XVIIe législature
Session ordinaire de 2025-2026

Première séance du samedi 08 novembre 2025

Sommaire détaillé
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Première séance du samedi 08 novembre 2025

Présidence de Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback
vice-présidente

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à neuf heures.)

    1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).

    Deuxième partie (suite)

    Mme la présidente

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    Hier soir, l’Assemblée nationale a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 792 portant article additionnel après l’article 11.

    Après l’article 11 (suite)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 792 de M. Charles de Courson n’est pas défendu.
    La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales

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    Je reprends cet amendement, qui vise à combler un oubli. Le législateur souhaitait préserver les établissements de jeux qui ont d’autres activités –⁠ café, thalassothérapie, hôtel, petit musée – afin que leurs dépenses de publicité sans lien avec le jeu ne soient pas soumises à la contribution prévue à l’article L. 137-27 du code de la sécurité sociale. Cet amendement de précision et de bon sens est fidèle à l’équilibre que nous avons trouvé. Je me permets de le reprendre, même si le collègue Charles de Courson est absent, parce qu’il a été examiné par la commission en application de l’article 88 du règlement.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics, pour donner l’avis du gouvernement.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Il s’agit de clarifier une mesure prise dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Avis favorable.

    (L’amendement no 792, modifié par la suppression du gage, est adopté.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 942, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Ersilia Soudais, pour soutenir l’amendement no 942.

    Mme Ersilia Soudais

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    Un travailleur social me le rappelait à juste titre : il y a une complémentarité des addictions. C’est la raison pour laquelle il faut une politique globale en la matière, qui n’en néglige aucune sorte.
    L’addiction aux jeux d’argent doit être prise au sérieux : en France, 1,2 million de personnes sont considérées comme des joueurs problématiques. La publicité particulièrement agressive, notamment sur les paris sportifs, la favorise largement. Or l’année prochaine aura lieu la Coupe du monde de football, propice aux paris sportifs. Ils seront d’autant plus plébiscités que le contexte social est délétère et que les publicités n’ont de cesse de promouvoir socialement les parieurs. C’est pourquoi nous vous demandons une vigilance particulière et nous proposons d’augmenter la contribution des opérateurs de jeu d’argent à hauteur de 20 % de leurs dépenses publicitaires.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cet amendement a été rejeté par la commission. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis. La réforme de la contribution sur la publicité des jeux d’argent avait donné lieu à des débats nourris dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Elle est entrée en vigueur le 1er juillet 2025. Si des ajustements doivent être apportés, il serait bon qu’ils le soient après une période d’observation des pratiques et des recettes fiscales plus longue que quatre mois.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 942.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        64
            Nombre de suffrages exprimés                63
            Majorité absolue                        32
                    Pour l’adoption                19
                    Contre                44

    (L’amendement no 942 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 1704.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous avons parlé hier des laboratoires et nous aurons l’occasion d’évoquer aujourd’hui les officines. Entre les deux se trouvent des répartiteurs, qui répondent à des obligations de service public afin de permettre à chaque officine de disposer de stocks de médicaments dans des délais convenables pour les patients. Or, à la suite d’une décision prise il y a deux ans, le circuit de distribution de certains produits a été modifié, engendrant une perte de 20 millions d’euros pour les répartiteurs, qui ne peuvent ajuster leur tarification puisqu’elle est encadrée par la législation et la réglementation.
    Afin de ne pas fragiliser davantage les répartiteurs, je propose d’abaisser légèrement le taux de la première part de la contribution sur la vente en gros de spécialités pharmaceutiques. Alors que ce débat revient à chaque examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS), il s’agirait d’un ajustement sectoriel bienvenu. J’y suis très favorable à titre personnel, bien que la commission ait rejeté cet amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées, pour donner l’avis du gouvernement.

    Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées

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    Je comprends le sens de l’amendement. Les grossistes répartiteurs sont des acteurs essentiels de la chaîne de distribution des produits de santé. La suspension de l’arrêté du 4 août 2025 nous donne l’occasion de lancer un travail avec les pharmaciens et toute la chaîne du médicament afin d’améliorer le système et de répondre aux difficultés de financement final du médicament. Les grossistes répartiteurs seront consultés. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    Le rapporteur général souligne un point important : les répartiteurs rencontrent de grandes difficultés. Auparavant, les radiologues prescrivaient les produits de contraste et les patients se les procuraient en pharmacie avant de revenir passer leur radiographie. La réforme entrée en vigueur en 2024 a fait deux perdants, le distributeur et le pharmacien, tout en mécontentant les radiologues, qui doivent désormais commander eux-mêmes les produits de contraste auprès des laboratoires. Cette décision unilatérale prise par votre prédécesseur de l’époque, madame la ministre, aurait pu être mieux préparée ; il conviendrait de remettre un peu d’ordre.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Le rapporteur général estime les pertes pour le secteur à 18 millions d’euros. Mais comment se répartissent-elles ? Pèsent-elles sur les fabricants, à l’instar de Guerbet, dont les difficultés économiques ont conduit au départ de son directeur général ? Ou davantage sur l’aval de la chaîne de distribution ? Les perdants sont-ils plutôt les gros, plutôt les petits, ou chacun est-il touché de la même façon ? Nous souhaitons comprendre l’enjeu financier de l’amendement pour l’ensemble de l’économie des produits de contraste.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Les 18 millions d’euros correspondent au coût de la modification décidée il y a deux ans. L’amendement coûterait une trentaine de millions d’euros. Le coût pour les répartiteurs varie en fonction de la densité de population : il est plus élevé dans les métropoles.

    (L’amendement no 1704, modifié par la suppression du gage, est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 61, 68 rectifié, 87, 883, 884, 5, 374, 472, 882, 1164, 1862, 1869, 2238, 144 et 532, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 61, 68 rectifié et 87 sont identiques, de même que les amendements nos 5, 374, 472, 882, 1164, 1862, 1869 et 2238, ainsi que les amendements nos 144, 532 et 968.
    Je suis saisie par le groupe Droite républicaine de plusieurs demandes de scrutin public : sur les amendements no 61 et identiques ; sur les amendements nos 883 et 884 ; sur les amendements no 5 et identiques.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 61.

    Mme Josiane Corneloup

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    Il vise à redonner compétence au législateur pour déterminer chaque année, à l’occasion de l’examen du PLFSS et en cohérence avec l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam), le niveau des plafonds des remises commerciales consenties par les fournisseurs des pharmacies d’officine prévues à l’article L. 138-9 du code de la sécurité sociale, comme c’était le cas avant 2014.
    Le réseau officinal est aujourd’hui très précarisé, avec un grand nombre de fermetures d’officine : 4 000 d’entre elles ont cessé leur activité depuis 2007, soit une pharmacie par jour. Leur disparition dégrade l’accès aux soins et aggrave la désertification médicale. Elle dévitalise les communes et les villages.
    Un arrêté pris le 4 août 2025, de façon unilatérale, a abaissé le plafond des remises de 40 % à 30 %, avec pour objectif de le fixer à 20 % au 1er juillet 2027, ce qui a suscité la colère de toute la profession, car ces remises sont indispensables à l’équilibre économique des officines.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 68 rectifié de M. Ian Boucard est défendu.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 87.

    Mme Josiane Corneloup

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    J’ajoute que ces remises commerciales sont indispensables au maintien des officines, notamment en milieu rural. À la suite de l’arrêté du 4 août, la panique s’est installée : des pharmaciens vendent prématurément leur officine et les jeunes ne s’installent plus.

    Mme la présidente

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    Les amendements nos 883 et 884 de M. Laurent Wauquiez sont défendus.
    La parole est à Mme Françoise Buffet, pour soutenir l’amendement no 5.

    Mme Françoise Buffet

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    Cet amendement a été adopté par la commission des affaires sociales. Les remises commerciales accordées par les laboratoires constituent un pilier du modèle économique des officines et soutiennent le dynamisme du médicament générique au bénéfice de l’assurance maladie. Il convient de préserver ce modèle gagnant-gagnant. L’abaissement du plafond de ces remises ne produira pas d’économies nouvelles, l’État procédant déjà à des ajustements de prix selon les remises déclarées. En revanche, il risque d’opacifier les conditions tarifaires et de priver le réseau officinal d’environ 520 millions d’euros ; il risque également d’accélérer les fermetures de pharmacies, notamment dans les communes rurales.
    L’amendement vise également à demander au gouvernement un rapport sur les effets du système de remises, sur son évolution et sur le modèle de rémunération des pharmaciens.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Marie-José Allemand, pour soutenir l’amendement no 374.

    Mme Marie-José Allemand

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    Le gouvernement a décidé unilatéralement d’abaisser le plafond des remises commerciales ; nous y sommes fortement opposés. En effet, ces remises constituent une part essentielle du financement des officines des zones rurales, auxquelles nous tenons particulièrement : elles sont indispensables pour faire reculer les déserts médicaux.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 472 de Mme Josiane Corneloup est défendu.
    La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 882.

    Mme Justine Gruet

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    Cet amendement est important pour les députés du groupe de la Droite républicaine. En effet, nous pensons que nous devons cultiver le lien de confiance avec les officines de proximité et reconnaître leur travail de maillage territorial. Le changement des règles du jeu en cours d’exercice a provoqué une perte de visibilité et de stabilité pour les pharmaciens. Inscrire le plafond des remises commerciales dans la loi nous permettra de mieux relayer les attentes des territoires concernés.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Maillot, pour soutenir l’amendement no 1164.

    M. Frédéric Maillot

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    Je le défends au nom de mon collègue Marcellin Nadeau. Les remises commerciales constituent une ressource indispensable au fonctionnement du réseau officinal et participent au dynamisme de l’économie du médicament générique. C’est donc un modèle gagnant-gagnant pour la filière officinale et pour l’assurance maladie.
    Avant 2014, la détermination des plafonds de ces remises relevait de la compétence du législateur. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 a transféré au pouvoir réglementaire le soin de les fixer, dans la limite de 50 %. L’objectif était de maximiser les économies réalisées en relevant le plafond de façon significative.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Joëlle Mélin, pour soutenir l’amendement no 1862.

    Mme Joëlle Mélin

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    L’arrêté unilatéral du 4 août 2025 a amputé de plus de 30 % les remises ordinaires –⁠ en 2027, elles seront amputées de 50 %. Ces remises, pourtant, sont essentielles à l’activité économique des officines.
    Il y a là deux paradoxes. Le premier est qu’un contrat commercial de droit privé ait pu passer sous tutelle réglementaire. Le second est que, quand nous courrons, ici, après des programmations pluriannuelles, les officines, elles, ne disposent plus d’aucune visibilité. Vont-elles devoir licencier maintenant, à partir du 1er janvier ou bien à partir du 1er août ? Vont-elles pouvoir rembourser leurs emprunts ? Vont-elles pouvoir investir ?
    Avec une perte de 520 millions, le modèle gagnant-gagnant devient un modèle qui n’est sans doute pas gagnant pour la sécurité sociale et qui est certainement perdant pour les officines. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN et sur quelques bancs du groupe UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Delphine Batho, pour soutenir l’amendement no 1869.

    Mme Delphine Batho

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    Cet amendement est cosigné par le groupe de travail transpartisan contre les déserts médicaux. (M. Hadrien Clouet applaudit.) Nous devons entendre le cri d’alarme des pharmaciennes et des pharmaciens mis en grand danger, notamment dans les territoires ruraux, par cette décision de baisser les plafonds des remises sur les médicaments génériques. Au nom du combat contre les déserts médicaux, nous proposons d’en rester à la situation actuelle et de fixer ces plafonds dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, comme c’était encore la norme jusqu’en 2014.

    Mme la présidente

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    Les amendements nos 2238 de la commission et 144 de Mme Marie-Christine Dalloz sont défendus.
    La parole est à Mme Valérie Bazin-Malgras, pour soutenir l’amendement no 532.

    Mme Valérie Bazin-Malgras

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    Il vise à permettre au législateur de réévaluer chaque année, à l’occasion de la discussion du PLFSS et en cohérence avec l’Ondam, le niveau des plafonds des remises attribuées aux pharmaciens.
    Le législateur doit veiller à préserver le maillage territorial des pharmacies, notamment dans les zones rurales, où elles rendent un service à la population des petites communes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Une majorité se dessine pour rendre des marges de manœuvre à nos officines. Ces dernières sont en difficulté et il en ferme chaque jour dans notre territoire. Les remises dont nous parlons ont pour but d’encourager la distribution des médicaments génériques, moins coûteux pour l’assurance maladie : c’est un dispositif gagnant-gagnant, pour les pharmaciens comme pour l’assurance maladie.
    Vous proposez, par ces amendements, qu’il revienne de nouveau au législateur de décider du plafond de ces remises, fixé provisoirement à 40 % par voie réglementaire. Les trois premiers d’entre eux vont bien au-delà de la situation actuelle, en tendant à fixer ce plafond à 50 %. Comme vous tous, j’ai beaucoup échangé avec la profession cet été : elle demande simplement à ce que l’on en revienne à la situation antérieure.

    Mme Delphine Batho

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    Exactement !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Soyons donc raisonnables et restons-en à 40 %. Je demande donc aux collègues les ayant défendus –⁠ ainsi qu’à ceux ayant défendu les deux suivants – de retirer leurs amendements. Nous aurons à examiner, après cette discussion commune, d’autres amendements visant, eux, à laisser cette décision au pouvoir réglementaire. Je pense, pour ma part, que nous devons en effet rendre cette compétence au législateur. Je vous invite à voter les amendements identiques no 5 et suivants : ils présentent le meilleur équilibre et correspondent à la rédaction transpartisane proposée par la commission. Pour tous les autres, demande de retrait ; sinon, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Les remises commerciales sont en effet une source importante de revenus pour les pharmaciens d’officine. L’arrêté pris cet été ne faisait que s’inscrire dans la suite de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) de l’année dernière –⁠ vous avez donc voté pour qu’un tel arrêté soit pris, censure du gouvernement mise à part.

    Mme Ségolène Amiot et M. Hadrien Clouet

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    Nous ne l’avons pas voté !

    Mme Élise Leboucher

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    Et vous le savez bien !

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Suite à cet arrêté et à sa suspension, nous avons confié à l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et à l’Inspection générale des finances (IGF) une mission sur la transparence des prix du médicament et sur les flux financiers, mission dont les conclusions seront rendues à la fin de l’année. Une fois que nous en aurons pris connaissance, nous ouvrirons, au mois de janvier, une concertation –⁠ dont le périmètre a commencé à être dessiné – sur la redéfinition du modèle économique des pharmacies.
    Or vos amendements, en fixant le plafond dans la loi, risquent de rigidifier la situation, quand nous pensons plutôt qu’il nous faut travailler avec tous les acteurs à partir d’un diagnostic partagé. Je vous invite à suivre la position du gouvernement. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Sur ces amendements, je donnerai une minute de temps de parole à chaque groupe.
    La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Nous sommes favorables à ces amendements, mais il est anormal que les pharmaciens soient rémunérés par des remises et nous devrions réfléchir à un autre système. En outre, ces remises ne sont pas les mêmes pour toutes les pharmacies : comme leur niveau est fonction du chiffre d’affaires, elles profitent plus aux grosses qu’aux petites, alors que nous souhaitons soutenir le réseau de proximité. Une réforme de plus grande ampleur est donc nécessaire.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Alors que nous nous préoccupons de l’avenir des pharmaciennes et des pharmaciens, le gouvernement explique, à 9 h 22, réfléchir à la composition d’une commission qui aura pour mission de réfléchir… C’est fascinant ! Nous ne renoncerons pas à ces amendements sous prétexte d’un engagement on ne sait pas quand, d’on ne sait pas qui. On pourrait en rire un soir à 23 h 30, mais pas si tôt dans la journée !

    M. Pierre Cordier

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    On avait dit une minute !

    M. Fabien Di Filippo

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    Trente secondes suffiraient !

    M. Hadrien Clouet

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    Nous soutiendrons ces amendements pour éviter un transfert de charges des industries pharmaceutiques vers les pharmaciennes et les pharmaciens. C’est bien à la loi de décider du plafond de remise sur les génériques. C’était d’ailleurs l’état du droit jusqu’en 2014 –⁠ à l’époque, nous vivions très bien comme ça, la France était un pays développé et ne traversait pas un hiver nucléaire !
    Les syndicats de pharmacie, par ailleurs, nous ont fait savoir que le gouvernement leur avait demandé d’intervenir auprès des parlementaires pour qu’ils rejettent ces amendements : nous dénonçons de telles pressions, qui sont inacceptables. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thierry Benoit.

    M. Thierry Benoit

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    Ce sujet illustre bien les difficultés de fonctionnement que connaît notre pays. Il ne manque pourtant pas de monde pour s’occuper des questions relatives à la santé : l’Igas, l’IGF et, dans les territoires, les ARS, les agences régionales de santé. Il est anormal que l’on prenne, au cœur de l’été, un arrêté semant la panique chez les pharmaciens de France. Nous avons passé l’été à essayer d’éteindre le feu, ici et là, à cause de ce bazar –⁠ il n’y a pas d’autre mot – venu d’un haut ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN, LFI-NFP, SOC, DR, EcoS, HOR, LIOT, GDR et UDR.)
    Nous avons la chance qu’il existe une organisation professionnelle appelée l’Ordre national des pharmaciens ! Ceux que j’ai rencontrés sont prêts à se pencher sur la question du modèle économique de la distribution des médicaments et de la rémunération des pharmaciens. On travaille en dépit du bon sens dans ce pays ! (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs des groupes RN, DR et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    Il existe un consensus contre l’application brutale de l’arrêté pris cet été. Vous ne souhaitez pas, madame la ministre de la santé, que nous gravions quoi que ce soit dans le marbre avant la concertation que vous annoncez. Je suis d’accord avec Cyrille Isaac-Sibille : même si cette concertation devait déboucher sur une révision d’ampleur des modalités de rémunération des pharmaciens sur la base des remises commerciales et, plus largement, du modèle économique des officines, nous aurons besoin de dispositions législatives pour la décliner. Au regard de la brutalité de la décision que vous avez prise par voie réglementaire, il me semble que qui peut le plus peut le moins.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Oui !

    M. Jérôme Guedj

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    Les pharmaciens et tous ceux qui les soutiennent préfèrent qu’il existe un petit verrou législatif pour vous empêcher de faire n’importe quoi, n’importe quand, (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, RN, LFI-NFP, DR, EcoS, HOR, LIOT, GDR et UDR) et pour que, de manière certaine, nous puissions délibérer ici, au terme de cette concertation, sur le meilleur moyen de protéger les officines, les gens qui les fréquentent, ainsi que l’ensemble des assurés sociaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes DR et EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Joëlle Mélin.

    Mme Joëlle Mélin

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    Le périmètre de contrôle de la sécurité sociale, permettez-moi de le rappeler, est de 666 milliards. On devrait donc y regarder à deux fois avant d’aller chercher 520 millions –⁠ c’est une somme, je le concède – par un arrêté pris le 4 août sans prévenir personne et de mettre en émoi toute une profession en fragilisant le maillage territorial –⁠ aussi bien celui des villes que celui de leur périphérie et de la ruralité. N’ajoutons pas des déserts pharmaceutiques aux déserts médicaux ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Michel Lauzzana.

    M. Michel Lauzzana

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    L’article L. 138-9 du code de la sécurité sociale a le défaut de traiter aussi bien des grosses pharmacies de ville, qui font d’importants bénéfices, que des pharmacies rurales, indispensables à notre maillage territorial, notamment dans les déserts médicaux. Nous ne pouvons l’accepter.
    Je soutiens les amendements no 5 et identiques, qui nous permettront de fixer le taux des remises et peut-être de pousser plus avant une réflexion sur une rémunération plus juste des pharmaciens, au moment où la pharmacie rebute de plus en plus les jeunes étudiants. Pour maintenir le maillage territorial, nous devons également réfléchir au financement des petites pharmacies. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et Dem. –⁠ M. Jérôme Guedj applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Delphine Batho.

    Mme Delphine Batho

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    Faute de concertation et de travail de fond, la confiance a été rompue (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe Dem) –⁠  même si le gouvernement n’était alors pas celui-ci. Revenons à la situation antérieure : nous aurons le temps ensuite d’engager des concertations et des réflexions. Avant que nous ne passions au vote, je tiens à remercier le rapporteur général pour son avis favorable sur les amendements no 5 et identiques.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous avons tous été témoin, cet été, des inquiétudes et des interrogations des pharmaciens. L’un d’entre vous a expliqué que les plafonds des remises devaient figurer dans la loi pour que le gouvernement ne fasse pas « n’importe quoi, n’importe quand ».
    Je vais expliquer pourquoi le gouvernement a agi comme il l’a fait,…

    M. Hadrien Clouet

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    Pourquoi vous faites n’importe quoi ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …sans chercher à nous exonérer de notre responsabilité et en en revenant simplement aux faits. Pour commencer, personne n’a rappelé que les prix du médicament avaient baissé. Les industriels ont ainsi fourni le plus gros de l’effort collectif dans la chaîne du médicament. Ne donnons pas l’impression que nous cherchons à sauver la sécurité sociale en faisant tout reposer sur les pharmaciens.
    Ensuite, l’arrêté du mois d’août avait commencé à être discuté avec les pharmaciens au mois de mai puisque l’article 33 de la LFSS pour 2025 imposait la révision des remises sur les médicaments biosimilaires.

    M. Jérôme Guedj

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    De 15 % !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Au mois de juin, un comité d’alerte de l’Ondam a appelé le gouvernement à réagir, constatant qu’un certain nombre d’économies prévues par la LFSS n’avaient pas encore été mises en œuvre –⁠ notamment que l’arrêté sur les biosimilaires n’avait pas encore été pris. Le comité d’alerte a alors enjoint au gouvernement de prendre des mesures d’urgence pour éviter que le déficit de la sécurité sociale n’aille complètement dans le décor –⁠ si vous me permettez l’expression – en 2025.

