XVIIe législature
Session ordinaire de 2025-2026

Première séance du vendredi 07 novembre 2025

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Première séance du vendredi 07 novembre 2025

Présidence de Mme Hélène Laporte
vice-présidente

Mme la présidente

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à neuf heures.)

    1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026

    Mme la présidente

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).

    Deuxième partie (suite)

    Mme la présidente

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    Hier soir, l’Assemblée nationale a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 279 portant article additionnel après l’article 8.

    Après l’article 8 (suite)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 279 et 892.
    L’amendement no 279 de M. Jérôme Guedj est défendu.
    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 892.

    M. Hadrien Clouet

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    Il vise à intégrer au calcul des cotisations relatives à la branche accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) le taux de survenance de pratiques pathogènes, dans une logique de prévention. Il s’agit de ne pas se contenter de constater les accidents ou les maladies professionnelles lorsqu’ils arrivent puis d’intervenir en aval, mais de repérer les pratiques qui peuvent donner lieu à ce type d’événement afin de les dissuader en amont.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales, pour donner l’avis de la commission.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales

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    Vous voulez moduler le taux des cotisations AT-MP en fonction de la survenance de pratiques pathogènes et accidentogènes. Une majoration s’applique déjà aux cotisations des entreprises qui ont commis une infraction relevée par l’inspection du travail ou qui font l’objet d’une injonction de la Carsat –⁠ caisse d’assurance retraite et de santé au travail.
    D’autres mesures ont été prises pour lutter contre les pratiques pathogènes et accidentogènes au sein de l’ensemble des entreprises, notamment dans le cadre de la loi du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail qui, suite à l’accord national interprofessionnel (ANI) du 9 décembre 2020, a mis en œuvre une logique de prévention primaire dans les entreprises. S’y ajoute le document unique d’évaluation des risques et de prévention (Duerp), qui sert à identifier collectivement et régulièrement les principales pratiques à risque. Votre amendement me paraît donc satisfait : je vous invite à le retirer. À défaut, l’avis sera défavorable. Je précise que cet amendement avait été rejeté par la commission.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre du travail et des solidarités, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Comme je l’avais dit en commission, je ne partage évidemment pas l’avis du rapporteur général. Il me semble que ce dont il parle ne répond pas vraiment à nos préoccupations. Il évoque à raison l’application de surcotisations lorsqu’une infraction ou certains événements particuliers sont constatés mais, pour ma part, je ne suis pas d’accord pour être dans le tout répressif vis-à-vis du monde des employeurs et des employeuses ! Je vous trouve finalement très dur : on a l’impression, à vous écouter, que le monde patronal mérite seulement d’être réprimé. Il n’y aurait qu’à sévir !

    M. Yannick Monnet

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    Alors, monsieur Bazin ?

    M. Erwan Balanant

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    Que se passe-t-il à neuf heures du matin ? (Sourires.)

    M. Hadrien Clouet

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    Je ne suis pas d’accord et je ne partage pas cette vision : je pense qu’il faut accompagner, prévenir, orienter les pratiques et non adopter une attitude que je trouve un peu brutale avec les employeuses et les employeurs du pays. (Sourires.) Nous pourrions obéir à une logique d’orientation douce et pacifique plutôt que de toujours privilégier la répression de l’infraction. Aimez davantage les patrons et suivez-nous !

    (Les amendements identiques nos 279 et 892 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 298 et 1843.
    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 298.

    M. Yannick Monnet

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    Si c’est à nous de vous expliquer qu’il faut être précautionneux à l’égard des employeurs, on commence bien la journée ! (Sourires.)

    M. Marc Fesneau

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    Eh oui !

    M. Yannick Monnet

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    Nous voulons aborder la question de la sous-traitance. Selon une étude publiée en 2024, 38 % des entreprises y ont recours pour un montant total d’environ 372 milliards d’euros. Or une autre étude réalisée par la Dares –⁠ direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques – en 2023 met en évidence une surexposition aux accidents du travail des salariés des entreprises de la sous-traitance. La cotisation AT-MP n’a d’ailleurs pas uniquement pour objet de réparer des préjudices : elle sert aussi à faire de la prévention. C’est le sens de notre amendement.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 1843 de Mme Danielle Simonnet est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    J’essaie d’adopter une position équilibrée en défendant à la fois les employeurs et les employés. Je ne suis pas devenu Insoumis pendant la nuit…

    M. Hadrien Clouet

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    Pas loin !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …et je pense que M. Clouet n’est pas devenu Républicain –⁠ …

    M. Hadrien Clouet

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    Non, pas du tout ! Pas de « droite républicaine », en tout cas !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …même si nous sommes en effet tous un peu républicains, enfin je l’espère.
    Monsieur Monnet, vous voulez augmenter les cotisations AT-MP des entreprises donneuses d’ordre lorsqu’un sous-traitant présente une sinistralité élevée. J’ai moi-même travaillé dans le secteur du bâtiment, où le sujet de la sous-traitance se pose. Quand plusieurs entreprises interviennent sur un chantier, il est vrai que les risques sont plus importants ; l’entreprise donneuse d’ordre a donc la responsabilité de coordonner l’ensemble. En cas de risque spécifique lié à la présence de salariés de différentes entreprises, elle doit aussi établir un plan de prévention. Cela va même plus loin : quand il existe des risques liés aux interférences induites par la sous-traitance, les Carsat peuvent enjoindre à l’entreprise utilisatrice de prendre des mesures de prévention ; en cas d’inobservation des mesures prescrites, elles peuvent ensuite lui imposer le paiement de cotisations supplémentaires.
    Vous voyez donc que je ne suis pas pour le tout répressif, monsieur Clouet, et qu’une forme de modulation proche de ce que vous proposez existe déjà dans le droit en vigueur. Il faut trouver un équilibre entre prévention et sanction en cas de non-respect des mesures de prévention. Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable. J’ajoute que l’amendement avait été rejeté par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Les accidents du travail sont en effet une cause essentielle –⁠ il en a déjà été question hier et vous avez raison d’appeler notre attention là-dessus. Je voulais d’ailleurs le dire hier : dès que le temps m’en sera donné, notamment lorsque nous aurons achevé cet épisode budgétaire majeur, je compte bien m’investir sur ce sujet en m’appuyant sur mon expérience acquise à la SNCF.
    La sous-traitance est un sujet particulièrement sensible et vous avez raison de relever que le risque est généralement plus élevé pour les salariés qui travaillent pour des sous-traitants. Il faut donc mettre l’accent sur la prévention : la meilleure chose à faire en matière d’accidents du travail c’est de les prévenir. Le rapporteur général a fait la liste des dispositifs prévus. Les plans de prévention éventuellement renforcés par l’intervention de la Carsat : voilà la bonne réponse de fond à apporter. Pour ces raisons, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Vous ne pouvez pas nous renvoyer systématiquement dans les cordes à chaque fois que nous abordons un sujet, en disant lui accorder de l’importance sans essayer d’y apporter des réponses. C’est trop facile ! (Mme Sandrine Rousseau applaudit.) C’est même une forme de négligence. Vous le savez, monsieur l’ancien président de la SNCF : ce sont souvent les donneurs d’ordre qui maltraitent les sous-traitants et qui dégradent leurs conditions de travail ! Si on ne se donne pas les moyens de les sanctionner, rien ne changera. Vous parlez de contrôles mais vous savez très bien que les moyens sont inexistants en la matière ; dans de nombreux domaines, on ne contrôle plus ! Il faut donc agir clairement au lieu d’attendre qu’une réflexion soit entamée on ne sait quand. Envoyons un signal fort dès maintenant !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexis Corbière.

    M. Alexis Corbière

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    Je suis totalement d’accord avec ce que vient de dire mon collègue. Monsieur le rapporteur général, vous ne pouvez pas nous répondre au conditionnel en disant que les Carsat « peuvent » intervenir, et cetera, alors que la France est un cas particulier : c’est le pays où l’on constate le taux le plus élevé de morts au travail et d’accidents du travail. Cette singularité est liée notamment à la chaîne de fonctionnement qui vient d’être décrite –⁠ le fort recours aux sous-traitants dans certains secteurs tels que la santé ou le nettoyage ; on ne peut pas se contenter de l’observer passivement, en utilisant le conditionnel !
    Je rappelle d’ailleurs qu’au sein même de l’Assemblée, la mort d’un travailleur nous avait beaucoup émus ; c’était un agent d’entretien qui travaillait pour une entreprise sous-traitante. Il est temps de sortir de cette attitude d’attente un peu passive : il faut créer, et cela passe notamment par l’adoption de ces amendements, les conditions permettant de sanctionner les manquements, pour que cesse ce cycle infernal qui fait de notre pays celui où l’on compte le plus de travailleurs qui meurent ou se blessent rudement sur leur lieu de travail.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Ayant été civilement et pénalement responsable de milliers de salariés soumis à des risques d’accident du travail, je veux apporter mon témoignage. Les Carsat ont été évoquées mais je me dois de préciser qu’en France, les accidents du travail sont majoritairement des accidents de la route.

    M. Alexis Corbière et M. Yannick Monnet

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    Non !

    M. Frédéric Petit

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    Il faut bien regarder les chiffres ! Ensuite, s’agissant de la sous-traitance, je rappelle aussi que le plus efficace des outils, c’est précisément ce que font les donneurs d’ordre. Dans les entreprises sérieuses, il n’y a plus, en France, aucun contrat de sous-traitance qui n’intègre pas des conditions relatives à la sécurité et à la formation sur cette question. Ces conditions sont établies avant que les personnes concernées viennent travailler ; sinon, le contrat de sous-traitance ne peut être conclu ! Ce dont vous parlez est donc traité au niveau des contrats des donneurs d’ordre, ce qui prouve bien que toutes les parties prenantes –⁠ donneurs d’ordre et sous-traitants – sont de plus en plus vigilantes en la matière.

    (Les amendements identiques nos 298 et 1843 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet pour soutenir les amendements nos 1593 et 1594, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    M. Hadrien Clouet

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    Ils vont en effet dans le même sens : il s’agit d’introduire des surcotisations pour décourager des comportements entrepreneuriaux nuisibles à l’intérêt général. Le premier amendement s’attaque à un sujet majeur dans l’industrie : les retards de paiement des entreprises vis-à-vis de leurs sous-traitantes et de leurs sous-traitants. Depuis trois jours, on entend des collègues nous dire que lever 500 millions voire 1 milliard d’euros de cotisations serait abominable –⁠ on a l’impression que ce serait un crime contre l’humanité. Parallèlement, les retards de paiement des grands groupes atteignent la somme cumulée de 15 milliards d’euros !
    Comment, dès lors, traiter ces deux phénomènes de pair ? Nous proposons de créer une surcotisation qui va apporter de l’argent aux caisses de sécurité sociale, afin de pénaliser les retards de paiement aux petites entreprises. Pour une fois, vous vous soucierez des petits patrons ! (M. Damien Maudet applaudit. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem.) Je suis désolé de revenir à la charge mais j’ai l’impression que La France insoumise est la seule à déposer des amendements pour défendre les petits patrons –⁠ et nous allons continuer à le faire. (M. Damien Maudet applaudit.)

    M. Erwan Balanant

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    Arrête un peu, ça va nous énerver au bout d’un moment !

    M. Hadrien Clouet

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    Je dis que nous sommes les seuls ; bon, peut-être faut-il y ajouter un ou deux collègues à droite, mais c’est bien le maximum !
    Bref, nous tenons à défendre la trésorerie des très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) ; de ce point de vue, il me semble que ce que nous proposons est un outil utile. Un grand groupe ne paie pas à temps ; la trésorerie de la petite entreprise concernée est vide : une surcotisation s’applique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) De cette manière, le grand groupe est dissuadé de recourir à cette pratique qui est néfaste à l’ensemble de l’écosystème économique de son territoire et les caisses de la sécurité sociale se remplissent : il n’y a que des gagnants !
    Par exemple, un territoire comme celui de Toulouse, où un cinquième des équipementiers aéronautiques sont en difficulté, a besoin de ce type de protection pour l’ensemble des TPE-PME. Pensez à elles : adoptez l’amendement !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Les entreprises ne sont pas les seules à avoir des délais de paiement importants à l’égard de leurs fournisseurs.

    M. Frédéric Petit et M. Philippe Vigier

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    L’État aussi !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Certains acteurs publics de grande taille peuvent aussi être concernés ! L’État a aussi sa part de responsabilité. C’est le cas par exemple dans mon territoire, où il arrive que des établissements publics paient avec quatre mois et demi ou cinq mois de retard des artisans ou des entreprises qui sont en grande difficulté. Le problème est donc réel, je le reconnais, mais il va bien au-delà des seules entreprises.
    Quant à la solution que vous proposez, elle ne me semble pas adaptée. Je précise que les entreprises sont déjà passibles d’une amende administrative dont le montant peut atteindre 2 millions d’euros. Cela dit, j’ai bien entendu M. Corbière et M. Monnet : je ne néglige pas les problèmes que vous soulevez. Nous avons déjà abordé le sujet des maladies professionnelles mais s’agissant des accidents du travail, nous avons demandé au ministre de nous faire le bilan du dispositif de signalisation relatif à la sécurité au travail. Peut-être faut-il le compléter à l’aide d’une approche comparative, de manière à progresser sur ce sujet, mais je ne suis pas certain que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) soit le bon véhicule pour y parvenir, d’autres outils me semblent plus adaptés. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je suis sur la même ligne que M. le rapporteur général. Le sujet économique que vous soulevez est réel : il ne s’agit en aucun cas de le contester. En revanche, je m’étonne que l’on utilise la régulation par les cotisations sociales comme un instrument générique pour régler tout ce qui doit l’être dans notre pays. Il me semble que ce n’est pas leur vocation ! Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Plusieurs demandes de prise de parole m’ont été adressées. Je tiens tout de même à vous alerter sur le fait qu’il nous reste 1 220 amendements à examiner ; à ce rythme, il faudrait soixante-cinq heures pour arriver au bout du texte, or nous ne les avons pas. Nous avançons au rythme de dix-huit amendements à l’heure ;…

    M. Jérôme Guedj

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    Il faut doubler !

    Mme la présidente

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    …je vous remercie donc de respecter ce qui a été décidé en conférence des présidents : un pour, un contre, et une minute maximum.

    M. Marc Fesneau

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexis Corbière.

    M. Alexis Corbière

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    Monsieur Petit, on ne peut pas dire que la majorité des accidents du travail ont lieu pendant le temps de transport, ce qui ramènerait la question à un problème de circulation routière. Telle n’est pas la réalité. On dénombre 700 à 800 accidents du travail mortels par an. En 2022, il y en a eu 730, auxquels il faut ajouter 256 accidents pendant le temps de transport. Dans la grande majorité des cas, les salariés perdent la vie sur leur lieu de travail, souvent en raison du non-respect de normes. Mentionnons un autre problème : l’absence d’inspecteurs et de contrôleurs du travail. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    (Les amendements nos 1593 et 1594, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements, nos 1544 et 1552 rectifié, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à Mme Louise Morel, pour soutenir ces deux amendements, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.

    Mme Louise Morel

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    Nous avons adopté ici, il y a quelques mois, le projet de loi portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l’emploi des salariés expérimentés. Ces deux amendements relèvent du même esprit : permettre aux seniors de travailler davantage. Par l’amendement no 1552 rectifié, nous proposons de faire un geste en faveur des retraités qui exercent une activité sous le statut de microentrepreneur, en exonérant leur pension de retraite de CSG –⁠ contribution sociale généralisée – et de CRDS –⁠ contribution pour le remboursement de la dette sociale. Nous adresserions ainsi un message simple aux retraités : lorsque vous exercez une activité, l’État vous encourage.

    M. Philippe Vigier

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je comprends et partage votre souci…

    M. Erwan Balanant et M. Philippe Vigier

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    Ça commence mal !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …de soutenir les retraités qui reprennent une activité, en l’occurrence en créant une entreprise individuelle.
    Toutefois, vous proposez d’exonérer entièrement de CSG et de CRDS les pensions de retraite versées aux personnes ayant le statut de mircoentrepreneur, sans tenir compte du montant des revenus professionnels qui donneraient lieu à cette exonération. J’ai l’impression que, proportionnellement, cette mesure favoriserait davantage les retraités les plus fortunés –⁠ ceux qui sont soumis au taux le plus élevé du barème bénéficieraient d’une réduction de 8,8 points de leurs prélèvements sociaux – que les plus modestes –⁠ dont certains sont déjà exonérés de CSG sur les revenus de remplacement.
    En outre, la perte de recettes induite par cette exonération totale de CSG et de CRDS n’est pas évaluée.
    La commission n’a pas examiné ces amendements. À titre personnel, je vous invite à les retirer, compte tenu notamment de la situation de nos comptes sociaux. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Madame Morel, je salue votre engagement sur les questions relatives au travail et vous remercie pour le rôle que vous avez joué dans la transposition des ANI que vous avez cités. De manière plus générale, je rends hommage au groupe Modem, qui participe activement à la recherche de convergences –⁠ l’exercice n’est pas simple – et s’attache à ce qu’un budget soit proposé à la fin de ce parcours législatif.
    Sur les amendements, mon argumentation est la même que celle du rapporteur général : je comprends bien l’intérêt d’une telle mesure mais, dans le contexte qui est le nôtre, il me paraît difficile d’accepter cette exemption particulière. Je vous invite à retirer les amendements.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Louise Morel.

    Mme Louise Morel

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    Je vous remercie pour ces explications. Si je comprends bien, la mesure est un peu trop ambitieuse et mal évaluée. Or nous avons encore du temps d’ici au 22 décembre. Je souhaite donc maintenir les amendements : nous pourrions introduire cette mesure dans le texte et mettre à profit la navette parlementaire pour l’affiner, par exemple en retenant une seule des deux exemptions –⁠ celle de CSG ou celle de CRDS – ou en fixant un seuil. J’ajoute que cette mesure correspond à une demande forte qui remonte du terrain –⁠ plusieurs de nos concitoyens l’ont évoquée lors de réunions publiques ou de permanences que j’ai organisées. J’aimerais que nous avancions à ce sujet.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Je voterai contre ces amendements.
    Monsieur le ministre, tout le monde s’attache à doter la sécurité sociale d’un budget, mais les amendements du bloc central, de la droite et de l’extrême droite consistent uniquement à réduire les recettes. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et EcoS.) Ce sera donc un budget rabougri ! Chers collègues, vous ne faites aucune proposition pour augmenter les recettes de la sécurité sociale !

    M. Hadrien Clouet

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    C’est bien vrai !

    M. Yannick Monnet

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    C’est un véritable problème : en fin de compte, on débouchera sur un budget qui ne correspondra pas aux besoins de la population.

    M. Alexis Corbière

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    C’est vrai !

    (Les amendements nos 1544 et 1552 rectifié, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    Sur les amendements no 894 et 895, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 894.

    M. Damien Maudet

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    Nous l’avons dit à plusieurs reprises, la France est championne d’Europe pour le versement de dividendes : leur volume a atteint 100 milliards d’euros l’année dernière. Or nombre d’entreprises qui versent des dividendes peuvent profiter des exonérations de cotisations sociales.
    Prenons l’exemple du groupe LVMH, qui a réalisé 14 milliards d’euros de profits et versé environ 6 milliards d’euros de dividendes. Devinez quoi ? LVMH a profité de 197 millions d’euros d’exonérations de cotisations sociales. Quelqu’un peut-il me dire à quoi ont servi ces 197 millions d’euros d’exonérations ? Le pire est qu’elles sont financées par la TVA des Français !
    Comprenez bien : les Français ont payé, par l’intermédiaire de la TVA, 197 millions d’euros à un groupe qui a versé 6 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires, actionnaires qui bénéficient eux-mêmes, depuis 2017, d’un impôt réduit sur ces dividendes. Expliquez-nous votre logique ! Une entreprise capable de verser des dividendes ne devrait pas bénéficier d’exonérations de cotisations sociales. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Christine Pirès Beaune

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    Exactement !

    Mme Anne Stambach-Terrenoir

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    Excellent !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je rêve moi aussi que la France soit championne d’Europe l’année prochaine ! (Sourires.)
    Vous êtes obsédés par le CAC40 ! En 2024, le volume des dividendes s’est établi à 300 milliards d’euros. Le chiffre de 100 milliards correspond aux dividendes versés par les seules entreprises du CAC40.
    Vous souhaitez que l’on tienne compte des bénéfices pour le calcul du bandeau maladie. Or, à mon avis, vous vous êtes trompé de cible –⁠ ça arrive, je me trompe aussi parfois : d’une part, les bénéfices ne sont pas forcément versés sous forme de dividendes ; d’autre part, votre amendement porte non pas sur le bandeau maladie, mais sur la réduction proportionnelle de la cotisation d’assurance maladie, dite réduction maladie, dont bénéficient les travailleurs indépendants. Je ne suis pas sûr que vous souhaitiez vraiment pénaliser les travailleurs indépendants ! Qui plus est, la réduction maladie tient déjà compte de la situation économique du bénéficiaire puisqu’elle est proportionnelle à ses revenus professionnels.
    La commission avait rejeté cet amendement. Je vous invite à le retirer, sans quoi j’émettrai un avis défavorable.

    M. Philippe Vigier

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    J’avais compris que cet amendement concernait non pas les grandes entreprises –⁠ que vous venez d’évoquer –, mais les travailleurs indépendants. Peut-être y a-t-il une confusion entre la réduction proportionnelle maladie qui a remplacé le CICE –⁠ crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi – et la réduction maladie dont bénéficient les travailleurs indépendants ?
    Aux termes de votre amendement, la réduction maladie des travailleurs indépendants devrait désormais tenir compte du bénéfice réalisé au cours de l’année précédente. Cette mesure aurait pour effet de diminuer le montant de la réduction pour les travailleurs indépendants qui réalisent un chiffre d’affaires positif, y compris pour ceux dont les revenus sont les plus faibles. Vous comprendrez que, dans ces conditions, j’y sois défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    J’ignore s’il y a une erreur dans la rédaction de cet amendement, mais vous nous répondez toujours la même chose depuis le début de l’examen du PLFSS : ce n’est pas le bon outil, ce n’est pas possible. Vous ne nous laissez qu’une seule voie : dire amen, valider l’ensemble de vos propositions sans avoir la moindre capacité de porter la contradiction ni d’amender.

    M. Jean-François Rousset

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    Vous n’êtes pas majoritaires !

    Mme Sandrine Rousseau

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    Si aucun des outils dont nous discutons ne peut être utilisé pour modifier, ne serait-ce que légèrement, la trajectoire que vous avez tracée, à quoi bon passer nos jours et nos nuits dans cet hémicycle ? (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Michel Lauzzana.

    M. Michel Lauzzana

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    Ne versez pas dans la caricature ! Nous avons déjà fait des concessions, nous discutons beaucoup, et c’est très bien ainsi. Par ailleurs, nombre de vos amendements n’ont pas lieu d’être ou tombent à plat. En l’espèce, l’amendement porte sur les travailleurs indépendants ; vous mélangez des éléments qui n’ont rien à voir les uns avec les autres.
    Vous êtes obsédés par la fiscalité. Or celle-ci ne peut pas tout résoudre. (Mme Sandrine Rousseau s’exclame.) Elle n’a pas vocation à régler des problèmes qui ne sont pas de son ressort.
    Vous êtes aussi obsédés par les dividendes. Ayez en tête la manière dont le monde des entreprises est structuré en France : il y a quelques très grandes entreprises, qui réalisent des bénéfices élevés –⁠ et c’est tant mieux –, un grand nombre de petites et moyennes entreprises et très peu d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). Ajoutons que les grandes entreprises font une partie de leurs bénéfices à l’étranger. À cet égard, l’exemple cité est mal choisi : le groupe LVMH réalise moins de 9 % de son chiffre d’affaires dans notre pays alors qu’il y paie des impôts ; autrement dit, il ramène de la richesse en France. Sortez de ces obsessions !

    (L’amendement no 894 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 895.

