée a adopté très peu d’amendements allant en ce sens – je ne pense guère qu’à un seul amendement, et encore tout à la fin de cette deuxième partie.
Madame la ministre des comptes publics, vous aviez prévu 3 milliards de recettes dans votre copie initiale, et on arrive aujourd’hui à seulement 1 milliard de plus pour la sécurité sociale. Est-ce que vous êtes d’accord avec ce budget ? Pour nous, à ce stade, le compte n’y est pas.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 564, je suis saisie par le groupe Écologiste et social d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Rejeté par la commission. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Pierre-Yves Cadalen.
M. Pierre-Yves Cadalen
Cet amendement a le grand mérite de rappeler à tous les collègues, et ils doivent l’entendre, au moment où approche le vote de la partie recettes du PLFSS, que le compte n’y est pas ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Au regard des besoins de l’hôpital public, des besoins du secteur médico-social et des besoins que partout, nous constatons dans nos circonscriptions, le compte n’y est pas et toujours pour la même raison : vous avez protégé vos amis les plus riches, protégé les grandes entreprises (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS. – Exclamations sur les bancs du groupe EPR) et refusé de revenir sur les exonérations de cotisations sociales que vous avez abondamment versées sur les grandes entreprises ces dernières années, comme l’a rappelé le rapport sénatorial : 211 milliards d’aides publiques, des milliards et des milliards d’exonérations ! Et vous, toujours plein de mansuétude pour ces personnes que vous soutenez et dont vous représentez les intérêts, ces personnes qui causent le plus grand tort à notre système de santé… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés du groupe LFI-NFP applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
Je rappelle à nos amis de LFI…
Plusieurs députés du groupe RN
Ce sont vos amis, pas les nôtres !
M. Michel Lauzzana
…que s’il y a autant d’exonérations et de baisses de cotisations, c’est bien parce que nous taxons beaucoup trop nos entreprises et que sinon, elles n’auraient pas la possibilité d’investir et de participer à l’effort économique.
Je tiens à dire que le rapport sénatorial que vous venez d’évoquer n’est pas un rapport objectif. Par exemple, il comptabilise dans les aides celles qui sont à rembourser, c’est-à-dire tous les prêts aux entreprises. Il faudrait donc baisser de moitié l’évaluation du volume des aides aux entreprises, parce que les emprunts n’en sont pas. (M. Gabriel Attal et Mme Annie Vidal applaudissent.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 564.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 297
Nombre de suffrages exprimés 210
Majorité absolue 106
Pour l’adoption 17
Contre 193
(L’amendement no 564 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’article 14.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 308
Majorité absolue 155
Pour l’adoption 168
Contre 140
(L’article 14 est adopté.)
Après l’article 14
Mme la présidente
Nous en venons aux amendements portant article additionnel après l’article 14. Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 565 et 1039.
Sur ces amendements, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 565.
Mme Sandrine Runel
Il vise à interdire que le fonds de réserve pour les retraites (FRR) puisse investir dans des secteurs polluants – une autre aberration sociale et environnementale. Ce fonds a pour vocation d’assurer la protection sociale des générations futures, mais il peut procéder à des investissements de centaines de millions d’euros qui contribuent à abîmer notre planète et concourent au réchauffement climatique. Lui interdire de tels placements est une affaire de cohérence et de responsabilité. (M. Arnaud Simion applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Ersilia Soudais, pour soutenir l’amendement no 1039.
Mme Ersilia Soudais
Il faut mettre fin à cette hypocrisie ! Je parle d’hypocrisie parce que le fonds prétend se soucier grandement du réchauffement climatique, alors qu’il a investi 1 milliard dans de telles activités. Je pense notamment à des entreprises du secteur des énergies fossiles, comme TotalEnergies qui, en plus d’être climaticide, pose de graves problèmes en matière de respect des droits humains. (Brouhaha croissant.) Il suffit de voir ce qui se passe en Ouganda…
M. Alexandre Portier
On vote le budget de la France !
Mme la présidente
Pardon de vous interrompre, madame Soudais. Chers collègues, merci d’écouter l’oratrice, à qui il reste du temps de parole. Poursuivez, je vous en prie.
Mme Ersilia Soudais
En Ouganda, disais-je, TotalEnergies est responsable de forages pétroliers climaticides qui menacent un parc naturel mais aussi de violences sexuelles, de déplacements forcés d’habitants et d’une violente répression des mouvements d’opposition. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
La commission les a rejetés. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 565 et 1039.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 311
Nombre de suffrages exprimés 306
Majorité absolue 154
Pour l’adoption 126
Contre 180
(Les amendements identiques nos 565 et 1039 ne sont pas adoptés.)
Article 15
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
Nous en arrivons à l’objectif d’amortissement de la dette sociale. Vous êtes nombreux à vouloir supprimer l’article qui le fixe et, donc, la Cades. Je rappelle qu’en 2019, la dette sociale arrivait à extinction, mais qu’elle a dû être reconstituée en raison de la crise sanitaire de 2020, pendant laquelle les Françaises et les Français ont été mieux aidés que tous les autres Européens. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.) Fallait-il leur faire payer les vaccins ou le dépistage du covid ? De plus, les salariés qui ne pouvaient pas aller travailler percevaient 80 % de leur rémunération. Ceux qui contestent aujourd’hui la dette sociale nous disaient alors que ce n’était pas assez, qu’il fallait une indemnisation totale. (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe EPR. – M. Jean-Luc Bourgeaux applaudit également. ) Soyons un peu raisonnables !
Mme la présidente
La parole est à Mme Gabrielle Cathala.
Mme Gabrielle Cathala
Madame la ministre, j’ai entendu votre numéro d’autosatisfaction. Nous arrivons à la fin du débat sur les recettes. Votre copie initiale prévoyait 15 milliards d’euros de mesures d’austérité. Au cours du débat, nous avons récupéré environ 3 milliards de recettes, mais il en manque toujours 12 ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Ensuite, vous avez dit que les dépenses de santé allaient augmenter. C’est totalement faux : il y a 7 milliards en moins pour la santé dans la version initiale de la partie dépenses du texte, dont nous n’avons pas encore commencé la discussion.
Ils s’ajoutent à tous les milliards retranchés depuis 2017. Qui a supprimé près de 40 000 lits d’hôpitaux depuis cette date, dont 5 900 en pleine pandémie ? (Mêmes mouvements.) Qui en a fermé 4 800 en 2023 ? Qui est responsable du fait que plus de 90 % des hôpitaux et des Ehpad n’arrivent pas à recruter ? À l’heure où nous parlons, 15 000 postes d’infirmiers sont vacants dans les seuls hôpitaux publics, c’est-à-dire sans compter tous ceux qui manquent dans le secteur libéral. Du côté des aides-soignants, il y a 5 000 postes vacants et il en manquera 80 000 en 2050 pour faire face au vieillissement de la population et à la hausse des besoins. Vous êtes les responsables de cette situation. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Elsa Faucillon applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Madame Cathala, je vous invite à comparer le PLFSS de 2026 avec celui de 2017. Contrairement à ce que vous venez de dire en mentant devant tout le monde, les dépenses étaient de 170 milliards d’euros en 2017, alors que nous en sommes à 262 milliards. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR. – M. Paul Christophe applaudit également.) Même un enfant de sixième saurait faire la soustraction ! Vous n’avez pas le droit de dire des choses comme ça !
M. Erwan Balanant
Vous avez menti aux Français !
M. Philippe Vigier
C’est scandaleux,…
Mme Danièle Obono
Ce qui est scandaleux, c’est que vous soyez au pouvoir depuis huit ans.
M. Philippe Vigier
…d’autant que je n’ai même pas compté les dépenses des mutuelles ! Vous ne pouvez pas raconter que la prise en charge de la santé des Françaises et des Français a baissé. (Protestations prolongées sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Pendant la covid, vous étiez les premiers à réclamer ici, chaque semaine, des crédits complémentaires. Vos méthodes, ça suffit ! Vos mensonges répétés ne feront jamais une vérité. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem. – Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback applaudit également.)
Mme la présidente
Sur les amendements identiques nos 1040 et 2498 et les amendements identiques nos 1042 et 2497, je suis saisie par le groupe La France Insoumise-Nouveau Front populaire de demandes de scrutin public. Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 1040 et 2498, tendant à supprimer l’article 15.
Sur ces amendements, ainsi que sur les amendements identiques nos 1042 et 2497, je suis saisie par le groupe La France Insoumise-Nouveau Front populaire de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1040.
Mme Élise Leboucher
Nous appelons à supprimer cet article qui fixe les objectifs d’amortissement de la dette sociale par la Cades et les prévisions de recettes du FRR. En 2020, le gouvernement a décidé de transférer la dette covid à la Cades, qui a ainsi vu le montant qu’elle est censée rembourser gonfler de 136 milliards d’euros. Le remboursement de cette dette immobilise 16,4 milliards d’euros – une privation d’autant pour les ressources. La dette qu’il s’agit de rembourser est illégitime. Elle a été imposée par la droite et gonflée par la Macronie dans le but de servir des intérêts sur les marchés financiers. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Annie Vidal
Vous ne pouvez pas dire ça !
Mme Élise Leboucher
En 2024, la Cades s’est acquittée de 3,2 milliards de charges financières. Au premier semestre 2025, les marchés financiers ont déjà coûté à 1,4 milliard à la sécu.
M. Philippe Vigier
C’est faux !
Mme Élise Leboucher
La Cades a déjà payé 75 milliards d’euros d’intérêts aux créanciers et de commissions aux banques. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est écrit dans le rapport de la mission Rist-Clouet sur la gestion de la dette sociale. (Mêmes mouvements.) Pour toutes ces raisons, nous souhaitons supprimer cet article, qui oriente les recettes sociales vers la Cades. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Emmanuel Maurel, pour soutenir l’amendement no 2498.
M. Emmanuel Maurel
La Cades, qui a été instaurée par le plan Juppé de sinistre mémoire, est une façon de financiariser la sécurité sociale et d’assécher ses ressources. Nous contestons et continuerons à contester le transfert de la dette dite covid à la sécu. Pour compléter ce qui vient d’être dit, je souligne – et c’est le point principal de notre opposition – que si l’État remboursait ce qu’il doit à la sécurité sociale, c’est-à-dire toutes les exonérations de cotisations sociales décidées au fil des ans, celle-ci ne serait pas contrainte d’emprunter autant sur les marchés et donc de payer autant de frais et d’intérêts qui alourdissent son fardeau. Nous contestons un système profondément injuste visant, in fine, à donner toujours plus d’argent aux marchés et toujours moins à la sécurité sociale, qui en a pourtant tant besoin.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je vous épargnerai le couplet sur le fait que nous discutons d’un article obligatoire prévu par la loi organique, même si c’est le cas. Sur près de 660 milliards d’euros de recettes, moins de 20 milliards sont consacrés au remboursement de la dette sociale. Supprimer l’objectif d’amortissement comme vous voulez le faire reviendrait à arrêter de rembourser cette dette. Nous ne l’honorons pas pour faire plaisir à des créanciers mais parce que nous le devons aux générations futures. Dans quel monde arrête-t-on de payer ses dettes ?
M. Manuel Bompard
En France !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il s’agit d’une affaire de responsabilité. Avis défavorable sur ces amendements – rejetés par la commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
La sécurité sociale doit-elle ou non avoir des dettes ? Voilà un débat de fond ! Si l’on décide que la sécurité sociale ne remboursera plus sa dette, il faudra la fusionner avec l’État dans un grand tout financé par l’impôt. Cela revient à sortir du modèle de 1945. Si la dette de la sécu devient une partie de la dette publique, toute la gouvernance de la protection sociale doit être revue. Monsieur Monnet, nous avons eu beaucoup de débats mais, sur celui-ci, je vais ressortir mon expression favorite : c’est un bon débat pour la présidentielle.
Mme la présidente
La parole est à Mme Alma Dufour.
Mme Alma Dufour
Je tiens à répondre aux interpellations de M. Vigier, qui a dit que nous mentions. Puisqu’il faut vous dire les choses crûment, je vais le faire. Dans cet hémicycle, il y a 577 places. Imaginez le triple : c’est le nombre de gens qui meurent chaque année dans un couloir d’attente des urgences, par manque de prise en charge. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Annie Vidal proteste.) Vous connaissez ce chiffre comme moi, madame Vidal. Et je ne compte pas tous les gens décédés pendant qu’on les balade d’un hôpital à l’autre alors qu’ils ont fait un infarctus. Toujours pour vous parler crûment, la réalité, ce sont des personnes âgées qui décèdent après avoir été attachées pendant quatre-vingts heures sur des brancards, comme c’est arrivé à M. Saint-Martin dans ma circonscription de Rouen. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.) Ce sont des soignants dans les Ehpad, obligés d’endormir les résidents à 17 heures avec des cachets parce qu’ils n’ont pas le temps de faire la tournée du soir. C’est l’hôpital Georges-Pompidou, qui organise une cagnotte Leetchi pour acheter un scanner. (Protestations sur les bancs du groupe EPR.) C’est 19 millions d’euros en moins pour la recherche sur les cancers pédiatriques.
M. Philippe Vigier
Vos propos sont indignes !
Mme Alma Dufour
V oilà l’état de l’hôpital aujourd’hui ! Regardez les choses en face ! (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
Rappel au règlement pour mise en cause personnelle, sur la base de l’article 100. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Je connais très bien le fonctionnement de l’hôpital.
Mme la présidente
Ce n’est pas le bon article, Madame Vidal. Vous auriez dû citer le troisième alinéa de l’article 70. (Les exclamations redoublent.)
Mme Annie Vidal
Peu importe ! Je n’accepte pas d’être ainsi personnellement mise en cause.
Mme la présidente
Si, cela importe, Madame Vidal ! (Mme la présidente coupe le micro de la députée. – Exclamations sur les bancs des groupes EPR et LFI-NFP. – Invectives.)
Mme Sophia Chikirou
Vous êtes tous responsables !
Mme la présidente
Écoutez-moi, s’il vous plaît ! La séance s’est très bien passée jusqu’à présent et je compte que cela dure jusqu’à 20 heures. On continue !
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Je suis d’accord avec Mme la ministre : c’est un débat pour la présidentielle, à condition qu’on ait encore une sécurité sociale en 2027. Nous ne demandons pas que la sécu ne rembourse pas ses dettes mais qu’on cesse de lui en imposer de nouvelles, comme cela s’est passé avec la Cades. Si on veut vraiment sauver la sécu, on la soustrait du pouvoir politique et on revient à une gestion paritaire, comme en 1945, qui se passait très bien. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et LFI-NFP. – M. Hendrik Davi applaudit également.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 1040 et 2498.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 313
Nombre de suffrages exprimés 313
Majorité absolue 157
Pour l’adoption 65
Contre 248
(Les amendements identiques nos 1040 et 2498 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je suis saisie de trois amendements, nos 1042, 2497 et 1592, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 1042 et 2497 sont identiques.
Ils font l’objet de deux demandes de scrutin public de la part du groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire.
Ces scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1042.
Mme Ségolène Amiot
Il s’agit de rattraper un retard en supprimant enfin la Cades, qui aurait dû disparaître il y a quinze ans.
Alors que l’État fait rouler sa dette, ne remboursant que les intérêts de ce qu’il a emprunté à l’aide d’impôts et de taxes, la Cades rembourse les intérêts et le capital en captant une partie des cotisations versées par les travailleuses et les travailleurs. Via la Cades, l’État a en outre transféré sa dette Covid à la sécurité sociale, de sorte que nous remboursons encore une dette contractée par le premier et non par la seconde. Il est grand temps d’y mettre un terme, conformément aux préconisations de l’excellent rapport Rist-Clouet – je regrette d’ailleurs l’absence de la ministre de la santé. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Julien Brugerolles, pour soutenir l’amendement no 2497.
M. Julien Brugerolles
À travers cet amendement de repli, nous réitérons notre opposition à l’outil de financiarisation que constitue la Cades. La dette sociale n’est pas une fatalité ; elle résulte d’une série de décisions politiques intervenues dans le cadre du plan Juppé, en 1996 : la création de la Cades, l’institution des lois de financement de la sécurité sociale et, dans leur sillage, de l’Ondam. Ces mesures ont modifié les missions de la sécurité sociale aussi bien que sa gestion.
Les députés communistes s’y étaient d’ailleurs fermement opposés à l’époque. Ils mettaient en garde contre la transformation des besoins en charges insoutenables, au profit d’une gestion sans vision d’ensemble ni perspective de santé publique, oublieuse de la nature même de la sécurité sociale.
L’article 15 touche donc au cœur du problème. Pour quiconque souhaite préserver notre modèle de sécurité sociale, il est grand temps de faire le choix politique d’en finir avec la Cades. (M. Stéphane Peu applaudit.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin
Pour les raisons que j’ai exposées précédemment – il faut que nous remboursions notre dette sociale –, je m’opposerai à ces amendements, rejetés en commission.
Sur l’amendement no 1592, j’avoue ne plus comprendre La France insoumise. Vous qui dénoncez tous les jours la financiarisation, vous voulez préserver le FRR d’une ponction de 1,4 milliard, alors que les actifs de ce fonds sont gérés selon une logique de rendement boursier. Sans doute vous êtes-vous trompés. Je vous invite à retirer votre amendement ; sinon, avis défavorable.
Mme la présidente
Veuillez m’excuser, monsieur Bompard : vous avez la parole pour soutenir l’amendement no 1592.
M. Manuel Bompard
Merci, madame la présidente.
Monsieur Bazin, vous avez donné un avis sur amendement avant qu’il ait été présenté et que je vous aie précisé qu’il s’agissait d’un amendement de repli, consistant à supprimer les versements annuels du FRR qui abondent la Cades, à hauteur de 1,5 milliard d’euros.
Le débat sur la Cades est intéressant. En effet, il permet de montrer que les grands discours sur le déficit de la sécurité sociale, prétendument entre 15 et 20 milliards, sont purement artificiels. En vérité, cette somme correspond précisément au montant qui est retiré chaque année à la sécurité sociale pour abonder la Cades. Par conséquent, il n’existe pas de déficit de la sécurité sociale en France ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Or c’est au nom de ce déficit que vous voulez imposer aux Françaises et aux Français de faire encore plus d’efforts, de travailler encore plus longtemps, d’être moins bien soignés. Il n’y a pas besoin de faire ça, il suffit de faire rouler la dette de la Cades, sans demander davantage d’efforts aux Françaises et aux Français, qui ne sont pas responsables de cette situation. Tel est l’état d’esprit qui inspire cet amendement de repli. (Nouveaux applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie de Montchalin, ministre
En un mot, vous dites : Nous ne sommes pas responsables, nous pouvons faire rouler la dette et régler ainsi le problème. Je vous réponds une chose simple : nos enfants ne seront pas plus responsables demain des problèmes d’aujourd’hui, mais ils risquent pourtant de ne pas pouvoir s’offrir des soins car ils auront à payer la facture. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Pierre-Yves Cadalen
Ce sera le réchauffement climatique, leur problème !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Faire rouler la dette revient à se dire : Après moi, le déluge, le futur pourvoira, l’intendance suivra. Il me semble que ce ne peut pas être la décision de notre génération vis-à-vis de celles et ceux qui nous suivront. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi.
M. Hendrik Davi
Madame la ministre, le problème de nos enfants demain, ce sera le changement climatique, pas la dette de la Cades. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)
Je voudrais rappeler quelques vérités. Jusque dans les années 1980, il n’existait pas de déficit de la sécurité sociale. Pourquoi ? Parce qu’on ajustait mécaniquement le taux de cotisation aux dépenses. Autrement dit, on ajustait les moyens aux besoins. C’est en limitant l’augmentation des taux de cotisation à partir des années 1980 que l’on a créé les déficits, de sorte qu’ils sont totalement factices. L’objectif de tous les pouvoirs qui ont procédé ainsi était de tuer la sécurité sociale. Les 80 milliards d’euros qu’ont atteints les exonérations de cotisations sociales sont le symbole de cette volonté de tuer la sécurité sociale. (Mme Annie Vidal proteste.)
Pourquoi voulez-vous tuer la sécurité sociale ? Vous ne le dites pas clairement, mais c’est pour transférer les retraites aux fonds de pensions et l’assurance maladie aux assurances privées. Voilà ce que vous voulez faire !
M. Laurent Croizier
N’importe quoi !
M. Hendrik Davi
N’oubliez pas que derrière ces chiffres et ces stratégies, il y a des hommes et des femmes, des retraités qui renoncent à des soins et des patients qui meurent prématurément aux urgences ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à M. Manuel Bompard.