    Mme Delphine Batho

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    Mais ce n’est pas sur les génériques qu’il faut taper !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Dans le cadre de l’accord sur les biosimilaires, il a donc été décidé d’une évolution que les pharmaciens –⁠ reçus toutes les semaines, si ce n’est tous les jours, par Yannick Neuder, Catherine Vautrin et leurs équipes – n’ont certes pas acceptée.
    Autre élément que je souhaite vous rappeler : dans le PLFSS pour 2026 tel que proposé par le gouvernement, les pharmaciens bénéficieront de plus de 45 millions d’euros de soutien au titre de l’avenant conventionnel de 2024. Le texte que vous examinez prévoit notamment : une aide financière pouvant aller jusqu’à 20 000 euros par an pour les officines en difficulté dans les zones rurales ; une revalorisation des astreintes et des honoraires de garde, ainsi que la création d’un horaire de nuit profonde, entre minuit et six heures, lorsque les pharmacies sont ouvertes ; la tarification de nouvelles missions de santé publique –⁠ prise en charge des angines et des cystites, par exemple ; l’élargissement des compétences vaccinales ; la rémunération sous forme de primes de missions de santé publique pour la vaccination, le dépistage, les bilans de médication pour les patients âgés et les entretiens spécifiques pour les patients sous opioïdes ; l’incitation à la substitution par des biosimilaires avec des forfaits incitatifs ; la revalorisation de 20 % de l’honoraire de dispensation à l’ordonnance et l’évolution de celui lié à l’âge ; la génération d’un outil de lutte contre la fraude qui s’appuie sur l’intelligence artificielle (IA).
    Tout ceci doit évidemment être intégré au débat car, sinon, on donne l’impression, une fois de plus, que la chaîne du médicament fait peser tout l’effort sur les pharmaciens, dont le rôle est évidemment déterminant face aux enjeux de santé publique, et que nous les laissons se débrouiller seuls.
    Je souscris aux propos de ma collègue Stéphanie Rist. Je comprends pourquoi vous souhaitez figer dans la loi certains éléments qui relevaient jusqu’ici de la convention, de la négociation et de la concertation, mais c’est la pire manière de faire si nous voulons travailler en bonne intelligence. Cela ferait de vous les négociateurs de la chaîne du médicament et cela risquerait de compromettre la mission IGF-Igas.

    Mme Marie-Noëlle Battistel

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    Mais non !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Si tout est figé dans la loi, à quoi bon s’organiser ? Le sujet n’est pas binaire : il n’y a pas d’un côté le méchant gouvernement et de l’autre les gentils pharmaciens ; il y a simplement l’État qui cherche à activer le réseau de proximité, qui a conscience que la réalité des pharmacies rurales n’a rien à voir avec celle des pharmacies de centre-ville et qui souhaite accompagner une évolution collective et concertée. La loi pourra traduire la concertation une fois celle-ci achevée, mais ce serait faire les choses dans le mauvais sens que de l’anticiper.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Ce que les pharmaciens nous demandent, c’est d’adopter la mesure dont nous sommes convenus en commission –⁠ l’amendement no 5 et les amendements identiques. Elle constitue la meilleure combinaison sur le fond et nous a tous rassemblés : il s’agit de revenir à la législation en vigueur avant 2014. Mais j’ai la conviction profonde que, même en votant ces amendements, nous ne sauverons pas toutes les pharmacies de France.

    M. Philippe Vigier

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    Absolument ! Il a raison !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Le modèle économique des officines est en grande difficulté.

    M. Thierry Benoit

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    Oui !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Les génériqueurs ne bénéficient pas seulement de l’aide de 20 000 euros et la convention actuelle prévoit déjà plusieurs des dispositifs que vous avez évoqués, madame la ministre de l’action et des comptes publics. Les montants supplémentaires que vous proposez sont les bienvenus, mais ils ne suffiront pas à consolider, à pérenniser et à rendre le métier attractif. Ainsi, il y a deux ans, il manquait 1 000 étudiants en deuxième année de pharmacie.

    M. Philippe Vigier

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    C’est énorme !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Mesurez-vous ce que cela représente ? Nous risquons de voir se multiplier les déserts pharmaceutiques dans quelques années ! Les amendements no 5 et identiques ne font que revenir à législation en vigueur avant 2014 –⁠ peut-être modifiée pour de bonnes raisons, je n’étais pas là à l’époque.
    Ce que la loi fait, la loi peut le défaire. Si la mission que vous avez lancée porte ses fruits courant 2026, nous nous orienterons alors sans doute vers une évolution du modèle et la rémunération de l’acte de dispensation. Nous pourrons apporter des modifications au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2027 avec une vision d’ensemble et une étude d’impact et la représentation nationale pourra se prononcer. (Mme Delphine Batho applaudit.)
    Pendant des années, nous avons rejeté des amendements qui favorisaient la substitution par les médicaments biosimilaires. Puis le débat a évolué et certains d’entre nous sont devenus de fervents défenseurs de cette substitution. Au moment où il en a décidé, le législateur ne pensait pas déshabiller Pierre pour habiller Paul –⁠ il ne s’agissait pas de désavantager les génériques au profit des biosimilaires –, mais de favoriser la montée en puissance de ces deux types de médicaments.

    M. Philippe Vigier

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    Eh oui !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    En outre, pour accélérer l’adoption des biosimilaires, il aurait été judicieux de dépasser le seuil des 15 % de remises commerciales autorisées. Leur montée en puissance prend du temps –⁠ ce fut le cas pour les génériques. On ne peut pas dire aux pharmaciens qu’ils vont bénéficier de remises un peu plus élevées sur les biosimilaires, remises incertaines et lentes à être appliquées, et leur faire perdre des remises sur les génériques !
    Enfin, madame la ministre, vous évoquez le comité d’alerte et les mesures d’urgence, mais là nous sommes face à un exemple typique de coup de rabot bête et méchant. Des économies sont nécessaires face à des indus ou pour réagir à un phénomène exceptionnel, mais ici ce n’étaient que de mauvaises économies. De même, les actes de kinésithérapie devaient être revalorisés d’un peu plus d’un euro au 1er juillet 2025, conformément à l’accord signé il y a plus de deux ans, mais cette revalorisation a été suspendue suite à l’avis du comité d’alerte de juin. C’est également profondément injuste ! Nous devons tout faire pour éviter un nouveau comité d’alerte.
    Pour conclure, j’invite mes collègues à retirer leurs amendements au profit des amendements identiques no 5 et suivants. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et HOR.)

    (L’amendement no 68 rectifié est retiré.)

    Mme Josiane Corneloup

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    Les amendements no 61 et 87 sont également retirés.

    Plusieurs députés du groupe LFI-NFP

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    Ils sont repris !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 61 et 87.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        206
            Nombre de suffrages exprimés                202
            Majorité absolue                        102
                    Pour l’adoption                83
                    Contre                119

    (Les amendements identiques nos 61 et 87 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 883.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        209
            Nombre de suffrages exprimés                201
            Majorité absolue                        101
                    Pour l’adoption                35
                    Contre                166

    (L’amendement no 883 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 884.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        204
            Nombre de suffrages exprimés                200
            Majorité absolue                        101
                    Pour l’adoption                32
                    Contre                168

    (L’amendement no 884 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 5, 374, 472, 882, 1164, 1862, 1869 et 2238.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        206
            Nombre de suffrages exprimés                206
            Majorité absolue                        104
                    Pour l’adoption                202
                    Contre                4

    (Les amendements identiques nos 5, 374, 472, 882, 1164, 1862, 1869 et 2238, modifiés par la suppression du gage, sont adoptés ; en conséquence, les amendements no 144, 532, 470, 25 et 1591 tombent.)
    (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes RN, EPR, SOC, DR, Ecos, Dem, HOR, LIOT et UDR.
    –⁠ MM. Yannick Monnet et Pierre-Yves Cadalen applaudissent également.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de trois amendements, nos 148, 146 et 566, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à M. Richard Ramos, pour soutenir l’amendement no 148.

    M. Richard Ramos

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    Il s’agit simplement d’ouvrir la voie à l’interdiction de l’hexane, un solvant d’origine pétrolière que nous retrouvons dans nos assiettes depuis quarante ans sans le savoir. L’hexane est reconnu comme étant responsable de maladies professionnelles et pourtant il est encore autorisé. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas un additif alimentaire, mais un auxiliaire technologique.
    C’est un scandale d’État qui dure depuis quarante ans ! Avec mon collègue Julien Gabarron, dans le cadre de notre mission flash sur l’incidence économique de l’utilisation d’hydrocarbures dans la production d’huiles alimentaires et leur mise sur le marché, nous souhaitons ouvrir la voie à une régulation.
    Nos auditions nous font penser qu’une taxe serait un bon début. Nous sommes encore inaudibles sur le sujet, car nous voulons interdire le produit, mais nous espérons avancer avec le gouvernement afin que les industriels qui refusent de retirer ce produit comprennent qu’il est dangereux –⁠ c’est un neurotoxique puissant.
    Hier soir, certains lobbyistes recrutés par les industriels nous ont avoué avoir négocié avec le gouvernement. J’espère que ce n’est pas vrai ! J’ai confiance en vous, madame la ministre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    M. Thomas Ménagé

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    Et tu n’as pas confiance en l’administration ?

    Mme la présidente

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    Les amendements nos 146 de M. Richard Ramos et 566 de M. Boris Tavernier sont défendus.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je n’ai pas votre expertise, monsieur Ramos, je le reconnais. Vous êtes un expert culinaire, moi je suis un épicurien, et je n’ai pas tous les éléments ! (Sourires.) Je vous ferai donc une réponse de rapporteur général. Vous insérez un I  bis à l’article L. 138-10 du code de la sécurité sociale relatif à la clause de sauvegarde, qui n’a pas vraiment à voir avec le sujet.

    M. Richard Ramos

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    Mais vous êtes pour ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Sur le fond, la commission des affaires économiques a lancé une mission flash dont vous êtes le corapporteur.

    M. Richard Ramos

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    Oui, avec M. Gabarron !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je ne sais pas si vous avez rendu vos conclusions. Je suppose que des recherches ont été menées puisque le 7 janvier dernier le commissaire européen chargé de la santé a déclaré que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) n’avait relevé aucun problème sanitaire immédiat lié à l’exposition orale à l’hexane. L’Efsa a toutefois jugé nécessaire de réévaluer la sécurité d’utilisation de l’hexane à la lumière de certaines publications récentes. Cette réévaluation est en cours, tout comme votre mission.
    En l’état, votre amendement ne fonctionne pas. C’est pourquoi je vous invite à le retirer. Je précise qu’il n’a pas été examiné par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    J’ai découvert le sujet grâce à cet amendement, monsieur Ramos ; je vous en remercie. En mai 2025, la Commission européenne a mandaté l’Efsa, qui a lancé un appel de données sur l’hexane. Le travail est en cours puisque les données seront recueillies jusqu’en décembre. Ce travail est très important : soit l’Efsa conclura que le produit est dangereux et nous en revenons à la discussion qui nous a occupés hier –⁠ ce n’est pas une évolution de la fiscalité qu’il faut, mais une interdiction ; soit il ne l’est pas. Dans l’attente des conclusions de l’Efsa et compte tenu du principe de précaution, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    M. Richard Ramos

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    Ah !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Théo Bernhardt.

    M. Théo Bernhardt

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    Le sujet est important. Votre exposé sommaire vise les industriels qui importent du n-hexane. Mais les laboratoires de recherche utilisent également ce solvant dans le cadre de leurs travaux. Vont-ils subir les conséquences de votre amendement ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-François Rousset.

    M. Jean-François Rousset

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    L’hexane représente un vrai problème. Tout part d’une mauvaise publication scientifique dans les années 1930 qui avait prétendu qu’il s’agissait d’un produit stable, donc sans danger. Il est pourtant transformé dans l’organisme et, bien qu’on ne dispose pas encore de preuves avérées, plusieurs études ont montré qu’il contribue sans doute à déclencher des maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. Il faut pousser plus loin les investigations et encourager la recherche sur cette substance pour protéger notre santé. Les scientifiques demandent unanimement la réouverture du dossier ; alors n’hésitons pas !

    (L’amendement no 148 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 146 et 566 tombent.)
    (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 380 et 938, qui font l’objet d’une demande de scrutin public par le groupe Écologiste et social.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 380.

    M. Hendrik Davi

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    L’alcool est responsable de plus de 40 000 décès prématurés par an ; il est impliqué dans les cancers du sein, du colon, du rectum, de la bouche, du pharynx, du foie, de l’œsophage et de l’estomac. Des millions de nos concitoyens présentent une dépendance à l’alcool ; des centaines de milliers sont de ce fait hospitalisés chaque année.
    L’amendement vise à harmoniser la fiscalité sur l’alcool en étendant la cotisation versée à la sécurité sociale à toutes les boissons alcoolisées, alors qu’elle ne frappe actuellement que celles d’une teneur en alcool supérieure à 18 %.

    M. Aurélien Lopez-Liguori

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    Vous voulez tuer nos agriculteurs ! C’est la police du kif !

    M. Hendrik Davi

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    La fiscalité actuelle, fondée sur le type de boisson plutôt que sur le volume d’alcool pur, est contraire aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise d’agir sur le prix de l’alcool pour réduire la consommation. En rendant la contribution plus équitable et cohérente, l’amendement permettrait de renforcer la prévention : ceux et celles qui nous écoutent doivent savoir que le problème n’est pas le degré d’alcool de la boisson, mais la quantité totale d’alcool pur –⁠ un petit verre de cognac équivaut en ce sens à une chope de bière. La mesure rapporterait également des recettes à la sécurité sociale.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 938.

    Mme Ségolène Amiot

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    Nous proposons d’harmoniser et de simplifier la fiscalité sur les alcools en soumettant à la taxation toutes les boissons alcoolisées et pas seulement les alcools dits forts. (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.) L’alcool fait l’objet d’une forme d’hypocrisie… (Les exclamations vont croissant.)

    Mme Élise Leboucher

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    Oh, sérieux, ça va !

    Mme la présidente

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    Peut-on laisser Mme Amiot présenter l’amendement ?

    M. Aurélien Lopez-Liguori

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    C’est qu’on cherche à tuer nos agriculteurs !

    Mme Ségolène Amiot

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    L’alcool fait l’objet d’une forme d’hypocrisie puisqu’on taxe et surtaxe, pour financer l’assurance maladie, uniquement les alcools forts. Or ces boissons sont servies en petites quantités : le whisky par exemple est servi par 4 centilitres alors que la bière peut l’être par pinte. On ne verra jamais –⁠ ou très rarement – une pinte de whisky ! (Les exclamations se poursuivent.) Pourtant 1 gramme d’éthanol reste 1 gramme d’éthanol. Par ailleurs, la taxe sur les alcools ne couvre qu’à 51 % les dépenses de l’assurance maladie dues aux dégâts de l’alcool. Nous proposons donc d’élargir la taxe à tous les types de boisson alcoolisée.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    La fiscalité sur l’alcool…

    Mme la présidente

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    Chers collègues, on peine à entendre M. le rapporteur général tant il y a de brouhaha. Merci de respecter la parole des orateurs !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je me permets d’être court car nous avons déjà débattu de la fiscalité sur l’alcool hier. Ces amendements sont mal conçus : ils ne tiennent pas compte de la différence entre un hectolitre de boisson et un hectolitre d’alcool pur. Je vous invite à les retirer, faute de quoi j’y serai défavorable. La commission les a rejetés.

    M. Jean-Yves Bony

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Maxime Michelet.

    M. Maxime Michelet

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    Collègues du NFP –⁠ nouveau front de la prohibition ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN. –⁠ Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) C’est bien la prohibition qui se trouve au bout de votre réflexion.

    Mme Anaïs Belouassa-Cherifi

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    On parle de santé !

    M. Maxime Michelet

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    Vous voulez faire baisser la consommation alors que les filières concernées subissent déjà une crise des ventes. De plus, comme nous nous échinons à vous l’expliquer depuis hier, les taxes comportementales ne font pas baisser la consommation des personnes atteintes d’addiction. La solution n’est pas de taxer mais d’éduquer. Ce n’est pas l’alcool mais l’excès d’alcool qui tue.

    Mme Sandra Marsaud

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    Eh oui !

    M. Maxime Michelet

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    Comme la taxe n’éduque pas, elle échouera, et c’est l’interdiction que vous demanderez demain.
    Vos amendements disent cibler les grands industriels, mais c’est méconnaître notre viticulture : les filières en question –⁠ cidre, bière et vin – sont fondées sur le maillage d’exploitations familiales. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.) C’est méconnaître aussi l’apport économique du secteur : la filière française du vin représente 10 % du vignoble mondial, 450 000 emplois et 11 milliards d’excédent commercial. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 380 et 938.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        160
            Nombre de suffrages exprimés                157
            Majorité absolue                        79
                    Pour l’adoption                37
                    Contre                120

    (Les amendements identiques nos 380 et 938 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 1815, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir l’amendement.

    M. Hervé de Lépinau

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    Les taxes ne modifient pas les comportements ; en revanche, elles minent notre agriculture, considérée comme une vache à lait lorsqu’il s’agit de combler le trou de la sécurité sociale –⁠ et c’est un euphémisme. Les taxes qui frappent les alcools, notamment fabriqués à partir de fruits, sont déjà élevées –⁠ je rappelle qu’elles représentent 72 % du prix d’une bouteille de poire ou de chartreuse ! –, mais elles font de surcroît l’objet d’un mécanisme d’augmentation automatique. Il est temps de marquer une pause dans cette taxation qui emporte une partie du chiffre d’affaires réalisé par les agriculteurs. Notre agriculture en a besoin ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je ne suis producteur ni de poire ni de chartreuse…

    M. Pierre Cordier

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    Dans votre coin, c’est plutôt la mirabelle !

    M. Jean-Yves Bony

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    Il y a de la pomme aussi !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …mais j’essaierai de vous répondre sur le fond, vous rappelant d’ailleurs les reproches que vous m’aviez faits hier. Avec le présent amendement, vous laissez une marge de manœuvre absolue à l’autorité réglementaire, qui sera libre d’indexer ou non la taxation sur l’inflation comme de fixer l’ampleur de cette éventuelle indexation. Au vu de l’exposé sommaire, je doute que votre intention était d’accorder une confiance aussi aveugle au gouvernement, mais c’est bien ce qui résulte de la rédaction proposée. Comme vous ne précisez ni le taux ni l’assiette, votre amendement nous ferait tomber dans l’incompétence négative et le Conseil constitutionnel pourrait considérer que la disposition n’est pas recevable. C’est au législateur de fixer ces grandeurs.
    Par ailleurs, même si je comprends votre raisonnement, cela signifierait que pour un niveau d’inflation donné, le prix des boissons alcooliques augmenterait moins que ceux des autres produits. Je ne crois pas que ce soit, là non plus, l’état d’esprit qui vous anime.
    L’amendement n’a pas été examiné en commission mais, à titre personnel, je vous suggère de le retirer ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Christophe Bentz.

    M. Christophe Bentz

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    Merci, monsieur le rapporteur général, pour ces éclaircissements. L’amendement a pour objectif d’exprimer notre soutien de principe à nos arboriculteurs, à nos bouilleurs, à nos viticulteurs, à nos agriculteurs.

    M. Pierre Cordier

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    Vous faites de la politique sur un amendement !

    M. Christophe Bentz

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    J’entends néanmoins vos remarques relatives à l’aspect légistique et juridique ; nous retirons l’amendement.

    (L’amendement no 1815 est retiré.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de quatre amendements, nos 738, 405, 1110 et 1847, pouvant être soumis à une discussion commune et faisant l’objet de plusieurs sous-amendements.
    Les amendements nos 1110 et 1847 sont identiques.
    Sur l’amendement no 738, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille, pour soutenir l’amendement.

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Cette série d’amendements concerne la publicité pour les alcools, notamment les alcools forts, en particulier celle ciblant les jeunes sur les réseaux sociaux. L’association Addictions France montre que 15 % des élèves de quatrième et de troisième ont déjà connu un épisode de binge drinking, ou beuverie express, et que l’alcool est, pour les jeunes, le premier facteur d’hospitalisation et la deuxième cause de mortalité évitable.

    M. Jean-Yves Bony

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    Le tabac n’est pas mal aussi !

    M. Aurélien Lopez-Liguori

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    La police du kif !

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Le but de mon amendement est d’interdire la publicité sur les réseaux, dont les industriels, souvent étrangers –⁠ rien à voir, donc, avec notre agriculture ! –, se servent pour alcooliser notre jeunesse. Vu les répercussions que cette consommation a sur la santé des jeunes, le nombre d’hospitalisations et de décès, il faut interdire ces publicités.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir les sous-amendements nos 2654 et 2655, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Paul-André Colombani

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    Je défendrai l’ensemble de mes sous-amendements aux amendements en discussion commune, tous rédigés dans le même esprit.
    Je partage l’objectif énoncé par M. Isaac-Sibille : encadrer la promotion de l’alcool déployée par des acteurs disposant de moyens publicitaires importants. Je propose néanmoins, dans mes sous-amendements, de relever le seuil du chiffre d’affaires qui rend les entreprises redevables de la taxe à 40 ou à 50 millions d’euros. Fixer un seuil trop bas pénaliserait les acteurs des territoires que sont les petites brasseries régionales ou les caves coopératives.

    Mme la présidente

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    Sur amendement no 405, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Il tend à appliquer une taxe…

    M. Pierre Cordier

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    Taxes, taxes, taxes… Mme Rousseau adore les taxes !

    Mme Sandrine Rousseau

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    …de 3 % sur les frais de dépenses publicitaires des producteurs d’alcool dont le chiffre d’affaires dépasse 10 millions d’euros –⁠ autant dire que nous ne sommes pas dans une folie de taxation, la mesure étant très limitée.

    M. Pierre Cordier

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    Mais à force de les accumuler…

    Mme Sandrine Rousseau

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    Ce seuil exclut les petits producteurs et les artisans du champ de l’amendement : la taxe ne concernerait que les grosses entreprises qui se livrent à une publicité massive pour convaincre les jeunes de consommer leurs boissons alcoolisées, dont elle vante les mérites.
    Je rappelle qu’un tiers des jeunes ont une consommation d’alcool répondant aux critères du risque et qu’un Français sur trois présente des signes d’addiction. Nous débattons du budget de la sécurité sociale, donc de la gestion des maladies. L’addiction est une maladie ; je vous propose donc de voter cette taxe.