    M. Hadrien Clouet

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    Il vise à réduire les inégalités de salaire entre les femmes et les hommes.
    Vous connaissez la situation dans notre pays : les salaires versés aux femmes sont en moyenne inférieurs de 22 % aux salaires versés aux hommes. Si l’on tient compte de la qualification, de la profession et du secteur –⁠ autrement dit, si l’on raisonne « toutes choses étant égales par ailleurs » –, il reste un écart salarial inexpliqué, d’au moins 4 %, qui n’a aucun sens économique.
    On pourrait s’interroger sur l’intérêt de réduire un écart qui ne fait que 4 %. Cependant, les inégalités salariales sont créées dès le plus jeune âge, puisque les toutes-petites et les tout-petits sont orientés vers des filières de formation différentes. En réalité, tout est fait socialement pour maintenir l’écart de salaire à 22 %.
    Cette situation a deux conséquences. D’abord, elle a un caractère humiliant : le principe « à travail égal, salaire égal » n’est toujours pas respecté dans notre pays. Ensuite, elle a un effet macroéconomique tout à fait détestable : elle nous prive de 35 milliards d’euros de salaires féminins. Si les femmes étaient payées à égalité avec les hommes, 35 milliards supplémentaires alimenteraient la consommation, ce qui profiterait aux TPE-PME –⁠ à ceux que nous essayons de défendre, un peu seuls, depuis le début de l’examen de ce texte. En outre, 9 milliards supplémentaires entreraient dans les caisses de la sécu. Cet amendement n’a donc que des vertus. (Mme Anne Stambach-Terrenoir applaudit.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 2491, je suis saisie par le groupe de la Gauche démocrate et républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 895 ?

    M. Thibault Bazin

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    Nous avons déjà débattu de cette question. Je vous fais la même réponse que précédemment : je suis défavorable à cet amendement. Il avait été rejeté par la commission.

    M. Fabien Di Filippo

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    Bravo !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Même avis.

    M. Fabien Di Filippo

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    Bravo !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Karine Lebon.

    Mme Karine Lebon

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    Dans trois jours, le 10 novembre, à partir de 11 h 31, les femmes seront considérées comme travaillant gratuitement, en raison de la persistance de cet écart salarial. (Mme Gabrielle Cathala et M. Hadrien Clouet applaudissent.) À La Réunion, on dit : nou travail pou la po patat !
    Si nous voulons éviter cela, nous allons devoir faire, à un moment donné, des gestes forts en faveur de l’égalité salariale. Montrons que nous voulons vraiment instaurer dans notre pays l’égalité réelle entre les femmes et les hommes !

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 895.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        127
            Nombre de suffrages exprimés                125
            Majorité absolue                        63
                    Pour l’adoption                31
                    Contre                94

    (L’amendement no 895 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 2491.

    M. Yannick Monnet

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    Sur cette partie du PLFSS, notre seule obsession est la bonne utilisation de l’argent public. Le discours que vous tenez depuis le début de la discussion consiste à dire que les aides publiques et les exonérations sont destinées à aider les entreprises à maintenir les emplois. Cependant, parfois, elles licencient.
    Nous proposons que, lorsqu’un licenciement pour motif économique a été jugé sans cause réelle et sérieuse, l’entreprise rembourse les aides publiques et le montant des exonérations de cotisations sociales dont elle a bénéficié au titre des salariés concernés par le licenciement. C’est la moindre des choses ! D’accord pour aider mais, en cas de tromperie, les aides doivent être remboursées !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Madame Lebon, nous évoquerons l’égalité hommes-femmes à l’occasion du débat sur les retraites : il est vrai qu’il reste fort à faire, notamment sur la conciliation entre vie familiale et vie professionnelle.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Cela se joue maintenant !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Non, car ce n’est pas le bon outil.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Les retraites sont le résultat des carrières…

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous avons déjà longuement examiné la question de la conditionnalité : les allègements généraux de cotisations ne s’appliquent qu’en cas de versement de salaire et ils sont soumis à certains objectifs.
    Votre amendement concerne les licenciements économiques sans cause réelle et sérieuse : je rappelle qu’ils peuvent être contestés en justice, le juge ayant la faculté de condamner l’auteur du licenciement à réintégrer le salarié et à lui verser des indemnités.
    Indépendamment du fond, la rédaction de votre amendement est problématique car son adoption conduirait à écraser un article du code du travail prévoyant qu’un salarié victime d’un licenciement abusif peut prétendre à une indemnité correspondant au préjudice subi. Dans la mesure où tel n’est sans doute pas votre souhait, je vous invite à retirer votre amendement.

    M. Yannick Monnet

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    Si vous êtes d’accord avec ce que j’ai dit, sous-amendez !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    À défaut, je lui donne un avis défavorable, étant observé qu’il n’a pas été étudié par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    J’ai déjà exprimé mon désaccord avec les mesures visant à conditionner a priori le bénéfice de la réduction générale dégressive unique au respect de certaines normes, notamment en matière d’emploi. Vous comprendrez que je sois aussi opposé à des mesures qui la remettent en cause a posteriori.
    Ces débats successifs illustrent une divergence de fond. Pour le gouvernement, les allégements de cotisations sont un levier essentiel pour diminuer le coût du travail en France ; ils ne peuvent se transformer en instrument de sanction à l’égard des employeurs.
    Enfin, les licenciements pour motif économique sont très encadrés –⁠ c’est bien normal – et les suppressions d’emplois ne sont pas une mesure que les employeurs envisagent à la légère. Pour toutes ces raisons, je suis défavorable à votre proposition.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 2491.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        136
            Nombre de suffrages exprimés                134
            Majorité absolue                        68
                    Pour l’adoption                33
                    Contre                101

    (L’amendement no 2491 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 842 de M. Stéphane Viry est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 842.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        137
            Nombre de suffrages exprimés                132
            Majorité absolue                        67
                    Pour l’adoption                50
                    Contre                82

    (L’amendement no 842 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 896.

    M. Hadrien Clouet

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    Il vise l’instauration d’une surcotisation pour dissuader un comportement entrepreneurial déplorable consistant à accepter qu’au sein d’une entreprise la rémunération la plus basse puisse être plus de vingt fois inférieure à la plus élevée. Nous n’avons pas inventé cette échelle de un à vingt : elle est utilisée par la Confédération européenne des syndicats, le groupement le plus large du monde du travail existant à l’échelle continentale.
    Ne pas respecter cet écart dissuade l’engagement au travail de nombreuses personnes en CDI qui, payées au lance-pierre, finissent le mois à découvert pendant que des grands patrons –⁠ je pense à celui de Stellantis – ne cessent se gaver en menant parfois leur entreprise dans le mur.
    Si vous croyez vraiment au discours que vous tenez depuis hier –⁠ l’entreprise est un projet commun, bla bla bla ! –, alors créez un lien entre le salaire le plus haut et le salaire le plus bas ! Il faut entraîner les salariés sur le même bateau et non sur une sorte d’immense paquebot où les passagers de l’arrière coulent tandis que ceux de l’avant se gavent.
    On va nous opposer que les cotisations sociales n’ont rien à voir là-dedans. C’est faux : en raison de l’effet déplorable de ces écarts de salaire, certaines personnes sont dépendantes du soutien de la sécurité sociale pour vivre alors même qu’elles perçoivent un salaire. C’est donc bien la sécurité sociale qui doit bénéficier des pénalités liées aux salaires excessifs de certains PDG. (Mme Anne Stambach-Terrenoir applaudit.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je comprends votre idée. Cependant en augmentant les cotisations vieillesse, qui sont créatrices de droits, vous allez paradoxalement favoriser me semble-t-il ceux que voulez pénaliser.
    En outre, ce dispositif inciterait les entreprises à recourir à des modes de rémunération alternatifs aux salaires et, en cas de bénéfices, à ne pas en redistribuer une partie sous forme d’augmentations salariales mais à privilégier en particulier le versement de dividendes. Là encore, on est loin de votre objectif ! Je vous inviterai à retirer votre amendement, rejeté par la commission. À défaut, avis défavorable.

    M. Erwan Balanant

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    Accélérez !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Il ne sert à rien de me répéter dix fois d’aller plus vite !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    J’irai droit au but : dans notre pays, une entreprise fixe librement sa politique salariale sous réserve de respecter le smic et les minima de branche. La libre détermination de la rémunération par l’employeur et le salarié constitue un élément de l’attractivité d’une entreprise sur le territoire.
    La loi impose des obligations de transparence aux entreprises cotées : elles doivent rendre publics les écarts entre les hautes rémunérations et la rémunération moyenne, ceux entre les hautes rémunérations et la rémunération médiane, et l’évolution sur cinq ans de ces ratios. Pour l’ensemble de ces raisons, je suis défavorable à votre amendement.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexis Corbière.

    M. Alexis Corbière

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    L’encadrement des salaires s’applique dans le secteur dynamique de l’économie sociale et solidaire : ce n’est donc pas du tout antiéconomique.
    Un mot à l’attention de monsieur le ministre : je milite en faveur d’un changement de vocabulaire. Vous parlez d’allégement de cotisations –⁠ nous voulons tous être allégés de quelque chose – mais il s’agit, en réalité, un alourdissement de la dette de la sécurité sociale. Il est trop facile de dire « allégeons les cotisations » ! La conséquence de cet allégement, c’est le déficit et les difficultés pour la sécurité sociale. Le vocabulaire est intéressant : une expression positive sert à masquer une réalité pénalisante pour notre système de protection sociale.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    L’amendement Clouet m’offre l’occasion de revenir sur la problématique des très hauts salaires. La France souffre d’une sorte d’endogamie régnant dans les conseils d’administration : ce sont toujours les mêmes qui décident de la rémunération des patrons. Il est normal qu’un patron qui travaille bien soit bien rémunéré. En revanche, il est scandaleux qu’un patron qui laisse derrière lui un champ de ruines perçoive les rémunérations qu’on connaît. Le groupe Atos –⁠ un groupe français remarquable – est en train de s’effondrer. Les dirigeants successifs qui l’ont démoli sont partis avec des rémunérations particulièrement confortables. Monsieur le ministre, vous connaissez ce milieu : la réforme éthique devra se faire à ce niveau-là. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    (L’amendement no 896 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 2260.

    M. Hadrien Clouet

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    Cet amendement propose de rétablir la cotisation à l’assurance chômage, supprimée par la LFSS pour 2018 et remplacée par l’affectation d’une partie de la CSG.
    En fiscalisant le régime d’assurance chômage, vous voulez reprendre la main sur les flux financiers et les contrôler politiquement, y compris en les réaffectant si besoin à d’autres usages que ceux pour lesquels les Françaises et les Français et les travailleuses et travailleurs ont contribué.
    Deuxièmement, vous voulez dessaisir le monde syndical.
    Enfin, vous avez opéré un versement décalé : l’augmentation de CSG a été réalisée avant la baisse des cotisations chômage de sorte que, pendant cinq mois, vous avez empoché le pactole. Cela démontre bien les logiques de gestion…

    M. Michel Lauzzana

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    Pactole, non !

    M. Hadrien Clouet

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    Si, le pactole ! Quand les gens cotisent pour l’assurance chômage et que leurs cotisations partent dans le budget de l’État, ça s’appelle un pactole ou plutôt un détournement. Je ne voulais pas employer le terme, mais vous avez eu raison de me reprendre !
    Il s’agit de rétablir le principe de cotisation et donc d’assurance contre le risque de chômage.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Si on adoptait votre amendement, on augmenterait les cotisations et on baisserait le salaire net des salariés. C’est inacceptable ! Je ne pense pas que vous vouliez porter préjudice aux salariés. Je vous invite donc à retirer cet amendement ; sinon, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    La mesure sur laquelle vous voulez revenir est une mesure de pouvoir d’achat favorable aux actifs. Au surplus, l’enjeu financier global s’élève à 15 milliards, ce qui n’est pas rien. Avis défavorable.

    (L’amendement no 2260 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 897 et 2493.
    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 897.

    M. Hadrien Clouet

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    Il s’agit d’étendre les cotisations sociales à la prime dite Macron –⁠ avec un tel nom, ça commence mal –, dispositif qui substitue une logique de prime à des rémunérations salariales pérennes, fixes et irréversibles. Ce dispositif a pourtant un coût : quand vous êtes payés par une prime, vous ne cotisez pas au régime d’assurance vieillesse… Et les mêmes qui ont créé cette prime de nous dire six mois plus tard : « Regardez, il manque de l’argent pour la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), il faut faire une réforme des retraites ! »
    En réalité, nous payons nous-mêmes la prétendue rémunération supplémentaire versée sous forme de primes en déficit des comptes sociaux, en lits d’hôpitaux qui ferment, en franchises médicales, en réformes des retraites. Ce n’est pas possible ! D’accord pour les primes mais à condition de payer des cotisations dessus afin que ces primes servent l’intérêt général plutôt que de siphonner la sécurité sociale.

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos  897 et 2493, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 2493.

    M. Yannick Monnet

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    De cette longue série d’amendements et de cette intéressante discussion, il ressort que vous vous fichez de la sécurité sociale ! Pour vous, elle n’est qu’un simple levier économique ! Vous n’en faites pas un outil de protection puisque vous passez votre temps à réduire les recettes.

    M. Frédéric Petit

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    Non !

    M. Yannick Monnet

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    Monsieur le ministre du travail, je vous le répète, à force de vouloir baisser le coût du travail, vous diminuez sa valeur ! Le travail a un coût parce qu’il a une valeur.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Monnet, nous ne traitons pas ici du coût du travail mais du partage de la valeur quand elle existe, ce qui n’est le cas ni dans tous les secteurs, ni dans toutes les entreprises.
    Monsieur Clouet, vous m’avez reproché tout à l’heure d’être violent avec les entreprises ; moi, je vous trouve très violent avec les salariés ! En réalité –⁠ je le dis à tous nos collègues pour qu’ils aient conscience sur quoi nous allons voter –, votre amendement ne supprime pas les exonérations sur la prime de partage de la valeur, il supprime la prime elle-même, dont 5,9 millions de salariés ont bénéficié !
    Et ne faites pas croire qu’ils ne participent pas au financement de la protection sociale : la prime est assujettie à 9,2 % de CSG, 0,5 % de CRDS, au forfait social de 20 % dans les entreprises de plus de cinquante salariés, et elle sera concernée par la hausse de 9,2 % à 10,4 % de la CSG patrimoine adoptée avant-hier. Si nous sommes engagés sur une trajectoire de baisse des prélèvements sur les revenus du travail, cela ne remet pas en cause le financement de la protection sociale. Avis défavorable. (Mme  Sandra Marsaud applaudit.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Alors que cette prime existe depuis 2022, son régime social a connu récemment de nombreuses évolutions. La dernière en date, proposée par le gouvernement dans le cadre de la LFSS pour 2025, a consisté à intégrer cette prime dans le champ des éléments de rémunération retenus pour apprécier la réduction générale des cotisations.
    Nous avons ainsi bénéficié de 700 millions d’euros de recettes supplémentaires pour les comptes sociaux.
    Une nouvelle modification du régime de ce complément de salaire, très apprécié des employeurs comme des salariés, le rapporteur général l’a rappelé, me semblerait illisible. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Danielle Simonnet.

    Mme Danielle Simonnet

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    Nous soutiendrons ces amendements. Nous avons déjà eu un débat sur ces primes. Vous le savez, nous sommes pour les augmentations de salaire, que l’on considère le salaire direct ou indirect, brut ou socialisé. Vous prétendez de votre côté qu’il est dans l’intérêt des travailleurs de percevoir des primes. Or celles-ci ne sont pas soumises à cotisations sociales : ce que vous donnez dans une poche, vous le reprenez dans l’autre.
    Vous nous faites croire que vous adoptez un point de vue comptable mais dans ce cas vous avez tout faux puisque vous creusez le trou de la sécu. En réalité, votre point de vue est idéologique. Nous avons d’ailleurs lu Révolution, le livre dans lequel Emmanuel Macron se vantait de mettre fin au salariat et au système de protection sociale.
    Notre référence historique, ce serait plutôt le Conseil national de la Résistance parce que nous sommes attachés au salaire socialisé et à la protection sociale. Nous estimons donc que toutes les primes doivent donner lieu à cotisations. Voilà pourquoi nous voulons des augmentations de salaire. (M. Alexis Corbière applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jean-François Rousset.

    M. Jean-François Rousset

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    Les salaires et les primes, ce n’est pas pareil. Le salaire est encadré, discuté dans le cadre d’une convention entre les employeurs et les salariés. Le versement d’une prime est lié à différents facteurs –⁠ le mérite ou la mobilité par exemple mais je pourrais aussi citer la prime d’attractivité – et son niveau varie en fonction des circonstances. Il me paraît fondamental de laisser aux entreprises la liberté de distribuer un peu de pouvoir d’achat comme elles le souhaitent.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 897 et 2493.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        151
            Nombre de suffrages exprimés                151
            Majorité absolue                        76
                    Pour l’adoption                48
                    Contre                103

    (Les amendements identiques nos 897 et 2493 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Naillet, pour soutenir l’amendement no 277.

    M. Philippe Naillet

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    Il vise à appliquer le forfait social à la prime de partage de la valeur pour les rémunérations supérieures à trois smic. De trop nombreux compléments de salaire ont un taux de forfait social inférieur à 20 %.
    Cet amendement de Jérôme Guedj, cosigné par les autres députés du groupe Socialistes et apparentés, ne fait que traduire une recommandation de la Cour des comptes –⁠ elle figure dans son rapport de 2024. Chacun a bien compris qu’il était nécessaire de lutter contre le contournement du salaire. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je vais peut-être vous surprendre mais votre vœu est déjà exaucé. La prime de partage de la valeur est soumise au forfait de 20 % dans l’ensemble des entreprises de plus de 250 salariés. Demande de retrait et, à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics, pour donner l’avis du gouvernement.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Il y a des débats que nous avons et d’autres que nous n’avons pas. Monsieur Guedj, vous aviez déposé un amendement no 163 pour que nous discutions de la possibilité de plafonner des exonérations de charges lorsque les montants distribués sont très élevés, de l’ordre de plusieurs millions d’euros –⁠ alors que le présent amendement no 277 concerne des rémunérations de quelques milliers d’euros. Or le no 163 n’a pas été jugé recevable pour des raisons qui m’échappent car je le trouvais plutôt intéressant et j’étais prête à donner un avis de sagesse. J’invite l’ensemble des députés à le lire. Nous ne l’aurions bien sûr pas intégré dans sa rédaction actuelle mais il aurait pu être amélioré dans le cadre de la navette.
    M. Guedj a souvent évoqué ici, en citant notamment un rapport du Conseil des prélèvements obligatoires, la question de la très grande concentration de la distribution d’actions gratuites. Nous allons mener un travail sur ce sujet avec tous les députés intéressés en souhaitant que le Sénat soit associé à cette discussion, laquelle est impossible actuellement puisque l’amendement a disparu et qu’il aurait dû de toute façon être retravaillé.
    J’en viens à l’amendement no 277. Je le répète : l’exonération de CSG et de charges pour la prime de partage de la valeur ne s’applique que jusqu’à 3 000 euros pour tous les salariés et jusqu’à 6 000 euros s’il existe un dispositif d’intéressement. Un plafond a donc déjà été fixé –⁠ au-delà de ce seuil, la PPV est soumise à des charges, par exemple au forfait social. Je précise que, des modifications ayant été apportées, une phase de transition est prévue entre 2024 et 2026.
    J’en profite pour vous signaler que votre prochain amendement no 280 est satisfait –⁠ avec mes équipes, nous n’avons pas compris ce qu’il apportait de nouveau.
    L’amendement no 277 ne me semble pas le bon outil mais sincèrement, le no 163 me semblait intéressant et pourrait être réintégré au cours de la navette, au prix de quelques ajustements.
    Nous ne balayons donc pas votre proposition d’un revers de main. Le rapport du Conseil des prélèvements obligatoires a pointé les défauts d’un dispositif que nous pouvons mieux encadrer. Nous aurons l’occasion d’y revenir puisque ce débat ne peut pas avoir lieu aujourd’hui.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj.

    M. Jérôme Guedj

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    Il est vrai qu’un incident s’est produit, semble-t-il, s’agissant de mon amendement relatif à la distribution d’actions gratuites, une question que j’ai encore abordée hier soir et que nous avions évoquée en commission –⁠ nombre de parlementaires y avaient alors été sensibles. Il me semble nécessaire de renforcer la socialisation en la matière, c’est-à-dire prévoir une contribution au financement de la sécurité sociale au vu de l’extrême concentration des revenus concernés. Je vous rappelle les chiffres : plus de 3 milliards d’actions gratuites distribuées à des personnes dont le revenu annuel est supérieur à 100 000 euros.
    J’entends, madame la ministre, que vous êtes disponible pour en discuter. Vous auriez d’ailleurs pu nous le proposer vous-même dès le départ mais c’est le travail parlementaire qui nous en donne l’occasion. Il faudrait donc qu’un amendement soit déposé au Sénat –⁠ pourquoi pas par le gouvernement ou par des sénateurs de tous bords qui suivent nos débats et que je salue au passage ? Nous sommes en tout cas plusieurs à souhaiter travailler sur cette question.
    Je précise que 400 à 500 millions d’euros de recettes potentielles pour la sécurité sociale sont en jeu. Alors que nous cherchons des millions, et même des milliards, chaque moyen d’augmenter les ressources compte.
    À la suite de votre réponse, je retire l’amendement no 277.

    (L’amendement no 277 est retiré.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux demandes de scrutin public : sur l’amendement no 898 par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire et sur l’amendement no 280 par le groupe Droite républicaine.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Jean-François Coulomme, pour soutenir l’amendement no 898.

    M. Jean-François Coulomme

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    Par cet amendement, nous proposons de supprimer l’exonération de cotisations prévue pour la prime de partage de la valeur, dite prime Macron, lorsque les entreprises disposent de filiales dans des paradis fiscaux.
    En effet, l’évasion fiscale massive à laquelle se livrent certains grands groupes et entreprises de notre pays –⁠ McDonald’s, TotalEnergies ou McKinsey par exemple – est à l’origine d’une perte considérable de moyens pour la puissance publique. Hélas, nous constatons depuis le début de l’examen du PLF et du PLFSS, que le gouvernement ne trouve rien à redire à ces pratiques et ne cherche pas à désempuantir l’État.
    D’une certaine manière, la prime de partage de la valeur favorise l’évasion sociale. Le manque à gagner pour les finances est colossal. Si l’on ne fait rien, c’est la faillite de notre système de sécurité sociale qui se profile à l’horizon. Nous sommes évidemment opposés à un tel encouragement à sa destruction.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 898.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        190
            Nombre de suffrages exprimés                187
            Majorité absolue                        94
                    Pour l’adoption                50
                    Contre                137

    (L’amendement no 898 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Jérôme Guedj, pour soutenir l’amendement no 280.

    M. Jérôme Guedj

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    Cet amendement porte sur une autre exonération liée, non pas à la PPV, mais au PPVE, le plan de partage de la valorisation de l’entreprise.
    Il vise à abaisser à 6 000 euros le plafond d’exemption de cotisations pour la prime accordée au titre du PPVE lorsque la rémunération du salarié est supérieure à trois smic.
    Madame la ministre, vous avez dit tout à l’heure que l’amendement était satisfait. Or cela m’inquiète un peu car, après vérification, les mécanismes d’exonération liés à la PPV et à la PPVE sont différents.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Madame la ministre, maintenez-vous l’avis que vous avez exprimé tout à l’heure ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je dois reconnaître que j’avais lu l’amendement un peu trop vite. Je parlais de la prime de partage de la valeur alors qu’il porte sur le plan de partage de la valorisation de l’entreprise –⁠ nous sommes d’accord, les deux dénominations sont proches !
    Sur cet amendement, pour être franche, je ne sais pas vous répondre.

    M. Jérôme Guedj

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    Pour une fois, nous vous posons une colle !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Si je suis ce que m’indique la fiche de banc, je devrais vous inviter à le retirer et, à défaut, rendre un avis défavorable. Faut-il instaurer un plafond d’exemption pour la PPVE, en miroir du dispositif prévu pour la PPV ? Faute d’expertise sur le sujet, je vous laisse juger de la pertinence d’une telle mesure.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois.