M. Manuel Bompard
Madame la ministre, alors que nous débattons d’un budget complètement à côté de la plaque du point de vue climatique et environnemental, vous invoquez ici, au banc de l’Assemblée nationale, l’avenir des générations futures. Franchement, vous n’avez pas honte ? Alors que vous êtes loin d’atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, alors que des gens issus de votre propre majorité reconnaissent qu’il faudrait consacrer entre 40 milliards et 50 milliards d’euros chaque année à la lutte contre le changement climatique et que vous ne faites rien sur ce sujet, n’y consacrant pas un euro de plus que dans le budget précédent, vous nous donnez des leçons sur les générations futures ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Quant à la dette, cessez de faire peur aux gens pour rien ! En réalité, on fera ce que l’on a toujours fait : faire rouler la dette, qui fond petit à petit, du fait de l’inflation. Du reste, madame la ministre, si vous étiez sincère sur cette question, vous auriez défendu la position qui était la nôtre au moment de la crise sanitaire : annuler une partie de la dette du covid, afin que nous n’ayons pas à la payer… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés du groupe LFI-NFP applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 1040 et 2497.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 314
Nombre de suffrages exprimés 235
Majorité absolue 118
Pour l’adoption 66
Contre 169
(Les amendements identiques nos 1040 et 2497 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1592.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 308
Nombre de suffrages exprimés 234
Majorité absolue 118
Pour l’adoption 66
Contre 168
(L’amendement no 1592 n’est pas adopté.)
(L’article 15 est adopté.)
Article 16
Mme la présidente
Deux orateurs sont inscrits sur cet article.
La parole est à Mme Joëlle Mélin. (M. Damien Maudet s’exclame.)
Mme Joëlle Mélin
Je suis ravie de constater que M. Maudet prend la parole. Sans quoi, j’aurais été étonnée que personne ne réagisse au contenu, très grave, de cet article. Le montant de l’emprunt souscrit par l’Acoss doit nous interpeller. En toute logique, cet organisme n’aurait dû être qu’une boîte aux lettres. Il est le seul de ses homologues en Europe à avoir des dettes et à contracter des emprunts, ce qui est tout à fait anormal.
Voilà maintenant trente ans que nous vivons à crédit ! Voilà trente ans que nous accumulons les dettes, dont celle de l’Acoss, qui a augmenté de plus de 70 milliards d’euros en quinze ans. En 2030, la dette de l’Acoss sera aussi élevée que celle de la Cades, laquelle a déjà remboursé 400 milliards à ce jour, soit 13 milliards d’euros par an. Nous passons notre temps dans les dettes et les déficits.
Il existe certes des problèmes de recettes, conjoncturels ou structurels, mais on peut relever une dégradation puisqu’elles ont baissé de 50 milliards d’euros depuis que le président Macron dirige notre pays. Les dépenses peuvent également varier à la hausse, tant à cause du vieillissement et des maladies chroniques que de l’évolution d’ensemble de la démographie. Il n’en demeure pas moins que cette année, nous avons reçu quatre avis du comité d’alerte et que les rapports alarmants se succèdent, qu’ils émanent de la Cour des comptes ou du Haut Conseil des finances publiques (HCFP). Voilà qui doit nous inviter à nous arrêter un instant et à nous questionner.
C’est bien cette situation, madame la ministre des comptes publics, qui a motivé notre demande de commission d’enquête sur les comptes de la sécurité sociale, et non je ne sais quelle arrière-pensée négative. À ce stade, il n’est tout simplement plus possible de continuer à fonctionner ainsi. Il est temps de savoir ce qu’il en est des comptes sociaux dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Benjamin Lucas-Lundy.
M. Benjamin Lucas-Lundy
Depuis le début de l’examen de ce texte, Mme la ministre et d’autres membres du gouvernement nous enjoignent d’attendre l’élection présidentielle de 2027 pour aborder certains débats importants. Je voudrais lui rappeler que siège ici l’Assemblée nationale la mieux élue en termes de participation depuis des décennies et que nombre de nos concitoyennes et concitoyens sont confrontés à des urgences qui ne peuvent pas attendre – des malades meurent sur des brancards dans des hôpitaux surchargés, comme l’a rappelé Alma Dufour ; des services publics et des établissements de santé disparaissent de certains territoires populaires ou ruraux.
En outre, bien qu’une majorité absolue ne se dégage pas dans cette assemblée, nous avons été élus avec un mandat très clair : tourner la page de la politique d’Emmanuel Macron, faite de cadeaux aux ultrariches et d’offrandes fiscales aux grandes entreprises, sans contrepartie. C’est avec ce bilan-là que vous refusez de rompre. Ce sont les mesures sur lesquelles, par dogmatisme et par sectarisme, les macronistes présents dans cette assemblée refusent de revenir, souvent main dans la main avec l’extrême droite. (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)
Madame la ministre, nous n’attendrons pas 2027 pour répondre aux urgences des Françaises et des Français et pour relever les grands défis de l’avenir qui attendent nos enfants ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
M. Laurent Croizier
Vous parlez pour ne rien dire !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie de Montchalin, ministre
J’aurai, sur cet article 16, un ton peut-être encore plus grave que sur les précédents. Pour qu’un pays fonctionne, il faut qu’il puisse lever l’impôt et qu’il puisse financer la sécurité sociale. J’entends les questions que pose Mme Mélin, mais sans cet article, la sécurité sociale ne pourrait pas fonctionner l’année prochaine. Malheureusement, il existe un déficit, des dettes accumulées, et certains peuvent aussi regretter l’insuffisance des recettes, mais nous sommes confrontés à une réalité indépassable : nous devons donner à la sécurité sociale les moyens de se financer. C’est ce à quoi tend cet article. Par conséquent, mesdames et messieurs les députés, je vous invite tous, indépendamment de nos divergences, de vos propositions et des dispositions figurant dans la suite du texte en matière de politique publique, à donner à la sécurité sociale les moyens de fonctionner.
Quant aux débats sur les dépenses et les urgences, monsieur Lucas-Lundy, c’est tout l’objet de la troisième partie du PLFSS que de les traiter, point par point – des hôpitaux aux difficultés d’accès aux soins, en passant par la situation des médecins, des infirmières et des kinésithérapeutes. Ce débat de politique publique commencera immédiatement après l’adoption de cet article, mais pour qu’il ait lieu, il faut que nous donnions à la sécu les moyens de se financer. Voter l’article 16 ne sert qu’à cela, mais il s’agit déjà d’un grand pas.
(L’article 16 est adopté.)
Après l’article 16
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 1083 et 1043, pouvant être soumis à une discussion commune.
L’amendement no 1083 est défendu.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1043, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement.
Mme Élise Leboucher
Au travers de cet amendement, nous souhaitons dénoncer la financiarisation de la sécurité sociale et insister sur la nécessité pour l’Acoss de se financer par l’emprunt, en priorité auprès de la Caisse des dépôts.
Depuis 2021, l’Acoss se finance uniquement sur les marchés financiers, alors qu’elle usait auparavant de son droit de se financer auprès de la Caisse des dépôts. Or la remontée des taux d’intérêt en 2023 a entraîné une augmentation significative des charges financières supportées par cet organisme : les intérêts acquittés par la Cades sont passés de 1,3 milliard en 2022 à 3,4 milliards en 2024. Trouvez-vous normal que l’on demande de couper dans les dotations à l’hôpital public, tout en donnant 3,4 milliards d’euros à des acteurs financiers ?
La financiarisation accrue des besoins de financement à court terme des organismes de sécurité sociale est une impasse. Il est grand temps d’arrêter de rémunérer des acteurs financiers à travers ce qui constitue un véritable transfert annuel de plusieurs milliards d’euros depuis les classes populaires et moyennes, qui supportent la CSG et la CRDS, vers les privilégiés qui disposent de titres financiers. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Rien n’interdit à la Caisse des dépôts de venir en aide à l’Acoss ; elle l’a d’ailleurs fait pendant la covid, en mars 2020. L’Acoss se finance surtout à court terme, ce qui lui permet d’ajuster chaque jour le volume de ses émissions en fonction des besoins. Il n’est pas certain, d’ailleurs – je pense que vous serez sensible à cet argument –, que la Caisse des dépôts soit en mesure d’accorder des prêts de ce montant sans compromettre ses autres activités de prêt, qui sont essentielles pour financer certains investissements tant attendus dans nos territoires. Je pense très sincèrement qu’il faut laisser aux gestionnaires de l’Acoss le soin de définir les modalités de financement qui leur permettent de remplir leurs missions le plus efficacement possible, c’est-à-dire de servir les prestations auxquelles ils ont droit à l’ensemble des assurés sociaux. Avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
La Caisse des dépôts est un filet de sécurité pour l’Acoss. Pendant le covid, cette dernière s’est vu prêter 20 milliards d’euros parce que ses besoins ont augmenté d’un seul coup et que les marchés financiers n’étaient pas immédiatement disponibles pour assurer ce financement. Jean-Pierre Farandou, Stéphanie Rist et moi-même sommes d’ailleurs en train de travailler à toutes les options à même de sécuriser ses financements.
L’année dernière, vous avez voté pour que l’Acoss puisse désormais emprunter sur une durée allant jusqu’à deux ans, afin d’éviter qu’elle ne se retrouve entre les mains de financiers qui pourraient, par opportunisme, nous mettre sous pression. L’Acoss a signé une convention avec la Caisse des dépôts, qui est donc disponible pour assurer son financement. Le problème du système actuel, ce n’est donc pas que l’Acoss puisse ou non accéder aux marchés pour se financer ; c’est qu’elle fasse rouler sa dette en empruntant des sommes très élevées sur des maturités courtes, ce qui pose des questions beaucoup plus structurelles – il en a été question précédemment.
Je pense qu’à très court terme, si nous votions vos deux amendements, la capacité de l’Acoss à se financer à des taux faibles s’en trouverait restreinte. La Caisse des dépôts n’a pas prévu de mettre sur son bilan, l’année prochaine, 83 milliards d’euros de plus à financer ! Je comprends qu’il s’agit d’amendements d’appel, mais vous proposez un modèle qui, pour l’année 2026, ne serait pas praticable. Retrait ou défavorable.
(L’amendement no 1083 est adopté ; en conséquence, l’amendement n° 1043 tombe.)
Article 17 et annexe
Mme la présidente
L’amendement no 590 de M. Yannick Monnet, qui vise à supprimer l’article 17, est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il a été adopté par la commission. Il est vrai que l’annexe fait désormais état de nombreux éléments qui n’ont plus aucun rapport avec ce qui est ressorti de nos délibérations. Il conviendrait de la corriger car il faut que l’annexe soit en cohérence avec l’ensemble des décisions que nous prenons. Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Ma position est similaire : l’annexe est très importante pour résumer l’ensemble des travaux effectués sur le PLFSS. À ce stade, il est cependant devenu très difficile de l’amender point par point, notamment parce qu’ont été votés, aujourd’hui même, de nombreux transferts entre la CSG, les départements et d’autres caisses de sécurité sociale. Je m’en remets donc moi aussi à la sagesse de l’Assemblée. Le texte de l’annexe ayant perdu de sa pertinence, le débat que nous aurions à son sujet risque de nous amener dans une sorte de réalité parallèle ! À vous de décider si vous voulez tout de même le mener à bien, mais peut-être est-il préférable d’attendre que nous y voyions plus clair.
Mme la présidente
La parole est à Mme Mathilde Panot.
Mme Mathilde Panot
Je demande une suspension de séance de dix minutes, s’il vous plaît.
Mme la présidente
Elle est de droit. La séance est suspendue pour dix minutes.
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures trente-cinq, est reprise à seize heures cinquante.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
(L’amendement no 590 est adopté ; en conséquence, l’article 17 ainsi que le rapport annexé sont supprimés, et les amendements suivants tombent.)
Seconde délibération
Mme la présidente
Avant de mettre aux voix l’ensemble de la deuxième partie du projet de loi, je vous informe qu’en application de l’article 121-3 du règlement, la commission demande qu’il soit procédé à une seconde délibération de l’article 7 quater et de l’amendement no 2115 portant article additionnel après l’article 12.
Sur l’amendement no 2, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Article 7 quater (seconde délibération)
Mme la présidente
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales, pour soutenir l’amendement no 1.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Je présente cet amendement no 1 conformément à ce que j’avais indiqué après l’adoption de l’amendement no 111, devenu l’article 7 quater, qui prévoit la suppression de la C3S.
L’amendement no 111, vous le savez, était un amendement d’appel, dont la discussion avait donné lieu à un débat général sur le bien-fondé de la C3S, sur ses modalités et sur l’opportunité de la faire évoluer. L’amendement avait été retiré par son auteur, mais avait été repris par le groupe Rassemblement national. Il avait été adopté, nous nous en souvenons tous, dans une forme de confusion réelle (« Non ! » sur les bancs du groupe RN), puisque sa portée véritable n’a été précisée qu’après le vote, par le rapporteur général et la ministre de l’action et des comptes publics.
M. Fabien Di Filippo
Passons au vote !
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Compte tenu de l’importance de l’amendement no 111 et, surtout, des conditions dans lesquelles il a été discuté et voté, j’ai demandé qu’il soit procédé à une seconde délibération. Je soumets donc à vos suffrages cet amendement no 1 qui tend à supprimer l’article 7 quater.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
La commission n’a pas examiné l’amendement no 1. Je vous rappelle les enjeux.
M. Fabien Di Filippo
Très brièvement !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Dans sa version initiale, le PLFSS prévoyait un déficit de 17,5 milliards d’euros pour la sécurité sociale. Avec l’ensemble des décisions que nous avons prises, y compris la suppression de la C3S, le déficit s’élève désormais à 26 milliards, avant même que nous discutions la troisième partie relative aux dépenses, notamment les articles 44 et 45 bis – qui portent sur les retraites – et l’Ondam hospitalier – objectif national de dépenses d’assurance maladie relatives aux établissements de santé. Si nous revenons sur la suppression de la C3S, le déficit s’établira à 20,6 milliards.
L’enjeu n’est donc pas négligeable. Il faut préserver l’équilibre de nos comptes sociaux. Compte tenu de son impact, l’article 7 quater, issu de l’amendement no 111, déséquilibre de manière trop importante les comptes de la sécurité sociale.
Pour que les choses soient très claires, je précise que nous n’allons pas procéder à un nouveau vote sur l’amendement no 111 – il a été adopté. Ceux qui étaient contre l’amendement no 111 doivent voter pour le présent amendement de suppression. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
M. Emeric Salmon
Ne prenez pas les gens pour des idiots !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Si l’amendement est rédigé de manière assez simple, le sujet ne l’est pas.
Cette seconde délibération a été demandée par le président de la commission des affaires sociales ; c’est donc un choix du Parlement. Je tiens à vous faire part de l’avis du gouvernement quant à la discussion qui s’est engagée jeudi matin sur la C3S.
Le débat sur les impôts de production est évidemment légitime, mais la suppression, d’un trait de plume, d’un impôt de production qui rapporte 5,3 milliards suscite des interrogations.
M. Stéphane Rambaud
Pour les entreprises, c’est important !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Par ailleurs, cet impôt de production ne touche pas les PME. En 2014, il a été décidé qu’il ne s’appliquerait qu’aux entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 19 millions d’euros. Aussi la C3S ne concerne-t-elle que 27 000 entreprises – 1 % des entreprises, qui sont les plus grandes d’entre elles. Le secteur qui paie le plus de C3S est celui des banques, avec 1 milliard d’euros. Rappelons que le produit de la C3S est affecté à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), qui verse les retraites de base aux salariés du privé et aux indépendants.
M. Fabien Di Filippo
Tout cela a été dit ! Nous avons déjà eu le débat !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
La question qui vous est posée n’est pas celle du niveau des impôts de production. Je rappelle d’ailleurs que vous avez voté deux amendements au projet de loi de finances, l’un, de Philippe Brun, qui diminue de 1,8 milliard d’euros le montant de l’impôt sur les sociétés prélevé sur les PME, l’autre qui diminue de 1,3 milliard le rendement de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Le gouvernement n’a donc rien contre un débat sur la baisse des impôts de production. Il faut simplement se demander lequel on choisit et dans quelle proportion.
Un député du groupe RN
On a choisi !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Si vous votez contre l’amendement no 1 du président de la commission des affaires sociales, la situation sera très simple : la sécurité sociale aura 5 milliards d’euros de ressources en moins pour payer les retraites des Français ; les banques auront 1 milliard d’euros d’impôt en moins à payer. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, SOC, Dem et HOR.) Je suis donc très favorable à cet amendement no 1.
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Le groupe Démocrates est favorable à cet amendement. Il y a eu une forme d’imbroglio, mais il était juste de soulever la question des impôts de production. D’un côté, nous avons besoin des entreprises, car elles versent des salaires et des cotisations sociales qui financent la protection sociale. De l’autre, plus on charge la barque, moins les entreprises sont à même de faire face à la concurrence et de produire de la richesse, donc de verser ces cotisations.
M. Fabien Di Filippo
Le temps de parole est limité à une minute !
M. Nicolas Turquois
Nous sommes très attachés à la préservation de la sécurité sociale, qui est menacée dans ses fondements financiers. Compte tenu des équilibres pour l’année 2026, un tel impact de 5 milliards d’euros n’est pas acceptable. Nous sommes donc favorables au rétablissement de la C3S.
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy, pour un rappel au règlement. Sur le fondement de quel article du règlement le formulez-vous ?
M. Jean-Philippe Tanguy
L’article 101, alinéa 2, relatif à la seconde délibération.
Cette seconde délibération est absolument inacceptable. (Exclamations sur les bancs des groupes EPR, Dem et SOC.) Je rappelle aux groupes de gauche qu’ils sont, en temps normal, contre toute seconde délibération. Vous n’avez et ne défendez des principes que lorsque cela vous arrange ! Nous compterons et nous verrons qui est cohérent et qui est hypocrite ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Merci, monsieur Tanguy. Cette seconde délibération est conforme au règlement.
Article 7 quater (seconde délibération - suite)
Mme la présidente
La parole est à M. Manuel Bompard.
M. Manuel Bompard
Monsieur Tanguy, nous allons effectivement voir qui est cohérent. Nous allons voir si le Rassemblement national confirme sa volonté de faire un chèque de 5 milliards d’euros aux très grandes entreprises, en particulier aux banques, sur le dos de la sécurité sociale. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.)
M. Hervé de Lépinau
Il reprend l’argument de la ministre ! C’est la propagande gouvernementale !
M. Manuel Bompard
S’il manque 5 milliards dans les caisses de la sécurité sociale, vous allez nous dire qu’il faut doubler les franchises médicales – vous n’aviez pas prévu, dans votre contre-budget, de revenir sur cette mesure –,…
Mme Mathilde Panot
Exactement !
M. Manuel Bompard
…qu’il faut diminuer le remboursement de certains médicaments et qu’il faut rendre plus compliqué encore le recours aux arrêts maladie. En effet, si vous supprimez 5 milliards dans les comptes pour faire un chèque aux banques et aux très grandes entreprises, vous allez demander in fine aux Français de payer ! Nous allons effectivement voir qui est cohérent. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à M. Alexandre Loubet.
M. Alexandre Loubet
Madame la ministre, quel aveu ! Le premier ministre Lecornu avait affirmé que le Parlement était désormais souverain. En réalité, quand les votes du Parlement ne vous conviennent pas, vous les censurez en faisant procéder à une seconde délibération ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. – Exclamations sur les bancs du groupe EPR.)
Mme Annaïg Le Meur
C’est le président de la commission qui l’a demandée !
M. Alexandre Loubet
Oui, le Rassemblement national soutient les entreprises par la baisse des impôts de production ! Vous refusez cela. Je constate que certains groupes ici prétendent défendre des baisses de la fiscalité, mais se retrouvent à voter contre dès lors qu’elles sont sur le point de s’appliquer. Je pense notamment à Horizons, qui dit vouloir un « deal fiscal » de 50 milliards d’euros, mais semble renoncer aujourd’hui à cette promesse, alors que l’enjeu est seulement de 5 milliards.
Madame la ministre, certains des seuils que vous avez évoqués concernent également les PME : c’est par exemple le cas pour la C3S dont ne doivent pas seulement s’acquitter les ETI – les entreprises de taille intermédiaire – ou les grandes entreprises. Les PME, qui maillent le territoire, sont de véritables entreprises industrielles et participent à l’effort national d’exportation. Votre triste bilan – votre lamentable bilan –, qui se solde par un déficit commercial de près de 81 milliards d’euros, ne vous retient pas de continuer de pénaliser l’export en maintenant ces impôts de production ; c’est absolument scandaleux !
Vous devez, enfin, être bien en panique pour prendre les banques comme prétexte de votre politique ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Cet amendement suscite des débats ; j’ai de nombreuses demandes de prise de parole et j’en accorderai une à chaque groupe.
La parole est à M. François Ruffin.
M. François Ruffin
Quel aveu, monsieur Tanguy, que votre insistance pour que nous donnions 1 milliard d’euros aux banques ! Pour les prendre à qui ? Aux artisans, aux commerçants et aux indépendants, en vous livrant à un véritable hold-up sur leurs retraites ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
C’est un plaisir, madame la ministre, que de vous entendre parler comme vous l’avez fait des banques…
M. Hervé de Lépinau
L’aveu !
