Première séance du dimanche 09 novembre 2025
- Présidence de Mme Hélène Laporte
- 1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
- Troisième partie (suite)
- Après l’article 20 (suite)
- M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
- Amendement no 1018
- Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
- Amendements nos 1813, 1822, 187, 733, 1736, 430, 1485, 1563, 1054, 252 rectifié, 1583, 1585, 1587, 1588, 1676, 1821 et 2059
- Rappels au règlement
- Article 21
- Suspension et reprise de la séance
- Rappels au règlement
- Après l’article 21
- Amendements nos 2568
- Sous-amendement nos 2677, 2678, 2679
- Rappel au règlement
- Après l’article 21 (suite)
- Amendements nos 1436 rectifié, 2327, 2096, 2164 rectifié, 1823 rectifié, 2092, 2188, 659, 1064 et 1067
- Rappels au règlement
- Après l’article 21 (suite)
- Après l’article 20 (suite)
- Troisième partie (suite)
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Hélène Laporte
vice-présidente
Mme la présidente
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à neuf heures.)
1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).
Troisième partie (suite)
Mme la présidente
Hier soir, l’Assemblée a poursuivi l’examen des articles de la troisième partie du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 1018 portant article additionnel après l’article 20.
Après l’article 20 (suite)
Mme la présidente
L’amendement no 1018 n’est pas défendu.
La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales et rapporteur pour la branche maladie.
M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
Je le reprends au titre de l’article 91 de notre règlement.
Mme la présidente
Vous avez donc la parole pour le soutenir et pour donner l’avis de la commission.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’amendement de notre collègue Sandrine Josso vise à étendre à une région ultramarine l’expérimentation relative à la prise en charge des examens de détection de la soumission chimique. Je vous invite à le voter.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées, pour donner l’avis du gouvernement.
Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
Je suis favorable à cet amendement.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Je soutiens naturellement cet amendement déposé par notre collègue Sandrine Josso – chacun connaît le drame qui lui est arrivé. Nous avons beaucoup avancé en quelques mois, notamment à la suite de la mission qui lui a été confiée par le premier ministre. Il est important que nous puissions aller plus loin.
(L’amendement no 1018 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir les amendements nos 1813 et 1822, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
Mme Élise Leboucher
Ces amendements que nous avons rédigé avec les associations et les fédérations concernées proposent de lancer des expérimentations visant à financer la création d’espaces dédiés exclusivement aux femmes dans les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) pour le premier et dans les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (Caarud) pour le second.
Bien que ces établissements soient ouverts à tous, 76 % des personnes accompagnées en 2021 par les Csapa étaient des hommes. Cela s’explique par plusieurs facteurs, comme les représentations stéréotypées des addictions ou la peur de subir des violences sexistes et sexuelles. La surreprésentation des hommes entraîne un non-recours par les femmes, alors qu’elles sont elles aussi concernées par les addictions. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Nous avons eu ce débat en commission. Ces amendements soulèvent des questions légitimes dans la mesure où les femmes qui fréquentent ces structures se trouvent souvent en situation de grande vulnérabilité.
Toutefois, le vote d’une disposition législative n’est pas nécessaire pour créer des espaces dédiés aux femmes, comme l’illustre l’exemple du centre Charonne, dans le 18e arrondissement de Paris. Par ailleurs, il aurait sans doute été plus cohérent de prévoir une seule expérimentation au lieu de deux, même s’il s’agit de structures différentes. Nous pourrions profiter de la navette pour regrouper ces deux expérimentations dans une même disposition.
Ces amendements avaient été adoptés par la commission. À titre personnel, je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée sur les deux. Même si j’étais en principe défavorable au second, j’émets un avis de sagesse puisque nous pourrions regrouper les deux dispositions au cours de la navette.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je vous rejoins quant à l’objectif des amendements. Toutefois, j’émettrai un avis défavorable. En effet, ils sont satisfaits : la création d’espaces dédiés aux femmes est déjà possible dans le cadre législatif actuel. M. le rapporteur général l’a dit, certaines structures proposent déjà des plages réservées pour les femmes, des consultations individualisées et des parcours de soins spécifiques.
Cette disposition alourdirait et rigidifierait le cadre législatif – des autorisations seraient par exemple nécessaires. Je crains que cela empêche les structures locales de créer de tels espaces. Je suis donc très prudente : vous risquez d’ajouter de la complexité.
Mme la présidente
La parole est à Mme Brigitte Liso.
Mme Brigitte Liso
D’un point de vue formel et en tant que féministe, je pense qu’il n’est jamais bon de victimiser outre mesure les femmes. (Mme Élise Leboucher s’exclame.)
En effet, le problème est réel, mais nous ne pouvons pas continuellement créer des plages horaires dédiées aux femmes et d’autres pour les hommes. À quand une rue pour les hommes et une pour les femmes ? Essayons de vivre ensemble, même si j’ai conscience que c’est très compliqué dans le cadre des Csapa et des Caarud. Je sais que nous partageons les mêmes préoccupations, madame Leboucher.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher.
Mme Élise Leboucher
C’est précisément parce que nous partageons les mêmes préoccupations que je suis un peu surprise de vos propos, chère collègue. Nous savons qu’il existe un biais dans la prise en charge de ces troubles. Nous ne demandons pas des temps mais des espaces dédiés.
Madame la ministre, vous nous opposez qu’une telle disposition alourdirait le cadre législatif. Ces amendements ont vraiment été rédigés avec les associations et les fédérations qui gèrent ces structures ; ce sont elles qui demandent ces espaces dédiés. C’est donc qu’il existe des points de blocage ; il y a un vrai sujet.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je comprends votre demande au sens où cela donnerait de la visibilité à ces initiatives. Mais quelles seront les conséquences pratiques pour les structures qui souhaitent aller dans cette direction ? Un cahier des charges sera défini et il faudra respecter certaines règles. Vous allez freiner les structures qui veulent le faire. Je pense vraiment que cette disposition complexifie les choses.
(Les amendements nos 1813 et 1822, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je suis saisie de trois amendements, nos 187, 733 et 1736, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Clémentine Autain, pour soutenir l’amendement no 187.
Mme Clémentine Autain
Il vise à évaluer le dispositif Mon Soutien psy. En effet, alors que notre jeunesse présente de nombreux troubles – l’anxiété et les dépressions se sont développées –, nous doutons que celui-ci ait un réel impact. Les problèmes psychiques rencontrés par les jeunes générations nous inquiètent profondément.
La santé mentale des jeunes a été érigée en grande cause nationale, mais les dispositifs existants ne disposent absolument pas de moyens à la hauteur – je pense en particulier aux centres médico-psychologiques (CMP), auxquels le ministère de la santé a d’ailleurs demandé des choses étonnantes. Une directive récente leur demande de financer le recours à des orthophonistes libéraux. Je souhaiterais savoir pourquoi. Cette directive met très en colère les personnels des CMP. Plutôt que de dépecer les dispositifs existant et de sous-investir dans ces derniers, nous demandons que le dispositif Mon Soutien psy soit évalué.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 733, sur lequel je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Mme Élise Leboucher
Je profite de l’occasion pour saluer notre collègue Sébastien Peytavie, avec qui je travaille sur ce sujet depuis trois ans. Par ces amendements, nous vous appelons à tirer les leçons de l’échec du dispositif Mon Soutien psy – je sais que ce n’est pas votre perception, mais la profession voit les choses ainsi –en vue d’y mettre fin et de réaffecter les crédits alloués à ce dispositif au recrutement de 2 500 psychologues dans les centres médico-psychologiques.
Alors que chaque année, un Français sur cinq est concerné par les troubles psychiques, la grande cause nationale pour l’année 2025 repose sur un investissement de 65 millions d’euros, ce qui équivaut à 1,66 euro par personne.
Deux ans après son lancement, Mon soutien psy est au mieux un échec, au pire un gâchis d’argent public. Construit sans concertation, ce dispositif, qui prévoit douze séances, ne répond absolument pas aux besoins des patients. Le gouvernement voulait toucher les plus précaires, mais il a raté sa cible : seuls 11 % des bénéficiaires sont en situation de précarité. Ni la mobilisation d’une enveloppe supplémentaire ni un changement de nom tous les six mois ne suffiront à répondre aux besoins.
Des consultations de psychologie au sein des centres médico-psychologiques sont déjà prises en charge, mais ces derniers sont saturés et les délais pour obtenir un rendez-vous peuvent dépasser deux ans. Sortons de cette politique d’effets d’annonce et finançons à nouveau les CMP. Arrêtons de tout libéraliser. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Serge Muller, pour soutenir l’amendement no 1736.
M. Serge Muller
La mise en œuvre du dispositif Mon Soutien psy a révélé des disparités territoriales et plusieurs limites dans le suivi des patients. Nous demandons donc qu’un rapport dresse un bilan complet du dispositif. Il devra notamment se pencher sur la répartition des bénéficiaires, l’orientation des patients, la collaboration entre les psychologues et les médecins de ville ainsi que la satisfaction globale des usagers. En s’appuyant sur les données disponibles, il devra proposer des ajustements permettant de rendre le dispositif plus équitable et plus efficace tout en maîtrisant les coûts. En somme, l’enjeu est de faire évoluer Mon Soutien psy, sans le rendre plus onéreux, pour en améliorer la qualité, l’accessibilité et l’impact sur la santé mentale des patients. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Chers collègues, je suis très sensible aux problèmes que vous décrivez. Je constate également dans ma circonscription l’ampleur des besoins dans les CMP, dans les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) et dans les centres d’action médico-sociale précoce (Camsp). Je comprends vos amendements comme un appel au gouvernement : il y a tant à faire dans le domaine de la santé mentale !
Vous demandez un rapport évaluant le dispositif Mon Soutien psy, mais le gouvernement a déjà remis un rapport au Parlement le 27 mars. Le nombre de psychologues conventionnés a triplé entre juin 2024 et septembre 2025. Aujourd’hui, 6 700 psychologues sont conventionnés, soit à peu près le quart de la profession. Néanmoins, il reste énormément à faire ; les besoins sont immenses alors que la santé mentale a été érigée en grande cause nationale de l’année 2025.
Madame la ministre, je vous laisse répondre puisque l’appel s’adresse plutôt à vous. L’amendement a été adopté en commission. Comme il s’agit d’une demande de rapport, à titre personnel, j’émettrai une demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je vous demande de retirer ces amendements, car ils sont satisfaits. Le rapport relatif au dispositif Mon Soutien psy a été publié au mois d’avril.
Madame Autain, vous avez évoqué les orthophonistes. L’assurance maladie avait publié une directive concernant la double prise en charge par un orthophoniste libéral et par un CMP. Nous devons trouver des solutions. Nous examinerons prochainement l’amendement no 1371 de M. Sylvain Berrios,…
Mme Élise Leboucher
Oui !
Mme Delphine Batho
Un très mauvais amendement !
Mme Élise Leboucher
…auquel je donnerai un avis favorable.
Mme Delphine Batho
Ah, non !
Mme Stéphanie Rist, ministre
S’agissant du dispositif Mon Soutien psy, je vous rejoins quant à son intérêt et à son efficacité. Il gagnerait à être mieux connu de nos concitoyens – il reste des personnes qui n’accèdent pas aux soins par méconnaissance de ce dispositif. L’année dernière, vous avez permis l’accès direct à ce dispositif, auquel tous les psychologues n’adhèrent pas. Toutefois, ils sont de plus en plus nombreux à se conventionner : 6 800 psychologues y ont adhéré et 890 000 séances ont été dispensées. Cette mesure qui permet à des personnes de consulter directement un psychologue est importante.
Mme Élise Leboucher
Ils peuvent adhérer pour un patient et pas pour tous !
Mme Stéphanie Rist, ministre
N’opposons pas ce dispositif aux CMP. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Nous devons augmenter le nombre de professionnels dans les CMP ; ils contribuent à l’accès aux soins. En ce qui concerne la demande de rapport, je vous demande de retirer vos amendements – ils sont satisfaits. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Clémentine Autain.
Mme Clémentine Autain
Nous reviendrons tout à l’heure sur les orthophonistes. Je veux vraiment enfoncer le clou sur la situation de la santé mentale des jeunes dans notre pays. Il existe des files d’attente inouïes : dans certains CMP, un adolescent devra attendre un an pour obtenir un premier rendez-vous s’il n’a pas fait une tentative de suicide – c’est le cas à l’hôpital Robert Ballanger en Seine-Saint-Denis.
Or la phase de prévention est indispensable : la prise en charge permet de réduire le risque de tentative de suicide. On sait à quel point, notamment à l’adolescence, les soins médicaux et psychologiques ou psychiatriques sont décisifs pour améliorer la santé mentale de notre jeunesse.
Comment oser déclarer la santé mentale grande cause nationale de l’année 2025 et sous-investir dans ce domaine ? Le dispositif Mon Soutien psy est un cache-misère ! Il est absolument inadapté et n’a pas profité aux publics les plus en difficulté. L’urgence est de payer correctement les psys et de développer les CMP. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC. – M. Philippe Vigier applaudit également.)
(L’amendement no 187 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 733 et 1736 tombent.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)
M. Jacques Oberti
Merci à ceux qui l’ont permis !
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 430, 1485 et 1563, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 430.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Il demande un rapport sur la prise en charge par l’assurance maladie des protections périodiques réutilisables, prévue par l’article 40 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 afin de lutter contre la précarité menstruelle.
Depuis, il s’est peut-être passé un certain nombre de choses : peut-être la rédaction de projets de décret, peut-être la consultation des fabricants. Peut-être. Mais aujourd’hui, et depuis le 1er janvier 2024, il n’existe pas pour les femmes en situation de précarité menstruelle de véritable prise en charge de leurs protections périodiques comme la loi l’avait prévu.
Nous demandons donc que le gouvernement remette au Parlement un rapport sur les mesures réglementaires déjà prises ou qui vont l’être, sur le calendrier de déploiement du dispositif, tel qu’il a été annoncé en mai dernier, en réponse à une question au gouvernement, par la ministre de l’égalité entre les femmes et les hommes, et sur les moyens qui permettraient un accès effectif et équitable au remboursement. Nous attendons, car comme d’habitude, les femmes doivent attendre. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir les amendements nos 1485 et 1563, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
Mme Élise Leboucher
L’amendement n° 1485 demande au gouvernement de remettre un rapport évaluant l’impact financier de la prise en charge des protections périodiques réutilisables au-delà de l’âge de 26 ans. Selon l’association Règles élémentaires, au moins 4 millions de personnes sont touchées par la précarité menstruelle en France. Je rappelle que les dépenses en protections menstruelles et antidouleur représentent en moyenne 3 800 euros au cours d’une vie.
La précarité menstruelle, qui entraîne de multiples privations touchant au droit à l’hygiène et à la santé, n’a pas de limite d’âge. Une femme sur trois âgée de 18 à 50 ans est en situation de précarité menstruelle et, parmi elles, 75 % sont âgées de plus de 25 ans. Limiter le dispositif aux femmes âgées de moins de 26 ans paraît donc sans fondement.
L’amendement n° 1563 demande un rapport sur l’application du dispositif. Le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les personnes de moins de 26 ans et les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S) avait été annoncé en 2023 par Élisabeth Borne avant d’être intégré au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024. Au mois de mai, le gouvernement s’était engagé à appliquer cette mesure avant la fin de l’année, mais le décret d’application rédigé en décembre 2024 et le cahier des charges techniques finalisé en juin 2025 n’ont toujours pas été publiés.
Madame la ministre, qu’attendons-nous ?
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
En effet, le décret d’application de ce dispositif attendu n’a pas encore été publié. J’ai compris hier, dans une réponse de la ministre, qu’il allait l’être. Je comprends que vos amendements sont des appels au gouvernement pour avancer plus vite : le dispositif n’ayant pas encore été mis en œuvre, un rapport d’évaluation n’aurait pas de sens. Je demande donc le retrait de ces amendements, qui n’ont pas été examinés par la commission. Il revient à la ministre de vous informer quant à la publication du décret.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Permettez-moi d’abord d’adresser mes vœux de prompt rétablissement à M. Peytavie, qui a beaucoup travaillé sur le dispositif Mon Soutien psy.
En ce qui concerne ces amendements, je vous ai dit hier que le décret serait rapidement publié.
Mme Élise Leboucher
C’est quand, rapidement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je suis descendue plus bas dans l’hémicycle, mais je reste attachée à ce que les décrets sortent. Les concertations sont en cours pour savoir ce que nous mettons dans le panier. Nous travaillons également avec l’Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – pour nous assurer que les produits pris en charge soient de bonne qualité.
Mme la présidente
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Merci pour votre réponse, mais nous avons déjà reçu une réponse du même type de la part de la ministre en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes en mai. Depuis, il ne s’est absolument rien passé, que ce soit du côté des associations comme Règles élémentaires ou de celui des fabricants.
Je maintiens donc mon amendement et je demande à mes collègues de l’adopter pour presser le gouvernement de transformer très rapidement le dispositif en réalité concrète dans la vie des femmes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
La rédaction du cahier des charges avec les associations est en cours. Depuis le mois de mai, nous avons vécu les conséquences de notre instabilité politique (Mme Élise Leboucher proteste) et cela a ralenti le processus.
Mme Élise Leboucher, rapporteure
Non, c’est une question de priorités !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Le dossier était sur mon bureau quand j’ai pris mes fonctions.
(L’amendement no 430 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1485.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, ll est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 129
Nombre de suffrages exprimés 79
Majorité absolue 40
Pour l’adoption 49
Contre 30
(L’amendement no 1485 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 1563 tombe.)
(M. Sébastien Delogu applaudit.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux demandes de scrutin public : sur l’amendement no 1054, par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire ; et sur l’amendement no 252 rectifié, par le groupe Rassemblement national.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 1054.
M. Damien Maudet
Il demande au gouvernement de remettre un rapport établissant le bilan des maisons de naissance déployées sur le territoire et permettant de comprendre les raisons pour lesquelles elles sont plébiscitées.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement avait été retiré en commission devant ma proposition de poursuivre le travail d’évaluation engagé par la Mecss – mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale – dans le cadre du Printemps social de l’évaluation. Ses coprésidents siègent régulièrement parmi nous. Je vous suggère donc de retirer votre amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis.
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet.
M. Damien Maudet
Monsieur le rapporteur général, j’ai toute confiance en vos propos. En l’absence de Mme Amiot, je ne peux cependant retirer l’amendement.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1054.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 125
Nombre de suffrages exprimés 78
Majorité absolue 40
Pour l’adoption 38
Contre 40
(L’amendement no 1054 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Marine Hamelet, pour soutenir l’amendement no 252 rectifié.
Mme Marine Hamelet
Il demande au gouvernement de remettre un rapport évaluant les bénéfices de l’ouverture du dépistage du cancer du sein dès l’âge de 40 ans. Actuellement, la prise en charge de ce dépistage ne concerne que les femmes de 50 ans et plus.
J’ai été amenée à fréquenter les services de chimiothérapie et de radiothérapie et j’ai pu constater que beaucoup de femmes avaient moins de 50 ans. Les discussions que j’ai eues avec les oncologues ont confirmé ce constat. Un rapport de l’Institut Gustave-Roussy souligne d’ailleurs que plusieurs dizaines de milliers de jeunes femmes de moins de 50 ans sont confrontées à un diagnostic de cancer précoce et que ces diagnostics sont en hausse.
Un dépistage plus précoce pourrait donc faire baisser la mortalité liée à ce cancer, qui est la première cause de mortalité parmi les cancers féminins. J’ajoute que chez les femmes plus jeunes, la maladie se propage malheureusement beaucoup plus rapidement. Les traitements sont alors plus lourds et plus longs, parfois même à vie quand le cancer est métastasé. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je suis sensible à ce que vous avez vécu. J’ai par ailleurs eu l’occasion d’échanger avec des femmes qui ont eu un cancer du sein dans ma circonscription.
Je mesure que les cancers atteignant des femmes de moins de 40 ans sont plus agressifs. Je pense notamment au cancer triple négatif. Le dépistage est une cause qui doit tous nous rassembler.
L’article 59 de la LFSS – loi de financement de la sécurité sociale – pour 2020, qui a mis en place des parcours de santé post-cancer, prévoit un rapport dressant un bilan de ce dispositif. Je me tourne vers le gouvernement pour savoir si ce rapport sera remis au Parlement – je n’en ai pas trouvé trace.
L’enjeu du développement du dépistage chez les femmes de 50 à 74 ans et du ciblage des profils de femmes de moins de 50 ans est important. Nous devons également nous interroger sur l’efficience de ce dépistage. Avec l’intelligence artificielle, la technologie évolue. Nous devrions notamment réfléchir à la deuxième lecture par les radiologues, qui peut être coûteuse et redondante. Ce type d’économies, plutôt que des rabots bêtes et méchants, pourrait permettre d’investir dans des dépistages plus ciblés.
Cet amendement n’a pas été examiné par la commission. Demande de retrait, puisqu’il s’agit d’une demande de rapport, mais j’attends la réponse de la ministre.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist
Ces parcours ont été mis en place, pour certains, par les ARS – agences régionales de santé – depuis 2020. L’Inca – Institut national du cancer – les a évalués. Il travaille sur des propositions d’amélioration qui devraient être mises en place au cours du premier trimestre 2026.
Je rejoins le rapporteur général sur la question de la deuxième lecture de l’imagerie, qui se situe en amont des parcours post-cancer. Nous devrions connaître une nette amélioration dans ce domaine avant la fin de l’année, notamment avec la mise en place du partage des images.
Je ne suis pas sûre qu’un rapport soit nécessaire. Il me semble préférable de nous attacher à appliquer les améliorations proposées par l’Inca. Demande de retrait.
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Je suis favorable au dépistage du cancer du sein chez les femmes jeunes et, de manière plus générale, au dépistage précoce. Je pense notamment à la technique de la biopsie liquide, qui permettrait de détecter très tôt, parfois plusieurs années à l’avance, des cancers circulant dans le sang, comme celui de la prostate.
Pour marquer mon intérêt, je soutiens cet amendement.
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Batho.
Mme Delphine Batho
Je voudrais d’abord exprimer notre soutien à toutes les femmes victimes du cancer du sein dans cet hémicycle, comme dans toute la France. (Applaudissements sur de nombreux bancs.)
L’extension de la prise en charge du dépistage aux femmes plus jeunes ne nous paraît pas être la solution. La situation actuelle est absolument scandaleuse. Je peux en témoigner pour le département des Deux-Sèvres, où les femmes de 50 à 74 ans doivent attendre au moins un an, voire plus de dix-huit mois pour avoir accès à la mammographie de dépistage.
Avant d’envisager un élargissement de celui-ci, il convient donc de remédier aux difficultés observées sur le terrain pour les femmes âgées de 50 à 74 ans.
M. Philippe Vigier
Elle a raison !