    M. Aurélien Lopez-Liguori

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    Des taxes, des taxes, des taxes !

    Mme la présidente

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    Les sous-amendements nos 2664 et 2665 de M. Paul-André Colombani ont été défendus.
    Sur l’amendement no 1110, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement.

    Mme Sandrine Runel

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    L’alcool représente la deuxième cause de cancer évitable dans notre pays, causant chaque année près de 600 000 hospitalisations et 41 000 décès. La publicité pour l’alcool s’est massivement déplacée vers les réseaux sociaux, où elle échappe à tout contrôle réel. Les producteurs utilisent influenceurs et contenus viraux pour séduire une cible toujours plus jeune : 79 % des 15-21 ans déclarent ainsi voir des publicités pour l’alcool chaque semaine. Cette exposition précoce banalise la consommation et ouvre la voie à des comportements à risque dès l’adolescence.
    Face à cette situation, l’amendement propose de responsabiliser les grands acteurs du secteur en taxant leurs dépenses publicitaires. C’est une mesure de cohérence et de justice : que ceux qui profitent économiquement d’un produit à hauts risques pour la santé contribuent à en réparer les dégâts ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Les sous-amendements nos 2666 et 2667 de M. Paul-André Colombani ont été défendus.
    La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1847.

    Mme Élise Leboucher

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    Le diagnostic est simple : les recettes des taxations issues de l’alcool couvrent à peine la moitié du coût des soins engendrés par la consommation d’alcool. Nous devons corriger ce problème car l’alcool est la deuxième cause de cancer évitable. Il provoque près de 600 000 séjours hospitaliers et plus de 49 000 morts par an du fait d’accidents de la route et de maladies.
    La crise sanitaire a fait augmenter la consommation des personnes souffrant déjà d’une addiction. À cela s’ajoute la publicité, encore très mal régulée sur les réseaux sociaux, où les marques touchent les jeunes de 15 à 21 ans. Ce risque sur la santé publique doit nous encourager à faire davantage contribuer les alcooliers aux actions de prévention. C’est à cette fin que nous proposons de taxer les publicités des produits alcooliques.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements et ces sous-amendements en discussion commune ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    La commission ne les a pas tous examinés. En tout cas, aucun n’a été adopté.
    Monsieur Isaac-Sibille, vous parlez d’interdiction de la publicité pour les mineurs. L’idée est intéressante, d’autant qu’il est interdit de leur vendre de l’alcool, mais une telle mesure n’a pas sa place dans le PLFSS.
    Le dispositif que vous prévoyez dans vos amendements reprend une idée adoptée l’année dernière par le Sénat à l’initiative d’une sénatrice socialiste de La Réunion. J’avais indiqué dans mon rapport, en février, que ce dispositif posait problème et il n’avait pas été repris dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Non seulement ce dispositif ne définit pas les boissons alcooliques concernées, mais l’assiette est incompréhensible. Vous risquez donc une annulation ou un contentieux. Et surtout, vous renvoyez les modalités de recouvrement à un décret, exposant la mesure de manière certaine à la censure du Conseil constitutionnel, puisque c’est à nous de les définir. J’ajoute que l’amendement no 1847 fait référence au droit de licence sur la rémunération des débitants de tabac, alors que nous sommes en train de discuter de l’alcool. Avis défavorable sur les quatre amendements, bien que les sous-amendements soient intéressants.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Défavorable. Toutefois, les chiffres relatifs à l’alcoolisation des jeunes nous imposent de renforcer notre action sur ce sujet. L’alcool est interdit aux mineurs et nous devons faire respecter cette interdiction, notamment en utilisant les modes de communication actuels et en passant par les influenceurs. Nous préparerons actuellement une campagne à destination des jeunes pour les dissuader de boire de l’alcool et pour qu’il soit désormais mal vu de s’alcooliser, comme il l’est désormais de fumer. Nous devons y arriver !

    M. Pierre Cordier

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    Ils boiront en cachette !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Vous abordez un sujet important, mais je crains que vous ne méconnaissiez la réalité. La publicité sur l’alcool est interdite de façon générale et elle l’est aussi sur les réseaux sociaux et sur les sites web. Celle qui cible les mineurs est interdite, et heureusement ! Vous inventez donc une taxe qui ne rapportera rien, puisque les acteurs de ce secteur ne font pas de publicité, ou alors de façon extrêmement limitée dans les revues et les salons professionnels. (Mme Sandra Marsaud applaudit.)
    Derrière la multiplication des taxes, –⁠ même si je reconnais que c’est un sujet sérieux – se cache en réalité votre volonté de nuire à la filière viticole. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR. –⁠ Mme Justine Gruet applaudit également.) On vous le répète pourtant : cette filière souffre de la déconsommation, des taxes et des aléas climatiques, mais vous en rajoutez en lui mettant la tête sous l’eau. C’est insupportable ! Ce que vous dites est faux, parce que la publicité pour l’alcool est interdite. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et DR.)

    M. Cyrille Isaac-Sibille

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    Elle existe, et vous le savez !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    On entend des choses assez extraordinaires ! Notre collègue Cazeneuve dit que cela ne sert à rien parce que c’est déjà interdit, mais extrêmement limité. Il faudrait savoir : soit c’est interdit, soit c’est extrêmement limité. En l’occurrence, la publicité en faveur de l’alcool existe sur les réseaux sociaux, sur YouTube, dans le monde des influenceurs. Le problème, c’est que personne n’est assujetti à l’assiette fiscale en vigueur !
    M. le rapporteur général affirme que l’amendement no 1847 de Mme Leboucher porte sur la section des tabacs, mais ce n’est pas vrai : il crée une nouvelle section dans le code de la sécurité sociale ! Sa base légale n’est donc pas mauvaise. Dès lors, votre contre-argument juridique n’a aucune valeur.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 2654.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        177
            Nombre de suffrages exprimés                168
            Majorité absolue                        85
                    Pour l’adoption                75
                    Contre                93

    (Le sous-amendement no 2654 n’est pas adopté.)

    (L’amendement no 2655 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 738.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        184
            Nombre de suffrages exprimés                181
            Majorité absolue                        91
                    Pour l’adoption                51
                    Contre                130

    (L’amendement no 738 n’est pas adopté.)

    (Les sous-amendements nos 2664 et 2665, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 405.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        199
            Nombre de suffrages exprimés                198
            Majorité absolue                        100
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                144

    (L’amendement no 405 n’est pas adopté.)

    Mme Sandrine Rousseau

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    Le lobby de l’alcool vous remercie !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 2666.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        200
            Nombre de suffrages exprimés                196
            Majorité absolue                        99
                    Pour l’adoption                80
                    Contre                116

    (Le sous-amendement no 2666 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 2667.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        196
            Nombre de suffrages exprimés                192
            Majorité absolue                        97
                    Pour l’adoption                81
                    Contre                111

    (Le sous-amendement no 2667 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 1110 et 1847.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        204
            Nombre de suffrages exprimés                203
            Majorité absolue                        102
                    Pour l’adoption                53
                    Contre                150

    (Les amendements identiques nos 1110 et 1847 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Annie Vidal, suppléant M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales.

    Mme Annie Vidal, suppléant M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales

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    Madame la présidente, les amendements s’enchaînent rapidement. Pourriez-vous, pour chacun d’eux, avant le vote, rappeler les avis de la commission et du gouvernement ?

    Mme la présidente

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    Je le fais à chaque fois, chère collègue !

    M. Fabien Di Filippo

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    On avance, ça suffit de pleurnicher !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Romain Eskenazi, pour soutenir l’amendement no 454.

    M. Romain Eskenazi

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    Les paris sportifs ont représenté un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros en 2024, en progression de 20 % par rapport à l’année 2023. Ils ne concernent pas des centaines d’acteurs, comme les viticulteurs, mais seize opérateurs qui détiennent l’exclusivité de ce commerce. J’ajoute que 40 % du chiffre d’affaires des jeux d’argent provient de pratiques excessives, mais cette part atteint 58 % dans le cas des paris sportifs.
    Cet amendement propose de créer une taxe sur la publicité pour les paris en ligne et pour les jeux d’argent et de hasard, dont la progression est forte. Elle désinciterait les acteurs qui s’enrichissent à faire de la publicité, notamment auprès des plus jeunes, et financerait, à travers la sécurité sociale, des actions de prévention contre ces pratiques. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous êtes cohérent avec les mesures que vous défendez depuis le début de l’examen du texte. Hier soir, vous vouliez taxer les paris hippiques. Là, vous prévoyez une taxe supplémentaire sur la publicité pour les paris en ligne et les jeux d’argent et de hasard, et vous en profitez pour intégrer les paris hippiques. Mais derrière, c’est toute une filière ! (Exclamations sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)

    Mme Sandrine Rousseau

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    Vous ne pouvez pas dire ça à chaque fois !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Or cette filière ne recouvre pas seulement un secteur lucratif : elle profite aussi au monde associatif, finance des équipements dans nos territoires et bénéficie aux infrastructures de formation. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Une fiscalité existe sur les jeux d’argent au sens large. Sur la publicité, une taxe de 15 % a été créée l’année dernière. La taxe que vous proposez s’ajouterait donc à cette dernière sans être rattachée au même article du code de la sécurité sociale, ce qui pose un problème sur le plan légistique. Il aurait plutôt fallu augmenter le taux de la taxe adoptée l’année dernière, au lieu de créer cette nouvelle taxe de 3 %.
    Sur le fond, au-delà de la taxe sur la publicité instaurée depuis quelques mois, je veux rappeler les chiffres concernant les paris. La fiscalité sur les paris représente 7 milliards d’euros. Le produit brut des jeux –⁠ l’écart entre les gains et les mises – atteint 14 milliards d’euros, si bien que la fiscalité moyenne représente 50 %. Sur les loteries, elle se situe entre 60 % et 70 %. Sur les paris sportifs, elle est de 42 %, sur les paris sportifs en ligne, de 59,3 %, et sur les casinos, les taux s’échelonnent entre 7 % et 74 %.
    Bref, la fiscalité des jeux d’argent et de hasard est élevée et rémunératrice. En outre, nous avons évoqué hier soir les difficultés du PMU. Avis défavorable. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Justine Gruet.

    Mme Justine Gruet

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    Nous sommes opposés aux taxes comportementales, qu’elles s’appliquent au jeu, à l’alcool ou à tout autre domaine. Nous leur préférons la prévention et l’éducation.

    M. Jean-François Coulomme

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    Avec quel argent ?

    Mme Justine Gruet

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    La fiscalité est déjà importante, mais vous ne renoncez toujours pas à taxer ! Un jour arrivera peut-être où vous créerez une taxe sur les réseaux sociaux (« Oui ! » et applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS), qui créent une addiction très forte et nocive dans notre société !

    M. Thierry Sother

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    Elle existe déjà, c’est la taxe Gafam !

    Mme Justine Gruet

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    Nous, nous croyons à la responsabilisation en matière de consommation. Et je reviens un instant sur le sujet de l’alcool : la bière, le vin et les spiritueux font partie de la culture française ! (Protestations sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)

    Mme Sandrine Rousseau

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    Soyons sérieux ! Nous parlons ici des paris sportifs, pas de l’alcool ! Vous pourrez picoler tranquilles…

    Mme Justine Gruet

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    Nous devons responsabiliser les consommateurs, plutôt que de taxer, taxer, taxer ! (Exclamations sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot.

    Mme Ségolène Amiot

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    L’amendement ne concerne pas la consommation d’alcool, mais les jeux de hasard, les jeux d’argent et les paris. Et ceux-là ne font pas partie de la culture française !
    Nous parlons ici de publicité. Si on investissait les euros ou les dollars investis chaque année dans des campagnes publicitaires, il n’y aurait plus de faim dans le monde ! Arrêtons de nous cacher derrière notre petit doigt. Les addictions sont réelles, mais alors que la loi du 10 janvier 1991 relative à la lutte contre l’alcoolisme et le tabagisme, la loi Évin, nous protégeait de la publicité contre tous les produits addictifs, on la rabote chaque année un peu plus.
    Nous préférerions interdire toute publicité pour un produit addictif, mais nous ne pourrons pas utiliser les textes budgétaires pour parvenir à nos fins. En revanche, nous pouvons taxer cette publicité et financer ainsi la sécurité sociale qui a besoin de fonds pour accompagner les personnes dépendantes.

    (L’amendement no 454 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement n° 459, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Thierry Sother, pour soutenir cet amendement.

    M. Thierry Sother

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    Permettez-moi d’adresser une pensée aux élèves d’une classe de CM2 de ma circonscription, dont le projet pédagogique les conduit à travailler sur l’alimentation et l’organisation de petits-déjeuners deux fois par semaine. Lors de notre rencontre, ils m’ont demandé pourquoi les produits sains, d’origine locale et bons pour la santé –⁠ les produits avec lesquels ils cuisinent –, ne faisaient l’objet d’aucune publicité !
    Si l’on ne voit jamais de publicité pour les fruits et légumes, on en voit beaucoup pour des barres chocolatées ou ce genre de produit. Hier soir, nous avons longuement évoqué le lien entre l’obésité et le sucre présent dans certains produits. L’amendement tend à taxer les publicités en faveur de produits alimentaires manufacturés et de boissons contenant des sucres, du sel ou des édulcorants ajoutés, notamment celles destinées aux plus jeunes.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous ne pouvons qu’être sensibles à la cause d’une bonne alimentation des jeunes. Cela dit, j’ai peur que nous ne vivions pas sur la même planète, car je vois aussi des publicités pour des aliments sains et de qualité.
    Vous voulez taxer la publicité de tout produit alimentaire transformé sans la précision ou le ciblage que défendait le président Valletoux hier soir. Monsieur Sother, vous semblez très confiant sur l’aboutissement de nos débats et sur la survie du gouvernement, car votre amendement tend à faire appliquer cette taxe à partir du 1er janvier 2025 ! (Sourires.) Je ne reviendrai pas sur les problèmes de rétroactivité de la loi.
    L’amendement a reçu un avis défavorable de la commission. Je vous invite à le retirer ; à défaut, mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Lottiaux.

    M. Philippe Lottiaux

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    Arrêtez d’infantiliser les Français ! Certains sur ces bancs semblent se lever en pensant à ce qu’ils pourront taxer ou interdire dans le monde hygiéniste qu’ils tiennent pour idéal ! On ne peut plus conduire, on ne peut plus prendre l’avion, on ne peut plus jouer, on ne peut plus manger sucré, on ne peut plus manger gras, on ne peut plus fumer, on ne peut plus boire ! Je m’arrête là, car je crains le pire… Quelle tristesse ! Vous parlez toujours d’extinction des espèces, mais vu votre monde, celui que vous préparez, je comprends que les espèces n’aient qu’une envie, c’est de s’éteindre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. Jocelyn Dessigny

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    Rabat-joie !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Dans notre monde, on protège la santé des Français et des Françaises ! Dans notre monde, on n’est pas raciste ! Dans notre monde, on ne fait pas la chasse aux étrangers au moyen d’une régulation des dépenses de sécurité sociale ! Dans notre monde, on protège des lobbys agro-industriels la santé des Français et Françaises et on fait en sorte de limiter l’addiction aux jeux et aux produits toxiques !

    M. Stéphane Rambaud

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    Vous ne protégez de rien du tout !

    M. Emeric Salmon

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    Qui protégera nos oreilles ?

    Mme Sandrine Rousseau

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    Oui, nous sommes fiers de ce monde !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 459.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        209
            Nombre de suffrages exprimés                209
            Majorité absolue                        105
                    Pour l’adoption                67
                    Contre                142

    (L’amendement no 459 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Annie Vidal, suppléant M. le président de la commission des affaires sociales.

    Mme Annie Vidal,, suppléant M. Frédéric Valletoux, président de la commission des affaires sociales

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    Je demande une suspension de séance, madame la présidente !

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à dix heures vingt, est reprise à dix heures trente.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.

    Article 12

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Loir.

    Mme Christine Loir

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    L’article 12, qui prévoit des transferts financiers au sein des administrations de sécurité sociale, illustre à nouveau combien le système se perd dans ses propres tuyaux : on déplace des recettes d’une branche à l’autre, on brouille les circuits et on fait croire à un équilibre alors qu’on ne fait que colmater des trous –⁠ concrètement, on réaffecte des recettes de la branche famille à la branche maladie ou à la branche vieillesse. Sur le papier, cela peut sembler cohérent mais, en réalité, il s’agit d’une recentralisation –⁠ un jeu de vases communicants où tout le monde finit par perdre.
    De plus, l’article détourne les contributions de leur sens. Prenons la contribution tarifaire d’acheminement (CTA), qui finance les retraites du secteur de l’énergie : le gouvernement voudrait la réaffecter au régime général ; autrement dit, il vide une caisse pour en remplir une autre, entraînant une perte de sens et de confiance.
    Les Français cotisent déjà beaucoup et ils méritent de savoir où va leur argent. Assez de confusion et d’opacité ! Le groupe Rassemblement national s’oppose à cet article et propose une solution alternative : des amendements portant article additionnel après l’article 12, que nous avons déposés avec mon collègue M. Julien Rancoule, afin de soutenir les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), si essentiels à la sécurité civile, qui sont financés par les départements à hauteur de 60 % et auraient bien besoin de ressources stables pour mener leurs actions. Plutôt que de créer une nouvelle taxe ou un nouvel impôt, nous pourrions par exemple réaffecter aux Sdis une part du produit de la taxe sur les assurances. Voilà une mesure de bon sens au service de la proximité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Le groupe LFI-NFP est opposé à cet article. Il a néanmoins son utilité, puisqu’il faut bien savoir où réaffecter les cotisations. Cependant, nous ne pouvons pas soutenir les transferts entre branches envisagés, notamment l’affectation à l’assurance maladie des 740 millions d’euros de recettes issues de la fiscalisation des indemnités journalières des personnes en affection de longue durée (ALD) –⁠ laquelle a fait l’unanimité contre elle à l’article 5 du projet de loi de finances (PLF). Bien que nous ayons rejeté cette mesure, les recettes en question restent intégrées au présent article, qui prévoit donc de les affecter à la branche maladie. Il en va de même pour les 1,4 milliard d’euros issus du gel du barème de la contribution sociale généralisée (CSG) –⁠ gel que nous avons refusé –, qui restent réaffectés de la branche famille à la branche maladie.
    Bref, les transferts prévus par cet article viennent contrarier les votes de notre assemblée ; les comptes présentés ici ne sont donc pas sincères. C’est pourquoi je considère qu’un amendement de suppression de l’article que nous allons examiner s’apparente presque à un amendement rédactionnel par lequel nous vous invitons à réécrire l’article de telle sorte qu’il corresponde à ce que nous avons voté.
    Je m’oppose également à la modification de la clef de répartition de la taxe sur les salaires, qui entraînerait des transferts conséquents au détriment de la branche maladie, notamment des établissements de santé. Un centre hospitalier universitaire (CHU) comme celui de Toulouse pourrait ainsi se voir prélevé à hauteur de 60 millions d’euros. Autrement dit, l’article 12 prévoit de faire payer les hôpitaux pour assurer les transferts d’une caisse à l’autre ! Pardonnez-moi l’expression, mais si l’on veut simplement mettre de l’eau sur du sable, autant aller à la plage. Bref supprimons cet article et réécrivez-le afin qu’il soit plus conforme à l’expression des législateurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    L’article 12 est problématique à plus d’un titre. D’abord en ce qu’il traduit des réductions de droits des assurés sociaux en affectations de recettes nouvelles. Ensuite, parce qu’il prévoit de ponctionner les excédents de la CTA affectée à la Caisse nationale des industries électriques et gazières (Cnieg). La CTA est une contribution acquittée par les consommateurs d’électricité et de gaz afin de financer une partie des retraites des agents du secteur du transport et de la distribution d’électricité et de gaz. Lors de sa création, les tarifs de transport et de distribution avaient baissé d’autant ; cette contribution était donc sans incidence sur le montant des factures de gaz et d’électricité. Depuis cinq ans, la Fédération nationale mines énergie (FNME-CGT), parce qu’elle est attachée au service public et revendique un juste prix de l’énergie, alerte quant au fait que la collecte de la taxe est supérieure aux dépenses à couvrir, ce qui génère un excédent croissant et injustifié et alourdit indûment les factures. Alors qu’il a été alerté par la Cnieg en juillet dernier, le gouvernement feint d’ignorer ce surcoût pour les Français, et pour cause : nous découvrons aujourd’hui qu’il veut utiliser la CTA pour financer la branche vieillesse –⁠ raison pour laquelle le groupe GDR veut supprimer l’article.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Annie Vidal.

    Mme Annie Vidal

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    L’article 12 ne correspond pas à ce que vient d’en être dit : il s’agit d’un article de bonne gestion financière, de gestion transparente. Il n’est certainement pas insincère –⁠ d’ailleurs si l’on examine l’annexe correspondante, tout est clairement détaillé. Il vise à tirer les conséquences des réformes précédentes, c’est-à-dire à organiser les transferts entre l’État, la sécurité sociale et les différentes branches de la sécurité sociale affectées par ces réformes. Pour dire les choses simplement, il s’agit de transférer un excédent de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) vers la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) et la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam). C’est de la bonne gestion, qui se traduit par une neutralité financière.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Je suis moi aussi surpris par la description de l’article 12 qui vient d’être faite par les orateurs des groupes de gauche. De tels propos conduisent selon moi à affaiblir le rôle du Parlement. Tout d’abord, les transferts prévus par l’article ne sont pas mesurés en montants, mais en pourcentages. Il n’est donc pas exact de dire que telle somme est prise dans telle enveloppe pour être affectée à telle autre. Il faut bien lire l’article, cher collègue Clouet : parce qu’il prévoit des taux, il intègre bien les recettes votées et exclut celles que nous avons rejetées.
    Plus grave encore, nos collègues de gauche expriment ici une conception de la solidarité nationale bien différente de celle que nous défendons tous depuis le Conseil national de la Résistance (CNR). En effet, il est contraire à l’esprit du CNR, voire absurde, de chercher à saucissonner les recettes en affectant, de manière rigide, telle taxe à telle caisse, quand bien même cette dernière n’en aurait plus besoin. Nous avons voté des recettes ; il s’agit à présent de déterminer qui en a le plus besoin ! Nous avons en quelque sorte rempli le panier, il est désormais sur la table, et cet article 12 vise –⁠ avec des pourcentages plutôt qu’avec des montants figés qui nous entraveraient – à en partager équitablement le contenu. Il me semble que cela correspond parfaitement à l’esprit de solidarité nationale que nous avons tous à cœur d’encourager.