M. François Ruffin
…et de vous entendre dire qu’il n’y a aucune raison de leur faire un cadeau de 1 milliard.
Faisons de même pour les autres impôts. Oui, il faut aider l’industrie ; mais la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) ne profite à l’industrie que pour un quart, les trois autres allant, entre autres, à la finance.
Les premiers bénéficiaires des 20 milliards d’euros du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi n’ont pas été les entreprises industrielles mais Auchan, Casino et Carrefour. Si l’objectif de ces mesures est d’aider les secteurs soumis à la concurrence internationale, ne dilapidons pas les fonds publics : ciblons, ciblons, ciblons !
Mme la présidente
La parole est à M. Boris Vallaud.
M. Boris Vallaud
Le vote du Rassemblement national est-il déterminé par les dîners en ville de M. Bardella ? (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
M. Hervé de Lépinau
Le spécialiste !
M. Boris Vallaud
L’establishment que Jean-Marie Le Pen dénonçait, désormais, c’est vous ! (Mêmes mouvements.) Le parti des 200 familles, c’est vous ! Vous préférez épargner une entreprise comme Auchan pour que les commerçants de nos bourgs et de nos quartiers payent les impôts qu’elle ne paye pas.
M. Hervé de Lépinau
C’est de la démagogie au gros rouge qui tâche !
M. Boris Vallaud
Vous préférez que mon boulanger, mon artisan ou mon commerçant passent à la caisse, plutôt que la grande distribution, les assurances et les banques ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS. – M. Jean-Philippe Tanguy s’exclame.)
Vous ne trompez personne : vous vous êtes mis au service des puissants. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
(L’amendement no 1 est adopté ; en conséquence, l’article 7 quater est supprimé.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Je vous demande une suspension de séance, madame la présidente.
M. Éric Michoux et M. Hervé de Lépinau
La négo ! La négo !
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures cinq, est reprise à dix-sept heures quinze.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Après l’article 12 (seconde délibération)
Mme la présidente
La parole est à M. Karim Ben Cheikh, pour soutenir l’amendement no 2.
M. Karim Ben Cheikh
Il vise à affecter une petite fraction de la CSG à la Caisse des Français de l’étranger, la CFE. Cette caisse de sécurité sociale couvre les Français de l’étranger ayant choisi d’y cotiser. Nous avons beaucoup discuté, tout à l’heure, d’un rapport remis il y a trois mois par l’Igas. Ce rapport indique que, à modèle économique constant, la CFE va couler à court terme – autrement dit dans trois à quatre ans – alors que plusieurs centaines de milliers de Français de l’étranger en dépendent. Ce qui pèse principalement sur cette caisse, indique également le rapport, c’est sa mission de service public : une mission essentielle, puisque c’est la seule et unique solution de couverture sociale proposée aux Français de l’étranger.
Madame Genetet, je vous invite à lire attentivement le rapport. Il ne relève aucune mauvaise gestion au sein de cette caisse. Il indique que les coûts de gestion sont similaires à ceux de l’ensemble des acteurs du secteur. Il ajoute simplement qu’il faudrait engager une réflexion – c’est peut-être ce que vous souhaitez – pour que les entreprises soient davantage représentées au sein du conseil d’administration, composé aujourd’hui essentiellement de représentants des cotisants et des élus. Voilà la recommandation formulée par le rapport Igas-IGF.
Cet amendement vise à pérenniser la Caisse et pourrait assurer sa viabilité pour les décennies à venir. Nous réfléchissons à ce mécanisme depuis trois ans. À l’origine, je l’ai d’ailleurs présenté avec notre ancienne collègue, Éléonore Caroit, qui a rejoint le gouvernement.
Je vous propose tout simplement de sauver la Caisse des Français de l’étranger… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Monsieur Ben Cheikh, vous êtes constant dans votre combat : vous aviez déjà déposé cet amendement les années précédentes et, à chaque fois, vous appelez notre attention sur la situation de la protection sociale des Français de l’étranger. Nos débats montrent que des progrès sont possibles. Les Assises de la protection sociale, organisées par l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE), ont rendu leurs conclusions ; je n’en ai pas été destinataire, mais il me semble que le gouvernement doit travailler sur ces propositions.
Toutefois, votre amendement réduirait les ressources de la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades). Certes, il ne s’agit que de quelques dizaines de millions d’euros – et non d’un milliard – mais je pense qu’il faudrait au contraire les renforcer. C’est pourquoi je maintiens un avis défavorable.
Mes chers collègues, cette deuxième délibération n’a pas le même objectif que la précédente. Cette dernière concernait une disposition adoptée, et que nous souhaitions supprimer. Cette fois nous abordons une disposition qui n’a été adoptée : il vous revient de confirmer que vous la rejetez.
Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Le président de la commission des affaires sociales a proposé cette deuxième délibération car le chiffrage de la mesure que j’avais donné au micro était erroné.
Je m’en suis excusée et je vous confirme que le coût de la proposition initiale de M. Ben Cheikh est estimé entre 50 et 150 millions d’euros, et non pas à un milliard. Il était utile de faire preuve de transparence.
Vous menez ce combat pour la protection sociale des Français de l’étranger avec beaucoup de persévérance. L’enjeu est majeur car la Caisse est dans une situation difficile. Votre amendement propose de nouvelles ressources, mais il présente une fragilité juridique, car il n’est normalement pas prévu que la CSG soit affectée à autre chose que les caisses obligatoires de base de la sécurité sociale.
Compte tenu des enjeux qui nous attendent et des circonstances qui ont conduit à ce vote, je m’en remets toutefois à la sagesse de votre assemblée. (« Ah ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Karim Ben Cheikh.
M. Karim Ben Cheikh
Je remercie la ministre pour cet avis. Monsieur le rapporteur général, les Français établis hors de France sont assujettis à la CRDS et participent au financement de la Cades, donc au remboursement de la dette ainsi qu’à la solidarité nationale. D’ailleurs, ils sont également assujettis à la CSG. Pourquoi ne seraient-ils pas, eux aussi, destinataires de la solidarité nationale ?
Vous avez également évoqué les Assises de la protection sociale : ce que je propose correspond à l’une des principales propositions retenues par les Assises, et elle a reçu l’aval, transpartisan, de l’ensemble des élus des Français de l’étranger qui siègent à l’Assemblée des Français de l’étranger. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS et SOC.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy.
M. Jean-Philippe Tanguy
Nous voterons contre cet amendement. Pour la petite histoire, madame la ministre, lorsque vous vous êtes excusée d’avoir commis une erreur, j’ai fait une plaisanterie à l’adresse de la présidente Le Pen. C’est étrange, lui ai-je dit, Mme de Montchalin ne fait jamais d’erreur, cela doit être une fausse erreur. Nous avons maintenant l’explication : cet accès de modestie visait en réalité à acheter les Verts pour pas cher – un peu plus de 170 millions d’euros ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. – Sourires sur les bancs du groupe EcoS. – Mme la ministre fait un signe de dénégation.)
À une autre époque, sous le président Hollande, on les avait achetés pour 50 milliards, avec la fermeture des réacteurs nucléaires français ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.) Les Verts sont de moins en moins chers. Encore quelques semaines, et vous paierez pour être pigeonnés ! (Rires et applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 355
Nombre de suffrages exprimés 332
Majorité absolue 167
Pour l’adoption 153
Contre 179
(L’amendement no 2 n’est pas adopté.)
Mme Marine Le Pen
Oh, quel dommage ! (Sourires sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Sur la deuxième partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026, je suis saisie par les groupes Ensemble pour la République, Socialistes et apparentés et Droite républicaine de demandes de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Paul Christophe.
M. Paul Christophe
Je demande une suspension de dix minutes. (Protestations.)
Mme la présidente
Je l’autorise pour cinq minutes. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe HOR.) Il nous faut avancer et nous avons suspendu durant dix minutes il y a peu de temps.
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures vingt, est reprise à dix-sept heures trente.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Avant le vote, il y aura des explications de vote de deux minutes par groupe, car tous les groupes ont demandé à s’exprimer, mais, au préalable, la ministre souhaite intervenir.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Amélie de Montchalin, ministre
Nous voilà arrivés au terme de cette deuxième partie du PLFSS. Ces derniers jours et ces dernières nuits, nous avons donné un véritable exemple de démocratie – un hémicycle plein, des débats nourris traitant du fond, des visions différentes, des arguments échangés. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur plusieurs bancs du groupe Dem.) Nous avons montré que nous étions tous attachés à la sécurité sociale, mais aussi très conscients de sa situation et de ses besoins.
Deuxième remarque : voter pour ce texte ne signifie pas soutenir le gouvernement (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP), mais soutenir le débat. À l’inverse, voter contre serait mal compris de nos concitoyens (Mêmes mouvements) qui constateraient que les débats sur leur quotidien – l’hôpital, le soutien aux professions soignantes,…
M. Carlos Martens Bilongo
Elles n’ont pas besoin de vous !
Mme Amélie de Montchalin, ministre
…le handicap, la dépendance, la financiarisation de certaines professions médicales, mais aussi les retraites – n’ont pas lieu ici.
Nous en sommes à la première lecture. Voter cette deuxième partie, c’est garantir que le texte, tel que vous l’avez amendé, partira au Sénat, que vos modifications y seront étudiées, puis que le texte reviendra. Voter contre, c’est envoyer au Sénat la copie initiale alors qu’une majorité dans cet hémicycle souhaite la modifier.
On ne peut pas parler de déni démocratique et, en même temps, refuser que certains débats aient lieu ici. Ce vote sera votre choix souverain, comme depuis le début de nos débats. Nous avons l’occasion de montrer que les parlementaires ont réellement entre leurs mains les recettes et les dépenses de la sécurité sociale. C’est pourquoi je suis favorable à ce que vous donniez une chance au débat. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur plusieurs bancs du groupe Dem.)
Explications de vote
Mme la présidente
La parole est à M. Olivier Fayssat.
M. Olivier Fayssat (UDR)
De nombreuses raisons poussent les députés du groupe UDR à rejeter ce volet recettes du PLFSS. Je vais m’attarder sur la plus emblématique, la plus grave d’entre elles : la fin de la flat tax.
En passant le taux de la CSG sur les revenus du patrimoine de 9,2 à 10,6 %, vous l’augmentez de 15 %. Pensez-vous que les classes populaires et moyennes qui détiennent des assurances vie, des plans d’épargne logement (PEL), des plans d’épargne salariale ou des plans d’épargne en actions (PEA), essentiels au financement de notre économie et de nos emplois, seront augmentées de 15 % l’an prochain ? Cette mesure est une honte et je n’en blâme même pas la gauche, habituée qu’elle est à s’attaquer aux épargnants français. J’en accuse le gouvernement qui, pour sa survie,…
M. Alexis Corbière
Quelle honte !
M. Olivier Fayssat
…a cédé à ce chantage à la censure et a, dans le secret des interruptions de séance, bradé une des rares mesures intéressantes de la Macronie : la stabilisation des prélèvements sur le capital. Le taux était élevé – 30 % – mais prévisible dans le temps et cette prévisibilité avait conduit à un accroissement du rendement fiscal. La Macronie vient donc d’effectuer un double sabotage : sabotage du rendement, pourtant l’objectif officiel de cette mesure, et trahison des Français. Pire encore, nous avons été les témoins d’une suspension des travaux inopportune lorsque le vote du premier des amendements s’était révélé contraire aux attentes de la nouvelle alliance entre le PS et le gouvernement.
Je rappelle solennellement les mots de Friedrich Hayek (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR), Autrichien qui avait fui la montée du totalitarisme dans son pays natal :…
Mme Sandrine Rousseau
Pas Hayek ! Hayek, c’est l’ultralibéralisme !
M. Hadrien Clouet
Bientôt, il va citer Miloševic !
Mme Mathilde Panot
Et pourquoi pas Pinochet ?
M. Alexandre Portier
Pour une fois qu’on ne cite pas Marx !
M. Olivier Fayssat
…la liberté économique est une condition nécessaire à toute liberté politique. En votant cette augmentation, vous vous attaquez à la liberté. Le gouvernement, en choisissant le déshonneur pour éviter la censure,…
Mme Sandrine Rousseau
Le déshonneur, c’est de citer Hayek dans cet hémicycle !
M. Olivier Fayssat
…aura le déshonneur et la censure, le tout sur le dos de la liberté politique et économique des Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
M. Rodrigo Arenas
Belle servitude que la vôtre !
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Philippe Tanguy.
M. Jean-Philippe Tanguy (RN)
Le groupe RN votera contre la partie recettes du PLFSS, pour une raison simple : il faut rejeter la mascarade qui s’organise devant nos yeux et qui porte le nom de socialo-macronisme. (Rires sur les bancs du groupe SOC.) Qu’est-ce donc que le socialo-macronisme ? Toujours la même chose : commencer par désigner la grande finance, les milliardaires, comme l’ennemi du peuple français et finir par piquer 3 milliards d’euros aux classes moyennes et aux épargnants. (Protestations sur les bancs des groupes SOC et EcoS.) Les milliardaires, eux, seront bien sûr exonérés dans le cadre de votre grande réconciliation. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
La deuxième escroquerie du socialo-macronisme consiste à prétendre défendre le travail et la production. Nous avons réussi à voter 5 milliards de baisse des impôts sur la production et vous les avez rétablis, par la pire des magouilles possibles (Mêmes mouvements), alors que la proposition venait de vos propres rangs. Comment pouvez-vous avouer davantage votre hypocrisie ? Vous proposez un amendement que vous retirez ensuite ; nous le reprenons car nous y tenons de tout notre cœur ; l’amendement est adopté mais vous annulez le vote en seconde délibération. Toute votre hypocrisie est là : promettre beaucoup, réaliser jamais, et tout trahir, de concert avec les socialistes ! (Mme Laure Miller et M. Pierre Pribetich s’exclament.) Vous venez du socialisme, vous avez fait du socialisme et vous retournez à la niche socialiste ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier (EPR)
Nous nous apprêtons à voter la deuxième partie du PLFSS. Au cours de cet examen, des batailles ont été gagnées, notamment pour nos apprentis dont nous avons obtenu que le salaire ne baisse pas. Cependant cette partie recettes n’est pas vraiment à la hauteur de nos attentes ; elle n’est évidemment pas parfaite – je pense notamment à la hausse de la CSG sur le patrimoine. Malgré ces écueils, le groupe EPR fait le choix de la voter avec responsabilité : nous votons pour pouvoir examiner la partie de ce budget relative aux dépenses, pour avoir un débat sur la suspension de la réforme des retraites, pour que notre assemblée soit en mesure de voter un budget indispensable pour notre pays, pour les Françaises et pour les Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet (LFI-NFP)
Le débat est simple : sommes-nous ou non d’accord avec les recettes de la sécurité sociale que vous proposez ? Par extension, sommes-nous ou non d’accord avec la politique du gouvernement ? (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Pour nous, députés du groupe LFI-NFP, la réponse est claire et nette : non, nous ne sommes pas d’accord. (Mêmes mouvements.) Nous ne sommes pas d’accord avec un budget qui va retirer 5 milliards d’euros aux hôpitaux, soit quatre-vingts postes par établissement hospitalier. (Mêmes mouvements.)
Qui, demain, peut avouer à nos concitoyens croisés sur le marché, à ses voisins, à ses proches, qu’il a voté un budget qui opère une telle ponction sur le système de santé publique ?
M. Rodrigo Arenas
Friedrich Hayek !
M. Hadrien Clouet
Personne, dans le fond de sa conscience, n’est d’accord avec cette mesure.
Par ailleurs, depuis le début des débats, nous n’avons rien récupéré des 80 milliards d’euros d’exonérations sociales qui sont détournés chaque année. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Je dis bien détournés car 80 milliards d’exonérations de cotisations sociales équivalent à un chèque de 2 800 euros par salarié. Qui, demain, peut avouer aux salariés qu’il leur a imposé de faire un chèque de 2 800 euros à la place de leur employeur ?
M. Sylvain Maillard
Démago ! Ce n’est pas à la hauteur.
M. Hadrien Clouet
Là aussi, si l’on est sérieux, la réponse est : personne.
Enfin, où en est l’équilibre général au terme de nos débats ? Quand nous sommes entrés dans l’hémicycle, le gouvernement voulait couper 15 milliards d’euros ; on a ajouté 3 milliards dans la caisse. Il en manque donc 12 !
Mme Marie Mesmeur
Eh oui !
M. Hadrien Clouet
Et qui paiera les 12 milliards d’euros qui manquent ? Vous le savez, collègues : ce seront les malades, les soignantes et les soignants, les personnes en situation de handicap. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Je pense qu’indépendamment de nos opinions politiques, personne ici n’a envie d’aller voir un proche pour lui dire qu’il paiera 1 500 euros de reste à charge parce qu’il a un cancer. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – M. Benjamin Lucas-Lundy applaudit également. – Exclamations sur les bancs du groupe EPR.)
M. Erwan Balanant
Madame la présidente, ça fait deux minutes trente !
M. Hadrien Clouet
Personne n’a envie d’aller voir ses proches qui travaillent à l’hôpital pour leur dire qu’ils feront des heures sup’ non payées.
Mme la présidente
Je vous remercie, monsieur Clouet.
M. Hadrien Clouet
Personne n’a envie d’aller voir ses proches pour leur dire qu’ils paieront 2, 3 ou 4 euros en plus pour se soigner. Donc refusons, rejetons ce texte ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent. – Exclamations sur les bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Je suis désolée, monsieur Balanant, il y a eu un problème avec l’affichage du temps de parole.
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj (SOC)
Nous, députés du groupe socialiste, avons abordé les débats sur le budget de la sécurité sociale avec un seul objectif : être utiles aux Français. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. – Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.) Au moment de voter la partie relative aux recettes, nous regardons cliniquement, objectivement, ce qu’il en est.
Nous avons souhaité être utiles en matière de pouvoir d’achat en éliminant des mesures problématiques, en refusant l’augmentation de la CSG sur les retraites et les allocations chômage qui aurait résulté du gel envisagé du barème (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC) ; en préservant les titres-restaurant et les chèques-vacances qui devaient être taxés (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP) ; en préservant le pouvoir d’achat des apprentis, qui allaient être pénalisés dans la rédaction initiale du texte (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. – Exclamations sur les bancs du groupe RN), et celui des adhérents de mutuelles, qui allaient pâtir de la taxe sur les organismes complémentaires d’assurance maladie (Ocam).
Nous avons aussi souhaité être utiles en matière de justice fiscale et nous nous réjouissons d’avoir avancé en prélevant des ressources sur les revenus du capital. Est-ce suffisant ? Certainement pas. Mais pouvons-nous accepter de revenir en arrière et empêcher ces mesures d’être confirmées dans la suite du débat parlementaire ?
Nous avons surtout souhaité être utiles en remplissant pleinement notre rôle de parlementaires, en refusant d’être démissionnaire, au nom de la démocratie. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.) Car, si nous avons abordé les recettes de la sécurité sociale, il faut aussi parler de l’enjeu de l’hôpital, des Ehpad, de la santé (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP) ; il faut renforcer l’Ondam, préserver le pouvoir d’achat en refusant le gel des prestations sociales et des pensions (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC), refuser les franchises médicales. Nous devons avoir ces débats.
Un débat essentiel nous attend : celui qui doit avoir lieu mercredi sur la suspension de la réforme des retraites. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe SOC.) C’est l’honneur du Parlement d’avoir fait en sorte qu’il puisse se tenir.
Au moment où l’extrême droite s’oppose farouchement à cette partie relative aux recettes,…
M. Jean-Pierre Vigier
L’extrême gauche aussi !
M. Jérôme Guedj
…nous, à gauche, nous devons avoir, chevillé au corps et au cœur, le souci de l’avenir de la sécurité sociale. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. – Protestations sur les bancs des groupes RN et UDR.) Notre vote n’a qu’une seule motivation :…
Mme la présidente
Je vous remercie !
M. Jérôme Guedj
…ne pas faire obstacle aux débats. Comme en 2025, où toute la gauche avait voté… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés du groupe SOC se lèvent et applaudissent ce dernier, ceux des groupes EPR et Dem applaudissent également. – Vives exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Poursuivons, je vous prie !
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet (DR)
Le groupe Droite républicaine a toujours eu une attitude constructive (« Ah ! » sur les bancs du groupe RN), animé qu’il est par la volonté de doter la France d’un budget. Dans les débats budgétaires, nous défendons les priorités qui sont les nôtres.