Mme Delphine Batho
Par ailleurs, l’explosion du nombre de cancers du sein chez les femmes jeunes – parfois bien avant l’âge de 40 ans – doit appeler notre attention sur le rôle des facteurs environnementaux. Cette évolution n’est pas normale et ne saurait s’expliquer uniquement par des facteurs individuels tels que le tabac ou l’alcool. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS et SOC. – M. Philippe Vigier applaudit également.) C’est à ces facteurs environnementaux qu’il faut désormais s’attaquer. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
Le dépistage du cancer du sein constitue une préoccupation majeure. Depuis quelques années, des associations régionales se mobilisent en faveur de ce dépistage. Il conviendrait, madame la ministre, d’établir à l’échelle nationale un bilan consolidé de leurs actions, afin d’assurer une meilleure cohérence et une meilleure coordination entre elles, car leurs pratiques – et donc leurs résultats – peuvent varier sensiblement d’un territoire à l’autre.
Par ailleurs, l’alcool demeure le principal facteur de risque de cancer du sein chez les femmes. Enfin, il convient de veiller à ne pas multiplier inutilement les irradiations, car celles-ci constituent elles aussi un facteur favorisant le développement de ce cancer.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Tout à fait !
M. Michel Lauzzana
Mon collègue médecin le confirme. Il faut donc faire preuve d’une extrême prudence. La situation est préoccupante, car de plus en plus de femmes jeunes sont touchées par le cancer. Il est essentiel d’obtenir des résultats concrets : la science doit nous permettre d’aller plus loin.
Mme la présidente
La parole est à Mme Marine Hamelet.
Mme Marine Hamelet
Madame la ministre, oui, nous devons progresser sur cette question. L’an dernier, nous avons adopté une loi visant à améliorer la prise en charge de la reconstruction mammaire. Or les patientes en attendent encore les effets : vous devez publier les décrets d’application. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Tout d’abord, je vous remercie de soulever la question ce matin dans cet hémicycle.
Aujourd’hui, les radiologues doivent se déplacer dans les centres de dépistage pour analyser les mammographies. Avant la fin de l’année, l’intelligence artificielle sera utilisée pour assurer la première et la deuxième lecture des clichés, ce qui permettra de réduire les délais de remise des résultats. C’est une réelle avancée, fruit d’une longue recherche.
Par ailleurs, pour répondre à la remarque de Mme Batho, le registre national des cancers recensera les produits environnementaux susceptibles de favoriser leur apparition. S’agissant de ce registre, les décrets d’application de la loi de 2025 seront publiés au cours du premier semestre 2026.
Enfin, pour répondre à la question de Mme Hamelet relative à l’application de la loi du 5 février 2025, les prothèses capillaires sont d’ores et déjà prises en charge à 100 % pour les femmes atteintes d’un cancer. La rédaction des décrets est en cours, et nous espérons pouvoir les publier dans les prochaines semaines.
J’ai conscience de la longueur des délais. Une fois la loi votée, nos concitoyens s’attendent à une application rapide, mais il reste ensuite un important travail d’élaboration des décrets, mené en concertation avec les associations et les acteurs concernés. Ce travail est nécessaire pour garantir le remboursement des bons produits et l’efficacité du dispositif. J’y serai vigilante.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 252 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 122
Nombre de suffrages exprimés 93
Majorité absolue 47
Pour l’adoption 62
Contre 31
(L’amendement no 252 rectifié est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
L’amendement no 1583 de Mme Élise Leboucher est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement n’a pas été examiné par la commission. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
(L’amendement no 1583, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1585.
Mme Élise Leboucher
Nous demandons la production d’un rapport sur l’évaluation de l’entretien postnatal précoce obligatoire et sur le déploiement de campagnes nationales d’envergure. Une enquête de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), publiée en avril 2024, révèle que les décès par suicide constituent la première cause de mortalité maternelle. Cet élément est totalement absent des campagnes autour de la grande cause nationale de la santé mentale. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement n’a pas été examiné par la commission. Le gouvernement pourra peut-être nous fournir quelques compléments d’information relatifs à la réalisation de ces entretiens postnataux depuis 2022. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Vous demandez un rapport sur l’évaluation de l’entretien postnatal précoce obligatoire. Elle est déjà bien documentée, grâce au suivi des contrats pluriannuels d’objectifs des ARS, à la feuille de route de la politique des 1 000 premiers jours et au bilan annuel de la feuille de route « santé mentale et psychiatrie », qui est disponible.
Par ailleurs, la LFSS pour 2024 avait prévu l’expérimentation d’un parcours de prise en charge du post-partum, dont l’objectif était d’accompagner le plus précocement possible les femmes diagnostiquées, mais aussi de développer la formation des professionnels médicaux sur les conséquences psychologiques du post-partum.
Depuis l’été dernier, cette expérimentation est lancée dans six régions : Centre-Val de Loire, Hauts-de-France, Martinique, Normandie, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d’Azur. Son évaluation donnera lieu à la publication d’un rapport communiqué au Parlement. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
(L’amendement no 1585 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 1587 de Mme Élise Leboucher est défendu.
(L’amendement no 1587, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1588.
Mme Élise Leboucher
Nous demandons la production d’un rapport sur la prise en charge de la grossesse des personnes porteuses de handicap ou en situation d’obésité. Les femmes en situation de handicap rencontrent davantage de difficultés pour accéder à un suivi gynécologique. En Île-de-France, par exemple, seules 58 % d’entre elles déclarent bénéficier d’un suivi régulier, contre 77 % pour l’ensemble des femmes. Elles ont également moins recours aux dépistages du cancer du col de l’utérus et du cancer du sein, et sont plus exposées aux violences physiques et sexuelles.
L’accès à la gynécologie est fondamental pour la prévention, le diagnostic et le suivi des patientes. Pourtant, le matériel médical adapté n’est pas toujours disponible, et les consultations personnalisées ne sont pas systématiquement proposées.
Ce manque de matériel adapté touche également d’autres publics. En mai 2025, la Défenseure des droits a souligné que les personnes en situation d’obésité rencontrent des obstacles dans l’accès aux soins, notamment en raison de l’absence de matériel adapté.
C’est une honte qu’en France, l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap ou d’obésité soit plus restreint que pour les autres. Il est urgent d’y remédier. La première étape consiste à produire un rapport sur l’accessibilité du parcours de soins et sur la disponibilité du matériel adapté. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le dispositif Handigynéco, très efficace, a été pérennisé par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Il est très adapté aux femmes enceintes en situation de handicap, car il permet la prise en charge de consultations longues.
La question de l’adaptation des matériels, que vous soulevez, est en effet cruciale. Pour ma part, je me suis intéressé au sujet des ambulances bariatriques, qui restent un défi important. Néanmoins, il est encore un peu tôt pour demander un rapport sur un dispositif aussi récemment créé.
Vous évoquez aussi les problèmes rencontrés par d’autres publics, notamment les personnes en situation d’obésité. La question est importante, mais ne pourra pas être traitée dans le cadre du dispositif Handigynéco, car celui-ci ne concerne que les établissements accueillant des personnes handicapées. Je comprends votre appel et je le transmets à Mme la ministre. (Sourires.)
Cet amendement n’avait pas été examiné en commission. Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je vous remercie de rappeler l’importance des consultations adaptées dans le cadre du dispositif Handigynéco, dont beaucoup d’entre nous avaient soutenu la généralisation l’an dernier. Je ne peux que vous rejoindre sur son intérêt.
La généralisation du dispositif interviendra dans quelques semaines. En effet, il a fallu définir, avec les professionnels concernés, le matériel nécessaire et les conditions d’organisation des consultations. Les concertations sont désormais bouclées, et la généralisation est imminente. C’est pourquoi la demande de rapport semble prématurée.
Je vous informe également qu’une mission sur la santé et l’accès aux soins des personnes en situation de handicap, lancée par mes prédécesseurs, s’achèvera en fin d’année. Il sera intéressant d’en partager les résultats. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.
(L’amendement no 1588 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 1676, par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire ; sur l’amendement no 2059, par le groupe Horizons & indépendants.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
L’amendement no 1676 de Mme Ségolène Amiot est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement n’a pas été examiné par la commission. Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1676.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 145
Nombre de suffrages exprimés 91
Majorité absolue 46
Pour l’adoption 46
Contre 45
(L’amendement no 1676 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 1821.
M. Damien Maudet
Nous demandons la production d’un rapport évaluant le niveau de prévention en santé et analysant les crédits qui y sont alloués. À chaque changement de ministre de la santé…
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Et ils changent souvent !
M. Damien Maudet
…et à chaque discours d’investiture, nous entendons la même promesse : « La prévention sera notre priorité. » De même, le président de la République ne cesse de répéter que la prévention est le grand sujet de la nation. Il convient désormais d’évaluer les moyens qui y sont consacrés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je rêverais d’échanger plus longuement avec vous sur la prévention, mais je m’efforce de faire avancer nos débats. Sur ce sujet, je considère qu’une approche pluriannuelle serait la plus adaptée. Je vous invite à retirer votre amendement, même si, pour être parfaitement transparent, il avait été adopté par la commission. Je ne suis pas sûr, en effet, qu’il modifie réellement la situation.
M. Damien Maudet
Vous avez même voté pour !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
C’est vrai. (Sourires.)
M. Maxime Laisney
Ça restera entre nous !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Allez, sagesse !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je vous rappelle que vous avez voté hier l’article 19, qui intègre une véritable mesure structurelle sur la prévention. Ce ne sont pas que des mots, c’est du concret !
L’évaluation que vous sollicitez est incluse chaque année dans une annexe au projet de loi de finances, qui traite spécifiquement, et dans le détail, de la prévention et de la promotion de la santé : votre amendement est donc satisfait. Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
(L’amendement no 1821 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Joséphine Missoffe, pour soutenir l’amendement no 2059.
Mme Joséphine Missoffe
Cet amendement dont la première signataire est Mme Colin-Oesterlé tend à évaluer le dispositif – créé par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 – instaurant un bilan de santé pour les mineurs pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Il est issu des recommandations du rapport sur la santé mentale des mineurs publié le 10 juillet 2025.
L’article L. 223-1-1 du code de l’action sociale et des familles prévoit que tout mineur pris en charge par l’aide sociale à l’enfance bénéficie d’un bilan de santé complet lors de son accueil puis d’un suivi médical régulier. Pourtant, plusieurs études et rapports ont mis en évidence le caractère inégal et lacunaire du respect de cette obligation selon les départements.
En confiant à l’État la responsabilité de s’assurer de l’effectivité de ces bilans et en demandant qu’un rapport soit remis au Parlement, le présent amendement vise à garantir un suivi homogène sur l’ensemble du territoire, condition indispensable à la prévention des troubles physiques et psychiques chez les enfants placés.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’importance de ce sujet est réelle, mais le rapport existe déjà. Je rends hommage à Laure Miller et Isabelle Santiago pour l’excellent rapport issu de la commission d’enquête sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance qu’elles avaient menée. Dans les faits, 30 % des enfants de l’ASE bénéficient d’un bilan de santé à leur admission, bien que cela soit obligatoire depuis la loi du 14 mars 2016, adoptée il y a près de dix ans. Nos deux collègues analysent les causes de l’absence de généralisation du bilan de santé, qui résulteraient « des tensions plus générales sur l’offre, du manque de formation des professionnels de santé aux traumatismes complexes ainsi qu’à leurs conséquences, de l’absence de structures adaptées pour assurer un suivi somatique et psychique suffisamment long pour permettre à ces enfants d’aller mieux. » Nous avons donc un rapport sur ce sujet, mais ce qui est le plus important, madame la ministre, ce sont les actions qui seront déployées pour tirer les enseignements de la commission d’enquête.
L’amendement no 2059 n’avait pas été examiné en commission. Je vous demande de le retirer, sans quoi j’émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’ai annoncé la généralisation de ce parcours santé pour les enfants de l’ASE. Je vous demande donc de retirer l’amendement, sans quoi j’émettrai un avis défavorable.
L’efficacité de ce parcours est démontrée – nous n’avons pas besoin de rapport pour la confirmer – et c’est pourquoi nous le généralisons à partir de janvier 2026.
Mme la présidente
La parole est à Mme Anne Stambach-Terrenoir.
Mme Anne Stambach-Terrenoir
Corapporteure avec Mme Colin-Oesterlé de la mission d’information sur la santé mentale des mineurs, je soutiens cet amendement. De manière très frappante, dès les premières auditions que nous avons menées, nombre de professionnels, en particulier de pédopsychiatres, expliquaient que la moitié environ des enfants dans les services d’hospitalisation longue de pédopsychiatrie venaient des services de la protection de l’enfance. Il y a donc vraiment un énorme problème.
On connaît depuis longtemps les problèmes structurels, le manque de moyens chronique et organisé pour la protection de l’enfance. Il y a des conséquences graves pour ces enfants et pour la pédopsychiatrie ; les deux problèmes se renforcent mutuellement et la solution est encore loin.
Il importe donc de poser un regard affiné sur cette question et surtout de consacrer des moyens à rendre obligatoire un véritable bilan de santé pour les enfants relevant de la protection de l’enfance. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Merci, madame la députée, d’évoquer le sujet de la protection de l’enfance. Vous avez raison sur les chiffres, qui doivent tous nous alerter et nous faire agir. C’est ce que nous faisons.
Vous n’ignorez pas que le projet de loi de financement de la sécurité sociale alloue 35 millions d’euros à la pédopsychiatrie. Vous savez aussi que je vous soumettrai prochainement un texte de loi sur la protection de l’enfance préparé par Catherine Vautrin.
Je vous remercie, cependant j’insiste sur le fait que cet amendement vise à obtenir un rapport dont nous connaissons la conclusion, car nous savons qu’il faut généraliser ce bilan de santé. Il me semble donc qu’il n’est pas nécessaire.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2059.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 164
Nombre de suffrages exprimés 131
Majorité absolue 66
Pour l’adoption 97
Contre 34
(L’amendement no 2059 est adopté.)
Rappels au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet, pour un rappel au règlement.
M. Damien Maudet
Sur le fondement des articles 49-1 et 50, sur la tenue des séances plénières et sur les séances prolongées. Il nous reste un peu moins de 700 amendements à examiner. À notre meilleur rythme, nous avons étudié environ 22 amendements à l’heure.
Mme la présidente
Nous avons atteint 28 amendements à l’heure !
M. Damien Maudet
Pardon, en fait j’avais compté 30 amendements à l’heure. À ce rythme, il nous resterait 22 heures de débat. Il ne sera donc pas possible d’achever l’examen du texte aujourd’hui, sauf à prolonger la séance du soir jusqu’à 7 heures du matin. La question, madame la ministre, est donc de savoir si vous demanderez à ouvrir la journée de demain pour achever l’examen du texte (Protestations sur les bancs du groupe RN) ou si l’objectif est de ne pas voter celui-ci et donc d’envoyer au Sénat une copie inachevée, avec les amendements que vous aurez décidé de conserver, ce qui est une sorte de 49.3 sur le long terme. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Cyrille Isaac-Sibille
Avançons !
M. Damien Maudet
Dites-nous, ne serait-ce que pour nous permettre de nous projeter, s’il est possible ou non d’ouvrir la journée de demain pour continuer à débattre. (Exclamations sur les bancs des groupes EPR et Dem.)
M. Cyrille Isaac-Sibille
Retirez vos amendements !
M. Damien Maudet
Le bloc central a déposé 106 amendements restant à discuter, tandis que nous en avons déposé 108 ; nous n’en avons donc pas plus que vous. En outre, 175 amendements du groupe DR restent à examiner. Il n’y a donc pas à jeter la pierre sur un groupe parce qu’il aurait déposé plus d’amendements, car tous en ont déposé à peu près le même nombre. La question est de savoir… (Exclamations sur les bancs des groupes EPR, SOC et Dem.) Est-ce donc que cela vous ennuie de terminer l’examen de ce texte ?
Mme la présidente
Laissez terminer M. Maudet, s’il vous plaît, car je pense que la réponse intéresse tout le monde.
M. Damien Maudet
C’est dingue ! Si c’est tabou de dire qu’on veut voter le texte, laissez tomber !
M. Cyrille Isaac-Sibille
Avançons !
Mme la présidente
Monsieur Isaac-Sibille, s’il vous plaît. Allez-y, monsieur Maudet, terminez.
M. Damien Maudet
Il est vain de croire que nous pourrons terminer l’examen du texte, même si nous avancions à 20 amendements à l’heure, ce qui est vraiment rapide – il faut s’accrocher –, sauf à finir à 7 heures du matin. La question est de savoir si nous siégeons jusqu’à 7 heures du matin – je crois qu’il n’y a pas grand monde qui en a envie –, si nous ouvrons la journée de demain pour terminer le texte, ou si le projet est de ne pas le terminer pour envoyer au Sénat un texte avec les amendements retenus par le gouvernement. C’est simple, mais nous voulons savoir où nous en sommes. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj, également pour un rappel au règlement.
M. Jérôme Guedj
Sur le fondement des mêmes articles, sur l’organisation de nos débats. Nous voulons évidemment examiner l’ensemble des dépenses. Il est assez cocasse d’entendre ceux qui hier ont tout fait pour nous empêcher d’aborder le cœur de la sécurité sociale, les dépenses de l’hôpital, des Ehpad, de la santé mentale, s’inquiéter aujourd’hui que nous ne puissions pas aller au terme de ce débat à cause du grand nombre d’amendements qu’ils ont déposés. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EPR et DR. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Je propose donc que nous avancions à marche rythmée, forcée, pour pouvoir aller le plus loin possible dans l’examen de ce texte et si possible à son terme. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC et EPR.)
Mme la présidente
Nous poursuivons avec l’article 21.
Plusieurs députés du groupe LFI-NFP
Et la réponse de la ministre ?
Mme la présidente
Chacun est libre de sa parole.
Article 21
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Dogor-Such.
Mme Sandrine Dogor-Such
L’article 21 aborde un sujet d’une extrême importance pour nos concitoyens. Aujourd’hui, 87 % de notre territoire est classé en désert médical et plus de 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant. Il est urgent de rétablir l’égalité républicaine et la dignité, tout simplement. Cette fracture sociale touche la France rurale, les petites villes et les quartiers périphériques. Ce que veulent nos concitoyens n’est pas un énième cadre de coordination mais un médecin à proximité, une consultation accessible et la fin de la saturation des urgences. Alors que les Français peinent à accéder à un médecin, le gouvernement multiplie les dispositifs et les plans sans jamais résoudre le problème de fond : le désengagement de l’État dans la santé de proximité.
L’article 21 avance quelques pistes. L’harmonisation entre la permanence des soins et le service d’accès aux soins est une mesure de bon sens, si tant est qu’elle simplifie vraiment la vie des médecins et ne crée pas un énième empilement administratif. Le pacte contre les déserts médicaux et le statut de praticien territorial sont deux autres pistes, mais il faudrait que ces aides soient réelles, durables et que l’on cesse de faire reposer sur les jeunes médecins la responsabilité des carences de l’État. Quant au stage en autonomie supervisée, c’est une idée intéressante mais là encore, il faudra garantir un véritable encadrement et une juste rémunération des maîtres de stage. Madame la ministre, les Français attendent des médecins. Ils attendent que la médecine libérale soit revalorisée, que l’installation des médecins soit rendue possible et attractive et que soit redonné à nos territoires le droit fondamental d’accès à la santé.
Le groupe Rassemblement national soutiendra toute mesure qui va dans ce sens. Mais, nous le disons avec gravité, tant qu’on refusera de planifier la répartition des médecins, tant qu’on laissera la logique du marché régir un bien aussi essentiel que la santé, les déserts médicaux continueront de s’étendre. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Rousset.
M. Jean-François Rousset
Le groupe EPR a fait beaucoup pour faciliter l’accès aux soins dans tous nos territoires, y compris les plus reculés. Nous avons ainsi adopté une mesure qui sera appliquée très prochainement créant les docteurs juniors, qui iront dans tous les territoires où les médecins manquent, accompagnés d’un médecin maître de stage. Cette mesure amènera 3 700 médecins généralistes dans les territoires, dont 370 en Occitanie, par exemple. Un des amendements à cet article, qui permettra d’améliorer l’accès aux soins, vise à soutenir cette proposition.
L’article 21 est très important, car quand les lois ne vont pas jusqu’au bout, cela crée de la confusion, laquelle fait monter les extrêmes. Il faut donc vérifier que le dernier mètre est effectivement réalisé. Or l’article 21 comprend un ensemble de mesures pour maintenir les pharmacies dans les petites communes ou pour faciliter l’accès aux généralistes dans les nouvelles structures de soins de proximité. Je vous encourage donc à examiner attentivement les amendements et à adopter cet article. Même s’il peut paraître un peu décousu du fait de la multiplicité des amendements déposés, il est très important (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)
M. François Cormier-Bouligeon
Très bien !
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet.
M. Damien Maudet
Nous ne nous opposerons pas à l’article 21, même si nous avons la sensation qu’il tourne un peu autour du pot pour ce qui concerne les déserts médicaux. Voilà des années que nous sommes nombreux, y compris au sein du groupe transpartisan de lutte contre les déserts médicaux, à plaider notamment pour une hausse substantielle du nombre d’étudiants formés en médecine. Nous formons actuellement autant d’étudiants que dans les années 1970 alors que la France compte 15 millions d’habitants supplémentaires. Même sur le long terme, le système actuel ne répondra pas aux besoins.
Vient ensuite la question de la régulation de l’installation des médecins. Je suis très surpris que le Rassemblement national soutienne à présent qu’il faut flécher l’installation des médecins, comme nous venons de l’entendre, alors que c’est le seul groupe qui, dans son intégralité, s’est toujours opposé à la régulation de l’installation des médecins. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et SOC et sur quelques bancs du groupe LIOT.)
M. Christophe Bentz
Nous sommes contre la coercition !
M. Damien Maudet
Heureusement, l’Assemblée n’a pas eu besoin de vous pour faire passer cette mesure. Peut-être le gouvernement pourrait-il, par souci d’efficacité, demander au Sénat d’étudier la proposition de loi adoptée par l’Assemblée afin que nous puissions enfin déployer de vraies mesures de lutte contre les déserts médicaux à court terme avant de plaider pour le déploiement des centres de santé.
Encore une fois, nous ne nous opposerons pas à l’article 21. Simplement, nous avons la sensation de perdre du temps alors qu’il existe des solutions concrètes de court terme qui pourraient être adoptées si le gouvernement faisait preuve de bonne volonté. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et LIOT.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Pascale Got.
Mme Pascale Got
L’article 21 est important, car il touche au cœur de nos préoccupations : l’accès aux soins partout et pour tous. Or il propose de réactiver le contrat de praticien territorial de médecine ambulatoire. Pourtant, ce dispositif a été abandonné parce qu’il n’a pas fonctionné : il a échoué à installer durablement des médecins.
Il n’y a plus de médecins traitants dans de nombreuses communes et les aides financières à l’installation ont montré leurs limites. On attire parfois, on retient rarement. Grâce à notre collègue Guillaume Garot et à un travail transpartisan, l’Assemblée nationale a adopté en mai une proposition de loi organisant l’installation des médecins en fonction des besoins des territoires. Ce texte est équilibré et juste ; nous attendons désormais qu’il soit inscrit à l’ordre du jour du Sénat. Mais au lieu d’avancer sur ce chemin, le gouvernement propose à nouveau un dispositif d’incitation, en dépit de son inefficacité attestée et de son coût élevé.