    Mme Élise Leboucher

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    L’article fait exactement l’inverse !

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 943, 1653 et 1910, tendant à supprimer l’article 12.
    Ils font l’objet d’une demande de scrutin public par le groupe Union des droites pour la République.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir le premier d’entre eux.

    Mme Ségolène Amiot

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    L’article 12 illustre parfaitement la rupture du contrat social en cours. Les caisses de la sécurité sociale dépendent avant tout de la cotisation volontaire des travailleuses et des travailleurs, destinée à garantir une solidarité au cas où certains seraient touchés par une incapacité –⁠ maladie, retraite, chômage. Lorsque l’État finance ses politiques en ponctionnant les caisses de solidarité et en opérant des transferts durables, il soustrait cet argent, volontairement rassemblé au bénéfice de la solidarité nationale, en vue de l’allouer à tout autre chose. La rupture est là : il s’agit d’un vol de tous les cotisants, d’une trahison de l’objet même de leur engagement en faveur d’une solidarité réelle. Les cotisations de nos concitoyens n’ont pas vocation à financer les politiques des gouvernements !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Joëlle Mélin, pour soutenir l’amendement identique no 1653.

    Mme Joëlle Mélin

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    L’article 12 est assez symptomatique. Pardonnez-moi, chère collègue Vidal, de ne pas partager votre avis sur la bonne gestion ! Opérer en permanence des transferts entre les différentes branches de la sécurité sociale –⁠ en incluant éventuellement les régimes spéciaux et les caisses autonomes – ne me paraît pas de bonne gestion ! Il serait d’ailleurs nécessaire de comprendre, avec l’État et les collectivités locales, comment et pourquoi ces flux financiers en viennent, au dernier moment, à compenser des manques pouvant atteindre des montants considérables, lesquels sont transférés d’une caisse ou d’une branche à l’autre à la dernière minute –⁠ c’est tout l’objet de la commission d’enquête que j’évoquais lors de la discussion générale. Cette habitude ne me paraît pas saine, d’autant que toutes les branches n’ont pas été créées avec le même objet, ni les mêmes modalités de financement.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement identique no 1910.

    M. Éric Michoux

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    On frise l’abus de bien social avec cet article 12 !

    Mme la ministre et M. Frédéric Petit

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    Cela s’appelle la solidarité nationale !

    M. Éric Michoux

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    Utiliser l’argent d’une caisse au profit d’une autre, c’est de l’abus de bien social ! Dans le monde de l’entreprise, quand vous transférez des moyens financiers d’une société à l’autre, c’est comme ça que ça s’appelle, et c’est gravement puni par loi ! (Exclamations prolongées sur les bancs des groupes LFI-NFP et SOC.) Vous voulez en outre affecter les recettes d’une caisse qui fonctionne à une autre qui ne fonctionne pas ! Généralement, il vaut mieux régler le problème de celle qui ne fonctionne pas, sans quoi rien ne fonctionnera plus. En l’occurrence, vous voulez transférer la CTA qui bénéficie à la Cnieg et, pire, des recettes qui bénéficient actuellement à la Cnaf, alors même que cette dernière a des besoins financiers considérables pour régler notre problème de natalité. En somme, vous voulez transférer des millions et des milliards pour combler le déficit des branches maladie et vieillesse. Bravo les Mozart de la finance ! Vous commettez un abus de bien social ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.) Il faut supprimer l’article.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cet article 12 est un « article de tuyauterie », un article traditionnel qui figure dans chaque PLFSS : il règle la tuyauterie entre les branches de la sécurité sociale, d’un côté, et avec le PLF, de l’autre. Au reste, il a vocation à évoluer au cours de la navette : il faudra en effet tirer les conséquences de ce que nous avons voté, notamment le rejet de la réforme de l’exonération issue de la Lodeom, la loi d’orientation pour le développement économique des outre-mer de 2009, qui était compensée par le PLF. De la même manière, pour être cohérent, il faudra tirer les conséquences du rejet du gel du barème de la CSG des retraités à l’article 6 –⁠ gel que le gouvernement avait prévu de compenser par un transfert vers la branche vieillesse du produit de la taxe sur les assurances auparavant affecté à la branche famille.
    Vous ne pouvez pas dire que nous n’avons pas du tout besoin de l’article ! Il faut bien procéder aux ajustements nécessaires. La solidarité entre les branches est un principe valable, sauf à affaiblir financièrement certaines caisses à court terme –⁠ à l’instar de la Cnav, que plusieurs de nos décisions ont déjà fragilisée.
    Le vrai sujet –⁠ vous ne l’avez pas évoqué – concerne les gains liés à la réforme des allégements généraux prévue par la LFSS pour 2025 : 1,6 milliard d’euros de cotisations supplémentaires pour les entreprises en 2025 ; 1,6 milliard en 2026…

    M. Jérôme Guedj

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    1,5 milliard !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je sais que vous me surveillez, monsieur Guedj ! (Sourires.) En effet, le gouvernement ayant raisonné en stock : 1,6 plus 1,5, cela donne 3,1 milliards d’euros.
    Mesdames les ministres, je pense que ces 3,1 milliards doivent rester à la sécurité sociale. Vous me direz que ce n’est qu’une question de tuyauterie entre le PLF et le PLFSS. C’est vrai, mais étant donné les tensions financières auxquelles fait face l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), il est important pour la sécurité sociale de les conserver. J’ai d’ailleurs déposé un amendement à l’article 40 du PLF pour réajuster la fraction de TVA  affectée à la sécurité sociale.
    Monsieur Monnet, Madame Mélin, vous avez évoqué la contribution tarifaire d’acheminement. Vous avez raison, elle affiche un excédent prévisionnel de 900 millions d’euros en 2026. Au lieu de laisser dormir cet argent, l’article 12 le transfère à la Cnav, ce qui facilitera sa gestion de trésorerie et réduira son recours à l’endettement. Ce transfert est vertueux sur le plan financier puisqu’il permettra de payer moins d’intérêts sur la dette. Je tiens à préciser que la Cnav verse 2,3 milliards d’euros à la Cnieg au titre des prestations qu’elle finance, tandis que la Cnieg ne verse que 1,2 milliard de cotisations à la Cnav.
    Monsieur Michoux, je n’utiliserais pas les mots que vous avez employés. Je vous trouve un peu excessif.

    M. Éric Michoux

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    Mais non ! Il faut dire la vérité !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous n’avez pas évoqué un élément important : la branche famille a des défis à relever –⁠ nous avons évoqué la réforme de la prestation de service unique (PSU). Il n’est donc pas opportun de ponctionner la branche famille.
    Enfin, mesdames les ministres, des décisions ont été prises par l’Assemblée dans le cadre de l’examen du PLF. Ainsi, l’assujettissement des ALD à l’impôt sur le revenu a été supprimé. Si cet assujettissement était définitivement supprimé à la fin de la navette, il faudrait modifier l’article de tuyauterie. J’émets donc un avis défavorable sur ces amendements de suppression, rejetés en commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je rappelle que quand la sécurité sociale a été créée, il n’y avait qu’une seule caisse, précisément parce qu’à l’époque on pensait que tous les risques étaient liés les uns aux autres. Il y avait donc une universalité : on prélevait les ressources sur les salaires et on les partageait entre les risques. En 2024, une nouvelle branche a été créée et heureusement que des transferts entre branches ont été possibles ! On a considéré alors que le risque lié à la perte d’autonomie et à la dépendance était un nouveau risque à financer.
    Monsieur Michoux, ce que vous dites est grave : cet article n’engendre absolument pas un abus de bien social ! Les branches ne sont pas des entreprises, elles n’ont pas d’actionnaires. Nous, Français, sommes tous les actionnaires du système : au sens des responsables, des financeurs et des bénéficiaires. (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.)
    J’espère que vous allez partager mon raisonnement, monsieur le député. Quand la masse salariale augmente de 2,3 % par an –⁠ ce qui est le cas en 2025 –, les ressources de la branche famille, qui sont des cotisations, augmentent mécaniquement de 2,3 % par an. La natalité est passée de 824 000 naissances en 2010 à 663 000 naissances en 2024, ce qui a créé un excédent. En 2023, cet excédent a donné lieu à une convention d’objectifs et de gestion (COG) permettant de le mettre au service des familles. Mais même avec une COG qui augmente de 7 % les moyens dédiés aux familles –⁠ je dis bien 7 % ! –, alors que la natalité baisse –⁠ vous le voyez, nous ne sommes pas en train de faire des économies sur la famille – et que nous avons créé le congé de naissance, il reste un excédent estimé à 2,4 milliards en 2029. Nous avons la responsabilité collective de faire quelque chose de cet excédent –⁠ nous n’allons pas le mettre de côté pour en faire de l’épargne !
    En 2025, les recettes de la sécurité sociale s’élèvent à 666 milliards. Les transferts que nous vous proposons ont pour but de faire bénéficier l’assurance maladie de 1,6 milliard supplémentaire et la branche vieillesse de 3,9 milliards supplémentaires. Dans le même temps, nous préservons l’excédent de la branche famille et nous continuons de financer le risque lié à la perte d’autonomie.
    Madame Mélin, je sais que vous avez demandé une commission d’enquête sur les comptes de la sécurité sociale. J’imagine que vous allez vous plonger dans tous ces éléments et je me réjouis que nous passions ainsi d’un monde où règne le complot à un monde où la complexité du système, qui est grande, est établie ! Cette complexité, mesdames et messieurs les députés, ne dissimule rien aux yeux des Français. Elle découle du fait que les ressources de la sécurité sociale incluent à la fois de la fiscalité –⁠ la TVA transférée, mais aussi la CSG, qui aujourd’hui finance 100 % de la branche autonomie – et des cotisations –⁠ dont certaines font l’objet d’exonérations. Il est très précieux que vous fassiez la lumière sur ce sujet et que vous rompiez avec ce discours qui vise à nous faire croire que les branches sont des entreprises autonomes et qu’elles ont des actionnaires !
    Au total, je ne sais pas si ces transferts relèvent de la bonne gestion, comme certains l’ont affirmé, mais ils visent à affecter les 666 milliards de ressources là où nous en avons besoin en 2026. Mme la ministre Rist pourrait revenir sur l’historique de la sécurité sociale, qu’elle connaît très bien. Le principe de transferts entre les branches est à l’origine même de la sécurité sociale ; il a fait sa force et a permis de faire face aux crises ; il nous a permis de nous adapter, depuis quatre-vingts ans, à un monde qui a changé, mais dans lequel la sécurité sociale, elle, est toujours là ! Avis très défavorable sur ces amendements de suppression.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Il y a cent ans, on définissait la démocratie comme un régime rassemblant des citoyens éclairés et responsables, mais vous êtes tous en train d’embrouiller nos compatriotes ! M. Michoux a parlé d’abus de bien social, mais quel est notre guide ici ? Quel est l’indicateur auquel nous nous sommes référés constamment ? C’est l’Acoss, un établissement public unique qui regroupe les flux financiers des différentes branches de la sécurité sociale. Il n’y a pas un emprunt spécifique pour les familles. Peut-être que la branche famille devrait placer de l’argent sur les marchés, tant que nous y sommes ! Vos propos sont absurdes et dangereux ; ils empêchent les citoyens de comprendre la complexité du système.
    Madame Leboucher, vous avez parlé d’une ponction opérée par l’État sur les services sociaux !

    Une députée du groupe LFI-NFP

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    C’était Mme Amiot !

    M. Frédéric Petit

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    Mais tout le monde sait bien qu’à la fin des fins c’est le contribuable qui finance le système ! Non seulement vos propos sont absurdes et contraires à ce que la gauche a toujours raconté, mais en plus ils embrouillent nos citoyens. Faites attention !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    J’ajoute un autre argument contre l’article 12 : il vise aussi à intégrer le fonds de solidarité vieillesse (FSV) au sein de la Cnav, ce qui conduirait à mettre sous tutelle un organisme en charge de la solidarité nationale. On sait très bien qu’une partie des fonds vont ainsi être détournés !
    Je suis plus que surpris par les propos de Mme la ministre de l’action et des comptes publics sur l’histoire de la sécurité sociale. Depuis 1946 et les communistes, il n’y a pas eu grand monde pour applaudir la caisse unique à taux unique. Pourquoi une telle caisse n’a pas été créée en 1946 ? Parce qu’une alliance a été nouée entre une partie de la bourgeoisie française et des résidus de Vichy qui voulaient créer différentes caisses pour les mettre en concurrence les unes avec les autres !

    M. Frédéric Petit

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    C’est faux !

    M. Hadrien Clouet

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    Non ce n’est pas faux ! Je vais vous expliquer. En 1946, il y avait deux types de caisses : dans les caisses primaires de sécurité sociale, trois quarts des sièges revenaient aux salariés et un quart aux patrons, mais dans les caisses d’allocations familiales, c’était moitié-moitié.

    M. Frédéric Petit

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    Parce qu’elles n’ont pas voulu !

    M. Hadrien Clouet

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    Ces différentes caisses ont été créées pour mettre en concurrence le paritarisme strict avec la gestion ouvrière ; cela permettait de disperser le pouvoir de la classe ouvrière qui s’organisait à cette époque-là pour reprendre le contrôle de la valeur ajoutée. C’est cela l’enjeu des caisses ! Quant à nous, nous défendons la caisse unique : la caisse du pouvoir ouvrier ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    L’Assemblée doit être bien éclairée avant de voter ces amendements de suppression. L’article 12 ne fusionne pas le FSV avec la Cnav puisque cette mesure a déjà été adoptée dans le PLFSS pour 2025. Il prévoit juste une disposition de coordination –⁠ de tuyauterie.

    Un député du groupe DR

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    Eh oui !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Le FSV emploie 2,5 équivalents temps plein (ETP) et son fonctionnement est marqué par des redondances. L’évolution proposée permet une simplification sans rien enlever aux droits des assurés sociaux.

    M. Philippe Vigier

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 943, 1653 et 1910.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        255
            Nombre de suffrages exprimés                255
            Majorité absolue                        128
                    Pour l’adoption                118
                    Contre                137

    (Les amendements identiques nos 943, 1653 et 1910 ne sont pas adoptés.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 2287.

    M. Hadrien Clouet

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    Il concerne le lien entre cotisation et fiscalisation et vise à rétablir les cotisations d’assurance chômage. Leur suppression par la Macronie a été à l’origine d’un mouvement d’étatisation des régimes d’assurances chômage. Nous pourrions d’ailleurs débattre du fait que l’assurance chômage n’a pas été intégrée à la sécurité sociale. Elle figurait pourtant dans les premiers projets du CNR –⁠ les jours heureux ! En 1946, à la Libération, on n’a pas créé d’assurance chômage en France ; on a attendu 1958 et le coup d’État gaulliste pour le faire !
    L’amendement vise à rendre aux salariés un pouvoir sur les caisses d’assurance chômage en rétablissant une cotisation salariale à l’assurance chômage comme moyen d’exprimer le caractère collectif de la gestion et de la gouvernance d’une caisse. Passer uniquement par la CSG ou par des logiques de fiscalisation, c’est donner à l’État un droit de contrôle et un pouvoir excessifs sur les caisses d’assurance chômage.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Avis défavorable. L’amendement a été rejeté par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Défavorable également. Depuis 2019, les salariés ne versent plus de contribution d’assurance chômage ; c’est donc bien la CSG qui finance l’Unedic. La suppression de la part salariale de la cotisation a permis l’augmentation du salaire net. Nous avons débattu pendant des heures de la manière de rapprocher le salaire brut du salaire net. Je rappelle que c’était l’une des réformes du début du quinquennat 2017-2022. Nous avions élargi le financement de l’assurance chômage à tous les revenus, par le biais notamment de la CSG.
    J’entends vos arguments, mais dans le monde d’aujourd’hui la mesure que vous proposez ne changerait rien. Elle revient sur une mesure qui a permis un gain de pouvoir d’achat et ferait l’inverse de ce pourquoi beaucoup d’entre vous se sont mobilisés, à savoir augmenter le salaire net et rapprocher le salaire brut du salaire net.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous, madame la ministre. Je pense que cet amendement, si nous l’adoptions, changerait beaucoup de choses !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Bien sûr !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il priverait l’Unedic de ressources importantes : 17 milliards. Je ne pense pas que cela soit l’intention de ses auteurs. Retrait ou défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    L’amendement de M. Clouet est intéressant sur le principe. Même si je n’en soutiens pas la finalité, il pose la question des modalités de financement de la protection sociale. Toutefois, je ne crois pas que nous puissions engager une telle réforme au détour de l’article 12. Le financement de la protection sociale sera, je l’espère, un des grands rendez-vous des élections présidentielles et législatives de 2027, au même titre que les retraites et la programmation en santé. La question sociale, le travail, le modèle social et la protection sociale seront au cœur du débat de ce rendez-vous démocratique. Nous avons besoin de préparer intelligemment ce débat, car ces sujets sont complexes.
    Une question importante concerne le degré de mobilisation de la fiscalité sur les revenus du capital au service du financement de la protection sociale, à un moment où la substitution du capital au travail existe. L’extension du financement de l’assurance chômage à la CSG a permis de mobiliser des revenus du capital pour la financer. Ce n’est donc pas une idée que je passe par-dessus bord comme cela.

    (L’amendement no 2287 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Les amendements nos 2358, 2359 et 2360 de M. Thibault Bazin, rapporteur général sont rédactionnels.

    (Les amendements nos 2358, 2359 et 2360, acceptés par le gouvernement, sont successivement adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements, nos 1025 et 1026, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à Mme Zahia Hamdane, pour soutenir l’amendement no 1025.

    Mme Zahia Hamdane

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    Par cet amendement, nous demandons le rétablissement de l’autonomie du fonds de solidarité vieillesse, que le gouvernement a choisi de fusionner avec la Cnav dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Une décision imposée, rappelons-le, sans vote, par le 49.3, ce que vous avez oublié de préciser, monsieur le rapporteur.
    Le fonds de solidarité vieillesse est un pilier de la solidarité nationale. Il finance le minimum vieillesse, la validation de trimestres pour le chômage, la maladie ou la maternité : en un mot, il protège les retraités les plus modestes. En l’intégrant à la Cnav, le gouvernement met la main sur 1,5 milliard d’excédent au détriment de cette solidarité. Cette somme aurait pu revaloriser l’Aspa –⁠ allocation de solidarité aux personnes âgées – ou, mieux, compenser les carrières incomplètes. Ce montant représente moins d’un quart de point de cotisations vieillesse. On pouvait trouver d’autres moyens sans sacrifier les plus fragiles. La sécurité sociale n’est pas un budget à équilibrer, c’est une promesse de dignité, que nous défendons avec cet amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 1026 de M. Damien Maudet est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Je ne sais pas comment vous expliquez aux citoyens, lors de vos réunions publiques, toute la complexité du système. Vous venez de dire que le gouvernement « met la main » sur un montant. Non ! Par l’opération que vous évoquez, le gouvernement affecte un montant aux organismes de sécurité sociale. Ceux-ci ne sont pas gérés par l’État. Les 660 milliards de budget de la sécurité sociale ne sont pas gérés par l’État : nous ne faisons que compléter ce budget. (Mme Annie Vidal et M. Philippe Vigier applaudissent.) Vos électeurs ne peuvent rien comprendre ! C’est complètement absurde.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Depuis que les lois de financement de la sécurité sociale existent, on ne peut plus dire que les régimes de sécurité sociale sont autonomes. Que sommes-nous en train de voter ? Au cas où vous n’auriez pas suivi, depuis cinq jours, nous votons des cotisations et des affectations –⁠ et à moins que vous ne soyez arrivés il y a dix minutes, vous le savez aussi bien que moi ! (Exclamations sur les bancs des groupes EPR et Dem.) Arrêtez donc de faire des sophismes !
    On peut discuter de la nature des affectations, on peut ne pas être d’accord –⁠ aucun problème, c’est le débat politique. En revanche, ne dites pas qu’on va réunir le conseil d’administration de la Cnav qui va voter pour lever des cotisations, car c’est faux ! Est-ce que vous allez donner à ce conseil le droit de lever des cotisations ? Non, c’est faux ! Le débat se calme tout de suite quand je dis ça, ce qui montre bien que mon argument a fait mouche. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP)
    Les conseils d’administration ne sont pas autonomes et c’est un sujet de débat. Je fais partie de celles et ceux qui souhaitent le rétablissement de l’autonomie de ces conseils. Vous n’êtes pas d’accord et vous voulez étatiser, aucun souci, mais il faut poser le débat correctement et clairement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    (Les amendements nos 1025 et 1026, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Les amendements nos 2361 et 2362 de M. le rapporteur général sont rédactionnels.

    (Les amendements nos 2361 et 2362, acceptés par le gouvernement, sont successivement adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 436.