En ce qui concerne la partie recettes, nous ne sommes pas d’accord sur tout – nous sommes notamment contre l’augmentation de la CSG sur les revenus du patrimoine. Cependant nous avons obtenu des victoires importantes, parmi lesquelles l’exonération des heures supplémentaires, avec le retour au dispositif de 2007. C’est une mesure forte en faveur du pouvoir d’achat. Nous avons supprimé certains irritants, notamment le gel du barème de la CSG et l’augmentation de la contribution des mutuelles. Nous avons supprimé la hausse de 8 % sur les titres-restaurant et les chèques-vacances. Nous avons obtenu des mesures en faveur des agriculteurs et des pharmaciens. Nous avons donc défendu la France qui travaille et qui a travaillé toute sa vie.
Toutefois, malgré ces victoires importantes, la copie ne peut pas être votée en l’état.
Mme Prisca Thevenot
Oh !
Mme Justine Gruet
La partie recettes contient une taxe inacceptable pour les petits épargnants sur les revenus locatifs, les PEL, les assurances vie et les PEA,…
M. Michel Herbillon
Ça, c’est inacceptable !
Mme Justine Gruet
…avec une augmentation de 1,4 point de la CSG. Ces petits épargnants ont travaillé toute leur vie pour mettre cet argent de côté.
Néanmoins, et c’est essentiel, les Françaises et les Français attendent de nous que nous débattions à l’Assemblée nationale malgré nos différences et nos désaccords. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Nous souhaitons donc poursuivre l’examen du texte et nous abstiendrons par conséquent sur le vote de la partie recettes du PLFSS. (Vives exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.)
M. Emeric Salmon
Courage, fuyons !
Mme Justine Gruet
Cependant ces débats ont permis de faire tomber les masques : la gauche qui veut taxer les riches finit toujours par s’en prendre aux classes moyennes. Nous aurons un objectif ferme que nous ne perdrons pas de vue dans la navette, mais nous ne pouvons pas repartir de la copie initiale. Vous le savez, nous ne voulons pas de taxes supplémentaires, nous refusons d’augmenter le coût du travail et nous souhaitons diminuer les dépenses. Place au débat pour valoriser le travail, lutter contre la fraude et l’assistanat avec l’allocation sociale unique plafonnée, et lutter contre l’immigration et la bureaucratie ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Cyrielle Chatelain.
Mme Cyrielle Chatelain (EcoS)
Le groupe écologiste a pris sa décision de vote en considérant deux éléments principaux.
D’abord, la tradition parlementaire des écologistes : nous avons toujours dit que cette assemblée devait être un lieu de débat. C’est pourquoi nous ne voulons pas bloquer la suite de la discussion. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS et SOC. – Rires et exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Ensuite, pour ce qui est du contenu de ce texte, disons-le tout net : c’est un mauvais texte. (Vives exclamations sur les bancs des groupes RN, LFI-NFP et UDR.)
M. Éric Michoux
Eh bien alors ? Votez contre !
Mme Cyrielle Chatelain
En effet, il ne permet d’aucune manière d’aller chercher les recettes nécessaires à notre système de soins. Madame la ministre, vous dites que l’enjeu, ce sont les besoins ; mais à ces besoins, justement, on ne répond pas. Tout le monde parle de compromis, souligne qu’il faut faire preuve de subtilité et que la période est historique ; mais dans ce cas, il faut aussi savoir se montrer mesurés. (Les exclamations se poursuivent.) Nous n’allons pas juger la copie finale au milieu des débats (Mme Clémentine Autain applaudit) mais, à ce stade, ne prétendons pas que ce texte contient de quelconques avancées ou victoires ! Le bilan des débats sur cette partie, c’est que nous n’avons pas les moyens de contrer la politique menée depuis huit ans. (Les exclamations redoublent.)
M. Louis Boyard
Alors il faut voter contre !
Mme Cyrielle Chatelain
Les patients atteints d’affections de longue durée resteront pénalisés ; des personnes continueront à attendre d’être soignées dans les urgences. Cependant il faut, à un moment, faire preuve de sérieux et de modération. Ne voulant ni bloquer les débats ni valider une politique inacceptable qui met les malades en première ligne, nous nous abstiendrons. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
M. Emeric Salmon
Courage, fuyons !
Mme la présidente
Chers collègues, nous devons encore entendre quatre orateurs avant le scrutin, je vous prie de les écouter dans le calme.
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier (Dem)
Dans la vie politique, il est des moments où il faut prendre ses responsabilités. (Exclamations sur les bancs des groupes RN, LFI-NFP et UDR.)
M. Jean-François Coulomme
Ça fait huit ans que vous êtes aux responsabilités !
M. Philippe Vigier
Prendre ses responsabilités, c’est choisir et ne pas rester au milieu du gué. Nous avons eu un débat en commission, nous avons eu un débat en séance, et je peux dire à ceux qui sont là depuis quelques années seulement que jamais, dans le cadre d’un PLFSS, on n’avait pu peser à ce point sur ce que sera la version définitive du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
M. Jérôme Guedj
C’est vrai !
M. Philippe Vigier
Jamais au grand jamais : en général, les copies arrivaient toutes faites et chacun était heureux lorsqu’il avait un petit amendement qui était pris, ça ou là. Cette fois, c’est à un exercice de fond que nous nous livrons.
Mme Alma Dufour
C’est pathétique ! Playmobil !
M. Philippe Vigier
Nous avons obtenu quelques avancées. Certes, madame la ministre, ce budget ne nous satisfait pas complètement mais dans un contexte où on a 140 milliards de dette à la Cades et 65 milliards de dette à l’Acoss, les uns et les autres devraient se montrer raisonnables.
Bien sûr, s’agissant de la loi pour le développement économique des outre-mer (Lodeom), vous irez dire aux ultramarins qu’on n’a rien fait ; pourtant on a réussi à avancer. (Mme Estelle Youssouffa s’exclame.) On a progressé sur les apprentis, sur les titres-restaurant, sur les chèques-vacances, sur les pharmaciens qu’on va protéger. (M. Erwan Balanant applaudit.)
Nous voterons en faveur de cette deuxième partie parce que nous voulons que le débat sur la troisième partie ait lieu. Je vous le dis, collègues du Rassemblement national, collègues Insoumis, qui vous apprêtez à voter contre : vous avez voulu revenir à une retraite à 60 ou 62 ans. (Exclamations prolongées sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous, qui défendions les 64 ans, avons accepté la suspension de notre réforme.
Mme Marie Mesmeur
Ce n’est pas une suspension !
Mme Alma Dufour
Ça fait deux ans que vous nous empêchez de voter sur la réforme des retraites !
M. Philippe Vigier
Nous avons même pris le risque, en responsabilité, de financer cette suspension, en votant une CSG patrimoine.
J’en appelle à toutes et à tous, dans ce moment crucial : si vous voulez que le débat pour l’hôpital, pour les soignants, pour les patients, et pour les travailleurs en général, puisse avoir lieu, il faut voter cette deuxième partie. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, EPR et sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé.
Mme Nathalie Colin-Oesterlé (HOR)
Nous allons nous prononcer sur la partie recettes de ce budget de la sécurité sociale. Notre groupe ne souhaite ni donner un blanc-seing, ni bloquer le débat. Nous ne serons pas les artisans du chaos, comme le sont aujourd’hui les extrêmes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe HOR.)
Nous nous abstiendrons, et nous en appelons au sens des responsabilités. (Exclamations prolongées.) Sans valider le fond de cette partie recettes, nous choisissons de laisser se poursuivre le débat, afin que la partie dépenses soit examinée avec – nous l’espérons –, davantage de raison et de sérieux budgétaires.
Un budget comporte des recettes et des dépenses. Nous ne pouvons pas approuver la partie recettes telle qu’elle nous est présentée pour deux raisons simples. D’abord, les amendements présentés par les groupes socialiste, LFI et GDR augmentent de 2,8 milliards d’euros la CSG sur les revenus du patrimoine. Cette mesure frappera, malheureusement, l’épargne de millions de Français.
Ensuite, les principaux amendements du groupe socialiste sur la partie dépenses visent à ajouter plus de 7 milliards d’euros de dépenses nouvelles. La perspective d’un équilibre s’éloigne donc de plus en plus.
Notre groupe, qui s’abstiendra majoritairement, l’a dit et le redira, la France n’a pas besoin de nouveaux impôts, mais d’un État qui dépense mieux et moins, et de recettes provenant d’une économie qui produit davantage, pas d’une fiscalité punitive qui pioche dans l’épargne de ceux qui travaillent, préparent leur retraite, et sécurisent l’avenir de leurs enfants.
Pour toutes ces raisons, notre groupe ne peut soutenir cette partie recettes, mais dans l’intérêt du pays, nous refusons de fermer la porte au débat sur les dépenses. Nous laisserons donc vivre le débat, et appelons à un sursaut de responsabilité budgétaire pour l’examen de la troisième partie. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe HOR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani.
M. Paul-André Colombani (LIOT)
En ce moment important pour cet examen du PLFSS, chacun doit prendre ses responsabilités. Avec mes collègues du groupe LIOT, nous prenons les nôtres. Dans un esprit constructif, nous avons décidé de voter cette deuxième partie. (Applaudissements sur les bancs des groupes LIOT, EPR, SOC et Dem.)
L’examen de ce texte doit continuer. Je ne souhaite pas voir ce texte partir au Sénat alors que nous n’avons pas encore abordé des questions essentielles pour la vie de nos concitoyens telles que les ALD – affections de longue durée –, les franchises médicales ou la réforme des retraites. Ce n’est, bien entendu, qu’un vote d’étape qui ne préjuge en rien de notre vote final sur ce texte. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LIOT, EPR, SOC et Dem.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet (GDR)
J’imagine que c’est moi qui obtiendrai le plus d’attention. Le groupe GDR fera la synthèse, comme à son habitude, puisque les trois votes y seront représentés. (Sourires.) Nous tenons à une chose fondamentale : la liberté de vote absolue.
Mesdames les ministres, je considère que nous avons eu un bon débat. Néanmoins, un bon débat ne donne pas nécessairement un bon résultat. Il est incontestable qu’il manque des recettes vu les besoins du secteur de la santé. Cela dit, nous sommes satisfaits d’avoir supprimé du texte l’essentiel des mauvaises mesures contre lesquelles nous étions mobilisés, comme le gel du barème de la CSG. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
M. Sébastien Delogu
Stéphane Peu laisse faire ça !
M. Yannick Monnet
Si nous peinons à savoir si une majorité en faveur de cette deuxième partie se dégagera, c’est que le chemin du compromis n’est pas assez élagué. En ce qui nous concerne, nous pensons que, collectivement, nous n’avons pas mobilisé suffisamment de moyens. Je considère qu’on ne peut pas renoncer à se mobiliser sur la troisième partie. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, SOC et Dem.)
Les coups y seront terribles : les franchises médicales, la limitation des arrêts maladie, l’année blanche, la suspension des retraites qui n’en est pas une pour l’instant, et l’Ondam. Je ne renoncerai pas à me battre sur cette troisième partie. (Applaudissements sur plusieurs des bancs des groupes GDR, sur les bancs des groupes EPR, et SOC, dont plusieurs députés se lèvent, ainsi que sur les bancs des groupes EcoS et Dem.)
Vote sur l’ensemble de la deuxième partie
Mme la présidente
Je mets aux voix l’ensemble de la deuxième partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 395
Nombre de suffrages exprimés 337
Majorité absolue 169
Pour l’adoption 176
Contre 161
(L’ensemble de la deuxième partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale est adopté.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures cinquante, est reprise à dix-huit heures cinq.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Troisième partie
Mme la présidente
Nous abordons maintenant la troisième partie du projet de loi, concernant les dispositions relatives aux dépenses pour l’exercice 2026.
Article 18
Mme la présidente
La parole est à M. Thierry Frappé.
M. Thierry Frappé
Après le doublement de la franchise sur les médicaments, qui risque d’accentuer le renoncement aux soins, d’autant plus qu’elle a déjà augmenté de 300 % en moins de deux ans, l’article 18 constitue, pour nous, un nouveau casus belli.
Il prévoit en effet de créer une participation forfaitaire sur les soins dentaires pour les patients de plus de 18 ans et d’étendre les franchises aux transports sanitaires et aux dispositifs médicaux remboursables, dont certains sont indispensables à la cicatrisation et au traitement des plaies. Autrement dit, de rembourser encore moins les soins.
Progressivement, insidieusement, un troisième niveau de prélèvement s’installe, en plus des cotisations au régime de sécurité sociale et des cotisations aux mutuelles, de plus en plus onéreuses.
Se soigner deviendrait ainsi plus difficile pour les Français. Certains devaient déjà choisir entre manger ou se chauffer ; ils devront désormais choisir entre manger, se chauffer ou se soigner.
Dans le même temps, les étrangers en situation irrégulière – pour ne pas dire les clandestins…
M. Alexis Corbière
Oh !
M. Thierry Frappé
…bénéficient de soins entièrement gratuits, grâce à l’aide médicale de l’État qui coûte 1 milliard d’euros. C’est choquant et inadmissible.
En conséquence, nous demandons la suppression pure et simple de l’article 18. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
J’ai tenu à prendre la parole, car je suis sûr que le chœur des pleureuses décriera bientôt notre système de santé comme s’il était le pire au monde.
Mme Sandrine Rousseau
Cette comparaison est sexiste, en fait.
M. Michel Lauzzana
Eh bien je lui dis que non, notre système de santé reste encore l’un des meilleurs au monde. L’article 18 ne tend pas à doubler le niveau des franchises, mesure qui relève de la compétence du gouvernement, mais à étendre les franchises appliquées aux consultations médicales à celles des chirurgiens-dentistes et aux frais relatifs aux produits et prestations mentionnés à l’article L. 165-1 du code de la sécurité sociale, hors hospitalisation.
En France, les patients supportent le reste à charge le plus bas qui soit et un tiers des assurés sont exonérés de ces franchises. La mesure proposée permettra donc de dégager quelques économies, dont le budget de la sécurité sociale a bien besoin.
Enfin, je tiens à rappeler que le groupe EPR a fait voter le 100 % santé, qui protège les plus faibles et les plus démunis. À l’époque, LFI avait voté contre cette réforme.
M. Hadrien Clouet
Il faut lire notre programme et vous renseigner sur le 100 % sécu !
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet.
M. Damien Maudet
J’avais préparé une courte intervention mais je viens d’entendre notre collègue macroniste Lauzzana parler des gens qui devront payer plus cher pour se soigner comme d’un chœur de pleureuses. Nous aussi, nous serions des pleureuses, car nous déplorons qu’en vingt-cinq ans, vous ayez ruiné notre système de santé.
Il y a vingt-cinq ans, c’était le meilleur au monde. Aujourd’hui, la France est l’un des rares pays d’Europe où la mortalité infantile grimpe. Le dénoncer, ce serait faire les pleureuses ? Je ne sais pas dans quelle réalité vous vivez, mais j’aimerais y vivre moi aussi : ça doit être tellement plus agréable !
Parmi les pleureuses, on trouve par exemple Nevine, qui finance ses études de droit avec ses salaires de femme de ménage et de surveillante de lycée. Elle perçoit 1 100 euros, intégralement consommés dès le 10 du mois. Et elle devra payer plus cher pour se soigner, à cause de vos mesures !
Vous voulez créer un système dans lequel les pacemakers seront taxés et vous nous parlez des pleureuses ? Je ne sais pas où est leur chœur, mais je ne sais pas non plus où est votre cœur !
Mme la présidente
La parole est à M. François Ruffin.
M. François Ruffin
Vous avez déjà doublé les franchises médicales l’année dernière. Vous voulez recommencer cette année et si vous réussissez, leur montant aura été multiplié par quatre en deux ans.
Nous n’avons malheureusement pas réussi à en faire autant avec les impôts sur le capital ou les impôts des plus riches de notre pays, ce qui n’ira pas sans conséquences. Le taux de pauvreté des personnes malades de longue durée ou en situation de handicap est deux fois plus élevé que le taux moyen de pauvreté en France. Les personnes atteintes d’une maladie ou d’un handicap perçoivent souvent un revenu moindre qu’une personne en bonne santé alors que les dépenses qu’elles doivent engager sont bien supérieures – APF France handicap estime entre 1 500 et 1 800 euros par an les dépenses d’une personne en situation de handicap qui ne sont pas prises en charge.
Moins de ressources d’un côté, plus de dépenses de l’autre. Et vous prévoyez encore des transports sanitaires à 8 euros, des actes médicaux à 4 euros, des médicaments à 2 euros. Dans une assemblée où les députés sont payés 7 500 euros,…
M. Fabien Di Filippo
Il faut préciser quand on parle en brut.
M. François Ruffin
…ces sommes paraissent dérisoires mais quand il faut y ajouter le coût des mutuelles et des complémentaires sans parler de tous les frais du quotidien, souvent encore plus élevés chez une personne souffrante, elles peuvent devenir insurmontables. Près de 60 % des Français renoncent aux soins et parmi eux 30 % le font pour des raisons financières. Si la sécurité sociale reste un filet de sécurité, elle est trouée comme un gruyère.
M. Emeric Salmon
Il n’y a pas de trous dans le gruyère ! Vous confondez avec l’emmental !
M. François Ruffin
Nous souhaitons que la sécurité sociale remplisse pleinement son rôle en remboursant intégralement tous les soins. Nous nous opposerons donc au doublement des franchises médicales.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Quand une personne sur quatre renonce aux soins, il semblerait logique de ne pas décourager les trois autres à se soigner. Or l’article 18, contre toute logique sinon celle de réaliser quelques économies de plus, s’attaque à ceux qui y parviennent encore aujourd’hui.
Selon une étude menée par Eurodentaire et Harris Interactive en 2023, près d’un Français sur trois avait renoncé à des soins dentaires au cours des deux dernières années. Parmi eux, 56 % justifiaient leur décision par des raisons économiques.
Qu’à cela ne tienne, vous prévoyez d’étendre la franchise médicale aux consultations chez un chirurgien-dentiste et aux dispositifs médicaux tandis qu’une franchise spécifique sera appliquée aux transports de patients et que le gouvernement confirme le doublement du montant ainsi que du plafond annuel des participations forfaitaires et des franchises médicales.
Certes, ces mesures réduiront à court terme les dépenses des organismes de sécurité sociale mais elles conduiront dans le même temps encore davantage de Français à renoncer aux soins, ce qui aggravera leur état de santé.
En définitive, vos mesures coûteront bien plus cher que les quelques bénéfices que vous comptez en tirer. Surtout, elles porteront préjudice à la santé publique et sont indignes du pacte sur lequel repose la sécurité sociale : « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins ». (M. François Ruffin applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
S’il fallait une seule raison de poursuivre nos débats, la voici : débattre des mesures que vous prévoyez en matière de franchises médicales.
Leur doublement est prévu par l’Ondam. Cela étant, ce n’est pas de cette mesure dont nous discutons à présent puisqu’elle ne figure pas dans le présent article, mais de la création de deux nouvelles catégories de franchises, qui sont autant d’innovations juridiques, l’une pour les consultations chez le chirurgien-dentiste et l’autre pour les dispositifs médicaux.
Je vous le dis avec solennité et de gravité : nous sommes opposés au principe même des franchises médicales car elles compromettent l’universalité de l’assurance maladie et portent en elles une forme de pénalisation du patient, selon une logique faussement vertueuse de responsabilisation.
Vous commettez l’erreur ontologique de penser que le paiement d’une somme non remboursable peut responsabiliser la consommation de soins et de biens médicaux.
Nicolas Sarkozy a eu tort de créer les franchises médicales en 2007 et, je le répète, la gauche aurait dû les supprimer quand elle était aux responsabilités, entre 2012 et 2017, mais vous, vous allez encore plus loin, après les avoir de surcroît doublées en 2024. Jusqu’où irez-vous dans la logique de déremboursement des assurés sociaux ?
C’est tout le contraire qu’il faudrait faire et peut-être la prochaine campagne présidentielle nous offrira-t-elle l’occasion d’ouvrir le débat de ce qu’on appelle la grande sécu, pour déterminer ce qui relève de l’assurance maladie obligatoire et de l’assurance maladie complémentaire. C’est peut-être ainsi que nous réussirons enfin à économiser des frais de gestion tout en garantissant l’accès aux soins de toutes et tous. (M. Pierre Pribetich applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Notre système a atteint ses limites. La totalité des Français sont pris en charge par l’assurance maladie obligatoire et 96 % d’entre eux par les complémentaires. Faut-il en rester là ou aller plus loin ? Certains soutiennent que la santé doit être gratuite.
M. Damien Maudet
Mais non !
Mme Ségolène Amiot
Ce n’est tout de même pas gratuit de cotiser !
M. Cyrille Isaac-Sibille
Une prise en charge intégrale des soins par l’assurance maladie obligatoire, sans franchise aucune, ferait de la santé un sujet régalien. Tout le monde n’a pas les mêmes moyens, ce dont nous avons tous conscience puisque les franchises ne s’appliqueraient qu’à deux tiers des assurés sociaux, mais il me semble que ceux qui le peuvent doivent se montrer responsables, en participant davantage à leurs frais de santé. La santé ne doit pas être gratuite.