    M. Nicolas Turquois

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    Nous avons discuté de plusieurs mesures qui visent à supprimer, à partir d’un certain de niveau de salaire, l’exonération de cotisations sociales, même si parfois le forfait social est prévu, ce qui permettrait de récupérer des sommes importantes.
    Nous devons mener une réflexion sur cette question. Le niveau de certaines rémunérations et de certaines primes suscite des interrogations chez nos concitoyens, voire les choque.
    Mon groupe est plutôt favorable à l’amendement de M. Guedj –⁠ même si nous n’avons peut-être pas correctement circonscrit le périmètre de la prime. À tout le moins, cette question mérite d’être étudiée.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    J’aimerais apporter ma contribution puisque, semble-t-il, l’expertise a été défaillante –⁠ ça arrive aux meilleurs, en tout cas ça arrive en Macronie.
    Soyons clairs : cet amendement porte sur la PPVE qui n’est pas la prime de la valeur mais un plan collectif indexé sur la valeur de l’entreprise calculée sur un nombre d’années donné. Actuellement, ce dispositif donne lieu à une exonération massive de cotisations et même à une défiscalisations des revenus versés à ce titre.
    L’amendement instaure un plafond à 6 000 euros. Il me semble plus que raisonnable d’estimer qu’au-delà de ce seuil, on est en mesure de contribuer au financement de la sécurité sociale. Cela ne poserait aucun problème en matière de pouvoir d’achat ou de consommation populaire. Le seul enjeu est celui de la nécessaire mise à contribution pour une surrémunération, un « sur-revenu » –⁠ je ne parle pas d’un revenu excessif mais d’un revenu qui vient s’ajouter au salaire direct.
    À cause de ce nouveau trou dans la maille de la sécurité sociale, ce sont des milliards d’euros qui s’échappent chaque année.
    Si vous nous expliquez, dans ce même PLFSS, qu’il faut procéder à des coupes dans le budget des hôpitaux ou encore diminuer le montant des pensions de retraites et du salaire des soignants, c’est justement à cause de dispositifs comme celui-ci, qui remunèrent les personnes de façon individuelle plutôt que collective. Or lorsqu’on tourne le dos au collectif, on demande aux salariés de payer eux-mêmes leur rémunération. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Guedj, nous avions débattu en commission du PPVE et je vous avais répondu. Ce dispositif est différent de la PPV.
    C’est un autre dispositif, auquel ne s’applique pas le forfait social. Néanmoins, une contribution de 20 % est demandée aux bénéficiaires, qui s’ajoute à la CSG, dont le taux est de 9,2 % –⁠ elle a été réévaluée – et à la CRDS. L’enjeu que vous soulevez est donc traité par d’autres moyens et la prime que vous visez fait l’objet d’une imposition qui n’est pas nulle.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 280.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        197
            Nombre de suffrages exprimés                192
            Majorité absolue                        97
                    Pour l’adoption                75
                    Contre                117

    (L’amendement no 280 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Sur l’amendement no 235, je suis saisie par le groupe Écologiste et social d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement rédactionnel no 1472 de M. Yannick Monnet est défendu.

    (L’amendement no 1472, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 235.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Il s’agit encore une fois de conditionner le versement des exonérations. J’ai souvent entendu dire, au cours de ce débat : « Vous voulez taxer, taxer ! » Mais nous examinons le volet recettes du PLFSS : nous cherchons donc des recettes ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et SOC.) Pourtant, en dépit du caractère basique de l’exercice, vous semblez assez peu réceptifs à l’idée même qu’il y ait un volet recettes…
    L’amendement prévoit de conditionner les exonérations de cotisations sociales à la prévention des souffrances au travail, donc au fait pour l’indice de sinistralité –⁠ qui mesure la fréquence des accidents du travail ou encore des burn-out – de ne pas dépasser un certain seuil. Je rappelle que nous assistons à une montée assez inquiétante de la souffrance au travail : 45 % des salariés des entreprises se disent en souffrance au travail, dont 25 % en souffrance extrême. La consommation de psychotropes a explosé, particulièrement chez les salariés et plus encore chez les jeunes. Il faut revoir l’organisation et le management des entreprises et sanctionner celles qui se comportent mal avec leurs salariés.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cet amendement a été repoussé par la commission et mon avis personnel à son sujet est également défavorable. On ne peut pas dire qu’il n’y aura pas de volet recettes : le total des cotisations s’élève à 318 milliards d’euros !

    M. Jérôme Guedj

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    Il y a 150 milliards de CSG et un peu de TVA. Le total des recettes, c’est 645 milliards.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Les règles de calcul des cotisations sociales accidents du travail et maladies professionnelles (AT-MP) incitent déjà à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Comme vous, je pense qu’il faut prendre en considération les enjeux de santé mentale en général et dans l’entreprise en particulier. Les affections psychiques sont prises en compte dans les politiques de prévention. Ces pathologies sont bien sûr comptabilisées parmi les sinistres professionnels, accidents du travail ou maladies professionnelles.
    Par ailleurs, l’ensemble des entreprises peuvent se voir appliquer des majorations qui jouent assez efficacement leur rôle de sanctions.
    Pour toutes ces raisons, mon avis est défavorable.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 235.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        191
            Nombre de suffrages exprimés                191
            Majorité absolue                        96
                    Pour l’adoption                64
                    Contre                127

    (L’amendement no 235 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 2219.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Merci de me rappeler qu’il y a des recettes, monsieur le rapporteur général : qu’on soit là sert quand même à quelque chose ! Mais la question est la suivante : comment les augmenter ?

    M. Thierry Tesson

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    Taxer, taxer, taxer !

    Mme Sandrine Rousseau

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    De ce point de vue, force est de constater que peu de pistes se dessinent.
    L’amendement tend à lutter contre les licenciements boursiers, c’est-à-dire des licenciements pour motif économique dans des entreprises qui réalisent des bénéfices, voire dont les bénéfices augmentent.
    Cet amendement a d’abord été déposé par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire avant que le groupe Écologiste et social ne le reprenne en séance. Nous vous invitons évidemment à le soutenir : vous comprenez bien en quoi de tels licenciements dits économiques constituent une supercherie. (Mme Danielle Simonnet applaudit.)

    M. Yannick Monnet

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    Exactement !

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Ainsi que nous l’avons déjà largement indiqué, les situations du type que vous évoquez sont encadrées tant par la loi que par la jurisprudence de la Cour de cassation. La mesure que vous proposez s’ajouterait aux garanties qu’offre l’état actuel du droit du travail, ce qui ne paraît pas nécessaire. En cas de requalification du licenciement par le juge, elle donnerait même lieu à une double sanction. Pour ces raisons, mon avis est défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Joëlle Mélin.

    Mme Joëlle Mélin

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    Nous nous opposons évidemment à cet amendement.
    Je profite de la parole qui m’est donnée pour faire le bilan de ces amendements portant article additionnel après l’article 8. La discussion de tels amendements, quel que soit l’article dont elle suit l’examen, constitue pour les députés un cadre d’expression libre, et c’est tout à fait normal. Mais on ne peut pas bâtir un budget aussi saucissonné, composé d’éléments si disparates, en partant dans tous les sens entre les étals de la foire aux fausses bonnes idées. Il n’y a aucune stratégie, aucun axe de travail. À force de chercher un compromis –⁠ que vous avez peut-être trouvé avec notre vice-ministre de la santé M. Guedj ! –,…

    M. François Hollande

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    Ministre de la solidarité !

    M. Jérôme Guedj

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    Non, il y a une ministre de la santé !

    Mme Joëlle Mélin

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    …nous en arrivons à un montage budgétaire qui ne peut pas satisfaire les Français qui nous regardent. Nous émettons le vœu que tout le monde se reprenne et suive une stratégie dont l’objectif serait de donner paix et sérénité aux Français. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexis Corbière.

    M. Alexis Corbière

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    Monsieur le ministre, pouvez-vous nous citer un cas, un seul, dans lequel la justice se serait prononcée contre des licenciements décidés dans une entreprise qui avait versé d’importants dividendes ? Vous prétendez que de telles situations sont encadrées mais elles posent tout de même problème.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le ministre.

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    J’ai confiance dans la justice de mon pays ! (Sourires.)

    (L’amendement no 2219 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Bertrand Bouyx, pour soutenir l’amendement no 293.

    M. Bertrand Bouyx

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    Il tend à retirer la PPV de l’assiette de calcul de la réduction générale des cotisations patronales pour les entreprises de moins de cinquante salariés. Vous l’avez dit : ce sont certes des recettes mais, du côté des entreprises, ce sont des cotisations dont le prélèvement a des répercussions directes sur le versement de la PPV, auquel elles ne procèdent pas car, ce qu’elles donneraient d’un côté, elles le perdraient de l’autre, dans la mesure où ce versement entraînerait une baisse de la réduction des cotisations patronales. Pour ces petites entreprises, il serait intelligent de revenir à la philosophie initiale de la PPV, de telle sorte qu’elle soit totalement exonérée et sortie de cette assiette.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je suis très sensible à cette proposition dont l’effet, si elle était adoptée, serait d’accroître les exonérations dont bénéficient les entreprises de moins de cinquante salariés sur la PPV. Cependant, son coût m’inquiète : il pourrait s’élever à plusieurs centaines de millions d’euros –⁠ je ne suis pas capable de le chiffrer précisément mais peut-être la ministre dispose-t-elle des éléments requis pour ce faire. Dans le contexte actuel, marqué par la nécessité de tenir une trajectoire de redressement de nos comptes sociaux, je demande le retrait de cet amendement, que la commission n’a pas examiné, faute de quoi mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    L’année dernière, en commission mixte paritaire, un accord a été trouvé, qui a permis de générer 800 millions d’euros de recettes pour la sécurité sociale. Si votre amendement était voté, il entraînerait une réduction d’autant de ces recettes.
    D’autre part, les craintes qui s’étaient exprimées au sujet d’une baisse possible des montants distribués sous forme de PPV en cas d’application de la disposition que votre amendement propose de modifier se sont révélées infondées : la disposition s’applique et nous n’observons aucune baisse des montants de prime distribués.
    Je vous propose de stabiliser le cadre social et fiscal. Mon équipe a dressé un tableau relatif à l’impôt sur le revenu, aux cotisations, à la CSG, au forfait social et autres mécanismes dépendant de la taille des entreprises : il comporte déjà au moins douze cases pour prendre en compte douze paramètres différents !
    J’entends votre intuition. Toutefois, pour 2025, il a été décidé de stabiliser notre cadre autrement. Votre amendement, s’il était voté, coûterait 800 millions d’euros. Dans le cadre de notre débat, il est difficile d’y être favorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hendrik Davi.

    M. Hendrik Davi

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    Pour une fois, je suis d’accord avec la ministre : on peut être contre cet amendement parce qu’il tend à accroître encore les exonérations, ce que nous ne pouvons nous permettre.
    Je réponds à Mme Mélin : si l’on observe les votes, on constate qu’en général, le Rassemblement national vote majoritairement avec la Macronie depuis trois ou quatre jours. Alors peut-être ne discutez-vous pas avec les ministres, mais s’il y a un compromis politique, c’est bien celui que le Rassemblement national a passé avec la Macronie pour défendre les plus riches ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe EcoS. –⁠ Protestations sur quelques bancs du groupe RN.) L’analyse des scrutins est limpide à cet égard !
    Enfin, j’assume notre stratégie, qui est très claire : je ne suis pas fan des allègements de cotisations sociales. Il y en a à présent pour 80 milliards ! Or il est tout à fait justifié, normal et cohérent de demander aux entreprises qui polluent ou ne respectent pas leurs salariés de payer, car ces comportements génèrent des coûts pour la sécurité sociale, en arrêts de travail et en dépenses maladie. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Bertrand Bouyx.

    M. Bertrand Bouyx

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    Compte tenu des éléments chiffrés relatifs aux comptes sociaux apportés par le ministère, je retire mon amendement.

    (L’amendement no 293 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Max Mathiasin, pour soutenir l’amendement no 91.

    M. Max Mathiasin

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    Cet amendement prévoit la remise d’un rapport qui permettra de connaître enfin toute la vérité sur les dysfonctionnements du régime social des indépendants (RSI) et de son système informatique SNV2, qui perdurent même après la suppression de ce régime et son transfert vers le régime général. Je rappelle que la LFSS pour 2024 prévoyait déjà la remise de ce rapport mais le gouvernement ne l’a jamais réalisé ni n’a jamais répondu aux sollicitations des parlementaires à ce sujet.
    Il apparaît également nécessaire, dans un souci de respect de la légalité, d’analyser la solidité juridique de la personnalité morale du RSI et des différentes caisses de l’Urssaf.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Nous avons eu un échange à ce sujet en commission. Je suis sensible aux difficultés spécifiques que l’évolution du RSI et du régime des travailleurs indépendants a suscitées en outre-mer, et plus particulièrement à La Réunion. Dans la mesure où votre demande de rapport s’adresse au gouvernement, je laisse Mme la ministre vous répondre.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous pointez du doigt les difficultés qu’a créées la transition du RSI vers le nouveau fonctionnement du recouvrement. J’entends que cette transition a pu être plus difficile encore dans les outre-mer que dans l’Hexagone et que le rapport voté en 2024 n’a manifestement pas été communiqué aux parlementaires. En général, je préfère que l’on apporte des solutions plutôt que d’écrire des rapports et privilégie l’action plutôt que le constat. Je suis donc la plupart du temps défavorable à l’inscription de demandes de rapport dans les budgets : mieux vaut se mettre en mode action et chercher des solutions aux problèmes.
    En réponse à votre amendement, qui souligne une difficulté réelle, je m’engage à ce que la direction de l’Acoss, l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale, sous l’égide de son directeur général, fasse un point spécifique avec les parlementaires ultramarins au sujet des problèmes que vous évoquez –⁠ cela me semble plus utile à court terme – et je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée sur cette demande de rapport.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Max Mathiasin.

    M. Max Mathiasin

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    Je rappelle à M. le rapporteur général que la commission n’en a pas appelé à la sagesse de l’Assemblée mais a adopté cet amendement. Alors qu’est-ce qu’on fait ? Nous intervenons régulièrement à ce sujet depuis 2018, non seulement à l’occasion des questions au gouvernement mais aussi en posant des questions écrites, et nous ne recevons pas de réponse. Je n’ai donc aucune raison de me fier davantage à vous qu’à vos prédécesseurs.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Tout d’abord, je vous confirme que je vais organiser une réunion à ce sujet en urgence pour que le directeur général de l’Acoss reçoivent les parlementaires et fasse le point avec eux sur les difficultés que vous avez pointées.
    Ensuite, je ne suis pas favorable, en général, aux demandes de rapport parce que je pense préférable de trouver rapidement des solutions plutôt que d’écrire des rapports.
    D’ailleurs, si vous tenez absolument à ce rapport, vous pourrez le voter puisque je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée et que je ne m’y oppose pas. Je pense simplement qu’il vaut mieux, pour les territoires que vous défendez, résoudre les problèmes tout de suite plutôt que d’attendre pendant des mois la remise d’un rapport.
    Enfin, n’étant pas présente en commission au moment où celle-ci a examiné votre amendement, je ne peux pas vous dire précisément quel a été son vote.

    Mme la présidente

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    Monsieur Mathiasin, maintenez-vous l’amendement ?

    M. Max Mathiasin

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    Depuis 2018 et alors que nous sommes bientôt en 2026, le gouvernement est régulièrement interrogé à ce sujet dans le cadre des questions d’actualité et des questions écrites. Hélas, toujours pas de réponse, pas le moindre début d’une solution. Je maintiens donc ma demande de rapport, ce qui ne nous empêchera pas de toute façon de continuer le combat.

    Mme la présidente

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    Je donne la parole à M. Elie Califer puis à M. Kévin Mauvieux avant de passer au vote.

    M. Elie Califer

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    Je suis favorable bien sûr à l’amendement en tant qu’ultramarin mais également en tant que député de la nation puisque cette affaire concerne aussi les artisans de l’Hexagone, par exemple. Ce sont plus de quatre millions d’assurés au total qui sont touchés.
    Plus encore qu’un rapport, c’est une mission que nous demandons à l’IGF, l’inspection générale des finances, ou l’Igas, l’inspection générale des affaires sociales, de mener pour connaître la vérité, car la situation actuelle créé des dégâts irrémédiables et il en va de la vie des hommes. Des saisies sont opérées sur compte bancaire personnel, des gens se suicident ! C’est une affaire à examiner avec plus de célérité, comme dit le collègue Mathiasin, alors que nous nous battons depuis 2018.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Kévin Mauvieux.

    M. Kévin Mauvieux

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    Le groupe Rassemblement national votera cet amendement. En conclusion à cette liste d’amendements visant à créer de nouvelles taxes, ainsi que de nouvelles charges pour les entreprises, je veux revenir sur la pauvreté des arguments qui nous sont opposés : c’est assez cocasse d’entendre, depuis des jours et des jours, la gauche nous reprocher de voter avec les macronistes contre les charges et les textes d’un côté, les macroniste et LR de voter avec la gauche pour les charges et les taxes. Mettez-vous d’accord ! En tout état de cause, le fait que vous ne soyez pas capables de vous mettre d’accord sur le sens de nos votes montre bien que nous ne sommes ni dans un camp ni dans l’autre et que les seuls ici à avoir une position équilibrée, c’est bien nous. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe RN.)

    (L’amendement no 91 est adopté.)

    M. Jérôme Guedj

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    Très bien !

    Article 9

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thomas Ménagé.

    M. Thomas Ménagé

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    J’ai reçu, la semaine dernière, un courrier de la part de Lucas, un jeune de ma circonscription qui habite à Chuelles, en apprentissage pour l’obtention d’un brevet de technicien supérieur –⁠ BTS Banque. Il s’inquiète de nos débats sur la fin des exonérations salariales pour les apprentis. Je vous en lis quelques lignes : « Je dois aujourd’hui cumuler deux emplois pour pouvoir vivre décemment, ce qui met en péril mon équilibre personnel et la réussite dans mes études. Il est très décourageant de constater que les jeunes qui font le choix du travail, de la formation et de l’effort se retrouvent pénalisés. J’ai le sentiment que cette situation envoie un mauvais message à ceux qui, comme moi, cherchent à s’en sortir par le mérite. » Vous savez, chers collègues, qu’un apprenti, c’est quelqu’un qui a décidé de s’épanouir par le travail dès le plus jeune âge. Vous décidez pourtant de faire peser aujourd’hui votre purge sociale sur le dos des apprentis, sur des jeunes comme Lucas : fin des exonérations salariales, privation de la prime d’activité ou encore suspension de l’aide au permis de conduire. Par cet article, vous allez donc notamment supprimer les exonérations dont ils bénéficient, ce qui revient à fragiliser encore davantage un dispositif qui a pourtant fait ses preuves. La perte de salaire net pour les apprentis est estimée de 100 euros à 188 euros par mois.
    Certes, il faut faire des choix budgétaires mais vous, vous choisissez une fois de plus de vous en prendre à ceux qui veulent bosser, à ceux qui veulent contribuer au système social, plutôt qu’à ceux qui dépendent de ce système sans jamais y avoir contribué ! Vous allez bien entendu nous rétorquer qu’une exonération, c’est une perte de recettes. C’est vrai, mais un apprenti, c’est un jeune qui entre tôt sur le marché du travail, un jeune qui cotisera donc plus tôt quand l’âge en France du premier emploi stable est aujourd’hui de 27 ans contre 23 ans en Allemagne.
    Le groupe Rassemblement national s’oppose évidemment à cet article et a déposé, si celui-ci n’était pas supprimé, des amendements de repli visant à adoucir le plus possible la mesure proposée parce que nous croyons, nous, à l’apprentissage, à l’encouragement au travail et à la nécessité de soutenir les entreprises qui forment les jeunes de notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Le Nabour.

    Mme Christine Le Nabour

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    Je vais concentrer à mon tour mon propos sur l’apprentissage car je déplore les mesures qui, à ce stade, touchent à la rémunération des apprentis. Je rappelle que depuis 2017, le gouvernement et notre groupe promeuvent et mettent en œuvre toutes les mesures en faveur de la formation, de la qualification et de l’accompagnement vers l’emploi, en particulier l’apprentissage parce que celui-ci est un véritable levier d’insertion et de réussite à la fois pour les jeunes et pour les entreprises. Nous sommes passés de 317 000 contrats en 2017 à plus de 850 000 aujourd’hui, avec l’objectif, fixé par le président de la République, d’arriver à un million d’apprentis. Mais après plusieurs années de croissance, le nombre d’entrées en apprentissage tend à se stabiliser. Nul doute que la baisse annoncée des aides aux entreprises et la décision prise en début d’année d’assujettir aux cotisations sociales la part du salaire des apprentis qui dépasse 50 % du smic brut expliquent ce ralentissement.
    Pourtant, l’exonération de cotisations, c’est en l’occurrence un levier d’ascenseur social puisque certains jeunes ne feraient pas d’études supérieures s’ils ne pouvaient les financer par l’apprentissage. Ne cassons pas cette dynamique. À ceux qui doutent encore des bienfaits de l’apprentissage pour les jeunes et pour ceux qui les forment, je les invite à voir en replay les vidéos de la compétition nationale des Worldskills, une super vitrine pour l’apprentissage : ils verront que les formateurs comme les apprentis sont vraiment très fiers de ce qu’ils font et donnent envie aux autres d’aller en alternance. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Damien Maudet.

    M. Damien Maudet

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    On est au cœur de l’indécence. Faute d’avoir le courage de vouloir prendre un peu aux 1 800 contribuables qui possèdent les plus gros patrimoines de notre pays, vous allez prendre 100 à 200 euros à des apprentis qui touchent entre 480 et 1 000 euros. C’est un scandale absolu. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe LFI-NFP.) À nouveau, les macronistes tapent sur les plus précaires au lieu de s’en prendre à ceux qui ont le plus d’argent. La vérité, on la voit dans cet article : vous vous fichez de l’apprentissage, ce n’est pour vous qu’une variable d’ajustement pour faire baisser les chiffres du chômage. Depuis 2017, vous avez fait monter le nombre d’apprentis de 200 000 – selon nos calculs – à un million après une baisse massive de cotisations et une multiplication des aides. En tout, cela a coûté entre 15 milliards et 25 milliards d’euros. Évidemment que cette augmentation se justifie dans de nombreux secteurs, mais pas dans tous. Nous, quand on pense apprentissage, on pense boulangerie, bâtiment, coiffure ou encore apprentissage dans un service communal. Dans le bâtiment par exemple, on pense à des métiers qui peuvent être essentiels, notamment du fait de la transition écologique.
    Or les chiffres montrent que deux tiers des apprentis sont dans l’enseignement supérieur, mais surtout les trois quart d’entre eux dans l’enseignement supérieur privé. Ce sont les écoles de commerce privées qui ont le plus profité des aides à l’apprentissage : la part d’alternants y a été multipliée par sept. Et maintenant, il s’agit de taxer les futurs apprentis pour rembourser les aides versées jusqu’ici. Voilà ce qui est en train de se passer. On va dorénavant demander aux apprentis dans le bâtiment, dans les boulangeries, dans les salons de coiffures de payer pour les aides qu’ont touché les grandes entreprises, en particulier Apple, lorsqu’elles ont reçu les alternants des écoles de commerce privées. Toute l’indécence de cette politique éclate au grand jour et l’on peut se poser la question de l’évolution de l’apprentissage : il faut conserver des aides et ne pas faire payer aux apprentis de demain le saupoudrage des aides passées pour faire baisser les chiffres du chômage. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Elie Califer.

    M. Elie Califer

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    L’article 9 se rapporte aussi à la Lodeom, la loi pour le développement économique des outre-mer. J’exprime fermement mon opposition à la réforme brutale qui y est proposée par le gouvernement. Cette réforme, basée sur un rapport dont les incohérences méthodologiques sont documentées, menace directement l’emploi et la pérennité des entreprises ultramarines, alors même que ces territoires peinent à trouver une dynamique d’emploi. Le gouvernement envisage ainsi de réduire de 350 millions d’euros les exonérations de charges sociales et de recentrer le dispositif sur les bas salaires, supprimant des régimes spécifiques sans aucune concertation sérieuse avec les acteurs locaux.
    Il est révélateur que de nombreux amendements déposés par les députés ultramarins témoignent de ce manque de dialogue et de prise en compte des réalités locales. Ces amendements montrent que les vulnérabilités économiques, sociales et géographiques des outre-mer ne peuvent être traitées avec les mêmes barèmes uniformes pensés pour l’Hexagone quand on relève dans ces territoires un taux de chômage oscillant entre 12 % et 19 %, un taux de pauvreté de 35 %, des prix pour les produits alimentaires supérieurs de 40 % à ceux de l’Hexagone, sans compter les contraintes de l’insularité et de l’éloignement. Cette réforme risque de fragiliser les petites entreprises, de freiner la montée en gamme des emplois locaux et de renforcer les trappes à bas salaires, tout en accentuant les inégalités entre l’Hexagone et les outre-mer, inégalités déjà criantes.
    La Lodeom n’est pas une niche ! C’est un outil de développement ! Nous demandons donc au gouvernement de surseoir à sa réforme pour cette année et de lancer une vaste concertation, territoire par territoire, avec les acteurs économiques et politiques. (Mme Béatrice Bellay et M. Jiovanny William applaudissent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frantz Gumbs.