Le temps est venu d’une régulation intelligente, territorialisée et concertée. Ne rien faire, c’est laisser la fracture sanitaire se creuser. Ce qu’il faut aujourd’hui, ce n’est pas un médecin isolé, mais des équipes de soins structurées, des maisons de santé pluridisciplinaires et des infirmières de coordination. Nous devons bâtir sans plus attendre le service public de santé de proximité. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Batho.
Mme Delphine Batho
Dans le prolongement de ce que viennent de dire mes deux collègues, membres comme moi du groupe transpartisan contre les déserts médicaux, j’aimerais poser deux questions à Mme la ministre. D’abord, en quoi consiste exactement le label France Santé annoncé par le premier ministre ? S’il s’agit juste de labelliser ce qui existe déjà, cela ne répondra pas à l’urgence de la situation dans nos territoires. La priorité numéro un des habitants, c’est l’accès aux soins et la fin des déserts médicaux. Ensuite, quand le gouvernement inscrira-t-il à l’ordre du jour du Sénat la proposition de loi adoptée en mai dernier par l’Assemblée nationale à l’initiative de ce même groupe transpartisan ? (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS, LFI-NFP, SOC et LIOT.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Cet article est très important, car il renforcera la présence de médecins partout sur le territoire. Je salue le développement des points d’accueil pour les soins non programmés. Cela rejoint une proposition que je défends depuis six ans – je ne sais pas si Mme la ministre s’en souvient.
L’accès aux soins non programmés diffère selon le degré d’urgence : il y a les urgences à l’hôpital, pour les soins vitaux ; la Croix-Rouge et la Croix-Verte, c’est-à-dire la pharmacie, pour les conseils rapides ; et, entre les deux, il y aura les points d’accueil pour soins immédiats (Pasi). Je préfère parler de soins immédiats plutôt que de soins non programmés.
Je proposerai par amendement de renforcer l’efficacité des Pasi en prévoyant que ceux-ci disposent de plateaux techniques d’imagerie et de biologie médicale. Je suis très content que cette idée, qui a été débattue ici il y a six ans, soit enfin mise à l’ordre du jour. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je m’en souviens !
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
J’ai cru comprendre que ce gouvernement était respectueux du travail parlementaire. Il devrait donc faire pression pour que la proposition de loi Garot revienne à l’Assemblée nationale dans le cadre de la navette, au lieu de proposer un autre texte. Nous attendons avec impatience son retour.
Avec mon collègue Jean-François Rousset, nous avons étudié la question de l’aide à l’installation des médecins : ce qui est en cause, ce n’est pas un problème d’argent, mais un manque d’attractivité de nos territoires. Les médecins ne s’installent pas là où on leur donne de l’argent, mais là où ils peuvent scolariser leurs enfants, se déplacer et trouver du travail pour leur conjoint.
J’espère que le premier ministre ne cherche pas à faire des coups de com’ sur des sujets auxquels nous réfléchissons depuis des années. Il faut soutenir les territoires et les nombreuses initiatives qui en émanent au lieu de créer des labels ou des dispositifs qui viendraient se superposer à ce qui existe déjà. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe GDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cet article prévoit diverses mesures pour améliorer l’accès aux soins, première priorité de nos concitoyens. Il propose une approche globale qui mêle la création d’un statut de praticien territorial de médecine ambulatoire, le soutien à l’ouverture de maisons de santé pluriprofessionnelles et d’officines de pharmacie, le renforcement du service d’accès aux soins – ce numéro qui permet aux gens d’avoir une réponse médicale dans les vingt-quatre à quarante-huit heures –et la création du statut de soins non programmés.
Je vous présenterai un amendement sur la quatrième année de médecine générale qui fait suite aux concertations menées avec les acteurs concernés. À partir de novembre 2026, les étudiants en quatrième année d’internat – ils sont 3 700 – seront envoyés dans nos territoires en tant que docteurs juniors.
Je défendrai aussi, un peu plus tard, un amendement sur les maisons France Santé portant article additionnel après l’article 21. Néanmoins, il me semble utile d’en dire quelques mots dès maintenant. Le premier ministre a annoncé la labellisation de réseaux de maisons France Santé. Je suis d’accord avec vous, monsieur Monnet, cette labellisation n’aurait aucun intérêt s’il ne s’agissait que de poser une plaque à 50 000 euros – puisque c’est le montant du financement qui accompagnera la labellisation – sur un mur.
Comme vous le savez, ces dernières années, les professionnels de santé se sont organisés pour structurer l’accès aux soins dans nos territoires. Ces organisations sont parfois différentes d’un territoire à l’autre : bus, centres ou maisons de santé, maisons pluriprofessionnelles de santé ou communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Tout cela n’est guère compréhensible pour nos concitoyens.
Le premier objectif des maisons France Santé, c’est de rendre visible l’accès aux soins grâce à la labellisation : il n’y aura plus désormais que des communautés France Santé, des maisons France Santé et des centres France Santé. Cette labellisation sera conditionnée au respect de plusieurs critères. D’abord, l’offre de soins devra être pluriprofessionnelle. Ensuite, les dépassements d’honoraires seront interdits. Ce réseau de soins primaires devra aussi donner une réponse rapide à nos concitoyens : un rendez-vous médical dans les quarante-huit heures, à moins de trente minutes du domicile du patient.
La labellisation s’accompagnera d’un financement de 50 000 euros qui devrait permettre aux acteurs locaux de solidifier les structures existantes – je pense à la création d’un poste d’infirmière ou de secrétaire supplémentaire, ou à la construction de bureaux pour accueillir des internes. Ce sont les acteurs sur le terrain qui diront ce dont ils ont besoin.
France Santé, ce n’est pas un truc en plus, c’est un effort pour rationaliser et rendre plus visible l’offre de soins. Dans le Loiret, par exemple, les CPTS se sont organisées pour pouvoir proposer un rendez-vous dans les vingt-quatre heures aux patients sans médecin traitant, mais je recevais régulièrement à ma permanence des gens qui ne le savaient pas. Maintenant, ils pourront avoir un rendez-vous.
Nous reviendrons sur tous ces points au cours de la discussion des amendements.
M. Damien Maudet
Et la PPL Garot ?
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 954.
M. Paul-André Colombani
À la lecture de cet article, j’étais assez inquiet, notamment en ce qui concerne l’intégration des médecins juniors. On a imaginé une usine à gaz : les médecins juniors, qui relèvent du régime universitaire, devront facturer les soins qu’ils dispensent. De plus, ils seront envoyés dans des territoires où les médecins sont déjà surchargés. Parmi ces derniers, les maîtres de stage seront particulièrement sollicités. Il faudra leur libérer du temps de travail. Les médecins sont là pour faire de la médecine, pas des actes administratifs. J’attends l’avis de la ministre et la présentation de l’amendement du gouvernement pour savoir si je maintiens celui-ci.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’article 21 traite de trois sujets différents : la structuration des maisons de santé, l’envoi d’étudiants en médecine dans les territoires et la création des officines. Vous parlez d’usine à gaz pour qualifier les alinéas relatifs à la rémunération des étudiants en quatrième année qui exerceront en ambulatoire. Les modalités envisagées sont en effet peu claires et trop complexes. J’ai moi-même exprimé, en commission, un certain scepticisme sur la solution envisagée par le gouvernement. Les hôpitaux, quant à eux, redoutent une complexification des circuits de financement.
Je vous invite à retirer votre amendement, qui n’a pas été examiné par la commission, au profit de celui du gouvernement – qui semble avoir écouté nos débats en commission. Il me semble préférable que les étudiants soient rémunérés par leur centre hospitalier universitaire de rattachement, comme c’est le cas lors des stages d’internat. Les acteurs concernés ont très majoritairement exprimé leur préférence pour cette solution, qui a également le mérite de la simplicité. C’est le sens de l’amendement no 2668.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je vous invite moi aussi à retirer votre amendement au profit de mon amendement no 2668. Le circuit de financement est assez compliqué, mais nous avons réussi à trouver un accord à l’issue des concertations menées avec les professionnels du secteur. À partir de novembre 2026, les 3 700 internes concernés par cette réforme feront une année supplémentaire en tant que docteurs juniors en médecine générale et seront envoyés dans les territoires sous-dotés. L’objectif est de les envoyer dans des territoires parfois éloignés de ce qu’ils connaissent et de leur apprendre le métier avec des médecins expérimentés.
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani.
M. Paul-André Colombani
J’ai entendu la réponse de Mme la ministre. Je retire mon amendement.
(L’amendement no 954 est retiré.)
Mme la présidente
L’amendement no 2668 du gouvernement a été défendu.
Sur cet amendement no 2668, je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Avis favorable, à titre personnel.
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
Nous soutiendrons l’amendement du gouvernement, qui règle une question qui a longtemps été une pierre d’achoppement dans le système. Il renforcera la présence des médecins dans les territoires.
Nous aurons ainsi des gens opérationnels qui vont pouvoir travailler, disséminés dans tout le territoire. Par ailleurs, la formation, les longues études nécessaires constituent un point majeur. Nous évoquons là un stage en dixième année de médecine ! Monsieur Maudet, on ne peut multiplier les étudiants d’un claquement de doigts.
M. Damien Maudet
C’est vrai, vous n’êtes là que depuis un an…
M. Michel Lauzzana
Soyez gentil, laissez-moi répondre ; moi, je vous écoute !
Il faut des stages hospitaliers, des formateurs ; il faudra assumer la charge des étudiants français revenant de l’étranger et à qui nous devrons dispenser la formation qu’ils n’auront pas reçue en France. Cela donne une accumulation de jeunes que les universités ne peuvent absorber. Par conséquent, je le répète, il ne suffit pas de claquer des doigts.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Madame la ministre, vous avez longuement évoqué la labellisation des maisons France Santé. Dans les territoires, que vous connaissez bien – vous avez parlé du Loiret, nous ne sommes pas très loin, en Eure-et-Loir –, des initiatives ont été prises ; il va bien falloir clarifier la façon dont ce label sera attribué, afin de ne pas casser des architectures qui fonctionnent depuis longtemps avec les services d’accès aux soins (SAS). Par exemple, la CPTS qui couvre chez moi un cinquième du département a fait acte de candidature afin d’accueillir des docteurs juniors ; il ne faudrait pas lui laisser croire que d’autres vont créer d’autres structures.
Cela dit, je soutiens votre amendement concernant la facturation. Afin que chacun comprenne, il serait bon de redire à la représentation nationale ce qui sera demandé aux docteurs juniors en contrepartie des tarifications qui leur sont octroyées mensuellement : en termes de nombre de consultations disponibles, avec 4 000 praticiens, l’impact n’est pas négligeable.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2668.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 178
Nombre de suffrages exprimés 162
Majorité absolue 82
Pour l’adoption 162
Contre 0
(L’amendement no 2668 est adopté.)
(Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et HOR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1061.
Mme Élise Leboucher
Jusqu’en 2002, la permanence des soins, ou l’obligation de garde, concernait l’ensemble des médecins libéraux. Les lobbys les plus puissants de la corporation ont obtenu sa suppression. En pleine crise de la démographie médicale, le refus de son rétablissement entraîne un danger sanitaire. Durant la nuit, le week-end, les jours fériés, parce que rien n’a été anticipé, des patients se retrouvent dépourvus d’accès aux soins d’urgence : malheureusement, on ne tombe pas malade à l’heure de son choix.
Je salue les 40 % de médecins libéraux qui participent à cette permanence, partageant l’effort collectif. Par cet amendement, nous voulons nous assurer que ceux qui exercent dans un centre de soins non programmés participent également à cet effort.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Madame Leboucher, la commission a rejeté votre proposition ; je vous avais expliqué que l’esprit et le but de l’article 21 consistaient précisément à réintégrer les soins non programmés au sein de l’organisation territoriale de la permanence des soins. La participation à cette permanence sera donc l’un des attendus figurant dans le cahier des charges que ces structures devront respecter pour avoir droit aux majorations spécifiques. Tel est d’ailleurs le sens de l’alinéa 28 de l’article, qui fait le lien avec la permanence des soins ambulatoires (PDSA), mais aussi avec les SAS. Dans la rédaction actuelle du texte, votre amendement peut être considéré comme satisfait. Demande de retrait ; à défaut et à titre personnel, avis défavorable.
(L’amendement no 1061, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 596 et 1872.
La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 596.
Mme Sandrine Runel
Face à la désertification médicale, la création du statut de praticien territorial de médecine ambulatoire (PTMA) n’est une nouvelle fois qu’une fausse solution reposant sur une logique court-termiste et surtout médicocentrée. En aucun cas elle ne répond au besoin pourtant criant d’une réorganisation de l’accès aux soins primaires. À rebours du décloisonnement de ces derniers, pourtant prôné, madame la ministre, par la loi à laquelle est associé votre nom, ce statut reste centré sur les médecins généralistes. Par ailleurs, les aides à l’installation dont bénéficieraient ces praticiens territoriaux ont, selon les termes mêmes de la Cour des comptes, des effets décevants : en 2020, le versement de 32 millions d’euros n’a pas permis de compenser une vague de départs à la retraite !
Plutôt que des aides temporaires et surtout inefficaces, nous souhaitons la consolidation des dispositifs existants. Je rappelle que cette position est également défendue par le groupe transpartisan qui, à l’exemple de mon collègue Garot, premier signataire de l’amendement identique suivant, tente de lutter contre les déserts médicaux. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Sur ces amendements identiques nos 596 et 1872, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Sur l’amendement no 1746, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Delphine Batho, pour soutenir l’amendement no 1872.
Mme Delphine Batho
Il est dû au groupe transpartisan contre les déserts médicaux,…
M. Christophe Bentz
Transpartisan sans le RN…
Mme Delphine Batho
…dont font partie MM. Garot, Philippe Vigier, Marion, Sansu, Clouet, Favennec-Bécot, et d’autres encore. Madame la ministre, nous voudrions bien une réponse concernant l’inscription de notre proposition de loi à l’ordre du jour du Sénat. Quant aux PTMA, instaurés en 2015, ils ont été supprimés en 2020, leur inefficacité ayant été mise en évidence par un rapport sénatorial de 2017. Privilégier des aides individuelles temporaires est également moins efficace que de travailler à l’organisation collective, territoriale, de l’offre de soins.
En outre, la nouvelle convention médicale visait plutôt à simplifier les dispositifs d’aide existants. Enfin, le statut de PTMA, trop médicocentré, est contraire à l’esprit de la loi dont vous êtes l’autrice, madame la ministre, et qui promouvait une approche pluriprofessionnelle et pluridisciplinaire. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Mmes Runel et Batho, ainsi que tous ceux qui entourent M. Garot au sein du groupe transpartisan, veulent supprimer les PTMA. Je suis d’accord avec eux sur un point : ce dispositif ne réglera pas les problèmes à lui seul, car pour tenter de remédier au manque de médecins, nous avons besoin d’un ensemble d’outils. Néanmoins, il ne me paraît pas opportun de le supprimer. Son objectif est limité ; surtout, il rassure les jeunes qui songent à s’installer et craignent de n’avoir pas une file active suffisante. Le contrat sécurise leurs débuts, c’est tout ! Je le répète, il ne constitue pas l’alpha et l’oméga de ce qu’il faut faire, mais le supprimer nous priverait de la possibilité d’offrir aux jeunes médecins une forme d’assurance que certains utilisent.
Madame la ministre, nous sommes nombreux ici à mesurer les difficultés que rencontrent certains de nos territoires. Quel que soit le sort des propositions de loi en la matière, il faut s’attaquer à la question du zonage établi par les ARS, qui pose un vrai problème. Les données ne sont pas actualisées, les éléments pas dynamiques – ni transparents, me souffle le président de la commission. Si c’est là un outil destiné à piloter et améliorer les choses, il doit être pertinent, actualisé.
M. Jean-Michel Jacques
Il a raison !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je ne prendrai pas le temps de citer tous les exemples que j’ai en tête, mais il faut vraiment s’y atteler ! Quant aux amendements, la commission ne les a pas étudiés ; à titre personnel, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Monsieur le rapporteur général, nous sommes tous convaincus de la difficulté de ces zonages, qui entraînent systématiquement des effets de bord. Au-delà de la mission en cours à ce sujet, je tiens à ce qu’ils soient examinés avec les élus locaux et les professionnels, qui sont les plus à même de suivre une évolution souvent très rapide – il suffit d’un départ ou d’une arrivée.
Les amendements visent à supprimer un mécanisme susceptible de rassurer les jeunes – ou moins jeunes – qui viendraient s’installer dans des zones sous-dotées en garantissant leur revenu dans le cas où ils n’auraient pas assez de consultations. Je ne comprends donc pas le sens d’une telle suppression. Défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Rousset.
M. Jean-François Rousset
Je répète ce qu’a dit Michel Lauzzana : 3 700 docteurs juniors s’installeront très prochainement dans nos territoires, ce qui rend un peu obsolètes des propositions comme les vôtres. S’agissant des aides à l’installation, Yannick Monnet et moi avons rédigé un rapport dans le cadre de la Mecss et conclu – pour faire simple – que tout en constituant un plus, elles ne facilitent pas l’installation des médecins dans les territoires où il en manque. C’est facile à comprendre : en pareil cas, lorsque la patientèle est nombreuse, à peine arrive-t-il un médecin que son planning de consultations est plein, si bien que dès le mois suivant les revenus estimés sont là.
Il ne s’agit donc pas d’un problème financier, mais d’un problème d’attractivité lié au besoin de personnels de santé, de CPTS qui fonctionnent. Nous avions donc préconisé que ces aides transitent par l’ARS et le fonds d’intervention régional (FIR) vers des structures comme la CPTS en vue de développer des projets de soins, des parcours particuliers ou encore la prise en charge de matériel numérique.
Mme la présidente
La parole est à M. Guillaume Garot.
M. Guillaume Garot
Monsieur le rapporteur général, madame la ministre, ce dispositif est parfaitement daté et s’est déjà révélé inopérant par le passé. Vous déclarez qu’il faut rassurer, en leur garantissant un revenu, les jeunes médecins qui hésitent à s’installer dans une zone sous-dotée : je peux vous assurer qu’en s’établissant dans n’importe quel désert médical de France, ils ont tout de suite un carnet de rendez-vous rempli pour des jours, des semaines, des mois ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. – M. Philippe Vigier applaudit également.)
M. Jean-Michel Jacques
Absolument !
M. Philippe Vigier
C’est vital !
M. Guillaume Garot
Il n’y a donc aucun problème de revenu, de fins de mois. J’ajoute que, comme l’ont très bien dit Delphine Batho et Sandrine Runel, le statut de PTMA est centré sur le médecin – le médecin seul. Or quelle est désormais l’attente des médecins, des jeunes en particulier ? Pouvoir travailler en équipe, en réseau, aspiration à laquelle ce dispositif ne répond nullement. Nous considérons donc, dans une approche transpartisane, qu’il s’agit là d’argent gâché : consacrer 32 millions à un mécanisme dont on sait déjà qu’il sera inefficace, c’est faire fausse route. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC et EcoS. – M. Philippe Vigier applaudit aussi.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 596 et 1872.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 198
Nombre de suffrages exprimés 194
Majorité absolue 98
Pour l’adoption 79
Contre 115
(Les amendements identiques nos 596 et 1872 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz, pour soutenir l’amendement no 1746.
M. Christophe Bentz
M. Maudet incriminait tout à l’heure les propos de notre collègue Sandrine Dogor-Such touchant la régulation de l’installation des médecins. Cher collègue, à aucun moment Mme Dogor-Such n’a évoqué la possibilité d’une coercition : nous y sommes opposés. Nous avons tous voté contre la proposition de loi de M. Garot,…
Mme Anaïs Belouassa-Cherifi
Vous n’étiez pas là !
M. Christophe Bentz
…et nous n’étions pas les seuls ; beaucoup de députés du bloc central en ont fait autant. Quant à l’amendement, il vise à transférer aux préfets délégués à la santé les compétences des ARS, pires instances qui soient lorsqu’il s’agit de piloter des politiques d’accès aux soins. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.) À mon niveau, c’est quasiment un amendement de coordination ! Ces politiques devraient au contraire reposer sur un partenariat entre préfectures départementales et collectivités territoriales. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Monsieur Bentz, je vous reconnais une certaine constance.
M. Christophe Bentz
Merci, monsieur le rapporteur général !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous ne croyez pas aux agences régionales de santé.
Cela nous renvoie à la question de la déconcentration de l’État en matière de gestion et de pilotage des politiques de santé.
Votre amendement propose de transférer les compétences des ARS aux préfets délégués à la santé ; si on suivait sa logique, il faudrait aussi leur transférer les moyens, notamment le fonds d’intervention régional. En l’état des choses, si nous adoptions votre amendement, les préfets délégués à la santé auraient les compétences sans les moyens.
L’amendement a été rejeté en commission. Je vous invite à le retirer ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il est toujours intéressant de débattre des rapports entre les ARS, les élus locaux et les préfectures et de la coordination de l’activité sur le territoire. Dans la plupart des cas, cette coordination a bien lieu. Bien sûr, la situation peut être améliorée dans certains territoires, je ne le nie pas, mais ce n’est pas en changeant le titre, le nom ou la personne qui dirige qu’on y parviendra. Il faut identifier ce qui ne fonctionne pas et agir en conséquence. Je suis tout à fait prête à l’entendre.
Au passage, je voudrais remercier tous les professionnels qui travaillent dans ces agences. Nous entendons régulièrement dire dans cet hémicycle qu’il faut supprimer les ARS, qu’elles ne servent à rien, mais n’oublions pas que nous parlons là de personnes qui s’engagent tous les jours auprès des acteurs de santé, des associations et de nos concitoyens malades. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.) Il faut les soutenir.
M. Christophe Bentz
Nous supprimons simplement l’instance !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Certes, des améliorations sont nécessaires, notamment en ce qui concerne la coordination avec les préfectures, mais l’utilité des ARS est incontestable.
D’autre part, il faut un lien direct entre le ministère de la santé et les agences régionales de santé. Son intérêt avait d’ailleurs été démontré par un rapport de la commission des affaires sociales après la crise du covid.
Encore une fois, je ne dis pas que tout est parfait. Il faut évidemment de la coordination avec les préfectures et les élus locaux, puisque cela concerne les territoires. Je vous demande cependant de retirer cet amendement, pour les mêmes raisons que le rapporteur général.
Mme la présidente
Je vais donner la parole à un orateur par groupe. Nous commençons par M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Le sujet des ARS revient régulièrement dans cet hémicycle depuis de longues années.
Madame la ministre, j’ai entendu ce que vous venez de dire : l’important n’est pas de changer le titre, mais de faire évoluer le fonctionnement et l’organisation au quotidien.
Avant d’être ministre et, avant cela, députée, vous êtes médecin dans le département du Loiret. Vous savez donc combien cette organisation doit être fluidifiée, simplifiée.