    M. Yannick Monnet

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    Madame la ministre, ce qui a fait la force de la sécurité sociale, ce ne sont pas les cotisations sur les salaires, mais celles sur la valeur ajoutée. On a déjà eu ce débat plusieurs fois dans l’hémicycle.
    Avec la contribution tarifaire d’acheminement (CTA), vous faites payer aux consommateurs, sur leurs factures d’électricité, l’alimentation de la sécurité sociale. Cela fait cinq ans qu’on prélève trop et que, le sachant, vous vous servez en récupérant les excédents. Et puisque ce sont les consommateurs d’électricité et de gaz qui payent les excédents que vous transférez, cela revient à instaurer une taxe sur l’électricité pour alimenter une caisse de retraite. Si on divisait par deux le prélèvement au titre de la CTA, les factures diminueraient de 1 à 2 %. Nous proposons donc de supprimer le transfert totalement injuste de la CTA vers la Cnav.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je me suis exprimé sur ce point dans le cadre de mon propos liminaire. Pour que tout le monde comprenne, votre amendement ne propose pas une baisse de la CTA. Il vise simplement à éviter de basculer les excédents sur la Cnav.
    Je comprends l’esprit de votre proposition, mais je ne peux qu’émettre un avis défavorable à cet amendement, qui a été rejeté en commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    La copie du gouvernement prévoit de prélever de l’argent sur la Caisse nationale des industries électriques et gazières. Je me demande comment M. Petit va expliquer à ses électeurs que les caisses sont autonomes, mais que nous pouvons voter pour les prélever. Allez donc les voir en leur disant : « Les caisses sont autonomes, mais elles ont décidé de nous laisser prendre leur argent ». C’est ridicule !
    C’est un exemple de la reprise en main de l’argent des différents régimes de protection sociale, quels qu’ils soient. Ils ne sont autonomes ni pour lever des cotisations ni pour décider de leur attribution. Posons donc le débat correctement.
    Le groupe de la France insoumise n’est pas d’accord avec cette ponction. Selon nous, les fonds seraient mieux utilisés si leur affectation était laissée à l’appréciation notamment d’élus des assurés, c’est-à-dire des travailleuses et des travailleurs. Nous voterons donc pour l’amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Si je comprends bien votre logique, vous commencez par dire qu’on pourrait réduire la CTA afin de faire baisser les factures d’électricité, car la Cnieg dispose d’un excédent de 900 millions. Le problème, c’est qu’en procédant de la sorte vous creusez un trou supplémentaire de 900 millions dans la sécu, et qu’il faudrait trouver une solution pour financer cette perte. On peut jouer ainsi au bonneteau toute la journée !
    Les caisses sont financées par des cotisations. Certaines sont déficitaires, comme la CNRACL –⁠ Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales – alors que d’autres sont excédentaires, comme la Cnieg. Dans ce cas, on affecte l’excédent à d’autres retraités.

    M. Yannick Monnet

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    On pourrait aussi provisionner !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous ne faisons donc pas autre chose que de financer des retraites avec des cotisations retraite. Cela s’appelle la solidarité. (M. Frédéric Petit applaudit.) C’est le principe du régime par répartition : les actifs d’aujourd’hui financent les retraités d’aujourd’hui. En d’autres termes, nous mettons à profit l’équilibre démographique plus favorable de certains secteurs de l’économie et cela contribue à la cohésion nationale. Je confirme donc être défavorable à cet amendement.

    (L’amendement no 436 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 1205 rectifié de M. Jorys Bovet est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    La commission ne l’a pas examiné. À titre personnel, j’y suis défavorable.

    (L’amendement no 1205 rectifié, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 2363 de M. le rapporteur général est rédactionnel.
    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    Puisque nous arrivons au moment du vote sur l’article 12, je voudrais interpeller à nouveau Mme la ministre sur un sujet que j’avais abordé lors de la discussion générale.
    Nous sommes attachés à l’autonomie de la sécurité sociale. La Cour des comptes, dans sa note sur la situation financière de la sécurité sociale publiée il y a quelques jours, rappelle les effets délétères de la sous-compensation des allégements généraux, notamment par la TVA. Le rythme n’est en effet pas le même : la non-compensation des allégements généraux par la TVA est de 5,5 milliards par an et celle de l’exonération des cotisations sur les heures supplémentaires est de 2,2 milliards.
    Je sais que vous raisonnez toutes administrations publiques (APU) confondues, mais ces presque 8 milliards que l’État ne compense pas dans le budget de la sécurité sociale représentent quasiment la moitié du déficit. Que pouvez-vous nous dire de cette sous-compensation ? Le rapporteur général a, à juste titre, beaucoup insisté sur ce point dans son avis. Ne pourrait-on pas se dire : « L’État peut utiliser la sécurité sociale pour ses politiques publiques, de l’emploi ou autres, mais il doit au moins compenser pour que la sécu ne se retrouve pas optiquement dans un déficit qui ne correspond pas à la réalité » ?

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Cette question est très importante, car elle touche à la soutenabilité financière. Ce que je peux vous dire, monsieur le député, c’est qu’à la fin des débats, en fonction de ce qui aura été voté par le Parlement à l’issue, éventuellement, d’une seconde lecture et d’une CMP–⁠ commission mixte paritaire –, le gouvernement prendra des décisions de fin de discussion pour garantir que la sécurité sociale sera bien financée. Autrement dit, nous devons absolument nous assurer que nous ne manquons pas de trésorerie pour financer les politiques publiques essentielles. Cela ne signifie pas, comme le disent certains députés, que nous faisons des tours de passe-passe et que nous réduisons le déficit de la nation.
    En effet, vous le savez, la sécurité sociale se finance à court terme. La maturité moyenne de son financement est de soixante-dix jours, alors que celle de la dette publique de l’État est d’environ sept ans. Ce ne sont donc pas du tout les mêmes conditions de financement, car les risques financiers sont différents. La sécurité sociale n’a pas été conçue ni organisée pour se financer par la dette. Son financement à soixante-dix jours est un financement de trésorerie pour équilibrer les cotisations et les dépenses au mois le mois.
    Le gouvernement veille à ne pas mettre en péril la sécurité sociale, mais il ne peut se contenter de la remettre dans un équilibre apparent alors qu’en réalité, son fonctionnement même n’est pas équilibré. J’ai à cœur d’avoir devant vous est une parole de responsabilité, mais la question que vous soulevez ne pourra être traitée qu’à la fin des débats. C’est pour cela que nous devons examiner la partie dépenses du projet de loi de financement, faute de quoi, notre vision ne pourra être que partielle, voire paradoxale. Le système ne se limite pas à lever l’impôt, il finance également des politiques publiques et nos débats porteront sur ce que nous devons et ne devons pas financer.

    Mme la présidente

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    Sur l’article 12, je suis saisie par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Puisque nous disposons d’un peu de temps avant le vote, je vais donner la parole à M. Éric Michoux.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Votons tout de suite !

    M. Éric Michoux

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    Madame la ministre, je pense que votre raisonnement est erroné, car vous réfléchissez en termes de flux destinés à alimenter des choses qui ne fonctionnent pas. Pour ma part, je considère qu’il faut d’abord résoudre les problèmes constatés, notamment celui de la CAF –⁠ caisse d’allocations familiales. Ainsi, pour la deuxième année consécutive, la Cour des comptes a refusé de certifier les comptes de la CAF, en raison d’une gestion qui la conduit à afficher une perte de 6,3 milliards fin 2024. Dans le privé, le directeur de n’importe quelle entreprise dans cette situation aurait été sorti depuis longtemps (Exclamations sur les bancs du groupe SOC), mais cela fait trois ans que la situation dure, et nous en sommes aujourd’hui à 18 milliards de pertes cumulées !
    Arrêtez donc de vouloir alimenter un système qui ne marche pas par les flux provenant d’un système qui marche, et pensez plutôt à régler les problèmes ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    M. Hadrien Clouet

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    J’en profite pour expliquer notre vote.
    Je ne suis pas convaincu par les explications fournies sur l’intégration du FSV, qui est le fonds en charge des régimes non contributifs à la Cnav. Le FSV étant une unité très légère –⁠ il ne compte même pas 3 ETP –, le rapport de force en cas d’intégration risque de lui être défavorable. Le risque d’une mutualisation des moyens est donc important et on peut craindre de voir la séparation entre les deux caisses devenir poreuse avec, à terme, un usage des fonds du FSV qui ne soit pas destiné au non-contributif.
    Mme la ministre a ouvert un débat très intéressant, mais nous n’aurons pas le temps de le mener à son terme maintenant. La question est de savoir par exemple comme utiliser les fonds dans un régime de caisses autonomes.
    Cela nécessiterait plusieurs heures de débat supplémentaires, mais je me bornerai à dire qu’il existe deux manières d’y répondre. Comment a-t-on procédé, par le passé, pour concrétiser les projets de caisse unique ? Soit le régime est équilibré sur le long terme par des provisions qui compensent les exercices déficitaires, soit des prêts à taux zéro sont consentis entre les caisses autonomes. Ces deux logiques ont coexisté.

    (L’amendement no 2363 est adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 12, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        267
            Nombre de suffrages exprimés                266
            Majorité absolue                        134
                    Pour l’adoption                147
                    Contre                119

    (L’article 12, amendé, est adopté.)

    Après l’article 12

    Mme la présidente

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    Nous en arrivons aux amendements portant article additionnel après l’article 12.
    Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 14, 417, 442, 456, 960 et 490, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 14, 417, 442, 456 et 960 sont identiques.
    La parole est à M. Pierre Cordier, pour soutenir l’amendement no 14.

    M. Pierre Cordier

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    Les conseils départementaux éprouvent des difficultés pour financer la prestation de compensation du handicap (PCH) ainsi que la charge de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) relative à la branche autonomie. Ces difficultés sont dues à la hausse du nombre des personnes bénéficiaires de ces deux prestations.
    C’est pourquoi nous proposons qu’une partie du supplément de CSG dévolue à la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) soit transférée aux conseils départementaux.
    Comme vous le savez, la loi du 13 août 2004 a confié le versement de ces deux prestations aux départements. Petit à petit, la charge s’alourdit. Les nombreux conseillers départementaux qui siègent dans cet hémicycle considèrent qu’il serait juste d’équilibrer le partage des dépenses.

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos 14, 417, 442, 456 et 960, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement no 417 de M. Vincent Descoeur est défendu.
    La parole est à M. Thierry Benoit, pour soutenir l’amendement no 442.

    M. Thierry Benoit

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    Déposé par Agnès Firmin Le Bodo, cet amendement, identique aux précédents, appelle l’attention de l’Assemblée nationale et du gouvernement sur la charge qui pèse sur les départements.
    Depuis 2004, des charges relatives au versement de prestations sociales –⁠ telles que l’APA, la PCH et le RSA – leur ont été transférées. Or chacun constate aujourd’hui un effet de ciseaux : la revalorisation de certaines prestations n’est pas compensée par une augmentation équivalente des contributions de l’État, contrairement à l’engagement pris il y a vingt ans.
    Cette situation pose d’ailleurs la question de l’avenir des départements, dont les dépenses d’action sociale représentent désormais 75 % du budget de fonctionnement. Peu à peu, ils ont été transformés en opérateurs de l’État chargés de verser des prestations. Il faudra bien, un jour, se demander si ces prestations ne gagneraient pas à être directement gérées par de tels opérateurs. Se posera alors la question du rôle du conseiller territorial et, plus largement, de la pertinence d’une fusion entre régions et départements.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 456 de M. Yannick Monnet est défendu.
    L’amendement no 960 de M. Vincent Rolland est défendu.
    La parole est à Mme Sandrine Runel, pour soutenir l’amendement no 490.

    Mme Sandrine Runel

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    Je défends l’amendement de notre collègue Santiago, très engagée sur les questions relatives à la protection de l’enfance, et qui a rendu, au printemps dernier, un rapport accablant sur le sujet.
    Les dépenses pour la protection de l’enfance représentent 11 milliards d’euros dans le budget des départements. Sur ces 11 milliards, destinés à accompagner des jeunes et des enfants qui souffrent et sont parfois maltraités, seuls 3 % sont compensés par l’État.
    Cet amendement vise donc à affecter une part de la CSG aux départements, afin de leur donner les moyens d’accompagner et de prendre en charge ces enfants. Nous demandons que les départements disposent des ressources nécessaires à l’exercice de leur mission et qu’ils ne renoncent pas à l’accompagnement de nos enfants. C’est l’avenir qui se joue ici. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur cette série d’amendements ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Comme vous, je suis très attaché aux départements et je mesure leurs difficultés financières.

    M. Pierre Cordier

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    M. Bazin est conseiller départemental !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    En effet, des compétences leur ont été transférées sans qu’on leur donne les moyens nécessaires pour les assumer, et alors qu’ils ont perdu l’essentiel, voire la totalité, de leur autonomie financière. Le RSA et les prestations relatives à l’aide sociale à l’enfance ne relèvent pas du budget de la sécurité sociale. Néanmoins, j’entends votre alerte, qui est légitime, et je ne doute pas que le gouvernement y sera également sensible : les départements doivent disposer des moyens nécessaires pour accomplir les missions qui leur ont été transférées.
    Thierry Benoit a évoqué l’APA, créée en 2002, et la PCH, créée en 2006. S’agissant de ces missions d’accompagnement des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, un dialogue doit s’instaurer entre l’État et les départements pour faire face au défi du vieillissement de la population.
    Dans cette série d’amendements, les amendements identiques sont très différents du dernier, présenté par Mme Runel. Les premiers proposent en effet l’affectation aux départements d’une partie du supplément de CSG dévolu actuellement à la CNSA pour le financement de l’APA et de la PCH. L’amendement no 490 vise quant à lui à affecter une partie de la CSG aux départements pour le financement de l’aide sociale à l’enfance.
    Est-il judicieux de transférer des recettes de la sécurité sociale à d’autres administrations publiques ? Au vu de l’état de la sécurité sociale, je ne le crois pas. La CNSA, excédentaire l’an dernier, ne l’est plus ; son déficit est même estimé à 1,7 milliard d’euros à l’horizon de 2029. Ne soyons pas hypocrites : en aggravant le déficit de la CNSA, on l’empêchera, par ricochet, de soutenir les départements dans leurs missions d’accompagnement des personnes. Ne donnons pas l’illusion d’aider les départements en ponctionnant les ressources de la CNSA : celle-ci ne pourrait alors plus les aider. Dans ces jeux de tuyauterie budgétaire, ils seraient les premiers perdants.
    J’ai pu moi-même mesurer l’engagement de Mme Santiago, rappelé très justement par Mme Runel, sur la protection de l’enfance. Elle était d’ailleurs membre de la commission d’enquête sur le modèle économique des crèches et sur la qualité de l’accueil des jeunes enfants au sein de leurs établissements, et continue de travailler sur le sujet. Avec cet amendement, elle propose de ponctionner au profit des départements une part de CSG affectée à la branche famille.
    Or, à la suite de la publication du rapport que j’ai réalisé avec notre collègue Céline Thiébault-Martinez, et de mes échanges avec Louis Boyard, notamment au sujet de la réforme tant attendue de la prestation de service unique (PSU), je suis convaincu qu’il ne faut pas ponctionner la branche famille. Nous avons en effet de nombreux défis à relever.
    Néanmoins, vos propos étaient très justes, madame Runel : vous avez tenu à lancer un appel pour que l’État accompagne mieux les départements. Vous avez raison, mais cet accompagnement ne doit pas se faire au détriment de la sécurité sociale. Ce n’est pas à elle de pallier les carences d’accompagnement.
    Le grand rendez-vous qui nous attend aura lieu lors de l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances, en particulier du programme 304, Inclusion sociale et protection des personnes, au sein de la mission Solidarité, insertion et égalité des chances. Pour toutes ces raisons, je vous invite à retirer vos amendements, afin de ne pas porter préjudice à la sécurité sociale, mais à mener ensemble le combat pour nos collectivités locales –⁠ auxquelles nous sommes attachés – dans le cadre du PLF. Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.

    M. Pierre Cordier

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    Il ne s’agit pas de porter préjudice, mais que les départements puissent financer les missions qu’on leur a confiées !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Les taux de compensation des départements par les concours de la CNSA sont en hausse depuis 2020 : de 43 % en moyenne pour l’APA et la PCH –⁠ ce chiffre est même de 49 % pour la seule APA.
    En 2025, la réforme ambitieuse de fusion des sections a été engagée dans vingt-trois départements. Son objectif est de soutenir la poursuite du virage domiciliaire et l’accompagnement de la perte d’autonomie. Pour l’année 2026, 300 millions d’euros supplémentaires sont inscrits pour l’APA et la PCH par rapport aux trajectoires antérieures. Nous y ajoutons 85 millions versés par la CNSA au titre du concours Ségur, pour aider les départements à compenser le Ségur dans le secteur associatif, ainsi qu’au moins 75 millions versés pour améliorer la mobilité des aides à domicile.
    Je vous rejoins sur le fait que des discussions et des négociations restent à conduire avec les départements pour construire des solutions pérennes. Mais les amendements que vous proposez dégraderaient la situation financière de la branche autonomie, c’est pourquoi je n’y suis pas favorable.
    Investir dans l’aide sociale à l’enfance est un investissement humain et social, mais surtout un devoir républicain qui accompagne 400 000 enfants. Je n’ignore rien des difficultés de notre système de protection de l’enfance, malgré un investissement croissant des départements de plus de 10 milliards pour faire face à l’augmentation de 50 % des mesures nécessaires à l’aide sociale.

    M. Jean-Yves Bony

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    Les départements sont à l’agonie !

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Le rapport réalisé par Mme Santiago a d’ailleurs préconisé de nombreuses mesures, dont certaines sont déjà engagées, en particulier la réforme du taux d’encadrement des pouponnières, que ma prédécesseure, Catherine Vautrin, a lancée cet été, et dont les crédits sont inscrits dans le PLF pour l’année 2026, à hauteur de 55 millions. J’ai également généralisé, pour l’année 2026, les parcours de soins coordonnés, afin d’améliorer la santé des enfants. Là encore, l’amendement proposé dégraderait les comptes de la sécurité sociale. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    Nous évoquons depuis longtemps la question de la répartition des responsabilités entre les départements et l’État, qu’il s’agisse de l’aide sociale à l’enfance, du handicap, ou de l’accompagnement de nos aînés, sans parler des mineurs non accompagnés. Les départements n’arrivent plus à suivre.
    J’appelle à une saine et véritable clarification des responsabilités, de manière à définir les mêmes critères d’appréciation sur tout le territoire. Je n’évoque même pas la possibilité de récupérer l’APA sur succession, qui se pratique dans certains départements et pas dans d’autres.
    On ne peut se contenter d’un nouveau colmatage ou d’un bricolage de plus. Il est urgent, au vu des énormes difficultés financières de nos départements, de refonder définitivement la prise en charge de nos aînés, du handicap et de l’aide sociale à l’enfance.

    Une députée du groupe LFI-NFP

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    Il a raison !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot.

    Mme Ségolène Amiot

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    Nous ne voterons pas en faveur de ces amendements, pour une raison simple : l’aide sociale à l’enfance est en grande difficulté, et l’État doit enfin s’y atteler.

    M. Pierre Cordier

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    Il n’y a pas que l’enfance ! Et le handicap, alors ?

    Mme Ségolène Amiot

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    Nous souhaitons en particulier la création d’un ministère de la petite enfance et de l’enfance, afin de prendre enfin ce sujet à bras-le-corps. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe SOC.)
    Ce n’est pas à la sécurité sociale de remédier aux manquements et aux dysfonctionnements de l’État, qui est totalement défaillant en la matière. (Mme Sandrine Rousseau applaudit.) Les départements sont exsangues et n’ont pas les moyens d’engager une protection de l’enfance efficace. C’est à l’État de prendre ses responsabilités. Or, sous la présidence d’Emmanuel Macron, aucun gouvernement n’a assumé ses responsabilités en matière de protection de l’enfance. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 14, 417, 442, 456 et 960.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        261
            Nombre de suffrages exprimés                254
            Majorité absolue                        128
                    Pour l’adoption                145
                    Contre                109

    (Les amendements identiques nos 14, 417, 442, 456 et 960 sont adoptés ; en conséquence, l’amendement no 490 tombe.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Votre assemblée est souveraine, et je prends acte de votre vote. Néanmoins, je tiens à vous en préciser les conséquences : 1,4 milliard en moins pour la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, 1,4 milliard en plus pour les départements. Il s’agit en réalité d’un jeu à somme nulle : la Caisse ne réalise aucun bénéfice et redistribue l’ensemble de ses ressources en fonction des objectifs de politique publique fixés par son conseil d’administration.
    Par ailleurs, je rappelle que le gouvernement a engagé une réforme de fond pour apporter davantage de clarté au financement de la dépendance par les départements. L’objectif est que ces financements soient davantage corrélés à la population à couvrir et qu’un forfait de charge soit établi, puis multiplié par le nombre de bénéficiaires. Ainsi, les enjeux de compensation deviendront plus transparents et plus lisibles.
    Bien sûr, vous êtes souverains, mais il y a une forme de facilité à vouloir régler le problème du financement des dépenses d’autonomie des départements en leur transférant de l’argent pris chez ceux qui financent déjà les mêmes dépenses. De mon point de vue, cette mesure, si elle était appliquée, créerait d’immenses difficultés. Dorénavant, je vous exposerai plus clairement les conséquences effectives des votes.
    Si l’argent manque, le problème ne saurait être résolu par un simple transfert. Il doit l’être par un débat au sujet du financement. L’adoption de ces amendements ne donnera pas plus de moyens aux départements ni à la prise en charge de la dépendance ; l’argent sera simplement réparti différemment. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de neuf amendements, nos 432, 1630, 1835, 418, 445, 501, 1500, 1628 et 1828, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 432 et 1630 sont identiques, de même que les amendements nos 418, 445, 501 et 1500.
    La parole est à M. Laurent Mazaury, pour soutenir l’amendement no 432.

    M. Laurent Mazaury

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    Aux arguments de Mme la ministre, je réponds que les transferts d’argent sont néanmoins importants car, au-delà du symbole, il faut tenir compte de la réalité du fonctionnement des départements.
    Dans la droite ligne des précédents, l’amendement vise à diminuer la fraction de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) affectée à la Cnaf, qui passerait de 13,3 % à 5,3 %, pour augmenter d’environ 700 millions d’euros la fraction affectée aux départements. Mme la ministre ne pourra pas me reprocher de ne pas donner de chiffres ! Il s’agit de donner aux départements davantage de marge de manœuvre pour soutenir les Sdis, qui reposent à 60 % sur les ressources départementales. Cela ne fragiliserait pas la Cnaf, qui est structurellement excédentaire et présente un solde positif de 0,7 milliard d’euros. Je précise que l’amendement est le fruit du travail de Charles de Courson, que j’ai l’honneur de représenter aujourd’hui.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Loir, pour soutenir l’amendement no 1630.