    M. Frantz Gumbs

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    Je salue respectueusement les ministres au banc ainsi que M. le rapporteur général et le président de la commission. L’article 9 traite de plusieurs sujets, dont en effet la Lodeom sociale qui concerne les outre-mer. Les amendements de M. Mathiasin et d’autres collègues visent à préserver le dispositif Lodeom dans son fonctionnement actuel. De ce point de vue, je suis pleinement solidaire de mes collègues ultramarins, d’autant plus que Saint-Martin et Saint-Barthélemy bénéficient d’un régime spécifique que nous voulons maintenir. En effet, comme les autres territoires ultramarins, nous souffrons de retards de développement importants, du problème de la vie chère du fait de l’éloignement et de l’exiguïté des marchés, et d’un chômage trois à quatre fois plus élevé que la moyenne nationale, autour de 30 % tout de même. En outre, Saint-Martin et saint-Barthélemy sont les territoires les plus directement exposés à la plus vive des concurrences de la part de la partie hollandaise de Saint-Martin et de l’île voisine d’Anguilla, où le salaire minimum et les charges sociales et fiscales sont nettement plus bas. Dans les circonstances actuelles, si on touche, même à la marge, au dispositif, il est à craindre que les conséquences en soient plus coûteuses que les économies escomptées à cause des interruptions de projet, des dépôts de bilan et des destructions d’emplois que cela entraînera. Il faudrait prendre le temps d’une analyse plus complète des conséquences de toute modification.
    J’ajoute que certains rapports suggèrent qu’il y aurait des erreurs, de l’abus ou même de la fraude. Nous n’avons évidemment pas vocation à nous opposer aux contrôles nécessaires pour réduire ces dysfonctionnements. Je vous remercie d’avance de l’attention soutenue que vous voudrez bien accorder ici aux outre-mer. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    La Lodeom, mes collègues viennent de le rappeler, a pour vocation de corriger les déséquilibres structurels des territoires ultramarins et de soutenir nos entreprises. C’est un outil puissant de justice économique, d’égalité sociale et de lutte contre la cherté de la vie, mais dont Mayotte, vous ne le savez peut-être pas, est exclue. Département depuis plus de dix ans, Mayotte y a pourtant droit ! Cela fait dix ans que les entreprises mahoraises sont donc discriminées alors qu’elles ont droit à bénéficier du dispositif. Il s’agit là d’une rupture d’égalité de traitement à leur encontre. Les exonérations de charges sociales permettraient d’alléger le coût du travail et donc de diminuer le travail clandestin qui ravage notre économie. La discrimination de Mayotte doit prendre fin. Il n’est pas question que le gouvernement hypothèque encore plus longtemps l’égalité sociale à Mayotte en privant nos entreprises d’une manne estimée à 320 millions d’euros. Les 7,6 millions d’euros du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), exceptionnellement maintenu à Mayotte, ne font pas illusion. Nous n’exigeons pas l’aumône. Nous demandons nos droits ! Oui à la réforme de la Lodeom, mais pour y inclure Mayotte !
    La loi de programmation pour la refondation de Mayotte promulguée cet été prévoie la hausse du smic à partir du 1er janvier 2026 dans l’archipel, mais l’entrée en vigueur de la Lodeom doit être simultanée pour éviter une casse sociale. Les entreprises ont alerté les parlementaires ; à notre tour, nous alertons le gouvernement et lui demandons de nous entendre. Les entrepreneurs et les salariés mahorais, Mayotte tout entière, veulent l’égalité sociale dont la Lodeom est l’outil. Il faut qu’elle s’applique dans l’archipel dès le mois de janvier 2026.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Karine Lebon.

    Mme Karine Lebon

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    Rétablir les comptes de la sécurité sociale demande un courage dont, soyons francs, vous avez un peu manqué jusqu’à présent. Plutôt que vous attaquer aux véritables niches sociales, vous jouez aux apprentis sorciers en inventant des remèdes douloureux. Les jeunes apprentis qui doivent se nourrir et se loger avec un salaire dépassant péniblement la moitié d’un smic sont parmi vos nouvelles cibles. Quoi de mieux que de leur imposer des cotisations rognant encore un peu plus leur pouvoir de vivre ?
    Ce n’est pas tout ! Sans aucune concertation et sans même en connaître l’effet, vous voulez imposer une nouvelle mesure destructrice pour nos concitoyens ultramarins. En supprimant une partie des exonérations de cotisations et en les recentrant sur les bas salaires, vous plongeriez les habitants des outre-mer dans un chômage de masse et anéantiriez définitivement toute chance de rattrapage économique de ces territoires. Cette mesure fait l’unanimité contre vous, élus, citoyens et entreprises souhaitant le maintien de ces exonérations. Écoutez-les, écoutez-nous !

    M. Frédéric Maillot

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    Exactement !

    Mme Karine Lebon

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    Je vous demande solennellement de ne pas mettre à genoux les économies ultramarines.
    J’ai cru comprendre que le gouvernement voyait d’un bon œil les amendements visant à revenir sur le coup de rabot qu’il avait prévu d’infliger à la Lodeom. Chers collègues, j’en appelle à votre raison : ne laissez pas les outre-mer être encore une fois les victimes de décisions néfastes prises dans le secret de bureaux parisiens ! Soutenez-nous et supprimez cette mesure honteuse, de telle sorte que ce qui a été décidé à Paris ne soit plus subi chez nous ! (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs du groupe EcoS.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Sylvain Berrios.

    M. Sylvain Berrios

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    L’article 9 traite de sujets très différents. Concernant l’apprentissage, il faut veiller à ne pas casser une dynamique réelle. Nous sommes passés de 300 000 à 800 000 apprentis. C’est une vraie réussite car ce sont autant de jeunes qui ont mis un pied dans le monde de travail et parce que les entreprises ont beaucoup à gagner à accueillir des apprentis et des alternants, même si un équilibre doit être trouvé entre leur nombre et celui des salariés.
    Le principal problème de l’article 9 est qu’il traite de trop de sujets distincts, dont la création d’entreprises et le soutien aux plus innovantes d’entre elles. Il aurait dû être découpé en au moins quatre articles…

    M. Fabien Di Filippo

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    Eh oui ! On se demande qui a écrit ce projet de budget…

    M. Sylvain Berrios

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    …sur lesquels nous aurions eu des positions différentes. Nous devons veiller à ne pas envoyer de messages symboliques négatifs à la jeunesse, pour qui le développement de l’alternance et de l’apprentissage est une tendance positive à laquelle le groupe Horizons & indépendants tient particulièrement. (Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    J’ai écouté tous les orateurs et je vais expliquer le sens des avis que je rendrai sur les amendements. Il est exact, monsieur Berrios, de dire que l’article 9 traite de quatre sujets très différents sur lesquels nous devons avoir une approche différenciée. Au total, tel qu’il figure dans la version initiale du PLFSS, cet article devrait rapporter 790 millions d’euros en 2026.
    Le premier sujet, que personne n’a évoqué, est celui de l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise (Acre). Il est proposé de revenir à l’essence même du dispositif en le recentrant sur les demandeurs d’emploi et sur les territoires qui en ont besoin. À propos de ce dernier point, j’ai déposé un amendement visant à ce que l’aide s’applique aux zones France ruralités revitalisation (ZFRR). Je vous invite donc à maintenir la mesure prévue, dont une centaine de millions d’euros d’économies sont attendus, en la corrigeant légèrement.
    Le deuxième sujet est la Lodeom. Après avoir écouté les interventions en commission et dans l’hémicycle de nos collègues ultramarins, je suis convaincu, comme eux, que les exonérations qu’elle autorise constituent un bon outil de développement de l’outre-mer, où la réalité économique des entreprises est singulière. L’article aborde deux problèmes distincts. Une partie des mesures proposées vise à remédier à la grande complexité des exonérations dans leurs formes actuelles, qui entraîne beaucoup d’erreurs dans les déclarations des entreprises ultramarines. Leurs représentants me disent qu’il faut simplifier. Je suis donc favorable aux alinéas qui vont dans ce sens.
    Toutefois, je pense qu’il ne faut pas profiter de cette réforme pour diminuer de 350 millions d’euros le soutien aux entreprises d’outre-mer. Ce serait une ponction. (M. Frédéric Maillot applaudit.) Je serai donc favorable à l’amendement no 345 de M. Baptiste qui vise à simplifier la Lodeom sans pénaliser les entreprises.
    Mme Youssouffa a évoqué le cas de Mayotte qui, pour l’heure, ne bénéficie pas de la Lodeom mais du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE). L’entrée en vigueur de la Lodeom est prévue pour le 1er janvier 2027 et je laisserai le gouvernement se prononcer sur l’accélération du calendrier que certains réclament.
    Le troisième sujet est l’apprentissage, sur lequel les interventions ont été nombreuses et que je soutiens à fond,…

    M. Vincent Descoeur

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    Très bien !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    …comme la plupart des députés, sinon tous. Il importe de rappeler que l’adoption de l’article ne réduirait en rien l’incitation des employeurs à recruter des apprentis, qui ne relève pas du PLFSS. Les mesures proposées visent une certaine injustice sociale qui fait qu’à salaire brut équivalent, la rémunération nette des apprentis est supérieure à celle des autres salariés. Pour un smic brut, la différence est de 188 euros. L’article 9 propose de ramener cet avantage à 86 euros. Je conçois que le message envoyé soit perçu comme défavorable à l’apprentissage. Pour que nous prenions le chemin de l’équité, j’ai déposé un amendement –⁠ et M. Le Gac a fait de même – pour que l’exonération de cotisation ne soit pas totalement supprimée et pour qu’elle continue de s’appliquer sur la partie de la rémunération des apprentis inférieure à 25 % du smic –⁠ au lieu de 50 %. Ainsi modifiée, la mesure ne rapporterait plus 400 millions d’euros mais 200 millions.
    D’autre part, je souhaite qu’elle ne s’applique qu’au flux, c’est-à-dire aux contrats d’apprentissage conclus à partir de 2026, pour qu’aucun apprenti actuel ne soit perdant. Je vous invite à voter nos amendements pour que la moitié de l’effort voulu par le gouvernement soit réalisée, sans baisser la rémunération d’un seul jeune déjà apprenti mais en en finissant avec l’injustice qui voit qu’à salaire brut égal, un salarié à temps partiel ou en formation, ou bien encore un stagiaire, perçoit moins qu’un apprenti. C’est, j’y insiste, une question d’équité. Je le répète : aucun apprenti ne verra sa rémunération diminuer.
    Le quatrième sujet est celui des jeunes entreprises innovantes. C’est sur celui-ci que le gouvernement attend le moins de retombées financières des modifications qu’il propose : 25 millions d’euros. Sensibilisé par plusieurs de nos collègues, dont MM. Midy et Mazaury, très au fait de cette question, j’ai approfondi ma réflexion et modifié ma position. Si nous adoptions l’article en l’état, nous risquerions de pénaliser des secteurs très innovants où, par exemple, des ingénieurs essaient de relever les défis de la souveraineté sanitaire, et qui, dans une certaine mesure, incarnent l’avenir du pays. Je pense donc qu’il faut adopter les amendements identiques nos 1691 et 2326, de manière à épargner les jeunes entreprises innovantes.
    Tout ceci ramènerait les économies à environ 300 ou 400 millions d’euros, contre 790 millions initialement espérés. Nous ne ferions ainsi qu’une partie de l’effort demandé. En tout état de cause, je vous demande, chers collègues, de pas rejeter en bloc cet article mais d’y conserver ce qui est valable et d’y effacer ce qui est trop injuste. J’émettrai donc un avis défavorable sur les amendements de suppression et des demandes de retrait sur d’autres amendements, pour que nous ne corrigions que ce qui doit l’être.

    M. Erwan Balanant

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    C’est clair !

    Mme la présidente

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    Nous en venons à l’examen de trois amendements identiques nos 399, 773 et 1908, tendant à supprimer l’article 9.
    La parole est à M. Gaëtan Dussausaye, pour soutenir l’amendement no 399.

    M. Gaëtan Dussausaye

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    Le gouvernement macroniste, qui cherche de l’argent, propose une nouvelle fois que les Français qui bossent passent à la caisse. L’article 9 vise à revenir sur certaines exonérations de cotisations, autrement dit, à augmenter les cotisations pour les jeunes entreprises innovantes, pour les acteurs économiques d’outre-mer, pour les créateurs d’entreprise, pour ceux qui auraient le courage d’en reprendre une et, enfin, pour les apprentis –⁠ c’est sans doute la mesure la plus abjecte de l’article.
    En effet, le gouvernement est là en récidive puisque la disposition a déjà été proposée par le gouvernement de Michel Barnier puis dans le projet initial de budget de François Bayrou. Et voilà que M. Lecornu, à la tête d’un gouvernement macroniste qui a noué un pacte avec les socialistes, reprend à son tour la mesure absolument immonde qui consiste à priver les apprentis de 100 à 180 euros de rémunération.
    Construire un budget, c’est faire des choix et rendre des arbitrages. Cet article vise à réaliser 790 millions d’euros d’économies. Selon nous, l’État pourrait aller les chercher ailleurs. En face, vous voulez augmenter la contribution française au budget de l’Union européenne de 5 milliards d’euros ; vous voulez continuer à payer 1 milliard d’euros pour les soins gratuits aux clandestins (M. Sébastien Delogu s’exclame) ; vous voulez continuer à déverser 18 milliards d’euros d’aides sociales non contributives sur l’immigration. Avant, une fois de plus, de faire payer les Français, le monde du travail et les acteurs économiques, commencez par mener les réformes courageuses qui vous sont réclamées par la majorité du peuple de notre pays. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 773 de M. Marcellin Nadeau est défendu.
    La parole est à M. Olivier Fayssat, pour soutenir l’amendement no 1908.

    M. Olivier Fayssat

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    Cet amendement du groupe UDR vise à revenir sur les suppressions ou les diminutions d’exonérations prévues, qui concernent les apprentis et les jeunes entreprises innovantes. Nous le martelons sans cesse : le retour à l’équilibre des comptes sociaux doit majoritairement passer par la baisse de certaines dépenses et non par l’augmentation des recettes, surtout lorsqu’elles proviennent des forces vives de la nation. L’apprentissage est un succès, pour les étudiants, pour les artisans et les PME, pour la transmission du savoir-faire, pour la fluidité du recrutement –⁠ et j’en oublie. Mais pour vous, qu’une chose fonctionne est louche et signifie qu’on peut taper dedans.

    M. Frédéric Petit

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    C’est nous qui avons inventé les mesures de soutien à l’apprentissage !

    M. Olivier Fayssat

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    En un mot : nous proposons de supprimer totalement cet article.

    Mme la présidente

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    Sur les amendements identiques nos 399, 773 et 1908, je suis saisie par les groupes Union des droites pour la République et Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements de suppression ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Alors que la vie politique actuelle vise à tout simplifier en 160 caractères, l’article 9 porte sur quatre sujets très différents. Il serait facile de tout valider sans rien discuter ou de tout supprimer. Il est plus difficile de corriger ce qui doit l’être.
    En supprimant cet article, vous empêcheriez une simplification de la Lodeom demandée par les entreprises. En supprimant cet article, vous empêcheriez de revenir à l’essence même du dispositif d’aide à la création ou à la reprise d’entreprise pour les demandeurs d’emploi. En supprimant cet article, vous empêcheriez la loi de prendre le chemin de l’équité entre les salariés et les apprentis tout en préservant entièrement l’attractivité de l’apprentissage.
    Je fais en sorte que notre travail puisse être sérieux (M. Emeric Salmon s’exclame) et j’ai pris le temps de vous expliquer mes raisonnements. Je vous invite donc à retirer ces trois amendements pour que, dans l’article 9, nous puissions corriger ce qui le mérite et préserver ce qui doit l’être.

    Mme la présidente

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    Les demandes de prise de parole étant nombreuses, je n’en accorderai qu’une seule par groupe parlementaire.
    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous allons débattre : des amendements tendant à supprimer chacune des quatre dispositions que vous souhaitez supprimer viendront en discussion, ce qui vous donnera l’occasion de les écarter une à une.
    Je pense qu’il faut que nous débattions, comme nous y a invités M. le rapporteur général, en particulier avec les députés ultramarins au sujet de la Lodeom. En effet, si le gouvernement est prêt à entendre que le montant des économies demandées est difficile à absorber dans les conditions actuelles, il n’en demeure pas moins que le dispositif est trop compliqué et que, sans faire d’économies budgétaires, nous gagnerions au moins à le simplifier –⁠ sur ce point, un consensus s’est dégagé lors de nos échanges du 29 octobre dernier. Une telle simplification serait conforme à l’intérêt des territoires et des entreprises d’outre-mer, donc des Ultramarins dans leur ensemble.
    Rejeter ces amendements de suppression me semble donc utile et même nécessaire pour que nous puissions avoir le débat sur chacun des quatre sujets. Rien ne vous empêchera ensuite de rejeter une par une les propositions du gouvernement concernant chacun d’entre eux. Débattons ! Nous sommes ici pour cela et certains sont venus de très loin pour que nous ayons ces échanges.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Nicolas Turquois.

    M. Nicolas Turquois

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    Je trouve regrettable qu’un même article mélange des choux et des carottes –⁠ expression trop triviale, notamment pour parler de la Lodeom et des apprentis.
    Je ne m’exprimerai pas sur le dispositif Lodeom. Il s’agit d’un sujet très technique, qui doit faire l’objet d’échanges entre le gouvernement et les élus ultramarins. Il renvoie à des problèmes propres à ces territoires. Pour l’avoir découvert dans le texte, je ne me sens pas compétent pour traiter d’une question aussi technique.
    Concernant les apprentis, il arrive qu’à salaire brut égal, certains d’entre eux perçoivent un salaire net supérieur à celui d’un collègue salarié à mi-temps –⁠ je connais moi-même des personnes dans ces situations. Nous avons revalorisé l’apprentissage –⁠ je m’adresse aux collègues du bloc central –, notamment en créant des droits en matière de retraite –⁠ les apprentis valident désormais des trimestres – et d’accès aux indemnités chômage. Qu’à ces droits corresponde une contribution me semble légitime. Je m’oppose donc à ces amendements de suppression.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Une fois n’est pas coutume, je suis d’accord avec le rapporteur général et avec la ministre –⁠ cela me coûte de le dire. Les amendements de suppression mélangent tout ! En effet, certains des dispositifs ciblés posent un problème objectif, comme le dispositif Acre dont le coût a augmenté de 52 % depuis 2017 sans qu’on en retrouve le moindre effet sur les créations d’entreprises. Il faut donc revenir dessus et l’encadrer. Supprimer l’article nous priverait de cette discussion-là.
    Il en va de même pour le dispositif en faveur des jeunes entreprises innovantes (JEI). D’après les études longitudinales conduites sur deux, trois ou quatre ans, les exonérations n’ont d’effets sur les créations d’entreprises qu’au cours des six premiers mois ; ensuite, on observe surtout une hausse du salaire des cadres. Il faut donc que nous puissions aussi discuter de cette mesure.
    En revanche, nous ne céderons pas un pouce de terrain au sujet des apprentis et de nos compatriotes d’outre-mer, dont vous tentez de faire les poches en vous cachant derrière les JEI et les dispositifs de création d’entreprises. Comme d’habitude, c’est l’arbre qui cache la forêt. D’ordinaire, vous mettez en avant le petit capital pour cacher le grand ; en l’occurrence, vous faites l’inverse. Vous vous cachez derrière certaines grandes dépenses pour faire les poches à celles et ceux qui ont le moins.

    Mme la présidente

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    Merci, monsieur Clouet.

    M. Hadrien Clouet

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    Le mot « charge », employé dans l’exposé sommaire, est insupportable ! On ne paie pas de « charges » de la sécu : le salaire des soignants n’est pas une charge. (Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.)
    La seule charge, c’est le budget de droite !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Sylvain Berrios.

    M. Sylvain Berrios

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    Nous sommes ici pour écrire la loi, ce qui suppose d’en discuter. Je l’ai rappelé lors de la discussion générale : l’article 9 comporte des dispositions très différentes –⁠ on peut le regretter, mais c’est ainsi. Le supprimer immédiatement revient à jeter le bébé avec l’eau du bain : les dispositifs pour l’alternance, pour les outre-mer, pour la création d’entreprises, vous jetez tout avec l’eau du bain, avant même d’avoir eu l’occasion d’en débattre !
    Au groupe Horizons & indépendants, nous considérons qu’il est important de pouvoir débattre, afin de décider ensuite, par nos votes, de ce que nous voulons pour le pays –⁠ pour le bien du pays. Pour cette raison, nous nous opposerons à ces amendements de suppression. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Fabien Di Filippo.

    M. Fabien Di Filippo

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    Il est vrai que la situation est un peu compliquée, du fait que cet article, comme un article précédent, mélange diverses mesures : certaines plutôt positives, d’autres auxquelles nous sommes radicalement hostiles, car elles dévalorisent le travail.
    Cela étant, la situation est claire. Des amendements à venir permettront de revenir sur chacune des mesures que les uns ou les autres souhaitent supprimer, après les avoir discutées une à une.

    M. Hadrien Clouet

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    Oui, des amendements LFI !

    M. Fabien Di Filippo

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    L’idéal serait que les amendements de suppression soient retirés, afin que nous puissions examiner chaque mesure séparément. En effet, s’ils sont mis aux voix, on voit bien l’espèce de prise d’otage qui pourrait être pratiquée : si vous n’avez pas voté en faveur des amendements de suppression, nous dira-t-on, c’est que vous étiez favorables aux atteintes portées aux apprentis, etc. Intellectuellement, ce n’est pas très honnête. Si ces amendements pouvaient être retirés, les amendements ultérieurs suffiraient amplement à revenir sur chacune des mesures problématiques.
    J’invite néanmoins le gouvernement à adopter une approche un peu plus différenciée que celle dont procède cet article, afin de permettre un examen plus serein. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Gaëtan Dussausaye.

    M. Gaëtan Dussausaye

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    Monsieur le rapporteur général, je crains que vous ne m’ayez pas écouté : ce n’est pas seulement sur la hausse de cotisations pour les apprentis que nous sommes en désaccord, mais sur l’intégralité des quatre dispositifs. Nous ne voulons d’augmentation des cotisations ni sur les apprentis ni sur les jeunes entreprises innovantes. Nous n’acceptons pas plus la baisse des aides à la création d’entreprises que les attaques contre nos acteurs économiques outre-mer. Si vous n’entendez pas le Rassemblement national, entendez au moins nos collègues d’outre-mer, qui vous alertent sur ce sujet-là. Nous avons le droit de ne pas partager votre conviction sur tous ces points et de vouloir la suppression de l’intégralité de l’article.
    Un dernier mot à l’intention de nos collègues de LR et d’Horizons : quand vous entendez un député de La France insoumise dire qu’il est bon de revenir sur les aides à la création et à la reprise d’entreprises, cela devrait vous alerter et vous inviter à prudence sur ce que vous vous apprêtez à adopter. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. Hadrien Clouet

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    C’est l’hommage du vice à la vertu !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Béatrice Bellay.

    Mme Béatrice Bellay

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    Le groupe Socialistes et apparentés s’opposera à la suppression de l’article 9, quoique nous n’ayons pas attendu les bons conseils du Rassemblement national pour alerter le gouvernement. (Murmures sur les bancs du groupe RN.) En fait, nous n’avons pas vraiment besoin de vous. Les mesures envisagées représentant autant de chocs fiscaux pour nos entreprises et de coups portés à l’emploi et au développement, nous ne saurions ni les supporter ni les valider.
    Il s’agit bien pour nous de soutenir la Lodeom : des amendements qui viendront en discussion tendent à supprimer la réforme qui en est proposée. Nous avons entamé des discussions avec le gouvernement lors de réunions dont vous ignorez peut-être que certains sur vos bancs y ont participé –⁠ sans doute parce qu’ils étaient peu nombreux, et heureusement ! Au cours de ces fameuses réunions de négoce, nous avons effectivement négocié. (« Ah ! » sur les bancs du groupe RN.)
    Eh oui ! Et, je l’ai dit, vos propres députés étaient présents lors de ces réunions ! (« Ah ! » sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    Merci de conclure.