Vous voulez labelliser des maisons France Santé. J’ai eu l’occasion de vous parler de ce dossier. Je vous demande vraiment d’essayer de simplifier et de débureaucratiser afin que nous puissions retrouver de la fluidité dans le fonctionnement.
Au cours de la crise sanitaire, les préfets ont repris la main précisément parce qu’il y avait un sentiment d’éloignement des ARS, et parce qu’il s’agissait d’assurer la protection des individus. Vous avez l’occasion de le faire de manière pérenne ; vous êtes attendue sur le terrain sur ce point. Le modèle actuel ne peut pas perdurer. Il ne servirait à rien de supprimer les ARS maintenant, mais il faut agir pour qu’il y ait un avant et un après dans les relations avec les ARS. Tout le monde y gagnera, en particulier les patients.
M. Jean-Michel Jacques
Très juste !
Mme la présidente
La parole est à M. Dominique Potier.
M. Dominique Potier
L’obsession du Rassemblement national à démonter toutes les agences de l’État n’a pas de limite. Cette semaine, en commission des finances, vous avez osé proposer la suppression de l’Anses.
M. Jérôme Guedj
Scandaleux !
M. Dominique Potier
Hier, vous avez combattu le principe même de la vaccination. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)
M. Jérôme Guedj
Scandaleux !
M. Dominique Potier
Je voudrais le dire avec force : derrière vos propos, derrière votre vision d’un préfet tout-puissant, il y a la vision d’un État autoritaire qui nie la démocratie. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Et derrière cette vision, il y a un affaiblissement de la puissance publique et de la science ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EPR et sur quelques bancs des groupes Dem, EcoS et GDR. – Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.
M. Charles Sitzenstuhl
Je ne voterai pas pour cet amendement, car ce n’est pas dans un PLFSS qu’il faut régler cette question. Néanmoins, en tant que parlementaire et élu local, j’estime qu’il est urgent d’ouvrir un débat sérieux sur l’organisation territoriale de notre système de santé. Je fonde des espoirs dans le projet de loi de décentralisation que le gouvernement devrait présenter dans quelques semaines.
Madame la ministre, on ne peut pas continuer ainsi. L’organisation actuelle du système de santé doit être réformée. Elle est devenue trop complexe et fragmentée entre plusieurs acteurs : l’État, à travers le ministère de la santé, les agences dans les départements, les préfets, les conseils régionaux, et même les conseils départementaux pour une petite partie de la politique de santé. Ce n’est plus tenable : avec autant de responsables, personne n’est responsable ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et LIOT.)
Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités en proposant au Parlement des décisions fortes visant à simplifier l’organisation de la santé dans notre pays. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et LIOT.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Anchya Bamana.
Mme Anchya Bamana
Madame la ministre, je souhaite appeler votre attention sur la situation de Mayotte, qui est le plus grand désert médical de la nation.
À Mayotte, il n’y a pas de parcours d’accès spécifique santé – le fameux PASS. J’ai eu l’occasion d’échanger très régulièrement avec le directeur de l’ARS Mayotte sur ce sujet qui préoccupe les Mahorais. J’en ai également parlé avec votre prédécesseure afin de concrétiser le projet de première année de médecine à Mayotte. Je profite donc de cet instant pour évoquer à nouveau ce projet très important, qui permettrait aux Mahorais de pouvoir enfin être soignés à Mayotte au lieu d’être contraints de s’expatrier vers La Réunion à travers le dispositif d’évacuation sanitaire faute d’une offre de soins suffisante et fonctionnelle. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Matthieu Bloch.
M. Matthieu Bloch
Je soutiens l’amendement de notre excellent collègue Christophe Bentz, qui tire les conséquences de la gestion désastreuse de la crise sanitaire par les ARS. Sur nos territoires, nous avons tous été témoins de cette situation. Les médecins comme les établissements de santé s’en sont plaints. (« C’est faux ! » sur les bancs des groupes EPR et SOC.) Et pendant qu’on tergiversait dans les ARS, qui était sur le terrain ? Les préfets.
Simplifions la chaîne de décision de notre système de santé. On ne peut pas continuer ainsi : il faut avoir le courage d’arrêter ce qui ne fonctionne pas. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Cet amendement ne me surprend pas, parce que vous avez une obsession,…
M. Christophe Bentz
De la constance !
M. Yannick Monnet
…l’obsession du coupable. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EPR.) Plutôt que de traiter les vrais sujets, il faut trouver des coupables sur tous les sujets !
Je suis désolé, mais je ne vois pas pourquoi on ferait davantage confiance à un préfet qu’à un directeur d’ARS. (M. Gabriel Attal applaudit.)
M. Christophe Bentz
Avant la réforme, c’était le cas.
M. Yannick Monnet
En revanche, madame la ministre, il y a derrière tout cela de vrais sujets que vous ne faites qu’effleurer : la décentralisation et les moyens dédiés aux territoires pour l’organisation de la santé, la démocratie sanitaire, la prévisibilité des financements pour les hôpitaux.
Nous avons montré, dans le cadre de la mission flash sur les hôpitaux de proximité, que ces derniers fonctionnent parce qu’ils bénéficient de financements pluriannuels et peuvent ainsi s’organiser. Comment règle-t-on la question du financement de l’hôpital public aujourd’hui ? C’est plutôt sur ces sujets-là qu’il faudrait se mobiliser. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Un député du groupe RN
Nous avons des solutions !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1746.
M. Jérôme Guedj
Vive les ARS !
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 210
Nombre de suffrages exprimés 207
Majorité absolue 104
Pour l’adoption 76
Contre 131
(L’amendement no 1746 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Denis Fégné, pour soutenir l’amendement no 622.
M. Denis Fégné
Cet amendement de Mme Runel vise à limiter la rémunération complémentaire des praticiens territoriaux de médecine ambulatoire. Malgré un coût non négligeable, estimé à 100 millions d’euros par la Cour des comptes, ces aides n’ont que peu d’effets incitatifs sur l’installation des médecins en zones sous-dotées.
Pour lutter contre la désertification médicale, nous privilégions la régulation de l’installation des médecins.
L’inégalité d’accès aux soins selon les territoires est inadmissible et nous devons nous doter de dispositifs réellement efficaces pour y remédier.
Si néanmoins ce statut de praticien territorial de médecine ambulatoire devait être créé, cet amendement vise à ce que les aides versées ne puissent dépasser 10 % de la rémunération du médecin. Dans un contexte budgétaire tendu, il nous semble qu’il pourrait recueillir une large adhésion. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements nos 622 et 623, par le groupe Socialistes et apparentés ; sur l’amendement no 480, par le groupe Rassemblement national ; sur l’amendement no 977, par le groupe Écologiste et social.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 622 ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Les choses sont déjà bien bordées dans l’article. Le seuil de revenus ouvrant droit à une rémunération complémentaire sera fixé par voie réglementaire, et je pense que la modération sera de mise. Par ailleurs, le bénéfice de cette aide sera conditionné à un niveau minimal d’activité pour le médecin, ce qui limitera les effets d’aubaine. Je suis donc défavorable à ce ratio de 10 % fixé de manière un peu arbitraire. Cela relève plutôt du niveau réglementaire. Cet amendement avait été rejeté en commission. Avis défavorable.
Je vous ai tous écoutés ; il est en effet nécessaire de mettre de l’ordre dans le maquis des aides et incitations destinées aux médecins, mais il faut surtout rendre attractive l’installation dans les territoires. C’est un grand défi, et je plaide donc pour un choc d’attractivité en la matière.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cela revient à la proposition de M. Sitzenstuhl.
Il convient en effet de renforcer la compréhension, la lisibilité et la visibilité de l’organisation du système sur le terrain.
Oui, monsieur le rapporteur général, il faut un véritable choc en matière d’accès aux soins et un choc de simplification. C’est bien ce que nous proposons à travers les maisons France Santé : simplifier mieux réguler l’organisation du système de santé et le rendre plus lisible pour nos concitoyens.
J’aurai un avis défavorable sur cet amendement. Soit la mesure se déclenche, soit elle ne se déclenche pas ; il n’y a pas besoin de mettre un plafond.
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Batho.
Mme Delphine Batho
Monsieur le rapporteur général, vous vous êtes opposé à notre amendement transpartisan visant à supprimer un mécanisme d’aide supplémentaire auquel personne ne comprend rien (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC), et vous venez maintenant nous dire qu’il faut simplifier tout ça ?
L’article 21 empile des dispositifs sur l’existant. On réalise même l’exploit de créer de nouvelles « zones rouges » alors qu’on a déjà des zones d’intervention prioritaire (ZIP) et des zones d’action complémentaire (ZAC), dont le zonage est en train d’être revu !
Je prends un exemple pour que tout le monde comprenne bien. Dans les Deux-Sèvres, deux nouvelles zones rouges s’ajoutent alors que la quasi-totalité du département est déjà en ZIP. En réalité, on concentre les moyens sur de tout petits territoires pendant que les autres sont abandonnés. La question n’est pas l’incitation, mais la régulation de l’installation. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS et sur les bancs du groupe SOC.) Madame la ministre, quand notre proposition de loi sera-t-elle inscrite à l’ordre du jour du Sénat ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS et sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Géraldine Bannier.
Mme Géraldine Bannier
Je ne prends pas souvent la parole, mais comme le rapporteur général a évoqué un choc d’attractivité, je rappelle que je propose depuis des années un service médical citoyen d’une durée d’un an pour les jeunes médecins, sur la base du volontariat. Nous les invitons à venir sur nos territoires, où l’attente est énorme.
Les étudiants en médecine ont approuvé l’idée, l’Académie nationale de médecine soutient cette proposition ; nous avions quasiment obtenu l’accord du dernier ministre de la santé sur ce point. La proposition est cosignée par des députés de cet hémicycle. Soutenez cette proposition de loi ! C’est toujours mieux que de multiplier les aides à l’installation alors que l’incitation n’a pas montré son efficacité.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 622.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 196
Nombre de suffrages exprimés 131
Majorité absolue 66
Pour l’adoption 83
Contre 48
(L’amendement no 622 est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et EcoS. – M. Philippe Vigier applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Colette Capdevielle, pour soutenir l’amendement no 623.
Mme Colette Capdevielle
Il porte sur l’ensemble des territoires d’outre-mer. La géographie y est particulièrement complexe, la répartition démographique inégale et les infrastructures de santé très limitées. C’est pourquoi la définition des zones prioritaires doit reposer sur une approche fine et concertée.
Par cet amendement, nous demandons donc le lancement d’une concertation entre les collectivités territoriales, les différents ordres professionnels et les agences régionales de santé. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous souhaitez que la définition des zones rouges, identifiées comme très prioritaires pour l’accès aux soins, prenne davantage en considération les caractéristiques de l’outre-mer. Je ne peux qu’être sensible à cette demande. La commission a repoussé cet amendement, mais à titre personnel, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je demande le retrait de l’amendement, car il est satisfait, et émettrai à défaut un avis défavorable.
Je suis bien consciente de ce problème puisque je viens de lancer des réunions de travail, des concertations avec chaque territoire d’outre-mer, chacun ayant ses spécificités.
Mme la présidente
La parole est à M. Christian Baptiste.
M. Christian Baptiste
Je ne sais pas exactement dans quelle mesure l’amendement est satisfait. Par ailleurs, nombre d’entre vous sont très éloignés de nos réalités et ne connaissent donc pas nos spécificités.
À l’évidence, nous rencontrons beaucoup de difficultés en matière d’accès aux soins. Dès lors, il est absolument nécessaire de lancer une concertation préalable à la définition des zones prioritaires afin que le statut de PTMA soit adapté aux réalités ultramarines. Je vous demande donc, madame la ministre, d’organiser cette concertation afin d’aboutir à un résultat optimal.
Mme la présidente
La parole est à Mme Colette Capdevielle.
Mme Colette Capdevielle
Je remercie M. le rapporteur général de s’en remettre à la sagesse de l’Assemblée et vous invite à suivre sa recommandation. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 623.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 205
Nombre de suffrages exprimés 200
Majorité absolue 101
Pour l’adoption 195
Contre 5
(L’amendement no 623 est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. – Mme Camille Galliard-Minier et M. Philippe Vigier applaudissent également.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 2516 rectifié.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
On suit rarement mes recommandations mais lorsque cela arrive, ça me fait plaisir !
M. Jérôme Guedj
Quand vous êtes sage, nous vous suivons ! (Sourires.)
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement, qui – je le signale à Mme la ministre – a été adopté en commission, prévoit les modalités d’articulation du contrat de praticien territorial de médecine ambulatoire avec les autres dispositifs d’aide prévus pour les médecins qui s’installent en zones sous-dotées. L’idée n’est pas de priver ces derniers, mais plutôt d’étudier les conditions dans lesquelles un cumul est autorisé.
Il semble indispensable de procéder à une clarification et de mettre de l’ordre dans le maquis des aides. Les jeunes médecins doivent pouvoir être éclairés sur toutes les possibilités qui leur sont offertes, notamment en matière de cumul, avant de prendre leur décision. Je vous invite donc à voter cet amendement.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Sagesse.
Mme la présidente
La parole est à M. Guillaume Garot.
M. Guillaume Garot
Je suis défavorable à cet amendement. Comme le disait très justement Delphine Batho, vous allez empiler les différents dispositifs et créer de nouveaux zonages. Nous savons qu’il ne s’agira pas d’un choc de simplification, mais plutôt d’un choc de confusion.
Or nous avons besoin de clarté, de simplicité et surtout d’efficacité. Nous le savons bien, ce n’est pas en ajoutant de nouveaux dispositifs d’aides à l’offre existante que nous résoudrons le problème des déserts médicaux. Nous le faisons depuis vingt et même trente ans et cela ne produit aucun résultat. Pire : les inégalités entre les territoires, donc entre les patients, ne cessent de s’aggraver. Les installations sont toujours plus nombreuses dans les départements qui étaient déjà les mieux dotés il y a dix ans et toujours moins nombreuses dans les départements les moins bien dotés.
Comment faire ? Il faut bien sûr de l’incitation, pourvu qu’on agisse de façon utile et efficace, mais il faut surtout réguler l’installation pour que nos médecins soient mieux répartis sur nos territoires. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. – Mme Delphine Batho applaudit également.)
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Je suis favorable à l’amendement de M. Bazin. Après tout, ce que vient de dire Guillaume Garot va dans le même sens : on ne cesse d’empiler les dispositifs.
Madame la ministre, pour définir les zones rouges, on n’a pas besoin de travailler pendant trois ans ; il suffit de procéder à l’échelle territoriale. Par ailleurs, le texte n’aborde pas la question de la durée d’installation. Or vous savez qu’avec une durée fixée à cinq ans, on assiste à un phénomène de nomadisme des médecins. On ne peut pas accepter une telle situation, de même qu’il faut mettre fin à l’empilement des dispositifs.
Une simplification est nécessaire car plus personne n’y comprend rien – et je ne parle même pas des aides versées par les collectivités. Il faut donc prévoir un décret d’application pour que nous puissions y voir clair et apporter des solutions simples et efficaces.
(L’amendement no 2516 rectifié est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 480.
Mme Josiane Corneloup
L’alinéa 22 prévoit d’autoriser l’installation d’une pharmacie dans les communes de moins de 2 500 habitants dans lesquelles la dernière officine a cessé son activité.
Je comprends ce qui a motivé l’ajout de cet alinéa. L’objectif est de garantir à tous, sur l’ensemble du territoire, un accès aux soins – j’y suis évidemment très favorable.
Cependant, cette idée ne me semble pas bonne. Car si la dernière officine a fermé, c’est tout simplement parce que son modèle économique ne lui permettait pas de se maintenir. Nous savons que dans les territoires ruraux, la situation est très difficile pour certaines pharmacies : leur chiffre d’affaires est très faible.
Notre rôle est de permettre aux pharmacies situées dans ces territoires isolés de poursuivre leur activité correctement plutôt que d’autoriser l’ouverture de nouvelles officines par voie de création.
C’est pourquoi cet amendement vise à supprimer l’alinéa 22.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous souhaitez supprimer la disposition de l’article 21 visant à autoriser la création d’officines dans les villes de moins de 2 500 habitants dans lesquelles la dernière officine a fermé.
Je partage votre scepticisme. Si la dernière officine a fermé, c’est parce que les conditions de viabilité n’étaient pas forcément réunies. Dès lors, pourquoi une nouvelle officine s’en sortirait-elle mieux ?
Des dispositions réglementaires, adoptées récemment, permettront aux ARS d’aider davantage les officines sur les territoires fragiles. Cependant, il est nécessaire de consolider – et même de revoir – le modèle économique des officines dans nos territoires ruraux. J’espère que nous pourrons nous saisir de cette question au plus vite grâce à la concertation lancée par le gouvernement.
J’ai néanmoins quelques réserves sur cet amendement. D’une part, le contexte local peut évoluer. D’autre part, le maillage actuel n’est pas toujours totalement pertinent. Dans ces situations, un assouplissement de la réglementation me semble souhaitable.
Pour conclure, je suis défavorable à la suppression que vous demandez. S’il existait ne serait-ce qu’une seule possibilité, dans une ville de moins de 2 500 habitants, d’ouvrir une nouvelle officine et de lui donner les moyens de se maintenir, je ne voudrais surtout pas que la loi y fasse obstacle.
L’amendement a été repoussé en commission et j’émets, à titre personnel, un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je souscris pleinement à l’argumentation du rapporteur général. Je rappelle que les difficultés rencontrées par les pharmacies tiennent à deux questions. La première est celle du modèle économique. Vous savez que nous souhaitons redéfinir ce modèle, pour l’ensemble de la chaîne, et que nous avons lancé pour cela une concertation qui est en cours – nous en avons déjà parlé.
La deuxième question est celle de la démographie, qui se pose de la même manière pour les pharmaciens que pour les médecins : en raison du numerus clausus, en vigueur jusqu’en 2019, le nombre de départs à la retraite est supérieur à celui des entrées dans la profession.
Tout ce qui permet l’ouverture de pharmacies ou leur consolidation sur nos territoires doit être salué. La disposition prévue par l’alinéa 22 n’est qu’une mesure parmi d’autres et elle n’est pas obligatoire – il s’agit simplement d’une possibilité supplémentaire. De toute façon, l’ordre des pharmaciens doit toujours se prononcer sur une ouverture d’officine.
Par conséquent, je demande le retrait de l’amendement et émettrai, à défaut, un avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.
M. Jean-René Cazeneuve
Chacun peut observer le phénomène de la désertification médicale. Dans ce contexte, le rôle joué par les pharmacies rurales en matière de soins de première intention est de plus en plus important. Il est même devenu essentiel, puisque les actes autorisés en pharmacie sont de plus en plus nombreux et que, dans le même temps, le nombre de médecins diminue.
Je peux comprendre votre point de vue, chère collègue. Cependant, au nom de la libre administration, il faut laisser aux pharmaciens qui souhaitent prendre un tel risque – n’oublions pas que c’est une profession libérale – la liberté de leur choix. Il faut faire confiance à l’intelligence locale pour déterminer si l’ouverture d’une nouvelle officine sur tel ou tel territoire est pertinente ou non.
Comme l’a dit le rapporteur général, l’ouverture d’une pharmacie représente un vrai gain pour la population, en particulier dans les territoires ruraux. Par conséquent, si la mesure permet d’ouvrir quelques nouvelles officines, il faut la soutenir.
Mme la présidente
La parole est à M. Guillaume Garot.
M. Guillaume Garot
Je soutiens l’amendement de Mme Corneloup. Si l’ouverture des pharmacies est soumise à une libéralisation à outrance,…
Mme Liliana Tanguy
Pas à outrance ! Nous ne sommes pas aux États-Unis !
M. Guillaume Garot
…c’est tout le tissu des officines qui sera fragilisé.
Nous savons très bien que dans certains territoires, les petites officines ont beaucoup de difficultés à se maintenir. La solution ne réside certainement pas dans la création d’officines dans des petites communes, car on sait très bien que tout le monde sera pénalisé.
Je vous mets en garde. Supposez par exemple que de grands groupes pharmaceutiques décident d’ouvrir des officines de ce type dans de petites communes. Nous assisterons alors à une financiarisation galopante au bénéfice des grands groupes et au détriment des officines de proximité. (Protestations sur quelques bancs du groupe EPR.)
Enfin, je constate que si le maillage pharmaceutique tient bon, ou à peu près, c’est grâce à la régulation des ouvertures d’officine. S’il est fragilisé, c’est à cause de la désertification médicale : moins de prescripteurs, c’est aussi moins d’officines en bonne santé.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 480.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 212
Nombre de suffrages exprimés 204
Majorité absolue 103
Pour l’adoption 22
Contre 182
(L’amendement no 480 n’est pas adopté.)
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures, est reprise à onze heures dix.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Je suis saisie de deux demandes de scrutins publics : sur l’amendement no 1856, par le groupe Les Démocrates, et sur l’amendement no 977, par le groupe Écologiste et social.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille, pour soutenir l’amendement no 1856.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Cet amendement vise à assurer une cohérence entre l’article 21 du présent projet et la proposition de loi visant à répondre à la demande des patients par la création de points d’accueil pour soins immédiats, déjà adoptée en première et en deuxième lectures par notre assemblée.
Madame la ministre, comme vous l’avez dit, il faut conférer une plus grande visibilité à notre système de soins immédiats. Qui parmi les personnes que vous croiserez dans la rue pourra vous donner une définition du terme « soins non programmés » ? L’emploi du terme « soins immédiats » est beaucoup plus pratique et plus parlant.
À quoi ce terme correspond-il ? Si, tout à l’heure, en descendant un escalier, je me casse la figure et souffre d’une douleur à la cheville et d’une plaie sur le front, je n’ai pas besoin d’encombrer les urgences pour bénéficier d’une radio, me faire poser un plâtre et, éventuellement, trois points de suture. Il est très important d’établir une gradation entre les structures d’accueil en fonction des soins requis : les urgences doivent être réservées aux problèmes vitaux, ce qui ne doit pas conduire à négliger la nécessité de petits plateaux techniques…
Mme la présidente
Merci.
M. Cyrille Isaac-Sibille
…pourvus de dispositifs de biologie médicale et de radiologie permettant la réalisation de diagnostics et l’administration de soins immédiats.
Mme la présidente
Merci, monsieur Isaac-Sibille. Je me permets de vous rappeler que la conférence des présidents a décidé que la durée de la défense des amendements ne devait pas excéder une minute. Je ne veux pas couper les orateurs au milieu de leur propos mais je vous remercierai de ne pas excéder le temps de parole qui vous est accordé de vingt-cinq, trente ou quarante secondes.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cher collègue, j’espère que vous n’allez pas chuter juste après la séance ! Je ne peux en tout cas que vous souhaiter une bonne santé.
L’article 21 est prometteur et devrait conduire à une meilleure organisation des soins non programmés. Il est essentiel d’éviter que chacun travaille dans son coin, ce qui suppose que les structures spécialisées en soins non programmés soient bien identifiées – je rejoins votre préoccupation à cet égard et il reste à se mettre d’accord sur leur nom –, dotées d’un cahier des charges ad hoc et coordonnées avec les services d’accès aux soins (SAS).
En Meurthe-et-Moselle, le centre de soins immédiats non programmés se trouve juste à côté du plateau d’imagerie et de tous les dispositifs de biologie médicale requis. Il fonctionne très bien et répond à un vrai besoin, en coordination avec les urgences du centre hospitalier régional universitaire et le SAS.
Vous proposez, d’une part d’apporter à la définition des structures de soins non programmées des précisions qui relèvent en réalité du cahier des charges, d’autre part de les nommer « points d’accueil pour soins immédiats ». Je pense qu’il faut profiter de la navette pour débattre de la question de leur nom. Chez moi, il est plutôt question de CMSI, ou centres médicaux de soins immédiats et, pour ma part, je préfère « centre médical » à « point d’accueil ». En outre, vous voulez que ces structures soient signalées par une croix orange : là encore, nous pourrons en débattre dans le cadre de la navette.
La commission n’a pas examiné cet amendement. Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée – j’ajoute que j’étais présent lors de l’examen de votre proposition de loi.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je comprends le sens de votre amendement et je vous rejoins sur le fait qu’il faut que ces structures soient vraiment centrées sur le soin immédiat. Mais changer leur dénomination demanderait de modifier tous les textes où il est écrit « soins non programmés », ce qui créerait tout de même une difficulté réelle au niveau légistique. L’un des objectifs de l’article 21 est de recentrer l’activité des structures de soins dits non programmés sur cette activité précise et très spéciale – le soin immédiat. C’est d’ailleurs pourquoi l’article crée, au sein du code de la santé publique, un chapitre spécifiquement dédié aux « structures spécialisées en soins non programmés ». En modifier le nom apporterait plutôt de la complexité. Je comprends le sens de votre amendement, mais je vous invite à le retirer. Sinon, l’avis sera défavorable.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1856.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 162
Nombre de suffrages exprimés 154
Majorité absolue 78
Pour l’adoption 148
Contre 6
(L’amendement no 1856 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 2517, 977, 2520 et 621 tombent.)
(M. Philippe Vigier applaudit.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1327 rectifié, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Thierry Frappé, pour le soutenir.
M. Thierry Frappé
Cet amendement vise à instaurer une véritable transparence dans les structures de soins non programmées. Les patients ont en effet le droit de savoir à qui ils s’adressent, quels sont les professionnels qui les prennent en charge et quelles sont leurs qualifications. C’est une mesure simple à prendre et essentielle pour renforcer la confiance dans le parcours de soins. L’affichage visible dans les locaux, complété par une information en ligne, permettra d’assurer la lisibilité et la traçabilité pour chaque patient. Dans un contexte où les structures de soins vont se multiplier, il est indispensable que la clarté et la transparence guident la relation entre patients et soignants. Cet amendement répond à une exigence de respect et de confiance mutuels. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’amendement n’a pas été examiné en commission. Il me semble que ce type de détail relève plutôt du domaine réglementaire. Demande de retrait. Sinon, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
L’amendement est satisfait. Demande de retrait.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1327 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 190
Nombre de suffrages exprimés 189
Majorité absolue 95
Pour l’adoption 64
Contre 125
(L’amendement no 1327 rectifié n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 349 de M. Yannick Monnet est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi.
M. Hendrik Davi
J’interviens en faveur de cet amendement, qui vise à exclure les centres de santé privés à but lucratif du dispositif prévu à l’article 21. Je pense qu’il est très important d’avoir des centres de santé publics partout sur le territoire, à l’exemple de ce que fait l’AP-HM – Assistance publique-Hôpitaux de Marseille. C’est un modèle à suivre.
Cet article crée un dispositif qui va dans ce sens, mais je m’inquiète de ce que la Fédération nationale des centres de santé et celle des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) soient contre celui-ci, alors même que leurs structures seront les premières concernées. Si elles sont contre, c’est d’abord parce que le nouveau dispositif va complexifier l’ensemble du système, mais aussi parce que les centres de soins privés à but lucratif y seront éligibles. Le groupe Écologiste et social votera donc contre cet article si l’amendement de M. Monnet n’est pas adopté. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS. – M. Jacques Oberti applaudit également.)
M. Pierre-Yves Cadalen
Chantage ! (Sourires.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Contrairement aux territoires métropolitains, où les centres de santé jouent un rôle fondamental – Yannick Monnet en parle souvent, comme Pierre Dharréville avant lui –, dans la très grande majorité des territoires périurbains ou ruraux, les centres de soins non programmés sont des associations de professionnels libéraux qui prennent par exemple la forme de sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires, dont le statut est de droit privé.
M. Jérôme Guedj
Les Sisa !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Exactement, mon cher collègue. Nous pénaliserions donc ces territoires en adoptant pareil amendement. On a besoin de tous les professionnels de santé pour garantir la permanence des soins et assurer une structuration des soins immédiats. N’adoptez surtout pas cet amendement – qui a été rejeté en commission. Avis défavorable.
M. Jean-Michel Jacques
Il a raison !
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Monsieur Davi, monsieur Monnet, je veux vous rassurer au sujet de cet article, qui vise justement à encadrer davantage les structures de soins non programmés. Vous, vous voulez qu’il n’y ait que des centres publics,…
Mme Nathalie Oziol
Oui !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…mais je ne serai pas la ministre qui opposera les professionnels de santé du secteur public et du secteur privé : on a besoin de tout le monde et de toutes les structures pour l’accès aux soins. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe EPR.) Cela étant dit, il importe aussi de rappeler que l’on ne peut pas faire n’importe quoi au sein de ces structures, et c’est précisément ce que fait l’article 21. Je crois vraiment que la nouvelle mesure va permettre d’améliorer l’accès aux soins dans certains territoires. Je vous invite donc à retirer votre amendement. À défaut, l’avis serait défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
Moi non plus, je ne suis pas du tout favorable à cet amendement et je souscris pleinement à ce qu’ont dit le rapporteur général et la ministre. Quand dans ce pays va-t-on enfin décloisonner entre public et privé ? Il faut arrêter tout ça. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Dans les territoires, dans la vraie vie, les choses ne se passent pas comme vous le pensez, monsieur Davi. Cela fait trois ans qu’on a monté, dans un département de ma circonscription qui compte 76 médecins pour 100 000 habitants, un centre de soins non programmés ; cette structure accueille les patients du lundi au vendredi, son fonctionnement est assuré par des médecins du secteur public comme du secteur privé, parce qu’on a trouvé l’harmonie nécessaire pour le permettre.
Cet amendement, je vous l’assure, est une arme de destruction massive à l’encontre de professionnels de santé volontaires, des gens de plus de 65 ans qui acceptent de donner de leur temps pour exercer la fonction de régulateur. N’utilisez pas cette arme : vous briseriez tout cet élan alors qu’on n’a que lui pour nous soutenir au quotidien et aider les patients qui en ont tant besoin. (M. Laurent Croizier applaudit.)
(L’amendement no 349 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Rousset, pour soutenir l’amendement no 1407.
M. Jean-François Rousset
Cet amendement vise à garantir que les centres de soins non programmés restent pleinement inscrits dans le champ de la médecine de ville et dans celui de la médecine de premier recours. Ces structures sont conçues, selon le texte même, pour répondre à un besoin bien identifié en offrant une solution de proximité aux patients qui nécéssitent une consultation rapide pour une affection sans gravité immédiate, et ainsi désengorger nos services d’urgences hospitaliers. Leur mission est donc complémentaire de celle des services d’accès aux soins et de celle des médecins généralistes libéraux.
Or sur le terrain, les conseils départementaux constatent la multiplication de contrats émanant de médecins hospitaliers urgentistes souhaitant exercer dans ces centres. Si leur compétence est incontestable, la logique des centres de soins non programmés reste avant tout celle de la médecine ambulatoire, de la continuité des soins de ville, donc de la médecine générale. C’est pourquoi nous proposons que soit assurée la présence effective de médecins généralistes dans la gouvernance et dans la supervision de ces structures.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Nous avons eu ce débat en commission. Je comprends bien votre intention : vous voulez mettre fin aux dérives observées dans certains territoires, où les centres de soins non programmés pillent les ressources médicales des services d’urgences. Il faut certes veiller à endiguer ce phénomène, mais je serai plus nuancé que vous sur la question, parce qu’il y a aussi une belle complémentarité disciplinaire entre des médecins généralistes et des médecins qui sont passés par les services d’urgences ; on voit bien que cette double compétence les nourrit mutuellement.
Je ne suis pas favorable à ce que l’on rigidifie trop le fonctionnement de ces structures, qui doivent pouvoir s’adapter aux ressources locales. Je suis très embêté : vous allez, par votre amendement, régler des problèmes à certains endroits, mais vous risquez de complexifier et de rigidifier la situation là où cela se passe plutôt bien.
L’amendement a été rejeté en commission ; à titre personnel, je vous invite à le retirer pour y retravailler durant la navette. Sinon, avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je suis pour ma part très favorable à l’amendement. Les structures de soins non programmés ont pour objectif d’éviter que des malades aillent aux urgences si ce n’est pas nécessaire, et d’accueillir ceux d’entre eux qui ne peuvent pas attendre un rendez-vous dans les quarante-huit heures avec leur médecin traitant – ou le médecin dit correspondant. Il est donc très important que ces structures comportent aussi des médecins généralistes et pas seulement, par exemple, des médecins spécialisés en orthopédie. Il me semble utile de le préciser.
Mme la présidente
La parole est à Mme Mélanie Thomin.
Mme Mélanie Thomin
Cet amendement part très certainement d’une bonne intention, mais il peut être source de plusieurs dangers.
Tout d’abord, ces structures de soins non programmés vont certes consolider l’installation de médecins généralistes, mais ce seront autant de médecins généralistes en moins pour revitaliser les maisons de santé. Or c’est là qu’on attend qu’ils s’implantent et qu’ils structurent les territoires qui ont bien besoin de médecins, c’est-à-dire les déserts médicaux.
L’autre danger concerne ceux de nos services d’urgences aujourd’hui fermés. Chacun sait que dans de nombreux territoires, les services d’urgences sont fermés ; parfois, la solution trouvée pour les rouvrir en partie – comme c’est le cas dans ma circonscription – consiste à faire un montage avec un médecin du Smur – le service mobile d’urgence et de réanimation – et un médecin généraliste, ce qui permet au service d’urgences de rouvrir au moins en journée. Il apparaît donc que pour maintenir les services d’urgences, on a aussi besoin de médecins généralistes au service de l’hôpital public. Veillons à ne pas dévitaliser les ressources humaines, à la fois dans les maisons de santé et à l’hôpital public, où on en a besoin.
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
Le groupe EPR votera cet amendement de bon sens. Nous constatons tous que les urgences sont partout engorgées par des patients qui pourraient être pris en charge autrement et que ceux en urgence réelle sont obligés d’attendre plus longtemps. Par ailleurs, les centres de soins non programmés offrent aussi une réponse sur des créneaux horaires où il est très difficile d’avoir accès à un médecin et où la seule solution resterait les urgences, qui ne sont souvent pas appropriées à la demande de prise en charge. Nous sommes favorables à 200 % à l’amendement de notre collègue.
M. Philippe Vigier
Très bien !
(L’amendement no 1407 est adopté.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1410, je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
L’amendement no 2518 de M. le rapporteur général est rédactionnel.
(L’amendement no 2518, accepté par le gouvernement, est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Rousset, pour soutenir l’amendement no 1410.
M. Jean-François Rousset
Cet amendement vise à renforcer la coordination territoriale en matière de soins de premier recours en prévoyant l’intégration des centres de soins non programmés (CSNP) dans les communautés professionnelles territoriales de santé.
Ces centres jouent un rôle majeur mais, pour que la complémentarité fonctionne pleinement, il ne faut pas qu’ils soient isolés. Leur intégration dans une CPTS permettra d’assurer une véritable cohérence territoriale dans la réponse aux soins, en lien avec les médecins traitants, les maisons de santé, les structures hospitalières et les dispositifs PDSA et SAS. Conformément aux discussions qui ont eu lieu en commission, je précise que, même si elle reste volontaire, l’adhésion à la CPTS contribue à renforcer la coordination entre acteurs de santé, à améliorer l’organisation du système de soins de premier recours et à garantir une prise en charge plus fluide et plus cohérente des patients – autant d’objectifs de l’article 21.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Après celui que nous avons eu sur les ARS, je ne voudrais pas lancer un débat sur les CPTS. Certaines, comme chez vous, madame la ministre, fonctionnent merveilleusement bien. À l’autre bout du spectre, il existe aussi des territoires qui en sont totalement dépourvus, même si la couverture progresse énormément. Entre les deux, on trouve des zones où la pertinence du périmètre des CPTS est très variable.
L’amendement vise à imposer l’adhésion des centres de soins non programmés aux CPTS, dans le but d’obtenir une bonne coordination à l’échelle d’un territoire. Toutefois, si la PDSA est organisée par les ARS à l’échelle infrarégionale, les CPTS sont des associations régies par la loi de 1901. Même si vous avez essayé d’argumenter sur ce point, monsieur Rousset, le principe de l’adhésion obligatoire – une sorte d’oxymore – à une association poserait un problème juridique.
Indépendamment de cet écueil, votre proposition a du sens lorsque le périmètre de la CPTS coïncide avec celui de la PDSA, mais c’est beaucoup moins vrai lorsque, par exemple, le périmètre de la PDSA inclut plusieurs CPTS. Je connais de nombreux territoires où les habitants fréquentent un centre de soins non programmé qui n’est pas dans le périmètre de la PDSA dont ils relèvent. C’est surtout vrai pour les CPTS à l’échelle d’une métropole. La population des territoires voisins est bien heureuse de pouvoir aller dans un CSNP, alors même que les professionnels de santé de ces zones n’adhèrent pas à la CPTS.
En résumé, je comprends l’idée qui sous-tend votre amendement, lequel n’a pas été examiné en commission, mais je ne la trouve pas parfaitement adaptée à la réalité du terrain. Je suggère donc un retrait. À défaut, mon avis sera défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
La quasi-totalité du territoire, 92 % précisément, est couverte par des CPTS, qui devraient bientôt s’appeler communautés France Santé – nos débats y gagneront en simplicité. Les professionnels, les structures, y adhèrent librement. Il faut conserver cette souplesse car la pire façon d’obtenir que des gens travaillent ensemble est de les y obliger.
En revanche, l’incitation à adhérer doit se poursuivre car les évaluations montrent que, dans la majorité des cas, les CPTS sont efficaces. Il faut aider celles qui ne le sont pas et il faut que des professionnels en créent là où il n’en existe pas.
Les CPTS présentent deux intérêts majeurs. D’une part, leur organisation pluriprofessionnelle améliore l’accès aux soins et la qualité de ces derniers. D’autre part, elles offrent une meilleure qualité de vie professionnelle aux soignants qui en sont membres grâce aux moments d’échange sur la prise en charge des malades qu’elles rendent possibles. Nous devons donc inciter à l’adhésion à une CPTS, sans pour autant la rendre obligatoire. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup.
Mme Josiane Corneloup
Les CPTS sont effectivement d’excellents outils. Nous devons autant que possible inciter à y adhérer, sans obligation. Que tous les métiers du secteur médico-social puissent y participer, au même titre que les professionnels de santé, permet à chacun de se connaître et, donc, de mieux travailler ensemble. Pouvoir construire des actions collectives est essentiel car cela va dans le sens de la décentralisation et de l’autonomie. Plus il y aura d’acteurs dans les CPTS, plus elles seront efficaces.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1410.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 220
Nombre de suffrages exprimés 178
Majorité absolue 90
Pour l’adoption 162
Contre 16
(L’amendement no 1410 est adopté.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.)
Mme la présidente
Les amendements nos 2519 et 2521 de M. le rapporteur général sont rédactionnels.
(Les amendements nos 2519 et 2521, acceptés par le gouvernement, successivement mis aux voix, sont adoptés.)
Mme la présidente
Sur l’amendement n° 1328, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Mme la présidente
L’amendement no 1328 de M. Thierry Frappé est retiré.
(L’amendement no 1328 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 1062 et 1849, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Murielle Lepvraud, pour soutenir l’amendement no 1062.
Mme Murielle Lepvraud
Le reste à charge des patients ne cesse d’augmenter, notamment en raison de la hausse du ticket modérateur et de la taxation des complémentaires santé. Vous vouliez aussi doubler les franchises médicales mais, heureusement, nous vous en avons empêchés hier. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Les inégalités d’accès aux soins s’accentuent et le budget dédié à la santé par les ménages ne cesse d’augmenter, passant de 715 euros en 2018 à 1 249 euros en 2023, une hausse de 75 %. Nous percevons bien là votre objectif final : privatiser petit à petit le système de santé. Il est évidemment hors de question pour nous de vous laisser faire. Nous proposons donc par cet amendement de garantir le reste à charge zéro dans les centres de santé. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 1849.
M. Hendrik Davi
Déposé par mon collègue Jean-Claude Raux, il vise à interdire les dépassements d’honoraires aux professionnels qui exercent dans les CSNP et à y appliquer le tiers payant intégral. Pour rappel, en 2024, les dépassements d’honoraires ont représenté 4,5 milliards d’euros.
Je reviens par ailleurs sur le débat relatif aux structures privées. Nous sommes opposés non à leur existence mais au fait que certaines structures privées à but lucratif profitent du système. Or rien dans l’article 21 ne va empêcher la financiarisation de la médecine générale. D’ores et déjà, des groupes comme Ramsay Santé, dont l’actionnaire principal est australien, rachète des maisons de santé les unes après les autres. J’aimerais entendre la réponse de la ministre à cette question : que contient l’article 21 qui viendrait contrecarrer cette dynamique de rachat par des groupes étrangers de l’ensemble de la médecine générale française ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le premier, déposé par le groupe La France insoumise, a été rejeté en commission. Le second, présenté par M. Davi pour le groupe écologiste, n’y a pas été débattu, mais il est très similaire. Je pense qu’ils sont en fait sans objet. En effet, soit les médecins qui exercent en CSNP sont salariés, auquel cas ils ne peuvent pas pratiquer de dépassements d’honoraires, soit, dans l’immense majorité des cas, ils sont en secteur 1. C’est la situation de 96 % des généralistes des CSNP, les 4 % restants étant en secteur 2 avec option de pratique tarifaire maîtrisée (Optam), c’est-à-dire que leurs dépassements d’honoraires sont la plupart du temps pris en charge par les complémentaires santé.
Brandir des interdits de manière préventive pourrait crisper tout le monde ; or nous avons besoin que des professionnels rejoignent ces centres. Par ailleurs, les tarifs des soins non programmés ne sont pas les mêmes qu’en journée quand ils sont prodigués le soir ou le week-end. Les majorations alors facturées ne sont pas des dépassements d’honoraires et restent donc en dehors du périmètre des amendements. Enfin, la demande du tiers payant obligatoire est déjà satisfaite par les dispositions législatives qui protègent les patients les plus vulnérables. J’émettrai donc un avis défavorable sur ces deux amendements ; je m’exprime à titre personnel sur le second, qui n’a pas été examiné en commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il est très important que nous ayons un débat sur les dépassements d’honoraires. Il est prévu à l’article 26. J’en reviens aux amendements examinés. Leur rédaction en limite l’application aux médecins sous Optam, c’est-à-dire à ceux qui ont signé une convention avec l’assurance maladie pour maîtriser leurs dépassements d’honoraires. Il me semble donc que l’application de vos amendements aboutirait à l’inverse de ce que vous souhaitez. J’en suggère le retrait.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-François Rousset.
M. Jean-François Rousset
Je confirme la nécessité d’un débat sur les dépassements d’honoraires, qui représentent 4,5 milliards d’euros facturés aux patients. Cet été, Yannick Monnet et moi avons travaillé à un rapport dans lequel nous présentons dix propositions pour en sortir, dont certaines sont législatives, d’autres sont réglementaires et d’autres, enfin, relèvent des conventions entre l’assurance maladie et les médecins. Il y a un beau travail législatif à faire sur le sujet.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
Il est important d’adopter ces amendements pour interdire les dépassements d’honoraires aux professionnels de santé exerçant au sein de structures spécialisées en soins non programmés et pour y appliquer le tiers payant intégral. Il s’agit de garantir un accès universel à la santé et de lutter contre la marchandisation du secteur. Les centres de santé qui garantissent un accès à une offre de soins sans dépassements d’honoraires sont plébiscités par la population. Mais des problèmes structurels de financement les fragilisent, voire les conduisent à fermer ou à être absorbés. La marchandisation de la santé ou le développement de grands groupes comme Ramsay, ce n’est pas possible ! La santé est un bien commun, non une marchandise. Il est donc important de garantir l’absence de dépassement d’honoraires et l’application du tiers payant dans les centres de santé.
(Les amendements nos 1062 et 1849, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Hervé Saulignac, pour soutenir l’amendement no 1874.
M. Hervé Saulignac
Il vise à rappeler que les centres de soins non programmés ne devraient pas offrir une occasion de contourner les règles du zonage infirmier, comme c’est trop souvent le cas. Il clarifie donc le cadre d’exercice des infirmiers afin de mettre fin à la confusion qui règne actuellement, en obligeant à prendre en compte les structures de soins non programmés dans le zonage infirmier. Je pense que chacun pourra y souscrire
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le travail effectué par les infirmiers employés au sein des CSNP est très différent de celui des infirmiers libéraux, notamment quand ces derniers interviennent à domicile. Je ne pense pas qu’il existe une concurrence entre eux. Pour assurer la permanence des soins, on doit pouvoir recruter des infirmiers dans ces centres de soins et, à mon avis, c’est sans rapport avec la couverture du territoire en infirmiers libéraux.
En application des règles actuelles, l’ordre des infirmiers empêche même l’installation d’infirmiers libéraux au sein d’un CSNP – le cas s’est présenté dans ma circonscription –, dès lors que ledit centre se situe dans une commune ne connaissant pas de problème de couverture en soins de ville, alors que ces centres font un travail très différent des praticiens libéraux, de sorte que l’interdiction aggrave en fait les difficultés.
En effet, ce n’est pas parce qu’une commune a une bonne couverture en matière de soins de ville qu’elle n’a pas besoin aussi d’un centre de soins non programmés – c’est un autre aspect de la PDSA, que Cyrille Isaac-Sibille a bien illustré tout à l’heure, en prenant l’exemple d’une chute dans l’escalier. Il faut disposer de spécialités complémentaires au sein d’équipes pluridisciplinaires, qui doivent compter des infirmiers aussi bien que des médecins. Il faut donc leur permettre de s’installer dans ce cadre.
C’est pourquoi je suis défavorable à cet amendement, dont je précise qu’il n’avait pas été examiné en commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée.
L’amendement est mal rédigé, ce qui explique mon hésitation. Il conviendra de le faire évoluer au cours de la navette.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Le zonage que vous évoquez sert à la répartition géographique des infirmières dans les territoires, sans préciser les lieux d’exercice. Il faut se garder d’introduire de nouvelles obligations au sein d’un zonage qui mérite sans doute d’être affiné, mais qui doit rester réaliste et réalisable. Il ne doit pas servir à affecter les professionnels à tel ou tel secteur.
Mme la présidente
La parole est à M. Hervé Saulignac.
M. Hervé Saulignac
Monsieur le rapporteur général, le zonage doit prendre en compte l’ensemble de l’offre de soins infirmier disponible dans un territoire, ce qui inclut désormais ces CSNP, qui ne peuvent relever d’un traitement d’exception.
Je remercie donc la ministre de s’en remettre à la sagesse de l’assemblée qui, je n’en doute pas, en fera preuve.
(L’amendement no 1874 n’est pas adopté.)
(« Oh ! » et protestations sur plusieurs bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Le résultat du vote est parfaitement clair.
L’amendement no 2522 de M. le rapporteur général est rédactionnel.
(L’amendement no 2522 est adopté.)
(L’article 21, amendé, est adopté.)
Rappels au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet, pour un rappel au règlement.
M. Pierre Pribetich
Il y avait longtemps !
M. Damien Maudet
Sur le fondement de l’article 49-1, relatif à la tenue des séances plénières. (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe EPR.)
M. Jean-Michel Jacques
Ils ne veulent pas que ça avance !
M. Damien Maudet
Laissez-moi parler si vous voulez que ça accélère !
Mme la présidente
Seul M. Maudet a la parole. Allez-y !
M. Damien Maudet
Au rythme que nous avons, il nous faudrait vingt heures de débats pour examiner tous les amendements. Nous ne pourrons donc pas terminer, à moins de prolonger toute la nuit la séance de ce soir ou d’ouvrir des séances demain. La question se pose donc : le gouvernement a-t-il prévu que nous terminions l’examen du texte ?
Un choix a été fait hier : alors que nous pensions que la partie recettes devait être rejetée, d’autres ont estimé qu’il fallait l’adopter, bien qu’elle fût mauvaise, afin de pouvoir étudier la troisième partie du texte. Pour finir, la partie recettes, qui est mauvaise, a été adoptée, et nous n’examinerons même pas le texte jusqu’au bout.
Par conséquent, madame la ministre, êtes-vous d’accord pour que nous puissions ouvrir des séances demain afin de terminer l’examen du texte ? (Exclamations sur les bancs du groupe EPR.) Nous avons fait le choix de retirer environ 30 % de nos amendements auprès des services de la séance, ce qui en ramène le nombre au niveau de celui de la plupart des groupes. Ne venez pas nous dire que nous ne chercherions pas à accélérer !
Reste que même en ayant fait cela, nous n’arriverons pas à finir l’examen du texte ce soir. De deux choses l’une : soit on ouvre des séances demain et nous finissons l’examen du texte ; soit on ne le fait pas, ce qui signifie que le gouvernement enverra au Sénat une version du texte ne comportant que les amendements qu’il aura choisis. Cela reviendra au même que s’il avait eu recours à l’article 49.3 : nous aurons examiné le texte plus longtemps, mais, à la fin des fins, ce n’est qu’un 49.3 en plus long. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj, pour un rappel au règlement.
M. Jérôme Guedj
Sur le fondement de l’article 49-1. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Je répète ce que j’ai dit tout à l’heure : il est cocasse, savoureux et décalé de constater que ceux qui nous expliquaient hier qu’il ne fallait surtout pas aborder la partie dépenses, s’offusquent aujourd’hui que nous ne puissions l’examiner avec toute la rigueur nécessaire. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EPR et sur quelques bancs du groupe Dem. – M. Jean-Yves Bony applaudit également. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Nadège Abomangoli
C’est un refus de vote !
M. Jérôme Guedj
Je suis d’accord sur ce dernier point : nous souhaitons aborder ceux des articles qui suscitent le plus de débats, notamment ceux dont le premier ministre s’est engagé à ce que l’Assemblée puisse s’en saisir – ce qu’elle fera pour l’article relatif à la suspension de la réforme des retraites, puisque l’article 45 bis sera appelé par priorité. Nous pensons toutefois que d’autres articles devraient faire l’objet de cette procédure et être discutés, à cause des dispositions qu’ils prévoient, comme le gel des prestations ou la fixation de l’objectif de dépenses d’assurance maladie (Ondam). Avançons ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Maxime Laisney
Est-ce qu’il y a un déjeuner à Matignon ce midi pour avancer ?
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal, pour un rappel au règlement.
Mme Annie Vidal
Sur le même fondement que celui qui vient d’être invoqué. Au cours de l’examen de la précédente partie de ce texte, j’ai insisté à plusieurs reprises sur le nombre considérable d’amendements qui abordaient tous les problèmes de la France, sans rapport avec le PLFSS. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Nous voilà, fort heureusement, arrivés à la troisième partie et vous vous offusquez de la durée des débats, alors qu’il est normal de prendre un peu de temps pour parler de ce dont les Français attendent que nous parlions : leur santé, leur accès aux soins. (Mêmes mouvements.)
Et pour ce qui est du nombre d’amendements, vous avez largement contribué à faire exploser les compteurs ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Élise Leboucher
Nous nous sommes souvent contentés de dire : « Défendu ! »
Mme la présidente
La parole est à M. Matthias Renault, pour un rappel au règlement.
M. Matthias Renault
Sur le fondement de l’article 49-1. J’aimerais savoir quelle stratégie le gouvernement compte adopter dans ces débats. Sur les réseaux sociaux, une journaliste de France Info rapporte les propos suivants : « Du côté des socialistes et du gouvernement, il y a la volonté de traîner pour voter uniquement l’article 45 bis mercredi et constater à minuit qu’on n’est pas allé au bout et envoyer le texte au Sénat. »
Existe-t-il une volonté d’ouvrir des séances demain ou votre stratégie consiste-t-elle à ne pas aller au bout des débats et à transmettre tout cela au Sénat ? – sachant que nous nous sommes montrés très raisonnables, puisque moins d’une cinquantaine des amendements qui restent à examiner ont été déposés par des députés du Rassemblement national. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
M. Damien Maudet
Vous ne travaillez pas assez !
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier, pour un rappel au règlement.
M. Hadrien Clouet
Encore un macroniste ! Décidément, il n’y a qu’eux qui prennent la parole !
M. Philippe Vigier
Sur le fondement du même article. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Attendez ! Vous vouliez tout arrêter hier soir. (Mêmes mouvements.) Je vous ai écoutés, ayez la gentillesse d’en faire autant !
J’aimerais bien savoir pourquoi vous avez déposé autant d’amendements.
Mme Mathilde Panot
On en a retiré !
M. Philippe Vigier
Vous avez dit en avoir retiré 30 %, très bien. (Les exclamations s’amplifient sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Savez-vous combien nous en avons déposé au groupe Les Démocrates ? Regardez, c’est instructif !
Mme Mathilde Panot
C’est bon, on l’a fait !
M. Philippe Vigier
Ça ne sert à rien de crier. Est-ce parce que je suis un homme que je ne devrais pas parler ? Ça ne fonctionnera pas de m’interrompre, madame Panot !
Mme la présidente
S’il vous plaît ! C’est une digression…
M. Philippe Vigier
Je vais juste vous dire une deuxième chose : l’autre jour, il a été décider d’ouvrir des séances mercredi prochain. Les débats ne sont donc pas terminés. Nous avons jusqu’à mercredi minuit pour travailler. Vous êtes pris à votre propre piège ! Arrêtez de déposer des centaines d’amendements ! (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR. – Les exclamations ne faiblissent pas sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Pierre-Yves Cadalen
On veut aller au vote !
Mme la présidente
S’il vous plaît, la discussion se passait très bien jusque-là.
M. Damien Maudet souhaite faire un autre rappel au règlement. Je ne pourrai vous donner la parole s’il a pour fondement le même article que le premier.
M. Damien Maudet
Sur le fondement de l’article 50, relatif à la prolongation des séances du soir.
Entendre les avocats de Mme la ministre m’intéresse assez peu. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir ce qu’elle a prévu pour l’organisation de nos débats. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Exclamations sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.) Que vous savouriez, que le bloc central, qui a déposé cent amendements quand nous en défendons soixante-dix, nous accuse d’en avoir déposé trop, tout cela m’intéresse assez peu.
M. Philippe Vigier
Nous n’en avons déposé que trente-six !
M. Damien Maudet
Je parle du bloc central, arrêtez un peu !
La question s’adresse à Mme la ministre : quel est l’agenda parlementaire ? Nous permettra-t-il d’aller au vote ? En effet, les Français ont besoin de savoir qui vote pour ce budget, qui vote contre ce budget, qui est dans l’opposition, qui est dans la majorité – ce n’est pas grave – ou qui s’abstient. Or pour cela, il faut procéder au vote ! Mais que les autres groupent se fassent les avocats de la ministre, ça ne nous intéresse vraiment pas. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP, dont les membres se lèvent et continuent d’applaudir.)
Mme la présidente
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Je ne suis que le président de la commission des affaires sociales, je n’ai pas à me prononcer sur l’éventualité d’une prolongation ou d’une ouverture de séances.
M. Hadrien Clouet
Ça peut changer assez vite !
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Oui, ça va très vite, ce genre de choses ! (Sourires.)
Sur le fond, nous avons beaucoup d’amendements à examiner, mais nous disposons d’un délai – comparable à celui de l’année dernière –qui doit nous permettre d’aborder l’ensemble des articles du PLFSS, comme nous l’avons fait en commission. Il faudrait simplement, outre la limitation des prises de parole à une minute, que certains amendements soient seulement déclarés défendus, ce qui permettrait au rapporteur de ne pas entrer dans des explications. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Élise Leboucher
Nous l’avons fait !
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales
Je regarde dans votre direction, parce que c’est vous qui avez posé la question, mais cela vaudrait pour tous les groupes. Ce serait un moyen d’accélérer les débats. Mais si vous voulez continuer à ce rythme, on ne peut aller plus vite. (Nouvelles exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Élise Leboucher
Et le temps de parole de Mme de Montchalin, on en parle ?
Mme la présidente
Vous avez eu une réponse du président de la commission : si vous le souhaitez, chaque amendement peut simplement être déclaré défendu, avant de faire l’objet d’un vote. (M. Damien Maudet proteste.) Chacun est libre de sa parole, monsieur Maudet.
M. Louis Boyard et M. Pierre-Yves Cadalen
La ministre doit nous répondre !
Mme la présidente
Non, monsieur Boyard, on n’exige pas de réponse.
M. Louis Boyard
Si ! Ils sont responsables devant l’Assemblée nationale !
Mme la présidente
Monsieur Boyard, chacun est libre de sa parole dans cette assemblée. C’est ça aussi, la démocratie ! (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Louis Boyard
Nous devrions surtout être libres de voter !
Mme la présidente
Allez, nous passons à la suite de la discussion. Le président de la commission vous a présenté un moyen pour aller plus rapidement au vote.
Après l’article 21
Mme la présidente
Sur les amendements nos 2568 et 1436 rectifié, je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme la ministre, pour soutenir l’amendement no 2568 portant article additonnel après l’article 21, qui fait l’objet de trois sous-amendements.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il est important de vous présenter cet amendement, relatif au réseau France Santé. Outil du choc d’accès aux soins voulu par le premier ministre, ce réseau doit servir à simplifier et à rendre plus lisible l’action publique en la matière. Il permettra de reconnaître les efforts accomplis par les différentes structures de soins qui remplissent déjà une mission d’accès aux soins : les maisons et les centres de santé, les cabinets de groupe, les établissements de santé dont les hôpitaux de proximité, et les officines pharmaceutiques, pour peu qu’elles collaborent avec des médecins. Il s’agit d’apporter un soutien renforcé au développement de l’offre de soins qu’elles proposent.
De nouvelles structures pourraient également être créées, notamment dans des lieux en tension qui en sont aujourd’hui dépourvus.
La labellisation France Santé…
M. Yannick Monnet
Ce n’est plus possible, ces changements de nom !
Mme Stéphanie Rist, ministre
…reposera sur des critères simples – j’en ai parlé tout à l’heure – garantissant une offre de soins accessible, coordonnée avec l’ensemble des professionnels de santé du territoire et sans dépassement d’honoraires. Elle ouvrira droit à un financement complémentaire pérenne, qui pourra être utilisé pour renforcer les équipes soignantes, améliorer l’accompagnement des patients, moderniser les équipements et soutenir les actions locales de prévention. Les professionnels de santé jouiront d’une autonomie pleine et entière pour engager des actions permettant de renforcer cette offre de soins.
Ce financement sera alloué dans le cadre d’une contractualisation avec les agences régionales de santé et les caisses locales d’assurance maladie, à laquelle seront associés les préfets, les collectivités et les élus locaux. Il sera encadré par les conventions qui ont été conclues avec l’assurance maladie pour le financement des maisons de santé pluriprofessionnelles et des centres de santé. Ces conventions seront renégociées avec les professionnels de santé dès le début de l’année 2026.
Le cadre de mise en œuvre opérationnel sera souple et permettra une adaptation des financements et des engagements à la situation spécifique de chaque structure et aux besoins du territoire. Nous allons coconstruire France santé avec les professionnels de santé – ce sont eux qui savent ce qui fonctionne.
Comme le premier ministre l’a annoncé, la labellisation s’accompagnera d’un soutien d’environ 50 000 euros par structure pour soutenir les acteurs dans leur dynamique et leurs projets territoriaux. Pour cela, une enveloppe de 130 millions d’euros est prévue dans ce PLFSS. L’investissement est de taille, mais il est indispensable pour renforcer notre système de santé.
Les communautés professionnelles territoriales de santé seront renommées « communautés France Santé » afin de refléter leur rôle renforcé dans l’animation territoriale et de signaler l’appui qui sera fourni aux structures labellisées. Elles resteront des communautés territoriales, organisées par et pour les soignants.
M. Aurélien Saintoul
C’est ainsi que vous accélérez le débat ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
En outre, les officines situées dans les territoires dits fragiles, qui sont parfois les derniers lieux de soins dans ces territoires, pourront bénéficier d’un soutien conventionnel de 20 000 euros. Ces officines auront vocation à participer au réseau France Santé, dès lors qu’elles déploieront des dispositifs d’accès aux soins, tels que les téléconsultations.
M. Aurélien Saintoul
Apportez un verre d’eau à la ministre !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Les pharmaciens pourront également contribuer à l’évaluation et à l’orientation des patients dans le parcours de soins, en lien avec les médecins, s’agissant de situations cliniques du quotidien comme les plaies, les conjonctivites ou les brûlures. Pour cela, les possibilités d’extension de compétences des pharmaciens, aujourd’hui applicables à titre expérimental dans le cadre de l’expérimentation Osys – orientation dans le système de soins –, seront étendues à l’ensemble du territoire.
Le texte prévoit une entrée en vigueur rapide des dispositions conventionnelles, afin de permettre une mise en œuvre opérationnelle dès 2026 ; les futures maisons France Santé auront notamment la possibilité de recruter rapidement les renforts nécessaires.
M. Jean-François Coulomme
On sait lire !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Nous mobiliserons également le fonds d’intervention régional (FIR) afin de laisser aux territoires la flexibilité dont ils ont besoin, c’est-à-dire le choix des structures les plus adaptées localement. Ces délais raccourcis répondent à l’urgence qu’il y a à agir ; les concertations ont débuté avec l’ensemble des professionnels de santé et je vous demande d’approuver ce choc d’accès aux soins. (Brouhaha.)
Les maisons France Santé permettront à chacun de nos concitoyens d’obtenir un rendez-vous dans les quarante-huit heures, et à trente minutes de chez eux. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)
Mme la présidente
Avant d’aborder les sous-amendements, je précise qu’à la demande du rapporteur général et de plusieurs groupes, je prendrai une prise de parole par groupe – une, pas plus.
La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir le sous-amendement nos 2677.
M. Hendrik Davi
Si vous le permettez, madame la présidente, je présenterai en même temps les sous-amendements nos 2678 et 2679 ; tous trois ont été déposés par mon collègue Jean-Claude Raux.
Mme la présidente
Très bien.
M. Hendrik Davi
Le premier vise à garantir que les communautés professionnelles territoriales de santé seront membres de droit de France Santé, en évitant si possible toute dynamique de conventionnement trop bureaucratique. C’est assez simple et si j’en juge par les propos de Mme la ministre, ce devrait être possible.
Le deuxième sous-amendement vise à préciser l’alinéa 17 de l’amendement gouvernemental concernant l’avenant à l’accord conventionnel interprofessionnel, en énonçant plus clairement qu’il a trait aux « maisons de santé pluriprofessionnelles mentionnées à l’article L. 6323-3 du code de la santé publique », plutôt qu’aux « structures de santé pluriprofessionnelles ». Une telle précision me paraît essentielle car elle permettra de clarifier le périmètre du réseau France Santé.
Quant au troisième sous-amendement, il prévoit que l’accord conventionnel conclu entre l’assurance maladie et France Santé soit soumis à la signature des organisations reconnues représentatives des maisons de santé.
Ces trois sous-amendements me semblent relativement raisonnables : je pense que nous pouvons les adopter. J’en termine par une remarque concernant l’amendement du gouvernement : un des gros problèmes qu’il pose au groupe Écologiste et social, c’est que vous allez intégrer dans France Santé des structures publiques, mais aussi des structures privées, à but non lucratif comme à but lucratif. Je vous ai posé une question, tout à l’heure, à laquelle vous n’avez pas répondu : comment allez-vous faire pour que ces nouveaux dispositifs soient épargnés par la financiarisation du secteur, dont témoignent par exemple les activités du groupe Ramsay ?
Mme Sandrine Rousseau et M. Boris Vallaud
Eh oui !
M. Hendrik Davi
Les établissements gérés par Ramsay vont-ils pouvoir être labellisés France Santé ? Si vous répondez par l’affirmative, nous voterons contre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement et sur les sous-amendements ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement du gouvernement vient déployer dans le PLFSS ce qui avait été annoncé – à ma grande surprise – par le premier ministre, à savoir le projet de réseau France Santé. J’aurais aimé qu’il soit déposé plus tôt que mardi soir ; étant en séance avec vous tous du matin au soir, je n’ai pas eu le temps d’effectuer les concertations nécessaires, notamment avec les organisations représentatives des CPTS, et j’en suis désolé.
Sur le principe, nous ne pouvons qu’être favorables au développement d’une offre de soins accessible, coordonnée et sans dépassements d’honoraires partout en France, surtout si elle s’appuie sur les acteurs et les structures existants, qui pourront bénéficier de financements complémentaires en contrepartie d’engagements pour assurer cette offre de soins. Cependant, je rebondis sur la mise en garde formulée par M. Davi pour dire que je veillerai moi aussi à ce que ce dispositif ne profite pas à des acteurs financiarisés, très éloignés des objectifs de santé publique qui sont les nôtres. Comme je l’avais indiqué en commission, je travaille de mon côté à une proposition de loi sur la financiarisation en santé ; certains députés ont déjà manifesté leur intérêt et il faudra que nous nous y attelions très vite, afin de contrecarrer les dérives en la matière.
Il y a plusieurs points de vigilance sur lesquels je souhaite insister, madame la ministre, et qui sont autant de questions pour vous. Vous évoquez des financements complémentaires pour les acteurs qui sont en mesure de proposer cette offre de services socle ; ma crainte est que cela laisse de côté ceux qui en ont le plus besoin,…
M. Jean-Yves Bony
Oui, c’est vrai !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…dans les endroits où cette offre socle n’est déjà plus disponible. Je pense alors que nous manquerions l’objectif fixé. Par ailleurs, vous souhaitez donner un nouveau nom aux CPTS, qui deviendraient des communautés France Santé, appelées à animer le réseau éponyme. J’aimerais comprendre la portée exacte de ce nom :…
Mme Delphine Batho et M. Guillaume Garot
Mais oui !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…je vois bien l’enjeu sémantique (Mme Delphine Batho, M. Jean-Yves Bony, M. Marc Fesneau et M. Guillaume Garot applaudissent) mais je suis très attaché au caractère territorial de ces communautés, car qui dit « territoire » dit adaptation avec les professionnels implantés localement. Je crains que ce nom recouvre une logique d’uniformisation, ce qui serait à mon sens une erreur. Cela m’inquiète ! Je vois bien qu’il s’agit de marketing politique mais ce qui m’intéresse, c’est que l’on règle les problèmes de santé publique auxquels nous sommes confrontés.
M. Philippe Vigier
Très bien !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
On a déjà parfois du mal à ce que les CPTS suscitent l’adhésion de l’ensemble des professionnels ; si elles deviennent des entités qui paraissent – en tout cas dans leur nom – déconnectées des territoires, je crains que nous manquions notre cible alors qu’il est indispensable qu’un maximum d’acteurs des territoires soient intégrés au nouveau réseau.
Enfin, un dernier point mérite notre attention, même si vous ne l’avez pas évoqué – j’essaie de faire court mais ce sont des sujets importants. Vous valorisez le rôle des pharmaciens en matière d’analyse de la situation clinique et d’orientation des patients. Peut-être ne faut-il pas aller trop loin dans cette direction mais sur ce point précis, je veux moi aussi les mettre à l’honneur car il n’est pas rare qu’ils remplissent déjà ce rôle, parfois dans le silence et sans facturer quoi que ce soit. Les pharmaciens contribuent souvent à l’orientation des patients et je tiens à rendre hommage à leur action au quotidien, qui va dans le bon sens.
La commission n’a pas examiné l’amendement gouvernemental puisqu’il ne faisait pas partie du texte initial ; je m’en remettrai donc à la sagesse de l’Assemblée. Viennent ensuite les trois sous-amendements de M. Raux, défendus par M. Davi. S’agissant du premier, je crois que l’esprit de l’amendement du gouvernement n’implique pas du tout une adhésion automatique : il s’agit de labelliser les structures qui répondent à un cahier des charges. J’y suis donc, à titre personnel, plutôt défavorable mais si vous avez compris que la ministre y était favorable, je m’en remettrai là encore, par cohérence, à la sagesse de notre assemblée.
L’adoption du deuxième sous-amendement conduirait à exclure les centres de santé du périmètre de la négociation, or il me semble qu’ils doivent absolument en faire partie. Dans les territoires périurbains où c’est le modèle des Sisa – sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires – qui prévaut, il faut que les centres de santé soient autour de la table ! Je crois au dialogue conventionnel et je pense que nous raterions le déploiement du réseau s’ils ne participaient pas aux discussions. J’y suis donc plutôt défavorable, même si je m’en remets encore une fois à la sagesse de l’Assemblée.