    Mme Christine Loir

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    Nous refusons les transferts entre caisses sans logique ni transparence. Lors de l’examen du projet de loi de finances (PLF) pour 2026 en commission, la gauche a proposé d’augmenter la TSCA, une augmentation dont le coût aurait pesé sur les Français. Nous proposons au contraire de mieux répartir la taxe existante en la reversant pour partie aux départements en vue du financement des Sdis.
    Les départements financent plus de 60 % des Sdis. Nos sapeurs-pompiers volontaires ou professionnels sont en première ligne face aux catastrophes, aux inondations et aux feux. La part de la TSCA dont nous parlons est versée à la Cnaf, dont le budget est chaque année excédentaire ; pour 2026, l’excédent est estimé à 700 millions d’euros. Nous proposons donc de réaffecter cette somme aux départements pour renforcer le financement de la sécurité civile. Il s’agit d’améliorer le financement des Sdis sans augmenter une fois de plus le coût des contrats d’assurance des Français. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jocelyn Dessigny, pour soutenir l’amendement no 1835.

    M. Jocelyn Dessigny

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    Cet amendement de repli tend à réorienter vers les départements 655 millions d’euros de la fraction de TSCA versée à la Cnaf. Cette dernière percevait une part des recettes de la TSCA pour compenser l’allocation vieillesse qu’elle versait autrefois ; elle ne la verse désormais plus, mais conserve les ressources correspondantes. Tout cela est décrit dans le rapport de la mission flash que j’ai menée en 2024 sur le financement des Sdis. Il n’y a pas de raison pour que la Cnaf continue à percevoir cette part de TSCA dont les pompiers ont largement besoin : en tout, il leur faudrait 800 millions d’euros supplémentaires –⁠ les amendements rapporteraient une somme un peu inférieure – pour financer leurs besoins, notamment en matière de matériel. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos 418, 445, 501 et 1500, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 418.

    M. Vincent Descoeur

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    Il s’inscrit dans le droit fil de la discussion que nous venons d’avoir au sujet des dépenses contraintes des départements. Comme les amendements précédents, il vise à affecter une part supplémentaire de TSCA aux départements, qui assurent 60 % du financement des Sdis et dont la contribution effective est deux fois supérieure à la somme qu’ils perçoivent au titre de la TSCA. Cette mesure est indispensable pour le bon fonctionnement des Sdis : elle leur permettra de faire face aux dépenses d’investissement de plus en plus importantes, dans un contexte où ils sont de plus en plus sollicités. (Mme Justine Gruet applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anne-Cécile Violland, pour soutenir l’amendement no 445.

    Mme Anne-Cécile Violland

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    Il est identique à celui de M. Descoeur. Les Sdis sont déjà extrêmement sollicités et le seront de manière croissante en raison du réchauffement climatique et des événements paroxystiques qu’il entraîne. Il s’agit de leur affecter 200 millions supplémentaires de TSCA, ce qui n’affectera pas la Cnaf puisque, d’après le rapport 2024 de la Cour des comptes sur l’application des LFSS, la branche famille affiche un excédent de 1 milliard.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sophie Pantel, pour soutenir l’amendement no 501.

    Mme Sophie Pantel

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    Je le soutiendrai au nom de son auteur, M. Stéphane Delautrette. Dans un contexte d’augmentation des risques liée à l’évolution climatique, il est nécessaire de trouver des solutions pérennes pour financer la sécurité civile. Celle-ci doit être modernisée et équipée pour faire face aux enjeux nationaux.
    Par cet amendement, nous proposons de transférer vers les Sdis une partie de l’excédent budgétaire de la Cnaf. Néanmoins, cela ne constitue pas à nos yeux une solution pérenne. Quand nous reprendrons l’examen de la première partie du PLF pour 2026, notre groupe proposera plusieurs solutions pérennes reposant sur la taxe de séjour ou sur la TSCA, pour laquelle nous pourrions supprimer certaines exonérations ou modifier les taux. Je vous invite à ce que nous trouvions un compromis, car la mesure proposée dans le présent amendement ne fonctionnera qu’une fois et ne résoudra en rien le problème de financement des Sdis. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Lionel Vuibert, pour soutenir l’amendement no 1500.

    M. Lionel Vuibert

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    Il tend également à affecter une fraction supplémentaire de la TSCA aux départements pour soutenir nos Sdis, qui en ont bien besoin. Cette mesure sera sans incidence financière sur la branche famille, qui est en excédent budgétaire.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Loir, pour soutenir l’amendement no 1628.

    Mme Christine Loir

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    Ici encore, il n’est pas question d’augmenter le prix des contrats d’assurance des Français, comme le proposaient les socialistes, qui veulent modifier le dispositif instauré par l’article 53 de la loi de finances initiale pour 2005. Par cet amendement de repli, nous proposons d’améliorer le financement des Sdis dans l’intérêt de nos pompiers, toujours en première ligne face aux risques climatiques et technologiques. Cette mesure recommandée par les Départements de France, déjà examinée lors du PLF pour 2025, consiste à réduire de 13,3 % à 11,8 % la part de la TCSA affectée à la Cnaf, pour réaffecter 120 millions d’euros aux départements : pas de nouvel impôt, pas de charges supplémentaires, seulement une répartition plus cohérente des ressources publiques au service de nos territoires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Sur les amendements nos 1628 et 1828, je suis saisie par le groupe Rassemblement national de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Jocelyn Dessigny, pour soutenir l’amendement no 1828.

    M. Jocelyn Dessigny

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    Il vise cette fois à porter de 13,3 % à 12 % la fraction de TSCA affectée à la Cnaf, afin d’en réaffecter 1,3 % aux départements. Nos pompiers ont besoin de matériel supplémentaire et ce besoin ne fera que croître. Je rappelle que la Cnaf est un organisme d’État et que son budget n’a donc pas vocation à être excédentaire. Nous cherchons simplement à réaffecter cet excédent qui n’a pas lieu d’être et dont nos pompiers ont besoin. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous sommes très attachés aux services départementaux d’incendie et de secours, qui sont financés par les départements et par les collectivités locales. Une part très importante de la TSCA leur est affectée –⁠ 85 % des recettes de cette taxe vont directement aux départements. Les 15 % restants allaient à la branche famille et à la branche autonomie de la sécurité sociale, mais ce n’est plus le cas, puisque l’article 12 qui vient d’être voté prévoit de les orienter vers les branches retraite et autonomie. Vous êtes persuadés de réaffecter l’excédent de la branche famille mais, en réalité, vos amendements conduiraient à ponctionner la branche retraite. Il faut en avoir conscience. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem. –⁠ M. Michel Lauzzana applaudit également.)

    M. Philippe Vigier

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    Très bien ! Il a raison !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    En commission, j’ai dit à M. de Courson que l’amendement no 432 coûterait 1 milliard d’euros à la branche retraite, qui finance le régime de retraite de base. La suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) votée hier, principalement par le Rassemblement national, ôtera 5,4 milliards à cette branche. Nous n’avons pas encore examiné l’article 44, mais je pressens qu’il sera supprimé, ce qui représenterait un coût supplémentaire de 2,4 milliards d’euros. Si l’article 45  bis, relatif à la suspension de l’application de la réforme des retraites, est voté après l’adoption d’un amendement gouvernemental très attendu, il ne coûtera pas, comme annoncé, 100 millions à la branche retraite, mais plus du double. Tous ces coûts additionnés auront pour effet de déséquilibrer massivement le régime de retraite, et ce sont les retraités qui en paieront les frais.
    Moi aussi, je souhaite donner des moyens aux Sdis, mais pas en fragilisant les retraités. (Mme Sandrine Rousseau s’exclame.) Or c’est le résultat qu’auraient vos amendements. Ils ne transféreraient pas aux départements l’excédent de la branche famille, mais une recette affectée à la branche retraite.

    M. Fabien Di Filippo

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    Allez, on ne se répète pas !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    S’il s’agissait seulement de soutenir les Sdis, je vous inviterais à voter les amendements à l’unanimité ; mais ils diminueraient les moyens de la branche retraite.

    M. Philippe Vigier

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    Eh oui !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je vous invite donc à les retirer. Si vous souhaitez soutenir financièrement les départements –⁠ et je pense qu’il le faut –, je vous ferai la même réponse que tout à l’heure, lorsque nous avons évoqué le RSA ou l’aide sociale à l’enfance.

    M. Fabien Di Filippo

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    Oui, on l’a déjà dit !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Le financement de ces compétences ne relève pas de la sécurité sociale, mais du PLF. C’est dans ce cadre que nous devons soutenir les départements. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le rapporteur général a exposé très clairement les enjeux du vote. Nous aurons beau prendre plein d’argent à plein de gens pour résoudre un problème, cela n’aboutira qu’à en créer d’autres. Je ne nie pas le problème de financement des Sdis, mais si nous prenons 1 milliard d’euros à la branche retraite,…

    M. Hervé de Lépinau

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    Non, à la branche famille !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …il nous manquera 1 milliard d’euros pour payer les retraites. Dans le cadre du PLF, nous débattrons des Sdis, de la sécurité civile, du financement des collectivités, du fonds de sauvegarde des départements ou encore des politiques publiques relevant des départements telles que le RSA ou les prestations sociales. Ce serait céder à la facilité que de vouloir, constatant que les comptes de la Cnaf sont excédentaires –⁠ j’y reviendrai –, organiser la tuyauterie budgétaire de telle sorte que cet argent aille aux départements. Je répète que les branches de la sécurité sociale ne sont pas des entreprises : elles n’ont pas de cagnotte ni d’actionnaires.

    M. Hervé de Lépinau

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    Elles sont gérées n’importe comment !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Ce n’est pas un pot commun dans lequel nous pourrions puiser. L’excédent de la branche famille –⁠ dont une très grande partie vient, par le vote de l’article 12, d’être orientée vers le financement de la maladie – est déjà mobilisé dans le cadre d’une convention d’objectifs et de gestion qui augmente de 7 % par an les moyens dédiés aux familles et qui, d’ailleurs, finance certaines dépenses des collectivités, en particulier le service public de la petite enfance et la création de places de crèche.
    Retirer 700 millions d’euros de recettes à la sécurité sociale pour financer un service public de proximité essentiel, les Sdis, n’est pas une solution. Nous en débattrons dans le bon cadre, c’est-à-dire dans celui du PLF.

    M. Philippe Vigier

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    Très bien !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    À ma connaissance, M. Sauvadet, président des Départements de France, n’a jamais demandé que nous privions les retraités de ressources pour financer les pompiers. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Annie Vidal.

    Mme Annie Vidal

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    Je m’interroge sur la cohérence de nos débats. Après avoir organisé un concours de la taxation, vous voulez redistribuer des recettes que la sécurité sociale n’a pas pour soutenir des politiques publiques ! ( Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Je vous remercie de m’écouter comme je vous écoute quand vous prenez la parole.

    Mme Alma Dufour

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    On vous écoute !

    Mme Annie Vidal

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    Pour répéter les choses clairement : nous adorons les pompiers, mais on ne peut les aider avec l’argent de la sécurité sociale ! (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jocelyn Dessigny.

    M. Jocelyn Dessigny

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    Monsieur le rapporteur, il semble que vous soyez mal informé, et en tout état de cause que vous n’ayez pas lu le rapport que j’ai rendu l’an dernier dans le cadre de la mission flash sur le financement des Sdis. Comme je l’ai écrit, la part de la TSCA perçue par la Cnaf provient de l’allocation vieillesse qu’elle ne verse plus. Cette fraction de la TSCA, qui constitue une recette nette pour la Cnaf, finance en partie le Sdis. Nous proposons de la réaffecter aux départements. M. Sauvadet, président de l’Assemblée des départements de France, nous a remerciés de ce rapport. Il confirme que les départements ont besoin de cette recette.
    Il est faux de dire que nous retirons de l’argent à la caisse vieillesse. Nous visons un excédent issu d’une allocation que la Cnaf ne verse plus.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Mais non !

    M. Philippe Vigier

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    Il n’a rien compris !

    M. Jocelyn Dessigny

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    Nous ne retirons d’argent ni à la Cnaf ni à la Cnav. Pour information en 2021, la Cnaf était excédentaire de 2,9 milliards et percevait 1,3 milliard au titre de la TSCA. Aujourd’hui, l’excédent n’est plus que 0,7 milliard. Plutôt que d’allouer une fraction des recettes de la TSCA à la Cnaf, il faudrait comprendre d’où viennent les dérapages financiers de cette caisse. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je vous invite à lire les alinéas 4 et 15 de l’article 12, que nous venons d’adopter : une fraction de la TSCA est attribuée à la branche vieillesse. Si l’adoption de votre amendement précédent n’avait pas d’impact sur la branche famille, elle en aurait pour la branche vieillesse. Or, vous lui avez déjà ôté 1,4 milliard à l’horizon 2027, soit 650 millions en 2026. Prendre un milliard de plus ne semble pas souhaitable. Nous devons être sérieux ! Cela n’enlève rien à l’attachement que je porte aux Sdis. Je vous invite à retirer vos amendements. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    De quels excédents parlons-nous quand le déficit du pays était l’année dernière de 5,8 % du PIB ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.) Les excédents compensent seulement des déficits ! Je le répète, l’excédent de la branche famille dont vous parlez n’est pas une cagnotte placée sur un compte d’épargne ; ce sont des cotisations qui financent la sécurité sociale.
    Certes, quand il y 200 000 naissances de moins –⁠ ce qui peut nous attrister – et que les cotisations de la branche famille augmentent de 2,3 % par an, il y a un excédent comptable ! Dans le cadre de la commission d’enquête sur la gestion et les finances de la sécurité sociale, j’encourage Mme Mélin à poser toutes les questions possibles afin de faire la transparence pour nos concitoyens et pour nous-mêmes sur ces histoires d’excédent. À vous entendre, on a l’impression qu’il existerait une cagnotte, des caissettes d’argent cachées un peu partout dans lesquelles on pourrait puiser pour résoudre les problèmes du pays. Vous imaginez bien que s’il y avait 2,5 milliards quelque part, la première chose que je ferais si j’étais ministre des comptes publics serait de les utiliser ! Nous parlons d’un excédent comptable. Une fois toutes les additions et soustractions opérées, nous avions l’année dernière un déficit de 5,8 %. Arrêtons de faire croire aux Français qu’il y a une caissette que j’aurais oublié d’aller chercher ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.)

    M. Philippe Vigier

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    Mme la ministre a raison !

    (Les amendements identiques nos 432 et 1630 ne sont pas adoptés.)

    (L’amendement no 1835 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 418, 445, 501 et 1500.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        267
            Nombre de suffrages exprimés                256
            Majorité absolue                        129
                    Pour l’adoption                98
                    Contre                158

    (Les amendements identiques nos 418, 445, 501 et 1500 ne sont pas adoptés.)

    M. Pierre Cordier

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    La gauche n’aime pas les pompiers !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1628.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        266
            Nombre de suffrages exprimés                264
            Majorité absolue                        133
                    Pour l’adoption                87
                    Contre                177

    (L’amendement no 1628 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1828.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        269
            Nombre de suffrages exprimés                267
            Majorité absolue                        134
                    Pour l’adoption                90
                    Contre                177

    (L’amendement no 1828 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 1629 et 1844, sur lesquels le groupe Rassemblement national a demandé un scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Christine Loir, pour soutenir l’amendement no 1629.

    Mme Christine Loir

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    Il est indispensable de repenser le financement des Sdis. On le sait, ils font face à de graves difficultés financières, leurs investissements sont freinés et les départements n’ont plus aucune marge de manœuvre.
    Le rapport de nos collègues Jocelyn Dessigny et Xavier Batut a recommandé d’allouer en totalité au département la fraction de la TSCA affectée à la Cnaf. Pour des raisons de recevabilité, nous proposons d’expérimenter cette mesure pendant trois ans. Cela représente 1,1 milliard pour nos pompiers. Cette expérimentation permettra de mesurer concrètement les effets d’une telle réaffectation avant de la généraliser. N’oublions pas que si, en 2023, de belles promesses ont été faites aux pompiers pour leurs retraites, elles ne sont toujours pas matérialisées ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jocelyn Dessigny, pour soutenir l’amendement no 1844.

    M. Jocelyn Dessigny

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    Nous proposons ici de faire une expérimentation. Mme la ministre nous explique qu’il n’y a pas d’argent caché à récupérer ; je lui suggère de demander à la Cnaf pourquoi, alors qu’elle était excédentaire de 2,9 milliards en 2021 –⁠ notamment grâce à la perception de 1,3 milliard de TSCA – elle ne l’est plus que de 0,7  milliard d’euros : 2,2 milliards ont disparu en trois ans ! C’est là qu’il faut regarder !
    C’est ce que nous allons faire avec Jean-Didier Berger dans le cadre de la mission d’information relative aux indus et erreurs de la Cnaf. Nous aurons aussi l’occasion d’en parler lors de l’examen du projet de loi sur les fraudes. Voilà où creuser ! Vous aurez beau retourner le problème dans tous les sens, la somme de 1,3 milliard perçue par la Cnaf au titre de la TSCA visait à compenser le versement d’une allocation vieillesse qui n’est plus versée. La Cnaf, qui est en excédent, n’a plus à percevoir cette recette ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Depuis le début des débats, j’essaie de toujours répondre sur le fond et d’être le plus précis possible, même si c’est parfois compliqué. En l’occurrence, vous raisonnez sur l’année 2024 alors qu’en 2026, la somme de 1,3 milliard dont vous parlez ne sera pas versée à la Cnaf, mais à la branche vieillesse et à la branche autonomie. Je le répète encore une fois.
    Ce que vous prévoyez à titre expérimental n’aurait aucun impact sur la branche famille, mais priverait la Cnav et la CNSA d’à peu près 1,5 milliard. Votre intention est-elle réellement de déshabiller Pierre pour habiller Paul ? Compte tenu de la situation actuelle de nos caisses de retraite, du déficit de la CNSA et des défis à relever, nous ne pouvons prendre 1,5 milliard à nos caisses. Je suis défavorable à ces amendements, non parce qu’ils sont présentés par votre groupe, mais parce qu’ils ne sont pas pertinents.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    M. le rapporteur général et moi sommes très engagés dans ce débat, pour deux raisons que nous avons en partage.
    Premièrement, nous ne voulons pas donner l’impression qu’il existerait une caissette cachée. Elle n’existe pas ! La baisse de natalité a conduit à mener une négociation très ouverte avec les collectivités, les associations familiales et de nombreux acteurs. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.) Elle a débouché en 2023 sur une convention d’objectifs et de gestion (COG) prévoyant pour quatre années une augmentation de 7 % des financements en faveur des familles. Une partie de ces sommes permet à la CAF de créer des places de crèche –⁠ vous le voyez dans tous vos territoires. En effet, si les familles ont moins d’enfants qu’elles ne le souhaitent, c’est en partie en raison de la difficulté à trouver des modes de garde. Ce service public de la petite enfance peut financer des berceaux à hauteur de 20 000 euros par commune. Il s’agit d’encourager les collectivités à se lancer dans l’accompagnement des enfants. Cette COG a également prévu des actions d’accompagnement en faveur des familles, notamment des familles modestes confrontées à des difficultés de logement. Ainsi la COG s’assure-t-elle que les cotisations famille bénéficient aux familles.
    Deuxièmement, dans le cadre des réformes des retraites, on a considéré qu’il fallait aider les femmes et agir pour que les maternités n’aient pas un impact négatif sur leurs pensions de retraite. Un transfert est donc opéré de la branche famille à la Cnav pour compenser les bonifications de trimestres allouées aux mères de famille. Ces bonifications sont utiles, car il est certain qu’à côté des difficultés de garde, le fait que la maternité puisse impacter négativement le montant des pensions de retraite a un effet dissuasif auprès des femmes.
    Dernier élément, arrêtons de penser que des excédents auraient disparu. Madame Mélin, je vous le répète, nous n’avons jamais caché 1, 2 ou 3 milliards hors de la branche famille pour constituer une cagnotte ! Vous pouvez poser toutes les questions que vous voudrez sur le sujet ! La branche famille avait effectivement un excédent en raison de la très forte baisse de la natalité. Elle a des ressources ; il a été négocié avec son conseil d’administration des points de politique publique de soutien aux familles et aux femmes, notamment pour que leurs retraites ne soient pas dégradées. Nous ne voulons pas laisser penser que nous pourrions prélever de l’argent dans cette caisse pour quelque motif que ce soit, quand bien même il paraîtrait légitime.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Damien Maudet.

    M. Damien Maudet

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    Je m’exprime en tant que corapporteur, avec ma collègue Sophie Pantel, de la mission et des budgets alloués à la sécurité civile. S’il est exact que les Sdis et les pompiers réclament des moyens et, notamment, une hausse de la taxe sur les conventions d’assurance, cette hausse aurait pu être adoptée en commission si le RN n’avait pas voté contre ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Après avoir rejeté le seul moyen d’augmenter les budgets des pompiers, conscient d’avoir fait une énorme bêtise, le RN se dit qu’il va aller taper sur les gens qui touchent la prime d’activité et sur les allocations familiales –⁠ alors même que 30 % des prestations ne sont pas réclamées – pour donner aux pompiers.

    M. Timothée Houssin

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    On veut faire payer les voyous !

    M. Damien Maudet

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    Et, comme la bêtise ne s’arrête pas là, puisqu’ils sont en outre incompétents, finalement, ils ne ponctionnent pas les allocations familiales, mais la Cnav. Ils pensaient prendre de l’argent sur la prime d’activité et sur les bourses pour les collèges, mais ils s’en prennent aux retraités. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Pourquoi ont-ils fait ça ? Parce qu’ils n’ont pas voulu prendre d’argent aux assureurs ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Ne changeons pas l’esprit de la loi. Le principe est que cette taxe doit être versée aux départements et à la Cnaf. Ensuite, s’il y a un excédent, les départements peuvent l’utiliser pour améliorer la situation des sapeurs-pompiers. Je rappelle que l’État a pris l’habitude de se décharger sur les collectivités sans leur accorder les financements nécessaires, ce qui explique les restes à charge qui mettent les départements en difficulté.
    Madame la ministre, je reviens sur le problème de la Cnaf. Le rapport de la Cour des comptes a indiqué que 6,3 milliards de dépenses indues n’avaient jamais été récupérés. Sur trois ans, ce montant s’élève à 14 milliards. Je constate que le directeur général de la Cnaf, nommé en 2022, est toujours là : il n’a donc pas été débarqué pour cette mauvaise gestion. Si vous voulez améliorer la situation, diminuez les charges ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 1629 et 1844.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        254
            Nombre de suffrages exprimés                245
            Majorité absolue                        123
                    Pour l’adoption                85
                    Contre                160

    (Les amendements identiques nos 1629 et 1844 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements, nos 1027 et 493, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1027.