    Mme Béatrice Bellay

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    Nous attendons du gouvernement qu’il nous fournisse les études d’impact qu’il nous a promises. Alors seulement, nous pourrons réformer les dispositifs en question. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.

    Mme Camille Galliard-Minier

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    Le groupe Ensemble pour la République s’opposera à ces amendements de suppression, comme il le fait en général. En effet, nous souhaitons que le débat ait lieu. Or supprimer un article revient à se priver du débat. Il sera question des quatre sujets qui ont été évoqués, sur lesquels nous pourrons exprimer nos positions et voter. Pas de suppression pour pouvoir débattre !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Le groupe LIOT s’oppose évidemment à la suppression de cet article, ne serait-ce qu’en raison de la nécessité d’aborder chacun des quatre sujets dont il traite de manière différenciée. Nous souhaitons en outre poursuivre les discussions en cours concernant la Lodeom, dont les dispositions sont cruciales pour les territoires concernés –⁠ la Guadeloupe, Mayotte, mais aussi Saint-Pierre-et-Miquelon. En effet, ces discussions sont capitales, et balayer l’article 9 reviendrait à empêcher nos territoires d’avancer sur ces questions, qui sont vitales pour nos économies.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Frédéric Maillot.

    M. Frédéric Maillot

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    Il faut, me semble-t-il, avoir quelques chiffres en tête. Les voici pour La Réunion : l’île comptera bientôt 1 million d’habitants. Son tissu économique tient grâce aux TPE-PME qui le composent à plus de 90 %. Nous n’avons pas d’ETI, très peu de multinationales. Quand il s’agit d’embaucher de jeunes Réunionais, ces dernières ne jouent pas toujours le jeu, contrairement aux TPE-PME. Ce sont elles qui embauchent les Réunionnaises et les Réunionnais, de sorte que supprimer la Lodeom, ou même lui donner un coup de rabot, serait très dangereux.
    Un collègue a dit que la discussion à ce sujet devait avoir lieu entre les députés d’outre-mer et le ministre. Non ! Tout le monde dans l’hémicycle à son mot à dire. Quand le taux de chômage monte à La Réunion, il ne monte pas seulement dans les territoires d’outre-mer. Je rejoins totalement la députée Youssouffa, appelant à prendre en compte Mayotte. En effet, quand on calcule les indicateurs sociaux, on écarte souvent ceux qui concernent Mayotte pour ne pas faire grimper le total. Je n’ai pas besoin de vous le rappeler, la France est une et indivisible. Prouvez-le !
    Afin d’en débattre sur le fond et sur la forme, au lieu de supprimer l’article dans son ensemble, nous allons retirer l’amendement du collègue Nadeau. Pensez toutefois aux jeunes, aux TPE-PME, à la vie socio-économique qui sont en jeu : pour le bien économique et social de tous les pays d’outre-mer, cherchons à faire l’unanimité en évitant de supprimer la Lodeom ! (Mme Karine Lebon applaudit.)

    (L’amendement no 773 est retiré.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Dussausaye, je comprends les effets de manche, mais j’essaie de m’en tenir au fond. Sur la Lodeom, il y a deux mesures : un coup de rabot de 350 millions et une simplification. Cette dernière est essentielle, d’autant qu’elle répond à une demande outre-mer. Or c’est, me semble-t-il, notre rôle de répondre aux demandes de nos concitoyens. Ma propre position est claire : pas de coup de rabot, mais une simplification du régime Lodeom.
    Concernant le dispositif Acre, il ne faut pas mentir à ceux qui nous écoutent –⁠ les autres bancs n’ont pas le monopole des capsules, vous en faites, vous aussi. Succédant à l’aide aux chômeurs créée dans les années 1970, ce dispositif a été ouvert à de nombreuses personnes, sans prendre en considération leur situation sociale. Notre objectif est de le recentrer, conformément à l’une des préconisations qui nous ont été adressées. Cela revient-il à supprimer toute aide à la création et à la reprise d’entreprises ? Non, pas du tout ! Nombre d’entre elles sont d’ailleurs versées par les collectivités locales –⁠ vos élus siègent dans plusieurs conseils régionaux, vous le savez bien. Par ailleurs, les travailleurs indépendants bénéficient de l’exonération des bandeaux famille et maladie, ce qui constitue une sacrée aide à la création et à la reprise d’entreprises. Il existe également le contrat d’appui au projet d’entreprise (CAP), sans parler des dispositifs spécifiques –⁠ je me tourne du côté gauche de l’hémicycle –, qui visent par exemple à encourager l’entrepreneuriat féminin. Une fois encore, il ne faut pas raconter n’importe quoi sur des sujets aussi importants. Soyons précis, nuancés, et corrigeons ce qui doit l’être !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme la ministre des outre-mer.

    Mme Naïma Moutchou, ministre des outre-mer

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    Les amendements de suppression risquant d’empêcher la discussion sur le dispositif Lodeom, je dirai quelques mots de ce sujet important pour la vie économique, socio-économique même, qui ne concerne pas uniquement les Ultramarins –⁠ pour paraphraser le député Maillot –, mais tout un chacun.

    Mme Naïma Moutchou

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    Avant d’aborder la position du gouvernement, je rappellerai trois choses. D’abord, chacun doit prendre part à la maîtrise de la dépense publique. Les outre-mer n’y dérogent pas –⁠ d’ailleurs, ils ne cherchent pas à le faire.
    Vieux de quinze ans, complexe, peu lisible et surtout mal calibré, le dispositif Lodeom doit évoluer. Ses objectifs en matière de création d’emplois ne sont pas atteints. Certains secteurs bénéficient très largement des exonérations, alors qu’ils ne sont ni les plus stratégiques ni les plus prometteurs pour créer des emplois.

    Mme Naïma Moutchou, ministre

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    Il y a aussi des abus dans l’usage de la défiscalisation. Je vous renvoie au rapport de l’IGF et de l’Igas sur le sujet, publié en novembre 2024, ainsi qu’au rapport d’information déposé en septembre 2025 par le député Christian Baptiste, qui recommandent l’ajustement de ce dispositif. Ce dernier est coûteux pour l’État dans un contexte où la trajectoire budgétaire doit être rendue plus soutenable.
    Le gouvernement avait plusieurs possibilités : continuer à défendre une coupe budgétaire significative et ne rien changer au dispositif ou, au contraire, amoindrir cet effort –⁠ ça n’est pas le choix qui a été fait. Nous avons fait le choix de la responsabilité et de la méthode. C’est dans cette perspective que nous vous avons rencontrés avec le premier ministre –⁠ je m’adresse en particulier aux députés ultramarins – et que j’ai discuté avec la plupart des députés présents, et une réunion s’est tenue avec la ministre des comptes publics.
    Nous sommes conscients qu’une réforme de cette ampleur pourrait fragiliser l’économie ultramarine,…

    Mme Béatrice Bellay

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    La fracasser !

    Mme Naïma Moutchou, ministre

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    …ce qui n’est évidemment pas notre objectif. Une réforme qui s’attaquerait aux secteurs essentiels dans ces territoires que sont le BTP –⁠ bâtiment et travaux publics –, le tourisme ou l’agroalimentaire, en portant atteinte à la compétitivité et à la viabilité des entreprises ainsi qu’à la création d’emplois, n’aurait guère de sens.
    Une réforme d’une telle ampleur ne peut pas être bâtie seuls dans nos bureaux. Pour qu’elle soit comprise et acceptée, il faut qu’elle soit construite par l’ensemble des acteurs concernés. Je vous proposerai une méthode de travail en ce sens. Le gouvernement a donc entendu la voix des ultramarins ; nous partageons votre avis et nous souhaitons, comme vous, soutenir la dynamique de vos territoires.
    Le gouvernement s’en remettra donc à la sagesse de l’Assemblée pour ce qui concerne les amendements visant à supprimer les dispositions de l’article 9 relatives au régime d’exonération de cotisations sociales spécifiques aux outre-mer. Il ne s’agit pas d’un renoncement de notre part : nous considérons qu’il faut faire évoluer le dispositif dit Lodeom. Il s’agit d’une invitation à travailler ensemble, d’un petit changement de méthode. Nous proposons, sur la base des constats partagés et des travaux déjà réalisés –⁠ je pense là encore au rapport du député Baptiste –, qu’à partir du début de l’année prochaine, nous puissions nous mettre d’accord sur une méthode de travail afin de réformer le dispositif dit Lodeom en visant un objectif commun : rendre ce dispositif plus simple, plus lisible, donc plus efficace sur le terrain pour créer des emplois et limiter les abus.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Et pour Mayotte alors ?

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 399 et 1908.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        261
            Nombre de suffrages exprimés                249
            Majorité absolue                        125
                    Pour l’adoption                87
                    Contre                162

    (Les amendements identiques nos 399 et 1908 ne sont pas adoptés.)
    (Mme Béatrice Bellay applaudit.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutin public : sur l’amendement no 881, par le groupe Droite républicaine ; sur les amendements identiques nos 475 et 880, par les groupes Droite républicaine et Rassemblement national.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. François Gernigon, pour soutenir l’amendement no 1213 rectifié.

    M. François Gernigon

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    Il vise à rendre à l’Acre sa vocation originelle : celle d’un levier d’insertion et d’émancipation économiques. Depuis sa réforme en 2019, ce dispositif a perdu de son efficacité : il est plus limité dans le temps, plus complexe et moins protecteur pour les créateurs d’entreprise les plus fragiles.
    Nous proposons de revenir à la logique de l’ancienne aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d’entreprise (Accre) : une exonération d’un an pour les indépendants au régime réel et une exonération dégressive sur trois ans pour les microentrepreneurs, en ciblant le dispositif sur les demandeurs d’emploi, les jeunes, les bénéficiaires de minima sociaux et les personnes handicapées.
    Ce dispositif a fait ses preuves : il a permis à des milliers de Français de retrouver un emploi par l’initiative économique. Le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFIPS) plaide lui-même pour un soutien plus long et plus appuyé pendant les premières années d’activité. Il s’agit d’une mesure de justice sociale et de bon sens économique qui permettrait de redonner du souffle à l’entrepreneuriat populaire et d’éviter les effets d’aubaine.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Cet amendement me pose problème : il manque de précision quant aux personnes éligibles, puisqu’il renvoie à un décret le soin de les préciser. Or l’article 9 vise précisément à définir plus clairement le public éligible et à la recentrer –⁠ ce qui est aussi votre intention, si je vous ai bien suivi.
    Surtout, l’amendement tend à effacer une disposition de l’article L. 131-6-4 du code de la sécurité sociale qui interdit le cumul de l’Acre avec d’autres dispositifs de réduction ou d’abattement applicables aux cotisations concernées. Je vous invite donc à retirer votre amendement, qui n’a pas été examiné en commission ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Nous nous rejoignons sur la volonté de recentrer le dispositif. En revanche, l’amendement reviendrait à instaurer une exonération complète des cotisations sociales –⁠ certes, sur une plage de revenus plus réduite –, alors que le gouvernement entend réduire la valeur de l’Acre à 25 % d’exonération au lieu de 50 % ou de 100 % selon les cas.
    L’exonération complète soulève trois difficultés. D’abord, elle n’est pas nécessairement proportionnée à l’efficacité recherchée –⁠ des travaux de la Cour des comptes non encore publiés mais que j’ai eu à connaître le démontreront. Ensuite, elle a une faible vertu pédagogique, puisque l’entreprise doit payer 100 % des cotisations au terme des douze mois. Enfin, une exonération complète coûterait très cher à la mission Travail et emploi alors que le contexte doit nous rendre très attentifs aux deniers publics. Pour ces trois motifs, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. François Gernigon.

    M. François Gernigon

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    Je maintiens l’amendement. Nous pourrons le parfaire au cours de la navette.

    M. Fabien Di Filippo

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    Il faut qu’on avance !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    J’entends ce que dit notre collègue Gernigon mais Thibault Bazin a raison : dans certains cas, auxquels j’ai été confronté, des dispositifs instaurés par les collectivités –⁠ notamment les régions – empêchent que l’Acre soit perçue intégralement. Il faut retravailler la chose pour éviter ces effets de seuil.

    (L’amendement no 1213 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de trois amendements, nos 881, 475 et 880, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 475 et 880 sont identiques.
    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 881.

    Mme Josiane Corneloup

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    Il s’agit d’un amendement du groupe Droite républicaine. L’Acre constitue un tremplin pour celles et ceux qui osent créer, innover et entreprendre. En France, plus de 2,7 millions d’autoentrepreneurs sont administrativement actifs : des hommes et des femmes, jeunes ou seniors, parfois demandeurs d’emploi, qui ont choisi de prendre leur destin en main. L’exonération de cotisations sociales offre la petite respiration qui permet à ces projets de voir le jour ; c’est pourquoi cet amendement vise à la maintenir.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Michel Guiniot, pour soutenir l’amendement no 475.

    M. Michel Guiniot

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    Cet amendement de repli vise à supprimer la rationalisation de l’exonération associée à l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise. Si l’exposé des motifs de l’article 9 du PLFSS indique qu’aucune étude menée ou en cours ne prouve de réels effets de l’Acre sur la création d’entreprise, il apparaît qu’aucune étude ne vient établir son inutilité.
    L’exonération de 50 % des cotisations pour les entrepreneurs qui vont lancer, ou reprendre, une activité professionnelle est nécessaire à ce moment crucial de la vie de leur entreprise. L’État continuant à attribuer des aides publiques aux entreprises, il convient de s’interroger sur la pertinence de pénaliser les petites entreprises naissantes sur un marché de plus en plus concurrentiel.
    Il est souhaitable que le gouvernement encourage l’innovation et le développement des petites entreprises, qui pourront créer du lien social, de la richesse et de l’emploi sans être directement concurrencées par les grandes entreprises. Supprimer cette exonération de cotisations sociales, c’est supprimer de l’innovation ; c’est pourquoi le Rassemblement national souhaite maintenir cette exonération. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sylvie Bonnet, pour soutenir l’amendement no 880.

    Mme Sylvie Bonnet

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    Cet amendement des députés du groupe Droite républicaine vise à maintenir l’exonération de cotisations sociales attribuée dans le cadre de l’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise. La Droite républicaine appelle à une politique cohérente, ambitieuse et durable, fondée sur la confiance envers les créateurs de richesse.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    J’ai compris pourquoi vous avez déposé ces amendements : c’est parce que le dispositif d’aide à la création ou à la reprise d’une entreprise est mal nommé. À mon sens, il n’y a plus lieu de les défendre. Vous vous êtes inquiétés –⁠ en particulier Josiane Corneloup – du sort des demandeurs d’emploi et des jeunes. Mais les personnes qui pourront continuer à bénéficier de ce dispositif recentré sont précisément les demandeurs d’emploi indemnisés, les demandeurs d’emploi non indemnisés inscrits à France Travail durant six mois au cours des dix-huit derniers mois et les personnes âgées de 18 ans à moins de 26 ans.
    Pourquoi ce dispositif est-il mal nommé ? Lors de sa conception, dans les années 1970, il s’appelait aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d’entreprise. Depuis, il a évolué : la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 a supprimé toute prise en compte de la situation sociale ou professionnelle des bénéficiaires. Il me semble, Mme Corneloup, que vous aviez voté contre à l’époque –⁠ tout comme moi. Il ne me paraît pas choquant de recentrer aujourd’hui un tel dispositif sur les publics auxquels il est le plus utile.
    Madame Bonnet, nous ne supprimons pas toute aide à la création ou à la reprise d’entreprise. Simplement, nous recentrons ce dispositif mal nommé sur ce pour quoi il a été conçu. Tous les autres dispositifs d’aide à la création ou à la reprise d’entreprise existants –⁠ dont certains sont bien connus dans votre région Auvergne-Rhône-Alpes – sont maintenus. Je vous invite donc, mes chers collègues, à retirer vos trois amendements, sans quoi mon avis sera défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Il est légitime de remettre en question ce dispositif, particulièrement coûteux alors que nous devons prendre garde à l’argent public que nous dépensons : 500 millions d’euros, soit un demi-milliard. À y regarder de près, il est aussi propice aux effets d’aubaine, alors que nous souhaitons les combattre dans le cadre de la lutte contre la fraude. Un objectif d’équité est également visé en recentrant le dispositif sur ceux qui devaient en bénéficier au départ : les demandeurs d’emploi et les publics vulnérables tels que les bénéficiaires du RSA, les jeunes actifs, les personnes handicapées de moins de 30 ans… Enfin, une logique doit être rétablie entre les droits qui sont ouverts et les contributions versées.
    Cette motivation étant rappelée, nous sommes prêts à des ajustements. L’amendement no 2276 à venir permettra en particulier de préciser les choses. Je vous demande donc de retirer ces amendements ; à défaut, avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thierry Benoit.

    M. Thierry Benoit

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    Je soutiens ces trois amendements car, à l’instar de celui – no 1213 – présenté précédemment par François Gernigon du groupe Horizons & indépendants, ils défendent l’intérêt de jeunes en situation de fragilité –⁠ demandeurs d’emploi, bénéficiaires de minima sociaux – ou actuellement salariés et qui créent leur entreprise sans disposer de beaucoup de moyens. Bien souvent, ils sont aidés par leurs parents. Nous les rencontrons dans nos circonscriptions, notamment au sein des plateformes d’initiative locale (Pfil) qui organisent la signature de chartes de parrainage.
    Pourquoi ce dispositif a-t-il été créé ? Parce que les jeunes qui, par exemple, ouvrent un commerce de vêtements, une onglerie ou une entreprise artisanale ont bien souvent besoin de trois ou quatre ans pour dégager de leur chiffre d’affaires un revenu décent. L’Acre doit être préservée. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR et sur plusieurs bancs du groupe DR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    Comme Thierry Benoit, que je connais bien, je crois qu’il faut tout faire pour aider à la création et la reprise d’entreprises. Nous ne devons toutefois pas oublier qu’il existe déjà un ensemble de dispositifs que les collectivités ont mis en place dans les territoires. Comment les faire cohabiter avec l’Acre ?
    Il existe deux voies que nous devons emprunter –⁠ deux voies qui ne coûtent pas cher.
    Pour commencer, où sont les banques ? Elles sont souvent absentes, quand nous attendons d’elles qu’elles prêtent les 15 000 ou 20 000 euros nécessaires au démarrage d’une activité. Les prêts d’honneurs, quant à eux, sont très difficiles à obtenir.
    Nous devons également travailler à la simplification administrative : le parcours d’un chef d’entreprise ou d’un jeune salarié qui veut créer sa société est très compliqué.
    Si nous parvenons à agir puissamment sur ces deux leviers, nous aurons fait collectivement œuvre utile.

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 881.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        233
            Nombre de suffrages exprimés                228
            Majorité absolue                        115
                    Pour l’adoption                93
                    Contre                135

    (L’amendement no 881 n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 475 et 880.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        220
            Nombre de suffrages exprimés                217
            Majorité absolue                        109
                    Pour l’adoption                86
                    Contre                131

    (Les amendements identiques nos 475 et 880 ne sont pas adoptés.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 534 de Mme Valérie Bazin-Malgras est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Permettez-moi de revenir un instant sur la discussion précédente. Les moins de 26 ans, monsieur Benoit, pourront toujours bénéficier de l’Acre, qu’ils soient ou non salariés. Cela devrait vous satisfaire. Le coût de ce dispositif est tel que le recentrage auquel nous procédons est loin de remettre en question l’essentiel des financements.
    J’en viens à l’amendement no 534 : dans la mesure où la définition des zones a évolué, j’en demande le retrait au profit de mon amendement no 2276 qui vient juste après et que je me propose, madame la présidente, de défendre dès à présent.
    Le dispositif Acre a été maintenu dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV)  : l’amendement no 2776 vise, par souci de cohérence avec la politique d’aménagement du territoire, à ce qu’il le soit également dans les ZFRR et les zones France ruralité revitalisation plus (ZFRR+).

    (L’amendement no 534 est retiré.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 2276 vient donc d’être défendu par le rapporteur général lui-même.
    Quel est l’avis du gouvernement sur cet amendement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Sylvain Berrios.

    M. Sylvain Berrios

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    Comme l’a dit M. Benoit, le groupe Horizons & indépendants considère que la loi de financement de la sécurité sociale doit adresser des signes positifs à la jeunesse et à ceux qui souhaitent créer et innover, dans les quartiers difficiles et les autres. Nous sommes donc favorables à l’amendement de M. le rapporteur général, tant il est important de favoriser les projets des jeunes générations.

    (L’amendement no 2276, modifié par la suppression du gage, est adopté.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 2159.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Il vise à revenir sur les modifications que le PLFSS entend apporter au dispositif Acre dont les personnes créant des entreprises devraient pouvoir continuer à bénéficier. Même si j’adopte votre logiciel, en essayant de raisonner comme vous, je ne comprends pas du tout pourquoi vous avez voulu faire peser spécifiquement sur l’Acre la recherche de cotisations sociales supplémentaires.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Un employeur qui embauche un salarié ne bénéficie pas d’une exonération totale pour les rémunérations inférieures à 3 000 euros mensuels. Le niveau d’exonération proposé par l’article me semble donc rétablir une forme d’équité entre les travailleurs indépendants et les employeurs de salariés percevant des rémunérations comparables –⁠ employeurs qui peuvent aussi, dans l’année suivant la création de leur entreprise, avoir à supporter des charges exceptionnelles.
    J’essaye ainsi de conjuguer une trajectoire de redressement des comptes de la sécurité sociale avec la préservation des mesures les plus utiles. Avis défavorable.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Votre proposition, madame la députée Rousseau, tend au maintien d’un dispositif très coûteux –⁠ un demi-milliard d’euros – dont l’efficacité est discutable. Il a peu de vertus pédagogiques, le créateur de l’entreprise pouvant avoir la fausse impression qu’il n’aura jamais à s’acquitter de cotisations sociales alors qu’il devra s’en acquitter, dans leur intégralité, après une période de douze mois. Cette exonération totale n’est donc pas de bonne méthode, quand nous disposons d’évaluations montrant qu’il s’agit d’un dispositif faiblement efficient, tant en matière de création d’entreprises que de soutien à leur pérennité. Demande de retrait ; sinon avis défavorable.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Les personnes qui créent ces autoentreprises sont souvent en fin de droits au chômage. Elles trouvent dans cette activité des moyens d’existence ; elles y trouvent également une forme de dignité et de respect. Nous devons absolument leur offrir une bouffée d’oxygène de douze mois.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Thierry Benoit.

    M. Thierry Benoit

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    Mme Rousseau propose de rouvrir le dispositif Acre, quand le gouvernement et le rapporteur général veulent le refermer. Je regrette ce dernier choix. Il faut aider les jeunes à créer des entreprises dans des territoires difficiles, même si ces derniers ne sont pas QPV ou ZFRR –⁠ c’est comme pour les médecins avec les zones qui sont sous-dotées ou qui ne le sont pas. Je pense à ces jeunes qui n’ont pas de moyens, qui se font simplement aider par leurs parents et qui cherchent les quelques milliers d’euros nécessaires au lancement de leur affaire : ils ne tireront souvent un revenu de leur activité qu’après trois ou quatre ans, le temps de se créer une clientèle. En attendant, ils ne peuvent pas vivre de leur métier. Monsieur le ministre, monsieur le rapporteur général, nous devons préserver l’Acre dans tout le territoire national, dans l’Hexagone et, bien sûr, outre-mer.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Monsieur Benoit, l’Acre est préservée dans tout le territoire pour tous les demandeurs d’emploi. L’Acre est préservée dans tout le territoire pour tous les jeunes de moins de 26 ans, indépendamment de leur statut.

    M. Thierry Benoit

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    Y compris pour les salariés ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Oui ! Les seules conditions, suffisantes, sont d’avoir moins de 26 ans ; d’être demandeur d’emploi –⁠ inscrit à France Travail dans les conditions que j’ai précisées –, indemnisé ou non ; d’être bénéficiaire du RSA.
    Ceux qui ne remplissent pas ces conditions mais qui, toutefois, habitent en QPV ou en ZFRR peuvent également en bénéficier. (M. Didier Le Gac applaudit.)