Enfin, le troisième sous-amendement vise principalement à demander un accord conventionnel distinct pour les maisons de santé…
M. Philippe Vigier
Non, non !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…alors qu’actuellement, c’est un accord conjoint, concernant à la fois les MSP et les centres de santé, qui est prévu. Je comprends l’idée que vous cherchez à défendre en vous saisissant de cet amendement gouvernemental, mais nous nous éloignons un peu du sujet. Sur ce sous-amendement, demande de retrait ; à défaut, avis défavorable. (« Enfin ! » sur les bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement sur les sous-amendements ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je reviens rapidement sur le financement du dispositif, sachant que 130 millions d’euros y sont consacrés dans ce budget. Il se fera de deux façons : un centre de santé public bénéficiera plutôt de financements émanant du FIR, le fonds d’intervention régional, tandis que le financement d’une maison de santé pluriprofessionnelle, qui réunit des professionnels libéraux, dépendra des négociations conventionnelles qui auront lieu. Pour vous rassurer, monsieur le rapporteur général, puisque vous avez exprimé une crainte à ce propos, je précise que ce financement viendra en supplément ; il viendra renforcer des structures qui peuvent être fragiles financièrement.
Le premier ministre s’est déplacé la semaine dernière à Carentan, en Normandie, pour la première labellisation d’une maison France Santé ; les nouveaux financements serviront à créer des locaux spécifiquement dédiés à l’accueil et à la prise en charge des jeunes, dans le cadre d’une offre de soins pluriprofessionnelle. Enfin, nous voulons en effet renommer les CPTS « communautés France Santé ». Faut-il les appeler « communautés territoriales France Santé » ? C’est une discussion que nous pourrons avoir au cours de la navette.
Ce changement de nom vise à donner une visibilité au réseau, afin d’inciter encore davantage les territoires – nous en parlions tout à l’heure à propos des communautés professionnelles territoriales de santé – à se saisir de cet outil de coordination et d’échange pluriprofessionnel, qui permet d’améliorer l’accès aux soins. Cependant, comme nous l’avons dit précédemment, nous ne voulons contraindre personne : les maisons qui seront labellisées ne seront pas automatiquement intégrées dans une communauté France Santé, même si nous les y inciterons fortement.
Sur les sous-amendements, mon avis est proche de celui du rapporteur général : défavorable au premier, favorable au deuxième et défavorable au troisième.
Mme la présidente
La parole est à Mme Chantal Jourdan.
Mme Chantal Jourdan
Cet amendement regroupe un nombre significatif de dispositions. Je veux d’abord réagir à la labellisation « maison France Santé ». Nous avons bien compris que la création de ce label n’impliquait pas la création de nouveaux lieux de soins, puisque ce sont les structures existantes qui demanderont à être labellisées.
En revanche, vous définissez un socle d’exercice : pour qu’une structure soit labellisée, elle doit regrouper au moins deux professionnels de santé sur un même site, ce qui peut être une bonne chose, susceptible de renforcer la qualité pluridisciplinaire de l’offre de soins. Cela ne fera toutefois pas venir de nouveaux professionnels de santé ; pour nous, c’est vraiment un problème majeur parce qu’il risque d’y avoir des coquilles vides. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS. – M. Jean-Yves Bony applaudit également.) Nous rappelons que notre proposition de loi transpartisane visant à lutter contre les déserts médicaux, qui a été signée par plus de 250 députés, apporte à ce problème des réponses réalistes qui passent par la régulation, la formation et la permanence de soins. Il faut donc absolument que nous revenions sur cet aspect.
Ensuite, l’amendement transforme les missions des communautés professionnelles territoriales de santé. Or pour l’instant, il n’y en a pas partout ;…
Mme la présidente
Il faut conclure, chère collègue.
Mme Chantal Jourdan
…le nouveau dispositif pourrait donc conduire à creuser davantage les inégalités. Là où des dynamiques sont en cours, elles vont se renforcer ; là où il n’y en a pas, que va-t-il se passer ? (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice. – Les députés du groupe SOC applaudissent cette dernière.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Batho.
Mme Delphine Batho
Quand j’ai vu que le premier déplacement et la première prise de parole du nouveau premier ministre avaient pour objet la question des déserts médicaux, je me suis dit qu’il avait pris la mesure de l’urgence absolue dans laquelle nous sommes. Le problème, c’est que ce qui est proposé est assez vide ! On change les mots mais pas les réalités. Chaque année, nous modifions les dispositifs censés lutter contre les déserts médicaux, et voilà que nous nous apprêtons à renommer les CPTS alors que la loi Valletoux…
M. Philippe Vigier
Excellente loi Valletoux !
Mme Delphine Batho
…commence à peine à être appliquée sur le terrain. L’amendement du gouvernement prévoit des avenants aux conventions existantes, ce qui obligera à rediscuter de tout ce qui était en train de se déployer. On ne sait pas comment va s’articuler l’aide de 50 000 euros, qui est certes bienvenue, avec la rémunération forfaitaire de 70 000 euros dont bénéficient déjà les maisons de santé. Enfin, et c’est pour moi le point le plus inquiétant – même si je précise que nous sommes pour l’intégration des pharmaciens –, l’amendement laisse à penser que pourrait être labellisée France Santé une téléconsultation,…
Mme Stéphanie Rist, ministre
Non !
Mme Delphine Batho
…c’est-à-dire que l’accession à une offre de santé à moins de 30 minutes reviendrait en fait à se connecter à un écran. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Je me demande si un jour, dans ce pays, on va apprendre à travailler sérieusement. Il faut sortir de la communication politique ! La santé n’a pas besoin de slogans ; vous pouvez changer l’emballage, ça ne va changer ni le goût du bonbon ni l’efficacité du médicament. C’est terrible de travailler de cette manière ! Vous nous avez fait le même coup avec France Travail en nous expliquant que ça allait régler la question du chômage, or le chômage a augmenté de 1,6 % au troisième trimestre et France Travail est une catastrophe. On peut peut-être travailler autrement ?
Et comme si ce n’était pas suffisant, vous créez des illusions : vous expliquez que vous voulez un « choc d’accès aux soins ». Sérieusement ? Croyez-vous qu’un seul homme, fût-il Superman, puisse régler le problème de l’accès aux soins en un seul déplacement, par une déclaration ? Ce n’est pas sérieux ! Quant à votre promesse d’obtenir une réponse sous quarante-huit heures, comment va-t-elle se traduire ? On répondra qu’il n’y a pas de spécialiste disponible ! Voilà la réponse que les gens obtiendront sous quarante-huit heures. Vous parlez d’un progrès ! S’il doit y avoir une priorité en matière d’accès aux soins, c’est le renforcement des moyens pour l’hôpital public, à qui il manque 2,8 milliards alors qu’il est structurant y compris pour la médecine de ville. Arrêtez de nous distraire avec des déclarations politiques qui ne servent qu’à faire de la communication ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Geneviève Darrieussecq.
Mme Geneviève Darrieussecq
Je soutiens cette initiative, tout simplement parce que nous avons besoin de visibilité, de simplification et de souplesse. Dans les territoires, personne n’y comprend rien : il existe la PDSA, le SAS, les SNP – soins non programmés –, les CLS – contrats locaux de santé –, les CPTS… Pour l’habitant qui a besoin d’un accès aux soins, c’est illisible ! Ce qu’il veut, c’est voir un médecin, un infirmier ou un pharmacien.
La labellisation France Santé et l’adoption d’un vocable unique vont dans le bon sens. Il s’agit de construire ensemble un véritable service public de santé ; ce serait un grand progrès pour notre pays. Bien sûr, il n’y a pas assez de médecins, il faut continuer d’en former et il faut qu’ils soient mieux répartis sur le territoire. En tout cas, je le répète, nous avons besoin de simplification, de lisibilité et de souplesse.
Mme Josiane Corneloup
Tout cela, c’est ton bilan !
M. Yannick Monnet
On a besoin de médecins !
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
Cet amendement me fait penser à une structure de ma circonscription, le centre de renfort de Gournay-en-Bray. C’est un secteur très rural qui a perdu la moitié de ses médecins, partis à la retraite. Il y a quelques années, deux jeunes médecins s’y sont installés et ont créé une organisation que le ministre de la santé Yannick Neuder, qui l’a visitée récemment, a qualifiée d’innovante.
Je les soutiens depuis 2019. Ils ont beaucoup de difficultés à consolider leur structure. Ils se sont engagés à prendre en charge dans les quarante-huit heures tous les patients qui n’ont pas de médecin. Ils ont aussi réussi à faire venir des spécialistes, qui font des vacations plusieurs demi-journées par semaine.
Si cette structure est labellisée, elle gagnera en visibilité pour la population et en attractivité pour les médecins. L’aide financière va permettre aux médecins de la consolider, sachant qu’elle joue un rôle indispensable dans ce secteur très rural. Je vous remercie donc, madame la ministre, pour cette proposition.
Mme la présidente
La parole est à M. Matthias Renault.
M. Matthias Renault
Notre groupe votera pour cet amendement, ne serait-ce que parce qu’il est assorti d’une enveloppe supplémentaire de 130 millions d’euros. De plus, la démarche pluridisciplinaire est toujours intéressante.
Néanmoins, ce projet suscite plusieurs interrogations. Premièrement, à quoi est destiné le soutien de 50 000 euros ? A-t-il vocation à financer des frais de fonctionnement ? D’autres frais ? En outre, je suppose qu’il ne s’agit pas d’argent « gratuit », d’autant que seront négociés des avenants aux conventions. Quelles seront les servitudes à accepter pour recevoir ces 50 000 euros ?
Deuxièmement, abstraction faite de la communication politique, nous comprenons qu’il s’agit de labelliser 5 000 sites existants, non pas de construire 5 000 nouveaux sites.
Troisièmement, ce dispositif nous expose effectivement à davantage de bureaucratie : il y aura certes une labellisation, de nouvelles conventions et toute une communication à ce sujet, mais le risque est que, du point de vue du patient, il ne se passe rien de nouveau.
Quatrièmement, d’autres orateurs l’ont relevé, il existe un risque que des acteurs financiarisés soient labellisés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Éric Michoux.
M. Éric Michoux
On va inventer France Santé ? Très bien. On s’y perd dans les « France quelque chose » : il y a France Services et France Travail ; il y aura désormais France Santé. De ce qu’on en comprend, c’est une méthode marketing pour ripoliner des organisations dont on ne sait plus très bien ce qu’elles font. Il y a un problème avec les pharmacies ? On va créer France Pharmacies ! Il y a un problème avec l’industrie ? On va créer France Industrie !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
France Industrie existe déjà !
M. Éric Michoux
En réalité, il y a besoin de médecins.
M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales et M. Sylvain Maillard
Il faut créer France Médecins !
M. Éric Michoux
Le problème est simple : s’il y avait des médecins, il ne serait pas nécessaire de créer tous ces systèmes, toutes ces organisations. Plutôt que de s’attaquer au problème, on crée des « fonctionnaires » – au demeurant, je les adore ! – pour gérer le vide. Remarquez : à l’Assemblée nationale, pour faciliter les relations entre les socialistes et la Macronie, on pourrait inventer France Magouilles ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN. – Exclamations sur divers bancs.)
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Là, il dérape…
M. Hervé Saulignac
On est au bon niveau !
M. Éric Michoux
Mais c’est un autre sujet. Toutes ces structures que l’on met en route, c’est autant de sclérose pour notre pays. J’ai parlé de marketing ; en fait, on est en train de réinventer le communisme ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani.
M. Paul-André Colombani
Je partage les préoccupations du rapporteur général : nous avons du mal à expertiser cet amendement, qui nous a été communiqué très tardivement. Je relaie les inquiétudes de ceux qui ont organisé les CPTS dans les régions : on vient à peine de s’approprier ce système, qui est très compliqué à mettre en œuvre – telles sont les remontées du terrain. S’il s’agit simplement d’un changement de nom, à quoi cela servira-t-il ? S’il s’agit d’un changement de fond, ne va-t-on pas en profiter pour raboter les moyens ? Au moment où nous parlons, nous ne sommes pas à même d’expertiser le projet. À ce stade, je n’y suis pas très favorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
Nous sommes appelés à discuter du réseau France Santé dans l’hémicycle de France 49.3 ! En effet, il a été acté, délibérément, que nous n’aurions pas le temps d’aller au bout de l’examen du texte. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Quoi qu’il en soit, cet amendement vise à labelliser des structures existantes. Dès lors, on ne résout pas le problème des déserts médicaux. Les soignants, ce n’est pas comme les champignons : il ne suffit pas d’arroser pour que ça pousse ! C’est à la fois différent et un peu plus compliqué : il faut les recruter, les payer, orienter leur installation.
Une chose est claire : vous comptez faire des soignantes et des soignants les exécutants de la politique d’État dans les territoires. Très attentif moi aussi à tout ce qui libère l’énergie des territoires – bla bla bla –, je me suis intéressé à ce que les professionnels disent de votre proposition. Ainsi, MG France dénonce dans un communiqué, en des termes assez pondérés, une manœuvre « subreptice » qui « signe la mainmise de l’État » pour « masquer l’incurie des gouvernements successifs ». Et ce sont les plus modérés du lot : je vous épargne les propos de ceux qui sont un peu plus énervés contre vous.
Tout cela pour une politique qui vise à remettre en cause les CPTS, qui existent depuis moins de dix ans – si vous voulez juste jouer au Meccano ou aux Lego, faites-le dans votre chambre ! –, et pour intégrer au système des groupes financiarisés. Dans cette proposition, rien ne va ! Donc, c’est non. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Vous vous posez à juste titre des questions sur le dispositif que je présente. Il est important d’y répondre et d’apporter des précisions, notamment pour les professionnels qui suivent nos débats.
Plusieurs d’entre vous ont dit que France Santé n’allait pas faire venir davantage de personnel. Je regrette que, sur un sujet aussi important, on se livre à de la politique un peu politicienne. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Certes, France Santé ne va pas fabriquer un médecin en deux jours ! Mais ce dispositif de financement vise précisément à apporter de l’accès aux soins.
Prenons l’exemple d’une pharmacie implantée dans un territoire rural dépourvu de médecins, mais où il y a des infirmières et, un peu plus loin, une communauté professionnelle territoriale de santé qui commence à s’organiser. La pharmacie, qui ne faisait pas partie jusque-là de la CPTS, pourra s’en rapprocher – la CPTS prenant alors le nom de « communauté France Santé ». Le financement dédié permettra, par exemple, d’installer dans la pharmacie une cabine de téléconsultation, et le patient pourra accéder aux professionnels de santé de la communauté. On créera ainsi une organisation qui répond à la demande de soins de nos concitoyens.
Ce sera à l’image des maisons France Service : vous entrez dans un lieu bien identifié, où vous savez que vous obtiendrez une réponse.
Mme Clémentine Autain
Non, on n’y obtient pas de réponse !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Vous n’aurez peut-être pas directement accès au service dont vous avez besoin, mais quelqu’un vous répondra et vous orientera vers ce service.
Certes, ce dispositif ne créera pas de médecins du jour au lendemain, mais il apportera une réponse à la demande de nos concitoyens – l’absence de réponse induit chez eux une grande solitude, contre laquelle nous devons agir.
J’en viens au soutien financier. Il importe de souligner qu’il s’agira d’un financement pérenne, de 50 000 euros en moyenne. Vous avez raison, monsieur Renault, ce financement ne sera pas « gratuit » : en échange, un accès aux soins devra être garanti dans les quarante-huit heures, à moins de trente minutes, avec un professionnel sans dépassement d’honoraires, cinq jours sur sept. Ce socle minimal, qui figurera dans le cahier des charges, permettra de répondre à la demande de soins.
Ce modèle n’est pas à lui seul une révolution, mais il va rendre lisibles nos organisations – qui ont évolué ces dernières années au point que nous sommes nous-mêmes parfois perdus. Chaque Français pourra pousser la porte d’un endroit où il obtiendra une réponse à sa demande de soins.
Il me semble très important que nous manifestions ensemble notre adhésion à ce dispositif qui est en construction avec les professionnels.
Mme la présidente
Les avis étant divergents, je vais soumettre chacun des trois sous-amendements à un scrutin public.
Je mets aux voix le sous-amendement no 2677.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 249
Nombre de suffrages exprimés 245
Majorité absolue 123
Pour l’adoption 170
Contre 75
(Le sous-amendement no 2677 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix le sous-amendement no 2678.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 249
Nombre de suffrages exprimés 179
Majorité absolue 90
Pour l’adoption 158
Contre 21
(Le sous-amendement no 2678 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix le sous-amendement no 2679.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 248
Nombre de suffrages exprimés 243
Majorité absolue 122
Pour l’adoption 170
Contre 73
(Le sous-amendement no 2679 est adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2568, tel qu’il a été sous-amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 256
Nombre de suffrages exprimés 242
Majorité absolue 122
Pour l’adoption 138
Contre 104
(L’amendement no 2568, sous-amendé, est adopté.)
(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à Mme Cyrielle Chatelain, pour un rappel au règlement. Sur le fondement de quel article du règlement le formulez-vous ?
Mme Cyrielle Chatelain
L’article 49-1.
À une demi-heure de la fin de cette séance, nous n’avons toujours pas de réponse du gouvernement quant à l’organisation de la discussion. Le rapporteur général a dit que, si nous défendions plus brièvement nos amendements, le gouvernement et lui-même pourraient eux aussi réduire la durée de leurs interventions. Or nous venons d’entendre de très longues prises de parole tant du rapporteur général que de la ministre. Le sujet était certes important, mais cela reflète ce qui se passe depuis plusieurs heures. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)
Nous avons consenti beaucoup d’efforts : nous avons accepté de réduire à une minute la défense de chaque amendement ; nous avons déposé un nombre limité d’amendements – il reste à examiner cinquante-cinq amendements du groupe Écologiste et social. Nous pensons effectivement que certains débats doivent avoir lieu. Hier, nous avions toutes les raisons de voter contre la deuxième partie du texte. Si le groupe Écologiste et social s’est en majorité abstenu, c’est pour que nous puissions avoir tous les débats, notamment sur la lutte contre la désertification médicale ou sur le gel des pensions. Or, à ce stade, il ne paraît pas possible que nous allions au bout de ces discussions.
Madame la ministre, pouvez-vous répondre à nos questions : y aura-t-il ce soir une séance prolongée ? L’objectif du gouvernement est-il d’aller jusqu’au vote ? Dans ce cas, vous engagez-vous à réduire, lors des prochains débats qui ne sont pas significatifs, le temps des prises de parole ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Sur les amendements précédents, tous les groupes, y compris le vôtre, ont demandé à s’exprimer. Plusieurs orateurs ont interpellé Mme la ministre, qui est libre de prendre la parole. En réalité, comme vous le savez, chacun est libre de sa parole. (« Ce n’est pas la question ! » et autres exclamations sur les bancs du groupe EcoS.)
Après l’article 21 (suite)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre, pour soutenir l’amendement no 1436 rectifié.
Un député du groupe LFI-NFP
Des questions viennent de vous être posées !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cet amendement concerne les femmes, autrement dit 50 % de la population. Il prévoit, pour toutes les femmes âgées de 45 à 65 ans, une consultation longue, à 360 degrés, permettant une meilleure information et une meilleure prise en charge de la ménopause. Cette proposition fait suite à un rapport que j’ai rédigé au cours des six derniers mois, dans lequel j’ai mis en évidence l’intérêt d’une telle consultation longue pour la santé des femmes et pour leur place dans la société.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement fait suite au travail que vous aviez mené en qualité de parlementaire. La création d’une consultation longue dédiée à la ménopause est une bonne nouvelle, que je salue.
Un point de vigilance : comment la consultation sera-t-elle valorisée ? Le tarif sera-t-il suffisamment attractif pour les gynécologues médicaux, qui sont les premiers concernés ? Dans la cotation actuelle, leurs actes sont souvent sous-valorisés. Il faudra préciser le financement de cette mesure. Sous cette réserve, avis favorable à titre personnel.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher.
Mme Élise Leboucher
Nous sommes plutôt favorables à cet amendement, qui marque une réelle avancée et qui devrait permettre d’ouvrir une discussion sur les congés menstruels – ou gynécologiques. (Exclamations sur les bancs du groupe EPR.) Je ne comprends pas pourquoi vous réagissez ainsi dès que l’on évoque les femmes et des congés conçus pour leur permettre de faire face à des difficultés qu’elles peuvent connaître tout au long de leur vie. La ménopause et l’endométrisose sont de vrais sujets. On doit pouvoir en débattre. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.– M. Édouard Bénard applaudit également.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1436 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 212
Nombre de suffrages exprimés 211
Majorité absolue 106
Pour l’adoption 208
Contre 3
(L’amendement no 1436 rectifié est adopté.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 2327, je suis saisie par le groupe Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Jean-François Rousset, pour soutenir l’amendement no 2327.
M. Jean-François Rousset
Le présent amendement vise à supprimer le contrat de début d’exercice. Créée pour inciter à l’exercice en zone sous-dense, cette aide ne bénéficie déjà plus, depuis janvier 2023, qu’aux médecins remplaçants. Cet amendement tire les conséquences des travaux menés par les membres de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (MECSS) dans le cadre du printemps de l’évaluation. Le travail que j’ai réalisé avec Yannick Monnet a conclu au caractère limité de l’effet propre de cette aide financière sur la décision d’installation des jeunes médecins.
Cette aide s’ajoute à de multiples mécanismes financiers d’incitation qui représentent déjà plus de 200 millions. Dans ce contexte, maintenir le contrat de début d’exercice ne semble ni justifié ni efficient. Sa suppression simplifierait le paysage des aides et permettrait une économie d’environ 1 million par an.
Je souhaiterais d’ailleurs examiner la possibilité de reverser cette dotation au fonds d’intervention régional. Notre mission a en effet conclu que les agences régionales de santé devaient accompagner plus fortement l’exercice médical… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)
Mme la présidente
Quel est l’avis du rapporteur général ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
J’ai consulté la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) sur ce sujet. Bien qu’elle ne l’ait pas précisé lorsque vous l’avez auditionnée, elle a souligné que la nouvelle convention médicale ne comportait aucun dispositif équivalent au contrat de début d’exercice pour les médecins remplaçants. S’il existe effectivement de nombreux dispositifs d’aides, ils ne concernent pas nécessairement ces médecins-là. Or nous avons parfois besoin d’eux, par exemple lorsqu’un médecin est en congé maternité. Un dispositif de ce type peut servir.
La commission a adopté cet amendement vis-à-vis duquel je reste réservé et auquel je donne, à titre personnel, un avis défavorable.
M. Yannick Monnet
Seul l’avis favorable de la commission compte ! Votre avis personnel n’a pas de valeur juridique.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Dans la mesure où la commission a rejeté le texte, juridiquement, elle est réputée avoir donné un avis défavorable à tous les amendements. C’est la raison pour laquelle je précise à chaque fois la manière dont la commission a voté, et ma position.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’aurai le même avis que le rapporteur, pour les raisons qu’il a données. Il n’existe pas de dispositif susceptible de remplacer ce contrat. Il est vrai qu’il ne concerne pas un grand nombre de personnes, mais il peut avoir un effet incitatif, donc favoriser l’accès aux soins. Il faut conserver toutes les mesures qui fonctionnent, même si elles ne concernent qu’un petit nombre de praticiens, voire un seul. Je vous invite à retirer votre amendement ; à défaut, avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Je suis favorable à l’excellent amendement de mon collègue Rousset.
Madame la ministre, je comprends vos réserves mais il serait bon, parfois, de vous fier aux travaux du Parlement, surtout quand ils sont transpartisans. Ce contrat est inutile, parce que la demande est telle qu’il ne sert à rien de prévoir un complément de salaire pour des médecins, même remplaçants. Les fonds affectés à ce contrat ne sont pas mobilisés et ne servent à rien. C’est pourquoi nous suggérons de les réattribuer au FIR. Bloquer de l’argent qui ne sert pas n’a pas grand intérêt.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2327.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 213
Nombre de suffrages exprimés 160
Majorité absolue 81
Pour l’adoption 81
Contre 79
(L’amendement no 2327 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre, pour soutenir l’amendement no 2096.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cet amendement propose de financer des séances de guidance parentale pour les parents d’enfants souffrant de troubles du neurodéveloppement.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’amendement n’a pas été examiné par la commission. À titre personnel, je donne un avis favorable.
Mme la présidente
La parole à Mme Élise Leboucher. Vous exprimez-vous pour ou contre l’amendement ?
Mme Élise Leboucher
Pour le déterminer, j’aurais des questions à poser à Mme la ministre.
M. Philippe Vigier
Et voilà, on perd du temps !
Mme Élise Leboucher
Peut-on faire notre travail de parlementaires ? Je sais que vous préféreriez que nous ne soyons pas là, mais nous sommes là !
Mme Mathilde Panot
C’est insupportable !
Mme la présidente
C’est précisément ce genre d’invectives qui nous fait perdre du temps. Poursuivez, madame Leboucher !
Mme Élise Leboucher
Je voudrais savoir, madame la ministre, si cela concerne des professionnels libéraux : votre réponse déterminera mon vote. De nombreux psychologues, psychomotriciens, ergothérapeutes exercent dans des centres médico-psychologiques (CMP). Il serait opportun de sauver la psychiatrie publique et nos CMP, en leur allouant tous les moyens possibles, en particulier des professionnels capables de prendre en charge ces troubles. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
J’espérais accélérer… Il y a effectivement les professionnels qui exercent dans les CMP et il y a des professionnels libéraux, pour lesquels nous prévoyons ici des financements. Je ne crois pas qu’il faille les opposer. Encore une fois, un tel débat aurait un sens si nous avions assez de professionnels pour garantir l’accès aux soins.
Mme Élise Leboucher
Il faut les faire passer du privé au public.
Mme Stéphanie Rist, ministre
N’opposons pas les CMP et les professionnels libéraux. Il faut tout renforcer !
(L’amendement no 2096 est adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 2164 rectifié et 1823 rectifié.
La parole est à Mme la ministre, pour soutenir l’amendement no 2164 rectifié.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je laisse notre collègue le présenter.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat, pour soutenir l’amendement no 1823 rectifié.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Nous proposons d’autoriser les podo-orthésistes, orthoprothésistes et orthopédistes-orthésistes à prescrire ou renouveler certains dispositifs médicaux, à procéder à leur réparation ainsi qu’au remplacement d’une partie d’entre eux, afin d’améliorer le service rendu aux patients qui, actuellement, doivent obtenir une prescription médicale.
Il apparaît pertinent d’ouvrir cette compétence à ces professionnels pour assurer la continuité des soins, le bien-être des personnes appareillées et fluidifier le processus. Ces professionnels pourraient être en mesure de renouveler à l’identique une orthèse ou une prothèse complète. Compte tenu de la difficulté d’accès à certains médecins spécialistes, cette proposition d’élargissement de compétences paraît adaptée.
La liste des dispositifs concernés ainsi que les conditions et modalités d’exercice de ces nouvelles prérogatives seraient définies par voie réglementaire.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je suis favorable, à titre personnel, à cet amendement qui n’a pas été examiné en commission. Les associations de patients qui nous ont contactés estiment qu’il marque une avancée pour les personnes concernées par ces appareillages.
(Les amendements identiques no 2164 rectifié et 1823 rectifié sont adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 2092.
Mme Josiane Corneloup
L’objectif de cet amendement est de soumettre la pratique de la médecine esthétique à une autorisation de l’ARS. De nombreux médecins s’installent pour pratiquer la médecine esthétique alors que la France souffre d’un manque de médecins généralistes ou spécialistes. L’Ordre des médecins estime que 9 000 médecins pratiquent la médecine esthétique, à temps plein ou à temps partiel. Leur activité se fait au détriment de leur pratique de la médecine.
Mme Delphine Batho
Absolument !
Mme Josiane Corneloup
Il s’agit de faire en sorte que l’ARS puisse refuser l’installation d’un médecin en médecine esthétique pour préserver son activité dans la spécialité pour laquelle il a été formé. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Si la régulation de la médecine esthétique est un véritable enjeu, il convient toutefois de bien distinguer la chirurgie réparatrice ou plastique – qui est prise en charge et vise à corriger les effets d’un accident, d’une malformation ou d’une maladie telle que le cancer du sein – de la chirurgie esthétique et des autres interventions à visée esthétique – injections, laser, etc… – qui ne sont pas prises en charge.
Même si je partage votre intention, je me dois de vous dire que votre amendement pourrait être considéré comme un cavalier social par le Conseil constitutionnel et censuré à ce titre.
La croissance du nombre de médecins qui se tournent vers les pratiques esthétiques non conventionnées alors que nous devrions avoir d’autres priorités est problématique. Toutefois, le PLFSS n’est pas le véhicule adapté pour répondre à cet enjeu. Notre collègue Yannick Neuder avait déposé une proposition de loi sur le sujet il y a dix-huit mois ; il pourrait être opportun de l’inscrire à l’ordre du jour de notre assemblée.
La commission n’a pas examiné cet amendement. Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
C’est une question importante, qui peut avoir un effet sur l’accès aux soins. Sous l’impulsion de mon prédécesseur, Yannick Neuder, des décrets sont en cours d’élaboration. Ils sont rédigés en collaboration avec l’Ordre des médecins, qui me paraît plus à même que les ARS de travailler sur une déontologie régulant cette activité, favorisant l’accès aux soins et améliorant la qualité des soins esthétiques. Avis défavorable à la régulation par les ARS.
Mme la présidente
La parole est à M. Hendrik Davi.
M. Hendrik Davi
Une question, pour arrêter mon vote : la dermatologie est-elle concernée par cette disposition ? Nous manquons en effet de dermatologues…
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
C’est l’enjeu de cette régulation. Je vous confirme que la dermatologie est incluse.
(L’amendement no 2092 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal, pour soutenir l’amendement no 2188.
Mme Annie Vidal
Il s’agit presque d’un amendement de coordination. Les organismes d’assurance maladie sont confrontés à une pyramide des âges défavorable des médecins-conseils et des chirurgiens-dentistes-conseils. Dans ce cadre, l’article 63 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 a modifié l’article L. 315-1 du code de la sécurité sociale pour permettre la délégation encadrée de tâches aux auxiliaires médicaux du service du contrôle médical de la Cnam. Cela n’a pas été fait pour les contrôles médicaux du régime agricole, qui connaissent pourtant les mêmes difficultés. Cet amendement propose de corriger cet oubli et d’étendre cette délégation au régime agricole.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Madame Vidal, selon vous, il s’agit d’un oubli ; c’est aussi mon impression. Je ne vois pas pourquoi cette délégation ne serait pas autorisée, selon les mêmes termes, dans le régime agricole. À titre personnel, je donnerai donc un avis favorable à votre amendement, qui avait été adopté par la commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Madame Vidal, je penchais plutôt pour une demande de retrait car cette mesure relève davantage du domaine réglementaire, mais je suivrai l’avis du rapporteur général. Avis favorable.
Mme la présidente
Madame Vidal, maintenez-vous votre amendement ?
Mme Annie Vidal
Oui, je le maintiens.
(L’amendement no 2188 est adopté.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1064, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
L’amendement no 659 de M. Fabien Di Filippo est défendu.
(L’amendement no 659, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 1064 et 1067, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à Mme Karen Erodi, pour soutenir l’amendement no 1064.
Mme Karen Erodi
La loi sur la profession d’infirmier, promulguée cet été devait enfin reconnaître les compétences propres des infirmiers et des infirmières. Devant la lenteur de l’émission des décrets d’application, cet amendement visait à en accélérer les délais. Je veux ici saluer le travail étroit mené avec les membres du collectif Infirmiers libéraux en colère, dont nous appuyons la lutte. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Sandrine Runel applaudit également) C’est grâce à leur expertise, à leur détermination et à leur mobilisation que le travail sur les décrets avance enfin. Accès direct, consultation infirmière, reconnaissance précise des compétences socle et des spécialités, négociations à venir sur la tarification des nouveaux actes : nous exigeons une entrée en vigueur à 100 % du texte.
Cela dit, cette reconnaissance doit aussi être financière. Plus d’une infirmière libérale sur deux envisage de quitter la profession. Ces nouvelles compétences libéreront du temps médical et engendreront des économies. Il faut que ces ressources leur reviennent. Nous espérons que les négociations tarifaires arriveront très rapidement et seront à la hauteur des attentes.
Par ailleurs, je vous invite à franchir une étape supplémentaire et à indexer les actes sur l’inflation. Le texte que je défends, qui a été élaboré avec la profession, est prêt. Il ne manque plus que votre volonté politique. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 1067.
M. Damien Maudet
« J’aime mon métier, j’ai toujours voulu faire ça, mais la situation pousse à réfléchir ». Voilà ce que nous entendons à chaque fois que nous parlons avec des infirmières libérales. Aujourd’hui, 70 % des infirmières s’occupent de vingt à quarante patients par jour. Alors que ce métier devient de plus en plus difficile, voire pénible pour le corps – une infirmière sur deux souffre de troubles musculo-squelettiques (TMS) –, ces professionnelles voient leur rémunération mangée par l’inflation, car les actes médicaux infirmiers (AMI) n’ont pas été revalorisés depuis 2009 – tandis que les prix ont augmenté de 20 % depuis cette date. Les infirmières, aujourd’hui, s’appauvrissent.
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 prévoyait la publication d’un rapport sur le sujet. Ce rapport n’étant pas sorti, nous en demandons la publication. Surtout, nous demandons qu’il aille plus loin et examine la possibilité d’indexation, non seulement des actes médicaux infirmiers, mais aussi des indemnités kilométriques, sur l’inflation. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Monsieur Maudet, ce qu’il faut faire aujourd’hui, ce n’est pas voter une énième demande de rapport qui, par définition, irait moins loin que ce que nous avons voté…
M. Damien Maudet
Mais appliquer celle qui a été votée !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Exactement, vous pourriez prendre ma place ! (Sourires.) Il faut maintenant que la loi entre en application. Ensuite, il faudra que nous l’évaluions, pour nous assurer que la volonté du législateur a été respectée.
Cet amendement avait été rejeté en commission. À titre personnel, je vous demande de le retirer ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Avis défavorable. Je profite de l’occasion pour vous dire où en sont les décrets. Ces derniers, qui intégreront aussi l’accès direct, seront fidèles aux dispositions votées dans la loi – je regarde Mme Dubré-Chirat qui, avec d’autres, en particulier le président de la commission des affaires sociales, m’a beaucoup alertée sur le sujet.
Plusieurs députés du groupe LFI-NFP
Quand ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Ils sortiront d’ici la fin de l’année. Ils seront soumis le 13 novembre au Haut Conseil des professions paramédicales. Quant aux mesures de revalorisation des rémunérations, elles entrent dans le cadre de la négociation conventionnelle. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Runel.
Mme Sandrine Runel
Alors que nous prenons le temps de débattre pour favoriser l’accès aux soins, je tiens à remercier toutes les infirmières et toutes les aides-soignantes, qui sont en première ligne auprès des malades et de nos aînés et qui travaillent sans relâche. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR, SOC et Dem.) Et pourtant, qu’il s’agisse des conditions de travail des infirmières, de leur rémunération ou encore de leurs compétences, ce PLFSS est muet – pas une disposition ne porte sur ces sujets.
M. Alexandre Dufosset
Et les infirmiers ?
Mme Sandrine Runel
Madame la ministre, vous avez dit que les décrets allaient arriver – il est grand temps. Nous serons très attentifs au suivi de ces derniers. Depuis dix ans déjà, les infirmières et les infirmiers (« Ah » sur les bancs du groupe RN) attendaient la loi sur la profession d’infirmier. Désormais, nous, parlementaires, attendons ces décrets, tout comme les professionnels et les patients.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat.
Mme Nicole Dubré-Chirat
À mon tour, je remercie les infirmières qui, dans tous les secteurs d’activité, travaillent au quotidien auprès des patients. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.) Mais arrêtons d’ajouter des couches à celles existantes.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
C’est une surcouche !
Mme Nicole Dubré-Chirat
La loi du 27 juin 2025 sur la profession d’infirmier était attendue depuis longtemps. Les décrets sont en cours d’élaboration. Nous discutons avec l’ensemble des organisations représentatives des infirmiers. Les négociations en cours avec la Caisse nationale de l’assurance maladie vont permettre de revaloriser les actes. Les négociations salariales ne relèvent pas de la loi ; elles passent par des discussions avec les organisations professionnelles et syndicales.
Quant aux indemnités kilométriques, elles ont déjà été revalorisées de 10 % en 2023. On verra à l’avenir si elles peuvent l’être de nouveau. Nous devons axer le travail sur les suites de la loi plutôt que de demander des rapports. (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice. – Quelques députés du groupe EPR applaudissent cette dernière.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1064.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 196
Nombre de suffrages exprimés 131
Majorité absolue 66
Pour l’adoption 80
Contre 51
(L’amendement no 1064 est adopté ; en conséquence, l’amendement n° 1067 tombe.)
Mme la présidente
Sur les amendements identiques nos 431, 1095, 1228 et 1917, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Rappels au règlement
Mme la présidente
La parole est à Mme Clémentine Autain, pour un rappel au règlement.
Mme Clémentine Autain
Il se fonde sur l’article 49-1 de notre règlement. Je réitère une question qui a déjà été posée à plusieurs reprises dans cet hémicycle, mais à laquelle nous n’avons pas obtenu de réponse. Quel est le plan du gouvernement pour que nous puissions terminer l’étude du PLFSS et le voter ? C’est une question assez simple. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.) Il reste 593 amendements à examiner. La séance est ouverte jusqu’à minuit. Nous reprendrons l’examen du texte mercredi en fin de journée jusqu’à minuit ; ensuite, ce sera terminé. Comment examiner 593 amendements en si peu de temps ? Ce n’est pas possible.
Quelle est la volonté du gouvernement ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Avez-vous l’intention de nous faire travailler pour qu’à la fin le texte ne soit pas voté dans cet hémicycle et qu’il parte au Sénat dans sa version initiale, ce qui permettrait de se débarrasser du point de vue de l’Assemblée nationale ? Quelles sont les autres hypothèses ? Avez-vous décidé par exemple d’ouvrir des séances supplémentaires ? Nous avons besoin de nous organiser, de savoir ce pourquoi nous travaillons et où nous allons – c’est le minimum de respect que le gouvernement doit aux parlementaires. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre. (« Ah ! » sur divers bancs.)
Mme Stéphanie Rist, ministre
Mme la présidente, la question de l’avancement des travaux a été soulevée à plusieurs reprises. Mesdames et messieurs les députés, je comprends vos interrogations. Nous avançons bien, me semble-t-il ; nous pouvons continuer ainsi. Ma collègue Mme Amélie de Montchalin l’avait dit concernant le PLF, mais c’est valable aussi pour le PLFSS : si jamais nous n’arrivions pas au bout de l’examen du texte, ce qui n’est pas mon souhait – j’ai beaucoup travaillé sur ce PLFSS, je souhaite que nous avancions –, les amendements votés poursuivraient leur chemin au Sénat.
Mme Élise Leboucher
Tous les amendements votés ?
Mme la présidente
J’ai plusieurs demandes de rappels au règlement. Si nous pouvions éviter les redondances, ce serait bien.
La parole est à Mme Mathilde Panot, pour un rappel au règlement.
Mme Mathilde Panot
Il se fonde sur l’article 100, relatif au déroulement de nos débats, mais aussi sur celui relatif aux séances prolongées. Madame la ministre, vous avez dit à l’instant que nous avancions bien. C’est vrai, mais cela ne suffira pas pour aller au bout de l’examen du texte – c’est mathématique. En réalité, vous êtes en train de faire une sorte de 49.3 déguisé : vous faites en sorte que nous ne puissions pas aller jusqu’au vote du texte pour le transmettre ensuite au Sénat. (Exclamations sur les bancs du groupe EPR.)
M. Thibault Bazin, rapporteur général
C’est gonflé !
Mme Mathilde Panot
C’est le gouvernement qui choisira, parmi les amendements votés par l’Assemblée, ceux qui seront transmis au Sénat. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.) Comptez-vous ouvrir le nombre de séances nécessaires et nous permettre d’aller au vote ? Mais peut-être que certains d’entre nous n’ont pas envie qu’on voie leur vote sur la partie dépenses du budget, puisqu’ils seraient battus dans cet hémicycle ? Voilà la réalité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Bentz, pour un rappel au règlement.
M. Christophe Bentz
Il se fonde sur l’article 100, qui concerne les amendements. Il en reste plus de 600 à examiner. Nous partageons avec nos collègues de gauche la volonté d’aller au bout de l’examen du texte et de voter sur l’ensemble du PLFSS. Mais, chers collègues, vous êtes un peu des arroseurs arrosés. Je rappelle – je parle sous le contrôle du président de la commission des affaires sociales – que nous nous étions engagés collectivement, dans le cadre du bureau, à montrer une forme de frugalité dans le nombre d’amendements déposés. Or, vous, La France insoumise, avez déposé 400 amendements, EPR en a déposé 300 et nous, le RN, 200 seulement – je précise qu’il s’agit du nombre d’amendements déposés avant examen de leur recevabilité.
M. Damien Maudet
Vous ne travaillez pas assez !
M. Christophe Bentz
Nous sommes favorables à accélérer les débats pour aller au bout, donc au vote. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)
Après l’article 21 (suite)
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, nos 431, 1095, 1228 et 1917.
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 431.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Il vise à lancer une expérimentation de trois ans pour assouplir l’entrée dans le parcours de soins coordonnés. Dans le système actuel, pour bénéficier d’une bonne prise en charge médicale mais aussi d’un remboursement optimal des soins, un assuré social doit impérativement entrer dans le parcours de soins par son médecin traitant. Mais, aujourd’hui, plus de 10 % des Français n’ont pas de médecin traitant.
Au lieu de faire du médecin traitant l’unique entrée dans le parcours de soins coordonnés, nous proposons que cette entrée puisse se faire par le biais d’une équipe de soins traitante, qui serait composée d’un médecin, d’un infirmier, d’un pharmacien et d’un assistant médical. Cette mesure permettrait aux assurés sociaux d’accéder aux soins beaucoup plus facilement. Cette expérimentation concernerait trois régions qui connaissent d’importants problèmes de désertification médicale.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Brulebois, pour soutenir l’amendement no 1095.
Mme Danielle Brulebois
La Mutualité française de Bourgogne-Franche-Comté, qui est très active du point de vue de l’accès aux soins, propose aussi de lancer une expérimentation visant à élargir la notion de médecin traitant à celle d’équipe de soins traitante. Alors que de nombreux Français restent sans médecin traitant, il est urgent d’expérimenter des formes plus souples et plus collaboratives. Une telle expérimentation permettrait d’optimiser les ressources médicales et paramédicales, les actes et les prescriptions, et de faciliter l’organisation de la permanence des soins.
Je voudrais évoquer les CPTS, car je n’ai pas pu m’exprimer tout à l’heure. Les CPTS, qui existent depuis six ans et commencent à être reconnues dans notre territoire – elles fonctionnent très bien dans mon département du Jura – sont inquiètes. Les mots « professionnel » et « territorial » sont importants : je propose de les appeler « communautés professionnelles territoriales France Santé ».
Mme la présidente
La parole est à M. Laurent Croizier, pour soutenir l’amendement no 1228.
M. Laurent Croizier
Aujourd’hui, près de 6 millions de nos concitoyens n’ont pas de médecin traitant. Derrière ce chiffre alarmant, des Français qui renoncent à se soigner, des familles, des enfants, des personnes âgées et des malades chroniques livrés à eux-mêmes, avec un suivi médical aléatoire.
Le groupe Les Démocrates appelle à des formes d’organisation plus souples, plus collaboratives et au décloisonnement. Nous devons organiser le partage et la reconnaissance des compétences entre professionnels de santé.
Dans le but de mieux répondre aux difficultés d’accès aux soins dans les territoires sous-dotés, nous proposons d’élargir, à titre expérimental, la notion de médecin traitant à celle d’équipe de soins traitante. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)
Mme la présidente
La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 1917.
M. Christophe Marion
Depuis 2023, la Mutualité française défend la mesure proposée par cet amendement, qui est une réponse, parmi d’autres, à la désertification médicale.
Il s’agit d’organiser une meilleure répartition des tâches entre médecins et autres soignants avec la mise en place d’équipes de soins traitantes, qui associeraient un médecin, un assistant médical, un infirmier et un pharmacien. Une telle organisation permettrait de confier des tâches effectuées par les médecins à d’autres professionnels de santé.
Les syndicats de médecins n’y sont pas favorables car ils craignent un risque de soins au rabais. Nous sommes tous d’accord pour que le médecin soit la clé de voûte du système de santé, mais une clé de voûte est l’élément qui permet de tenir un arc ou une voûte par l’équilibre des forces. Or il n’y a plus assez de médecins dans les territoires : sans clé de voûte, tout le système de santé, donc notre société, s’effondrent. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Ces amendements, qui reprennent l’une des propositions de la Mutualité française, ont été rejetés en commission.
L’article 51 de la LFSS pour l’année 2018 fournit déjà un cadre tout à fait adapté à ce type d’expérimentation. Il permet en effet des délégations de tâches entre professionnels et des modalités de financement dérogatoires.
J’ai déjà cité l’expérimentation Peps – paiement en équipe de professionnels de santé –, qui permet de rémunérer une équipe de professionnels de santé par un forfait annuel versé pour la prise en charge d’un patient. Ce forfait est ajusté selon la typologie des patients et incite à la coordination et à la délégation de tâches au sein de l’équipe.
Je ne suis pas pleinement convaincu de la plus-value de l’expérimentation que vous proposez. En conséquence, j’émets, à titre personnel, un avis défavorablen– sachant que l’amendement avait été rejeté par la commission.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 431, 1095, 1228 et 1917.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 110
Nombre de suffrages exprimés 99
Majorité absolue 50
Pour l’adoption 72
Contre 27
(Les amendements identiques nos 431, 1095, 1228 et 1917 sont adoptés.)
Mme la présidente
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
2. Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la présidente
Prochaine séance, cet après-midi, à quinze heures :
Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
La séance est levée.
(La séance est levée à treize heures cinq.)
Le directeur des comptes rendus
Serge Ezdra