XVIIe législature
Session ordinaire de 2025-2026

Première séance du vendredi 14 novembre 2025

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Première séance du vendredi 14 novembre 2025
Avertissement: version provisoire établie à 02:11

Présidence de M. Sébastien Chenu
vice-président

M. le président

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    La séance est ouverte.

    (La séance est ouverte à neuf heures.)

    1. Projet de loi de finances pour 2026

    Première partie (suite)

    M. le président

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    L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la première partie du projet de loi de finances pour 2026 (nos 1906, 1996).
    Hier soir, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles du projet de loi, s’arrêtant à l’amendement no 1503 portant article additionnel après l’article 10.

    Après l’article 10

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandrine Le Feur, pour soutenir l’amendement no 1503.

    Mme Sandrine Le Feur

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    Cet amendement vise à prendre trois mesures clés pour assurer concrètement la transition écologique et la préservation des terres agricoles. La première, c’est l’exonération totale de taxe foncière pour les terres sous baux ruraux environnementaux ou contrats ORE (obligation réelle environnementale). C’est un signal fort pour encourager les pratiques vertueuses. La deuxième, c’est la hausse de l’exonération à 50 % pour les propriétaires engagés dans la gestion durable, sans exclure les usages traditionnels. Le troisième, c’est l’exonération des revenus de fermage pour soutenir les agriculteurs et faciliter la transmission des terres. Ces mesures sont justes, incitatives et répondent aux enjeux de l’artificialisation des sols et de la biodiversité, tout en respectant et en soutenant notre agriculture.

    M. le président

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    La parole est à M. Philippe Juvin, rapporteur général de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire, pour donner l’avis de la commission.

    M. Philippe Juvin, rapporteur général de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

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    Cet amendement est intéressant sur le fond. Toutefois, vous procédez, pour tous les terrains agricoles, à la hausse de l’exonération de 30 à 50 % de la taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFPNB), alors que vous sembliez vouloir la conditionner.
    L’amendement implique des pertes de recettes massives de TFPNB non compensées pour les communes et les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), alors que la possibilité offerte aux collectivités d’exonérer de TFPNB les terres agricoles soumises à contrat ORE est devenue une obligation.
    Pour toutes ces raisons, en particulier pour les pertes de recettes que cet amendement occasionnerait pour les collectivités territoriales, je donne un avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre délégué chargé de la fonction publique et de la réforme de l’État, pour donner l’avis du gouvernement.

    M. David Amiel, ministre délégué chargé de la fonction publique et de la réforme de l’État

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    Avis défavorable pour les mêmes raisons.

    (L’amendement no 1503 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 117 et 372.
    La parole est à M. Éric Martineau, pour soutenir l’amendement no 117.

    M. Éric Martineau

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    Cet amendement vise à augmenter le plafond du régime réel simplifié à 500 000 euros pour les bénéfices agricoles.

    M. le président

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    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 372.

    M. Vincent Descoeur

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    Nous proposons également de relever le seuil du régime réel simplifié à 500 000 euros contre 391 000 euros actuellement, parce que ce seuil n’a pas suivi l’évolution du chiffre d’affaires des exploitations et que cette hausse serait cohérente avec celle prévue en 2024 pour le régime microbénéfice agricole (micro-BA).

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Ces amendements identiques ont été adoptés en commission et j’y suis favorable. Ils permettent de relever le seuil de passage des exploitants agricoles du régime réel simplifié au régime réel d’imposition de 391 000 à 500 000 euros. En relevant ce seuil, nous simplifierons la vie de nombreux exploitants qui ne seront pas, chaque année, soumis à des lourdeurs administratives et comptables.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    C’est bien.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Mon avis est différent de celui du rapporteur général pour deux raisons. D’abord, le seuil actuel pour bénéficier du régime réel simplifié fait déjà l’objet d’une réévaluation automatique triennale. Ce seuil de 391 000 euros prend en compte l’effet de l’inflation et les évolutions du secteur, ce qui répond –⁠ partiellement, certes – aux demandes formulées. Ensuite, le système de lissage des recettes sur trois ans permet de prendre en compte la situation des exploitations où une augmentation très temporaire du revenu ne justifierait pas de franchir le seuil. C’est pourquoi j’émets un avis défavorable sur ces amendements.

    (Les amendements identiques nos 117 et 372 sont adoptés.)

    M. le président

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    L’amendement no 2333 de M. Julien Dive est défendu.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission ne l’a pas examiné puisqu’il a été déposé en séance. Je donnerai un avis favorable à titre personnel, parce qu’il vise à assouplir les conditions d’alignement sur le plan fiscal et comptable des indemnités versées au titre des pertes des récoltes du fait d’événements climatiques.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Mon avis sera, à nouveau, différent de celui du rapporteur général. Il est défavorable puisque la prise en compte décalée d’un exercice des indemnités est déjà dérogatoire aux règles de droit commun. Ce dispositif est une mesure de faveur, destinée à limiter l’impact fiscal de la perception d’une indemnité, qui doit être encadrée. Je propose donc que l’on s’en tienne au droit en vigueur.

    M. le président

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    La parole est à Mme Véronique Louwagie.

    Mme Véronique Louwagie

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    C’est un amendement important, déposé régulièrement depuis plusieurs années, qui vise à prendre en compte la situation des exploitants agricoles contraints, pour des raisons sanitaires, d’abattre leur troupeau. En compensation, ils perçoivent une indemnité sur laquelle ils doivent s’acquitter de l’impôt et des cotisations sociales.

    M. Nicolas Sansu

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    Et alors ?

    Mme Véronique Louwagie

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    Cette situation conduit à diminuer leur trésorerie, entravant ainsi leur capacité à réinvestir dans un nouveau troupeau.

    Mme Mathilde Feld, Mme Christine Arrighi et M. Nicolas Sansu

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    Ce n’est pas l’amendement !

    Mme Véronique Louwagie

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    Cet amendement, qui prévoit un mécanisme d’exonération sur l’indemnité attribuée en compensation de l’abattage d’un troupeau, permet aux exploitants agricoles de poursuivre leur activité.

    M. le président

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    Mme Louwagie, nous parlerons de ce sujet plus tard. La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Une clarification doit être faite sur l’amendement, mais je voudrais dire, au nom du groupe socialiste, que nous avons défendu l’amendement de notre collègue Marie-José Allemand, adopté hier soir, qui va dans le même sens :…

    Mme Mathilde Feld

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    Nous ne parlons pas de la même chose ici !

    M. Dominique Potier

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    …toute personne qui subit un abattage total de son troupeau subit un traumatisme, y compris affectif, et une perturbation de son cycle de production. Toute mesure fiscale d’accompagnement de ce traumatisme est bienvenue.
    La navette avec le Sénat permettra de caler les différents dispositifs et de trouver la meilleure solution, mais il convient d’être généreux. Le groupe socialiste a déposé des amendements ciblés sur les coopératives d’utilisation des matériels agricoles (Cuma), sur les zoonoses et les traumatismes liés aux abattages et sur l’adaptation aux dérèglements climatiques.
    Le gouvernement estime à 100 millions d’euros le coût de l’amendement que nous avons voté, hier, sur les DEP (déductions pour épargne de précaution). Ces 100 millions nous auraient permis d’aider les 20 000 jeunes agriculteurs qui contribuent au renouvellement des générations, à hauteur de 5 000 euros par exploitant. Nous voulons faire du ciblage et non du saupoudrage.

    Mme Mathilde Feld

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    En fait, on n’a pas discuté de l’amendement.

    (L’amendement no 2333 est adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 652 et 711.
    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 652.

    M. Vincent Descoeur

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    Le présent amendement vise à exonérer d’impôts et de droits et prélèvements de toute nature ces indemnités versées aux éleveurs dans le cadre d’une crise sanitaire qui impose un renouvellement du cheptel. Comme le disait notre collègue Potier, il faut, au-delà de la solution technique, apporter une réponse au traumatisme subi par ces éleveurs confrontés à l’abattage d’un troupeau, qui signifie souvent l’effondrement d’années de sélection et de travail acharné. Il serait donc normal de les accompagner dans ces moments difficiles.

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 711.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Nous proposons en effet un dispositif fiscal qui permettrait au monde agricole d’être accompagné par l’État pour traverser ce moment traumatisant. Il s’agit d’exonérer de fiscalité les montants d’indemnisation liés aux crises sanitaires telles qu’on les connaît actuellement. Dans le Jura, où nous sommes très touchés, un nouveau cas a été découvert avant-hier.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Ces amendements n’ont pas été examinés par la commission. J’y serais naturellement favorable mais, n’en connaissant pas le coût, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.

    M. Vincent Descoeur

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    Merci, monsieur le rapporteur général.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Hier, un amendement demandant la défiscalisation complète des indemnités pour abattage de troupeaux a été adopté. Chacun perçoit bien sûr le traumatisme que cela représente pour les éleveurs et les salariés agricoles qui travaillent sur les exploitations, mais la défiscalisation complète de ces indemnités répond déjà aux préoccupations soulevées à l’instant, sans qu’il soit nécessaire d’élargir encore une défiscalisation qui va bien au-delà, et qui aurait d’importantes conséquences pour les finances publiques. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme Manon Meunier.

    Mme Manon Meunier

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    Nous avons eu ce débat hier, en effet, et nous avons voté l’amendement auquel il vient d’être fait allusion. C’est un dispositif indispensable pour ne pas faire porter un poids supplémentaire aux éleveurs qui subissent déjà le pire.
    J’ajoute que le gouvernement devrait remettre en question sa stratégie sanitaire contre la dermatose nodulaire contagieuse des bovins, fondée sur l’abattage total systématique des cheptels ; il faut arrêter le massacre. La vaccination est une autre solution, considérée comme la meilleure par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa).
    Le gouvernement pourrait s’engager dans la voie de la vaccination, car indemniser et exonérer, c’est bien, mais protéger l’ensemble des troupeaux français, c’est mieux.
    La ministre de l’agriculture s’obstine à refuser la vaccination dans tout le territoire français. Or une telle mesure permettrait d’arrêter les abattages totaux, qui sont traumatisants pour les éleveurs. (Mme Mathilde Feld applaudit.)

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Ce n’est pas le sujet des amendements.

    (Les amendements identiques nos 652 et 711 sont adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de quatre amendements identiques, nos 119, 683, 1726 et 2801.
    La parole est à M. Éric Martineau, pour soutenir l’amendement no 119.

    M. Éric Martineau

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    Il tend à réviser la valeur des stocks soumis au régime réel d’imposition. Le produit de la vente du stock resterait imposable, mais seulement l’année de la transaction.
    Il s’agit ainsi d’éviter qu’une partie de la fiscalité des exploitations agricoles soit fonction de stocks dont la valeur augmente faute de vente, ce que les exploitants demandent. La disposition permettrait également d’aider les viticulteurs.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour soutenir l’amendement no 683.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Il a été préparé avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.)
    Je constate que ceux qui nous reprochaient hier de ne pas ouvrir de séance dimanche ne bossent pas le vendredi ! (L’orateur se tourne vers les bancs de la gauche de l’hémicycle. –⁠ Applaudissements sur les bancs du groupe EPR. –⁠ Mme Christine Dalloz applaudit également.)
    Les exploitations sont aujourd’hui sujettes à des aléas climatiques très importants, si bien que leur activité alterne entre mauvaises et bonnes années –⁠ les premières ayant tendance à s’enchaîner.
    L’amendement vise à permettre le cumul du blocage des stocks, qui empêche la progression de leur valeur virtuelle, et le mécanisme d’étalement des revenus exceptionnels. Cette mesure soutiendra nos agriculteurs et nos viticulteurs. (M. Paul Midy applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 1726.

    M. Christophe Marion

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    L’article 58 pour la loi de finances pour 2019 a rétabli le régime optionnel de blocage de la valeur des stocks à rotation lente. Ce dispositif répond aux besoins des exploitants –⁠ ceux du Loir-et-Cher me l’ont confirmé –, mais son application est encore trop rare. En effet, le blocage des stocks exclut l’étalement des revenus exceptionnels et le régime de la moyenne triennale, très largement appliqués dans les exploitations agricoles et viticoles.
    L’utilisation conjointe de ces dispositifs n’ayant pas d’impact fiscal, je vous propose de la rendre possible, afin de soutenir nos agriculteurs qui traversent encore la grave crise déclenchée par l’augmentation des droits de douane américains.

    M. le président

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    L’amendement no 2801 de Mme Delphine Lingemann est défendu.
    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Il est favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Il sera défavorable.
    Le blocage de la valeur des stocks a été conçu pour prendre le relais de l’étalement des revenus exceptionnels, dans les cas où ce deuxième dispositif se révèle inefficace. Ils ne sont pas censés être cumulés.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Le groupe socialiste soutient ces amendements. FNSEA, Confédération paysanne… Pour le groupe socialiste, c’est clair : il faut dialoguer avec l’ensemble des forces agricoles.

    Mme Christine Arrighi

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    Ah…

    M. Daniel Labaronne

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    Pour nous aussi, c’est clair !

    M. Dominique Potier

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    Nous avons refusé certains amendements suggérés par la FNSEA car nous ne souhaitions pas certaines mesures de défiscalisation mais, à budget constant, nous voulons favoriser le renouvellement des générations, la justice sociale, l’efficacité face au défi climatique et la solidarité face aux zoonoses.
    Compte tenu des aléas climatiques et des crises de marché que subit le secteur viticole, l’amendement nous a paru pertinent, mais cela ne nous a pas empêchés, je le répète, d’en repousser d’autres, relatifs à la déduction pour épargne de précaution.
    Vis-à-vis du monde syndical, nous devons exprimer notre liberté, notre indépendance et notre capacité de discernement en toutes circonstances. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe SOC.)

    (Les amendements identiques nos 119, 683, 1726 et 2801 sont adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de cinq amendements identiques, nos 295, 1631, 1720, 1810 et 3572.
    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 295.

    M. Vincent Descoeur

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    Cet amendement, dont le premier signataire est Jean-Yves Bony, éleveur de son état, tend à relever à 250 000 euros le plafond pluriannuel de la DEP. Il est actuellement fixé à 150 000 euros. Cette mesure présente l’intérêt de réévaluer un montant déterminé il y a quinze ans, dans le cadre du dispositif de déduction pour aléas (DPA) et qui a été repris sans actualisation lorsque la DEP a été créée.

    M. le président

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    L’amendement no 1631 de M. Alexandre Allegret-Pilot est défendu.
    La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 1720.

    M. Christophe Marion

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    Il s’agit en effet d’augmenter le plafond pluriannuel de la DEP. Cette déduction est plébiscitée par les entreprises agricoles car elle facilite la gestion économique pluriannuelle de leurs exploitations et, partant, leur permet de mieux faire face à la volatilité de leurs résultats et aux aléas climatiques. Ceux-ci se multipliant et s’intensifiant, il devient nécessaire d’adapter cette déduction à la réalité climatique et économique. Il y va de la résilience des exploitations.

    M. le président

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau, pour soutenir l’amendement no 1810.

    M. Hervé de Lépinau

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    L’augmentation du plafond pluriannuel de la DEP prolongerait le dispositif de compensation des mauvaises années agricoles que nous avons examiné hier. En outre, cette disposition permettra aux agriculteurs d’anticiper des difficultés voire des défauts d’assurance. On souscrit une police d’assurance pour faire face à un aléa, mais la récurrence des aléas climatiques pourrait amener les assureurs à considérer que le risque n’est plus assurable. Il est impératif de la voter. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 3572.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    La DEP a été créée en 2019 et a, depuis, connu un certain succès, avant d’être transformée en 2025. Toutefois, ce dispositif doit encore être ajusté, pour pouvoir répondre pleinement aux besoins du monde agricole. Nous souhaitons relever le plafond pluriannuel de la DEP, ce qui permettrait de lisser la réponse aux aléas climatiques, devenus très nombreux.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Ces amendements tendent à relever le plafond pluriannuel de la déduction pour épargne de précaution de 150 000 à 250 000 euros. Ce plafond est resté le même depuis la création de la DEP, en dépit de l’inflation et de la concentration des exploitations. Ces deux facteurs provoquent mécaniquement une hausse du chiffre d’affaires et des bénéfices, ce qui plaide en faveur d’une augmentation du plafond.
    Quant au coût de la mesure, son évaluation ne m’est pas parvenue. Il me semble que l’étalement des bénéfices agricoles a un coût, indéniablement, mais qui n’est pas proportionnel à l’augmentation envisagée.
    La commission a donné un avis favorable à ces amendements.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Le plafond pluriannuel de la DEP des groupements agricoles peut déjà être majoré, pour atteindre 600 000 euros. Pour les autres exploitations, ce plafond n’a jamais évolué, mais les amendements tendent à l’augmenter de 65 %, c’est-à-dire d’un taux bien supérieur à l’inflation constatée depuis 2019. Nous pourrons continuer à travailler sur ce dispositif dans le cadre de la navette parlementaire mais, dans l’attente, mon avis est défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme Manon Meunier.

    Mme Manon Meunier

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    Si nous comprenons l’esprit de cette déduction d’épargne de précaution, nous contestons sa pertinence. La DEP est un outil de gestion individuelle du risque climatique, qui ne profitera qu’à ceux qui peuvent se permettre de l’utiliser.
    Par ailleurs, il ne remet pas en question le système d’assurance récolte institué par la réforme Marc Fesneau, alors ministre de l’agriculture. Du régime des calamités agricoles on est ainsi passé à un régime d’assurances privées qui ne fonctionne pas.
    Nous soutenons la création d’un fond mutualiste qui ferait peser le coût du risque sur l’ensemble de la société et qui impliquerait une participation de l’État.
    J’appelle votre attention sur la baisse de 50 % des moyens consacrés à l’assurance récolte, que prévoit le projet de loi de finances pour 2026. Compte tenu du peu de succès du dispositif et du désengagement de l’État, un dispositif individuel comme la DEP permettra de couvrir certains agriculteurs, mais pas tous. Il faut donc trouver une solution mutualiste, qui répondrait aux enjeux du changement climatique. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. Frédéric Petit.

    M. Frédéric Petit

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    Quand on n’est pas familier du monde de l’agriculture, ces mécanismes sont assez compliqués à comprendre, d’autant plus que les recettes du PLF ne sont pas discutées par ordre thématique –⁠ le bureau pourrait utilement travailler sur une autre organisation des débats.
    Je soutiens ces amendements, qui traitent d’un dispositif comparable à ceux qu’on retrouve dans le monde de l’entreprise. Pour les petites entreprises, il est fondamental de ne pas taxer des flux virtuels et il en est de même pour les petits agriculteurs, à qui on demande d’anticiper et de calculer des choses difficilement prévisibles.
    Il me paraît sain et utile de travailler dans l’intérêt des petits agriculteurs et des petites entreprises, qui n’ont pas les moyens de valoriser ce qui ne dépend pas d’eux, encore moins d’anticiper cette valorisation. On peut tout à fait concevoir un dispositif qui s’appliquerait d’abord à certains agriculteurs avant d’être généralisé.

    (Les amendements identiques nos 295, 1631, 1720, 1810 et 3572 sont adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements identiques, nos 185, 292 et 1102.
    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 185.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Je veux bien entendre que son adoption serait onéreuse. Il tend à étendre l’exonération partielle de 30 % portant sur la reprise de la déduction pour épargne de précaution.
    Créée par la loi de finances pour 2025, cette exonération ne s’applique qu’aux aléas climatiques ; or il semble nécessaire qu’elle concerne aussi les aléas économiques, de plus en plus importants dans le monde agricole. C’était d’ailleurs le principe de la DPA, qui couvrait notamment des risques économiques et qui a été supprimée pour être remplacée par la DEP.

    M. le président

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    Nous examinons actuellement les amendements à 100 à l’heure : nous n’avons jamais été aussi rapides.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Quand LFI n’est pas là, ça avance !

    M. le président

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    L’amendement no 292 de M. Jean-Yves Bony est défendu.
    La parole est à Mme Nicole Le Peih, pour soutenir l’amendement no 1102.

    Mme Nicole Le Peih

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    Notre agriculture fait face à des crises climatiques, à des crises sanitaires, mais aussi à des crises économiques tout aussi destructrices. C’est pourquoi nous proposons d’étendre aux pertes économiques la déduction pour épargne de précaution. Les exploitants pourront ainsi puiser dans leur épargne défiscalisée en cas d’effondrement de leurs revenus. En adoptant une telle mesure, nous ferions œuvre de justice et preuve de cohérence : on ne peut pas aider un agriculteur après une inondation et l’abandonner quand les prix s’effondrent de 30 %. La résilience des fermes s’en trouverait renforcée –⁠ le tout sans créer une nouvelle dépense publique. Bref, cela permettrait de consolider un outil simple, efficace et plébiscité sur le terrain. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Ils ont été adoptés en commission. Les agriculteurs sont en effet exposés à des aléas économiques majeurs, du fait des cours des matières premières, par exemple, dont la variation est bien plus importante que la variation normale d’un cycle d’exploitation. À titre personnel, je suis tout à fait d’accord avec le principe, même si la notion d’aléa économique est un peu floue –⁠ il faudra la définir par décret.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Très bien !

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Des critères plus précis pourraient préciser la portée de ces amendements lors de la navette parlementaire mais, sur le fond, j’y suis favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Revenons aux fondements de la déduction pour épargne de précaution : depuis sa création en 2019, elle vise à tenir compte des conséquences économiques des aléas climatiques dans le secteur agricole. Au reste, notre système fiscal permet déjà à une exploitation confrontée à des difficultés économiques de reporter son déficit d’un exercice comptable à l’autre –⁠ jusqu’à six ans. Étendre le dispositif aux aléas économiques reviendrait à l’ouvrir très largement…

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    C’était ce que permettait la DPA auparavant !

    M. David Amiel, ministre délégué

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    …et à offrir des possibilités de pilotage de cette épargne, laquelle pourrait être utilisée pour des raisons qui n’auraient plus rien à voir avec l’esprit initial du dispositif –⁠ à terme, c’est son existence même qui s’en trouverait menacée. C’est la raison pour laquelle je suis défavorable aux amendements. Les effets d’aubaine qui en résulteraient rendent d’ailleurs très difficile l’estimation du coût de ce dispositif –⁠ cela dépendrait du comportement des agriculteurs.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles de Courson.

    M. Charles de Courson

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    L’aléa économique est censé être couvert par l’assurance récolte. Seulement cette dernière ne fonctionne pas. C’est un vrai problème.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Ben oui !

    M. Charles de Courson

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    Le taux de diffusion des contrats de l’assurance récolte reste très faible, à cause du niveau trop élevé des primes dans certains secteurs agricoles, et en dépit des aides communautaires qui permettent de les réduire dans des proportions parfois très importantes.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Ces primes sont dissuasives, c’est bien le problème !

    M. Charles de Courson

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    Je pense aux arboriculteurs, par exemple, que plus personne ne veut assurer contre les aléas économiques –⁠ sans même parler des aléas climatiques. Monsieur le ministre, votre réflexion mériterait d’être élargie afin d’envisager la suppression de l’assurance récolte au profit d’une DEP qui comprendrait autant les aléas climatiques que les aléas économiques. Cela permettrait de résoudre le problème.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Bravo, Charles !

    M. le président

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    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    Je suis toujours un peu sidéré par le manque d’approche globale des uns et des autres. Par ces amendements, vous voulez pallier des difficultés économiques mais vous ne vous demandez jamais à quoi elles sont dues. Or elles s’expliquent par notre volonté acharnée d’exporter qui conduit progressivement à faire de la cotation des produits agricoles à Chicago la seule boussole du revenu des agriculteurs. Si l’on travaillait à renforcer notre souveraineté alimentaire en offrant des débouchés locaux à nos productions locales, nous serions libérés de cette dépendance à la Bourse de Chicago comme du risque économique qui l’accompagne ; dès lors, nous pourrions facilement garantir des revenus à nos agriculteurs. Réorientons la politique agricole commune (PAC) dans ce sens ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.) Aujourd’hui, 80 % des aides de la PAC bénéficient à 20 % des agriculteurs, et les 80 % qui n’en bénéficient pas se retrouvent en grande difficulté. Utilisons l’argent public pour créer un filet de sécurité qui protège des logiques ultralibérales au lieu de toujours poser des pansements sur des jambes de bois ! (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Monsieur Biteau, on gagne toujours à être précis : ce ne sont pas 80 % mais 50 % des aides de la PAC qui bénéficient à 20 % des agriculteurs.

    M. Benoît Biteau

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    Le chiffre précis est de 53 % !

    M. Dominique Potier

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    Vous avez dit 80 %, ce n’est pas pareil !

    M. Benoît Biteau

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    Je parlais de la moyenne européenne !

    M. Dominique Potier

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    Nous ne sommes pas au Parlement européen mais à l’Assemblée nationale. Plus on est précis, plus on est crédibles. Quoi qu’il en soit, si nous n’allons pas remettre en cause l’ensemble du système agricole par l’intermédiaire de ces amendements, nous sommes en train de délibérer à l’aveugle : les 4 à 5 milliards d’euros de dépenses fiscales dont nous parlons doivent être maintenus, nous en convenons tous –⁠ cela représente un coût pour l’État, madame Le Peih, vous ne pouvez pas soutenir le contraire ! Il importe surtout de bien cibler le dispositif : à qui cette dépense fiscale doit-elle bénéficier, et pour quoi faire ? Je le redis avec force : il faut que ce soit au service de la justice et de la lutte contre le dérèglement climatique.
    D’ailleurs, cela n’affecte pas uniquement le budget de l’État, mais aussi celui de la Mutualité sociale agricole –⁠ donc les taux de cotisation fixés par elle : il faut bien comprendre qu’à chaque fois que nous défiscalisons, nous désocialisons. Les procédés d’optimisation fiscale sont en train de ruiner et de menacer la MSA. Soyons responsables ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

    M. le président

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Le groupe Rassemblement national, soutien indéfectible du monde agricole, s’abstiendra sur ces amendements et cela mérite une explication. Pourquoi devrions-nous réserver la notion d’aléa économique aux agriculteurs ? Cette notion est omniprésente dans la vie de n’importe quelle entreprise ! L’industrie ou les services, par exemple, devraient-ils regarder le train passer ? (Applaudissements sur quelques bancs du groupe UDR.)
    Ensuite, je relève que la totalité des amendements identiques ont été déposés par le socle commun, comme si vous étiez en train de préparer un petit sédatif pour mieux faire accepter le passage en force, par le président de la République, de l’accord avec le Mercosur ! (Applaudissements sur les bancs du groupe RN. –⁠ Protestations sur plusieurs bancs des groupes EPR et RN.)

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Ce n’est pas au niveau, monsieur de Lépinau !

    M. Hervé de Lépinau

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    Cette notion d’aléa économique est beaucoup trop large !

    M. le président

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    La parole est à Mme Nicole Le Peih.

    Mme Nicole Le Peih

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    Je voudrais répondre à M. Potier : quand on connaît la complexité de la fiscalité et quand on sait que les assurances ne viennent pas en aide aux agriculteurs –⁠ ou à quel prix ! –, comment ces derniers peuvent-ils faire face aux aléas climatiques ? S’il faut s’assurer sur chaque animal, chaque portion de terre, chaque culture, aucune assurance ne prendra ce risque. Faut-il enrichir les assurances ?

    M. Matthias Tavel

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    Peut-être pourrions-nous les nationaliser ?

    Mme Nicole Le Peih

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    L’État ne peut-il pas aider le milieu agricole à garantir notre souveraineté alimentaire ; ne peut-il pas nous aider à vous nourrir matin, midi et soir ? Il me semble que le fait de prendre sur l’épargne des agriculteurs constitue un engagement suffisant de leur part. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. le ministre délégué.

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Nous voyons bien que, d’un côté, il ne faut pas élargir la déduction pour épargne de précaution à l’ensemble des aléas économiques –⁠ d’ailleurs les amendements eux-mêmes en renvoient la définition à un décret : cette notion est trop floue et pourrait entraîner des comportements d’optimisation.
    D’un autre côté, nous devons concevoir des mesures spécifiques à destination du secteur agricole. Le fait de réserver la DEP aux aléas climatiques n’est sans doute pas satisfaisant ; en tout cas, ce n’est pas suffisant. Nous examinerons dans quelques instants une autre série d’amendements identiques visant à étendre à d’autres indemnisations –⁠ notamment aux indemnisations consécutives à l’apparition d’un foyer de maladie animale ou végétale – l’exonération partielle prévue par la DEP. Cela permettrait d’aller au-delà de la question climatique, tout en restant concentré sur les spécificités du secteur agricole.

    M. Dominique Potier

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    Voilà, exactement !

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Je reste donc défavorable aux présents amendements et vous annonce déjà que je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée sur ceux qui suivent : ils me paraissent bien plus adaptés et équilibrés, raison pour laquelle je les envisage avec bienveillance.

    (Les amendements identiques nos 185, 292 et 1102 ne sont pas adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements identiques, nos 293, 3571 et 3721.
    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 293.

    M. Vincent Descoeur

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    Afin de compléter utilement la déduction pour épargne de précaution, il est proposé d’étendre ce dispositif d’exonération partielle aux indemnités versées par des organismes –⁠ ou régimes – autres que le fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) : par exemple aux indemnités versées par FranceAgriMer pour faire face la surmortalité des animaux, ou aux indemnités versées directement par l’État en cas de fièvre catarrhale ovine (FCO) ou d’abattages administratifs.

    M. le président

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    L’amendement no 3571 de M. Nicolas Ray est défendu.

    M. Nicolas Sansu

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    À ce rythme, grâce à tous ceux qui ne le sont pas, nous aurons fini ce soir et peut-être même tout à l’heure en prolongée !

    M. Paul Midy

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    Nous aurons un budget !

    M. le président

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    La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé, pour soutenir l’amendement no 3721.

    Mme Nathalie Colin-Oesterlé

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    Le présent amendement vise à corriger une inégalité, en permettant aux exploitants horticoles et aux maraîchers qui relèvent de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés, de bénéficier d’un crédit d’impôt lorsque leurs installations de production sont détruites à cause d’un aléa climatique. Ils seraient ainsi placés sur un pied d’égalité avec les exploitants agricoles qui disposent d’un régime fiscal favorable lorsqu’ils sont contraints d’abattre leur cheptel.

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Comme je le disais à l’instant, je m’en remets, pour ce qui concerne ces amendements, à la sagesse de l’Assemblée. Il faudra probablement améliorer le dispositif dans le cadre de la navette mais, parce qu’il faut aussi prendre en compte, au-delà des seuls aléas climatiques, les aléas sanitaires –⁠ y compris les foyers de maladie végétale qui ne sont pas inclus, par nature, dans la déduction des indemnités d’abattage de troupeaux –, la proposition est intéressante.

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Lorsque nous avions proposé la DEP dans le projet de loi de finances pour 2019, notre majorité avait été très critiquée. Je constate que tout le monde veut désormais l’étendre, à la fois pour en augmenter le taux et pour y inclure d’autres montants.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Eh oui !

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Nous avons également instauré le système de l’assurance récolte. Je m’inscris en faux contre la collègue Meunier qui a déclaré que nous avions privatisé l’assurance ; ce n’est pas vrai…

    M. Nicolas Sansu

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    Si !

    M. Jean-René Cazeneuve

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    …pour deux raisons. La première est qu’il existe trois niveaux d’intervention, selon des seuils variables en fonction des types de culture : au-dessous du seuil de 20 % de pertes de récolte, le dommage est à la charge de l’agriculteur ; entre 20 % et 40 %, il est à la charge de l’assureur ; au-delà, il est à la charge de l’État. Par ailleurs, l’État finance jusqu’à 70 % du montant de la cotisation d’assurance multirisque climatique.

    M. Nicolas Sansu

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    Communistes !

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Les mesures prises ces dernières années soutiennent donc les agriculteurs.

    M. Benoît Biteau

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    Ça dépend lesquels !

    M. le président

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    La parole est à Mme Manon Meunier.

    Mme Manon Meunier

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    Monsieur Cazeneuve, vous ne soutenez pas les agriculteurs : votre système d’assurance récolte repose en grande partie sur des assurances privées. Par ailleurs, vous vous désengagez de ce système puisque le projet de loi de finances pour 2026 prévoit de baisser de moitié la dotation du fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA).
    Nous pourrons soutenir l’élargissement du DEP aux épizooties. Cependant, il s’agit d’un outil individuel alors que l’État doit apporter une réponse collective à la crise sanitaire, notamment en investissant massivement pour renforcer les effectifs d’urgence dans les directions départementales de la protection des populations (DDPP) –⁠ en Savoie et en Haute-Savoie, le nombre d’agents est trop faible pour accompagner correctement les agriculteurs. Il faut également investir davantage dans leur suivi psychologique –⁠ celui qu’assure la MSA est insuffisant. Les outils individuels, c’est bien, mais pensons au collectif. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    (Les amendements identiques nos 293, 3571 et 3721 sont adoptés ; par conséquent, l’amendement no 2259 tombe.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 118 et 186.
    La parole est à M. Éric Martineau, pour soutenir l’amendement no 118.

    M. Éric Martineau

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    Il vise à corriger une injustice fiscale, en prenant en compte l’évolution professionnelle de l’exploitation et ses éventuels changements de statut. Il tend alors à limiter la taxation de l’excédent de bénéfice agricole, calculé par rapport à la moyenne triennale.

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 186.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    L’article 75-0 B du code général des impôts exclut certains pans de vie du monde agricole. Lorsqu’un agriculteur cesse une partie de son activité mais se reconvertit, par exemple dans l’élagage, il continue à percevoir des revenus agricoles. Cet article instaure un mécanisme d’exonération fondé sur la moyenne triennale.
    L’amendement vise à limiter la taxation de l’excédent de bénéfice agricole par rapport à la moyenne triennale au seul cas où elle se justifie : s’il y a une continuité d’activité. Sans être très onéreux, ce nouveau mécanisme permettrait de répondre à quelques préoccupations qui surviennent lorsque l’agriculteur réorganise son activité.

    (Les amendements identiques nos 118 et 186, acceptés par la commission, repoussés par le gouvernement, sont adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour soutenir l’amendement no 1473.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Il vise à relever le plafond –⁠ de 100 000 à 150 000 euros – des revenus tirés d’activités dites accessoires qui peuvent être pris en compte dans le bénéfice agricole. Face aux aléas climatiques, de nombreux viticulteurs et agriculteurs diversifient leur activité autour de l’œnologie, de l’agritourisme ou de chambres d’hôtes. Ces activités mêlant tourisme et agriculture ont aussi le grand avantage de valoriser les territoires.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Cet amendement n’a pas été examiné en commission. Sagesse.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Il importe d’accompagner les agriculteurs dans la diversification de leurs activités. Il s’agit, au fond, de déterminer à partir de quel seuil l’activité en question n’est plus accessoire. Le relèvement du plafond à 150 000 euros constituerait une augmentation considérable, d’autant que ce plafond est apprécié sur la moyenne des trois dernières années –⁠ un pic lié à une difficulté économique ou un rebond de l’activité accessoire sera donc lissé. Avis défavorable.

    M. le président

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    Sur les amendements no 3302 et identique, je suis saisi par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Il ne faut pas faire preuve de démagogie. Quand on atteint 100 000 euros de bénéfices grâce à des activités extérieures, on se trouve déjà dans une situation très confortable. Tant de paysans n’atteignent pas ce niveau dans leur activité principale ! Il s’agit de l’argent de la nation, utilisons-le à bon escient et de façon juste : défendons le revenu de ceux qui n’en ont pas plutôt que de nous obstiner à défiscaliser ceux qui en ont trop.
    Je vous appelle à la raison : on peut tomber de l’autre côté du cheval, monsieur Cazeneuve ! Si on vous suit, demain, quelqu’un qui exerce une profession libérale dans le 7e arrondissement pourra exploiter une ferme par délégation de travaux dans une autre région –⁠ on aura alors complètement changé de modèle. Notre modèle, c’est celui des paysans qui travaillent, décident et habitent au pays ! (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes SOC et EcoS.)

    M. François Hollande

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    Très juste !

    M. le président

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    La parole est à Mme Véronique Louwagie.

    Mme Véronique Louwagie

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    Je soutiens cet amendement. Monsieur Potier, il ne s’agit aucunement d’une défiscalisation. Lorsqu’un exploitant agricole voit ses recettes issues d’activités accessoires dépasser le seuil de 100 000 euros ou de 50 % de ses recettes tirées de l’activité agricole, il doit constituer une comptabilité commerciale. C’est une source de complexité. (M. Jean-René Cazeneuve applaudit. –⁠ Exclamations sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC et EcoS.)

    M. Dominique Potier

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    Ça va oui !

    Mme Véronique Louwagie

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    L’amendement permettrait de simplifier la vie des entrepreneurs, non pas de défiscaliser. L’exploitant prendra en compte dans ses revenus agricoles l’intégralité des revenus découlant de ses activités commerciales, jusqu’au niveau fixé à 150 000 euros de recettes.

    M. Dominique Potier

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    Par personne !

    Mme Véronique Louwagie

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    Si les exploitants agricoles se lancent dans des activités commerciales connexes, c’est aussi pour répondre à une demande locale –⁠ de gîtes ou de commerces de proximité. Nous soutenons tous la proximité ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe EPR. –⁠ M. Julien Dive applaudit également.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 1473.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        145
            Nombre de suffrages exprimés                91
            Majorité absolue                        46
                    Pour l’adoption                44
                    Contre                47

    (L’amendement no 1473 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de deux amendements identiques, nos 3302 et 3651.
    La parole est à M. Pascal Lecamp, pour soutenir l’amendement no 3302.

    M. Pascal Lecamp

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    Cet amendement, travaillé avec les Jeunes Agriculteurs, permettrait d’abord de corriger une injustice fiscale créée par la jurisprudence récente : il éviterait que les jeunes agriculteurs soient imposés sur des plus-values réalisées avant leur arrivée dans une société agricole.
    Ensuite, l’amendement faciliterait les transmissions progressives d’exploitations : en neutralisant les plus-values antérieures à l’installation, il lèverait un frein majeur aux reprises partielles de bâtiments ou de matériel. C’est essentiel pour assurer le renouvellement des générations en agriculture et sécuriser ceux qui s’installent.
    Enfin, il permettrait d’assurer une équité fiscale entre les diverses formes d’exploitation, puisque la dérogation alignerait le traitement des jeunes agriculteurs en société sur celui des exploitants individuels, sans modifier les règles applicables aux autres sociétés ni les plafonds et taux d’exonération existants.
    Cet amendement indispensable pour favoriser la transmission des exploitations n’évitera certainement pas une nouvelle réflexion sur l’article 151  septies du code général des impôts.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement no 3651.