    Mme Ségolène Amiot

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    En 2024, l’assurance maladie nous révélait que 18 % des fraudeurs étaient des assurés et 68 % des professionnels. Nous avions alors obtenu que la loi de financement de la sécurité sociale ouvre la possibilité de récupérer la participation des professionnels frauduleux reconnus coupables.
    Nous estimons qu’il faut aller plus loin, en récupérant systématiquement les cotisations sociales prises en charge par l’assurance maladie, en cas de fraude par des professionnels. Cela ferait rentrer des recettes supplémentaires dans les caisses de l’assurance maladie. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Guillaume Garot, pour soutenir l’amendement no 493.

    M. Guillaume Garot

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    L’amendement vise à sanctionner, même si le mot est impropre, la fraude sociale. Un praticien qui se serait rendu coupable de faits à caractère frauduleux devrait en quelque sorte rembourser les allégements de cotisations sociales dont il a bénéficié. C’est un amendement de justice, de fermeté envers la fraude sociale et fiscale, et de responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des assurés, puisqu’il s’agit d’argent public. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Les deux amendements ne sont pas strictement identiques. L’amendement no 1027 prévoit l’automaticité de la sanction et l’obligation de récupérer l’intégralité des sommes prises en charge par l’assurance maladie. L’amendement no 493, quant à lui, prévoit aussi l’automaticité de la sanction, tout en laissant une marge de manœuvre à l’assurance maladie pour définir le montant des sommes à récupérer.
    Comme je l’ai expliqué en commission, l’absence de marges de manœuvre rendrait la sanction automatique, ce qui irait à l’encontre du principe d’individualisation des peines, qui s’applique aux sanctions administratives. Ce que vous proposez risque donc d’être contraire à la Constitution.
    La lutte contre les fraudes est un combat que nous devons mener : il nous faut trouver les moyens d’améliorer la situation et de recouvrer les sommes indues. Cependant, si nous votions le premier amendement, nous nous exposerions à une censure du Conseil constitutionnel. Je ne suis pas sûr non plus que le second amendement échappe à cette censure. J’émets donc un avis défavorable sur l’amendement no 1027 et m’en remets à la sagesse de l’Assemblée sur l’amendement no 493. Je précise que ces deux amendements ont été rejetés par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous sommes très mobilisés contre la fraude, comme le montre le projet de loi de lutte contre les fraudes sociales et fiscales, qui a été déposé en même temps que le PLF et le PLFSS et que vous examinerez dans quelques jours. Ce texte a d’ailleurs été complété par des amendements au Sénat.
    Pour renforcer les sanctions contre les professionnels, très peu nombreux, qui fraudent, nous avons décidé qu’il reviendrait aux autorités sanitaires –⁠ notamment à la Cnam – de décider si elles souhaitent cumuler les sanctions en ordonnant à la fois un remboursement et un déconventionnement. Pour l’instant, en cas de fraude, la Cnam a le choix entre ces deux procédures. C’est absurde, parce que cela revient presque à donner une prime aux fraudeurs, qui payent la sanction et continuent à frauder.
    Le Conseil constitutionnel a toujours censuré les amendements de lutte contre la fraude dans le PLFSS. C’est la raison pour laquelle nous avons déposé ce projet de loi, qui inclut ce que vous proposez. L’intention est bonne et nous la soutenons. Nous en débattrons bientôt de manière plus approfondie. Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Justine Gruet.

    Mme Justine Gruet

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    Nous nous réjouissons de l’arrivée prochaine du projet de loi de lutte contre les fraudes sociales et fiscales. Nous avons étudié la manière dont sont contrôlés les particuliers et les professionnels de santé, pour voir s’il y avait des différences, et nous avons constaté que les indus étaient déjà très suivis. Je salue cependant la volonté de renforcer ce contrôle et j’essaierai de ne pas jeter l’opprobre sur tous les professionnels de santé.
    S’agissant de la visibilité de ces mesures auprès des particuliers, nous présenterons bientôt un amendement sur le revenu social de référence, ainsi que l’allocation sociale unique que nous souhaitons instaurer pour renforcer la lisibilité du dispositif et le contrôle des fraudes potentielles.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    Je soutiens l’avis du rapporteur général et de la ministre sur l’amendement de M. Guedj. Malheureusement, on constate que de plus en plus de fraudes sont commises. Nous avons des débats animés pour aller chercher quelques centaines de millions d’euros, mais là, il s’agit de sommes considérables. L’amendement nous permet d’ouvrir le débat sur le projet de loi contre les fraudes. On ne peut pas se voiler les yeux, madame Gruet : il faut être impitoyable, sinon ce sont tous les autres qui seront pénalisés. Avec mon groupe, je voterai donc cet amendement. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1027.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        221
            Nombre de suffrages exprimés                216
            Majorité absolue                        109
                    Pour l’adoption                73
                    Contre                143

    (L’amendement no 1027 n’est pas adopté.)

    (L’amendement no 493 est adopté.)
    (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et SOC.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 774 et 1178.
    La parole est à M. Paul Midy, pour soutenir l’amendement no 774.

    M. Paul Midy

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    Il vise à lutter contre la fraude sociale en accélérant la transmission des données du fichier DAC7 entre la direction générale des finances publiques et l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale, en réduisant le délai maximal de communication, qui passerait d’un an à un mois.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anne-Cécile Violland, pour soutenir l’amendement no 1178.

    Mme Anne-Cécile Violland

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    Il tend à doter les organismes de sécurité sociale de moyens renforcés pour lutter contre la fraude, tout en réajustant la réforme du précompte. Cette mesure permettrait d’exploiter de manière plus fiable et plus efficace les informations relatives aux revenus des utilisateurs des plateformes numériques, en particulier des microentrepreneurs, et d’améliorer ainsi le recouvrement des cotisations.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cette réforme va dans le bon sens par rapport aux attentes, mais elle n’entrera en vigueur que le 1er janvier 2027. Je pense donc qu’il est prématuré de limiter son champ d’application aux seules plateformes qui déterminent les caractéristiques de la prestation de service fournie ou du bien vendu et qui fixent leur prix. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis.

    (Les amendements identiques nos 774 et 1178 sont adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 1314 rectifié.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il tend à répondre à un débat que nous avons chaque année au sujet de la réalité de la compensation des exonérations de cotisations sociales. Que l’on soit ou non favorable aux exonérations, ce qui est important, c’est que l’on puisse s’entendre sur le besoin de compenser les pertes de recettes qu’elles induisent pour la sécurité sociale.
    La plupart des exonérations ciblées sont compensées par des crédits budgétaires, en application de la loi Veil de 1994, à hauteur de 5,7 milliards d’euros. La part des exonérations ciblées non compensées représente environ 2,7 milliards d’euros, dont 2,3 milliards d’euros liés à l’exonération de cotisations salariales sur les heures supplémentaires.
    Je vous propose de faire entrer dans le droit commun de la compensation les exonérations ciblées qui ne sont pas compensées financièrement : l’exonération de cotisations salariales sur les heures supplémentaires –⁠ 2,3 milliards d’euros –, l’exonération de cotisations des stagiaires en milieu professionnel adapté –⁠ 121 millions d’euros –, l’exonération applicable au titre des contrats uniques d’insertion et d’accompagnement dans l’emploi –⁠ 110 millions d’euros – et l’exonération applicable aux contrats de sécurisation professionnelle –⁠ 79 millions d’euros. Ces cotisations devront faire l’objet d’une compensation sur les crédits de la mission Travail et emploi du PLF, conformément à notre cadre organique.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous avons déjà eu plusieurs fois ce débat, notamment à l’initiative des écologistes et des socialistes –⁠ de tous les groupes, d’ailleurs. À la fin du PLFSS, le gouvernement traitera la question des compensations et des transferts.
    Monsieur le rapporteur général, nous prendrons en compte les votes qui ont eu lieu sur les heures supplémentaires. Nous ferons figurer en priorité dans nos calculs la compensation des exonérations, afin de réallouer des ressources à la sécurité sociale, si besoin.
    Je suis défavorable à ce que vous proposez, qui serait une version mécanique de cette mesure, mais je répète qu’en toute responsabilité budgétaire, il importe que nous ne mettions pas, à terme, la sécurité sociale en difficulté. Compte tenu notamment du résultat des votes de ces derniers jours, les heures supplémentaires seront l’un des éléments que nous prendrons très sérieusement en compte.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Madame la ministre, je vous remercie de votre engagement : il répond à la demande de la majorité des membres de la commission, puisque celle-ci avait voté en faveur de ce dispositif. Il faut déterminer le bon montant, je le conçois, mais vous admettez le principe. Nous prenons date pour qu’il soit convenu d’une totale compensation à la fin de la navette, et je retire mon amendement.

    Mme Élise Leboucher

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    Oh, non !

    M. Pierre Cordier

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    M. Bazin va passer au Modem !

    M. Hadrien Clouet

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    Je reprends l’amendement, madame la présidente !

    Mme la présidente

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    L’amendement est repris.

    (L’amendement no 1314 rectifié est adopté.)

    M. Hadrien Clouet

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    Heureusement qu’il a été repris ! Merci, monsieur le rapporteur ! (Sourires.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de cinq amendements, nos 497, 31, 455, 495 et 1028, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 31, 455 et 495 sont identiques.
    L’amendement no 497 de M. Jérôme Guedj est défendu.
    Sur les amendements identiques nos 31, 455 et 495, je suis saisie par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 31.

    Mme Justine Gruet

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    Il s’agit plutôt d’un amendement d’appel à une réforme structurelle : nous n’avons plus les moyens d’instaurer ni des exonérations ni des taxes, la fiscalité de notre pays étant déjà l’une des plus lourdes qui soient. Il nous faudrait donc appliquer davantage le principe qui consiste à ne pas dépenser plus, mais dépenser mieux.
    L’amendement vise à compenser systématiquement et intégralement les exonérations de cotisations par la disparition d’autres dispositifs d’exonération. Ainsi, nous pourrions mieux valoriser le travail, diminuer les dépenses sociales et protéger nos concitoyens les plus vulnérables. D’une manière générale, quel que soit le sujet, nous créons des dispositifs sans nous soucier auparavant d’évaluer suffisamment leur pertinence : soyons donc capables, lorsque nous décidons d’une exonération, d’en supprimer une autre.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 455.

    M. Yannick Monnet

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    Il est identique au précédent, mais ne découle pas des mêmes raisons. Nous partageons le constat : le coût déjà exorbitant des niches sociales ne cesse d’augmenter –⁠ 88 milliards d’euros en 2023 contre 80 milliards en 2022 –⁠ ce qui représentait déjà 12 milliards de plus qu’en 2019. En revanche, nous proposons cette mesure afin de ne pas dévoyer le principe du financement par la cotisation. Financer la sécurité sociale par la taxe, par l’impôt, n’est pas satisfaisant ; instaurons donc un mécanisme simple de non-prolifération des niches sociales.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 495 de M. Jérôme Guedj est défendu.
    La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 1028.

    Mme Élise Leboucher

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    En 1993, la sécurité sociale était financée à 82 % par les cotisations ; celles-ci ne représentent plus que 49 % de ses recettes. La prolifération des exonérations dévoie notre modèle social, initialement construit sur l’idée que les travailleurs cotisaient en vue de couvrir les risques auxquels ils étaient exposés ; en outre, elle conduit à définancer progressivement, à bas bruit, la sécurité sociale. Nous voilà loin de la philosophie et des principes du CNR, que vous vantez la main sur le cœur. En 2024, le montant total des exonérations dépassait 90 milliards d’euros ; mais faire les poches des malades, des retraités, des précaires, ça ne vous crée aucun souci !

    M. Pierre Cordier

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    C’est un peu caricatural…

    Mme Élise Leboucher

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    Nous ne pouvons poursuivre sur ce chemin de fiscalisation de la sécurité sociale : il convient à tout le moins de plafonner le volume global des exonérations pesant sur la sécu en prévoyant que chaque nouveau dispositif entraîne la suppression, pour un montant équivalent, d’un dispositif en vigueur.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je comprends l’esprit de ces amendements, mais ils posent plusieurs questions. Finalement, vous voulez que les exonérations non compensées le soient par la suppression d’autres exonérations. Rien ne garantit la neutralité financière d’une telle opération : les coûts respectifs de deux dispositifs d’exonération peuvent être les mêmes une année donnée, puis évoluer différemment avec le temps. Nous ne sommes pas assurés des dynamiques.

    M. Yannick Monnet

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    Mais nous ne parlons pas de neutralité !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je voulais tout de même vous dire un mot sur ce point.
    La réforme du cadre organique nous a valu une grande avancée : justement afin de réguler leur prolifération, nous avons borné dans le temps les exonérations de cotisations ou de contributions sociales adoptées en dehors des lois de financement de la sécurité sociale (LFSS).

    M. Yannick Monnet

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    Ça ne marche pas !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Vous me dites que ça ne marche pas ; mais l’idée étant la compensation, un certain nombre d’amendements, de jeux de tuyauterie et d’engagements pris au banc par le gouvernement devraient permettre de la satisfaire. Sauf le no 497, ces amendements ont été rejetés par la commission ; à titre personnel, j’émets un avis défavorable à tous.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    La loi de programmation des finances publiques (LPFP) pour les années 2018 à 2022 a fixé une règle d’or : la limitation à 14 % de la masse salariale de l’ensemble des niches sociales. Il y a donc quelque part un taquet à ces dispositifs. Par ailleurs, en inscrivant dans la législation la règle que vous souhaitez, madame Leboucher, c’est vous, en tant que parlementaire, qui vous contraindriez, puisque c’est vous qui créez ou supprimez les exonérations ! Je comprends qu’il s’agit plutôt d’un amendement d’appel à vos collègues ; politiquement, il signifie quelque chose, mais vous n’auriez guère les moyens de le faire appliquer dans l’hémicycle.
    Ces dispositions auraient un caractère mécanique ; en revanche, vous examinerez tôt ou tard un nouveau projet de LPFP, celle en cours –⁠ pour les années 2023 à 2027 – étant largement caduque, ce qui offrira à ces échanges un cadre plus approprié. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Encore une fois, la confusion règne : vous avez l’impression que les exonérations constituent un vol commis par l’État aux dépens de la sécurité sociale, mais ce que vous dites, c’est qu’il faut que celle-ci soit financée par le travail. Comment ferez-vous pour obtenir ce que vous voulez depuis le début, c’est-à-dire que le capital, le patrimoine participent au financement du modèle social ? Vous vous bloquez vous-mêmes ! Réfléchissez aux mécanismes : vous êtes complètement dans le désordre.

    M. Jean-Paul Lecoq

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    Oh, ça va, on a fait de l’économie, on ne connaît pas que la théorie marxiste ! (Sourires.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Cette proposition relève du bon sens. Depuis plusieurs jours, des critiques émanent de nombreux bancs de notre hémicycle au sujet du montant des exonérations de cotisations sociales.
    J’ai bien écouté Mme la ministre nous inviter à être prudents, à ne pas vider les caisses, voire à les remplir ; toujours soucieux de répondre, en vue de l’intérêt collectif, aux interpellations des ministres, je me dis que nous sommes finalement en train de nous rejoindre. Alors que j’étais presque hésitant, un argument de Mme la ministre m’a convaincu : le fait que le no 1028 serait en quelque sorte un amendement d’appel à nos collègues. C’est là une excellente idée, une innovation parlementaire exceptionnelle ! Nous inscrirons dans la loi un rappel moral, un engagement collectif, presque une résolution de l’Assemblée intégrée au PLFSS. Vous m’avez déterminé à voter pour, et des deux mains !

    (L’amendement no 497 n’est pas adopté.)

    (L’amendement no 31 est retiré.)

    Mme la présidente

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    Compte tenu du retrait du no 31, je mets aux voix les amendements identiques restants, nos 455 et 495.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        216
            Nombre de suffrages exprimés                215
            Majorité absolue                        108
                    Pour l’adoption                72
                    Contre                143

    (Les amendements identiques nos 455 et 495 ne sont pas adoptés.)

    (L’amendement no 1028 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de trois amendements, nos 2306, 2115 et 2114, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Sur ces amendements, je suis également saisie par le groupe Écologiste et social de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 2306.

    M. Hendrik Davi

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    L’Établissement français du sang (EFS), établissement public de l’État, assume le monopole de la transfusion sanguine : dons de sang, de plasma et de plaquettes. Du donneur au receveur, il est le garant de la chaîne transfusionnelle, pourvoyant chaque année aux besoins de 1 million de malades ; 500 000 personnes, en réanimation ou souffrant d’un déficit immunitaire, vivent ainsi grâce aux médicaments dérivés du plasma, substance dont nous manquons cruellement.
    L’EFS est depuis des années en grande difficulté : son résultat négatif atteignant 40 millions d’euros en 2022, 8,7 millions en 2023, il a dû recourir à l’emprunt. En matière de dons de plasma, ce manque de moyens est particulièrement préoccupant. Cet amendement vise donc à augmenter de 174 millions la dotation de l’EFS.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Karim Ben Cheikh, pour soutenir les amendements nos 2115 et 2114, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Karim Ben Cheikh

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    Ils visent à affecter une petite fraction des recettes de la CSG à la Caisse des Français de l’étranger (CFE), afin que celle-ci ait enfin les moyens d’assurer durablement sa mission de service public. Intégralement financée par les Français de l’étranger, la CFE ne reçoit ni soutien de l’État ni produit d’une taxe affectée ; or, comme toutes les autres caisses de la sécurité sociale, elle est soumise à une obligation d’accueil universel, sans sélection médicale ni limite d’âge. C’est essentiel pour plusieurs milliers de nos compatriotes ; les plus fragiles d’entre eux n’ont même aucune autre possibilité de couverture santé minimale.
    Dans un souci de justice fiscale, de cohérence du système, ces amendements –⁠ le second, plus modeste, étant une version de repli – tendent donc au transfert d’une part minime de la CSG, ce qui ne fragiliserait pas la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), mais garantirait à la CFE un financement pérenne et juste. Je le répète, il ne s’agit pas de remettre en cause les équilibres de la sécurité sociale ni les instruments de remboursement de la dette sociale, mais d’apporter une réponse à un besoin de financement…

    Mme la présidente

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    Merci, monsieur le député.

    M. Karim Ben Cheikh

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    Encore un mot seulement, madame la présidente : sans cela, selon un rapport de l’Igas et de l’IGF, cette caisse est vouée à disparaître dans trois ou quatre ans.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous sommes tous ici, je pense, très attachés à l’EFS. (Mme Justine Gruet applaudit.) L’année dernière, lorsque se posait la question de l’inscription dans le PLFSS des dotations versées par l’assurance maladie aux différents opérateurs, j’avais souhaité que l’EFS soit préservé de l’année blanche, en raison de ses besoins particuliers. Parmi ses nouvelles missions figure la gestion de la montée en puissance de la collecte de plasma ; or nous verrons dans la partie de ce texte consacrée aux dépenses que sa dotation devrait s’élever à 108 millions au lieu de 110 millions. Les moyens de l’EFS, madame la ministre, au vu de l’équation actuelle, ne sont pas suffisants. Je souhaiterais une évolution ; j’ai déposé un amendement visant à préserver l’EFS en gelant certaines augmentations importantes, nullement justifiées en annexe, des dotations d’autres opérateurs.
    Nous avons tous conscience du rôle fondamental que joue cet établissement dans nos territoires. En outre, il y a là une question de souveraineté sanitaire : si nous voulons faire respecter nos principes bioéthiques, nous devons être au rendez-vous. En revanche, je ne suis pas sûr que la solution proposée soit la bonne : vous voulez enlever à la Cades une part du produit de la CSG, alors que nous avons, en matière de remboursement de la dette sociale, des obligations à la fois morales et juridiques. Continuons, par l’intermédiaire de la Cades, d’assumer nos responsabilités : nous le devons à nos enfants et petits-enfants. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Stéphanie Rist, ministre

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    Nous sommes tous attachés à l’EFS. Nous avons réformé son modèle économique en 2024 ; vous l’avez dit, monsieur le rapporteur général. La dotation s’élève à 110 millions d’euros cette année, après une augmentation de 10 %, mais tous les financements de l’EFS ne relèvent pas de cette dotation. Nous avons notamment revalorisé les tarifs des concentrés de globules rouges de 2,7 % au 1er janvier 2026, ce qui correspond à environ 11 millions de recettes supplémentaires. L’effort financier en faveur de l’EFS s’élève donc à 120 millions d’euros.
    L’EFS bénéficiera aussi d’une augmentation des tarifs de cession du plasma au Laboratoire français du fractionnement et des biotechnologies (LFB). Une trajectoire de hausse a été initiée en 2025 et se poursuivra au 1er janvier 2026 pour passer de 140 euros à 160 euros par litre. Cela constitue des recettes supplémentaires. Je suis donc défavorable à ces amendements. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anne Genetet.

    Mme Anne Genetet

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    Je voulais rebondir sur les amendements de M. Ben Cheikh sur la situation de la Caisse des Français de l’étranger. Un rapport conjoint de l’IGF et de l’Igas a montré qu’elle était dans une situation financière difficile qui menaçait son existence à relativement court terme, alors qu’elle assure une mission importante de protection sociale de nos compatriotes établis hors de France.
    Néanmoins, le rapport montre que la CFE présente des défaillances en matière de gestion et de gouvernance. Tant qu’elle n’a pas résolu ces problèmes, l’abonder avec une fraction de la CSG me paraît inconcevable, et peut-être même irresponsable. Attendons déjà qu’elle apprenne à se gérer, nous verrons ensuite ce que l’État peut faire pour la soutenir.
    Pour ces raisons, nous sommes défavorables à ces amendements.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hendrik Davi.

    M. Hendrik Davi

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    Je ne comprends pas. Le déficit et les problèmes financiers de l’EFS n’ont rien à voir avec leurs problèmes de gestion. L’établissement ne cesse de faire des économies, notamment sur les dons de sang. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Un député du groupe EPR

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    Elle parlait de la CFE !