    M. Philippe Vigier

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    Avec cinq ans d’exonération !

    M. Hervé de Lépinau

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    Et les zones rurales ?

    (L’amendement no 2159 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 2015 tombe.)

    M. Thomas Ménagé

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    Tu peux nous remercier, Sandrine !

    Mme la présidente

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    Nous en venons à plusieurs amendements identiques, nos 55, 57, 343, 350 et 811, sur lesquels je suis saisie de demandes de scrutin public par les groupes Rassemblement national et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Max Mathiasin, pour soutenir l’amendement no 55.

    M. Max Mathiasin

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    L’éventualité de la suppression de la Lodeom fut une surprise pour nous, aucun député ultramarin n’ayant été consulté. La surprise fut d’autant plus grande que nous savons l’importance de la Lodeom sociale pour nos économies –⁠ 350 millions d’euros en exonérations de cotisations supprimés, ce n’est plus un coup de rabot, mais une tuerie. Les députés ultramarins de tous les horizons se sont réunis et se sont révoltés –⁠ je dis bien révoltés. Ils ont engagé les débats avec la ministre Amélie de Montchalin, qui s’est montrée très dure à la détente.

    M. Fabien Di Filippo

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    Un mélange de « dure de la feuille » et de « longue à la détente » ?

    M. Max Mathiasin

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    Ce fut, pour nous, une peine immense et un combat homérique. Avec le soutien de Philippe Vigier, ancien ministre des outre-mer, la commission des affaires sociales nous a entendus et a donné un avis favorable à ces amendements tendant à supprimer les dispositions relatives à la Lodeom à l’article… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yoann Gillet, pour soutenir l’amendement no 57.

    M. Yoann Gillet

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    La réforme de la Lodeom prévue par cet article serait un coup dur pour l’emploi et la compétitivité dans les outre-mer. Sous couvert de rationalisation budgétaire, vous proposez, en réalité, une réduction massive des exonérations de charges patronales, une baisse leurs seuils, la suppression d’un barème d’innovation et croissance et la disparition des régimes spécifiques.
    À quoi serviraient ces économies de 350 millions d’euros ? Les entreprises déjà fragiles le deviendraient plus encore –⁠ ces entreprises qui, souvent, sont le seul moteur économique d’un bassin d’emploi. Alors que le taux de chômage atteint 17 % en Guyane, 17,3 % à La Réunion et près de 30 % à Mayotte, cette réforme risquerait d’écraser l’avantage différentiel que la Lodeom avait conféré à ces territoires, entraînant la destruction de très nombreux emplois.
    Nous le voyons bien dans ces discussions budgétaires –⁠ et nous en reparlerons, peut-être, lors de l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances : ce gouvernement veut détruire les outre-mer.

    Mme Béatrice Bellay

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    Et vous ? Vous ne faites rien pour nous !

    M. Yoann Gillet

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    Avec une baisse de 19 % du soutien aux entreprises, une baisse de 10 % sur le logement, une baisse de 15 % sur l’aménagement du territoire… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés des groupes RN et UDR applaudissent ce dernier.)

    Mme Béatrice Bellay

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    Charognards !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Christian Baptiste, pour soutenir l’amendement no 343.

    M. Christian Baptiste

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    Après avoir entendu les interventions de Mme la ministre, de M. le rapporteur général, de M. Mathiasin et celles des autres orateurs de cette assemblée, j’ai presque eu envie de ne pas intervenir, tant tout a été dit.
    Je tenais toutefois à préciser qu’en tant que rapporteur spécial de la commission des finances –⁠ et après la lecture des rapports de l’Igas et de l’IGF, rapports quelque peu à charge contre la Lodeom – j’ai pris mon bâton de pèlerin. La visite des différents territoires m’a permis de bien comprendre le cri d’alarme que j’y entendais car la suppression de la Lodeom est non seulement inacceptable en soi, mais ce coup de rabot sera tout aussi inacceptable pour nos entreprises.
    Je demande à tous les collègues de lire le rapport d’information que j’ai rendu le 24 avril 2025 sur cette question. Nous devons aller vers un dispositif vertueux. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Karine Lebon, pour soutenir l’amendement no 350.

    Mme Karine Lebon

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    Suite à nos discussions avec le gouvernement, il me semble que nous sommes en train de parvenir à un accord pour ne pas toucher à la Lodeom cette année : on sanctuarise en attendant l’étude d’impact ; on prend l’année 2026 pour discuter et évaluer ce qu’on peut simplifier et améliorer, mais on le fait avec les parlementaires concernés –⁠ avec notre accord.
    Cet amendement de suppression des alinéas 5 à 16 a été adopté à l’unanimité en commission. M. Philippe Vigier, ancien ministre délégué chargé des outre-mer, nous a d’ailleurs soutenus. Nous sommes d’accord pour repenser la Lodeom, mais nous refusons de l’affaiblir. Or ces alinéas visent précisément à l’affaiblir ; c’est ce que nous refusons.
    Monsieur le rapporteur général, vous disiez vouloir conserver les simplifications pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy, mais les principaux concernés ne sont pas d’accord ! Tous les parlementaires des outre-mer, directement concernés, affirment que la Lodeom doit rester un outil au service d’une politique de développement, pas un outil comptable. Préservons-la ! (Mme Marie-Charlotte Garin applaudit.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Elie Califer, pour soutenir l’amendement no 811.

    M. Elie Califer

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    Nous menons ce combat en meute –⁠ comme on dit chez nous. Ces près de 350 millions d’euros de rabot sont iniques. Dans nos territoires ultramarins, la problématique de l’emploi se pose avec une acuité particulière.
    Nous plaidons pour la suppression des alinéas 5 à 16 pour préserver l’avenir des TPE et PME, tout en souhaitant, bien sûr, ouvrir un vaste chantier de concertation pour 2027. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Chers collègues d’outre-mer, je l’ai déjà dit, il ne faut pas porter préjudice aux entreprises de vos territoires. Elles connaissent déjà une situation économique et des taux d’emploi spécifiques –⁠ vous me l’avez expliqué très clairement : il ne faut pas les fragiliser davantage avec une réforme, dont le rendement est estimé à près de 350 millions d’euros.
    Je n’ai pas participé à vos discussions avec le gouvernement mais j’essaie d’être un rapporteur général à l’écoute de tous ceux qui me contactent. Au cours de mes échanges préparatoires avec les entreprises ultramarines, j’ai acquis la conviction que les barèmes actuels de la Lodeom sont si complexes –⁠ les entreprises se trompent facilement – qu’ils mériteraient d’être simplifiés.

    Mme Karine Lebon

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    C’est vrai !

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je propose donc de ne pas inscrire dans le PLFSS pour 2026 les près de 350 millions d’euros d’économies prévues par l’État et de conserver les paramètres actuels de la Lodeom, tout en réformant les barèmes.
    Il me semble que vous pourriez retirer vos amendements, au profit de l’amendement no 345 de M. Baptiste, qui arrive un peu plus loin. (M. Philippe Vigier applaudit.) Cet amendement préserve économiquement les entreprises d’outre-mer, tout en ouvrant la voie à une simplification.
    Si vous avez déjà discuté avec le gouvernement et convenu d’une méthode, en attendant une étude d’impact, je comprends. Mais on repousse souvent les simplifications, y compris outre-mer, et je trouve injuste qu’on simplifie ici sans le faire outre-mer.
    Je peux donc si vous le souhaitez m’en remettre à la sagesse de notre assemblée –⁠ à vous de décider. Mais je reste persuadé qu’il faudra réformer et simplifier la Lodeom. Il ne faut pas perdre de vue cet objectif.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous avez été nombreux à vous exprimer. Monsieur Mathiasin, je ne sais pas si je suis « dure à la détente » –⁠ je ne connais pas cette expression. M. Di Filippo me faisait remarquer que je suis peut-être dure de la feuille, ou longue à la détente. (Exclamations sur quelques bancs du groupe SOC.)

    M. Fabien Di Filippo

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    Je suis la police des expressions ! (Sourires.)

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Mais ce qui est certain, c’est que nous avons eu une très longue et une très bonne discussion. Au fond, comme l’indiquaient M. le rapporteur général et Mme Lebon, ces amendements identiques soulèvent deux sujets : celui de la simplification et celui du rendement.
    À mon sens, la simplification est fondamentale : 60 % des déclarations des entreprises au titre de la Lodeom –⁠ visant à déclencher un mécanisme d’allègement général de charges, spécifique à certains secteurs et territoires – sont erronées non pas à cause de fraudes ou d’abus, mais parce que le système est trop complexe. Les entreprises nous le disent –⁠ vous le disent –, et tous les territoires ultramarins le savent. C’est un bon mécanisme dans son principe, et nous le soutenons, mais, je le répète, il est trop compliqué.
    La première intention du gouvernement était donc de simplifier. En l’état du droit, il existe six barèmes. Hier, je dessinais les courbes des allégements généraux de cotisations sociales ; les barèmes de la Lodeom sont si complexes qu’on n’arrive même pas à les représenter correctement nous-mêmes.
    L’amendement no 345 de M. Baptiste permettrait d’aller vers cette simplification –⁠ il propose de supprimer l’un des barèmes.
    Le deuxième sujet, c’est ce que vous appelez le rabot –⁠ la réduction de certains allègements, notamment sur les salaires les plus élevés, dont le rendement et la valeur ont beaucoup augmenté. Sur ce point, nous avons échangé ; je vous ai écoutés, le gouvernement et le premier ministre vous ont écoutés : nous ne sommes pas prêts.
    Troisième élément, que je rappelle très solennellement : il n’a jamais été question de supprimer les exonérations prévues par la Lodeom : cet article n’est pas une suppression de la Lodeom. Nous proposions un rendement un peu moindre et une simplification. Certes, cela fragilisait ce dispositif, ça le modifiait, mais ce n’était pas une suppression.
    Je remercie Mme Lebon d’avoir proposé une bonne piste. Soyons clairs : le gouvernement renonce à l’économie budgétaire de près de 350 millions d’euros (M. Philippe Vigier applaudit) mais il est essentiel d’engager des travaux sur le fonctionnement, les paramètres et le ciblage du dispositif.
    Il serait je crois intéressant de conserver dans la navette, jusqu’au terme du processus budgétaire, des dispositions qui permettent d’introduire des mesures de simplification. Mais je m’en remets à votre sagesse. J’ai présenté les avantages et le dispositif des différents amendements –⁠ peut-être M. Baptiste souhaitera-t-il exposer l’amendement no 345 ?
    Pour conclure, j’y insiste : les sujets ultramarins concernent tous les parlementaires, et tous les Français. Ici, vous n’êtes pas les députés d’un territoire, mais ceux de la République, qui travaillent pour l’ensemble de nos concitoyens..

    M. Sébastien Delogu

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    Ça, on le sait !

    Mme Élise Leboucher

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    Dites ça à d’autres !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    M. Turquois disait : « On vous laisse travailler. » Mais il s’agit d’un sujet important pour la cohésion nationale, et tous les députés de la République doivent pouvoir s’exprimer.

    Mme Danielle Simonnet

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    Elle a raison.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Elie Califer.

    M. Elie Califer

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    Madame la ministre, nous avons fait preuve de volonté, de stratégie, et d’un réel engagement pour améliorer les choses. Nous avons exprimé les besoins de nos territoires, et nous sommes heureux, et même sensibles à votre compréhension, ainsi qu’à votre invitation à travailler ensemble.
    Nous aimerions cependant entendre que cette démarche ne pourra exister que grâce à un travail partenarial et collaboratif, impliquant l’ensemble des acteurs politiques et économiques, dans le cadre d’un véritable plan de développement pour nos TPE et PME. C’est pour nous essentiel.
    Nous aurions préféré un avis favorable, plutôt que vous voir vous en remettre à la sagesse de notre assemblée. Malgré tout, je vous remercie.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Vigier.

    M. Philippe Vigier

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    Je remercie la ministre pour l’approche qu’elle a adoptée. J’ai été confronté au sujet et, je suis d’accord avec elle, il faut l’appréhender avec l’ensemble des parlementaires et le monde économique.
    Comment peut-on optimiser et rendre plus efficiente la Lodeom, outil vital pour les territoires ultramarins ? Votre démarche va dans le bon sens. Nous avons déjà réformé quatre niches en 2023, dans des conditions difficiles, mais les acteurs l’avaient compris. Aujourd’hui, on ne peut pas rayer d’un trait de plume un dispositif aussi vital pour ces territoires qui cumulent tous les handicaps.
    Sur ce chemin que vous avez tracé, madame la ministre, nous vous suivrons.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Anchya Bamana.

    Mme Anchya Bamana

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    Le gouvernement a choisi le rabot budgétaire alors qu’il faudrait au contraire étendre ce dispositif dans les territoires qui n’en bénéficient pas encore, notamment Mayotte.

    M. Yoann Gillet

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    Eh oui !

    Mme Anchya Bamana

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    La loi du 11 août 2025 de programmation pour la refondation de Mayotte prévoit une hausse du smic dans notre territoire en 2026, tout en reportant l’application de la Lodeom à 2027. Cette incohérence risque d’accroître le coût du travail, de provoquer des licenciements et d’alourdir la charge financière des entreprises mahoraises.
    Par cohérence, il faudrait étendre les dispositions sociales de la Lodeom à Mayotte dès 2026, afin de réparer cette injustice territoriale et sociale, et de soutenir le développement économique de notre territoire. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Estelle Youssouffa.

    Mme Estelle Youssouffa

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    Ma collègue mahoraise et moi-même sommes quelque peu surprises par la teneur de ces discussions. Nous nous félicitons que le coup de rabot sur la Lodeom ne soit finalement pas appliqué. Mais que dire de votre silence assourdissant sur Mayotte ?
    On ne peut pas nous répondre « Après » ! Mme Moutchou était présente, et n’a fourni aucune réponse sur Mayotte. Vous souhaitez maintenir le statu quo jusqu’à l’année prochaine, et vous continuez les discussions. Fort bien, mais vous ne répondez pas sur Mayotte : cela pose un problème de fond.
    Qu’est-ce que cela signifie ? Allez-vous laisser perdurer une injustice qui dure depuis plus de dix ans ? Le territoire est à genoux ; nos entreprises ne sont toujours pas remboursées des frais engagés pour réparer les dégâts du cyclone ; l’État a économisé une année entière sur la reconstruction de Mayotte.
    Et, maintenant, nous sommes face à une incohérence majeure : la loi de programmation prévoit –⁠ et c’est nécessaire – une hausse du smic au 1er janvier 2026, mais, dans le même temps, vous condamnez nos entreprises à l’effondrement car elles n’auront pas les moyens de faire face à cette hausse, faute de bénéficier de la Lodeom. Toutes les autres entreprises ultramarines disposent de cet outil. Pourquoi pas celles de Mayotte ? Faites preuve de cohérence ! Appliquez simultanément… (Le temps de parole étant écoulé, la présidente coupe le micro de l’oratrice. – Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 55, 57, 343, 350 et 811.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        245
            Nombre de suffrages exprimés                217
            Majorité absolue                        109
                    Pour l’adoption                216
                    Contre                1

    (Les amendements identiques nos 55, 57, 343, 350 et 811 sont adoptés ; en conséquence, les amendements nos 347, 601, 603, 1365 rectifié, 1366 rectifié, 1450, 1837, 1734, 403, 345 et 346 tombent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Amélie de Montchalin, ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Madame Youssoufa, les autres amendements étant tombé, je souhaitais faire une intervention spécifique à Mayotte.

    Plusieurs députés du groupe RN

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    Vous oubliez Mme Bamana !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Vous êtes deux à avoir évoqué Mayotte, mais Mme Youssoufa m’a interpellée, estimant que je n’avais pas parlé de Mayotte. Le sujet concerne tous les Français, car Mayotte, c’est la France.
    Au mois d’août, vous avez voté une loi de convergence, qui prévoit une hausse du smic afin qu’il atteigne 87,5 % du smic national à compter du 1er janvier 2026.
    Je rappelle que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi est toujours en vigueur à Mayotte et –⁠ ce point me semble mal compris – il s’applique à toute l’économie, contrairement à la Lodeom qui, lorsqu’elle entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2027, ne s’appliquera qu’à certains secteurs, et avec des barèmes différenciés. Soyons clairs : le passage du CICE à la Lodeom fera des gagnants mais aussi des perdants. Il faut donc organiser une phase de transition pour qu’un changement trop rapide ne mette pas des secteurs en difficulté.
    Dès 2026, à Mayotte, le périmètre de la réduction générale des cotisations patronales sera étendu par ordonnance : il sera notamment relevé de 3 points pour intégrer les cotisations chômage, ce qui compensera en partie la hausse du smic. La contribution de solidarité pour l’autonomie (CSA) sera elle aussi intégrée dès qu’elle s’appliquera à Mayotte. Au fond, on prépare déjà les exonérations des charges qui viendraient alourdir les prélèvements.
    Du fait de la zone franche de Mayotte, créée par la loi de programmation pour la refondation de Mayotte, toutes les PME de moins de 250 salariés bénéficieront durant cinq ans, de 2025 à 2029, d’un abattement de 100 % sur l’impôt sur le revenu, l’impôt sur les sociétés et la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB), dont le taux s’élevait à 80 %.
    Enfin, chaque commune sera valorisée comme un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV) et bénéficiera de toutes les exonérations.
    Je peux m’engager, madame Youssouffa, à mener un travail express, dans les tout prochains jours, pour examiner les effets nets du passage au smic revalorisé au 1er janvier 2026. Il me semble, à moi et à mes équipes, que le nouveau paquet d’exonérations, qui n’est pas encore en vigueur, conjugué au CICE crée un cadre protecteur et efficace.
    J’insiste : d’après nos estimations, la bascule du CICE à la Lodeom fera certes quelques gagnants mais fera aussi des perdants dans certains secteurs qui ne seront pas couverts par la Lodeom renforcée. Je doute donc de l’intérêt d’avancer la transition à la Lodeom de 2027 à 2026, car je ne suis pas certaine que ce passage aboutisse à un cadre aussi protecteur que ce que vous souhaiteriez, et que je souhaite aussi.
    Ces éléments dressent, il me semble, un tableau plus complet. J’imagine, madame Bamana, que vous m’avez également écoutée. Je propose que nous réalisions ce travail à froid car il est possible qu’en voulant concrétiser une bonne idée, nous créions une phase de transition difficile pour certains secteurs qui n’auraient pas anticipé le changement.

    Suspension et reprise de la séance

    Mme la présidente

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à onze heures cinquante, est reprise à douze heures cinq.)

    Mme la présidente

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    La séance est reprise.
    Je suis saisie de plusieurs demandes de scrutins publics : sur l’amendement no 54 et identiques par les groupes Rassemblement national et Ensemble pour la République ; sur l’amendement no 22 et identiques par les groupes Rassemblement national et La France insoumise-Nouveau Front populaire.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 54, 353, 355, 384, 1301, 1824, 2325, 22, 400, 422, 755, 903, 906, 907, 908, 959, 1124, 1531, 909, 401, 402, 1860, 1781, 2245, 1730 et 2045, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 54, 353, 355, 384, 1301, 1824 et 2325 sont identiques, de même que les amendements nos 22, 400, 422, 755, 903, 906, 907, 908, 959, 1124 et 1531.
    La parole est à M. Hendrik Davi, pour soutenir l’amendement no 54.

    M. Hendrik Davi

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    Hier, le gouvernement a refusé de soumettre à cotisations l’intéressement et la participation. Par contre, il est prêt à faire payer les apprentis qui gagnent moins que le smic. Rappelons qu’un apprenti perçoit 468 euros par mois la première année et 702 euros la deuxième, notamment dans les CFA (centres de formation d’apprentis).
    C’est absolument indécent de vouloir faire payer des cotisations sur ces revenus-là. Je concède qu’il y a des abus dans l’apprentissage, et des économies à faire dans ce secteur, notamment dans l’enseignement supérieur. L’apprentissage est une aubaine pour les écoles privées à but lucratif, comme celles appartenant au groupe Galileo Global Education qui a fait l’objet d’un très bon livre, Le Cube. C’est aussi une aubaine pour beaucoup d’entreprises qui font travailler des étudiants en master 2 au smic. Au lieu de taxer les apprentis qui travaillent dans les CFA, il serait plus judicieux, pour trouver des ressources, de réguler ce secteur qui coûte 20 milliards d’euros à France compétences.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 353.

    Mme Céline Thiébault-Martinez

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    Cet amendement vise à ne pas assujettir aux cotisations sociales la rémunération des apprentis qui se situe entre 0 et 0,5 smic. Il s’agit de défendre les apprentis contre l’attaque en règle que constituent différentes mesures prévues dans le budget par le gouvernement. Je citerais par exemple la fin de la subvention au CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) ou la suppression de l’aide au permis de conduire.
    La présente mesure n’aura d’autre conséquence que de baisser les moyens des apprentis, en réduisant leur rémunération de près de 100 euros par mois pour certains. C’est d’autant plus regrettable qu’elle se conjugue à la fin de la prime d’activité, le tout conduisant à une baisse de ressources de plusieurs centaines d’euros pour certains apprentis.
    Nous sommes très mobilisés en faveur des jeunes car chaque euro pris à ces jeunes, c’est moins de pouvoir d’achat, moins d’autonomie et plus de précarité.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Yannick Monnet, pour soutenir l’amendement no 355.

    M. Yannick Monnet

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    Nous voulons également supprimer ces alinéas, mais il faut un vrai débat de fond sur les apprentis. Nous nous opposons au fait de considérer les apprentis comme les autres salariés parce que, d’une part, ce serait en faire des salariés low cost, puisque la rémunération des apprentis commence à 27 % du smic, et que, d’autre part, ce sont avant tout des étudiants qui apprennent un métier. Il ne faut donc pas les soumettre aux mêmes cotisations que les autres salariés.

    M. Hervé de Lépinau

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    Je suis d’accord avec M. Monnet.

    Mme la présidente

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    L’amendement no 384 de Mme Sandrine Le Feur est défendu.
    La parole est à M. Stéphane Lenormand, pour soutenir l’amendement no 1301.

    M. Stéphane Lenormand

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    Le présent amendement vise à supprimer la disposition mettant fin à l’exonération des cotisations salariales dont bénéficient les apprentis pour les nouveaux contrats. C’est une mesure qui reviendrait à réduire leur rémunération nette, qui est déjà parmi les plus modestes du marché du travail. C’est un mauvais signal envoyé à notre jeunesse.
    L’apprentissage constitue un levier majeur d’accès à l’emploi. Le maintien d’un cadre fiscal et social attractif pour les apprentis est donc un investissement social et économique bien plus qu’un coût budgétaire. J’ai aussi une pensée pour les territoires d’outre-mer, où cette mesure aurait des répercussions encore plus néfastes.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexandre Loubet, pour soutenir l’amendement no 1824.

    M. Alexandre Loubet

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    En vous attaquant au dispositif de l’apprentissage, votre gouvernement fait le choix de s’attaquer à la jeunesse qui travaille, plutôt que de réaliser des économies, par exemple, sur les aides sociales versées aux étrangers qui n’ont jamais travaillé sur notre sol. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.) Nous dénonçons ce choix et le combattons.
    Vous pénalisez également un dispositif qui favorise la compétitivité de nos entreprises, l’insertion professionnelle pour nos jeunes, frappés par un taux de chômage proche de 19 %, et la transmission des savoir-faire.
    Enfin, je me tourne vers mes collègues macronistes. Hier, votre président de groupe, M. Gabriel Attal, a dit qu’il s’opposerait, de même que son groupe, à l’ensemble des mesures qui viseraient à renchérir le coût du travail. En votant cet amendement, vous pouvez avoir le courage de tenir votre parole. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Le Nabour, pour soutenir l’amendement no 2325.

    Mme Christine Le Nabour

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    Nous demandons la suppression des alinéas 17 et 21. L’apprentissage est l’un des marqueurs de notre groupe depuis 2018. Nous discutons ici de la rémunération des apprentis, puis nous débattrons, lors de l’examen de la deuxième partie du PLF, des aides aux entreprises pour le recrutement d’apprentis.
    En tant que présidente d’une mission locale, et vice-présidente de l’Union nationale des missions locales, je peux vous dire que certains jeunes sont dans une situation de précarité telle qu’ils ne pourraient pas faire des études en alternance si cette rémunération n’existait pas. Une baisse de 50 ou de 100 euros peut être insurmontable parce qu’ils doivent faire face à des charges de transport et de loyer. Des aides existent pour ces postes mais ce n’est pas suffisant pour certains jeunes, notamment ceux qui ne reçoivent pas de soutien financier de leur famille. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 22.

    Mme Josiane Corneloup

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    L’amendement vise également à maintenir les exonérations de cotisations, de CSG et de CRDS pour les apprentis. La mesure que vous prévoyez serait un nouveau coup porté à l’apprentissage qui s’ajouterait à l’abaissement du plafond d’exonération de 79 à 50 % du smic, entré en vigueur le 1er mars 2025. Cette mesure aurait des conséquences directes sur la rémunération et le pouvoir d’achat des jeunes, mais aussi un effet dissuasif sur les recrutements dans les entreprises, lesquelles pourraient renoncer à former ces jeunes. Pourtant, l’apprentissage est une voie d’excellence qui débouche tout de même sur un taux d’insertion professionnelle de 70 %. Cela correspond aussi à un vrai besoin des entreprises qui peuvent ainsi bénéficier d’une main d’œuvre qualifiée.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexandre Dufosset, pour soutenir l’amendement no 400.

    M. Alexandre Dufosset

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    Je défends cet amendement pour maintenir l’exonération des cotisations salariales dont bénéficient les apprentis parce que –⁠ sans vous raconter ma vie –, j’ai effectué cinq années d’apprentissage au cours de mon cursus scolaire, dans une belle entreprise que connaît bien notre ministre du travail, la SNCF. Quand j’y étais apprenti, je me souviens avoir reçu un e-mail disant que l’apprentissage était une formule gagnante, et je crois que c’est vrai. C’est pour cette raison, et parce que nous souhaitons garantir la pérennité de l’apprentissage, que nous nous opposons à la suppression de cette exonération. C’est un vecteur de réussite pour nos entreprises, pour la SNCF, les TPE et les PME. Je suis aussi l’exemple même que l’apprentissage peut mener à tout : j’étais apprenti à la SNCF, aujourd’hui je suis député. (M. le ministre Farandou lève le pouce.)

    M. Sébastien Chenu

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    Bientôt ministre du travail !

    M. Thierry Tesson

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    Ou patron de la SNCF !

    M. Alexandre Dufosset

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    L’apprentissage est donc un beau symbole. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 422 de M. Jérôme Nury est défendu.
    La parole est à M. Laurent Mazaury, pour soutenir l’amendement no 755.

    M. Laurent Mazaury

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    Un mauvais coup de plus contre l’apprentissage et les apprentis se prépare. J’aimerais qu’on se souvienne que dans la plupart des cas, les apprentis sont embauchés, non pas à la SNCF, mais dans des TPE et PME, pour préparer un diplôme qui est loin d’être un master 2.
    Supprimer l’exonération de cotisations sociales réduirait l’attractivité de l’apprentissage et rendrait la situation intenable pour les apprentis et les entreprises.
    En 2025, une baisse de 8 % du nombre de contrats d’apprentissage a été constatée en année glissante, ce qui montre bien que les mesures prises l’an dernier ont déjà un effet négatif sur l’apprentissage. Et pourtant, cela fait bien une dizaine d’années que nous devons prendre des mesures pour réduire l’écart.
    Il est donc essentiel que l’alinéa 17 soit supprimé et je sais pouvoir compter sur le soutien de tout l’hémicycle à cette fin.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 903.

    Mme Ségolène Amiot

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    Hier encore, vous avez rejeté toutes les propositions de financement de la sécurité sociale qui mettaient à contribution les milliardaires, les millionnaires, les superprofits, les super-héritages, les super-pollueurs, les patrons voyous qui ne respectent pas le droit du travail, les entreprises qui ne respectent pas l’égalité entre les femmes et les hommes ou qui exposent leurs salariés à des dangers sans les protéger, mais aujourd’hui, on vient nous dire qu’il faut taxer les apprentis qui reçoivent un petit salaire équivalent à 27 %, 43 %, 55 % ou 67 % du smic pour boucher le trou de la sécu ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Christine Pirès Beaune applaudit également.)
    Vous allez leur piquer entre 55 et 100 euros chaque mois alors qu’ils ne gagnent même pas le smic !

    M. Alexis Corbière

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    Une honte !

    Mme Ségolène Amiot

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    C’est assez incroyable ! On est très sévères avec les plus précaires et les plus faibles, mais on laisse en paix les plus forts, quand on ne leur fait pas de nouveaux cadeaux ! Encore hier, on leur en a offert pour plus de 5 milliards d’euros ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 906.

    M. Hadrien Clouet

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    L’apprentissage, en France, a explosé, conséquence de la politique macroniste menée depuis des années. On parle désormais de plus d’un million de contrats !
    Comment expliquer ce résultat ? Vous ne vous êtes pas contentés de vous agiter pour l’atteindre, non. Vous avez donné des chèques pour inciter les employeurs à embaucher –⁠ jusqu’à 6 000 euros pour ouvrir des postes d’apprentis.
    Maintenant que le déficit est abyssal, vous comprenez enfin que vous avez dépensé trop d’argent pour les employeurs. Mais vous comptez le combler en faisant payer les employés ! Voilà le sens de l’alinéa 17 de l’article 9, que l’on va supprimer ! Faire payer plus de cotisations aux apprentis, c’est leur demander de payer à la place de leur employeur.
    En somme, vous voudriez que tous les apprentis de ce pays virent de l’argent à leur patron avec l’application Lydia !
    Je m’étonne d’entendre parler régulièrement du « modèle allemand ». En Allemagne, le salaire de départ d’un apprenti est d’au moins 680 euros par mois, soit 200 euros de plus, dès la première année, que la rémunération offerte aux apprentis en France : est-ce toujours votre modèle ?
    Le modèle allemand, vous vous en réclamez lorsqu’il faut pousser les retraités à faire les poubelles, mais pas quand il faut payer convenablement les jeunes en première année d’apprentissage !
    Et encore, je n’ai parlé que de ce que prévoit la loi, mais sachez que les apprentis électriciens, informaticiens ou conseillers de vente reçoivent 1 000 euros la première année de leur contrat !
    De deux choses l’une : soit les apprentis reçoivent un vrai salaire, soit ils ne sont même pas au smic et dans ce cas, ils ne doivent pas payer de cotisations… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. –⁠ Les députés du groupe LFI-NFP applaudissent ce dernier.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Élise Leboucher, pour soutenir l’amendement no 907.

    Mme Élise Leboucher

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    À mon tour de nous appeler à supprimer l’alinéa 17 de l’article 9, qui prévoit de soumettre à cotisations sociales l’intégralité du revenu des apprentis. Je vous alerte sur le risque évident de précarisation des apprentis qui en découlerait.
    Prenons des exemples concrets. Si la mesure était appliquée, un apprenti de 16 ou 17 ans, rémunéré entre 27 et 55 % du smic, perdrait 55 à 100 euros par mois. Un apprenti de plus de 21 ans devrait s’acquitter, quant à lui, d’une contribution de 100 euros par mois.
    Alors que 75 % des apprentis vivent sous le seuil de pauvreté, ils perdraient encore un peu du maigre revenu qu’ils perçoivent. Il est inacceptable d’exiger d’eux qu’ils soient les premiers à contribuer, alors qu’on sait que le patronat est massivement subventionné pour signer des contrats d’apprentissage. Il est inacceptable de prendre aux travailleurs les plus pauvres et les plus précaires, alors que vous refusez de taxer les actionnaires, le capital et les superprofits ! (Applaudissements sur les bans du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Damien Maudet, pour soutenir l’amendement no 908.

    M. Damien Maudet

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    En huit ans, les importantes subventions en faveur de l’apprentissage ont coûté très cher –⁠ 15 milliards d’euros au moins.
    Si encore, elles avaient profité aux boulangers, aux professionnels du bâtiment ou de l’hôtellerie-restauration, à la rigueur ! Mais non : la moitié de ces aides a bénéficié aux établissements d’enseignement supérieur privé et plus précisément aux écoles de commerce, qui ont multiplié par sept le nombre d’apprentis qu’elles accueillaient. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    Et à présent, pour rembourser le gros cadeau fait aux entreprises qui reçoivent des apprentis formés dans des établissements privés, c’est à tous les apprentis du pays que vous demandez de participer, y compris ceux des secteurs de la boulangerie et du bâtiment, en ponctionnant 100 à 200 euros sur les 480 à 1 200 euros qu’ils touchent. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    L’amendement no 959 de M. Vincent Rolland est défendu.
    La parole est à M. Alexandre Allegret-Pilot, pour soutenir l’amendement no 1124.

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Il nous est donc proposé de réduire encore davantage l’attractivité de l’apprentissage ! On nous parle d’une logique d’équité, mais par définition, l’apprenti est en formation au sein de l’entreprise et il est donc normal que son recrutement soit bien moins rentable que celui d’un salarié.
    Cela fait deux décennies que l’apprentissage a prouvé qu’il était la bonne voie, face à des études universitaires souvent trop longues, dont les filières parfois inadaptées peuvent se transformer en voies de garage, alors que l’apprentissage répond aux besoins des entreprises.
    Or vous nous proposez de réduire une mesure d’incitation pourtant utile pour soutenir un dispositif efficace, de taper sur les apprentis et les PME qui les emploient, alors qu’il importe, au contraire, de développer encore davantage l’apprentissage. Tout le monde le sait.
    Face à l’inutile inflation académique, l’apprentissage offre une solution raisonnable, réaliste et efficace. On veut peut-être un peu moins de masters en sociologie et en études de genre, un peu moins d’étudiants universitaires étrangers qui abusent du système universitaire à nos frais –⁠ aides personnalisées au logement (APL) incluses. (Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Hadrien Clouet

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    Rends l’argent de Bercy !

    Mme Ségolène Amiot

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    Quelle caricature !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    On veut sûrement beaucoup plus d’apprentis, Français comme étrangers, dans tous les secteurs : boulangerie, bâtiment et travaux publics, mécanique, informatique et gestion.

    M. Hadrien Clouet

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    Rends l’argent !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Je vous invite à voter notre amendement et à rétablir l’attractivité de cette voie d’excellence et de réalisme qu’est l’apprentissage.

    M. Hadrien Clouet

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    Rends l’argent de Bercy avant de parler !

    Mme la présidente

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    S’il vous plaît !
    La parole est à Mme Delphine Lingemann, pour soutenir l’amendement no 1531.

    Mme Delphine Lingemann

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    L’apprentissage est une voie d’excellence, que nous avons soutenue et qui est recherchée par les jeunes, quel que soit leur niveau d’étude. Son taux d’insertion est exceptionnel puisqu’il s’établit à 70 % six mois après la fin des études.
    Nous devons envoyer un message cohérent par rapport à la politique que nous menons depuis 2017. Plutôt que d’affaiblir le dispositif, il conviendrait plutôt de le renforcer.
    Supprimer l’exonération comme le prévoit le PLFSS pour 2026 fragiliserait les apprentis mais aussi les entreprises de nos territoires. Les conséquences de cette mesure pour les apprentis ne se feraient pas attendre puisqu’ils perdraient 100 à 150 euros chaque mois alors que 75 % d’entre eux vivent déjà sous le seuil de pauvreté.
    In fine, la mesure pourrait diminuer l’attractivité de l’apprentissage. En zone rurale ou périurbaine, la formation des jeunes dans des entreprises artisanales ou des PME dépend largement de ce dispositif. À terme, ce sont nos territoires qui seront fragilisés.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin

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    Je vous ai tous écoutés et je m’en tiendrai au fond des mesures relatives à l’apprentissage dans l’article 9. Je ne commenterai donc pas les mesures du projet de loi de finances pour 2026, même si elles ne me satisfont pas.
    Je suis le premier à défendre l’apprentissage. Il faut aider les entreprises qui recrutent des apprentis, c’est un formidable moyen d’insertion, nous en conviendrons tous.
    À la lecture du titre, ma première réaction fut un rejet car il me paraît hors de question de toucher à l’apprentissage. J’ai ensuite cherché à comprendre les raisons pour lesquelles une telle mesure était proposée. Je me suis donc rendu sur le terrain, pour échanger avec des employeurs et des salariés, et je me suis rendu compte que le dispositif actuel avait fait naître des injustices. Même si vous n’en êtes pas responsables –⁠ vous n’étiez pas élus quand les dispositifs de soutien à l’apprentissage ont été décidés –, elles sont bien réelles. La mesure prévue à l’alinéa 17 de l’article 9 témoigne du courage qu’il faut pour les traiter, au moins partiellement.
    Injustice, lorsqu’un apprenti et un salarié exercent au même poste pour une rémunération brute identique mais que le second cotise dès le premier euro de salaire –⁠ et je sais, pour en avoir beaucoup entendu parler depuis le début de l’examen du PLFSS, que le sujet des cotisations est sensible.

    M. Hervé de Lépinau

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    L’apprentissage est, par définition, temporaire !

    M. Thibault Bazin

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    Injustice encore, quand un apprenti et un salarié ont accès aux mêmes droits, notamment à la retraite, sans que le premier ait cotisé.
    Injustice enfin, quand l’ancien apprenti voit sa rémunération nette baisser sensiblement s’il devient salarié de l’entreprise qui l’a formé. Conséquence : il quitte son emploi et reçoit des cotisations pour lesquelles il n’a pas cotisé.
    M. Davi a, plus tôt, fait état de rémunérations de base. Ce sont des mimima. Espérons que les entreprises proposent plus quand elles le peuvent ! Jusqu’à 50 % du smic, la rémunération des apprentis est exonérée de cotisations sociales, de CSG et de CRDS.
    Il est envisagé de porter le taux de cotisations salariales à 11 % mais de maintenir l’exonération de CSG et de CRDS. Une différence subsistera donc entre les apprentis et les salariés.
    Actuellement, les rémunérations nettes d’un salarié et d’un apprenti payés tous deux au niveau du smic brut présentent un écart de 188 euros. Cet écart serait réduit à 86 euros si l’article 9 était adopté.
    J’ai compris vos messages et j’ai une proposition intermédiaire à vous faire pour réparer en partie des injustices nées d’une décision à laquelle vous n’êtes pour rien. Faisons chacun une moitié du chemin vers une plus grande équité entre un salarié et un apprenti qui occupent des postes équivalents et reçoivent des rémunérations brutes équivalentes.
    Je défendrai bientôt un amendement tendant à n’appliquer l’exonération de cotisations sociale qu’à la fraction de rémunération dépassant 25 % du smic. Ainsi, les rémunérations nettes d’un salarié et d’un apprenti payés au smic brut présenteraient un écart de 237 euros.
    Je précise que la situation des salariés travaillant à temps partiel ou des salariés en formation est spécifique.
    Certains collègues ont déclaré que les entreprises seraient pénalisées par l’application de l’article 9. C’est faux ! Leurs avantages ne seront pas du tout remis en cause ! Les cotisations patronales ne sont pas du tout modifiées ! Les employeurs n’ont à redouter aucun renchérissement du coût de l’apprentissage, contrairement à ce qu’a indiqué M. Loubet.
    Nous pouvons tous continuer à soutenir massivement les entreprises, à recruter des apprentis, à les former et à les aider à s’intégrer. Il faut qu’on prenne le chemin d’une plus grande équité et qu’on évite de tels problèmes salariaux. C’est pour cette raison que je vous invite à retirer vos amendements.

    Rappels au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexandre Allegret-Pilot, pour un rappel au règlement.

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Il se fonde sur l’article 70, alinéa 13. Après m’avoir injurié publiquement en m’ayant traité de facho, vous doublez la mise, monsieur Clouet, en y ajoutant de la diffamation.
    Si vous n’êtes pas le lâche que tout le monde pense que vous êtes, sortez et allez répéter ce que vous venez de dire : vous serez poursuivi. Assumez-le ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN. –⁠ Protestations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Marie Mesmeur

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    Aucun problème !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Hadrien Clouet, pour un rappel au règlement.

    M. Hadrien Clouet

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    Sur la base de l’article 70, relatif aux mises en cause personnelles, et de l’article 100, relatif à la bonne tenue de nos débats.
    Je me suis contenté de rappeler les enquêtes pour escroquerie qui pèsent sur vous et je peux le faire dehors.

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Sors !

    M. Hadrien Clouet

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    Le Monde en a parlé.

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Sors et assume !

    M. Hadrien Clouet

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    Mon propos exact était « Rends l’argent de Bercy ! », mais vous avez raison, on ne se connaît pas : j’aurais dû vous vouvoyer ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Protestations sur les bancs des groupes UDR et RN.)

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Sors ! Va le dire dehors ! Assume un peu !

    Mme la présidente

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    Concentrons-nous sur nos débats.

    Article 9 (suite)

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement sur ces amendements en discussion commune ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    J’ai cru comprendre que l’apprentissage était un sujet important pour vous tous. Vous avez raison, et nous pouvons être fiers d’avoir élevé l’apprentissage au niveau d’autres pays européens : il représente désormais 10 % des diplômes distribués en France. (Applaudissements sur les bancs des groupes EPR et Dem.)
    La politique du gouvernement fonctionne. Elle repose sur deux leviers. Le premier consiste à privilégier les métiers de base, dits manuels, que l’on apprend dans les entreprises. Je peux en témoigner, je sais ce qui se passe à la SNCF en la matière –⁠ je crois que certains d’entre vous ont été apprentis à la SNCF. Il s’agit aussi de permettre l’accès à un enseignement supérieur à des jeunes gens qui n’auraient peut-être pas pu y accéder autrement –⁠ 35 % de jeunes sont dans ce cas –, que ce soit pour des raisons financières ou pour des raisons d’éducation ; de fait, certains sont plus à l’aise avec des travaux pratiques. La politique du gouvernement comprend donc un volet social et d’insertion, en plus du volet formation. Le deuxième levier, c’est de préparer à l’emploi, parce que la formation est respectable en tant que telle, mais l’objectif est bien de rejoindre le lieu où elle a lieu, à savoir l’entreprise ; de nombreuses entreprises conservent d’ailleurs leurs apprentis. Bref, cette politique fonctionne, non seulement sur le plan de l’emploi, mais aussi parce qu’elle permet d’améliorer l’éducation des jeunes qui, sans cette main tendue, n’auraient pas pu accéder à l’enseignement supérieur.
    Il faut donc se réjouir des efforts financiers consentis au service de cette politique. Il ne faut pas les regretter : une telle impulsion était nécessaire pour changer la donne –⁠ en 2024, les moyens alloués ont ainsi pu atteindre 16 milliards d’euros. Grâce à cela, nous avons connu une réussite spectaculaire, avec 1 million d’apprentis à la clé, dont nous sommes fiers.
    Cependant, nous devons aussi nous préoccuper de la gestion des finances publiques –⁠ c’est de circonstance. La politique de l’apprentissage est désormais mature. C’est pourquoi, depuis deux ans, et bien que nous voulions absolument la conserver, nous cherchons à la faire atterrir sur un plateau, avec un effort financier qui se stabiliserait entre 12 et 13 milliards d’euros. Les montants alloués restent donc importants, mais nous cherchons, d’une part, à gommer les coûts liés à la propulsion de cette politique et, d’autre part, à la rendre plus efficiente –⁠ bien que ce deuxième objectif relève plutôt du projet de loi de finances, je me dois de l’aborder, car je suis comptable du budget total de l’apprentissage.
    L’apprentissage consiste à faire se rencontrer un jeune, une entreprise et un organisme de formation. Cette rencontre ne s’opère pas toute seule : il faut la financer avec des incitations, pour encourager les entreprises à accueillir des apprentis. Les crédits alloués à cette incitation ont été réévalués dans le PLF de l’année dernière ; on ne compte pas y toucher. Je confirme les propos du rapporteur général : nous ne proposons pas de modifier le système d’aides –⁠ 5 000 euros pour les entreprises qui comptent moins de 250 salariés et 2 000 euros pour les autres – car elles en ont besoin pour que cela fonctionne –⁠ les plus petites d’entre elles nous l’ont fait savoir. Ensuite, il faut former : l’effort de formation reste lui aussi important, parce qu’il ne s’agit pas que d’un coût mais d’un investissement. Il faut donc aussi conserver suffisamment de ressources pour financer ce budget, même si nous pensons –⁠ nous aurons le débat lors de la suite de l’examen du PLF – que nous pouvons l’optimiser pour qu’il soit plus efficace –⁠ sans parler de la lutte contre les effets d’aubaine qui peuvent exister ici ou là et que nous sommes décidés à traquer sans relâche.
    Enfin, j’en viens à l’exonération spécifique de cotisations salariales applicable à la rémunération des apprentis, objet du présent article 9. Celle-ci a deux objectifs. Le premier est économique –⁠ pardonnez-moi d’aborder le sujet sous cet angle, mais, après tout, nous examinons un projet de loi de financement : nous proposons en effet de changer un petit peu la règle du jeu pour les contrats d’apprentissage conclus à partir du 1er janvier 2026, en supprimant cette exonération –⁠ il s’agit cependant d’une mesure de flux, c’est-à-dire que ceux dont le contrat a débuté avant cette date ne seront pas concernés. J’entends l’argument de l’équité. Le rapporteur général l’a évoqué : on voit bien qu’un apprenti non exonéré, qui débute, aura du mal à accepter sa situation par rapport à celui qui en bénéficie. Cependant, ne vaut-il pas mieux demander un effort aux nouveaux, qui ne s’en rendront pas forcément compte, et conserver des moyens dans le PLF ? Si nous n’arrivons pas à faire ces économies en flux, je crains que l’argent nous manque pour soutenir, en volume, à la fois l’aide aux entreprises et la formation. Il faut donc trouver un équilibre. (Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)

    Mme Danielle Simonnet et M. Alexis Corbière

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    C’est une honte, vous organisez la concurrence entre les salariés !

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Je vous ai largement écoutés et j’ai bien compris l’opinion de la plupart d’entre vous. Vous aurez compris que je suis un homme de dialogue et d’équilibre : sachez donc que la prochaine série d’amendements en discussion commune contient un amendement de repli –⁠ je pense au no 2045 de M. Le Gac – qui peut me convenir. Il ne permettrait certes pas les économies que nous espérions initialement au profit de la sécurité sociale, néanmoins il constituerait un pas dans la bonne direction, qui nous évitera des discussions difficiles, lors de la suite de l’examen du PLF, sur les deux enveloppes que j’ai mentionnées –⁠ raison pour laquelle je suis défavorable à l’ensemble des amendements de cette discussion commune.

    Mme Ségolène Amiot

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    C’est un peu facile !

    Rappels au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour un rappel au règlement.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Au titre de l’article 70, alinéa 4, qui prévoit que peut faire l’objet de peines disciplinaires tout membre de l’Assemblée « qui fait appel à la violence en séance publique ». Nous ne pouvons pas accepter qu’un député dise à un autre député de sortir pour aller s’expliquer dehors. (« Il n’a pas dit ça ! » et exclamations prolongées sur les bancs des groupes RN et UDR. –⁠ Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP ainsi que sur quelques bancs du groupe SOC.) Ce n’est pas possible ! De surcroît, ce député a cru bon de s’en prendre aux masters en sociologie du genre : vous devriez suivre ces enseignements, monsieur Allegret-Pilot, vous y apprendriez la notion de virilisme ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et SOC.)

    Mme la présidente

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    Textuellement, M. Allegret-Pilot a invité M. Clouet à sortir pour en parler. Pour ma part, je vous invite plutôt à rependre l’examen du PLFSS, s’il vous plaît. Monsieur Allegret-Pilot, à condition que votre rappel au règlement en soit vraiment un, vous avez la parole.

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    Au titre de l’article 70, alinéa 4, invoqué par Mme Rousseau. Je n’ai pas invité M. Clouet à sortir « dehors », mais à sortir tout court…

    Mme la présidente

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    Oui, de l’hémicycle !

    M. Alexandre Allegret-Pilot

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    …en l’engageant à répéter ses propos en dehors de l’hémicycle et en précisant qu’il serait, le cas échéant, poursuivi en justice. Madame Rousseau, je vous pense au moins suffisamment intelligente pour comprendre cela ! (Applaudissements sur quelques bancs des groupes UDR et RN. –⁠ Exclamations sur les bancs des groupes LFI-NFP et EcoS. –⁠ Brouhaha sur tous les bancs.)

    Mme la présidente

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    S’il vous plaît, il faut que nous avancions !
    La parole est à Mme Sandrine Rousseau pour un nouveau rappel au règlement. Sur la base de quel article, madame Rousseau ?

    Mme Sandrine Rousseau

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    Toujours le même : l’article 70, sur la bonne tenue des débats. (Exclamations sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    Ce n’est pas le bon article !

    Mme Sandrine Rousseau

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    Vous ne pouvez pas faire ainsi référence à l’intelligence des députés, monsieur Allegret-Pilot ! Vous ne pouvez pas tenir ce type de propos dans l’hémicycle, il va falloir vous calmer ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP, dont plusieurs députés se lèvent, ainsi que sur plusieurs bancs des groupes EcoS et SOC.)

    Mme la présidente

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    C’est sans fin, madame Rousseau !

    Article 9 (suite)

    Mme la présidente

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    J’ai plusieurs demandes de prise de parole. J’en accorderai une par groupe, je vous invite donc à vous entendre entre vous.
    La parole est à M. Yannick Monnet.

    M. Yannick Monnet

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    Monsieur le ministre, pardonnez ma trivialité, mais c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité ! Vous nous dites de faire attention aux dépenses et de penser aux recettes, mais nous n’avons pas cessé de vous faire des propositions de recettes nouvelles, que vous avez rejetées ! Nous avons fait notre travail ; l’équilibre budgétaire est votre affaire. Nous constatons cependant qu’un débat sur l’apprentissage est nécessaire.
    Plusieurs amendements proposent de supprimer l’article 9. Le collègue de l’UDR nous invitait tout à l’heure à veiller à la compétitivité des entreprises. Non ! Selon moi, l’apprentissage ne devrait pas servir la compétitivité.

    Mme Josiane Corneloup

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    Ben si !

    M. Yannick Monnet

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    Les jeunes qui ont besoin d’être formés n’ont pas à servir la compétitivité, ils ont simplement besoin d’être formés. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) Par ailleurs, monsieur le rapporteur général, je refuse de considérer les apprentis et les salariés sur un pied d’égalité : ils n’ont pas le même statut ! Suivre votre logique reviendrait à créer des salariés low cost, à exercer une pression considérable sur les apprentis, et finalement à dégrader les conditions de l’apprentissage.

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Marie Mesmeur.

    Mme Marie Mesmeur

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    Je ris jaune en entendant le groupe macroniste, par la voix de Mme Le Nabour, s’inquiéter des capacités des jeunes à se loger, à se nourrir, à accéder aux transports, quand je vois que, dans le PLF, vous envisagez dans le même temps de réduire de 41 millions d’euros les aides directes aux étudiants, de geler les APL pour l’ensemble de la population, y compris les plus précaires, ou de supprimer la réduction d’impôt sur les frais de scolarité ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Inaki Echaniz applaudit également.) Il me semble que vous cherchez simplement à faire des économies sur le dos des apprentis, qui sont déjà précaires, pour financer vos cadeaux aux plus riches ! (Protestations sur les bancs du groupe EPR.) C’est hypocrite et insupportable ! Nous plaidons à l’inverse pour une garantie d’autonomie destinée à l’ensemble de la jeunesse, à hauteur de 1 288 euros par mois, afin que les jeunes puissent étudier sans avoir à se soucier de leurs conditions matérielles d’existence (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP), sans avoir à devenir apprentis parce qu’ils ne gagnent pas suffisamment, sans avoir à faire baisser artificiellement vos chiffres du chômage ! (Exclamations sur les bancs du groupe EPR.) Vous ne prévoyez rien pour les jeunes, ni dans le PLF ni dans le PLFSS ! Vous êtes des hypocrites anti-jeunes et anti-études ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Christine Le Nabour.

    Mme Christine Le Nabour

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    Madame Mesmeur, je ne vous permets pas de m’attaquer ainsi. Nous n’avons pas travaillé sur la copie initiale du gouvernement et nous ne sommes pas anti-jeunes ou anti-études. Gardez vos remarques ! (Mme Marie Mesmeur s’exclame.) On vous connaît très bien, dans mon territoire ! Je vous rappelle par ailleurs que, depuis notre arrivée au pouvoir, le pays compte 50 % d’apprentis supplémentaires. On ne vous a pas attendus ! (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR et sur quelques bancs du groupe Dem.) Ensuite, monsieur le ministre, vous avez évoqué une phase de lancement, mais cela ne peut pas s’appliquer à la rémunération des apprentis –⁠ nous aurons peut-être le débat sur les aides aux entreprises quand nous examinerons la deuxième partie du PLF.
    Enfin, je suis élue d’un territoire où le taux de chômage atteint 13,9 %, avec des jeunes qui, en raison de leur précarité, préfèrent travailler en intérim que de se former. N’oubliez pas que, pour un apprenti, 50 ou 100 euros de moins par mois, c’est beaucoup ! Quant à l’écart de salaire entre un salarié et l’apprenti, ce n’est pas notre problème : notre objectif est d’inciter les employeurs à former des jeunes ; si l’entreprise veut augmenter… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice.)

    Rappel au règlement

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Marie Mesmeur, pour un rappel au règlement.

    Mme Marie Mesmeur

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    Au titre de l’article 70, alinéa 3. Mme Le Nabour vient de me dire : « On vous connaît, dans mon territoire ! ». De fait, nous sommes toutes deux députées bretonnes. Que veut-elle dire ? (Exclamations sur les bancs des groupes EPR, Dem et HOR.) Faites-vous allusion à ma défense des étudiants en tant que syndicaliste étudiante, madame Le Nabour, contre vos mesures qui les ont précarisés ? Cela signifie-t-il que… (Mme la présidente coupe le micro de l’oratrice.)

    Mme la présidente

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    S’il vous plaît ! N’extrapolons pas les propos des uns et des autres et recentrons-nous sur le débat.

    Article 9 (suite)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Gaëtan Dussausaye.

    M. Gaëtan Dussausaye

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    Monsieur le rapporteur général, monsieur le ministre, vous dites nous avoir tous écoutés, mais il me semble que vous ne nous avez pas compris : si nous ne voulons pas augmenter les cotisations sociales sur les apprentis, c’est parce que nous ne voulons pas réduire les revenus de ces jeunes qui apprennent un métier. L’apprentissage n’est pas un métier comme un autre. Il correspond à une phase de formation. Le gouvernement est d’ailleurs pris en flagrant délit de récidive : une telle attaque contre les apprentis figurait déjà dans le budget de Michel Barnier –⁠ dont je salue la présence sur ces bancs –, puis dans celui de M. Bayrou, et elle figure à nouveau dans celui-ci. Lors des débats de l’année dernière, le groupe Rassemblement national avait proposé de rendre la politique d’apprentissage plus adéquate aux intérêts économiques vitaux, notamment industriels, du pays. Vous ne nous avez pas écoutés alors, et vous comptez cette fois encore vous en prendre à tous les apprentis sans distinction, en diminuant leurs revenus de 100 à 180 euros, alors que nous aurions intérêt à concentrer l’effort budgétaire sur les courtes filières, en particulier sur les filières manuelles et technologiques. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Philippe Naillet.

    M. Philippe Naillet

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    Je remercie le groupe socialiste de me permettre d’intervenir rapidement à propos de l’apprentissage à La Réunion. En 2024, ce territoire abritait 37 000 jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet). Dans le même temps, nous constatons une grande demande dans certains secteurs, notamment dans l’hôtellerie, la restauration ou le bâtiment et travaux publics –⁠ en particulier dans le second œuvre. Or que constate-t-on ? Si les centres de formation se sont multiplié, en raison de la loi de 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui a libéralisé l’apprentissage, le nombre d’apprentis n’a pas suivi, parce que la prise en charge des contrats d’apprentissage par l’État a diminué. Voilà la réalité, qui conduit à disposer de moins d’apprentis alors que nous avons des besoins –⁠ sans parler des conséquences sur les comptes des chambres consulaires. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC.)

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Danielle Simonnet.

    Mme Danielle Simonnet

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    Sérieusement ? Vous avez décidé de faire les poches des apprentis pour 55 à 100 euros ? Mais quelle honte !

    M. Kévin Mauvieux

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    Nous n’avons pas les mêmes chiffres !

    Mme Danielle Simonnet

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    Nous sommes très attachés au lycée professionnel, que vous n’avez hélas cessé de casser. Nous sommes aussi attachés au fait de défendre le principe d’une allocation d’autonomie pour tous les jeunes en formation, afin de les sortir de la précarité. Sachez par ailleurs que quarante-deux contrats d’apprentissage ont été rompus avant leur terme en 2022. Ne tapez pas sur les apprentis ! Vous avez refusé de faire cotiser l’intéressement des hauts salaires, le versement des dividendes, les retraites chapeau, le versement d’actions gratuites, et j’en passe. Le trou de la sécurité sociale, ce sont aussi vos 72 milliards d’exonérations sur le patrimoine ! Non, ce n’est pas aux jeunes de payer cette dette sociale. Vous devez renoncer : il faut absolument supprimer cet alinéa. Pas touche aux apprentis ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    M. Didier Le Gac

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    Mme Simonnet est contre l’apprentissage !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé.

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé

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    Cette exonération de cotisations sociales dont bénéficient les apprentis pose en effet un problème d’équité entre le statut de salarié et celui d’apprenti : à partir d’un même salaire brut, le net sera plus avantageux pour l’apprenti. Cela suscite d’ailleurs des problèmes de cohésion dont certaines entreprises nous ont fait part. Notre position, c’est qu’il faut évidemment soutenir l’apprentissage car, comme l’ont dit plusieurs de mes collègues, c’est un vrai succès ; ces problèmes d’iniquité doivent donc faire l’objet d’une réflexion beaucoup plus large qui prenne en considération le niveau de qualification et de rémunération ainsi que la taille de l’entreprise concernée. Le groupe Horizons votera donc ces amendements tout en appelant de ses vœux une réflexion globale sur l’apprentissage. (Applaudissements sur les bancs du groupe HOR.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Julien Dive.

    M. Julien Dive

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    Au sein du groupe Les Républicains, nous défendons la logique qui consiste à rapprocher le salaire net du salaire brut. Or dans cet article, vous faites exactement l’inverse : alors que l’exonération dont nous parlons a permis de rapprocher le salaire net du salaire brut pour les apprentis, vous vous y attaquez.
    On entend beaucoup parler des entreprises qui semblent pour beaucoup être les seules à employer des apprentis ; elles seraient certes fragilisées par la mesure mais il y a une autre catégorie d’employeurs que tout le monde oublie, peut-être parce qu’il n’emploie que 5 % des apprentis en France : le tissu associatif. Les associations emploient des apprentis ! Elles sont d’ailleurs incontournables dans nos territoires, que ce soit en ville ou dans les zones rurales, où il arrive qu’elles pallient l’absence de continuité du service public auprès de nos compatriotes.
    Ce tissu associatif, qui se trouve enrichi par de nombreux bénévoles –⁠ peut-être certains d’entre nous en font-ils partie –, a aussi besoin de se structurer en ayant recours au salariat ; dans des cas bien spécifiques, cela peut conduire à l’emploi d’apprentis. Affaiblir l’apprentissage, comme vous le faites ici, viendra de fait affaiblir l’action du monde associatif.

    M. Michel Barnier

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    Très bien !

    Mme la présidente

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    La parole est à Mme Delphine Lingemann.

    Mme Delphine Lingemann

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    Je me réjouis de constater qu’un consensus semble se faire jour au sein de l’hémicycle. Toutes les forces politiques, y compris celles qui avaient voté contre l’apprentissage (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem et EPR), s’entendent pour dire que c’est une chance pour nos jeunes. Je voudrais envoyer deux messages. Le premier est un message de soutien à nos artisans et à nos entreprises :…

    M. Alexis Corbière

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    Quel rapport ?

    Mme Delphine Lingemann

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    …il faut arrêter le stop and go ou plutôt le go and stop, comme je préfère l’appeler. Ils ont besoin de clarté pour pouvoir se projeter dans une trajectoire claire ; il faut donc maintenir l’attractivité de l’apprentissage. Quant au deuxième message, il s’adresse à notre jeunesse, celle qui travaille et qui a envie de se former. Nous devons absolument voter ces amendements. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes Dem et EPR.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 54, 353, 355, 384, 1301, 1824 et 2325.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        239
            Nombre de suffrages exprimés                235
            Majorité absolue                        118
                    Pour l’adoption                232
                    Contre                3

    (Les amendements identiques nos 54, 353, 355, 384, 1301, 1824 et 2325 sont adoptés ; en conséquence, les amendements identiques nos 22, 400, 422, 755, 903, 906, 907, 908, 959, 1124 et 1531 tombent, ainsi que les amendements nos 909, 401, 402, 1860, 1781 et 2245 et les amendements identiques nos 1730 et 2045.)
    (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR, LFI-NFP, SOC, EcoS, Dem, HOR et LIOT.)

    Mme la présidente

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    Je suis saisie de deux amendements identiques, nos 1691 et 2326.
    La parole est à M. Laurent Mazaury, pour soutenir l’amendement no 1691.

    M. Laurent Mazaury

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    Merci à tous pour le vote qui vient d’avoir lieu. Je vous propose ici de supprimer l’alinéa 18, qui a trait au dispositif jeune entreprise innovante (JEI). Il ne s’agit pas du tout, en l’occurrence, des entreprises du CAC40 : ce dont il est question, c’est de notre tissu de TPE, de PME et d’ETI. Je vous ai déjà parlé de nos boulangers, de nos bouchers ou de nos charcutiers mais je veux cette fois évoquer les entreprises innovantes, c’est-à-dire celles qui font partie d’un monde qui n’est pas suffisamment pris en compte alors qu’il est si essentiel dans la compétition internationale : celui des start-up, qui sont nombreuses dans nos territoires.
    En faisant passer de 20 % à 25 % la part minimale qu’une entreprise doit consacrer à des dépenses de recherche pour pouvoir prétendre au déclenchement du dispositif JEI, nous en exclurions mécaniquement nombre de ces entreprises, ce qui risque d’être problématique. Je vous rappelle que nous avions déjà fait augmenter ce taux de 15 % à 20 % l’an dernier. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à m’en préoccuper puisque nous examinerons d’autres amendements ayant trait à ce sujet –⁠ je pense notamment à ceux de M. Midy, dont l’un vise même à revenir à 15 %. Choisissez le bon taux !

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Midy, pour soutenir l’amendement no 2326.

    M. Paul Midy

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    Cosigné par tous les collègues du groupe EPR, il vise à revenir sur une hausse massive des charges qui toucherait plusieurs centaines d’entreprises innovantes. Celles-ci embauchent des milliers de salariés ; une telle mesure aurait donc des effets délétères sur leur activité et sur l’emploi. L’actuel alinéa 18 de l’article 9, qui fait passer le taux dont nous parlons de 20 à 25 %, pourrait paraître anodin ; mais il ne l’est pas du tout ! Il exclut des centaines d’entreprises du dispositif et augmente leur coût du travail de plus de 30 %. Nous avons parfois passé des heures, et pour de très bonnes raisons, à discuter de l’impact d’une augmentation de 0,5 à 1 % du coût du travail ; ici, il s’agirait d’une augmentation de 30 % qui s’appliquerait au 1er janvier 2026 ! Je vous propose donc de refuser cette mesure en adoptant l’amendement. Je terminerai par une image : on essaie de semer des graines, d’y mettre de l’eau pour que des entreprises créent des milliers d’emplois et de l’innovation ; n’écrasons pas ces graines du pied.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Je me suis exprimé au sujet des jeunes entreprises innovantes dans mon propos liminaire sur l’article. Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Jean-Pierre Farandou, ministre

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    Il est vrai que nous avions souhaité vous proposer de faire passer ce taux de 20 % à 25 % ; peut-être sommes-nous allés un peu rapidement en besogne. Les discussions que nous avons eues avec les uns et les autres nous ont montré que si une augmentation de 5 points semble faible, elle implique des effets de seuil importants dont les répercussions peuvent être lourdes sur les charges des entreprises concernées. Il est bien évident que le gouvernement veut soutenir l’innovation et donc encourager les jeunes entrepreneurs qui se lancent, car ce sont les représentants de la France de demain. Ayant mieux compris les enjeux à l’œuvre et certains d’entre vous m’ayant exposé l’effervescence économique en cours sur leur territoire, je ne voudrais pas freiner cette dynamique ; bien au contraire, je souhaite envoyer un message de soutien à ces jeunes qui entreprennent dans la technologie et l’innovation et je m’en remets moi aussi à la sagesse de l’Assemblée. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EPR et Dem. –⁠ M. Laurent Mazaury applaudit également.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Alexis Corbière.

    M. Alexis Corbière

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    Je voulais apporter un élément de réflexion au débat. Tout le monde dit se féliciter des progrès de l’apprentissage mais je veux insister sur ce qu’a dit la collègue Simonnet : pour ma part, ça dépend ! Je suis pour l’apprentissage, notamment dans l’enseignement professionnel, mais j’observe une évolution que vous ne pouvez pas nier : lorsqu’un jeune diplômé du supérieur arrive dans une entreprise, il n’est plus embauché à l’issue de ses études mais doit subir une période au cours de laquelle il est sous-payé au nom d’une formation qui n’existait pas auparavant. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? À l’âge que vous avez –⁠ peut-être n’est-ce pas le cas des plus jeunes –, on peut penser qu’après avoir obtenu un diplôme, vous avez été embauchés directement. Il est possible que vous ayez été moins productifs dans un premier temps, mais les choses fonctionnaient bien de cette manière.
    On peut donc interpréter différemment l’évolution générale qui consiste à encourager le développement de l’apprentissage comme s’il était nécessairement vertueux, car c’est un outil qui permet de sous-payer certains salariés. La formation ne s’en trouve d’ailleurs pas particulièrement améliorée ! J’affirme ici que nous assistons à un détournement de la notion même d’apprentissage. Il y a des métiers où il est nécessaire, ceux où il permet de se former à une pratique professionnelle ; mais cette généralisation est, de mon point de vue, une aide publique aux entreprises qui ne se justifie pas, qui fait baisser les salaires et qui précarise encore plus les jeunes. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS. –⁠ Exclamations sur quelques bancs des groupes EPR, DR et Dem.)

    M. Julien Dive

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    Mais qu’est-ce qu’il raconte ?

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Pour répondre au collègue Corbière, je voulais dire deux choses. D’abord, si nos politiques d’apprentissage avaient été optimales dans les dernières décennies, ça se saurait ! Quand on se compare à nos voisins européens, au premier chef l’Allemagne, on voit que nous n’avons pas été aussi performants qu’eux. Présenter la manière dont nous les avons menées comme un eldorado qu’il faudrait retrouver, c’est donc aller un peu vite en besogne ! Ensuite –⁠ c’est tout le débat que nous avons depuis maintenant trois semaines –, les niveaux de fiscalité sont tels, dans notre pays, qu’ils obligent à créer des dispositifs de cette sorte. C’est toujours la même discussion ! Avec un niveau de prélèvements obligatoires si élevé, de fait, le législateur doit de temps en temps trouver des voies et moyens pour aider les entreprises et soutenir l’emploi. (M. Michel Lauzzana applaudit.)

    (Les amendements identiques nos 1691 et 2326 sont adoptés ; en conséquence, les amendements no 911 et 912 et les amendements identiques nos 395 et 631 tombent.)

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Charles Fournier, pour soutenir l’amendement no 1281 deuxième rectification.

    M. Charles Fournier

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    Il vise à créer une nouvelle catégorie, au sein des entreprises innovantes, qui concerne l’économie sociale et solidaire –⁠ je l’avais déjà proposé lors de l’examen du PLF : celle des « jeunes entreprises innovantes à impact » (JEII). Il s’agit de valoriser les quelque 800 à 1 000 entreprises dont l’activité et le fonctionnement ont un impact positif qui épargne notamment à l’État des dépenses majeures. Leur demander d’augmenter leurs dépenses de recherche pour pouvoir bénéficier de l’exonération d’impôt prévue au présent article, c’est les mettre en difficulté ; nous proposons donc d’en dispenser une partie des jeunes entreprises innovantes, pour lesquelles le taux serait maintenu à 20 % au lieu de passer à 25 %.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Thibault Bazin, rapporteur général

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    Trois statuts coexistent déjà : les JEI, qui ont été évoquées, mais aussi les jeunes entreprises universitaires (JEU) et les jeunes entreprises de croissance (JEC), qui ont été créés par la loi de finances pour 2024. Ce que vous proposez, en introduisant la notion d’impact sur la base de certains critères, est déjà satisfait par les dispositifs existants. Demande de retrait et à défaut, avis défavorable, même si je précise que cet amendement avait été adopté par la commission.

    Mme la présidente

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il me paraît étrange que cet amendement ne soit pas tombé à la suite du vote qui vient d’avoir lieu. Votre amendement est un peu plus large parce qu’il vise à créer une nouvelle catégorie, mais le taux que vous voulez ramener à 20 % pour certaines des JEI l’a déjà été pour toutes. Si vous le votez, vous allez opérer une modification qui a déjà eu lieu ! Par ailleurs, créer de nouvelles catégories, puisque c’est votre intention, conduirait à complexifier le dispositif. Nous pourrions y travailler ensemble et je n’ai pas d’objection de principe à ce que vous décidiez que les jeunes entreprises innovantes doivent aussi l’être sur le plan écologique, mais je ne sais pas très bien ce que cette notion recouvrirait au 1er janvier 2026.

    Mme la présidente

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    Je soutiens cet amendement, qui est en quelque sorte le miroir d’un amendement que j’avais déposé sur le projet de loi de finances : je souhaitais moi aussi créer une nouvelle catégorie, celle des « jeunes entreprises innovantes à impact ». Il est très important de soutenir l’innovation dans tous les domaines, notamment l’innovation sociale –⁠ qui reste un impensé de notre politique de soutien à l’innovation.
    Au moment où nous nous apprêtons à nous prononcer sur l’article 9, je tiens à rappeler que nous avons réduit le chômage de 2,5 millions de personnes, grâce à deux moteurs : le développement de l’apprentissage et le soutien aux jeunes entreprises. Nous venons par nos votes de prendre deux décisions très importantes : la reconduction du dispositif jeunes entreprises innovantes et celle des mesures qui ont fonctionné en matière d’apprentissage. Voilà deux très bonnes nouvelles pour les années à venir, car ce sont nos deux principaux moteurs de création d’emplois. Il faut les conserver et viser le plein emploi. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    Sur l’article 9, je suis par saisie par les groupes Ensemble pour la République et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Charles Fournier.

    M. Charles Fournier

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    Madame la ministre, il me semble normal que cet amendement ne soit pas tombé, puisqu’il tend à créer une nouvelle catégorie d’entreprises, à laquelle pourrait être appliqué un taux différent.
    Lorsque nous proposons de soumettre à des conditions le bénéfice de telle aide ou tel avantage, vous les évacuez systématiquement. Voilà pourquoi je propose de créer cette nouvelle catégorie des « jeunes entreprises à impact », ce qui permettrait au moins de reconnaître celles qui ont d’ores et déjà un impact positif. On me répond qu’il existe déjà des catégories telles que les jeunes entreprises « de croissance » ou « de rupture », mais l’enjeu n’est pas du tout de même nature.
    Pour ma part, je considère que toutes les entreprises que nous aidons devraient avoir un impact social et écologique positif. Tel n’est pas le cas, malheureusement. Voilà pourquoi je propose de créer temporairement –⁠ certes, ce n’est pas satisfaisant à terme – cette catégorie spécifique. Il s’agit, je l’ai dit, de reconnaître celles qui sont déjà au rendez-vous. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’amendement no 1281 deuxième rectification.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        193
            Nombre de suffrages exprimés                187
            Majorité absolue                        94
                    Pour l’adoption                84
                    Contre                103

    (L’amendement no 1281 deuxième rectification n’est pas adopté.)

    Mme la présidente

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    Je mets aux voix l’article 9, tel qu’il a été amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    Mme la présidente

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        184
            Nombre de suffrages exprimés                181
            Majorité absolue                        91
                    Pour l’adoption                94
                    Contre                87

    (L’article 9, amendé, est adopté.)
    (M. Paul Midy et Mme Sandra Marsaud applaudissent.)

    Mme la présidente

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    La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

    2. Ordre du jour de la prochaine séance

    Mme la présidente

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    Prochaine séance, cet après-midi, à quinze heures :
    Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
    La séance est levée.

    (La séance est levée à treize heures.)

    Le directeur des comptes rendus
    Serge Ezdra