    M. Dominique Potier

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    Il s’agit de ne pas faire reposer l’effet des plus-values, calculées en tenant compte de la moyenne triennale, sur les jeunes qui s’installent. L’enjeu est aussi d’adapter le dispositif au développement des formes sociétaires en agriculture. Cet ajustement encouragera le renouvellement des générations agricoles. C’est la priorité de la profession : 200 000 agriculteurs quitteront bientôt le métier et doivent être remplacés.
    Pour revenir à l’amendement précédent : vous ne pouvez pas nier, madame Louwagie –⁠ vous êtes trop renseignée et expérimentée pour cela – qu’il n’aurait pas eu d’impact fiscal ! En effet, il aurait eu des effets sur le revenu agricole et aurait présenté des risques de concurrence avec d’autres professions.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Effectivement, un agriculteur sur deux partira à la retraite dans les dix prochaines années ; la question de la transmission des exploitations est fondamentale, d’autant que le nombre d’installations reste insuffisant pour compenser les départs. Des dispositifs pour accompagner les transmissions et les installations doivent être instaurés.
    Les amendements, travaillés avec les Jeunes Agriculteurs, visent à neutraliser, en cas de cession à un jeune agriculteur, la part de plus-value dont il n’est pas responsable car antérieure à son arrivée. La commission a malheureusement donné un avis défavorable ; à titre personnel, je voterai pour.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Ces amendements posent une vraie question et il faut que, dans le cadre de ce budget, nous renforcions encore le soutien aux jeunes agriculteurs pour relever le défi majeur du renouvellement des générations dans les dix ans qui viennent.
    Mes doutes ne portent pas sur l’objectif visé par ces amendements mais sur leurs modalités techniques. Ils tendent à instaurer une dérogation qui ne pourrait s’appliquer que si l’activité a été exercée pendant au moins cinq ans. Or le dispositif en vigueur ne permet aux jeunes agriculteurs de bénéficier de l’exonération que pendant cinq années. L’articulation du dispositif avec le droit en vigueur soulève donc une difficulté.

    M. Dominique Potier

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    Effectivement !

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Ce problème technique pourra être résolu au cours de la navette. Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 3302 et 3651.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        163
            Nombre de suffrages exprimés                159
            Majorité absolue                        80
                    Pour l’adoption                143
                    Contre                16

    (Les amendements identiques nos 3302 et 3651 sont adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 341.

    M. Vincent Descoeur

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    Cet amendement technique entend répondre à une décision de la cour administrative d’appel de Paris : il vise à éviter que la prise en compte des produits issus de la cession des actifs immobilisés réduise le champ des exonérations fiscales en vigueur. Pour cela, il tend à exclure ces produits de l’appréciation des seuils fixés par le régime d’exonération des plus-values professionnelles.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Cet amendement a été adopté par la commission.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    La jurisprudence permet déjà de répondre au problème soulevé. L’ajout proposé dénaturerait le dispositif qui est aujourd’hui réservé aux entreprises dont l’activité courante ne dépasse pas un certain seuil. Nous aurons sans doute l’occasion de préciser les choses au cours de la navette. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Daniel Labaronne.

    M. Daniel Labaronne

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    Cette proposition risquerait d’inciter les agriculteurs au suréquipement, suréquipement qui pourrait entraîner, à son tour, des problèmes de trésorerie –⁠ autrement dit des difficultés à rembourser le matériel acheté en raison de l’exonération de plus-value sur la vente, par exemple, d’un véhicule d’occasion. (M. Antoine Léaument s’exclame.)
    Cette difficulté m’a été signalée par un certain nombre d’agriculteurs ; je ne voudrais pas qu’un dispositif trop généreux…

    Mme Mathilde Feld

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    C’est vrai que nous sommes si généreux !

    M. Daniel Labaronne

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    …n’encourage une course au suréquipement agricole.

    M. Vincent Descoeur

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    Ce sont des chefs d’entreprise responsables, tout de même !

    (L’amendement no 341 n’est pas adopté.)

    M. Vincent Descoeur

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    C’est bien dommage !

    M. le président

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    La parole est à Mme Mathilde Feld, pour soutenir l’amendement no 999.

    Mme Mathilde Feld

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    Il s’agit d’un amendement d’appel. Faute de pouvoir proposer de financer, en raison de l’article 40 de la Constitution, le véritable droit au congé que méritent les agriculteurs et les agricultrices, nous proposons d’étendre et de pérenniser, à leur profit, le crédit d’impôt pour dépenses de remplacement.
    Parce que les cycles naturels ne s’arrêtent pas, ils sont dans l’obligation de trouver un remplaçant avant que de pouvoir partir en congé : pression supplémentaire, tant en raison du temps nécessaire à cette recherche que du coût impliqué par le remplacement lui-même.
    Plus de la moitié des agriculteurs rencontrent ainsi des difficultés à organiser leurs congés et le coût du remplacement continue d’entraver l’exercice de droit au repos et à la remise en bonne santé.
    Nous demandons que l’État s’engage à soutenir l’ouverture du dispositif de remboursement des dépenses de remplacement à l’ensemble des paysans et des paysannes ainsi que l’élargissement des motifs de remplacement à la formation. Le périmètre du crédit d’impôt pour les dépenses de remplacement est actuellement trop restreint et le remboursement ne couvre que 50 % des dépenses.
    Il est donc nécessaire de réduire le reste à charge, qui, trop souvent, constitue un obstacle insurmontable.

    M. le président

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    Je vous remercie.

    Mme Mathilde Feld

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    C’est pourquoi nous préconisons une prise en charge de 100 % sur les dix-sept premiers jours pour les motifs de congé, de maladie et de formation, puis de 75 %… (Le temps de parole étant écoulé, M. le président coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les députés du groupe LFI-NFP applaudissent cette dernière.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission a rejeté cet amendement. Le taux de droit commun est de 60 % et il existe un taux majoré de 80 % pour les dépenses de remplacement liées à une maladie, à un accident du travail et à la formation professionnelle. Je ne suis pas certain que monter ce taux à 100 % aura l’effet incitatif escompté –⁠ cela reviendrait, en revanche, à faire payer la totalité des dépenses de remplacement par l’État.

    Mme Manon Meunier et Mme Mathilde Feld

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    Eh oui !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    J’ajoute à ce que vient de dire le rapporteur général que ce dispositif a été prorogé à l’issue de nos débats sur la dernière loi de finances et que le taux ainsi que le nombre de jours avaient été augmentés les années précédentes. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Ce sujet est tout sauf anecdotique : on trouve là?une des principales causes de la décapitalisation dans les élevages bovins. Si la France risque, en 2030, de perdre son autonomie en matière de production laitière –⁠ ce serait un terrible traumatisme compte tenu de notre ambition commune en la matière –, ce n’est pas tant du fait des prix qui, malgré une légère inflexion probable dans la période à venir, ont été plutôt favorables ces derniers mois, voire ces deux dernières années, mais du fait des exigences et des contraintes qui pèsent sur les éleveurs, au détriment de leur qualité de vie. Cela est reconnu par tous.
    Je défends donc la mesure proposée par nos collègues de La France insoumise, mesure tendant à porter à 100 % le taux du crédit d’impôt pour dépenses de remplacement. J’aurais également été favorable à ce que l’on porte à vingt-huit le nombre de jours de congé ouvrant droit à ce crédit d’impôt. Ce ne serait pas du luxe pour les éleveurs, qui sont au boulot, très tôt, tous les matins, tous les jours de l’année, pour nourrir le pays.

    M. Aurélien Rousseau

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    On ne se nourrit pas que d’hosties !

    M. François Hollande

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    Eh oui !

    M. le président

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    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    Nous avons évoqué, il y a peu, les crises de vocation et les difficultés à l’installation dans le monde agricole. Devenir agriculteur, c’est se confronter à des astreintes 365 jours par an et 24 heures sur 24. Il est fondamental que les agriculteurs puissent accéder au repos, ce qui ne peut passer que par le service de remplacement.
    J’apprécie également que cet amendement ouvre la possibilité d’accéder à ce service de remplacement pour raison de formation : les agriculteurs doivent pouvoir acquérir les compétences nécessaires à la transition agroécologique.
    Je n’ai qu’une petite réserve : tous les agriculteurs n’ont pas besoin de ce service de remplacement. Nous devons cibler les éleveurs, les maraîchers ou les horticulteurs. Je peux vous assurer, en revanche, que les céréaliers de la plaine de la Beauce peuvent s’en passer.

    Un député du groupe RN

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    Ce n’est pas vrai !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 999.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        157
            Nombre de suffrages exprimés                88
            Majorité absolue                        45
                    Pour l’adoption                46
                    Contre                42

    (L’amendement no 999 est adopté ; en conséquence, l’amendement no 1385 tombe.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP, sur quelques bancs du groupe SOC et sur les bancs du groupe EcoS.)

    M. le président

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    La parole est à M. Aurélien Le Coq, pour soutenir l’amendement no 1000.

    M. Aurélien Le Coq

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    Il vise à étendre à tous les agriculteurs le bénéfice du crédit d’impôt pour dépenses de remplacement en supprimant la condition qui, dans le code général des impôts, le réserve aux agriculteurs exerçant une activité requérant leur présence sur l’exploitation chaque jour de l’année.
    Tous les agriculteurs ont droit au repos. La moitié d’entre eux rencontrent des difficultés pour prendre leur congé. Cela fait obstacle à l’installation de nouveaux agriculteurs mais n’est également pas sans conséquence pour la santé, notamment la santé mentale, des exploitants. Le taux de suicide des agriculteurs exploitants est de 77 % supérieur à celui du reste de la population ; je me félicite, à ce titre, de l’adoption de l’amendement précédent. (Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission n’a pas examiné cet amendement, travaillé avec la Confédération paysanne. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    Mme Manon Meunier

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    Et alors ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Si je le trouve intéressant, je m’interroge, cependant, sur l’élargissement sans limite de l’éligibilité au crédit d’impôt, dont j’ai du mal à mesurer les conséquences. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Même avis.

    Rappel au règlement

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Tavel, pour un rappel au règlement.

    M. Emeric Salmon

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    Ça faisait longtemps !

    M. Matthias Tavel

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    Il se fonde sur l’article 100.
    Cet amendement, monsieur le rapporteur général, a bien été travaillé avec la Confédération paysanne –⁠ il est dans nos habitudes d’indiquer avec qui nous travaillons nos amendements.
    Permettez-moi cependant de remarquer que nous avons examiné tout à l’heure une longue série d’amendements identiques manifestement travaillés avec une autre organisation agricole –⁠ comme les collègues en ont le droit – sans qu’aucun d’eux ne le mentionne, à l’exception, sauf erreur, du collègue Taupiac dans l’exposé sommaire de son amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Benjamin Dirx

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    Si, et par deux fois !

    M. Matthias Tavel

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    Tous les groupes devraient s’efforcer, comme nous, à la transparence. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. Vincent Descoeur

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    Vous n’étiez pas encore là ! C’est ridicule !

    M. le président

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    Les députés, monsieur Tavel, sont libres de la rédaction de leurs amendements et de faire connaître, ou non, les personnes avec lesquelles ils travaillent.
    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Qu’il n’y ait aucune ambiguïté, cher collègue : ma remarque n’était en rien un reproche. Je l’ai signalé comme vous l’avez fait vous-même. J’ai toujours considéré que les députés étaient libres de travailler leurs amendements avec qui ils souhaitaient.

    M. Matthias Tavel

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    Nous sommes bien d’accord !

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Et heureusement, car on ne peut pas tout savoir sur tout. Les contacts avec ce que l’on appelle les « lobbys » font partie des activités ordinaires des politiques, qui doivent bien se renseigner quelque part. Il n’y avait donc aucune malice dans ma remarque.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Bravo, monsieur le rapporteur général !

    Après l’article 10 (suite)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 1000.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        164
            Nombre de suffrages exprimés                106
            Majorité absolue                        54
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                52

    (L’amendement no 1000 est adopté.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-José Allemand, pour soutenir l’amendement no 1381, sur lequel je suis saisi d’une demande de scrutin public par le groupe Socialistes et apparentés.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.

    Mme Marie-José Allemand

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    Le présent amendement vise à ouvrir le crédit d’impôt pour les dépenses de remplacement à la formation, tout aussi nécessaire, des salariés agricoles. (M. Romain Eskenazi applaudit.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission n’a pas examiné cet amendement. Vous voulez étendre le crédit d’impôt pour la formation des exploitants individuels à celle des salariés agricoles. Sans évaluation préalable, je suis incapable de déterminer les conséquences d’un nouveau crédit d’impôt à un taux de 100 %, étendu à une nouvelle population. Avis défavorable.

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 1381.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        170
            Nombre de suffrages exprimés                166
            Majorité absolue                        84
                    Pour l’adoption                54
                    Contre                112

    (L’amendement no 1381 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    L’amendement no 1502 de Mme Sandrine Le Feur est défendu.

    (L’amendement no 1502, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements identiques, nos 1076, 2685 et 2880.
    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement no 1076.

    M. Dominique Potier

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    Notre collègue Chantal Jourdan milite depuis des années pour l’installation de haies. Ces infrastructures écologiques, pour employer ce langage trop techno, contribuent à la santé des écosystèmes. Leur rôle essentiel dans la protection de l’eau et dans la lutte contre l’érosion des sols par le vent et par l’eau a été démontré –⁠ il ne s’agit donc pas seulement de protéger la biodiversité des insectes et des oiseaux. Nous devons soutenir, dans la durée, la politique de la haie, déjà stimulée par les fonds de relance post-covid alimentés, notamment, par FranceAgriMer –⁠ l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer. La politique de plantation des haies contribue à la santé de nos écosystèmes et donc à la productivité future –⁠ à l’écologie comme à l’économie.

    M. le président

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    La parole est à M. Christophe Marion, pour soutenir l’amendement no 2685.

    M. Christophe Marion

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    Le Sénat a adopté à l’unanimité un amendement identique lors de la discussion du précédent projet de loi de finances. (M. Dominique Potier applaudit.) Issu d’une démarche transpartisane, il vise à instaurer un crédit d’impôt incitant les agriculteurs à la gestion durable des haies. D’un montant de 60 %, ce crédit d’impôt serait plafonné à 4 500 euros par exploitation.

    M. le président

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    Monsieur Lahais, je suppose, pour soutenir l’amendement no 2880 ? Non ? (Sourires.) La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    Cet amendement prend le relais de la proposition de loi déposée au Sénat le 5 juillet 2023 par notre collègue écologiste M. Salmon.

    M. Emeric Salmon

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    Ce n’est pas moi !

    M. Benoît Biteau

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    Ce texte, voté à l’unanimité, démontre toute l’importance des haies. Nous devons encourager leur protection car on arrache aujourd’hui trois fois plus de haies qu’on en plante : ce constat doit nous alarmer. Il faut protéger les haies d’autant plus qu’une haie replantée ne rend pas le même service qu’une haie plus ancienne –⁠ de nombreuses années sont nécessaires à cela. Si nous voulons nous débarrasser de l’acétamipride et poursuivre la lutte contre le dérèglement climatique, nous avons besoin de ces haies qui hébergent la biodiversité et répondent, avec des moyens, agroécologiques, au défi de la souveraineté alimentaire de demain. Cet amendement est fondamental. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Le sujet est évidemment très important. Outre le fait que la commission n’a pas examiné ces amendements, je m’interroge sur leur pertinence. Pourquoi ? Parce que l’État a doté le pacte en faveur de la haie de 110 millions d’euros depuis 2023. De plus, la loi du 24 mars 2025 d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture, dite loi d’orientation agricole (LOA), a profondément rénové le cadre réglementaire de la gestion des haies.
    N’aurions-nous pas intérêt à attendre l’effet des décisions prises pour en tirer les leçons ? Avis défavorable à la création de ce nouveau crédit d’impôt.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Vous soulevez deux types de questions. Faut-il continuer à soutenir la plantation de haies pour les raisons qui ont été rappelées ? À l’évidence et, vous avez eu raison de le rappeler monsieur Potier, le pacte a permis de donner une véritable impulsion à la plantation et à l’entretien des haies.
    Comment poursuivre cet effort ? Faut-il le faire par des dépenses –⁠ des investissements ciblés – ou par un crédit d’impôt ? Nous avons eu ce débat l’an dernier, à la suite de l’adoption de ce crédit d’impôt en première lecture par le Sénat.
    J’ai la conviction que le bon instrument n’est pas un crédit d’impôt. (Exclamations sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) D’abord parce qu’il ne permet pas de cibler ni de moduler précisément en fonction des besoins –⁠ le problème est le même avec d’autres crédits d’impôt. Ensuite, parce qu’il ouvre la voie à des manipulations et à des optimisations.
    Ce qui fonctionne, c’est ce que nous avons engagé dans le cadre du pacte : les aides ont continué à être versées cette année –⁠ fruit des débats de l’année dernière. Nous devons plutôt discuter du maintien de ces crédits en 2026 que de la création d’un nouveau crédit d’impôt qui viendrait encore complexifier le paysage fiscal, alors que les dispositifs de soutien à la plantation de haies fonctionnent. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je suis défavorable à ces amendements mais j’en partage vraiment l’objectif. On peut soutenir une agriculture productive et constater, aussi, que la France est allée trop loin dans la destruction des haies, notamment à la suite de la politique de remembrement –⁠ je vous renvoie à l’excellente et passionnante bande dessinée Champs de bataille, qui l’explique très bien. (Mme Delphine Batho applaudit.)
    Néanmoins, le crédit d’impôt est-il le meilleur outil pour soutenir le retour des haies dans notre paysage agricole ? Non, l’aide budgétaire directe a plus d’impact. Si nous créons un nouveau crédit d’impôt, nous allons créer une nouvelle niche fiscale et affaiblir une fois encore la lisibilité du droit fiscal.
    Monsieur le ministre, j’espère donc que le gouvernement prendra des engagements très clairs pour que les budgets alloués à la politique en faveur des haies, dans la seconde partie de ce PLF, soient maintenus, voire renforcés.

    M. Matthias Tavel

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    Oui mais pas au détriment des autres !

    M. le président

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    La parole est à Mme Delphine Batho.

    Mme Delphine Batho

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    Le problème, c’est que le projet de loi de finances pour 2026 prévoit de ratiboiser les budgets et les crédits consacrés au pacte en faveur de la haie. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes EcoS, LFI-NFP et SOC.)

    M. Aurélien Rousseau

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    Eh oui !

    Mme Delphine Batho

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    Or chacun sait que la régénération et la replantation des haies sont absolument vitales et stratégiques, non seulement pour l’agriculture mais aussi pour l’adaptation aux changements climatiques –⁠ en matière de lutte contre les inondations et contre les sécheresses, pour favoriser la recharge des nappes phréatiques – et pour la biodiversité.
    Il faut donc poursuivre l’action engagée en matière de plantation de haies. L’Assemblée nationale doit adopter ces amendements, dans l’attente de l’examen des crédits budgétaires de la mission Agriculture (M. Dominique Potier applaudit), qui, pour le moment, ne prévoient plus d’aide à la plantation, les coupes budgétaires en cours mettant même en danger les actions déjà engagées sur le terrain. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS et SOC.)

    (Les amendements identiques nos 1076, 2685 et 2880 sont adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements identiques, nos 275, 1585 et 3652.
    L’amendement no 275 de Mme Jérôme Nury est défendu.
    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 1585.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Après nos débats sur les haies, cet amendement vise à répondre à une préoccupation à laquelle le rapporteur général a fait référence tout à l’heure : il existe un véritable problème de transmission des exploitations agricoles. Il n’y a pas suffisamment de candidats et le parcours est difficile. Lorsqu’on veut céder une exploitation agricole, il est nécessaire de trouver les bons interlocuteurs et de bénéficier d’un accompagnement solide.
    Les chambres d’agriculture soutiennent et coordonnent les structures agréées pour le conseil et l’accompagnement à la transmission. Cet amendement propose un crédit d’impôt d’accompagnement à la transmission, de 5 000 euros par an, sur une durée maximale de cinq ans –⁠ sans obligation d’y recourir pour cinq années – afin de favoriser la transmission des exploitations agricoles. Il s’agit de soutenir le monde agricole de demain.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement no 3652.

    M. Dominique Potier

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    Mme Dalloz l’a expliqué en des termes très clairs.

    M. Vincent Descoeur

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    Il n’est pas possible d’être plus clair !

    M. Dominique Potier

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    Si le marché organise le foncier, c’est la loi du marché qui s’impose. On constate une logique d’accaparement, avec des phénomènes sociétaires qui ne sont pas totalement contrôlés par la loi du 23 décembre 2021 portant mesures d’urgence pour assurer la régulation de l’accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires, dite loi Sempastous, et des transmissions d’usage et de propriété qui échappent au contrôle public. Ce nouveau far west va se traduire par un appauvrissement économique, écologique et social de nos territoires.
    Si nous voulons organiser la transmission, il faut que le marché soit transparent. Dans la loi d’orientation agricole, nous avions proposé une mesure beaucoup plus claire : l’obligation d’inscription au répertoire départ installation (RDI) pour obtenir la retraite. Cette proposition a été jugée excessive ; nous la transformons donc en crédit d’impôt.
    Il faut que les jeunes agriculteurs bénéficient d’une aide. Nous créons ce crédit d’impôt afin de favoriser la transparence du marché et d’encourager l’installation plutôt que l’agrandissement. Il y va de notre souveraineté alimentaire et du renouvellement des générations, alors que nous faisons face à la fois à un mur climatique et à une falaise démographique.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Vous avez raison : nous allons faire face à un mur climatique et à une falaise démographique. Plus largement, la transmission des entreprises agricoles est un enjeu majeur –⁠ nous l’avons souvent évoqué. Face à un tel enjeu, la réponse n’est pas la création d’un nouveau crédit d’impôt. Comme pour les haies, en matière de transmission agricole, il faut mener une politique globale.
    La LOA prévoit déjà certaines dispositions : point d’accueil départemental unique pour la transmission des exploitations et l’installation des agriculteurs ou structures de conseil et d’accompagnement dédiées par exemple. (Exclamations sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et EcoS.) En outre, nous avons adapté la fiscalité sur les transmissions d’entreprises en faveur des jeunes agriculteurs lors du précédent budget. Nous venons également d’adopter des mesures en faveur des jeunes agriculteurs, le gouvernement s’en étant remis à votre sagesse.
    Un tel crédit d’impôt viendrait au contraire morceler davantage le paysage fiscal et compliquer encore la situation des agriculteurs. Il faut trouver des dispositifs plus simples. Avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Mon avis sera défavorable, non pas parce que je refuse de soutenir nos agriculteurs, bien au contraire. Mais je tiens à alerter l’ensemble de l’hémicycle sur ce que nous sommes en train de faire depuis quelques minutes…

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Vous n’étiez pas là tout à l’heure !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    …et que nous allons continuer à faire au cours de l’examen des prochains amendements : créer des crédits d’impôt.
    On ne peut pas, d’un côté, dire qu’il faut réduire ou supprimer les niches fiscales et rendre et ainsi le droit fiscal plus lisible et plus stable, et, de l’autre, comme nous le faisons ce matin, créer des crédits d’impôt sur tous les sujets.

    Mme Christine Arrighi

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    C’est incroyable !

    M. Vincent Descoeur

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    Il faut soutenir l’agriculture !

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Je vois bien l’intention qu’il y a derrière ces amendements. On peut considérer qu’il s’agit aussi d’amendements d’appel, venant de structures qui nous les transmettent.
    Mais si, à 11 heures, nous aurons créé quatre ou cinq nouvelles niches fiscales, je ne suis pas certain que nous aurons rendu service à nos agriculteurs qui ont besoin de lisibilité, d’aides directes et de dispositifs simples. Il ne faut pas se faire plaisir comme nous sommes en train de le faire depuis quelques minutes. (M. Jean-René Cazeneuve applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    J’ai envie de vous dire : chiche ! (M. Charles Sitzenstuhl s’exclame.) Au fond, le ministre et vous défendez la même position. Pourquoi créons-nous de nouveaux crédits d’impôt ? Parce que vous n’avez pas su mettre en place les politiques structurelles nécessaires à l’installation des agriculteurs et leur permettant de disposer de visibilité sur leurs revenus.
    Nous avons débattu hier de l’Europe : quand on brasse près de 10 milliards d’euros issus de la politique agricole commune, et qu’on adopte un plan stratégique national qui ne met pas l’accent sur la visibilité des revenus des agriculteurs, on ne crée pas de vocations ; c’est parce que vous préférez engager l’argent public dans des solutions curatives, plutôt que de vous attaquer aux causes du manque de vocations, que nous nous rabattons sur les crédits d’impôt.
    J’y insiste, c’est la conséquence de votre manque d’ambition : depuis trop longtemps, votre stratégie n’est pas suffisamment déterminée pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs, pour leur garantir des revenus clairs et stables dans le temps et donc pour créer des vocations. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    (Les amendements identiques nos 275, 1585 et 3652 sont adoptés.)

    M. le président

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    Je suis saisi de quatre amendements, nos 637, 1614, 1342, 3389, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 637 et 1614 sont identiques, ainsi que les amendements nos 1342 et 3389. Ces derniers font l’objet d’un sous-amendement no 3959.
    La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement no 637.

    M. Éric Michoux

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    La Macronie est en train de nous imposer le Mercosur qui va pourtant faire éclater notre agriculture, au point de la mettre plus bas que terre.
    Comment allons-nous aider tous les agriculteurs dont les exploitations seront ravagées ? Nous proposons un crédit d’impôt sur les matériels innovants utilisés en coopérative, notamment ceux qui intègrent une forme d’intelligence –⁠ parfois d’intelligence artificielle – afin de soutenir l’adaptation et la compétitivité de notre agriculture. Il faudra en effet faire évoluer les matériels très rapidement pour que nos agriculteurs puissent les financer car, pour se battre face aux différents produits qui vont envahir notre pays, il faudra être innovant. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR.)

    M. le président

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    Je suis saisi des demandes de scrutin public : sur les amendements no 637 et identique, par le groupe Union des droites pour la République ; sur les amendements no 1342 et identique, par les groupes, Ensemble pour la République, La France insoumise-Nouveau Front populaire et Les Démocrates ; sur le sous-amendement no 3959, par le groupe Ensemble pour la République.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 1614.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    Le coût global de la mécanisation des exploitations françaises s’élève à 18 milliards d’euros par an, et l’on constate une course effrénée vers du matériel de plus en plus technique et de plus en plus coûteux. Or, le chiffre d’affaires des Cuma, qui permettent de mutualiser ce matériel, n’est que de 670 millions d’euros. Cela représente à peine 3,72 % de la mécanisation totale française.
    Il faut donc créer un dispositif d’exonération de plus-value de reventes individuelles de matériel agricole pour encourager la mutualisation.
    L’amendement précise également les détails techniques, notamment le périmètre et le coût du nouveau crédit d’impôt, évalué à 17 millions d’euros : ce n’est pas excessif pour une mesure qui permettrait de booster la mécanisation collective.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement no 1342.

    M. Dominique Potier

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    Nous avons entamé cette réflexion de fond l’année dernière, au salon de l’agriculture, en constatant l’explosion des prix de machines agricoles. Actuellement, l’État dépense près de 700 millions d’euros en défiscalisation des plus-values, ce qui a pour effet la baisse des cotisations sociales et des recettes fiscales, et la hausse des prix du matériel, qui plombe l’économie agricole –⁠ Mme Dalloz a rappelé les chiffres.
    L’amendement, que j’ai élaboré avec Julien Dive des Républicains, mais aussi avec Pascal Lecamp du Modem et avec le groupe LIOT, vise à rééquilibrer la fiscalité de la mécanisation agricole –⁠ qui a un effet pervers sur le marché – en réorientant la dépense fiscale des plus-values individuelles vers les formes collectives d’organisation que sont les Cuma. L’avantage de cet amendement qui a été travaillé avec les Cuma, débattu avec de nombreux députés et avec le gouvernement, c’est qu’il est gagé et qu’il permet à la fois de combattre les excès d’une fiscalité contre-productive et de rendre celle-ci vertueuse en redirigeant l’exonération vers le financement des formes collectives de mécanisation. Il s’agit de partager la valeur non seulement en aval de la production agricole, mais également en amont, sur les coûts de production, et d’encourager l’agriculture de groupe.

    M. le président

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    La parole est à M. Pascal Lecamp, pour soutenir l’amendement no 3389.

    M. Pascal Lecamp

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    Comme l’a dit Dominique Potier, l’amendement a été travaillé avec les Cuma. Le coût de la mécanisation, Mme Dalloz l’a rappelé, s’élève à 18 milliards d’euros, ce qui représente 30 % des charges d’exploitations agricoles, alors que ce taux s’échelonne de 12 à 25 % chez nos voisins européens. Les fermes françaises sont surchargées par cette dépense majeure aux effets inflationnistes.
    L’amendement vise à soutenir la compétitivité sans alourdir la dépense publique : s’il est vrai que, comme l’a dit Mme Dalloz, le crédit d’impôt de 7,5 %, plafonné à 3 000 euros, coûterait 17 millions d’euros, nous organisons une réorientation intelligente de la dépense fiscale. Un ajustement ciblé du plafond d’exonération sur les plus-values de cession de matériels agricoles, de 350 000 à 300 000 euros, permettrait en effet d’agir à budget constant. Les 17 millions sont donc financés, ce n’est pas une dépense nouvelle.
    Enfin, la mesure permettrait d’encourager la coopération plutôt que la surmécanisation. Actuellement, la mécanisation collective représente moins de 10 % du total ; c’est très faible.
    L’amendement est issu d’une initiative collective et transpartisane, qui réunit nos collègues Potier, Taupiac, Travert et Dive. Nous sommes tous d’accord pour alléger les charges qui pèsent sur les exploitations.

    M. le président

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    La parole est à M. Julien Dive, pour soutenir le sous-amendement no 3959.

    M. Julien Dive

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    Les amendements identiques en discussion correspondent à une proposition partagée par les commissaires aux affaires économiques. Nous partons d’un constat, celui d’une surmécanisation du parc agricole. Ce machinisme excessif coexiste avec un manque de modernisation de l’équipement dans certaines exploitations et une inflation galopante sur les prix de matériel agricole, conséquence entre autres du suramortissement introduit dans les lois de finances pour 2016 et 2017.
    Le sous-amendement que je propose tend simplement à modifier le gage pour rendre la proposition acceptable.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission avait donné un avis défavorable à tous les amendements en discussion commune. Toutefois, à titre personnel, je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée sur le sous-amendement de M. Dive et les amendements no 1342 et identique, qui cherchent à faire en sorte que la disposition n’affecte pas trop les finances publiques.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Limiter le coût de la mécanisation en encourageant la mutualisation des équipements agricoles est un enjeu important. Plusieurs amendements ont été déposés en ce sens. Le travail transpartisan réalisé par Dominique Potier, Julien Dive, Stéphane Travert, David Taupiac et Pascal Lecamp propose un rééquilibrage de la fiscalité.

    M. Aurélien Rousseau

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    Le ministre a tout compris à l’amendement !

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Il s’agit de réduire le plafond d’exonération sur les plus-values –⁠ Charles Sitzenstuhl en a parlé plus tôt – pour en limiter les effets distorsifs, tout en renforçant l’incitation à mutualiser les équipements au sein des Cuma. L’amendement, qui se fait à coût constant, est donc sain pour les finances publiques et très utile pour les agriculteurs puisqu’il permettra de limiter le coût de la surmécanisation qui représente 25 à 30 % de leurs charges.
    J’émets un avis favorable sur les amendements no 1342 et identique, sous-amendés par le sous-amendement no 3959, et, donc, un avis défavorable sur les autres.

    M. le président

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Nous allons évidemment voter ce dispositif. Pour répondre à l’observation du collègue Sitzenstuhl, si nous votons, en effet, beaucoup de mesures de soutien en faveur de nos agriculteurs, c’est parce que ceux-ci sont en fin de vie, notamment à cause des agissements du bloc central, des socialistes et des LR –⁠ via le Parti populaire européen (PPE) – au Parlement européen.

    M. Éric Michoux

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    Oui !

    M. Hervé de Lépinau

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    Nous savons tous que les traités de libre-échange, comme celui avec le Mercosur, mais surtout l’aide à l’Ukraine, vont porter un coup très dur à notre agriculture. Il y avait un moyen d’empêcher cette dérive : débrancher la commission von der Leyen en votant les motions de censure ; mais le PPE ne les a pas votées, pas plus que les socialistes ni Renew. (« Bravo ! » et applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.) Nous sommes en train de mettre des emplâtres sur une jambe de bois, mais le corps agricole, au niveau européen, vous l’avez tué ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)

    M. François Cormier-Bouligeon

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    N’importe quoi !

    M. le président

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    La parole est à Mme Aurélie Trouvé.

    Mme Aurélie Trouvé

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    Nous sommes bien sûr favorables à l’idée que défendent ces amendements, qui correspond à une demande historique de la Fédération nationale des coopératives d’utilisation de matériel agricole –⁠ ces milliers et milliers de petites coopératives qui jouent un rôle capital. Toutefois, cette mesure ne nous dispensera pas de la nécessité de mettre à plat la fiscalité agricole (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Dominique Potier applaudit également), laquelle fiscalité favorise actuellement la surmotorisation et la surmécanisation au détriment d’une agriculture autonome et économe. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    M. Benoît Biteau

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    Elle a raison !

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    À titre tout à fait exceptionnel, je vais retirer l’amendement no 1614 car les amendements no 1342 et identique, sous-amendés par notre collègue Julien Dive, sont plus complets et plus précis. Nous nous y rallierons. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR. –⁠ M. Pascal Lecamp applaudit également.)

    (L’amendement no 1614 est retiré.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 637.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        205
            Nombre de suffrages exprimés                200
            Majorité absolue                        101
                    Pour l’adoption                76
                    Contre                124

    (L’amendement no 637 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 3959.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        205
            Nombre de suffrages exprimés                205
            Majorité absolue                        103
                    Pour l’adoption                205
                    Contre                0

    (Le sous-amendement no 3959 est adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 1342 et 3389, sous-amendés.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        206
            Nombre de suffrages exprimés                206
            Majorité absolue                        104
                    Pour l’adoption                206
                    Contre                0

    (Les amendements identiques nos 1342 et 3389, sous-amendés, sont adoptés.)
    (Applaudissements sur divers bancs.)

    M. le président

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    Adoption à l’unanimité !
    La parole est à M. Benoît Biteau, pour soutenir l’amendement no 2043.

    M. Benoît Biteau

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    Il vise à introduire du commerce équitable, qu’on a l’habitude d’associer aux relations commerciales Nord-Sud, dans les rapports Nord-Nord. Au moment où tout le monde s’émeut du risque d’arrivée de produits de la zone Mercosur, il est urgent de réfléchir à la façon de construire un commerce équitable pour nos agriculteurs, dans une logique d’approvisionnement local et de juste rétribution. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    L’amendement propose des solutions fiscales susceptibles d’encourager cette logique de construction de revenu pour ceux qui fournissent des produits aux consommateurs dans leur zone de production. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ Mme Lisa Belluco applaudit également.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission a rejeté l’amendement. Créer un crédit d’impôt coûte toujours cher aux finances publiques. De plus, l’entreprise bénéficie, quoi qu’il en soit, d’un label de commerce équitable, qu’elle peut faire valoir comme critère de vente auprès des consommateurs. Avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Même avis, pour les mêmes raisons.

    (L’amendement no 2043 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Sur l’amendement no 778, je suis saisi par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Dominique Potier, pour soutenir l’amendement.

    M. Dominique Potier

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    Nous souhaitons favoriser le renouvellement des générations agricoles tout en cherchant à améliorer le partage et la transparence du marché foncier. L’amendement, qui a été élaboré avec toutes les forces syndicales et associatives qui militent en ce sens, vise à rétablir l’équité fiscale entre des personnes ou des sociétés transparentes, liées à des actifs agricoles, qui doivent payer des droits de mutation de 5,8 %, et des sociétés anonymes qui échappent à cette cotisation. L’absence de transparence favorise l’accaparement ; elle est bénie par un déni fiscal qui crée un handicap pour les agriculteurs issus du capitalisme populaire de petits propriétaires. Cette injustice persiste depuis longtemps. L’amendement a vocation à réguler le marché foncier en assurant sa transparence et à assurer des ressources au budget de l’État, que celui-ci saura bien réinvestir au service de l’agriculture.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Même avis.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 778.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        182
            Nombre de suffrages exprimés                180
            Majorité absolue                        91
                    Pour l’adoption                155
                    Contre                25

    (L’amendement no 778 est adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de sept amendements identiques, nos 106, 594, 698, 1856, 2083, 2805 et 3597.
    Sur l’amendement no 106, je suis saisi par les groupes Rassemblement national et Ensemble pour la République d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Cet amendement de Mme Sophie-Laurence Roy est défendu.
    La parole est à M. Marc Chavent, pour soutenir l’amendement no 594.

    M. Marc Chavent

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    Pour permettre la transmission de biens ruraux, en l’espèce de baux à long terme, à la génération suivante dans les meilleurs délais, l’amendement propose de transférer l’obligation de conservation desdits biens au bénéficiaire de la transmission sans que celle-ci fasse perdre le bénéfice de l’abattement qui impose aujourd’hui une durée de conservation de cinq ou dix-huit ans. Cela favoriserait la stabilité des exploitations et des terres agricoles qui en sont le support. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandra Marsaud, pour soutenir l’amendement no 698.

    Mme Sandra Marsaud

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    La transmission des biens ruraux se produit de plus en plus tardivement dans la vie des exploitants agricoles : l’espérance de vie augmentant, l’âge moyen auquel on hérite de ses parents ne cesse de reculer. Selon les données récentes, il dépasse désormais 50 ans. L’amendement, que j’ai cosigné avec plusieurs collègues, permet le transfert de l’obligation de conservation fiscale lors d’une donation à un descendant sans perte d’exonération, afin d’adapter le régime des baux à long terme à la réalité des successions familiales toujours plus tardives.

    M. le président

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    La parole est à M. Hubert Ott, pour soutenir l’amendement no 1856.

    M. Hubert Ott

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    Sans reprendre les arguments développés précédemment, je soulignerai qu’en transférant l’obligation de conservation aux bénéficiaires de la nouvelle transmission, le dispositif de soutien fiscal conserve pleinement son objectif consistant à favoriser la stabilité des exploitations et des terres agricoles qui en sont le support.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles de Courson, pour soutenir l’amendement no 2083.

    M. Charles de Courson

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    Il vise à permettre au bénéficiaire d’une première transmission de procéder à son tour à une nouvelle donation à la génération suivante, tout en maintenant l’obligation de conservation sur la tête du bénéficiaire de cette nouvelle donation, tandis qu’actuellement, il n’est pas possible de transmettre l’obligation de conservation. Le dispositif de soutien fiscal conserve pleinement son objectif, qui est de favoriser la stabilité des exploitations et des terres agricoles qui en sont le support.

    M. le président

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    L’amendement no 2805 de Mme Delphine Lingemann est défendu.
    La parole est à M. Jean-René Cazeneuve, pour soutenir l’amendement no 3597.

    M. Jean-René Cazeneuve

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    Je n’entrerai pas dans le détail car les précédents orateurs ont très bien défendu des amendements identiques. Ces amendements ont été élaborés avec la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vin à appellations d’origine contrôlées (Cnaoc). Au sein d’une même famille, la double transmission peut se présenter car du fait de l’augmentation de l’espérance de vie, l’âge moyen auquel nos concitoyens héritent est de plus en plus tardif. Il faut vraiment stabiliser les successions au sein de ces familles et pour cela faciliter sur le plan fiscal cette continuité d’activité.

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission a donné un avis favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Je souhaite rappeler la situation actuelle. Il est possible de transmettre un bien donné à bail d’une valeur de 600 000 euros avec un abattement de 75 %. Cette disposition se cumule avec les dispositifs de droit commun concernant les droits de mutation à titre gratuit (DMTG), tels que l’abattement de 100 000 euros par parent et par enfant dans le cas des transmissions en ligne directe. Nous en avons discuté préalablement, mais je souligne que ces dispositions s’appliquent aussi à ces situations. Il nous paraît important de conserver l’obligation de conservation pendant cinq ans du bien par le donataire.
    C’est la raison pour laquelle j’émets un avis défavorable sur ces amendements.

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Le groupe socialiste s’oppose à ces amendements identiques. Il y a deux ans, Bruno Le Maire, alors ministre de l’économie, nous faisait part de son émoi concernant la transmission des exploitations, alors qu’il participait à la Saint-Vincent en Champagne, en évoquant des montants transmis incroyables. Si nous voulons favoriser le renouvellement des générations, aider le commun des paysans et en particulier les jeunes agriculteurs, il faut y consacrer des moyens plutôt que de les employer à défiscaliser de tels montants. Au lieu de financer 100 millions d’euros de défiscalisation, nous pourrions augmenter de 5 000 euros la dotation jeunes agriculteurs (DJA) pour les jeunes qui assureront la relève. Arrêtons de défiscaliser ceux qui possèdent d’immenses patrimoines ; ils représentent à peine 1 % du monde agricole.

    M. Hervé Saulignac

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    Bien sûr !

    M. Dominique Potier

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    Aidons la relève agricole.

    M. Hervé Saulignac

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    Aidons la jeunesse !

    M. Dominique Potier

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    Faisons des choix clairs en faveur de la solidarité et de l’esprit d’entreprise et non de la rente, du patrimoine et du capital. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC. –⁠ M. Benoît Biteau applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. Jean-Paul Mattei.

    M. Jean-Paul Mattei

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    Je soutiens ces amendements car ils tendent à instaurer des dispositions similaires à celles du pacte Dutreil. Je sais bien que celui-ci est critiqué, cependant il ne s’agit pas seulement de grands patrimoines mais d’entreprises. Je ne vois pas pourquoi le foncier agricole est plus maltraité que les biens d’entreprises. Dans le cadre du pacte Dutreil, cette double transmission est possible dès lors que le donataire reprend les engagements. Ces amendements tendent donc à aligner le dispositif pour la transmission du foncier agricole sur ce qui existe déjà en matière de transmission d’entreprises.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 106, 594, 698, 1856, 2083, 2805 et 3597.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        197
            Nombre de suffrages exprimés                195
            Majorité absolue                        98
                    Pour l’adoption                129
                    Contre                66

    (Les amendements identiques nos 106, 594, 698, 1856, 2083, 2805 et 3597 sont adoptés.)
    (M. François Cormier-Bouligeon applaudit.)

    M. le président

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    Je suis saisi de six amendements identiques, nos 107, 595, 700, 1858, 2059 et 2797.
    La parole est à M. Matthias Renault, pour soutenir l’amendement no 107.

    M. Matthias Renault

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    Le code général des impôts prévoit une exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit pour les biens ruraux donnés à bail à long terme, à la condition que les biens soient conservés en nature. Une telle disposition paraît décalée par rapport au système actuel de transmission des exploitations car la majorité des exploitations agricoles sont actuellement gérées par des sociétés. Nous souhaitons assouplir le dispositif fiscal afin qu’il corresponde au mieux à la réalité présente.

    M. le président

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    Les amendements identiques nos 595 de M. Maxime Michelet et 700 de Mme Sandra Marsaud sont défendus.
    La parole est à M. Hubert Ott, pour soutenir l’amendement no 1858.

    M. Hubert Ott

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    L’article 793  bis du code général des impôts (CGI), dans sa rédaction actuelle, impose une conservation en nature du bien transmis, sans tenir compte de l’évolution croissante de la gestion agricole au travers des structures sociétaires, notamment les groupements fonciers agricoles (GFA), les sociétés de droit commun et les sociétés d’exploitation agricoles, civiles ou sous forme commerciale. Il est souhaitable de permettre, pendant la durée d’engagement de conservation, l’apport pur et simple des biens transmis à une société, à condition que l’objet social de cette dernière soit strictement limité à la propriété ou à l’exploitation de biens agricoles et que l’engagement de conservation se trouve transféré de plein droit sur les parts reçues en contrepartie.
    Cette mesure fonctionne par analogie avec la transmission en ligne directe. Il s’agit d’une proposition simple, pragmatique, sans coût pour l’État mais essentielle pour éviter une concentration du foncier agricole ou une fragilisation des structures familiales.
    Cette mesure transforme une contrainte administrative en un outil de stabilité économique compatible avec les besoins d’investissement des exploitations. Il ne faut pas oublier que les formes sociétaires permettent aux exploitants de réaliser plus facilement des investissements dans l’exploitation pour la transition agroenvironnementale, les innovations ou le renouvellement du matériel.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles de Courson, pour soutenir l’amendement no 2059.

    M. Charles de Courson

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    Ces amendements sont très simples. Il y a une mise en société du foncier sous des formes diverses telles que les GFA, les sociétés de droit commun, les sociétés à responsabilité limitée (SARL) ou les sociétés civiles d’exploitation agricole (SCEA). L’article 793  bis du code général des impôts d’après lequel le propriétaire doit maintenir la propriété directe et non pas être propriétaire du foncier à travers des parts sociales apparaît inadapté. Les amendements identiques visent donc à reporter les obligations qu’a un propriétaire direct sur les parts sociales qu’il détient.

    M. le président

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    L’amendement no 2797 de Mme Delphine Lingemann est défendu.

    (Les amendements identiques nos 107, 595, 700, 1858, 2059 et 2797, repoussés par la commission et le gouvernement, sont adoptés.)

    M. le président

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    Sur les amendements identiques nos 564 et 636, je suis saisi par le groupe Union des droites pour la République d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement no 564 de M. Vincent Rolland est défendu.
    Quant à l’amendement no 636, la parole est à M. Olivier Fayssat, pour le soutenir.

    M. Olivier Fayssat

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    Il tend à simplifier et à harmoniser l’exonération de taxe foncière pour les jeunes agriculteurs en prévoyant une remise de 100 % la première année d’installation, puis une réduction progressive de 80 % à 30 % au cours des quatre années suivantes. Comme toujours, l’objectif est de favoriser l’installation des jeunes agriculteurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe UDR et sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements identiques ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission a rejeté ces amendements.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Actuellement, le dégrèvement de la taxe foncière sur les propriétés non bâties est partiellement pris en charge par l’État et les communes et les établissements publics de coopération intercommunale peuvent déjà le porter à 100 %. Ce dispositif me paraît être équilibré étant donné qu’il s’agit d’un impôt local. Cet équilibre me paraît remis en cause par ces amendements qui tendent à faire supporter entièrement à l’État l’exonération de 100 %. Par conséquent, j’émets un avis défavorable.

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 564 et 636.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        178
            Nombre de suffrages exprimés                155
            Majorité absolue                        78
                    Pour l’adoption                79
                    Contre                76

    (Les amendements identiques nos 564 et 636 sont adoptés.)

    M. le président

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    La parole est à M. Nicolas Sansu, pour soutenir l’amendement no 2922.

    M. Nicolas Sansu

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    Un amendement similaire à cet amendement important avait été adopté l’an dernier mais il n’avait été retenu ni dans la loi spéciale ni dans le texte que le gouvernement a fait adopter par 49.3. Nos collègues Jean-Victor Castor et Davy Rimane nous le rappellent, la situation foncière en Guyane est unique. Elle résulte d’un héritage colonial lourd selon le principe de la terra nullius qui a conduit l’État à conserver la quasi-totalité du territoire alors même que des populations y vivaient depuis des siècles. Sur un territoire grand comme le Portugal, l’agriculture n’occupe que 0,47 % des surfaces tandis qu’environ 50 % du territoire hexagonal est agricole. La conséquence est directe : la Guyane ne couvre qu’environ 20 % de ses besoins alimentaires dans un contexte de croissance démographique record.
    Les accords de Guyane ont prévu 20 000 hectares pour la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) mais cette superficie est très en deçà des besoins réels. L’objectif partagé par l’État, la collectivité territoriale de Guyane et la chambre d’agriculture est d’atteindre 75 000 hectares de terres agricoles d’ici à 2030. Compte tenu des contraintes naturelles, seule la moitié des terres transférées peut réellement être mise en culture. Il faut donc libérer entre 125 000 et 150 000 hectares, soit moins de 2 % du territoire.

    M. le président

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    Merci de conclure.

    M. Nicolas Sansu

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    Je me dépêche.

    M. le président

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    Vous ne pourrez pas tout lire.

    M. Nicolas Sansu

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    L’amendement, très simple, vise à réaliser un transfert progressif sur dix ans pour tenir enfin les engagements de 2017, sécuriser le foncier agricole et construire la souveraineté alimentaire dont la Guyane a besoin. Si nous ne desserrons pas l’étau foncier maintenant, les conséquences sociales telles que la vie chère… (Le temps de parole étant écoulé, M. le président coupe le micro de l’orateur. –⁠ Quelques députés du groupe LFI-NFP applaudissent ce dernier.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    L’amendement no 2922 n’a pas été examiné en commission. Je comprends l’argumentation développée par M. Sansu, toutefois, à titre personnel, j’y suis défavorable pour plusieurs raisons que je présenterai brièvement.
    D’abord, les accords de Guyane prévoyaient la cession à la Safer de 20 000 hectares en vue de leur rétrocession ultérieure aux agriculteurs guyanais tandis que l’amendement no 2922 prévoit une cession de 125 000 à 150 000 hectares. S’il est central, la Safer n’est pas le seul opérateur de la mise en valeur du foncier agricole pour atteindre l’objectif de 75 000 hectares de surface agricole utile en 2030. Les collectivités locales se verront rétrocéder 250 000 hectares, qui pourraient potentiellement tout à fait être mobilisés pour une telle mise en valeur.
    Sur le plan juridique, l’amendement est partiellement redondant avec l’article L. 5141-1 du code général de la propriété des personnes publiques, introduit par la loi de finances pour 2025, qui rend déjà opérante la cession à titre gratuit de foncier à la Safer de Guyane.
    Enfin, en matière de cessions de foncier de l’État, il me semble que c’est le code général de la propriété des personnes publiques qu’il conviendrait de modifier plutôt que le code rural et de la pêche maritime.
    À titre personnel, j’émets donc un avis défavorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    J’irai dans le même sens que le rapporteur général, en rappelant d’abord qu’en ce qui concerne le dispositif, la loi de finances pour 2025 a déjà rendu opérante la cession à titre gratuit de foncier à la Safer de Guyane. En ce qui concerne l’importance de la surface agricole à céder, l’accord de Guyane de 2017 –⁠ cela a été rappelé – prévoyait la cession de 20 000 hectares. Il faut d’abord aller au bout de cette cession avant d’envisager d’aller plus loin. C’est la raison pour laquelle le gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

    M. le président

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    La parole est à M. Nicolas Sansu.

    M. Nicolas Sansu

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    Nous opérons un recul par rapport à ce qui a été voté l’an dernier ici et à ce qui a été annoncé par le gouvernement à nos collègues guyanais. Il me paraît fort dommage de ne pas enclencher la mécanique pour augmenter vraiment la surface agricole utile en Guyane alors que les Guyanais ne peuvent pas parvenir à la souveraineté alimentaire. L’État manque à sa parole envers nos collègues guyanais et envers la population guyanaise. Vous commettez ici une erreur grave.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 2922.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        203
            Nombre de suffrages exprimés                121
            Majorité absolue                        61
                    Pour l’adoption                68
                    Contre                53

    (L’amendement no 2922 est adopté.)
    (Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP et SOC.)

    M. le président

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    Sur l’amendement no 1431, je suis saisi par le groupe Rassemblement national d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Je suis saisi de neuf amendements, nos 1431, 109, 184, 270, 394, 708, 1150, 2278 et 2684, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 109, 184, 270, 394, 708, 1150, 2278 et 2684 sont identiques.
    La parole est à Mme Claire Marais-Beuil, pour soutenir l’amendement no 1431.

    Mme Claire Marais-Beuil

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    Les indemnités d’abattage ne peuvent être assimilées à des revenus professionnels, car ce sont des compensations destinées à réparer une perte de capital d’exploitation. Les soumettre à cotisations reviendrait à pénaliser doublement les exploitants, déjà fragilisés par des crises sanitaires récurrentes.
    Nous vous demandons donc d’ajouter une exonération sociale correspondant aux exonérations fiscales prévues, de garantir la cohérence du dispositif fiscal et social, et de soutenir concrètement les éleveurs français, dont la viabilité économique conditionne la souveraineté alimentaire de la France. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. Éric Martineau, pour soutenir l’amendement no 109.

    M. Éric Martineau

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    C’est un amendement de cohérence. Si l’article 10 crée un dispositif d’exonération fiscale portant sur la différence entre la valeur des animaux affectés à la reproduction d’un cheptel et l’indemnité perçue au titre de l’abattage de ces animaux en raison de crises sanitaires comme la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), il ne prévoit aucune exonération sociale.
    Je tiens à préciser que cet amendement, qui concerne tous les agriculteurs, a été travaillé avec la FNSEA. En tant que député, j’écoute tous les syndicats, et lorsque les mesures qu’ils proposent sont bonnes, j’estime qu’il faut les défendre. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe Dem.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-Christine Dalloz, pour soutenir l’amendement no 184.

    Mme Marie-Christine Dalloz

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    L’article 10 prévoit une mesure exceptionnelle d’accompagnement de nos exploitants agricoles, afin de les aider à faire face aux difficultés qu’ils rencontrent, notamment en raison de la dermatose nodulaire contagieuse. C’est une bonne chose ; il est en effet essentiel qu’ils bénéficient d’un soutien fort de l’État.
    Cependant, il ne s’agit que d’une exonération fiscale. L’amendement vise donc à étendre cette exonération aux cotisations sociales. En effet, il n’y a pas de raison que les exploitants paient des cotisations sociales sur la compensation d’une perte morale et financière importante, ni que les caisses sociales s’enrichissent sur leur dos, alors qu’ils ont subi un préjudice terrible.
    L’idée est donc de faire un parallèle entre l’exonération fiscale et l’exonération sociale. Je pense que c’est un geste fort adressé au monde agricole, à un moment où il souffre, du fait de la dermatose nodulaire contagieuse.

    M. le président

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    L’amendement no 270 de M. Freddy Sertin est défendu.
    La parole est à M. Corentin Le Fur, pour soutenir l’amendement no 394.

    M. Corentin Le Fur

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    Ces amendements ont déjà été parfaitement présentés. Nous soutenons tout ce qui peut aider les éleveurs qui sont confrontés à l’abattage de leurs troupeaux, car nous savons à quel point c’est traumatisant.
    Il me semble juste, par parallélisme des formes, de prévoir à la fois des exonérations fiscales et des exonérations sociales. Soutenons le monde agricole et les éleveurs, qui sont confrontés à des crises sanitaires et à des épizooties très préjudiciables pour eux comme pour l’agriculture française.

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandra Marsaud, pour soutenir l’amendement no 708.

    Mme Sandra Marsaud

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    Pour compléter ce qui a été dit, je voudrais ajouter qu’il est très important de soutenir les territoires touchés par la propagation de ces maladies. En Charente comme en Dordogne, à côté de chez moi, il y a la tuberculose bovine. Cela fait des années que les abattages successifs affaiblissent les bilans des agriculteurs. Je vous invite donc à voter ces amendements.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles de Courson, pour soutenir l’amendement no 1150.

    M. Charles de Courson

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    Ces amendements ont un double objectif. Actuellement, l’assiette des cotisations sociales est très proche de l’assiette des bénéfices agricoles, sans être tout à fait identique.
    Comme l’article 10 prévoit d’exonérer d’impôt sur le revenu la différence entre les indemnités d’abattage et l’actif net, c’est-à-dire la plus-value, je vous invite à être cohérents et à compléter cette mesure par une exonération de cotisations sociales. Sinon, le désaccord entre les deux assiettes renforcerait la complexité de la situation. C’est donc un amendement de cohérence et de simplification.

    M. le président

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    La parole est à Mme Manon Meunier, pour soutenir l’amendement no 2278.

    Mme Manon Meunier

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    L’exonération proposée vise à soutenir les éleveurs, notamment ceux qui subissent des abattages totaux. La crise de dermatose qui a explosé cet été a en effet entraîné de nombreuses situations de détresse. Ce dispositif pallie un manque, mais il faut aussi que nous nous posions des questions sur nos stratégies sanitaires, afin d’éviter de voir se reproduire de telles situations de détresse.
    Avant-hier, par exemple, la Confédération paysanne nous a alertés sur un abattage total qui a eu lieu dans les Pyrénées-Orientales, dans des conditions inacceptables : les vaches n’étaient pas contenues, l’éleveur n’avait pas été mis au courant et l’expert n’était pas arrivé. Cela s’est fini par un abattage à la carabine. Ce n’est pas acceptable dans notre pays. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
    En plus de ces exonérations, qui sont des mesures à la marge, nous devons donc avoir une véritable réflexion sur les moyens publics mobilisés pour gérer ces épidémies.

    M. le président

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    Sur les amendements nos 109 et identiques, je suis saisi par le groupe Droite républicaine d’une demande de scrutin public.
    Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    L’amendement no 2684 de M. Jean-Luc Fugit est défendu.
    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission a donné un avis défavorable à tous ces amendements, à l’exception de l’amendement no 1431, qui n’a pas été examiné. J’y suis défavorable également, pour des raisons de rédaction.
    De plus, je me demande si l’exonération que vous prévoyez n’est pas partiellement redondante avec l’article L. 136-4 du code de la sécurité sociale, qui prévoit que « la différence entre l’indemnité versée en compensation de l’abattage total ou partiel des troupeaux et la valeur en stock ou en compte d’achats des animaux abattus » est exonérée de prélèvements sociaux.
    Nous avons déjà eu ce débat la semaine dernière, car des amendements identiques avaient été déposés sur le PLFSS. J’aimerais en profiter pour interroger les ministres–⁠ puisque Mme la ministre de l’action et des comptes publics vient de nous rejoindre : cette exonération couvre-t-elle aussi les plus-values liées aux animaux immobilisés ?

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    M. David Amiel, ministre délégué

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    Monsieur le rapporteur général, en l’état de notre analyse de l’amendement, la réponse à votre question technique est oui. Il nous semble que la disposition s’applique à la fois aux animaux stockés et aux animaux immobilisés.
    S’agissant des amendements en discussion, j’estime que ceux qui ont été adoptés pour défiscaliser complètement l’indemnité liée à l’abattage répondent aux préoccupations soulevées, sans qu’il soit nécessaire d’y ajouter des exonérations sociales. Nous devrions d’ailleurs plutôt en débattre dans le cadre du PLFSS. C’est la raison pour laquelle j’émets un avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Hervé de Lépinau.

    M. Hervé de Lépinau

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    Par principe, une indemnité n’est pas fiscalisable. À partir du moment où on considère qu’il ne s’agit pas d’un revenu, on ne prélève pas non plus de charges sociales. C’est un principe enseigné en droit.
    Ce que les organismes sociaux y perdraient pourrait être récupéré sur les 20 milliards que la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) a perdus ces quatre dernières années et que vous ne faites aucun effort pour récupérer. C’est assez effrayant de voir que vous essayez systématiquement de contraindre des gens qui sont dans la souffrance –⁠ je pense à nos éleveurs – en pinaillant sur la possibilité ou non de fiscaliser ou de soumettre à charges sociales des indemnités, alors que vous laissez grandes ouvertes les portes de la gabegie, en ne cherchant pas à récupérer ces fameux 20 milliards. (Applaudissements sur les bancs du groupe RN.)

    M. le président

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    La parole est à M. Dominique Potier.

    M. Dominique Potier

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    Nous ne soutiendrons pas ces amendements, car nous avons fait adopter hier, grâce à Marie-José Allemand, un principe de double défiscalisation qui est à la hauteur du préjudice subi par les éleveurs confrontés à un abattage total. Nous nous en félicitons.
    Malgré l’estime et l’amitié que j’ai pour ma collègue Manon Meunier, je ne peux pas laisser dire ce que j’ai entendu sur la prophylaxie. Je fais partie d’une génération qui a connu la fièvre aphteuse et les problèmes de tuberculose. Je vous assure que c’est par notre fermeté et notre clarté que nous avons gagné la bataille contre ces zoonoses, en imposant la vaccination, les contrôles obligatoires et l’abattage total d’un troupeau, si nécessaire. La prophylaxie, ce n’est pas du sentimentalisme. Cela ne nous empêche pas d’avoir de la compassion pour les éleveurs concernés. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes SOC et Dem.)
    Une fois n’est pas coutume, je voudrais soutenir la ligne défendue par Annie Genevard et l’ensemble des filières professionnelles concernées. C’est notre clarté, notre fermeté et notre honnêteté qui nous permettront de vaincre les maladies, avec l’aide de l’Europe. Si la doctrine devait évoluer à l’échelle européenne ou française, nous nous adapterions pour éviter ces abattages. Mais en attendant, nous devons nous fonder sur la science vétérinaire –⁠ et uniquement sur elle – pour protéger l’élevage français et européen de ces nouvelles maladies. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)

    M. Aurélien Rousseau

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    Bravo !

    M. le président

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    La parole est à Mme Manon Meunier.

    Mme Manon Meunier

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    Je vous invite à lire le rapport de l’Efsa sur la dermatose nodulaire contagieuse. Je n’ai rien dit de plus que ce qu’il y a dans ce rapport : une fois que la vaccination est effective dans un territoire, l’efficacité sanitaire d’un abattage partiel est équivalente à celle d’un abattage total. Dans ce cas, il devient obsolète de continuer à faire des abattages totaux. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
    Ensuite, il faut s’interroger sur tout ce qui entoure ces problèmes sanitaires : je pense non seulement à leurs effets sur l’économie et les filières, mais aussi à leurs conséquences psychologiques pour les éleveurs. Nous ne pouvons pas les mettre de côté, à l’heure où le changement climatique entraîne une accélération des épizooties.
    Arrêtons de fonder nos politiques sanitaires sur des logiques de marché européen. L’Europe entière doit se remettre en question sur ce sujet. Nous ne tiendrons plus longtemps avec ces politiques d’abattage total systématique…

    M. le président

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    Merci de conclure.

    Mme Manon Meunier

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    …qui conduisent à la mise en danger de filières économiques entières et surtout à des situations de détresse psychologique inacceptables, alors que nous pourrions faire différemment et investir massivement, avec l’État, dans des dispositifs… (Le temps de parole étant écoulé, M. le président coupe le micro de l’oratrice. –⁠ Les députés du groupe LFI-NFP applaudissent cette dernière.)

    M. le président

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    La parole est à M. Stéphane Mazars.

    M. Stéphane Mazars

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    J’avais déposé un amendement en ce sens, le no 672, qui n’a pas été appelé dans le cadre de cette discussion commune ; il le sera un peu plus tard, s’il ne tombe pas à la suite de nos prochains votes.
    Une indemnisation ne doit pas supporter de charges fiscales ni sociales (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et DR), puisqu’elle est versée afin de réparer un préjudice. En outre, le cadre est assez restreint : il faut calculer la différence entre l’indemnité et la valeur nette comptable du cheptel, le but étant la reconstitution du capital représenté par ce cheptel, d’où le fait que l’exploitant doive s’engager à investir en ce sens dans un délai d’un an à compter du versement de l’indemnité. Il s’agit donc vraiment d’un régime indemnitaire, d’un but de réparation, consistant pour l’éleveur à reconstituer le cheptel qu’il a perdu. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Marc Fesneau.

    M. Marc Fesneau

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    Nous soutiendrons les amendements identiques, qui sont équilibrés. Je souscris tout à fait à ce qu’a dit le collègue Potier : il importe de bien poser la question de la prophylaxie –⁠ parfois douloureuse, vous avez raison, madame Meunier, mais personne ici ne sait mieux que moi, que certains d’entre nous, ce que représente pour un éleveur le fait de voir abattre toutes ses bêtes. Nous l’avons vécu avec l’influenza aviaire, nous le vivons avec la dermatose bovine ; en rabattre sur les questions de science, prétendre que l’on peut faire abstraction de ce que disent les scientifiques, n’est pas la solution.

    Plusieurs députés du groupe LFI-NFP

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    Ce n’est pas ce qu’elle a dit !

    M. Marc Fesneau

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    Je voudrais saluer au passage le travail de la direction générale de l’alimentation (DGAL), des services vétérinaires, que nous avons besoin de conforter dans leur travail de terrain (Applaudissements sur quelques bancs des groupes Dem, EPR, SOC et HOR), très douloureux pour eux aussi –⁠ un abattage n’amuse personne !
    Un pays touché par certaines maladies ne peut plus exporter : vous verrez les conséquences, les dégâts, y compris humains (Mme Sandra Marsaud applaudit), dans les filières concernées. Enfin, je ne résiste pas au plaisir de vous rappeler qu’il est bon d’écouter l’Efsa à condition de l’écouter tout le temps. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes Dem et EPR.)

    Mme Sandra Marsaud

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    Très bien !

    M. Marc Fesneau

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    Vous triez ses conclusions ; moi, dès lors que la science dit quelque chose, je l’accepte, à ce sujet comme à celui de l’acétamipride ! (Mêmes mouvements.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre de l’action et des comptes publics.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre de l’action et des comptes publics

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    Je souhaitais répondre à M. de Lépinau. Notre droit fiscal comprend un principe simple : une indemnité qui remplace un revenu est fiscalisée comme le revenu qu’elle remplace. Ce n’est d’ailleurs pas complètement absurde ; sans cela, in fine, on gagnerait plus à la fin du mois dans un régime d’exception que dans un régime normal. L’article 10 prévoyait initialement que soit exonérée d’impôt la différence, correspondant en termes comptables à une plus-value, entre la valeur d’achat d’une vache, disons, et le montant de l’indemnité versée à l’éleveur afin de compenser l’abattage de sa bête sur instruction administrative.
    Je le répète, le gouvernement souhaitait cette mesure jamais prise auparavant. Hier soir, sur la proposition de la députée Allemand, vous avez opté pour la défiscalisation non seulement de cette plus-value mais de l’intégralité de l’indemnité, y compris lorsqu’elle fait plus que compenser la charge initiale. Désormais, vous souhaitez y ajouter une exonération sociale : nous entrons là dans un cadre totalement dérogatoire, bien au-delà de la mesure fiscale, qui constituait déjà une exception. Il importait de le préciser.
    Enfin, je ne peux laisser dire que nous ne faisons rien pour que les indus et erreurs de la Caisse nationale des allocations familiales soient résorbés. Je vous en parlerai d’autant plus calmement qu’en 2021, alors que j’étais ministre de la transformation et de la fonction publiques, nous avons lancé un immense chantier informatique, intitulé Solidarité à la source, afin que soient préremplies les déclarations trimestrielles de ressources des allocataires de la prime d’activité ou du RSA. Il a fallu quatre ans pour sécuriser le dispositif ; depuis mars 2025, il fonctionne dans tout le pays.
    De mémoire, 98 %, de ces déclarations préremplies –⁠ le préremplissage s’opère comme celui de la déclaration de revenus – sont validées telles quelles par les assurés. J’ai répondu sur ce point à plusieurs questions au gouvernement émanant de votre groupe ; le gouvernement y a consacré des moyens, il a surtout sécurisé l’ensemble de la chaîne de déclaration. Qu’il s’agisse des erreurs commises de bonne foi par les assurés, des erreurs de mauvaise foi, qui constituent des fraudes, ou des indus du système, ce que vous évoquez vient en bonne partie du fait qu’honnêtement, si nous avions eu à remplir cette déclaration il y a quelques années, vous comme moi n’aurions pu que nous tromper : en effet, les décisions successives du Parlement ont fait que la base de ressources utilisée en matière de prime d’activité, de RSA, ne correspond à aucune ligne de la feuille de paie de quelque Français que ce soit.
    Désormais, je le répète, c’est la caisse d’allocations familiales (CAF) qui collecte les données et effectue le calcul, précisément pour qu’erreurs et indus cessent d’atteindre un montant tel que la Cour des comptes n’a pu certifier les comptes de la Cnaf. Encore une fois, je ne peux donc laisser dire que nous ne faisons rien, tout au contraire : notre mobilisation est entière. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EPR et Dem.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 1431.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        211
            Nombre de suffrages exprimés                211
            Majorité absolue                        106
                    Pour l’adoption                93
                    Contre                118

    (L’amendement no 1431 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 109, 184, 270, 394, 708, 1150, 2278 et 2684.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        214
            Nombre de suffrages exprimés                211
            Majorité absolue                        106
                    Pour l’adoption                211
                    Contre                0

    (Les amendements identiques nos 109, 184, 270, 394, 708, 1150, 2278 et 2684 sont adoptés.)

    Suspension et reprise de la séance

    M. le président

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    La séance est suspendue.

    (La séance, suspendue à onze heures vingt, est reprise à onze heures trente-cinq.)

    M. le président

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    La séance est reprise.
    Je suis saisi de deux demandes de scrutin public : sur l’amendement no 3361, par le groupe Les Démocrates ; sur les amendements nos 114 et identiques, par le groupe Ensemble pour la République.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Benoît Biteau, pour soutenir l’amendement no 2242.

    M. Benoît Biteau

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    Depuis quelques jours, nous parlons d’argent public. On ne peut que constater que des sommes importantes sont engagées dans des réponses curatives pour assainir l’eau lorsqu’elle est polluée par des pesticides ou des nitrates.
    Cet amendement propose d’accompagner les agriculteurs vers des solutions agroécologiques et vers la sortie du glyphosate, une molécule qui pose de vrais problèmes pour la gestion de la qualité de l’eau.
    Pour ce faire, je propose de restaurer pour les trois années à venir un crédit d’impôt qui a existé par le passé, de manière à accompagner les agriculteurs qui font l’effort de chercher des solutions alternatives à l’utilisation du glyphosate. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Votre amendement propose de rétablir un crédit d’impôt qui s’est éteint en 2023, qui constituait à l’époque une mesure ponctuelle et dont l’efficacité n’avait pas été jugée suffisante pour justifier sa prorogation. Je donnerai donc un avis défavorable à cet amendement, que la commission a repoussé.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Même avis que M. le rapporteur général. Nous ne voulons pas rétablir ce crédit d’impôt, qui était effectivement temporaire.
    Vous avez déjà rétabli le crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique et vous l’avez même amélioré, puisque vous en avez augmenté les plafonds et les montants. Vous l’avez également prolongé pour une année supplémentaire par rapport à la proposition du gouvernement.
    Nous n’avons pas prévu de rétablir le dispositif qui fait l’objet de cet amendement. Il était lié à un moment très particulier, et son montant avait triplé entre 2022 et 2023. Nous préférons nous concentrer sur des outils qui permettent d’agir de façon plus large en faveur de nos agriculteurs sur le terrain. Nous aurons, un peu plus tard, à débattre d’autres crédits d’impôt.
    Je vous propose donc d’utiliser la boîte à outils existante, que vous avez déjà largement renforcée hier soir, plutôt que de rétablir des dispositions supprimées. Concentrons nos moyens sur des mesures dont nous connaissons l’efficacité. C’est donc une demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à Mme Sandra Regol.

    Mme Sandra Regol

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    Madame la ministre, j’entends vos réponses, mais cette assemblée et le pays entier ont été secoués par les affaires liées aux pesticides et à leurs effets.
    Nous avons le devoir de donner des gages après la loi Duplomb et de démontrer que cette assemblée est capable de protéger la population des effets néfastes, scientifiquement documentés, des différents pesticides.
    Vous nous enjoignez régulièrement d’arrêter d’utiliser le bâton et de préférer la carotte. Cet amendement de mon collègue Benoît Biteau propose justement l’incitation plutôt que la sanction.
    L’immense majorité de la population demande à être protégée contre les pesticides, mais nous faisons face à des tentatives répétées qui cherchent à faire reculer le niveau de protection existant. Il est quand même incroyable de devoir se battre constamment pour essayer de protéger la population. On ne devrait pas avoir à négocier pour conserver des dispositifs qui fonctionnent et qui rassurent. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)

    (L’amendement no 2242 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de huit amendements, nos 3361, 114, 355, 681, 697, 744, 851 et 1105, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 114, 355, 681, 697, 744, 851 et 1105 sont identiques.
    La parole est à M. Hubert Ott, pour soutenir l’amendement no 3361.

    M. Hubert Ott

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    Le crédit d’impôt pour les entreprises disposant d’une certification d’exploitation à haute valeur environnementale (HVE) doit s’éteindre au 31 décembre 2025. Parallèlement, la nouvelle politique agricole commune (PAC) 2023-2027 prévoit la disparition des aides spécifiques liées aux écorégimes dont bénéficiaient notamment les exploitations certifiées HVE. Cette évolution risque de fragiliser les exploitations engagées dans des pratiques durables, en particulier dans le secteur de la viticulture.
    Cet amendement propose de prolonger le crédit d’impôt HVE au titre de l’année 2026 au seul bénéfice des exploitations viticoles. Cette mesure répond à des enjeux environnementaux, économiques et sociaux. La viticulture nécessite en effet des pratiques culturales spécifiques pour limiter son impact écologique, protéger la biodiversité et réduire l’usage des intrants chimiques. Elle représente un secteur stratégique de l’économie française, pour lequel la qualité environnementale des productions constitue un atout majeur sur les marchés nationaux et internationaux.
    Le maintien de ce crédit d’impôt soutiendra les exploitations viticoles familiales qui contribuent à l’emploi local et à la valorisation des produits du terroir. Je témoigne que la quasi-totalité des exploitations viticoles en Alsace sont certifiées HVE et la qualité paysagère qui en découle est bien visible.

    M. le président

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    La parole est à M. Éric Martineau, pour soutenir l’amendement no 114.

    M. Éric Martineau

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    Cet amendement vise à prolonger le crédit d’impôt dont bénéficient les exploitations certifiées HVE. Je suis persuadé qu’il faut arrêter d’opposer nos agricultures et les différentes certifications.
    J’entends des craintes et une forme de confusion chez certains. On peut être certifié HVE sans être bio, c’est vrai, tout comme on peut être bio sans être certifié HVE. Je sais de quoi je parle et je peux vous assurer que ce sont des cahiers des charges très différents. Ce qui importe, c’est d’inciter nos agriculteurs à aller vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Le label HVE y contribue et peut tirer l’agriculture vers le haut. Je vous invite donc à adopter ces amendements. (Applaudissements sur les bancs du groupe Dem.)

    M. le président

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    La parole est à M. Vincent Descoeur, pour soutenir l’amendement no 355.

    M. Vincent Descoeur

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    Comme vient de l’indiquer notre collègue, l’objet de cet amendement est de reconduire ce dispositif pour l’année 2026. Je rappelle que l’objectif national affiché de 50 000 exploitations certifiées HVE en 2030 est loin d’être atteint. Il convient donc de soutenir ceux qui sont engagés dans cette démarche.

    M. le président

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    Les amendements nos 681 de M. Jean-René Cazeneuve, 697 de Mme Lise Magnier, 744 de M. Julien Dive et 851 de M. Stéphane Travert sont défendus.

    M. le président

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    La parole est à Mme Nicole Le Peih, pour soutenir l’amendement no 1105.

    Mme Nicole Le Peih

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    Cet amendement proroge le crédit d’impôt pour les exploitations certifiées HVE. Ce label, reconnu des consommateurs, engage les agriculteurs dans des pratiques plus vertueuses : réduction des intrants, préservation de la biodiversité et, surtout, sobriété en eau.
    Mais cette certification a un coût, surtout pour les petites exploitations. Je pense par exemple aux jeunes agriculteurs qui ont repris mon exploitation. Pour aménager, à des fins sanitaires, le parcours herbeux de leurs volailles, ils ont dû construire ce qu’on appelle un jardin d’hiver –⁠ une sorte de véranda – devant chaque bâtiment, même en lisière de forêt.
    Ce crédit d’impôt est simple et lisible. C’est un levier concret pour accompagner la transition agroécologique sans la subir. Soutenir cet amendement, c’est valoriser ceux qui agissent déjà pour une agriculture durable, cohérente avec la PAC, et surtout attendue par nos concitoyens. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission sur ces amendements ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission n’a pas examiné l’amendement no 3361, qui proroge le crédit d’impôt uniquement pour les exploitations viticoles et l’éteint pour les autres. À titre personnel, je suggère à son auteur de le retirer, au profit des amendements nos 114 et identiques .
    La commission a rejeté ces derniers mais, à titre personnel, j’y suis favorable. D’abord parce que le crédit d’impôt de 2 500 euros a montré son efficacité, avec 7 000 bénéficiaires, pour un coût de 13 millions d’euros. Ensuite, parce que le rapport d’évaluation rendu au Parlement en 2023 a souligné que cet outil couvrait une partie des coûts de certification. Dès lors, il y a bien eu une hausse du nombre d’exploitations certifiées, ce qui est évidemment positif.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    J’aime vous donner des chiffres à chaque fois, pour que nous sachions de quoi nous parlons. Le coût du crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique s’élevait à 146 millions d’euros en 2024. Les dispositions que vous avez votées hier soir ajouteront 60 millions de dépenses fiscales en 2026. Si nous conservons la version votée hier soir, nous arriverons donc à environ 210 millions d’euros de soutien à l’agriculture biologique.
    Le gouvernement a proposé de mettre fin au crédit d’impôt dit HVE, qui visait à l’origine à lancer ce label et qui a déjà été prolongé à plusieurs reprises. Ce crédit d’impôt représente quant à lui une dépense de 13 millions d’euros. Mesdames et messieurs les députés, nous avons eu ce débat au sujet de toutes les niches fiscales : à un moment donné, n’aurions-nous pas plutôt intérêt à concentrer nos moyens –⁠ vous avez voté hier soir 210 millions de crédit d’impôt en faveur de l’agriculture biologique – plutôt que de conserver une multitude de dispositifs à tout petit bénéfice –⁠ 13 millions d’euros, en l’occurrence, pour le crédit d’impôt HVE ?
    Vous me direz que ces crédits d’impôt ne ciblent pas du tout les mêmes personnes.

    Mme Nicole Le Peih

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    En effet !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Mais vous voyez bien qu’au vu du nombre de bénéficiaires, cette niche fiscale de 13 millions d’euros représentera un gain individuel très limité.

    Mme Nicole Le Peih

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    Mais cela tire l’agriculture vers le haut !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je le redis ici avec beaucoup de calme : je ne pense pas que nous ayons besoin, à chaque fois que nous avons une bonne idée, d’y associer une niche fiscale. Le label HVE est une très bonne idée,…

    Mme Nicole Le Peih

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    Oui !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …mais pourquoi faudrait-il une niche fiscale qui va rapporter 200, 300 ou 400 euros à celui qui le met en œuvre ? Vous voyez bien que ce n’est pas le sujet. Le crédit d’impôt bio coûte 210 millions. Au vu du nombre d’agriculteurs concernés, cela représente un gain individuel de 6 000 à 7 000 euros par an. Vu le nombre de bénéficiaires du crédit HVE, avec 13 millions d’euros, le gain individuel ne serait que de 200, 300 ou 400 euros. Je préfère que nous fassions des choses qui marchent, plutôt que de créer une niche fiscale à chaque fois que nous avons une bonne idée. Je suis défavorable à ces amendements.

    M. le président

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    La parole est à M. Benoît Biteau.

    M. Benoît Biteau

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    Une fois n’est pas coutume, je bois du petit lait –⁠ sans vilain jeu de mots – en écoutant Mme la ministre. Le label HVE est une vaste tromperie pour le consommateur : derrière cette belle appellation de « haute valeur environnementale », on a un cahier des charges parfaitement inconséquent. J’en veux pour preuve le fait que fin octobre, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a condamné le plan stratégique national (PSN) français du fait de l’absence de conditionnalité suffisante pour justifier la distribution de ce qu’on appelle les écorégimes –⁠ c’est-à-dire l’écoconditionnalité. Ce qui est visé dans l’arrêt de la CJUE, c’est précisément l’écorégime HVE : 99,2 % de l’écorégime HVE en France a été validé sans que les pratiques agricoles aient été modifiées.
    Le label HVE constitue un outil d’optimisation des aides de la PAC dénué d’ambition. Il n’y a rien dans le cahier des charges : ce dernier ne dit rien de la réduction des pesticides (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS) –⁠ la liste des pesticides interdits dans le label HVE n’y figure pas. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Marie-José Allemand.

    Mme Marie-José Allemand

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    Le groupe Socialistes et apparentés est très partagé quant à ce dispositif. À titre personnel, j’y suis plutôt favorable, car il permet aux agriculteurs de sauter le pas vers l’agriculture biologique. Mon département, les Hautes-Alpes, est le champion de France de l’agriculture biologique : plus de 40 % des surfaces agricoles sont en agriculture biologique. Ce dispositif permettrait d’augmenter encore la part du bio.

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 3361.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        199
            Nombre de suffrages exprimés                181
            Majorité absolue                        91
                    Pour l’adoption                45
                    Contre                136

    (L’amendement no 3361 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix les amendements identiques nos 114, 355, 681, 697, 744, 851 et 1105.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        205
            Nombre de suffrages exprimés                198
            Majorité absolue                        100
                    Pour l’adoption                136
                    Contre                62

    (Les amendements identiques nos 114, 355, 681, 697, 744, 851 et 1105 sont adoptés ; en conséquence, l’amendement n° 672 tombe.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je voulais juste revenir sur un point pour le bon déroulement de nos débats. Pendant des mois, je n’ai entendu dans tout le pays qu’une question : « qu’allez-vous faire, madame la ministre, s’agissant de ces 474 niches fiscales ? » ; « On n’en peut plus », « c’est n’importe quoi », « c’est trop compliqué », « c’est de l’argent jeté par les fenêtres », « ce n’est pas évalué », « comment pouvez-vous laisser ce système fiscal, qui n’a pas été évalué, perdurer dans notre pays ? »

    M. Julien Dive

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    Tout à fait !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous avons proposé la suppression de plusieurs niches fiscales…

    M. Nicolas Sansu

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    Sauf Dutreil !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …dont certaines ont été évaluées, depuis des décennies, comme inefficaces. L’article 5 proposait d’en supprimer vingt-trois ; au terme de son examen, je crois qu’il y a eu moins de dix suppressions. Je le répète, nous ne pouvons pas avoir dans notre pays cette espèce de folie, monsieur le rapporteur général, qui consiste à dire que nous préférons le gruyère au beaufort.

    M. Nicolas Sansu

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    L’emmental !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    L’emmental au beaufort.

    M. Emeric Salmon

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    Le comté !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous préférons collectivement vivre avec des impôts qui facialement sont très élevés, mais qui ont plein de trous, plutôt que de décider de supprimer les trous en baissant les taux d’impôt. J’avais proposé –⁠ je sais que beaucoup y seraient sensibles – que nous supprimions massivement des niches et que nous baissions massivement les taux. Personne dans ce pays ne veut suivre ce chemin, parce que nous avons une espèce d’obsession : chaque secteur doit disposer de sa niche.
    Je vous le dis très sereinement –⁠ cela n’est pas propre aux questions agricoles, mais je fais ce point parce que nous allons entamer un nouveau cycle de débat –, on a une préférence pour le gain sectoriel, au détriment du gain collectif –⁠ c’est vraiment politique. On préfère manifestement l’emmental, qui a des trous, au beaufort. Je laisse chacun choisir son fromage de prédilection (Sourires), mais je pense que, fiscalement, notre système donne à tous beaucoup de difficultés de compréhension et qu’il nuit à l’équité d’exercice d’une activité économique. Je tenais à faire ce point politique, parce que sinon, nous tournons en rond avec nos milliers d’amendements et nous oublions le sens de ce qui est fait et voté.

    M. le président

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    La parole est à M. le rapporteur général.

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Madame la ministre, vous me montrez du doigt en parlant de folie fiscale. Permettez-moi de vous le dire –⁠ je ne donne de leçon à personne dans cet hémicycle – qu’évidemment, il y a trop de niches fiscales en France. Mais s’il y en a, c’est parce que le niveau d’imposition est très élevé. (Applaudissements sur les bancs du groupe DR et sur quelques bancs du groupe EPR.) Baissez les impôts et vous aurez moins de niches.

    M. le président

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    La parole est à M. le président de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire.

    M. Éric Coquerel, président de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

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    J’allais dire que j’étais d’accord avec Mme la ministre, mais pas sur le deuxième aspect.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il faut baisser les impôts !

    M. Éric Coquerel, président de la commission des finances

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    Bien sûr, il faut baisser les impôts. (Sourires.) Il faut beaucoup moins de recettes –⁠ on voit bien que l’État a trop de recettes pour conduire toutes les politiques d’investissement ! Je ne suis pas d’accord sur ce point.
    En revanche, je suis d’accord avec l’idée que recréer des niches, alors même que nous essayons d’en supprimer, n’est pas la bonne solution. Je ne dis pas cela seulement parce que je suis totalement contre le crédit d’impôt HVE, dont je ne vois vraiment pas l’utilité –⁠ en réalité, ce label contrevient par ricochet aux politiques en faveur du bio. De façon globale, je suis pour assumer que l’État à certains moments distribue des aides –⁠ des subventions conditionnées et fondées sur des critères précis –, sans que cela passe par des baisses d’impôt. Ce serait beaucoup plus vertueux. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)

    Après l’article 12

    M. le président

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    Je suis saisi de plusieurs amendements, nos 2720, 3595, 768, 2619, 1100 et 2239, pouvant être soumis à une discussion commune.
    Les amendements nos 2720 et 3595 sont identiques, de même que les amendements nos 768 et 2619.
    L’amendement no 2239 fait l’objet d’un sous-amendement, no 3996.
    L’amendement no 2720 de M. Michel Lauzzana est défendu.
    La parole est à M. Paul Midy, pour soutenir l’amendement no 3595.

    M. Paul Midy

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    Cette série d’amendements est très importante puisqu’elle concerne le dispositif jeune docteur. Je m’exprimerai sur plusieurs des amendements qui ont été déposés avec mes collègues du groupe Ensemble pour la République. Je veux aussi associer la soixantaine de députés, issus de tous les groupes, qui ont cosigné ma proposition de loi visant à rétablir le dispositif jeune docteur dans le crédit d’impôt recherche (CIR). Je les remercie. Cette proposition de loi est traduite dans les amendements que nous examinons.
    La suppression du dispositif jeune docteur a eu des conséquences dramatiques cette année. D’après les chiffres du collectif jeunes docteurs crédit impôt recherche (JDCIR), 3 000 jeunes docteurs ont été licenciés ou se sont retrouvés sur le carreau. Il s’agit d’un plan social majeur dans l’innovation. Cette suppression a affecté l’activité de centaines de PME –⁠ certaines ont dû cesser leur activité.
    Ce dispositif est très important pour soutenir nos jeunes docteurs, pour les garder en France et pour soutenir nos entreprises innovantes. Par ailleurs, il assure le lien humain entre la recherche publique et la recherche privée. Il est donc nécessaire de le rétablir.

    M. le président

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    Sur l’amendement n° 2239 et le sous-amendement n° 3996, je suis saisi par le groupe Ensemble pour la République de demandes de scrutin public.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl, pour soutenir l’amendement no 768.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Il est défendu.

    M. le président

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    La parole est à Mme Louise Morel, pour soutenir l’amendement no 2619.

    Mme Louise Morel

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    Je rejoins les propos de notre collègue Paul Midy. Nous avons fait une erreur en supprimant l’an dernier dans le projet de loi de finances pour 2025 le dispositif jeune docteur. Cette suppression a certes permis de dégager 90 millions d’euros pour nos finances publiques, mais à quel prix ! Aujourd’hui, les très petites, petites et moyennes entreprises (TPE-PME) ont des difficultés très importantes à embaucher des jeunes docteurs, du fait de la concurrence internationale qui est très forte –⁠ les salaires sont bien plus élevés à l’étranger. Cette suppression a également retardé certaines innovations, des budgets recherche et développement (R&D) ont été amputés et des contrats ont été rompus. Demain, certaines innovations ne verront pas le jour sur notre territoire, alors que nous avons devant nous des défis technologiques considérables : l’IA, le quantique, l’investissement dans la santé et dans tant d’autres domaines.
    L’amendement ne vise pas à rétablir le dispositif initial mais à le cibler sur les entreprises qui ont le plus besoin que l’on soutienne leurs activités de recherche et développement : les PME et les TPE. (M. Paul Midy applaudit.)

    M. le président

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    L’amendement no 1100 de M. Charles Sitzenstuhl est défendu.
    La parole est à M. Paul Midy, pour soutenir l’amendement no 2239, qui fait l’objet du sous-amendement no 3996.

    M. Paul Midy

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    J’ai déposé, avec de nombreux collègues, deux amendements : l’amendement no 3595, que j’ai défendu précédemment, vise à rétablir le dispositif initial. L’amendement no 2239 est un amendement de compromis –⁠ il coupe la poire en deux. Il prend en compte les évolutions positives qui sont intervenues ces dernières années en matière d’employabilité des jeunes docteurs.
    J’espère que nous nous retrouverons tous sur l’amendement no 2239, sous-amendé par notre excellent collègue Charles Sitzenstuhl.

    M. le président

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    La parole est à M. Charles Sitzenstuhl, pour soutenir le sous-amendement no 3996.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Il vise à augmenter le taux de prise en compte des dépenses de personnel liées aux jeunes docteurs. La France, par rapport à d’autres pays occidentaux, a peut-être moins la culture du doctorat. Nous avons besoin de soutenir nos concitoyennes et nos concitoyens qui sont titulaires d’un doctorat et qui arrivent au terme de leurs études. Tous n’ont pas vocation à devenir enseignant-chercheur. Certains veulent s’orienter vers le monde de l’entreprise, en particulier dans le secteur de l’innovation et les start-up.
    Cette mesure poursuit un objectif d’intérêt général. Le sous-amendement vise à aider ces structures à pouvoir recruter des jeunes docteurs pour les insérer ensuite sur le marché du travail et faire en sorte que les recherches qu’ils ont conduites durant leur doctorat soient utiles à la société et puissent s’appliquer à notre tissu industriel et productif. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Il est clair que la France a besoin d’accueillir des jeunes docteurs. Nous avons commis collectivement une erreur l’année dernière. Je m’en remettrai à la sagesse de l’Assemblée pour l’ensemble des amendements.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous avons un problème de rédaction, par rapport aux intentions –⁠ je préfère être honnête avec vous.

    M. Charles Sitzenstuhl

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    Sous-amendez !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je vais essayer de remonter le fil de ce qui a été fait. Avant la réforme introduite dans le PLF pour 2025, les dépenses de personnel liées aux jeunes docteurs pouvaient être comptabilisées à 200 % de leur montant dans le calcul du crédit d’impôt recherche.
    Il m’a été demandé hier si nous suivions les recommandations de l’Inspection générale des finances (IGF) au sujet du crédit d’impôt recherche. Dans le PLF pour 2025, nous avons repris l’intégralité des propositions de l’IGF relatives au CIR, à savoir la baisse du taux forfaitaire pour les dépenses de fonctionnement du personnel, la suppression de la bonification pour les jeunes docteursç et l’exclusion des dépenses relatives à la veille technologique et aux brevets.
    Pour les jeunes docteurs, nous sommes donc passés d’une comptabilisation de 200 % des dépenses à 100 % cette année. La proposition gouvernementale était, potentiellement, de couper la poire en deux, comme le disait M. Midy, et de passer à un taux compris entre 175 % et 190 %, ce qui ne serait ni le taux initial ni le taux actuel. Le problème, c’est qu’aucun des amendements ne retient ces taux et que le sous-amendement de M. Sitzenstuhl retient même un taux de 230 %.
    Sur aucun de ces amendements, je ne peux m’en remettre à la sagesse de l’Assemblée, mais je vous propose de voter l’amendement n° 2239, dont la rédaction est légistiquement la meilleure. Je m’engage à ce que nous le réécrivions correctement pour aboutir à un taux compris entre 175 % et 190 % au cours de la navette. Si vous adoptez le sous-amendement n° 3996, le taux sera même supérieur à celui d’avant la réforme. Formidable !

    M. Paul Midy

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    Ce n’est pas vrai !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Monsieur Midy, nous n’avons peut-être pas compris la même chose. Selon moi, nous devons travailler autour de l’amendement n° 2239, dont la rédaction doit pouvoir évoluer au cours de la navette.

    M. le président

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    La parole est à M. Corentin Le Fur.

    M. Corentin Le Fur

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    Notre groupe soutient pleinement le rétablissement du dispositif jeune docteur. Je salue le travail remarquable de notre collègue Midy. J’ai pu constater chez nous les conséquences catastrophiques de la suppression du dispositif dans les TPE et PME. À l’heure des technologies de rupture et de la concurrence acharnée entre les pays en matière d’innovation, ce dispositif est essentiel.
    Le sous-amendement de M. Sitzenstuhl est intéressant. Le taux de 230 % qu’il propose ne me choque pas car il faut rattraper la suppression du dispositif, qu’on a payée au prix fort. J’espère que nous trouverons un accord pour rétablir au moins le taux de 200 %.
    Nous voterons pour l’amendement de M. Midy, sous-amendé, et nous faisons confiance au travail du Sénat et à celui qui sera fait au cours de la navette pour trouver un équilibre autour de 200 %.

    M. le président

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    La parole est à M. Nicolas Sansu.

    M. Nicolas Sansu

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    Il faut recontextualiser : les dépenses du crédit d’impôt recherche ont explosé et atteignent désormais 7,9 milliards. Or les délégations régionales académiques à la recherche et à l’innovation –⁠ Drari – n’ont pas les moyens de contrôler tous les dossiers du crédit d’impôt recherche. Or on sait que certains bureaux d’études font leurs choux gras de projets de dossiers plus ou moins sérieux qu’ils soumettent à des TPE-PME.
    Je comprends que l’on veuille favoriser l’emploi des jeunes docteurs, mais à quelle condition ? Pendant vingt-quatre mois, on va payer 1,5 fois, 2 fois voire 2,3 fois les dépenses liées à l’embauche d’un jeune docteur. Mais après cette période, qu’est-ce qui va se passer ? Il faut absolument introduire des conditions ; sinon, cela ne marchera pas. (Mme Christine Arrighi applaudit.)

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    J’espère que nous nous retrouverons sur l’amendement n° 2239, sous-amendé.
    Madame la ministre, vous êtes généralement très claire. Vous n’avez mentionné que l’un des deux taux. Je vais essayer d’être encore plus clair pour donner le taux final.
    Pendant quinze ans, le salaire du jeune docteur a été pris en charge à 120 %, ce qui suscitait beaucoup de questions. Certains se demandaient pourquoi l’entreprise gagnait de l’argent en embauchant un jeune docteur. Cela s’explique par le fait qu’à l’époque –⁠ il y a dix ou quinze ans –, l’employabilité était un vrai problème. Avec la suppression du dispositif, ce taux est tombé à 40 %, ce qui a créé des problèmes pour de nombreuses PME, qui ont dû licencier ou renoncer à embaucher –⁠ au total, 3 000 jeunes docteurs cette année.
    Notre proposition n’est pas de rétablir le taux de 120 % mais, afin de prendre en compte l’amélioration de la situation et de trouver un compromis, de le porter à 80 % – à mi-chemin entre 40 et 120 %. Telle est le sens de l’amendement no 2239.

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je m’en remets donc à la sagesse de l’Assemblée sur cet amendement, s’il est sous-amendé.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Renault.

    M. Matthias Renault

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    Nous soutiendrons l’intégralité de ces amendements de bon sens venus du bloc central –⁠ qui fait donc machine arrière par rapport à l’année dernière. On peut se tromper une fois –⁠ persévérer est diabolique. Vous aurez donc notre onction.
    Le vrai problème est celui de l’attractivité de la France pour les jeunes docteurs. Je rappelle que 30 % des jeunes docteurs formés en France partent à l’étranger, dans des pays qui, comme les États-Unis et contrairement à la France, leur déroulent le tapis rouge.

    Mme Sandra Regol

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    Des pays qui accueillent des étrangers, c’est formidable non ?

    M. Matthias Renault

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    Ce type de dispositif est donc la moindre des choses, même si cela ne règle pas tout. La prise en charge à 230 % proposée par M. Sitzenstuhl ne nous pose pas de problème.

    M. le président

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    La parole est à M. Matthieu Bloch.

    M. Matthieu Bloch

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    Le groupe UDR soutient le retour du crédit pour les jeunes docteurs et votera ces amendements –⁠ et l’amendement sous-amendé. La Chine forme 1,6 million d’ingénieurs chaque année, nous avons du retard dans le domaine des nouvelles technologies, qu’il s’agisse de l’intelligence artificielle ou de la robotique : nous devons donc soutenir nos entreprises, notamment nos TPE-PME. C’est une question de souveraineté.

    M. le président

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    La parole est à M. Michel Lauzzana.

    M. Michel Lauzzana

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    Je retire l’amendement no 2720.

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    Je retire l’amendement no 3595.

    M. Emeric Salmon

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    Nous reprenons ces amendements !

    M. le président

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    Les deux amendements sont repris par le groupe Rassemblement national.

    (Les amendements identiques nos 2720 et 3595 ne sont pas adoptés.)

    (Les amendements identiques nos 768 et 2619 ne sont pas adoptés.)

    (L’amendement no 1100 n’est pas adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix le sous-amendement no 3996.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        213
            Nombre de suffrages exprimés                208
            Majorité absolue                        105
                    Pour l’adoption                138
                    Contre                70

    (Le sous-amendement no 3996 est adopté.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 2239, tel qu’il a été sous-amendé.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        212
            Nombre de suffrages exprimés                203
            Majorité absolue                        102
                    Pour l’adoption                152
                    Contre                51

    (L’amendement no 2239, sous-amendé, est adopté.)
    (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Midy, pour soutenir l’amendement no 2235.

    M. Paul Midy

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    De nombreux collègues ont tenté de raboter le crédit d’impôt recherche.

    M. Nicolas Sansu

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    Non, de l’encadrer !

    M. Paul Midy

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    Ce dispositif doit au contraire être amélioré et renforcé. Cet amendement propose de le faire. La première dépense de R&D de nos entreprises d’intelligence artificielle concerne les calculs réalisés par les GPU –⁠  graphics processing units –, ou processeurs graphiques. Or ces dépenses ne sont pas éligibles au crédit d’impôt recherche. Cela tient sans doute au fait que ces équipements n’existaient pas il y a quelques années, mais désormais les entreprises d’intelligence artificielle investissent dans ces dépenses de R&D. Nous proposons donc qu’elles soient éligibles au crédit d’impôt recherche, car il paraît tout à fait normal de soutenir nos entreprises d’intelligence artificielle.

    M. le président

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    Je suis saisi par le groupe Socialistes et apparentés de deux demandes de scrutin public, sur les amendements nos 2576 et 1347.
    Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin

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    La commission a rejeté cet amendement et je donnerai donc, malheureusement, un avis défavorable, mais je tiens à dire que les calculs réalisés par GPU représentent déjà une dépense considérable, qui est amenée à augmenter de façon considérable. Si la recherche de demain fait l’impasse sur ce sujet, la question de la pertinence de nos politiques publiques se posera.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Nous avons déjà eu une discussion similaire, pour ceux qui ont bonne mémoire, il y a quelques semaines. Elle portait sur la question des locaux. Le crédit d’impôt recherche ne concerne que les dépenses humaines, et non les dépenses d’investissement, notamment dans le hardware –⁠ pour le dire en bon français. La seule exception concerne les dépenses relatives à l’immobilier, à condition qu’il s’agisse de bâtiments accueillant des chercheurs. Je vous avais dit, lorsque nous avons abordé cette question, qu’il faut quand même s’assurer que les locaux accueillent effectivement des chercheurs et pas 90 % d’administratifs et 10 % de chercheurs, ce qui contreviendrait à l’esprit du crédit d’impôt recherche. Il faut bien le contrôler.
    Cela dit, M. Midy a raison : nous avons besoin de capacités de calcul et, lors du sommet sur l’IA en février dernier, le président de la République a rappelé que l’Europe risquait de perdre une bataille essentielle en termes de souveraineté si le continent européen ne se dotait pas de capacités de calcul suffisantes. Toutefois, le crédit d’impôt recherche ne semble pas être le bon outil pour cette bataille, car sa fonction est de soutenir les chercheurs et la recherche. L’ouvrir à du matériel, à du hardware, changerait sa nature.
    Des crédits très importants ont été ouverts dans le cadre de France 2030 pour soutenir plus de 700 projets de capacités de calcul et cela a été confirmé lors du sommet sur l’IA. Je pourrai communiquer en toute transparence le montant de ces enveloppes à la représentation nationale.
    On peut toujours créer un crédit d’impôt pour financer les dépenses de calcul, mais le crédit d’impôt recherche, jusqu’ici, a toujours servi à soutenir les personnes, non le matériel. J’ai l’impression que nous poursuivons le même objectif, mais pas avec les mêmes outils.
    Demande de retrait ; à défaut, avis défavorable.

    M. le président

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    La parole est à M. Paul Midy.

    M. Paul Midy

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    Les GPU sont les puces qui réalisent les calculs pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle. Elles sont notamment vendues par Nvidia, qui les fabrique sur des machines, elles-mêmes fabriquées par une entreprise européenne, ASML, dont nous pouvons être très fiers, car elle est la seule entreprise au monde à le faire. Le jour où elle n’existe plus, il n’y a plus de technologie dans le monde.
    L’amendement ne propose pas d’inclure l’achat des GPU dans le crédit d’impôt recherche, mais la location de temps de calcul sur les GPU par les entreprises d’intelligence artificielle. Les logiciels sont inclus dans le crédit d’impôt recherche, tout comme, vous l’avez rappelé, l’immobilier. Pourquoi donc ne pas inclure la location d’ordinateurs pour réaliser des calculs ? C’est compliqué de faire de la recherche sans ordinateur. (Applaudissements sur les bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à M. Nicolas Sansu.

    M. Nicolas Sansu

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    La capacité d’invention de monsieur Midy, notamment lorsqu’il s’agit d’élargir la niche fiscale du crédit d’impôt recherche, est étonnante. Je comprends l’importance du soutien aux procédés de calcul, très importants dans le domaine de l’IA. On peut néanmoins se poser la question : faut-il en passer par le crédit d’impôt ou plutôt par le soutien direct et la subvention ?
    Il convient d’établir un juste équilibre entre, d’une part, les choix du gouvernement et du législateur visant à soutenir le développement technologique et l’innovation et, d’autre part, les crédits d’impôt. Cet amendement illustre votre logique du « toujours plus », alors que le CIR représente déjà 7,9 milliards d’euros. Avec la succession de vos propositions, nous nous dirigeons vers 10 milliards d’euros : cette niche fiscale est désormais hors de contrôle. (M. Aurélien Le Coq et Mme Marie Mesmeur applaudissent.)

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 2235.

    (Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        200
            Nombre de suffrages exprimés                193
            Majorité absolue                        97
                    Pour l’adoption                120
                    Contre                73

    (L’amendement no 2235 est adopté.)
    (Applaudissements
    sur plusieurs bancs du groupe EPR.)

    M. le président

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    La parole est à Mme Mathilde Feld, pour soutenir l’amendement no 2576.

    Mme Mathilde Feld

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    Comme vient de le dire le collègue Sansu, vous reprochez souvent à la gauche de dépenser sans compter, mais force est de constater que votre indignation est à géométrie variable. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur quelques bancs du groupe EcoS. –⁠ M. Éric Coquerel, président de la commission des finances, applaudit également. –⁠ M. Guillaume Kasbarian s’exclame.)
    Cet amendement vise à exclure du crédit d’impôt recherche les frais de services facturés par des plateformes numériques d’intermédiation, qui se bornent à mettre en relation des chercheurs, des laboratoires ou des prestataires externes, sans produire elles-mêmes aucune activité de recherche.
    Alors que le coût du CIR s’élève à presque 8 milliards, le rapport de France Stratégie publié en 2021 a démontré l’inefficacité de cette stratégie puisqu’1 euro de dépense fiscale suscite tout juste 0,4 euro de dépenses supplémentaires par l’entreprise. Il s’agit bien d’un effet d’aubaine dont profitent des entreprises qui, quoi qu’il en soit, auraient investi. Par ailleurs, en 2021, 28 % des dépenses du CIR concernaient trente multinationales.
    L’ampleur de la liste des activités éligibles a suscité le développement d’une myriade de services de conseil adossés à cette niche. Je vous propose donc de la réduire. (M. Aurélien Le Coq applaudit.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Je suis un fervent défenseur du CIR, mais je suis d’accord avec Mme Feld. Il s’agit là d’une sous-niche dans la niche, qui produit en effet un effet d’aubaine s’agissant de services nécessaires. Avis favorable.

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je ne dispose pas des éléments d’évaluation suffisants pour savoir si « les dépenses affectées à des commissions, abonnements ou frais versés des plateformes numériques ou à des intermédiaires dont l’activité principale consiste à mettre en relation des entreprises avec des prestataires ou chercheurs, sans participer directement à la réalisation des opérations de recherche et développement » sont essentielles au métier de chercheur.
    L’adoption de votre amendement risquerait-elle de priver les chercheurs de leur capacité d’action ou de nuire à des prestataires qui sont eux-mêmes des chercheurs ? Je le répète : je ne dispose ni de l’évaluation de ces dépenses ni des effets potentiels de votre proposition. Dans une telle situation, mon avis est de ne pas toucher marginalement au dispositif du CIR, alors que nous avons suivi la totalité des préconisations de l’IGF l’an dernier. Votre amendement n’étant pas accompagné d’étude d’impact, mon avis est défavorable.

    M. Matthias Tavel

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    Vous modifiez des dispositions à hauteur de 230 % et ensuite vous donnez des leçons ! Quelle hypocrisie !

    M. le président

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    La parole est à M. Matthias Renault.

    M. Matthias Renault

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    Nous soutiendrons cet amendement. En effet, s’il dénonce une situation réellement existante, celle-ci est tout à fait contraire à l’esprit du CIR. Je souhaite aussi revenir sur l’adoption de l’amendement précédent, déposé par le bloc central et qui étend le CIR au domaine de l’intelligence artificielle. Nous l’avons soutenu, mais son coût doit être non négligeable. Savez-vous l’évaluer, madame la ministre ?

    M. Hervé Saulignac

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    Vous votez donc sans savoir ? Quel sens des responsabilités !

    M. Matthias Renault

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    Enfin, pouvez-vous vous garantir que, lors de la navette parlementaire, le gouvernement continuera à soutenir cet amendement ? Cela ne me paraît pas acquis, alors même que l’Assemblée l’a adopté souverainement.

    M. le président

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    La parole est à Mme la ministre.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Je me suis exprimé sur ma vision du crédit d’impôt recherche : à part les locaux dans lesquels travaillent les chercheurs, il n’est pas censé financer de hardware –⁠ de matériel. L’amendement de M. Midy fait référence aux « dépenses en moteurs de calcul GPU et CPU ». Son auteur a précisé oralement qu’il s’agissait de la location des services de calcul. (M. Paul Midy acquiesce.)
    Je lui ai répondu qu’il serait essentiel, après le vote, de s’assurer que la mesure s’appliquerait strictement à cette location. En aucun cas, elle ne peut s’étendre à l’investissement en machines, au risque de voir le crédit d’impôt recherche coûter non 7 milliards, mais beaucoup plus –⁠ peut-être dix ou vingt fois plus, car le matériel coûte très cher.

    M. Nicolas Sansu

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    M. Midy n’est pas raisonnable ! (Sourires.)

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le gouvernement sera donc très vigilant. J’ai exprimé un avis défavorable à la rédaction de cet amendement –⁠ je sais faire preuve de constance – et j’ai précisé à M. Midy que nous devrions nous assurer que l’application de la mesure serait conforme à la définition qu’il nous a donnée oralement et qui sera intégrée au compte rendu. Je vous confirme que je ne dispose pas du chiffrage du dispositif proposé.
    Enfin, l’amendement de Mme Feld a le mérite de nourrir notre réflexion. Je vous répète que je ne dispose pas de son étude d’impact et que la question qu’il soulève n’a pas été examinée par l’IGF. Je vous réponds donc en toute transparence : quand je dispose des éléments d’évaluation, je vous les communique ; en l’occurrence, ce n’est pas le cas. Je m’en remets donc à votre jugement souverain.

    M. Matthias Tavel

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    Quand cela vous arrange, vous avez des chiffres à nous communiquer !

    M. le président

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    Je mets aux voix l’amendement no 2576.

    (Il est procédé au scrutin.)

    M. le président

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    Voici le résultat du scrutin :
            Nombre de votants                        203
            Nombre de suffrages exprimés                197
            Majorité absolue                        99
                    Pour l’adoption                141
                    Contre                56

    (L’amendement no 2576 est adopté.)

    M. le président

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    Je suis saisi de trois amendements, nos 2947, 2533 et 1347, pouvant être soumis à une discussion commune.
    La parole est à Mme Christine Arrighi, pour soutenir l’amendement no 2947.

    Mme Christine Arrighi

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    En commission, M. Masséglia dresse toujours la liste des amendements que nous adoptons, pour nous démontrer combien nous sommes dépensiers. En l’occurrence, la succession des propositions que vous avez faites ce matin, sous l’inspiration de la FNSEA et désormais en matière de crédit d’impôt recherche, illustre une créativité de votre part, qui devrait inciter M. Masséglia à faire l’addition de vos dépenses.

    Mme Laure Miller

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    Ne vous inquiétez pas, on les connaît par cœur !

    Mme Christine Arrighi

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    Au contraire, notre amendement, adopté en commission, vise à conditionner le bénéfice du crédit d’impôt recherche au respect de deux critères fondamentaux pour une durée de dix ans : le maintien de l’emploi sur le territoire national –⁠ je pense que vous serez tous sensibles à cette condition – et la protection des emplois directement liés au projet ayant bénéficié du crédit d’impôt. En cas de non-respect de ces deux critères, l’entreprise bénéficiaire sera tenue de rembourser le montant du crédit d’impôt perçu.

    M. le président

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    La parole est à M. Aurélien Le Coq, pour soutenir l’amendement no 2533.

    M. Aurélien Le Coq

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    Madame la ministre, vos interventions sont totalement contradictoires. Il y a quelques minutes, vous déclariez soutenir la réduction des niches fiscales, en rappelant qu’il en existe 474. Quelques instants plus tard, ma collègue Mathilde Feld présente un amendement visant à exclure de la première niche financée par l’État les activités qui ne relèvent pas de la recherche.

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Et vous l’avez adopté !

    M. Aurélien Le Coq

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    Mais vous répondez que vous ignorez dans quelle mesure ses propos sont exacts. Montrez donc un peu de cohérence ! (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.) Des députés macronistes continuent de déposer des amendements pour élargir le crédit d’impôt recherche, pendant que le gouvernement se montre incapable de soutenir les seuls amendements qui permettent de limiter ces niches fiscales (M. Maxime Laisney applaudit.)
    J’ai bien entendu M. Midy, qui prétendait vouloir défendre la souveraineté de la France et celle de sa recherche.

    M. Gabriel Attal

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    Oui !

    M. Aurélien Le Coq

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    J’imagine donc qu’aucune voix ne fera défaut à cet amendement, qui conditionne le versement d’argent public aux entreprises qui emploient en France et exige leur remboursement lorsqu’elles se comportent comme des voyous en délocalisant leur activité. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP. –⁠ M. Marc Pena applaudit également.)

    M. le président

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    La parole est à M. Hervé Saulignac, pour soutenir l’amendement no 1347.

    M. Hervé Saulignac

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    Madame la ministre, il y a deux semaines, je vous ai interpellée à propos de ce crédit d’impôt recherche qui, dans certaines circonstances, constitue la niche fiscale de la honte. Comme vous ne m’avez pas répondu, je reviens à la charge, avec beaucoup d’insistance.
    Je veux vous parler des pratiques du groupe Schneider –⁠ un groupe qui se porte très bien, puisqu’il est un des plus rentables du CAC40. Pour le seul premier trimestre de l’année 2025, 18 millions d’euros lui ont été versés au titre du CIR. En guise de remerciement, savez-vous ce qu’il a décidé ? Il a fermé une de ses filiales chez moi, à Privas –⁠ préfecture de l’Ardèche, la plus petite de France –, laissant sur le carreau 120 salariés, soit un quart de l’emploi industriel de la ville, détruit d’un trait de plume.
    Ça ne peut plus durer, madame la ministre, c’est inexplicable ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.) Je ne rentre pas chez moi si on ne peut pas régler ce genre de situation.
    Vous affirmez vouloir faire des économies et vous vous dites prête à ouvrir le débat sur les niches fiscales. En voilà une sur laquelle vous pouvez gagner beaucoup d’argent. Pour lutter contre ces grands groupes qui n’ont aucune morale et par respect pour les 120 salariés qui perdent leur emploi, je vous demande de voter cet amendement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC et sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, EcoS et GDR.)

    M. le président

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    Quel est l’avis de la commission ?

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    La commission a examiné et rejeté l’amendement no 2533. L’amendement no 1347 a lui aussi été rejeté lors de la réunion organisée au titre de l’article 91, alinéa 9, de notre règlement. En revanche, la commission a adopté l’amendement no 2947. À titre personnel, je voterai contre.
    En effet, la vocation du CIR est de réduire le risque inhérent à l’innovation. Si une entreprise devait perdre son bénéfice en cas de licenciement, elle hésiterait à embaucher, pourrait renoncer à s’installer en France et, in fine, cela pèserait sur les investissements réalisés dans notre pays. Sans compter l’aléa juridique et la véritable usine à gaz administrative qu’impliquerait le contrôle du bien-fondé des licenciements.

    Mme Christine Arrighi

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    Pas du tout !

    M. Philippe Juvin, rapporteur général

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    Il me semble que notre débat repose sur une confusion. Le CIR a pour vocation de favoriser la recherche et le développement. Le droit du travail, lui, a pour objectif de prévenir les licenciements abusifs. Ne mélangeons pas ces finalités. C’est pourquoi, à titre personnel, je suis défavorable à ces trois amendements.

    Mme Christine Arrighi

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    Vous prenez plus de temps pour justifier vos avis personnels que les avis de la commission !

    M. le président

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    Quel est l’avis du gouvernement ?

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Monsieur Saulignac, en tant que ministre des comptes publics, je comprends tout à fait vos propos. Lorsqu’une entreprise perçoit une subvention attachée à un objectif et que celui-ci n’est pas atteint, il serait assez logique…

    M. Aurélien Le Coq

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    Qu’elle rembourse !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    …que la subvention soit remboursée. J’ai d’ailleurs eu de nombreux échanges sur ce sujet avec mon collègue Roland Lescure et avec le premier ministre. Ce que je vous dis ne découle pas d’une réunion interministérielle (RIM), mais de mes propres convictions. Il n’est pas normal que notre système de subventions, d’aides et de guichets publics soit à ce point dépourvu de contreparties.

    Mme Sandrine Rousseau

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    Il était temps de le dire, après quatre semaines de débats budgétaires !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Une véritable évolution démocratique, qui pourrait rassembler de nombreux bancs, consisterait à recourir davantage aux avances remboursables et à engager plus fréquemment des prises de participation au capital. (« Ah ! » sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, EcoS et GDR.)

    M. Jean-François Coulomme

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    C’est nouveau, c’est un changement de paradigme !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Ainsi, lorsque l’État soutient un projet qui réussit et que les objectifs sont atteints, deux voies s’offriraient à nous : soit les citoyens français deviennent, de fait, actionnaires de l’entreprise et perçoivent des dividendes (Mêmes mouvements) ; soit l’entreprise, devenue rentable, rembourse l’aide initiale. Je crois que ce principe pourrait constituer un point de convergence entre nous.

    M. Nicolas Sansu

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    Oui !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    À cet égard, je rappelle que le programme d’investissements d’avenir (PIA) initial du président Sarkozy comportait beaucoup plus d’avances remboursables et de prises de participation au capital que les versions successives du plan France 2030 ou du plan France relance. En tant que ministre des comptes publics, mais aussi en tant que citoyenne, je suis convaincue que cette évolution serait pertinente et pourrait recueillir un soutien transpartisan.

    Mme Christine Arrighi

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    Alors, faites-la !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    En revanche, la situation est tout autre en matière de fiscalité.

    Mme Christine Arrighi

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    Oh là là !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Il n’existe, ni en France ni en Europe, de mécanisme permettant de demander à des particuliers ou à des entreprises le remboursement d’un crédit d’impôt.

    M. Aurélien Le Coq

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    Ça tombe bien, on débat du PLF ! Créez-le !

    Mme Amélie de Montchalin, ministre

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    Le seul cas où un tel remboursement peut être obtenu relève d’une procédure pénale, assortie d’une condamnation à verser des dommages et intérêts.

    ------------------Cette partie de la séance est en cours de finalisation---------------------------------------------