Mme la présidente
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Tous les orateurs l’ont rappelé : l’objet de cet article ne relève pas forcément de notre compétence immédiate, puisque la perspective du doublement des franchises est renvoyée à un décret. À titre personnel, je le regrette.
M. Antoine Léaument
La franchise manque à certains !
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
M. Ruffin a rappelé qu’il y a dix-huit mois, les franchises ont déjà été multipliées par deux – par un ministre du gouvernement de Mme Borne, qui siège désormais sur nos bancs ; on nous promettait alors que cette décision nous engagerait pour plusieurs années. Puis le gouvernement de M. Barnier a tenté d’augmenter le ticket modérateur, mais ce n’est pas allé au bout. Et voilà que, cette année, le gouvernement parle à nouveau de doubler les franchises. Il serait bienvenu que le gouvernement fasse un choix politique ferme et définitif, quand bien même la décision relèverait du domaine réglementaire, car il s’agit évidemment de l’élément en arrière-fond de toutes les discussions que nous allons avoir sur cet article 18. (MM. François Ruffin et Jérôme Guedj applaudissent.)
M. François Ruffin
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales et rapporteur pour la branche maladie.
M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
Je tiens à rappeler avant tout que l’article 18 a été rejeté en commission, après que j’ai invité le gouvernement à revoir sa copie. Sur la forme, chacun doit bien comprendre quel est le périmètre des dispositions que nous nous apprêtons à voter, car la confusion règne. Le doublement du montant des franchises existantes, pour une économie attendue de 2,3 milliards d’euros, relève en effet du pouvoir réglementaire ; quant à l’augmentation des plafonds, prévue pour 2026, elle ne figure pas dans l’article, mais dans les sous-jacents de la trajectoire – elle doit donc aussi passer par un décret. Bref, supprimer l’article 18 sera sans conséquence quant au doublement envisagé des franchises. L’étude d’impact du projet de loi reconnaît pourtant que le passage de 43 à 85 euros en moyenne aura plutôt des effets négatifs sur les personnes en affection de longue durée (ALD) et en situation de handicap. Je suis le premier à le déplorer. Le sujet du reste à charge requiert toute notre vigilance.
Concrètement, avec cet article, nous nous prononcerons sur deux choses : l’extension du principe des franchises médicales à de nouveaux actes et produits de santé – soins dentaires, dispositifs médicaux et transport de patient –, d’une part ; et le paiement direct par les assurés – hors tiers payant – du transport médical, d’autre part.
Mme Delphine Batho
C’est un article dirigé contre les ruraux !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
J’essaie juste d’en décrire le contenu, madame la députée. S’il n’aura aucun rendement budgétaire en 2026, il est censé permettre 600 millions d’euros d’économies en 2027 ; autrement dit, le supprimer ne changerait rien à l’équilibre du PLFSS pour 2026.
Sur le fond, je ne suis pas rebuté à l’idée de responsabiliser davantage les assurés, bien au contraire, madame la ministre. Je crois cependant que nous n’utilisons pas les bons leviers, car non seulement on semble ici pénaliser ceux qui ont le plus besoin de soins, mais on crée également une complexité considérable pour les praticiens chargés d’appliquer ces mesures. Je tiens à souligner ces deux écueils, sans oublier le transfert potentiel de charges de l’assurance maladie obligatoire vers les complémentaires – où se repose la question du périmètre de la prise en charge, qui est en quelque sorte l’éléphant au milieu de la pièce.
M. Jérôme Guedj
Très juste !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet article franchit un seuil symbolique, avec la création de nouveaux cas de reste à charge : chez les chirurgiens-dentistes, pour les dispositifs médicaux, et en raison du nouveau mode de décompte des transports médicaux. En résumé, je dis oui à davantage de responsabilité, mais cela doit se faire de manière beaucoup plus ajustée.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées.
Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
Les premiers amendements que nous examinerons étant des amendements de suppression, je voudrais redire, en toute transparence, que ce budget contient deux choses : à l’article 18, une extension du périmètre des franchises médicales – ou forfaits de responsabilité – pour certains actes ou produits de santé, laquelle concerne l’année 2027 ; ensuite, une mesure chiffrée pour l’année qui vient, liée au doublement des franchises déjà prévues par la loi en vigueur, à savoir celles sur les médicaments et les consultations. Ce doublement dépend effectivement d’un décret, mais le montant des économies qui en découleront – 2,3 milliards d’euros – figure bien dans ce PLFSS.
Malgré le doublement des franchises, nous resterons le pays disposant du reste à charge le plus bas du monde, puisqu’il atteint 9 % du coût total, quand la moyenne des pays de l’OCDE se situe plutôt autour de 18 %. En 2026, en moyenne, il entraînera un surcoût de 42 euros pour les Français – et de 75 euros pour les patients en ALD, qui sont les plus malades – je le précise pour ceux qui nous écoutent et qui s’en inquiéteraient.
Mme Élisa Martin
C’est énorme !
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’ajoute que, pour ceux qui reçoivent beaucoup de soins, un plafond est prévu, fixé à 200 euros – autrement dit, le Français qui est le plus malade, le plus souvent, aura, au maximum, 200 euros à payer par an.
Mme Élisa Martin
C’est dégueulasse !
Mme Delphine Batho
Scandaleux !
Mme Stéphanie Rist, ministre
En Belgique, par exemple, le reste à charge des malades atteint 400 à 4 000 euros par an…
Mme Delphine Batho
Oui mais nous sommes la France, nous avons créé la sécu !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Enfin, je rappelle que tous les Français ne payent pas les franchises : les plus fragiles ne les payent pas, soit 18 millions de personnes. Il serait néanmoins intéressant de se demander, comme M. Ruffin, s’il ne faudrait pas exempter davantage de personnes, telles que celles qui sont en situation de handicap, qui perçoivent l’allocation aux adultes handicapés (AAH) mais qui n’ont pas automatiquement la complémentaire santé solidaire (C2S), par exemple. Et puisque les mineurs ne sont pas non plus concernés, on pourrait peut-être envisager d’élargir l’exemption à l’ensemble des étudiants jusqu’à 20 ou 21 ans. Quoi qu’il en soit, ce débat mérite d’être mené sans tabou.
Nous prévoyons donc bel et bien des mesures d’économies, en demandant un effort aux gens qui le peuvent, lesquels s’acquitteront en moyenne de 42 euros supplémentaires en 2026 pour leurs médicaments. Concernant le pouvoir d’achat, nous aurons l’occasion d’aborder plus tard le sujet des dépassements d’honoraires, qui grèvent de plus en plus le budget des patients. La discussion sur les franchises mérite en tout cas d’être abordée sans idéologie.
Mme la présidente
Sur les amendements nos 477 et identiques, je suis saisie par les groupes Rassemblement national, Écologiste et social et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, nos 477, 574, 580, 591, 1250, 1358, 1663, 1833 et 1986, tendant à supprimer l’article 18.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 477.
Mme Josiane Corneloup
L’article 18 crée une participation forfaitaire de l’assuré pour les actes et consultations effectués par les chirurgiens-dentistes. Il aligne aussi la franchise concernant les dispositifs médicaux sur celle qui s’applique actuellement aux médicaments. Le présent amendement tend à supprimer ces dispositions qui alourdiraient le reste à charge des patients, dans un contexte déjà inflationniste, se traduisant par une baisse du pouvoir d’achat. Ces franchises s’ajouteraient à celles qui s’appliquent aux médicaments ; elles constitueraient un obstacle pour les ménages modestes. Même si j’ai bien entendu Mme la ministre préciser que certaines personnes en seront exemptées, elles compliqueront la vie des personnes qui souffrent de pathologies chroniques, nécessitant des soins réguliers. J’ajoute que, s’agissant des consultations chez les chirurgiens-dentistes ou des dispositifs médicaux, le reste à charge est aujourd’hui déjà très important. Enfin, de telles mesures sont antinomiques avec la politique de prévention du gouvernement, laquelle conduit à multiplier les consultations.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 574.
Mme Sandrine Runel
Le combat continue. Nous y sommes prêts. L’article 18 s’inscrit dans la logique, que nous combattons, d’un transfert silencieux du financement de la sécurité sociale vers les assurés eux-mêmes. Je rappelle la promesse originelle de notre système : chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins ; si l’on applique vos mesures, ce ne sera plus possible. Comment avez-vous pu seulement songer à élargir le champ des franchises ? Aujourd’hui, près de 6 millions de Français renoncent à des soins faute de moyens. Le doublement des franchises représentera 4 euros pour une consultation chez le médecin et 2 euros pour une boîte de médicaments, payables directement auprès du professionnel. Nous défendons la suppression de l’article parce que nous ne voulons pas d’une santé à deux vitesses, où seuls ceux qui en ont les moyens pourraient se soigner ; nous plaidons à l’inverse en faveur d’une grande sécurité sociale.
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 580.
M. Hendrik Davi
Il vise également à supprimer cet article qui prévoit l’extension des participations forfaitaires et des franchises médicales aux actes des chirurgiens-dentistes et aux dispositifs médicaux à usage individuel ainsi que la création de plafonds de dépense pour les transports sanitaires. Il s’agit probablement de l’article le plus inique du projet de loi. Demander aux assurés une franchise pour aller chez le dentiste, bénéficier de béquilles, ou pour avoir recours à un taxi quand on est une personne à mobilité réduite, c’est absolument inadmissible – je crois d’ailleurs que nous sommes tous d’accord. Je rappelle en outre que tout transport sanitaire résulte d’une prescription. Les franchises sont des impôts que vous faites payer aux malades, faute d’avoir le courage de faire payer le patrimoine et les revenus des plus riches et des grandes entreprises. Ces mesures toucheraient durement les plus précaires et les malades, alors qu’un tiers d’entre eux renoncent déjà à des soins. Pour une grippe, il en résulterait 4 euros pour la consultation, 2 euros pour trois boîtes de médicaments, soit, au bout du compte, 10 euros pris dans la poche des malades – pour une grippe !
Par ailleurs, le doublement des franchises est censé intervenir par décret. Or nous allons rejeter l’article 18. Par conséquent, prenez-vous l’engagement, madame la ministre, de renoncer au décret à venir sur le doublement des franchises ?
M. François Ruffin et M. Yannick Monnet
Très bonne question !
Mme la présidente
La parole est à M. Julien Brugerolles, pour soutenir l’amendement identique no 591.
M. Julien Brugerolles
Il me semble en effet que cet article 18 est parmi les plus injustes du PLFSS. Je pense aux milliers de personnes dans nos territoires ruraux, notamment dans ma circonscription, qui subiront en quelque sorte une double peine. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.) Dans toutes nos circonscriptions rurales, des milliers de personnes souffrent déjà de difficultés pour avoir accès à un médecin traitant et à un spécialiste… (Mêmes mouvements. – M. Boris Vallaud applaudit également.) Et vous voudriez leur imposer une nouvelle peine économique, avec des franchises à tout-va, sur les médicaments, sur les transports sanitaires qui leur servent à se déplacer jusqu’à un médecin traitant ou à un spécialiste ? Je sais que les gens nous regardent, en particulier à l’heure d’examiner cet article, qui est l’un des plus injustes : il faut absolument le supprimer !
Mme Delphine Batho
Très bien !
Mme la présidente
L’amendement no 1250 de M. Julien Brugerolles est défendu.
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 1358.
M. Paul-André Colombani
Le présent amendement vise à supprimer l’article 18, qui instaure de nouvelles participations forfaitaires et franchises médicales, tout en relevant leurs plafonds et en modifiant leurs modalités de recouvrement : cet article élargit l’application des franchises et participations aux dispositifs médicaux – notamment les lunettes, les pansements, les orthèses… – et aux soins dentaires, qui en étaient jusqu’ici exemptés ; par ailleurs, il double les plafonds annuels des franchises et participations forfaitaires, les portant de 50 à 100 euros chacun, pour un plafond global de 350 euros par an. À ces mesures s’ajoutent le doublement annoncé, par décret, des franchises et participations sur les médicaments, les transports et les actes médicaux, ce qui entraînera une augmentation de reste à charge de 42 euros par an en moyenne. De telles dispositions représentent une augmentation significative pour les patients, en particulier les personnes âgées, les malades chroniques ou en situation de handicap, qui cumulent les soins et les dispositifs médicaux. En période de tension sur le pouvoir d’achat, il est inacceptable de faire peser l’effort budgétaire sur les assurés, au détriment de l’accès aux soins.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 1663.
M. Christophe Bentz
Le doublement des franchises médicales sur les soins dentaires, le transport sanitaire et les dispositifs médicaux est une injustice sociale de plus parmi celles innombrables que compte déjà ce projet de loi. En fait, la Macronie panique en découvrant son propre bilan budgétaire et social ; et elle ne trouve d’autre solution que l’étranglement financier des Français à tous les niveaux. Pour les députés du groupe Rassemblement national, c’est non. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Louis Boyard, pour soutenir l’amendement no 1833.
M. Louis Boyard
L’article vise à faire payer les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et les malades chroniques. Vous devrez payer si vous voulez bénéficier d’un soin dentaire ou de béquilles – et on peut s’attendre à ce que vous augmentiez par décret le prix des médicaments. À ceux qui se demandent qui va payer la sécurité sociale, la réponse est qu’aujourd’hui vous la faites payer aux plus faibles. Mais à tous vous entendre, je me dis : quelle belle bande d’hypocrites ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. – Exclamations sur quelques bancs du groupe Dem.)
M. Marc Fesneau
Du calme !
M. Louis Boyard
Nous venons d’examiner la partie recettes, dans laquelle vous vous êtes opposés à ce qu’on fasse contribuer davantage ceux qui gagnent plus de 4 000 ou 8 000 euros. À présent que le gouvernement cherche à faire des économies sur les malades, vous vous y opposez tous. Alors qui va payer la sécurité sociale ? Pour les députés du groupe La France insoumise, cela ne doit pas être les malades, mais les très hauts revenus. Vous, en revanche, vous vous opposez à la fois à ce que les malades et à ce que les très hauts revenus payent. Vous n’avez pas de programme, vous n’avez pas d’idée, vous n’avez que de l’hypocrisie !
Nous nous opposerons à cet article mais nous insistons sur l’hypocrisie de tous ceux qui ont voté la partie recettes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Emeric Salmon
Vous voulez parler de Mme Chikirou ?
M. Louis Boyard
Vous portez une responsabilité dans la trajectoire budgétaire de la sécurité sociale, en refusant de dire qui doit payer quoi. Ce ne sont pas les malades qui doivent payer, ce sont les riches ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Frédéric Petit
Il y a des riches malades !
Mme la présidente
La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement no 1986.
M. Éric Michoux
Nous sommes parvenus à un summum : vous êtes capables de tout taxer. Vous devriez faire des études, un master ou même un doctorat en taxation ! Désormais, vous taxez les malades – c’est absolument injuste et ignoble. Vous taxez les pauvres et, s’ils sont malades, vous les taxez encore : c’est la triple peine. Mieux vaut ne pas être malade dans ce pays, sinon vous y laissez tout.
Les pauvres malheureux qui ont mal aux dents vont devoir payer 2,3 milliards d’euros du fait de votre augmentation de la franchise. Dans les territoires ruraux, si vous avez mal aux dents, c’est encore la triple peine : vous ne trouvez pas de dentiste, vous ne pouvez pas vous déplacer et, si jamais vous en trouvez un, vous payez un impôt – bravo !
M. Louis Boyard
Hypocrite !
M. Éric Michoux
Les députés du groupe UDR voteront en faveur de ces amendements de suppression. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur plusieurs bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Ces amendements ont été adoptés par la commission. Sagesse.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je n’ai pas répondu à M. Guedj lorsqu’il évoquait, tout à l’heure, le principe d’universalité de la sécurité sociale. Je vous rejoins sur la nécessaire transformation de notre modèle social pour conserver cette universalité. (Mme Élisa Martin s’exclame.) Nous sommes toutefois face à une réalité : celle du trou de la sécurité sociale, de 23 milliards d’euros cette année,…
M. Hervé de Lépinau
Récupérez les 6 milliards d’euros de la branche famille de la CAF qui se sont évaporés ! Faites votre travail de contrôle !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…dont nous tentons de maîtriser l’évolution afin que les personnes les plus fragiles puissent continuer à bénéficier d’un haut niveau de protection sociale. Tel est l’objectif du gouvernement et la mesure relative aux franchises constitue l’un des moyens de l’atteindre.
Nous devrions pouvoir débattre sans idéologie, pour savoir si chacun d’entre nous ne pourrait pas payer 2 euros de plus par mois ses boîtes de médicaments et ses consultations médicales. Savoir qui doit payer ces franchises serait un débat intéressant pour cette assemblée mais, décidément, cela paraît compliqué d’arriver jusque-là. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Rousseau.
Mme Sandrine Rousseau
Madame la ministre, vous parlez de 75 euros par an en moyenne et vous dites que ce n’est pas grand-chose. Mais dans quel monde vivez-vous ? Tout a tellement augmenté ! Vous avez commencé par diminuer les aides personnelles au logement (APL), vous allez augmenter les franchises dentaires… Or les soins dentaires font partie des soins les plus marqués socialement. Qui n’a pas recours suffisamment tôt aux soins dentaires et à la prévention en la matière, qui renonce à des soins dentaires pour raison monétaire, sinon les plus précaires ?
En augmentant la franchise, vous tapez sur ceux qui ont déjà du mal à se faire soigner. La question se résume finalement à celle-ci : pourquoi n’aimez-vous pas les pauvres ? (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP. – Exclamations sur quelques bancs des groupes RN, EPR et Dem.)
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Au groupe Les Démocrates, nous sommes favorables à une forme de responsabilité dans la consommation des soins. Notre reste à charge est l’un des plus faibles au monde – si ce n’est le plus faible. L’objet du texte n’est pas, comme certains l’ont dit, de doubler les franchises mais d’en créer une nouvelle : les soins dentaires ne sont pas intégrés à l’actuel système, ils relèvent d’une nouvelle catégorie.
Or cette franchise, qui s’ajoute aux autres, pose une difficulté. Car autant on peut parfois entendre des médecins généralistes évoquer des visites de confort, autant je n’ai jamais entendu un dentiste mentionner des patients qui viendraient le voir par plaisir ! (Sourires et applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.) Cet article ne nous semble donc pas correspondre à l’esprit de responsabilité que j’évoquais et nous nous abstiendrons sur ces amendements de suppression. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet.
M. Damien Maudet
Les macronistes détestent-ils les pauvres ou sont-ils, plus simplement, mauvais en économie ?
M. Fabrice Brun
Les deux !
M. Damien Maudet
Je souhaite que ce ne soit ni l’un ni l’autre mais, quand j’entends un collègue macroniste dire qu’il faut responsabiliser les gens parce que les médicaments sont gratuits, je me demande d’où il sort une invention pareille : faut-il vous expliquer comment est financée la sécurité sociale, le système des cotisations sociales que chacun paye quand il travaille ? (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Vous avez le culot de dire que c’est gratuit alors que les Français payent leurs cotisations sociales !
S’ils nous écoutent, il faut qu’ils sachent que le gouvernement sacrifie ces cotisations en offrant 80 milliards d’euros d’exonération aux entreprises, avant de demander aux Français de se serrer la ceinture pour payer les médicaments ! Il faut qu’ils sachent qu’ils n’ont pas fait de bêtise, que les médicaments ne sont pas gratuits, que tout le monde les paye mais que le gouvernement gère très mal cet argent ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Jusque-là, les débats se sont tenus plutôt correctement. Cessez de dire que le groupe Ensemble pour la République déteste les pauvres, c’est faux ! (Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Vous oubliez que 18 millions de personnes ne sont pas soumises à ces franchises, notamment celles qui bénéficient de la C2S, c’est-à-dire les plus modestes.
M. Jean-François Coulomme
Dix millions de personnes sous le seuil de pauvreté, voilà votre bilan !
Mme Camille Galliard-Minier
Notre groupe a quelques doutes sur les soins ciblés par cet article ainsi que sur le paiement au comptoir, qui ne nous semble pas opérationnel. C’est pourquoi nous nous abstiendrons sur ces amendements de suppression. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Je ne comprends pas pourquoi un reste à charge très faible vous choque ; ce qui me choque, moi, c’est qu’il en existe un alors qu’il ne devrait pas y en avoir ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Vous êtes pris en flagrant délit de vouloir supprimer la sécurité sociale dans son principe.
M. Cyrille Isaac-Sibille
En 1945, il y avait un reste à charge !
M. Yannick Monnet
Madame la ministre, quand vous confiez n’être pas choquée si les gens payaient 2 euros leur boîte de médicaments, vous renoncez au principe en vertu duquel on cotise selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins. Avec vous, celui qui paye le plus, c’est celui qui est le plus malade – c’est totalement injuste et contraire au principe de la sécurité sociale. Nous voterons en faveur de la suppression de l’article.
Mme la présidente
La parole est à Mme Joëlle Mélin.
Mme Joëlle Mélin
Je voudrais tordre le cou à une fake news de plus répandue par les groupes de gauche : quand avez-vous entendu dire que nous étions en faveur des franchises ? Jamais. Alors cessez de dire une telle chose ! Nous sommes opposés aux franchises parce qu’il est inadmissible de demander aux Français de cotiser à la source depuis toujours et de ne pas être remboursés à hauteur de ce qui est prévu. D’autant que si ces franchises doivent doubler aujourd’hui, elles pourront quadrupler demain. Il n’est pas possible de continuer de la sorte. Le groupe Rassemblement national demande la suppression de ces franchises. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
C’est un débat intéressant qu’il faut mettre en regard de la branche autonomie de la sécurité sociale, compte tenu du reste à charge qui prévaut dans le secteur médico-social lié à la dépendance. Il s’agit d’un financement tripartite : le forfait soins est pris en charge par l’agence régionale de santé (ARS), le forfait dépendance par le département, ce qui laisse un reste à charge parfois considérable – nous connaissons tous une personne âgée en Ehpad qui paye 2 000 ou 2 500 euros par mois, et nous avons tous dans nos circonscriptions des enfants en situation de handicap dont les parents montent une association pour pouvoir financer un fauteuil. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Nous devons avoir le courage politique de poser la question du financement de la branche dépendance, quoi qu’on pense de cette franchise de la branche maladie, dont le plafond est fixé à 200 euros par an et qui exonère les personnes en ALD et celles qui bénéficient de la C2S. Les franchises ne sont pas une solution magique mais nous devons faire preuve d’honnêteté intellectuelle, compte tenu de la démographie de notre pays, et parvenir à financer la dépendance pour que le reste à charge y soit de moindre ampleur. Peut-être devons-nous avoir le courage de dire, s’agissant de la branche maladie, que 200 euros par an ne sont pas grand-chose comparés à une chimiothérapie qui coûte 30 000 euros par an ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem. – Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
Mme Delphine Batho
Ce n’est pas possible, vous ne pouvez pas dire ça !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Monsieur Monnet, j’aimerais pouvoir dire comme vous que le reste à charge devrait être nul – ce qui revient à défendre l’universalité de la protection sociale, comme M. Guedj. Cependant, comme certains collègues du bloc central l’ont rappelé, le gouvernement fait face à une réalité : étant aux responsabilités, je ne peux me voiler la face devant le déficit. Il importe de pouvoir en discuter.
M. Alexis Corbière
Changez le gouvernement !
Mme Marie Mesmeur
Taxez les riches !
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’entends qu’on nous reproche de ne pas aimer les pauvres et de vouloir les faire payer. Or un Français sur trois ne paye pas de franchise. Débattons pour savoir qui doit la payer ou pas !
Mme Ségolène Amiot
Personne !
M. Emeric Salmon
Personne, débat réglé !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Être malade ne signifie pas nécessairement être pauvre. Le débat devrait avoir lieu sans caricatures.
Par ailleurs, s’agissant de l’accès aux soins, nous devons, avec le budget dont nous disposons, proposer des pistes de réforme structurelle et des avancées. Nous aurons l’occasion de discuter des investissements dans les maisons France santé annoncées par le premier ministre. Nous avons également besoin d’investir dans les établissements de santé et dans le secteur médico-social.
Cela me permet de répondre à la question posée sur les décrets. Ceux-ci ne sont, à l’heure actuelle,…
Mme Sandrine Rousseau
À l’heure actuelle !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…pas publiés. Le rendement de la mesure est estimé à 2,3 milliards d’euros. La réponse concernant ces décrets ne pourra être donnée qu’une fois la version finale du texte connue.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 477, 574, 580, 591, 1250, 1358, 1663, 1833 et 1986.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 253
Nombre de suffrages exprimés 220
Majorité absolue 111
Pour l’adoption 197
Contre 23
(Les amendements identiques nos 477, 574, 580, 591, 1250, 1358, 1663, 1833 et 1986 sont adoptés ; en conséquence, l’article 18 est supprimé est les amendements suivants tombent.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS ainsi que sur quelques bancs du groupe RN.)
M. Jérôme Guedj
Heureusement qu’on a pu voter, sinon ce serait parti tel quel au Sénat !
Mme Sandrine Rousseau
Arrêtez avec ça ! (Vifs échanges entre les députés des groupes La France insoumise-Nouveau Front populaire, Écologiste et social et Socialistes et apparentés.)
Après l’article 18
Mme la présidente
Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 358, 660 et 1757.
L’amendement no 358 de M. Éric Pauget est défendu.
La parole est à M. Fabien Di Filippo, pour soutenir l’amendement no 660.
M. Fabien Di Filippo
Je n’aurai pas la prétention de mettre un casque bleu pour aller régler les conflits qui déchirent la gauche de l’hémicycle mais j’essaierai, malgré tout, de ramener les débats sur le fond.
Nous venons d’aborder le sujet des franchises médicales et le fait que le déficit de la sécurité sociale, qui reste supérieur à 20 milliards, est pour une grande partie imputable à la branche santé. Sauf à se trouver dans une situation financière ou médicale particulière, la majorité de nos concitoyens subissent déjà une franchise sur les actes médicaux – cela a été détaillé. À l’étranger, dans tous les pays du monde, vous sortez la carte bleue avant d’être pris en charge !
M. Jean-Paul Lecoq
Parce qu’ils n’ont pas la sécurité sociale !
M. Fabien Di Filippo
Nous avons parlé ce matin des bénéficiaires de la protection universelle maladie (Puma), je traiterai maintenant des étrangers bénéficiaires de l’Aide médicale de l’État (AME) qui sont présents sur notre territoire clandestinement après avoir violé nos lois.
Par cet amendement, mon groupe souhaite responsabiliser les usagers de notre système de santé présents clandestinement en France en instaurant pour eux aussi une franchise, même symbolique, sur chaque acte médical. C’est une mesure légitime de bonne gestion et de bon sens, qui ne stigmatise personne.
Mme la présidente
L’amendement no 1757 de M. Laurent Wauquiez est défendu.
Sur les amendements no 358 et identiques, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous souhaitez que les bénéficiaires de l’AME paient les participations qui sont prévues par le code de la sécurité sociale, c’est-à-dire le ticket modérateur, la participation forfaitaire et la franchise. Je comprends votre idée mais elle ne peut être retenue car les participations financières, qui servent à réduire les dépenses de l’assurance maladie, sont dues par les « assurés ». Or les bénéficiaires de l’AME ne sont pas des assurés sociaux et les dépenses exposées pour eux ne le sont pas par l’assurance maladie mais par l’État. Je vous invite à retirer votre amendement. À défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis pour les mêmes raisons.
Mme la présidente
La parole est à Mme Edwige Diaz.
Mme Edwige Diaz
Ces amendements identiques proposent d’instaurer une franchise sur les actes médicaux et les médicaments pour les bénéficiaires de l’AME. En préambule, je rappelle que plus d’un Français sur deux se déclarent favorables à l’AME, à l’image du Rassemblement national qui souhaite la transformer en aide médiale d’urgence.
L’AME est une singularité française en Europe. Elle permet que des soins soient dispensés gratuitement à des clandestins sans qu’ils aient à avancer des frais, sans reste à charge et sans franchise. Entre 2004 et 2023, le nombre des bénéficiaires est passé d’environ 150 000 à 450 000. Or ces personnes ne contribuent pas à l’assurance maladie, de sorte que la France revêt une attractivité particulière pour les clandestins. Nous voterons ces amendements même s’ils sont imparfaits.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.
M. Jean-Paul Lecoq
Nous méconnaissons les réalités de la vie. Si vous vous arrêtez pour discuter avec les gens qui mendient sur le trottoir et si vous les interrogez, comme il m’arrive de le faire, pour savoir pourquoi ils ne travaillent pas alors qu’ils sont jeunes et en bonne santé, ils vous expliqueront qu’ils ne peuvent travailler car ils attendent des papiers. C’est ainsi, nous leur interdisons de travailler ! Et s’ils ne cotisent pas, c’est tout bonnement parce que nous leur interdisons de cotiser !
Mme Marine Le Pen
Mais bien sûr…
M. Jean-Paul Lecoq
Demander à ces gens que l’on va soigner de payer des franchises…
M. Hervé de Lépinau
Tous les pays du monde le font !
M. Jean-Paul Lecoq
…alors que nous leur interdisons de contribuer au financement de la sécurité sociale est un peu indécent. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Louis Boyard.
M. Louis Boyard
Vous êtes une belle bande de bureaucrates à l’extrême droite ! Si vous maîtrisiez le sujet, vous sauriez qu’il faut un an, un an et demi, voire deux ans dans certaines préfectures pour obtenir des papiers. Vous voulez faire payer les soins et les médicaments à des personnes sans papier alors qu’elles n’ont pas le droit de travailler. Voilà la bureaucratie ! Vous interdisez aux gens de travailler,…
M. Hervé de Lépinau
Va travailler, toi !
M. Louis Boyard
…vous leur imposez des délais pour la délivrance de leurs papiers mais vous voulez tout de même leur faire payer des médicaments et des soins, au mépris du droit humain. Rappelons-nous que nous sommes en France, pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen – si vous étiez patriotes, vous en parleriez ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Voici des gens confortablement assis dans leur bureau qui font des propositions dépourvues de sens. Quand on se confronte à la réalité, on découvre ce que vous êtes : des monstres ! (Exclamations et rires sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à M. Fabien Di Filippo.
M. Fabien Di Filippo
Je ne sais pas si ces paroles m’étaient destinées mais, en tout état de cause, pour vous, le centre va jusqu’à M. Dominique Potier ou M. Jérôme Guedj et l’extrême droite doit commencer à partir de M. Marc Fesneau ! De votre point de vue, nous sommes tous à mettre dans le même sac ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. – M. Charles Rodwell applaudit également.)
Comprenez-moi bien : nous déposons ces amendements sur le projet de loi de finances et sur le PLFSS. Les chiffres sont connus : en 2023, le montant moyen des soins annuels dont bénéficie une personne à l’AME est d’environ 2 400 euros. Je ne comprends pas qu’aucune cotisation ne soit prévue. Doivent-elles être versées à l’assurance maladie ? On peut en discuter mais notre proposition a au moins le mérite d’exister et je la maintiens.
Pour répondre à M. Boyard : nous parlons de gens qui sont présents illégalement en France et à propos desquels des décisions d’éloignement ont pu être prises.
M. Louis Boyard
Non !
M. Fabien Di Filippo
Notre perspective n’est pas qu’ils aient un travail et puissent être soignés. Ils n’ont pas vocation à rester dans notre pays.
M. Jean-François Coulomme
Qu’est-ce qu’une vocation ?
M. Fabien Di Filippo
Il faut les traiter en conséquence. Cela ne fait pas de nous des monstres. De nombreuses personnes se soumettent aux démarches pour obtenir un titre de séjour qui leur permettra de venir légalement dans notre pays et font l’effort de s’intégrer… (Le temps de parole de l’orateur étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de ce dernier. – Mme Mathilde Panot s’exclame.)
Mme la présidente
Dans la mesure où c’est la seule liasse relative à l’AME, j’élargis le débat. Nous reprenons ensuite le rythme d’un orateur pour, un contre.
La parole est à M. Alexis Corbière.
M. Alexis Corbière
Si on supprime l’AME, ce n’est pas aux étrangers en situation irrégulière qu’on s’en prend mais aux pauvres et aux ultra-pauvres dont on aggravera encore davantage le sort. Mais, me direz-vous, collègues du Rassemblement national, ils n’ont rien à faire ici ! Je rappelle que l’AME est une mesure de défense de la population, y compris celle en situation régulière. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.) Ce n’est pas une mesure de générosité mais un acte de santé publique pour les 66 millions de Français.
M. Fabien Di Filippo
Surtout quand on soigne des oreilles décollées !
M. Alexis Corbière
Si vous aimez la France et les Français, si vous souhaitez les protéger des virus, il faut préserver l’AME ! Votre racisme met en danger les Français. Vous n’aimez pas la France. Vous ne pouvez pas la quitter mais abandonnez au moins votre argumentaire ! (Mme Sandrine Rousseau applaudit.)
Mme Marine Le Pen
Stop !
Mme la présidente
La parole est à M. Inaki Echaniz.
M. Inaki Echaniz
Nous avons eu l’occasion de commencer ce débat nauséabond en commission des finances où M. Kasbarian a défendu un amendement similaire, reprenant les thèses du Rassemblement national. J’invite les macronistes à faire attention à ce qu’ils défendent.
M. Fabien Di Filippo
On parle de franchise médicale ! Il ne s’agit pas de ne pas soigner les gens !
M. Inaki Echaniz
Monsieur Di Filipo, quand vous dites « ces gens-là », vous parlez de personnes que vous croisez tous les jours, d’êtres humains, de mères de famille qui ont mis leurs enfants à l’école où ils sont souvent les meilleurs (Exclamations sur les bancs du groupe RN), qui participent à la vie de nos quartiers et de nos territoires ruraux. Ils ont envie de travailler, de faire vivre notre pays et d’avoir une vie digne ; ils ont le droit de bénéficier d’un accompagnement digne et durable. Nous nous retrouvons dans une hypocrisie folle à cause de M. Retailleau qui empêche les gens qui le veulent de travailler. Vous passez votre temps à défendre la valeur travail mais par vos décrets, vos méthodes et votre politique, vous les empêchez de s’intégrer. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
M. Fabien Di Filippo
Traitez-les comme des Français en leur faisant payer une franchise !
Mme la présidente
La parole est à Mme Geneviève Darrieussecq.
Mme Geneviève Darrieussecq
C’est toujours agité quand on parle d’AME ! Rappelons que les bénéficiaires ne sont pas des assurés sociaux et que le coût des prestations n’est pas imputé au budget de la sécurité sociale. Ainsi, il est donc impossible de leur demander de payer un forfait.
Des choses inadmissibles ont été dites. Savez-vous que les frais médicamenteux les plus importants exposés dans le cadre de l’AME concernent des traitements contre le sida, souvent attrapé en France, souvent en raison de la prostitution, et qui peut être transmis à tous les Français ?
M. Rodrigo Arenas
Absolument !
Mme Geneviève Darrieussecq
Il nous faut avoir un peu d’humanité et protéger notre population : voilà pour le cadre général de l’AME. Quant à cet amendement, il est hors sujet ! (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, LFI-NFP, SOC et GDR.)
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à Mme Marine Le Pen, pour un rappel au règlement.
Mme Marine Le Pen
Il est formulé sur le fondement du troisième alinéa de l’article 70, au titre de la mise en cause personnelle. Il y a 8 milliards de monstres sur terre si l’on vous suit ! En réalité, il n’y a pas un seul pays au monde…
M. Hadrien Clouet
Si !
Mme Marine Le Pen
…qui instaure la gratuité totale des médicaments pour les personnes en situation illégale et fasse payer une franchise, en sus de leurs cotisations, à ceux qui cotisent dans leur propre pays. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. – M. Inaki Echaniz tape sur son pupitre avec sa tablette. – Brouhaha sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)
Plusieurs députés du groupe EcoS
Ce n’est pas un rappel au règlement !
Mme Marine Le Pen
Monsieur Corbière, vous évoquez le coût des épidémies. Aucun pays européen n’applique l’AME : ils ne sont pas victimes d’épidémies pour autant. Vous savez pertinemment que nous sommes en faveur d’une aide médicale d’urgence qui gère les problèmes que vous avez soulevés. Arrêtez avec cette argumentation qui n’a aucun sens et qui est insultante pour les Français.
Mme la présidente
Monsieur Echaniz, vous n’avez pas à abîmer le matériel de l’Assemblée nationale en vous comportant de la sorte ! Vous n’avez ni à taper ni crier ! Souhaitez-vous créer une scène de tumulte ?
Mme Sophia Chikirou
Vous avez laissé faire alors que ce n’est pas un rappel au règlement !
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Je demande une suspension de dix minutes. Cela donnera à Mme Le Pen l’occasion de trouver le Brésil sur une carte : les soins y sont gratuits pour tous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Mathilde Panot
Exactement !
Mme la présidente
Vous ne disposez pas de la délégation nécessaire pour demander la suspension de séance.
Mme Élise Leboucher
Je l’ai !
Mme la présidente
Très bien, alors demandez la suspension vous-même !
Mme Élise Leboucher
Je la demande.
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures, est reprise à dix-neuf heures dix.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Benjamin Lucas-Lundy pour un rappel au règlement.
M. Benjamin Lucas-Lundy
Il se fonde sur l’article 58 qui précise les modalités des rappels au règlement. Vous avez autorisé il y a quelques instants la présidente Le Pen à faire un rappel au règlement pour fait personnel. Elle a en réalité déroulé un argumentaire sur le fond des amendements, ce qui nous paraît totalement contradictoire avec l’esprit comme avec la lettre du règlement de notre assemblée. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, sur plusieurs bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EPR.)
Nous y voyons un parti pris évident, madame la présidente, dans la mesure où vous siégez dans le même groupe que Mme Le Pen.
Mme la présidente
Ah non !
M. Benjamin Lucas-Lundy
Cela nous avait donné, au groupe Écologiste et social, une bonne raison de faire barrage lors de l’élection des vice-présidents de l’Assemblée nationale. Nous aimerions, madame la présidence, que cela ne se reproduise pas.
Mme la présidente
Remettez-vous en cause ma présidence, monsieur ? (« Oui ! » sur plusieurs bancs des groupes EcoS LFI-NFP. – Exclamations sur plusieurs bancs du groupe RN.)
M. Emeric Salmon
C’est interdit !
M. Benjamin Lucas-Lundy
Oui, exactement ! Comme le règlement m’y autorise d’ailleurs.
Nous aimerions que cela ne se reproduise pas afin que nos débats puissent se dérouler dans un climat serein et respectueux des règles qui doivent être les mêmes pour toutes et tous. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS et SOC et sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Vous oubliez de mentionner que Mme Le Pen a demandé un rappel au règlement après avoir été traitée de monstre. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)
D’autre part, si vous avez pu entendre ses propos, vous avez bien de la chance. Pour ma part, je ne les ai pas entendus parce que M. Echaniz claquait très bruyamment son pupitre.
M. Inaki Echaniz
C’est donc de ma faute !
Mme la présidente
Je l’ai donc laissée terminer son rappel au règlement, comme je le ferai pour vous le jour où l’on vous traitera de monstre. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR. – Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.) Il n’y a aucun parti pris. Si un jour une injure du même type vous est adressée et que vous souhaitez faire un rappel au règlement, je vous laisserai bien évidemment vous exprimer.
M. Benjamin Lucas-Lundy
Mme Le Pen n’a pas abordé ce sujet : elle s’est exprimée sur le fond de l’amendement !
M. Louis Boyard
La moindre des choses, c’est d’assumer ses erreurs !
Après l’article 18 (suite)
Mme la présidente
Madame la ministre, vous avez demandé la parole.
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’aimerais revenir sur l’AME puisque le débat a été ouvert, en espérant que les esprits vont s’apaiser.
Cette discussion est importante…
M. Sylvain Maillard
Eh oui !
Mme Justine Gruet
Ce n’est pas un tabou ! Il faut en parler !
Mme Stéphanie Rist, ministre
… car lorsque nous rencontrons nos concitoyens, ils nous interrogent souvent à ce sujet.
La ministre de la santé que je suis aimerait faire trois remarques à propos de l’AME. Premièrement, elle répond à une exigence d’humanité.
M. Fabien Di Filippo
L’humanité, ce n’est pas gratuit !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Deuxièmement, c’est un enjeu de santé publique, comme l’ont montré plusieurs études et comme l’ont rappelé M. Claude Évin et M. Patrick Stefanini dans le rapport qu’ils ont remis récemment au gouvernement. Troisièmement le dispositif présente un intérêt économique, ce qui a également été prouvé.
Pour répondre à Mme Le Pen, je donnerai l’exemple de l’Espagne. L’AME y a été supprimée en 2012 mais, à la suite d’une hausse de la mortalité et des dépenses de santé, elle a été réintroduite en 2018.
M. Alexandre Sabatou
C’est un gouvernement de gauche qui mène une politique de gauche !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Nous pouvons donc échanger sereinement sur cette question.
Je tiens aussi à préciser qu’on ne bénéficie pas de l’AME de façon automatique. Pour y avoir accès, il faut tout d’abord être présent sur le territoire depuis trois mois. En outre, les bénéficiaires sont soumis à des conditions de ressources qui correspondent à des situations de grande pauvreté, puisqu’elles sont les mêmes que celles qui permettent d’accéder à la complémentaire santé solidaire.
On peut parler de l’AME et on peut la faire évoluer. M. Évin et M. Stefanini ont par exemple fait des recommandations dont nous pourrions nous inspirer. En revanche, je ne crois pas qu’il soit nécessaire, pour avancer dans le débat, de rediscuter des conditions de ressources qui sont déjà très strictes.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 358, 660 et 1757.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 258
Nombre de suffrages exprimés 253
Majorité absolue 127
Pour l’adoption 100
Contre 153
(Les amendements identiques nos 358, 660 et 1757 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements nos 1618 et 1298 qui peuvent faire l’objet d’une discussion commune.
La parole est à Mme Anne-Sophie Ronceret, pour soutenir l’amendement no 1618.
Mme Anne-Sophie Ronceret
Il vise à conditionner le remboursement des lentilles de contact à une confirmation par l’opticien, au moment du retrait, que le produit a bien été remis au patient.
Cette mesure de traçabilité des lentilles permet de renforcer la lutte contre les facturations frauduleuses, lorsqu’aucun produit n’a été délivré, en appliquant une règle simple : pas de preuve d’achat, pas de remboursement.
Ce dispositif qui s’appuie sûr les flux existants ne représente aucun coût pour l’assuré ni aucune charge supplémentaire.
Mme la présidente
L’amendement no 1298 de Mme Katiana Levavasseur est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous voulez subordonner le remboursement des lentilles de contact à la télétransmission d’un acte de délivrance lors du retrait physique du produit chez l’opticien.
Que la consommation soit excessive s’agissant de certains dispositifs optiques – ou auditifs d’ailleurs – en raison d’une forme d’appel d’air qui a été créé ces dernières années et que des entreprises aient recours à la publicité de façon très exagérée, c’est vrai, à l’évidence.
Cela dit, votre dispositif me semble très complexe. Il empiète largement hors du domaine de la loi et il n’est pas bien proportionné – il semble bien lourd pour traiter le seul sujet des lentilles de contact.
Je vous demande de retirer votre amendement ou émettrai à défaut un avis défavorable, même si je comprends votre intention.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je demande le retrait de ces amendements faute de quoi mon avis sera défavorable. Je vous propose de rediscuter du sujet lors de l’examen du projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes – il sera discuté la semaine prochaine au Sénat. Comme l’a indiqué M. le rapporteur général, le mécanisme prévu par l’amendement ne relève pas du domaine législatif. Il ne tient pas.
(L’amendement no 1618 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 1298 tombe.)
(Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1954, je suis saisie par les groupes Rassemblement national et Union des droites pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Olivier Fayssat, pour le soutenir.
M. Olivier Fayssat
À partir de trois mois de présence régulière, un étranger a droit à la Puma, la protection universelle maladie. Lorsque cet étranger ne remplit plus les conditions d’affiliation, le code de la sécurité sociale l’autorise à conserver ses droits, y compris, le cas échéant, la complémentaire santé, pendant une durée déterminée après l’expiration de son titre de séjour.
Le groupe UDR propose que soit exigée une durée minimale de séjour régulier de six mois avant toute prolongation, afin de recentrer le dispositif vers sa finalité initiale et d’éviter les abus coûteux pour les Français. Je me permets de rappeler que quelqu’un qui n’est plus en situation régulière est en situation irrégulière. Ce n’est pas anecdotique pour de très nombreux Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je pense qu’il y a une confusion entre les personnes en situation régulière et celles qui sont en situation irrégulière. Ces dernières bénéficient de l’aide médicale de l’État, l’AME, qui ne relève pas du PLFSS mais du PLF. Quant aux personnes en situation régulière, qu’elles soient françaises ou étrangères, elles sont concernées par la Puma.
Vous proposez d’exiger une durée minimale de séjour régulier de six mois qui me semble ferme mais qui ne paraît pas correspondre à la diversité des situations. En effet, si les personnes dont on parle ont déjà été affiliées régulièrement à la Puma, car elles ont travaillé, il n’y a pas de raison de les traiter comme des clandestins et de les faire basculer d’un jour à l’autre hors de la Puma puisque, pendant leur période d’affiliation régulière, elles ont participé au financement de la sécurité sociale.
En revanche, il est opportun qu’elles prouvent avoir bien entamé les démarches visant à confirmer la régularité de leur séjour dans notre pays. C’est le sens des deux amendements identiques qui suivent.
Je vous invite à retirer votre amendement, sans quoi mon avis sera défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Coulomme.
M. Jean-François Coulomme
Je suis désolé mais nous avons affaire à un amendement monstrueux – encore un ! – de la part de l’extrême droite. (Exclamations sur les bancs du groupe RN. – Mme Sophia Chikirou s’exclame en réponse.) Premièrement, comme cela a déjà été signalé, énormément de personnes déjà régularisées et qui ont reçu un titre de séjour valide ne peuvent pas se faire régulariser de nouveau en raison de la longueur du parcours administratif ou parce que les systèmes administratifs ne sont pas disponibles. Et vous voudriez les exclure de la protection universelle maladie !
Deuxièmement, ce que vous proposez est complètement idiot. Si vous refusez de soigner une personne malade qui vit au sein de notre société, vous voyez bien quels risques de transmission vous faites courir à tous, par exemple en cas de maladies infectieuses. Imaginez que l’on dise à une partie de la population française qu’elle ne peut pas se faire soigner du covid parce qu’elle ne dispose pas de titre de séjour en bonne et due forme. C’est donc une imbécillité complète.
On entend souvent cette antienne de l’extrême droite selon laquelle les personnes viennent en France pour profiter de soins coûteux,…
M. Olivier Fayssat
Oui !
M. Jean-François Coulomme
…comme – pourquoi pas ? – des balnéothérapies, alors qu’en fait, les Français eux-mêmes, pour un certain nombre d’entre eux, ne satisfont pas aux conditions qui leur permettraient d’être soignés.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1954.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 246
Nombre de suffrages exprimés 238
Majorité absolue 120
Pour l’adoption 83
Contre 155
(L’amendement no 1954 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 334 et 1759.
La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 334.
Mme Justine Gruet
Alors que je pense qu’il est important de pouvoir débattre de cette question dans notre hémicycle, j’ai le sentiment que, dès qu’on aborde le sujet de l’immigration, la discussion devient très enflammée,…
M. Alexis Corbière
Non !
Mme Justine Gruet
…très axée sur l’émotion et peu sur le pragmatisme. Je crois que nos concitoyens attendent plus de justice.
Cet amendement vise à subordonner le bénéfice de la prolongation du droit à la Puma à l’engagement d’une démarche de renouvellement du document autorisant le séjour d’un étranger en France. Dans sa rédaction actuelle, le texte tend à permettre à des étrangers ayant précédemment bénéficié d’une affiliation régulière à la Puma et, le cas échéant, à la complémentaire santé solidaire (C2S) de continuer à bénéficier de ces droits pendant une durée de six mois après l’expiration du document autorisant leur séjour en France.
Selon nous, un étranger en situation irrégulière qui n’a pas pris la peine d’engager une démarche de renouvellement de son titre de séjour ne doit pas pouvoir bénéficier d’une prolongation du droit à la Puma.
M. Yannick Monnet
Même s’il est malade ?
Mme Justine Gruet
Je crois que nos concitoyens attendent que nous fassions preuve de pragmatisme face à ces enjeux.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élisabeth de Maistre, pour soutenir l’amendement no 1759.
Mme Élisabeth de Maistre
C’est le même amendement déposé par les autres membres du groupe Droite républicaine. Comme vous l’avez dit, monsieur le rapporteur général, il vise à subordonner le bénéfice de la prolongation du droit à la Puma à l’engagement d’une démarche de renouvellement du document autorisant le séjour d’un étranger en France.
Mme la présidente
Sur les amendements no 334 et identique, je suis saisie par les groupes Rassemblement national et Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Nous restons cette fois dans l’esprit de la Puma : vous proposez de préciser que, lorsque le titre de séjour de personnes en situation régulière expire, à partir du moment où elles sont engagées dans une démarche de renouvellement de ce document, leur droit à bénéficier de la Puma peut être prolongé. Je suis personnellement favorable à cet amendement, que la commission n’a pas étudié. (« Favorable ? » sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Jean-François Coulomme
Vous vous radicalisez, monsieur le rapporteur général !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je comprends l’intention dont procède votre amendement, auquel je ne suis pas favorable. En effet, s’il était accepté, il risquerait de créer un moment de rupture pendant lequel les soins des personnes concernées ne seraient pas pris en charge : il suffirait d’un décalage de quelques jours entre l’arrêt de la prise en charge par la Puma et le dépôt de la demande de renouvellement du titre de séjour.
Or pourquoi cette protection universelle existe-t-elle en France – comme dans bien d’autres pays ? C’est non seulement pour que les individus soient pris en charge quand ils en ont besoin mais aussi – il est très important de le comprendre – pour préserver la santé publique. Il suffit qu’une personne atteinte de tuberculose,…
M. Alexandre Allegret-Pilot
De la peste !
M. Pierre-Henri Carbonnel
La peste, c’est le pire !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…qui crache et tousse régulièrement pendant quelques jours, se rende dans une rame de métro pour que plusieurs autres personnes soient contaminées. On ne peut pas parler de santé publique si l’on ne prend pas en charge les gens qui sont sur notre territoire.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Je rappellerai plusieurs éléments. D’abord, dans Puma, le u signifie universel et il serait bon que cette protection reste universelle, par principe. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Ensuite, lorsqu’on dépose une demande de renouvellement, on ne reçoit pas de récépissé qui en atteste, et puis il faut que le site internet par lequel passe cette demande fonctionne. Cette année, j’ai posé plusieurs questions au gouvernement à ce sujet car ce site est régulièrement indisponible. C’est donc de notre fait que des gens en arrivent à sortir des cases dont vous tracez les contours.
Enfin, il arrive que des gens, précisément parce qu’ils sont hospitalisés, ne puissent pas demander le renouvellement de leur titre de séjour. Dans ce cas de figure, l’application de la mesure que vous proposez aurait pour effet l’exclusion de personnes malades et suivies, qui reçoivent déjà des soins, alors même qu’elles ne peuvent demander de renouvellement. (M. Raphaël Arnault applaudit.)
Le système que vous proposez est donc vraiment absurde. Il faut rester humaniste jusqu’au bout : lorsqu’on prend la décision de soigner quelqu’un, on va jusqu’au bout. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Sacha Houlié.
M. Sacha Houlié
Je rappelle d’abord, s’agissant de l’amendement précédemment examiné de M. Ciotti, qui visait étendre la durée de séjour régulier requise pour bénéficier de la Puma, qu’une telle mesure aurait eu un effet : créer de l’irrégularité, donc augmenter à terme le nombre des bénéficiaires de l’AME. On appréciera l’incohérence !
M. Emeric Salmon
Non, en fait !
M. Sacha Houlié
S’agissant des amendements identiques de MM. Pauget et Wauquiez, que viennent de défendre Mme Gruet et Mme de Maistre, ils cherchent en réalité à exacerber les dysfonctionnements de l’administration française. D’ores et déjà, les personnes qui ne bénéficient pas à temps du titre ou du récépissé qui leur permettraient de continuer à travailler se trouvent licenciées par leur employeur, quand elles ne poursuivent pas leur travail de manière dissimulée. Et vous voudriez les priver en plus de la Puma, ce qui aurait pour effet de les renvoyer vers l’AME !
Ces amendements sont donc non seulement inhumains mais encore très dysfonctionnels sur le plan administratif. Ce ne sont que création d’irrégularités et retrait de droits imposés à des gens qui en ont évidemment besoin – à cet égard, l’exemple de la tuberculose de Mme la ministre est très parlant. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Marine Le Pen.
Mme Marine Le Pen
Je voudrais moi aussi revenir à « la tuberculose de Mme la ministre ». (Sourires sur plusieurs bancs. – « Ça n’est pas drôle ! » sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Il faut arrêter avec cette argumentation, qui n’est pas sérieuse. Encore une fois, pas un seul pays n’a instauré l’AME (« Mais si ! » sur quelques bancs du groupe SOC), exception faite du Brésil, qui l’a inscrite sur le papier mais ne l’applique pas.
En revanche, il y a dans tous les pays l’équivalent de ce que nous réclamons : l’aide médicale d’urgence. Personne ne laisse mourir des gens dans la rue devant la porte des hôpitaux. Personne ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.) Personne ne laisse des épidémies graves se développer dans un pays au motif que ceux qui en sont porteurs ou victimes sont des étrangers, y compris lorsqu’ils sont en situation irrégulière. Il faut cesser de mobiliser de tels arguments. Que LFI ou les socialistes le fassent, je peux l’entendre à la rigueur ; mais que Renaissance commence à le faire, alors que ses membres sont censés constituer la part raisonnable de l’hémicycle – quoique vous nous démontriez de plus en plus souvent le contraire ! –, n’est pas raisonnable. (Mme Ségolène Amiot s’exclame.)
M. Hervé Saulignac
Ce sont les médecins qui le disent !
Mme Marine Le Pen
Madame la ministre, je vous en supplie : n’utilisez pas cet argument !
Mme Ségolène Amiot
Et si, justement !
Mme Marine Le Pen
La mesure prévue par ces amendements est le minimum exigible : il s’agit seulement de demander le renouvellement d’un titre de séjour pour pouvoir continuer à bénéficier de ce qui est tout de même une exception ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Avant que Mme la ministre s’exprime et que nous procédions au scrutin, la parole est à M. Jean-Paul Lecoq, brièvement.
M. Jean-Paul Lecoq
Merci, madame la présidence. Je serai aussi bref que Mme Le Pen. Je pense qu’il faut contrer ces amendements. La ministre était députée il y a peu. Elle a donc dû rencontrer dans ses permanences des gens qui venaient lui présenter les difficultés qu’ils rencontraient lorsque leurs papiers n’étaient pas renouvelés en raison de la surcharge de nos préfectures – Sacha Houlié l’a montré il y a quelques minutes. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Ils ne parviennent tout simplement pas à établir les documents requis.
Le pire est que, parmi les gens que nous recevons dans nos permanences, il y a des médecins, par exemple des médecins étrangers, qui travaillent à l’hôpital du Havre, dont les papiers ne sont pas renouvelés alors que ce sont eux qui soignent ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes GDR, LFI-NFP, SOC et EcoS.)
Nous créons nous-mêmes des sans-papiers ; on ne va pas en plus créer des super-malades alors qu’on peut assurer la continuité de leur couverture ! Ou alors il faut totalement réformer le système d’attribution de papiers aux travailleurs étrangers chez nous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je crois que ce débat est très important et qu’il ne doit pas y avoir de tabou. Je suis donc à l’aise pour vous répondre.
Je comprends que vous vouliez une aide médicale d’urgence destinée à certains au motif que ces gens-là seraient étrangers, clandestins. Enfin, j’ai dit je comprends… Je comprends que vous puissiez le dire ! (« Quelle honte ! » sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)
Je veux vous dire que, sur le plan médical, quelqu’un qui a la tuberculose et qui tousse, avant de devoir bénéficier de soins d’urgence, diffusera cette infection autour de lui, dans les rames de métro, et contaminera les gens qui l’environnent. Traiter la tuberculose d’un patient en consultation de ville, avant qu’il ne soit hospitalisé aux urgences, coûte entre 200 et 400 euros.
Mme Marine Le Pen
Mais non !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Une personne qui tousse ne serait pas prise en charge par l’aide médicale d’urgence que vous demandez, madame Le Pen ; or cette personne, si elle est atteinte de tuberculose, est une future urgence et s’occuper d’elle avant qu’elle ne devienne une urgence coûte moins cher à la société et à la sécurité sociale qu’intervenir ensuite en urgence. (Mme Ségolène Amiot s’exclame.)
J’entends qu’on puisse tenir ce genre de discours politiquement, mais c’est un non-sens médicalement et économiquement. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 334 et 1759.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 243
Nombre de suffrages exprimés 237
Majorité absolue 119
Pour l’adoption 93
Contre 144
(Les amendements identiques nos 334 et 1759 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 351, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour le soutenir.
Mme Josiane Corneloup
Le coût du titre de séjour pour soins est entouré d’une grande opacité. Notre pays propose un système unique au monde, une exception dans l’Union européenne qui s’éloigne de plus en plus de son objectif humanitaire originel.
Le rapport de 2023 sur l’évaluation du coût des soins dispensés aux étrangers en situation irrégulière dénonçait le caractère trop flou des critères pour en bénéficier, alors qu’il existe un dispositif des soins urgents plus adapté.
Sachant que le coût du titre de séjour pour soins s’élèverait à 100 millions d’euros environ, le présent amendement vise à réformer le fonctionnement annuel du dispositif : une personne étrangère, titulaire d’un titre de séjour, aura toujours la possibilité de se faire soigner en France, mais paiera les frais afférents.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Votre amendement porte sur le cas particulier des titulaires d’une carte de séjour au titre de l’article L. 425-9 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile. Cet article prévoit expressément la délivrance d’une carte de séjour à des personnes dont la vie, sans prise en charge médicale, est gravement menacée. S’il y a des abus, ceux-ci relèvent plutôt du droit consulaire – ou de la future loi sur les fraudes – que du code de la sécurité sociale. Il ne faudrait pas pénaliser des personnes dont la vie peut être gravement menacée en supprimant leur prise en charge alors que votre amendement doit viser ceux qui abusent en utilisant des critères de délivrance à mauvais escient. Demande de retrait. Sinon avis défavorable. Cet amendement n’a pas été examiné en commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Avis défavorable. Sur les 30 000 demandes par an de titre de séjour pour soins, 3 000 sont délivrés par les préfectures. Il s’agit de demandes consulaires. Si la réponse est positive, la sécurité sociale paye ce qui est dû par ces gens qui ont reçu l’autorisation de se faire soigner en France et sont donc en situation régulière.
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Runel.
Mme Sandrine Runel
Décidément, vous ne vous arrêtez jamais au Rassemblement national… Et ça continue, encore et encore.
Plusieurs députés du groupe RN
« C’est que le début, d’accord, d’accord » ! (Sourires sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR.)
Mme Sandrine Runel
La ministre vient pourtant de rappeler que le dispositif concerne uniquement 3 000 personnes et, par ailleurs, les critères sont très clairs : il faut que la personne ne puise pas être prise en charge dans son pays. Et on peut l’accueillir parce que nous avons une tradition d’hospitalité en France, le pays des droits de l’homme. (Exclamations sur de nombreux bancs du groupe RN.) Oui, nous accueillerons toujours les personnes qui sont malades et qui ne peuvent pas se faire soigner ailleurs. Car la France protège, la France accueille, la France soigne et c’est tout à notre honneur, ne vous en déplaise ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Le sujet ne devrait pas faire débat. On se trompe vraiment de combat de l’autre côté de l’hémicycle. Les demandes proviennent de gens qui n’ont pas accès aux soins chez eux – parce qu’ils n’en existent pas ou qu’ils ne sont pas en capacité d’en recevoir – et qui vont mourir s’ils ne sont pas soignés. (« Oh là là ! » sur plusieurs bancs du groupe RN.) Ensuite, une fois soignés, soit ils rentrent chez eux guéris, et tant mieux pour eux car une vie est une vie, et une vie peut changer le monde (« Ah ! » et sourires sur les bancs du groupe RN), soit ils ne peuvent pas rentrer parce qu’ils ne trouveront jamais chez eux le traitement qu’ils doivent continuer à suivre. Je pense à l’exemple des malades du sida : s’ils restent en France et que leur traitement est pris en charge, leur sida s’amenuise au point de devenir indétectable, ils ne transmettent plus la maladie et peuvent mener leur vie, travailler et être productifs. Donc en réalité, c’est nous qui y gagnons ! (M. Louis Boyard et Mme Karen Erodi applaudissent.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Le groupe Ensemble pour la République a été souvent interpellé, notamment par Mme Le Pen. Nos valeurs, vous les connaissez, on les a souvent rappelées : nous nous fondons sur des valeurs d’humanisme, de progressisme et de protection des personnes qui en ont besoin. Il n’y a donc aucun doute sur notre engagement. Nous votons contre l’ensemble de ces amendements parce que les règles existent et qu’il suffit de les appliquer. Un rapport a pu montrer que l’AME était perfectible, mais aujourd’hui, il s’agit de protéger les personnes.
On sait que les propositions du Rassemblement national reposent plutôt sur de la stigmatisation (« Oh ! » sur plusieurs bancs du groupe RN) et sur une volonté de s’opposer. (Mme Marie Mesmeur s’exclame.)
Le groupe Ensemble pour la République sera toujours là pour protéger ceux qui en ont besoin dans le respect des règles. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Marine Le Pen.
Mme Marine Le Pen
Qu’est-ce que ce doit être confortable… d’être dans votre position. Mais la réalité, c’est que le nombre de gens dans le monde qui ne peuvent pas accéder aux soins, comme vous dites, il y en a combien ? Cent, deux cents, huit cents millions ? Un milliard ? Deux milliards ? Quatre milliards ? Il y a même des Américains qui demandent un visa pour soins pour se faire soigner en France parce que les soins dont ils ont besoin sont trop onéreux aux États-Unis pour qu’ils puissent y accéder.
M. Benjamin Lucas-Lundy
Quel rapport ?
Mme Marine Le Pen
Vous voyez que votre générosité, madame Amiot, est payée par quelqu’un, payée par les Français, et entre autres par ceux qui ont moins de chance d’accéder aux soins dont vous parlez peut-être en raison de la création de ce visa pour soins qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde ! J’ai bien dit nulle part ailleurs.
M. Alexis Corbière
Ça n’est pas parce que ça n’existe pas ailleurs qu’on ne doit pas le faire !
Mme Marine Le Pen
Alors que nous devons faire des économies, il est tout à fait légitime de se poser la question de savoir s’il faut maintenir ce genre de dispositif. (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme Sophia Chikirou
Ça fait trois fois que vous faites la même intervention !
Mme la présidente
La parole est à M. Alexis Corbière.
M. Alexis Corbière
J’interviens en opposition à tous ces amendements et pour réagir à un argument que Mme Le Pen vient de nous répéter et qui avait déjà été formulé trois ou quatre fois y compris par d’autres collègues : nous sommes le seul pays au monde à délivrer un visa pour soins. Eh bien, madame, cela me rend fier d’être Français. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur plusieurs bancs du groupe LFI. – Exclamations continues sur les bancs du groupe RN.) Et je suis étonné de cet argumentaire anti-français que vous développez. Comme si nous ne devrions pas être un pays exceptionnel, un pays regardé dans le monde entier, un pays qui nous rend fier au-delà des frontières ! Comme si nous devions avoir honte de notre pays, honte de la République sociale, honte des services publics, honte de la dimension universelle du droit à la santé ! Voilà le paradoxe : vous ne cessez d’avoir le mot « France » à la bouche, mais vous n’aimez pas ce pays. (Vives protestations et sourires sur les bancs des groupes RN et UDR.) Vous ne l’aimez pas tel qu’il est. (Exclamations redoublées sur les bancs du groupe RN.)
Oui, monsieur Tanguy. vous pouvez rire avec vos blagues faciles, mais le pays que vous défendez, ce n’est pas la France ! C’est un autre pays : un pays raciste, xénophobe, un pays qui rejette la générosité, un pays égoïste ! Ça n’est pas la France ! La France, elle a une devise : Liberté, Égalité, Fraternité ; pas : Égoïsme, Racisme,… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés du groupe EcoS et plusieurs députés du groupe LFI-NFP ainsi que M. Jean-Luc Fugit applaudissent l’orateur.)
Mme la présidente
La parole est à M. Alexandre Allegret-Pilot.
M. Alexandre Allegret-Pilot
À en écouter certains, j’ai l’impression que la France est un pays ouvert aux quatre vents et surtout qui croule sous l’argent– pas de déficit, pas de dette, tout va bien – au point qu’on ne sait pas quoi en faire, et qu’on peut donc le distribuer à tout le monde. Au lieu d’imposer votre vision à tous les Français en utilisant leur argent, créez une association, faites des dons, financez ce que vous voulez avec votre argent, pas avec celui des Français ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Mme la présidente
Chers collègues du groupe socialiste, je vois que vous me faites signe, mais madame Runel s’est exprimée pour votre groupe ; je ne peux pas prendre un second orateur.
Mme la présidente
La parole est à M. Frédéric Petit.
M. Frédéric Petit
Je propose que nous retrouvions notre calme et que nous en restions au débat de ce soir. Je rejoins plutôt notre collègue Corbière : quand nous travaillons sur les conditions d’accueil des étrangers en France, nous faisons de la diplomatie, nous présentons une image de la France. Il ne s’agit donc plus tout à fait de la question du financement de la sécurité sociale.
C’est ainsi que la France réagit par exemple lorsqu’il y a un tremblement de terre à l’étranger. À cette occasion, nous agissons parce que notre pays en a les capacités, parce que nous sommes un pays riche (Protestations sur les bancs du groupe RN), un pays endetté mais qui n’est pas en faillite, un pays que nous devons remettre sur les rails mai qui doit alors doit rester généreux. (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.) Je peux parler ?…
Mme la présidente
Pousuivez. On vous écoute.
M. Frédéric Petit
Je n’ai pas l’impression qu’on m’écoute beaucoup – en tout cas, je suis sûr qu’on crie beaucoup.
Mme la présidente
Moi, je vous écoute.
M. Frédéric Petit
Il reste que, vu le nombre de personnes concernées par ces visas, leur accueil relève du symbole, de la solidarité internationale. Il est absolument surréaliste d’avoir une telle discussion alors que nous débattons de la sécurité sociale française – payée par le travail. J’ajoute que ce dispositif ne concerne pas les centaines de millions ou les milliards de gens dont Mme Le Pen nous parle.
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Louis Boyard, pour un rappel au règlement. (« Ah ! » sur les bancs du groupe RN.)
M. Louis Boyard
Sur le fondement de l’article 100 relatif à la bonne tenue de nos débats. Vous avez indiqué que vous donneriez la parole à un orateur par groupe sur le thème de l’AME parce que nous avions affaire à l’un des seuls amendements sur cette question, mais nous traitons maintenant de sujets bien différents. Dès lors, je m’interroge. Pourquoi depuis deux amendements continuez-vous à appliquer la règle « un orateur par groupe » alors que sur de nombreux autres sujets nous ne l’avons pas fait ? (M. Benjamin Lucas-Lundy applaudit.)
Mme la présidente
Depuis le début de l’examen de ce PLFSS, dès qu’un groupe me demande d’élargir le débat, je le fais comme les autres présidents de séance. (« Non ; c’est un pour, un contre ! » sur de nombreux bancs du groupe LFI-NFP.) Eh bien, si cela déplaît, on peut reprendre la règle habituelle : un orateur pour, un orateur contre, mais en ce cas, arrangez-vous entre vous. Ce débat est un peu stérile ; je propose de passer au vote. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Après l’article 18 (suite)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 351.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 243
Nombre de suffrages exprimés 239
Majorité absolue 120
Pour l’adoption 96
Contre 143
(L’amendement no 351 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille, pour soutenir l’amendement no 747.
M. Cyrille Isaac-Sibille
C’est un amendement qui portait sur le tiers payant, mais pour accélérer les débats, je le retire. (« Ah ! » sur divers bancs.)
Mme Stéphanie Rist, ministre
Merci !
(L’amendement no 747 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 1060, 1224, 1999, 1226, 1323 et 2000, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 1060, 1224 et 1999 sont identiques. Les amendements nos 1226, 1323 et 2000 le sont également.
La parole est à M. Michel Lauzzana, pour soutenir l’amendement no 1060.
M. Michel Lauzzana
Nous passons à un autre sujet puisque cet amendement traite de la fraude au tiers payant, que nous souhaitons combattre. Il a été adopté en commission.
Il s’agit de suspendre la garantie automatique de paiement dont bénéficient les professionnels quand il y a enquête pour fraude, de suspendre le tiers payant dès la notification du déconventionnement ou suspension temporaire d’urgence, et d’aligner également les règles des organismes complémentaires sur celles de l’assurance maladie obligatoire afin d’éviter tout versement indu. Nous voulons prévenir plutôt que réparer.
Mme la présidente
Sur les deux séries d’amendements nos 1060 et identiques et nos 1226 et identiques, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Laurent Croizier, pour soutenir l’amendement no 1224.
M. Laurent Croizier
Je défendrai également par avance l’amendement no 1226 parce qu’ils sont complémentaires. Frauder la sécurité sociale, c’est trahir la solidarité nationale, c’est détourner l’argent consacré aux malades et aux hôpitaux, c’est voler les Français. À ce titre, nous devons légiférer avec la plus grande fermeté. Celui qui a tenté de duper la solidarité nationale doit en assumer les conséquences.
Pour que la lutte contre la fraude soit dissuasive, celle-ci doit coûter plus cher à ceux qui la commettent qu’à ceux qui en sont victimes. Il est proposé d’autoriser l’assurance maladie à suspendre, pour une durée déterminée, le bénéfice du tiers payant aux assurés ou professionnels sanctionnés ou condamnés pour fraude. Cette proposition est issue d’un rapport de la Caisse nationale d’assurance maladie et elle a été travaillée avec la Mutualité française.
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 1999.
M. Christophe Marion
L’assurance maladie indique qu’en 2024, les professionnels de santé ont été responsables de 27 % des fraudes détectées et stoppées mais de 68 % des montants des fraudes. En comparaison, seuls 18 % de ces mêmes montants tiennent aux assurés. Par logique envers ces chiffres, mon amendement vise à lutter contre la fraude au tiers payant commise par les professionnels de santé, notamment en mettant fin à la garantie automatique de paiement dès qu’il y a un soupçon.
Mme la présidente
Dans la discussion commune, nous en venons à la seconde série d’amendements identiques.
L’amendement no 1226 de M. Laurent Croizier a déjà été défendu.
La parole est à M. Hubert Ott, pour soutenir l’amendement no 1323.
M. Hubert Ott
Ces dernières années, les techniques de fraude se sont diversifiées, notamment avec la production de faux documents par certains assurés pour obtenir indûment des prestations. Aucun moyen ciblé n’existe actuellement pour décourager les assurer à se livrer à de telles pratiques. Mon amendement vise donc à autoriser l’assurance maladie à suspendre temporairement le bénéfice du tiers payant pour les assurés sanctionnés pour fraude. Il s’agit d’un outil gradué, proportionné et temporaire destiné à prévenir la réitération des fraudes et à protéger l’intégrité des dépenses de santé sans remettre en cause l’accès aux soins. Le remboursement demeure en effet possible selon les règles de droit commun. Cette mesure reprend une proposition émise par la Cnam dans son rapport « Charges et produits pour 2026 ».
Mme la présidente
L’amendement no 2000 de M. Christophe Marion est défendu.
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il y a deux séries d’amendements identiques sur lesquelles j’aurai des avis différents. Ceux de la première série visent à suspendre temporairement le bénéfice de la garantie de paiement pour les professionnels de santé sanctionnés pour fraude ou contre lesquels une procédure de déconventionnement pour fraude a été lancée. L’idée est d’éviter le versement de sommes indues. Je suis favorable à ces amendements qui ont été adoptés en commission, d’autant que le dispositif prévu est très précis.
Il en va différemment des amendements de la seconde série, qui concernent les assurés. Je comprends et je partage l’intention mais il y a un problème de rédaction. En commission, j’avais indiqué à leurs auteurs qu’ils ne pouvaient se contenter de renvoyer à un simple décret, car un cadre législatif précis est nécessaire. Malheureusement, rien n’a été modifié pour la séance. Je suggère donc le retrait des amendements nos 1226, 1323 et 2000 ; à défaut, et en l’état, j’émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Ces amendements visent à lutter contre la fraude, objectif auquel nous pouvons tous souscrire car les pratiques frauduleuses entament la confiance de nos concitoyens envers la sécurité sociale. Le sujet est important et c’est pourquoi nous présenterons ici, au cours de la première semaine de décembre, un projet de loi dédié à la lutte contre la fraude.
Je vous invite donc à retirer tous les amendements très techniques et complexes pour qu’on puisse travailler sur leur rédaction ensemble et avec les caisses afin de les rendre les plus efficaces possible.
Sur le fond, je soutiens dans l’ensemble les mesures proposées, sauf celle qui concerne le tiers payant car il s’agit d’un moyen de garantir l’accès aux soins qu’il est primordial de conserver. Je suis tout à fait disposée à les revoir avec vous pour pouvoir les intégrer au véhicule législatif qui arrive. À défaut de retrait, mon avis sera défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Les deux dispositifs qui nous sont proposés n’ont pas beaucoup plus de sens l’un que l’autre. Tous deux visent à suspendre le tiers payant, mais dans deux circonstances différentes.
Les auteurs du premier dispositif proposent de suspendre le tiers payant pour les assurés qui iraient voir un praticien ou une praticienne coupable d’un acte de fraude. Autrement dit, si votre médecin fraude, vous serez obligé d’avancer les frais. Excusez-moi, mais c’est du délire : vous voulez sanctionner un assuré parce que son soignant aurait fraudé ! Quel est le sens politique d’une telle idée, à part augmenter le non-recours aux droits et priver les gens d’accès à des soins ?
L’autre proposition consiste à retirer le tiers payant aux assurés convaincus de fraude. Vous n’êtes pourtant pas sans savoir que les enfants d’un assuré figurent sur sa carte Vitale. Cela signifie que, faute de tiers payant, vous privez des gosses d’accès aux soins parce que leur parent a fraudé… (Exclamations et sourires sur les bancs du groupe RN.)
Ça doit être très marrant !
Mme Anaïs Belouassa-Cherifi
Ça en fait rire certains en plus !
M. Hadrien Clouet
J’ai entendu sur les bancs d’en face dire que c’était monstrueux : vous avez bien raison. Les gens qui nous écoutent doivent savoir que Marine Le Pen ricane à l’idée que des gosses n’aient pas accès à des soins. La réalité du débat actuel est la suivante : l’extrême droite trouve hypermarrant que des gamins de personnes à bas salaire se voient privés… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés du groupe LFI-NFP ainsi que M. Benjamin Lucas-Lundy applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Joëlle Mélin.
Mme Joëlle Mélin
Tout le monde parle de la fraude, il est temps qu’on s’en occupe. (« Au Parlement européen ? » sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Seuls 700 millions d’euros sont recouvrés sur un total de 15 milliards. (« Et vos 4 millions ? » et « Rendez l’argent ! » sur les mêmes bancs.)
Mme la présidente
Merci d’écouter l’oratrice !
Mme Joëlle Mélin
Que je sache, la Cnam n’est pas revenue sur sa décision aboutissant au démembrement – à la décomposition, devrais-je dire – du service du contrôle médical, qui regroupait ses médecins-conseils. De plus, l’an dernier, nous n’avons pas pu obtenir la transmission des données entre l’assurance maladie et les assurances complémentaires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 1060, 1224 et 1999.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 226
Nombre de suffrages exprimés 225
Majorité absolue 113
Pour l’adoption 93
Contre 132
(Les amendements identiques nos 1060, 1224 et 1999 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 1226, 1323 et 2000.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 216
Nombre de suffrages exprimés 208
Majorité absolue 105
Pour l’adoption 86
Contre 122
(Les amendements identiques nos 1226, 1323 et 2000 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 571 et 885, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 571.
Mme Josiane Corneloup
Alors que l’article 18 du PLFSS double la franchise sur chaque acte médical et sur chaque médicament, cet amendement vise à ce que chacun participe à l’effort demandé.
Actuellement, les personnes résidant en France de manière stable et régulière, qu’elles travaillent ou non,…
Mme Farida Amrani
Raciste ! Tu es raciste !
Mme Josiane Corneloup
…ont droit à une protection complémentaire en matière de santé sans même acquitter de participation financière si leurs ressources sont inférieures à un plafond déterminé par décret. Pour des raisons budgétaires, mais aussi dans un souci de justice et d’équité, impératifs qui nous sont régulièrement rappelés, nous demandons qu’une participation financière soit exigée de toutes les personnes bénéficiaires d’une protection complémentaire en matière de santé.
Mme la présidente
Sur l’amendement n° 885, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir cet amendement.
Mme Justine Gruet
La C2S a coûté 3,2 milliards d’euros à l’État en 2023, soit une hausse de 10,5 % en un an. Sur les 7,7 millions de bénéficiaires, 6 millions ne paient rien, les autres s’acquittant d’une cotisation minimale. Si la C2S joue un rôle important et légitime dans la réduction des inégalités d’accès aux soins, son coût n’est pas maîtrisé. En la réformant et en revenant sur la gratuité, nous cherchons à trouver un juste équilibre entre solidarité et responsabilité budgétaire. S’il est crucial de maintenir l’accès aux soins pour les plus vulnérables, cela doit se faire dans un cadre où chacun contribue à la solidarité nationale dans la mesure de ses moyens.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Ils visent à établir une participation financière à la C2S. Même si elle a été retravaillée depuis l’examen en commission pendant lequel il avait été retiré, la rédaction de l’amendement no 571 reste problématique. Je trouve le no 885 plus complet et mieux écrit juridiquement. Je propose donc un retrait du premier au profit du second, qui laisse ouvert le champ des possibles en renvoyant à un travail avec le gouvernement et la Cnam la fixation par décret de la participation financière. La commission a rejeté l’amendement no 885 auquel je donne, à titre personnel, un avis favorable.
(L’amendement no 571 est retiré.)
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement sur l’amendement no 885 ?
Mme Stéphanie Rist
Les personnes gagnant moins de 862 euros par mois bénéficient de la C2S gratuite et celles gagnant entre 862 à 1 163 euros par mois doivent en payer une partie. Je n’imagine pas que le seuil de déclenchement d’une participation dont vous prévoyez l’instauration par décret sera inférieur à 862 euros par mois. L’amendement étant, à mon avis, satisfait, j’en demande le retrait, sinon mon avis sera défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Comme vient de le dire Mme la ministre, celles et ceux qui le peuvent versent déjà une participation à la C2S. Sa version gratuite ne s’adresse qu’aux personnes les plus démunies, celles qui n’ont pas les moyens de se payer une mutuelle alors qu’elles n’en bénéficient pas dans le cadre de leur emploi. Cela réduit énormément le nombre des personnes concernées. Vous regrettez néanmoins que la C2S coûte cher à la collectivité. Je suis d’accord avec vous : elle coûte même très cher, parce qu’on fait appel à des mutuelles complémentaires qui, pour certaines, cherchent à faire des bénéfices. Si vous voulez aller vers un système beaucoup moins cher et bien plus efficace, nous vous proposons le 100 % Sécu, qui regrouperait l’intégralité des mutuelles dans une sécurité sociale universelle. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Marine Le Pen
Un système soviétique !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 885.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 219
Nombre de suffrages exprimés 219
Majorité absolue 110
Pour l’adoption 12
Contre 207
(L’amendement no 885 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Colette Capdevielle, pour soutenir l’amendement no 626.
Mme Colette Capdevielle
Tout à l’heure, lorsque vous avez refusé de me donner la parole, madame la présidente, je voulais seulement rappeler à Mme Le Pen qu’il existe une aide médicale gratuite dans de nombreux pays européens (Exclamations sur les bancs du groupe RN), notamment en Espagne, pays proche de ma circonscription.
Mme la présidente
Si vous permettez, madame la députée, quand vous avez voulu intervenir, je ne donnais la parole qu’à un orateur par groupe et M. Houlié, qui appartient au même groupe politique que vous, s’était déjà exprimé. Je traite tout le monde de la même manière : il faut accepter que cela vaille aussi pour le groupe socialiste, madame.
Mme Colette Capdevielle
J’ai également demandé la parole plus tard, sans l’obtenir.
Mme la présidente
Défendez l’amendement, s’il vous plaît.
Mme Colette Capdevielle
Cet amendement reprend une demande de la coalition parlementaire transpartisane pour une loi intégrale contre les violences sexistes et sexuelles. Il tend à faire prendre en charge par l’assurance maladie l’intégralité des actes de prélèvement consécutifs aux sévices subis par les victimes de violences sexuelles dans un délai d’un mois après les faits. Cette mesure serait adoptée à titre expérimental, pour une durée de trois ans, et mise en œuvre dans trois régions, dont une d’outre-mer. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin
On ne peut qu’être sensible aux propos que vous avez tenus. Je comprends que vous avez prévu une expérimentation, afin que l’amendement soit recevable. Invasifs, les prélèvements consécutifs à un viol ou à une agression ne manquent pas d’ajouter du traumatisme au traumatisme. Aussi une dispense de reste à charge s’entend-elle.
L’amendement n’a pas été examiné en commission, mais à titre personnel, j’y suis favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il faut distinguer deux aspects de la question. Quand on regarde les chiffres, la prise en charge ne semble pas constituer le problème principal, malgré quelques cas particuliers qu’il faut examiner. Votre exposé sommaire insiste en revanche sur le problème de l’accès à des structures adaptées : je suis à votre disposition pour que nous y travaillions.
Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
(L’amendement no 626 est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Je vous informe qu’à la demande du gouvernement, en application de l’article 95, alinéa 4, du règlement, l’Assemblée examinera par priorité mercredi 12 novembre à quinze heures l’article 45, les amendements portant article additionnel après l’article 45 et l’article 45 bis.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
2. Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la présidente
Prochaine séance, ce soir, à vingt et une heures trente :
Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
La séance est levée.
(La séance est levée à vingt heures.)
Le directeur des comptes rendus
Serge Ezdra