    M. Hendrik Davi

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    Ah, au temps pour moi ! Il faut dire que ces amendements présentés en discussion commune n’ont rien à voir…
    Je voulais simplement insister sur le fait que la France est autosuffisante en stocks de sang, mais pas en stocks de plasma. Le LFB, qui fabrique les médicaments à partir de plasma, ne répond qu’à 35 % des besoins dans l’Hexagone ; 65 % du plasma est importé des États-Unis. Cette dépendance n’est pas seulement un problème de souveraineté médicale, c’est aussi un problème éthique. En effet, les États-Unis ne respectent pas le modèle français de gratuité du don ; outre-Atlantique, le don de sang représente une source de revenus pour les plus pauvres, qui ont le droit de faire jusqu’à 120 dons par an. Cette fréquence peut avoir un véritable impact à la fois sur la santé des donneurs et sur la qualité du plasma collecté, qui n’a pas le temps de se régénérer.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Karim Ben Cheikh.

    M. Karim Ben Cheikh

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    Je tiens à souligner que nous parlons de deux sujets, la Caisse des Français de l’étranger et le don du sang, qui n’ont absolument rien à voir.

    Mme Christine Pirès Beaune

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    Oui ! Pourquoi ces amendements sont-ils en discussion commune ?

    M. Karim Ben Cheikh

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    Je voulais simplement reprendre la discussion sur la CFE. Mme Genetet dit que le rapport de l’Igas et de l’IGF a révélé une mauvaise gestion. Ce n’est pas vrai.
    Le rapport dit que le coût de la mission de service public confiée à la CFE s’élève à 25 millions d’euros, au moins. Il ne propose aucune solution, puisque la lettre de mission demandait aux inspections d’identifier des solutions sans contribution supplémentaire de l’État.
    Il faut comprendre que plusieurs centaines de milliers de nos compatriotes adhèrent à cette caisse. C’est leur seule couverture santé, et elle risque de fermer dans trois ou quatre ans.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    En un mot, je veux juste chiffrer les éléments dont nous parlons : 0,45 % de CSG sur les revenus du patrimoine et des placements, ça fait 1 milliard d’euros, monsieur le député, alors que les prestations concernées représentent un montant de 200 millions. Mettre 1 milliard d’euros dans une institution qui verse 200 millions d’euros de prestations, même si elle a effectivement beaucoup de difficultés, ce n’est pas du tout adapté.

    M. Karim Ben Cheikh

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    C’est 0,09 % !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Ce n’est pas le montant inscrit sur ma fiche.

    M. Erwan Balanant

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    Allez, avançons !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Pardon, en effet, je me suis emmêlée dans les chiffres !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2306.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        232
            Nombre de suffrages exprimés                222
            Majorité absolue                        112
                    Pour l’adoption                67
                    Contre                155

    (L’amendement no 2306 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2115.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        232
            Nombre de suffrages exprimés                226
            Majorité absolue                        114
                    Pour l’adoption                55
                    Contre                171

    (L’amendement no 2115 n’est pas adopté.)

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Pirès Beaune, pour un rappel au règlement.

    Mme Christine Pirès Beaune

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    Il se fonde sur l’article 100, relatif à la bonne tenue des débats. Nous avons trois amendements en discussion commune : deux concernent bien le même sujet, la CFE, mais l’autre concerne l’EFS. Pourquoi sont-ils en discussion commune ? Ce n’est pas cohérent.

    M. Emeric Salmon

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    Ils touchent le même article du code ! C’est normal qu’ils soient discutés ensemble.

    Mme Christine Pirès Beaune

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    Il est urgent de revoir le règlement de notre Assemblée (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC),…
    …en particulier les règles d’ordonnancement des amendements, pour éviter de perdre du temps.

    Mme la présidente

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    Ces trois amendements ont trait à l’article L. 131-8 du code de la sécurité sociale.

    Mme Christine Pirès Beaune

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    Ce n’est pas le même sujet !

    Mme la présidente

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    Mais c’est le même texte.

    Après l’article 12 (suite)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2114.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        234
            Nombre de suffrages exprimés                229
            Majorité absolue                        115
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                175

    (L’amendement no 2114 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 1030, par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire ; sur l’amendement no 1685, par les groupes Rassemblement national, Droite républicaine et Horizons & indépendants ; sur le sous-amendement no 2641, par le groupe Rassemblement national ; sur le sous-amendement no 2669, par le groupe Horizons & indépendants.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Élisa Martin, pour soutenir l’amendement no 1030.

    Mme Élisa Martin

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    Avec cet amendement, il s’agit de lutter contre le préjugé porté par la droite, l’extrême droite et la Macronie selon lequel la fraude sociale serait le fait des assurés sociaux. Le Haut Conseil du financement de la protection sociale a démontré qu’une part significative de la fraude –⁠ 13 milliards d’euros – était le fait des employeurs et des professionnels qui ne payent pas leurs cotisations sociales. Cela représente évidemment un manque à gagner majeur pour les caisses de retraite, pour la sécurité sociale et pour le financement des services publics d’une manière générale.
    En termes de méthode, nous proposons des contrôles accrus et des sanctions financières dissuasives à l’égard de ceux qui pourraient utiliser les entreprises éphémères pour faciliter ces fraudes. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    La lutte contre les entreprises éphémères est un objectif sur lequel nous nous rejoignons tous. Elles abusent de notre système de protection sociale et sont un véritable fléau. Ça tombe bien, l’article 21 du projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociales et fiscales que nous examinerons à la fin du mois devrait permettre de traiter ce sujet. Il crée une procédure de flagrance sociale qui permettra au directeur de l’Urssaf de prendre des mesures conservatoires et supprime le caractère suspensif de l’opposition à contrainte en cas de redressement pour travail dissimulé.
    Je vous invite donc à retirer votre amendement ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le gouvernement ne pense pas que la fraude est le fait des assurés sociaux. Vous m’avez entendue ici plusieurs fois –⁠ sur la loi contre le narcotrafic, sur la proposition de loi de Thomas Cazenave contre toutes les fraudes aux aides publiques – rappeler que la fraude est le fait d’organisations sophistiquées, organisées de manière quasi industrielle. Elles mélangent souvent les trafics de stupéfiants et la fraude aux aides publiques et pratiquent l’évasion des fonds vers l’étranger ; Tracfin le montre très précisément.
    Ce sujet est au cœur du projet de loi relatif à la lutte contre les fraudes sociales et fiscales qui arrive dans quelques jours.
    Votre amendement n’est pas opérant. Nous pourrions en discuter longuement, mais je crois que vos collègues souhaitent que je sois plus brève dans mes interventions. Nous ne pouvons pas préjuger du caractère frauduleux des sociétés éphémères ; c’est pourquoi nous souhaitons introduire une disposition de flagrance. Quand nous avons des preuves, nous pouvons opérer des gels, apporter la contradiction et saisir l’argent. Ce sera l’objet du projet de loi à venir.
    Votre amendement, s’il est voté comme tel, n’aidera pas les services qui luttent chaque jour de manière très résolue contre cette fraude.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Ce que je comprends de la réponse de la ministre, c’est plutôt qu’on mettrait le texte sénatorial à venir sur de bons rails en votant cet amendement !
    Effectivement, l’amendement n’aborde pas la question du caractère suspensif ou de flagrance évoquée par M. le rapporteur général, mais il part du constat partagé selon lequel 90 % des fraudes dans ce pays sont commises par des entreprises. Ces fraudes viennent donc de l’appareil productif lui-même, qui est souvent utilisé par des voyous –⁠ il faut le dire.
    En l’espèce, il s’agit de rappeler qu’un manquement à une obligation doit être sanctionné, en particulier lorsqu’on estime qu’il s’agit d’une entreprise éphémère qui ne dispose que d’une boîte aux lettres et qui a été créée simplement pour encaisser l’argent et disparaître. Cela me paraît être du bon sens.
    Si on parlait des chômeurs ou de n’importe quel autre allocataire, vous auriez fait dix fois pire en prévoyant des sanctions à partir du premier euro de non-déclaration, une heure après l’expiration du délai de paiement à minuit. Nous souhaitons simplement faire en sorte que chacun soit soumis aux mêmes obligations. Dans ce pays, les entreprises qui fraudent arrivent à échapper totalement à leurs sanctions ; il faut y mettre fin. Envoyons un message au Sénat, travaillons là-dessus. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1030.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        232
            Nombre de suffrages exprimés                162
            Majorité absolue                        82
                    Pour l’adoption                79
                    Contre                83

    (L’amendement no 1030 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. François Gernigon, pour soutenir l’amendement no 1685.

    M. François Gernigon

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    Cet amendement veut réaffirmer un principe simple et juste : la solidarité nationale ne peut pas être à sens unique. Quand on bénéficie de notre système de santé, le meilleur au monde, on doit aussi y contribuer. Aujourd’hui, des ressortissants étrangers, titulaires d’un visa de long séjour « visiteur », peuvent s’installer en France, accéder à la protection universelle maladie (Puma) après trois mois de résidence sans verser aucune cotisation, sans payer d’impôt, sans participer au financement du système. Dans quel pays un Français pourrait-il trouver cette même qualité de soins gratuitement ? Aucun. Pendant ce temps, les Français cotisent chaque mois pour faire vivre notre modèle et avoir accès aux soins.
    Disons-le, certaines agences, notamment américaines, en font même un argument commercial et vendent des installations à des retraités sur la promesse d’un accès gratuit à la sécurité sociale française. C’est une dérive qui mine la confiance des concitoyens dans la justice de notre système.

    M. Fabrice Brun

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    Il a raison !

    M. Fabien Di Filippo

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    Bravo, excellent amendement !

    M. François Gernigon

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    Cet amendement ne ferme la porte à personne, mais propose d’imposer une participation minimale à ces ressortissants étrangers. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs des groupes EPR et LIOT.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thomas Ménagé, pour soutenir le sous-amendement no 2641.

    M. Thomas Ménagé

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    Vous le savez, un Français sur trois renonce à se soigner, faute de moyens. Pendant ce temps, on soigne les clandestins avec l’aide médicale d’État, on délivre des titres de séjour pour soins et on donne la protection universelle à des Américains qui n’ont jamais versé un centime à notre système social mais bénéficient de soins gratuits –⁠ cette situation a défrayé la chronique.

    M. Emeric Salmon

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    Ils veulent défendre les Américains ; ils sont pro-Trump !

    M. Thomas Ménagé

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    La France est désormais open bar  ; voilà comment nous sommes vus à l’étranger.
    Bien entendu, nous voterons pour cet amendement. En revanche, il laisse au gouvernement la possibilité de fixer le montant de la participation. Il peut donc indiquer une somme symbolique, peut-être 10 euros, pour nous ruiner avec des dizaines de milliers d’euros de dépenses.
    Par notre sous-amendement, nous proposons d’appliquer le programme du Rassemblement national, qui exige cinq ans de travail à temps plein –⁠ c’est-à-dire une participation aux comptes de la sécurité sociale équivalente, au minimum, à cinq ans de cotisation au smic – pour pouvoir bénéficier des soins. C’est une question de justice et d’équilibre entre droits et devoirs. Il est inacceptable de faire les poches des Français sans demander aucun effort aux étrangers ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Christophe, pour soutenir le sous-amendement no 2669, à l’amendement no 1685.

    M. Paul Christophe

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    L’amendement de notre collègue François Gernigon vise à mettre fin à une injustice qui pèse sur le système de santé et à rétablir un principe d’équité. Les ressortissants étrangers peuvent bénéficier de la protection universelle maladie sans jamais avoir cotisé en France, alors même qu’ils perçoivent leur pension à l’étranger. Cette situation crée une injustice flagrante au détriment des Français et des étrangers qui contribuent au financement de notre système de santé –⁠ nous voulons y mettre fin. L’amendement tend à instaurer le principe d’une cotisation spécifique, chacun devant participer à la solidarité dont il bénéficie. C’est une question de responsabilité et de justice contributive.
    La Puma s’inscrit dans le cadre du droit international et notamment des accords bilatéraux. Ce sous-amendement vise à permettre l’exclusion des réfugiés ainsi que des ressortissants d’États ayant signé une convention bilatérale de sécurité sociale, sous réserve de la négociation de ces conventions. L’amendement ne doit pas tendre à une mesure d’exclusion, mais bien de justice et de cohérence. Nous ne pouvons pas laisser cette difficulté sans réponse ; c’est ce qui nous distingue du sous-amendement précédent.

    M. Thomas Ménagé

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    Ça n’a aucun sens !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission sur cet amendement et les deux sous-amendements ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous n’avons pas examiné cet amendement en commission mais l’attention que les médias lui ont accordée m’a conduit à le regarder cette nuit de très près ! Monsieur Gernigon, vous voulez créer une cotisation obligatoire pour les ressortissants extra-européens titulaires d’un visa de long séjour « visiteur ». Nous avons évoqué ce problème en commission : certains ressortissants de pays tels que les États-Unis et le Canada viennent en France simplement pour profiter de notre système de santé, qui peut apparaître comme très généreux, alors que la réciprocité n’est pas toujours au rendez-vous.
    Il faut conjuguer humanité et responsabilité, et lutter contre les situations abusives. Vous allez dire que je fais encore une réponse de rapporteur général, mais il me paraît gênant que l’amendement mentionne une cotisation. En effet, une cotisation repose sur une affiliation ouvrant à des droits. Je suis également surpris que l’amendement soit déposé sur la première partie du PLFSS, consacrée aux recettes, alors qu’il a plutôt trait aux dépenses, examinées en deuxième partie. Cependant, nous avons pu observer à l’occasion d’autres textes que lorsqu’on amende à un mauvais endroit, il est possible, que ce soit lors de l’examen au Sénat, en commission mixte paritaire ou bien encore en nouvelle lecture à l’Assemblée, de déplacer la disposition dans la partie adéquate, en la recalibrant correctement. Ce serait, en l’espèce, peut-être un moyen d’y parvenir et de lever cette réserve juridique.

    M. Fabien Di Filippo

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    On vote d’abord, on déplace ensuite !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    S’agissant du sous-amendement de M. Thomas Ménagé qui tend à fixer un plancher de la cotisation, je pense que considérer l’amendement comme relevant des dépenses –⁠ et non plus des recettes – conduira à fixer ses paramètres différemment. Je demande donc son retrait, sans quoi mon avis sera défavorable.
    Pour ce qui concerne le sous-amendement de M. Paul Christophe, qui vise à assurer le respect des conventions internationales en permettant au gouvernement d’exclure de la contribution les cas déjà traités par elles, il me paraît répondre à l’écueil que je pointais au départ : celui de la non-réciprocité. La réciprocité suppose la responsabilité partagée. Avis favorable à ce sous-amendement.
    Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée sur cet amendement, à condition qu’il soit modifié par le second sous-amendement. En l’absence de ce sous-amendement, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il est vrai qu’il existe quelques rares conventions qui, dans des cas très particuliers, prévoient que certains ressortissants de pays du G20 peuvent être exonérés d’impôt, de CSG et de cotisation. Le gouvernement prend ce problème très au sérieux et a prévu de réviser ces conventions pour s’assurer d’une participation à notre système social ou d’un mécanisme de réciprocité.
    Il est essentiel d’apporter à l’amendement la précision proposée par M. Christophe. Sinon, cela pourrait laisser croire à une remise en cause de nos engagements internationaux, notamment ceux relatifs à la protection des réfugiés.
    En revanche, je suis complètement opposée au sous-amendement de M. Ménagé. En effet, le plancher qu’il entend fixer contraindrait la négociation de conventions internationales. Pour certains pays, un mécanisme de réciprocité permettra de couvrir la population française à l’étranger sans que ce plancher soit respecté. En revanche, avec d’autres pays, nous pourrons le dépasser.

    M. Thomas Ménagé

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    Ça reste à voir !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Reste également à déterminer si cette cotisation sera individuelle ou mutualisée, c’est-à-dire prise en charge par les personnes concernées ou par le système social de leur pays. Il n’est pas évident que le premier cas doive s’imposer.
    Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée quant à l’amendement de M. Gernigon afin de souligner que le gouvernement est déterminé à résoudre le problème, en particulier à l’égard des pays du G20. Néanmoins, le problème ne saurait être réglé par la loi : il requiert de réécrire les conventions. Cet avis vaut à condition que l’amendement soit modifié par le sous-amendement de M. Christophe ; dans le cas contraire, j’y serai défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. François Gernigon.

    M. François Gernigon

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    Je voudrais vous faire part d’un courriel reçu ce matin de la part d’un ressortissant américain qui vit en France : « Je suis retraité américain résidant en France et je souhaite exprimer mon soutien total à votre amendement no 1685 relatif au financement de la sécurité sociale. Je n’avais pas connaissance de cette faille juridique avant de lire un article du Huffington Post. Auparavant, je m’attendais à recevoir une facture du gouvernement français pour ma participation au système de santé. La situation actuelle est injuste pour les Français. Tout le monde souhaite éviter la double imposition mais il est important que les visiteurs payent leurs propres dépenses dans votre pays. » (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Nous sommes radicalement hostiles à l’esprit qui anime cet amendement et ces deux sous-amendements, même si le second sous-amendement limiterait la casse. Le Rassemblement national nous a expliqué que nous donnions trop d’argent aux clandestins ; or il s’agit en l’espèce de personnes qui détiennent un visa de long séjour. On nage en plein délire ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.)
    Certes, plusieurs conventions posent problème, mais cela relève du champ diplomatique. Pour que le travail de négociation des conventions bilatérales s’accélère, on gagnerait à avoir un service diplomatique qui fonctionne, notamment en cessant de fermer ambassades et consulats. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Enfin, le Rassemblement national a expliqué qu’en France, c’était open bar –⁠ à guichet ouvert, en français.

    M. Kévin Mauvieux

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    Sauf pour les Français !

    M. Hadrien Clouet

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    Or la seule chose qui soit open bar dans ce pays, ce sont les 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises sans condition ; ou encore les 80 milliards d’exonérations de cotisations sociales, qui auraient permis de soigner tout le monde, comme certains pays le font –⁠ ainsi au Brésil, tous les résidents sont soignés gratuitement ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 2641.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        254
            Nombre de suffrages exprimés                238
            Majorité absolue                        120
                    Pour l’adoption                88
                    Contre                150

    (Le sous-amendement no 2641 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 2669.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        256
            Nombre de suffrages exprimés                252
            Majorité absolue                        127
                    Pour l’adoption                127
                    Contre                125

    (Le sous-amendement no 2669 est adopté.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1685, tel qu’il a été sous-amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        260
            Nombre de suffrages exprimés                255
            Majorité absolue                        128
                    Pour l’adoption                176
                    Contre                79

    (L’amendement no 1685, sous-amendé, est adopté.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1839.

    Mme Ségolène Amiot

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    Avec votre permission, madame la présidente, je défendrai également l’amendement no 1032. Ces deux amendements visent à rendre impossible le pillage de l’Unedic et de l’Agirc-Arrco par décision gouvernementale. Aujourd’hui, par un simple arrêté, le gouvernement peut décider de piocher dans ces deux caisses de solidarité –⁠ la première est relative au chômage, la seconde à la retraite. C’est bien commode, puisque cela permet ensuite de dire qu’il manque de l’argent dans ces caisses et que des réformes sont nécessaires–⁠ réforme de l’allocation chômage ou du système de retraite. Celles que nous avons connues ces dernières années suffisent à souligner le caractère ubuesque de cette situation. Ces réserves, qui sont les trésors communs aux assurés affiliés, ne devraient pas représenter une marge de manœuvre financière aux mains du gouvernement. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Madame Amiot, vous avez parlé de « pillage ». Or la ponction est utilisée pour financer les politiques de l’emploi et de la formation, qui sont destinées à augmenter le taux d’emploi et donc constituent le meilleur moyen d’améliorer la situation financière de l’Unedic. De plus, cet amendement reviendrait à priver l’Acoss de 4,1 milliards d’euros, alors que nous avons déjà relevé son plafond d’emprunt à 83 milliards d’euros.
    S’agissant de l’amendement no 1032, sa matière ne relève pas du PLFSS mais du PLF : il constitue donc un cavalier social, ce que la Constitution interdit.
    Je vous demande donc de retirer ces deux amendements, sans quoi mon avis sera défavorable –⁠ même si la commission a adopté le no 1839.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis.
    Je tiens à présenter mes excuses à la représentation nationale. Pour la première fois depuis le début des débats budgétaires, la fiche de banc que j’avais sous les yeux au moment d’examiner les amendements nos 2115 et 2114 de M. Ben Cheikh était erronée. Je n’ai donc pas donné les bons chiffrages : celui de 1 milliard que j’ai cité est incorrect, du fait d’une confusion entre le taux de 0,75 % de CSG et celui que vous proposiez. Je tiens à vous associer, monsieur le député –⁠ ainsi que tous les parlementaires qui représentent nos concitoyens vivant à l’étranger – à tous les travaux que nous conduirons pour réformer la Caisse des Français de l’étranger, qui vit effectivement une situation difficile. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.)

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour un rappel au règlement.

    M. Hadrien Clouet

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    Il se fonde sur son article 100 relatif à la bonne tenue des débats. J’imagine qu’en conséquence, madame la ministre, nous pourrons procéder à une seconde délibération à l’initiative du gouvernement. Ce serait la meilleure façon de trancher la question après avoir eu connaissance des bonnes informations, et de se quitter bons amis. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    Après l’article 12 (suite)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1839.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        154
            Nombre de suffrages exprimés                133
            Majorité absolue                        67
                    Pour l’adoption                83
                    Contre                50

    (L’amendement no 1839 est adopté.)

    Mme la présidente

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    Mes chers collègues, je vous informe que nous avons examiné ce matin quatre-vingt-treize amendements, soit vingt-trois amendements par heure. À ce rythme, nous parviendrons au vote sur la deuxième partie vers 18 heures, et trente-sept heures de séance seront nécessaires pour achever l’examen des 847 amendements restant en discussion.
    La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

    2. Ordre du jour de la prochaine séance

    Mme la présidente

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    Prochaine séance, cet après-midi, à quinze heures :
    Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à treize heures.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra