Troisième séance du dimanche 09 novembre 2025
- Présidence de Mme Clémence Guetté
- 1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
- Troisième partie (suite)
- Article 28 (suite)
- M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités
- Amendements nos 677, 678
- Rappels au règlement
- Suspension et reprise de la séance
- Article 28 (suite)
- Après l’article 28
- Amendements nos 1423, 1715 rectifié, 1448, 1234, 2278, 681 rectifié, 2449, 757, 1223, 1482, 2084, 2448, 1998, 1570 rectifié et 1718
- Sous-amendement no 2672
- Amendement no 2024, 2277
- M. Jean-Didier Berger, rapporteur pour avis de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire
- Amendements nos 1424, 665, 1987 et 2108
- Article 29
- M. Jérôme Guedj
- Mme Danielle Simonnet
- M. Yannick Monnet
- Amendements nos 682, 1215, 1405, 1415 et 1444
- Rappels au règlement
- Article 30
- Amendements nos 2553, 2551, 2552, 2554, 1329, 1451 et 2274
- 2. Ordre du jour de la prochaine séance
Présidence de Mme Clémence Guetté
vice-présidente
Mme la présidente
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à vingt et une heures trente.)
1. Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026
Mme la présidente
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026 (nos 1907 et 1999, 2057, 2049).
Troisième partie (suite)
Mme la présidente
Cet après-midi, l’Assemblée a poursuivi la discussion des articles de la troisième partie du projet de loi ; elle a commencé d’examiner, à l’article 28, les amendements nos 1387 et suivants, en discussion commune.
Article 28 (suite)
Mme la présidente
Dans la discussion commune, les amendements, nos 1387, 1408, 1392 ont déjà été présentés par leurs auteurs.
Sur l’amendement no 1392, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales et rapporteur pour la branche maladie, pour donner l’avis de la commission.
M. Thibault Bazin, rapporteur général de la commission des affaires sociales
Les deux premiers amendements, identiques, visent à supprimer les alinéas 1 à 17 de l’article 28. Le troisième a pour objet de s’opposer à la limitation a priori de la durée des accidents du travail et des maladies professionnelles (AT-MP), ainsi qu’à la fixation d’une durée uniforme de quatre ans pour l’ensemble des arrêts liés à une incapacité. Cette période de quatre ans n’a d’ailleurs pas été évoquée dans l’article liminaire.
J’ai pris connaissance de vos exposés des motifs, qui sont assez succincts. Je ne peux pas m’opposer à la proposition que les médecins suivent les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) pour fixer la durée de l’arrêt de travail en fonction de la pathologie, d’autant plus qu’ils disposent de la possibilité d’y déroger – Mme la ministre pourra le confirmer – à condition de justifier leur décision. On pourrait bien sûr discuter de la durée de cet arrêt, quinze jours, trente jours, mais dès lors que la disposition favorise un suivi plus régulier du patient, elle va dans le bon sens.
S’agissant du troisième amendement, je considère que dépasser la durée de quatre ans ferait sortir du cadre du temporaire pour basculer dans le long terme. Le texte introduit en effet le principe selon lequel, à l’issue de la période d’incapacité temporaire, l’incapacité serait considérée comme permanente, sauf en cas d’invalidité pour maladie.
Comme je l’ai indiqué en commission, il ne faut pas laisser entendre qu’il existerait un vide à l’issue des quatre ans : on bascule soit en incapacité permanente, soit en invalidité pour maladie, en sachant que les modalités d’indemnisation – je vous le concède – sont différentes.
Ces amendements ont été rejetés par la commission. J’y suis également défavorable à titre personnel.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées, pour donner l’avis du gouvernement.
Mme Stéphanie Rist, ministre de la santé, des familles, de l’autonomie et des personnes handicapées
Ces amendements ont en réalité pour effet de supprimer l’ensemble de l’article, puisqu’ils proposent la suppression successive de plusieurs séries d’alinéas. La limitation de la durée de prescription de l’arrêt pour accident du travail à quinze jours vise à permettre un suivi plus rapide des patients. Le médecin peut toutefois y déroger – comme je l’ai souligné en évoquant sa liberté de prescription – à condition de le justifier.
L’examen de l’article 30 sera l’occasion d’évoquer le développement des outils numériques qui aideront à la prescription des arrêts maladie,…
Mme Élise Leboucher
C’est pour quand, l’article 30 ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
…puisque les recommandations de la Haute Autorité de santé seront accessibles dans le logiciel de prescription. Un arrêt de travail constitue une prescription pour laquelle ces recommandations doivent être prises en compte, sans pour autant restreindre la liberté de prescription du médecin, qui peut y déroger à condition de le justifier. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Frédéric Petit.
M. Frédéric Petit
Je suis très surpris des différences d’interprétation dans la lecture de l’article 28. Nous partageons tous le constat d’une explosion des arrêts de travail : elle est factuelle. Beaucoup d’entre nous veulent d’abord en comprendre les raisons : est-elle liée à une évolution sociétale, à une évolution de l’entreprise, ou à autre chose ? Ce n’est pas moi qui parle de fraude.
Pour ma part, cet article permet avant tout de soulever le capot, plutôt que de laisser les gens fantasmer du côté droit, ou se crisper du côté gauche. Et le mieux placé pour ouvrir ce capot reste le médecin. Si vous lisez attentivement l’article, vous verrez qu’il ne limite aucunement la prescription d’arrêts de travail : il prévoit simplement une visite médicale au bout de quinze jours, puis de deux mois. Regardez ce qui est fait… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Certains d’entre vous, notamment M. Lecoq, ont indiqué que cet article allait remettre en cause les arrêts de travail. Pourtant – et ce n’est pas mon interprétation, mais bien la lettre de l’article –, il ne remet en cause ni la prescription ni la durée de l’arrêt. Celui-ci peut être renouvelé après quinze jours, puis après deux mois, comme vient de le rappeler mon collègue. Cette disposition permet au contraire un suivi régulier et cohérent.
Prenons l’exemple de la femme de ménage cité par Mme Rousseau cet après-midi : si elle a besoin d’un arrêt de travail de quinze jours en raison de la fatigue accumulée par son travail, cette mesure est pertinente. Il reste néanmoins important qu’elle soit revue pour évaluer si son état s’améliore, se dégrade ou nécessite un suivi psychologique. Certains y voient une forme de malignité, mais j’y perçois surtout un avantage pour le salarié en arrêt de travail.
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
J’en ai assez d’entendre n’importe quoi et de laisser croire qu’il existerait un problème d’abus au travail. Pourquoi ne nous référons-nous pas aux études publiées par la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam) ?
M. Frédéric Petit
C’est vous qui parlez d’abus, ce n’est pas moi !
Mme Danielle Simonnet
Selon ces études, la fraude liée aux arrêts maladie représente moins de 0,3 % des dépenses : c’est une part dérisoire.
M. Frédéric Petit
Nous sommes d’accord !
Mme Danielle Simonnet
L’augmentation des arrêts résulte surtout de l’usure au travail, des conditions de travail dégradées, du burn-out, de la souffrance au travail, de l’exposition accrue à des produits cancérogènes et de l’allongement des carrières lié à la réforme des retraites.
M. Frédéric Petit
Regardons ce qui se passe, justement !
Mme Danielle Simonnet
La logique qui consiste à systématiquement suspecter la fraude que commettrait le travailleur ou le médecin ne soigne rien, n’économise rien et ne résout rien – ni la santé des travailleurs, ni les comptes sociaux.
M. Frédéric Petit
Donc, redonnez la main aux médecins du travail !
(Les amendements identiques nos 1387 et 1408 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1392.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 164
Nombre de suffrages exprimés 161
Majorité absolue 81
Pour l’adoption 67
Contre 94
(L’amendement no 1392 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 1383.
M. Paul-André Colombani
Il vise à supprimer l’alinéa 2, qui introduit la fixation par décret d’une durée maximale d’incapacité temporaire de travail pour les travailleurs agricoles. Une telle mesure conduit à encadrer de manière uniforme des situations qui, par nature, relèvent d’une appréciation médicale individualisée. Cette incapacité temporaire est une notion clinique qui dépend de la pathologie, du contexte professionnel et de la situation de l’assuré. En substituant à ce jugement une limite administrative, le texte fragilise la capacité d’adaptation du système aux réalités du terrain.
Rappel au règlement
Mme la présidente
La parole est à Mme la présidente Mathilde Panot, pour un rappel au règlement.
Mme Mathilde Panot
Sur le fondement de l’article 50, alinéa 5, de notre règlement. Nous avons bien compris que vous ne souhaitiez pas ouvrir la séance de demain lundi, ce qui nous permettrait pourtant de terminer l’examen du texte avant l’expiration du délai constitutionnel au terme duquel le gouvernement peut le transmettre au Sénat – une possibilité, et non une obligation. Vous ne voulez donc pas laisser l’Assemblée nationale aller au vote.
C’est pourquoi je vous lis cet article du règlement : « L’Assemblée peut toutefois décider de prolonger ses séances soit sur proposition de la Conférence des présidents » – que Yaël Braun-Pivet a refusé de convoquer aujourd’hui –, « soit sur proposition de la commission saisie au fond » – nous ne comptons pas sur vous, monsieur le président –, « ou du gouvernement » – nous ne comptons pas non plus sur vous, mesdames et monsieur les ministres –, « ou d’un président de groupe pour continuer le débat en cours ».
Je demande donc l’organisation d’un vote afin de continuer nos débats après minuit et de garantir ainsi la possibilité de nous prononcer sur le budget de la sécurité sociale, qui concerne notre santé et représente des enjeux cruciaux. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP. – M. Damien Girard applaudit également.)
Article 28 (suite)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur l’amendement no 1383 ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Nous entamons une série d’amendements qui nous permettront de nous pencher successivement sur chacun des alinéas de l’article 28. S’agissant de l’alinéa 2, je ne vois pas de raison de traiter spécifiquement le régime agricole. J’ai auditionné la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (MSA) qui ne m’a signalé aucun problème particulier relatif à l’incapacité temporaire de travail. Je considère donc qu’il convient de traiter ce secteur comme le régime général.
Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable. Cet amendement n’a pas été examiné en commission.
Mme la présidente
La parole est à M. le ministre du travail et des solidarités, pour donner l’avis du gouvernement.
M. Jean-Pierre Farandou, ministre du travail et des solidarités
Les pénalités journalières pour accident du travail et maladie professionnelle, au-delà de trois ou quatre ans, concernent une très faible volumétrie d’assurés. Les arrêts de travail indemnisés au-delà de trois ans depuis la date d’arrêt initial sont de l’ordre de 1,3 % du total des arrêts des non-salariés agricoles indemnisés en 2024 – le chiffre est de 0,6 % pour les arrêts indemnisés au-delà de quatre ans.
Par ailleurs, les caisses de la MSA disposent d’ores et déjà, pour réaliser les contrôles, d’outils permettant de repérer les arrêts de travail au-delà d’une certaine durée, dans l’objectif de déclencher la procédure de consolidation – selon le même principe évoqué cet après-midi –, afin d’anticiper et d’accompagner les assurés vers une reprise du travail, notamment dans le cas d’un plan de reconversion professionnelle. Pour ces raisons, demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
(L’amendement no 1383 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Romain Eskenazi, pour soutenir les amendements nos 677 et 678, qui peuvent faire l’objet d’une présentation groupée.
M. Romain Eskenazi
Notre intention initiale était de supprimer cet article car les durées minimales et maximales proposées ne sont pas décentes pour les salariés en arrêt pour raisons de santé. Ces deux amendements visent donc à encadrer la décision que vous allez prendre.
L’amendement no 677 a pour objet d’aligner l’avis du gouvernement sur celui de la Haute Autorité de santé, laquelle devrait préalablement se prononcer sur cette durée.
L’amendement de repli no 678 se fonde sur l’avis de la Cnam exprimé dans son rapport « Charges et produits », qui recommande de limiter la durée d’un arrêt de travail à un mois lors de la primo-prescription, puis à des tranches de deux mois maximum en cas de renouvellement. Nous proposons que le gouvernement ne puisse fixer un minimum inférieur à celui recommandé par la Cnam, ni un maximum supérieur. Il s’agit donc d’encadrer la décision du gouvernement par les recommandations de la Cnam.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Ces deux amendements sont en réalité très différents. L’amendement no 677 revient presque à supprimer l’article. Votre suggestion de solliciter la Haute Autorité de santé n’est pas mauvaise, mais celle-ci prend parfois du temps pour se prononcer, et je ne suis pas certain que sa recommandation sera conforme à l’objectif que nous nous fixons.
Par ailleurs, c’est déjà la Haute Autorité de santé qui émet les recommandations individuelles, pathologie par pathologie. Votre amendement, que la commission a rejeté, est donc en partie satisfait. Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.
L’amendement no 678 est un peu différent. Vous vous souvenez qu’au début de l’examen de l’article 28, je vous ai dit qu’au lieu de supprimer l’article il valait mieux l’ajuster. Vous proposez ici de porter à trente jours la durée du plafond de principe pour une première prescription d’arrêt de travail en soins de ville. C’est ce qui est prévu à l’hôpital. Les médecins avec lesquels nous avons échangé reconnaissent qu’ils ne savent pas toujours, lors d’une première prescription, apprécier la durée de l’arrêt de travail dont le patient a besoin, entre quinze jours et un mois. Comme de toute façon ils peuvent très facilement déroger à la règle d’une durée maximale de quinze jours – si celle-ci est retenue –, je pense que l’amendement no 678 n’a pas une grande portée normative.
Si l’Assemblée souhaite adopter l’amendement no 678, je ne vais pas m’y opposer. Je précise néanmoins que l’amendement no 678 avait été rejeté par la commission, mais à titre personnel, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée sur cet amendement du groupe socialiste.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
L’amendement no 677 est satisfait car la HAS émet des préconisations pathologie par pathologie. Je vous demande donc de le retirer.
Quant à l’amendement no 678, la durée maximale d’un arrêt de travail lors d’une première prescription a été fixée à quinze jours car les arrêts maladie qui excèdent cette durée sont beaucoup moins fréquemment prescrits en ville qu’à l’hôpital. Voilà quel est le sens de cette limite.
Cependant si vos débats vous conduisent à considérer, dans un souci de simplification, qu’il est préférable de prévoir une durée maximale d’un mois comme en sortie d’hospitalisation, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Rappels au règlement
Mme la présidente
La parole est à Mme Mathilde Panot, pour un rappel au règlement.
Mme Mathilde Panot
J’insiste, au titre de l’article 50, alinéa 5. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Farida Amrani
Exactement !
Mme Mathilde Panot
Il est bien écrit que « L’Assemblée peut […] décider de prolonger ses séances sur proposition d’un président de groupe ». Je demande donc une nouvelle fois que l’Assemblée puisse s’exprimer sur la prolongation éventuelle de cette séance afin que nous puissions aller au vote sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Pourrait-on arrêter les rappels au règlement ? Franchement, ce sont eux qui ralentissent les débats !
Mme la présidente
La parole est à Mme Cyrielle Chatelain, pour un rappel au règlement.
Mme Cyrielle Chatelain
Au titre de l’article 50, alinéa 5. Je souscris à cette demande de vote. (Applaudissements sur plusieurs bancs des groupes EcoS et LFI-NFP.) Nous avons décidé d’étudier la partie du projet de loi de financement de la sécurité sociale qui traite des dépenses et il me semble utile que, pour la première fois depuis 2022, l’Assemblée puisse voter sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale. (M. Benjamin Lucas-Lundy applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à M. Emeric Salmon, pour un rappel au règlement.
M. Emeric Salmon
Au titre de l’article 50, alinéa 5, en particulier de sa dernière phrase, que je rappellerai à Mmes Panot et Chatelain : « La prolongation de la séance du soir au-delà de l’horaire mentionné à l’alinéa 4 n’est admise que pour achever une discussion en cours. » Nous savons déjà que l’article 45 bis sera discuté mercredi ; nous ne pouvons donc pas terminer l’examen du texte aujourd’hui. Vous pourrez faire un rappel au règlement sur ce fondement mercredi mais pas aujourd’hui. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR ainsi que sur quelques bancs du groupe EPR.)
M. Philippe Vigier
Eh oui !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Exactement !
Mme la présidente
Je vous propose une suspension de séance de quelques minutes afin de réunir les représentants des groupes.
Suspension et reprise de la séance
Mme la présidente
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt et une heures quarante-cinq, est reprise à vingt et une heures cinquante.)
Mme la présidente
La séance est reprise.
Étant donné que deux présidentes de groupe en avaient exprimé la demande, j’ai consulté les représentants des groupes pour savoir qui souhaitait aller au-delà de minuit. Je rappelle ce que j’ai dit précédemment : la conférence des présidents a acté que les séances du lundi n’étaient pas ouvertes afin que les députés puissent se rendre dans leurs circonscriptions pour les commémorations du 11 novembre. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe RN.) Il se dégage très clairement de la discussion que nous avons eue au pied du perchoir à l’instant qu’il n’y a pas de majorité pour prolonger la séance cette nuit. Je procéderai à un vote à main levée et ensuite je ne prendrai plus de rappel au règlement sur ce sujet.
Qui est pour faire une séance prolongée qui permette de finir l’examen du texte, c’est-à-dire celui de tous les amendements restant en discussion sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, cette nuit ? (Mme la présidente procède à la mise aux voix à main levée, à l’issue de laquelle la prolongation n’est pas adoptée.) La séance ne sera pas prolongée ; nous lèverons la séance à minuit.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Avançons !
Article 28 (suite)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 677, la parole est à Mme Sandrine Rousseau.
Mme Sandrine Rousseau
Notre groupe soutiendra l’amendement no 677. Je souhaite répondre à la collègue sur le cas que j’ai évoqué d’une personne qui travaille pour une entreprise sous-traitante dans l’Assemblée nationale. Vous m’avez dit qu’elle serait peut-être contente de rencontrer un psychologue et d’être arrêtée quinze jours. Mais quand on en est au point de ne plus pouvoir lever les bras pour s’attacher les cheveux, on n’a pas besoin d’un psychologue ; on a besoin de ne pas travailler pour aller mieux. C’est cela que vous empêchez : le fait d’arrêter un temps de travailler pour se soigner et pouvoir revenir ensuite.
Pour moi, c’est un très mauvais calcul, car il est court-termiste et il aura de graves conséquences à moyen et long termes.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Si vous m’y autorisez, je m’exprimerai sur les amendements nos 677 et 678, puisque les deux amendements ont été présentés en même temps et ont tous les deux fait l’objet d’avis. Nous avons entendu Mme la ministre s’en remettre à la sagesse de l’Assemblée sur l’amendement no 678 qui tend à harmoniser, dans une perspective de simplification, les durées maximales d’un premier arrêt maladie, qu’il soit prescrit à l’hôpital ou en soins de ville ; c’est aller dans la bonne direction.
En outre, nous avons vu que l’article 28 prévoit d’emblée que tout médecin peut déroger à ces durées maximales de prescription si la situation de la personne le nécessite et sur la base des recommandations de la Haute Autorité de santé.
J’ajoute – il me semble que nous n’avons pas mentionné ce chiffre ici – que seules 4 % des 15 millions de prescriptions d’arrêt de travail sont supérieures à trente jours.
Mme Delphine Batho
Et alors ?
M. Jérôme Guedj
Sur la base de ces éléments et pour dépassionner – si j’ose dire – les débats, nous sommes prêts à retirer l’amendement no 677 pour privilégier l’amendement no 678 qui aligne la durée maximale des arrêts maladie prescrits en ville sur ceux prescrits à l’hôpital en l’établissant à un mois dans les deux cas. Je rappelle que le médecin peut toujours déroger à cette durée maximale si la situation de la personne le nécessite.
(L’amendement no 677 est retiré.)
(L’amendement no 678 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 1384, 1385, 1393, 1389 ainsi que les amendements identiques nos 1386, 1395 et 1411 tombent.)
Mme la présidente
Les amendements nos 2224 et 2225 de M. Thibault Bazin, rapporteur général sont rédactionnels.
(Les amendements nos 2224 et 2225, acceptés par le gouvernement, successivement mis aux voix, sont adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat, pour soutenir l’amendement no 1303.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Je le retire.
(L’amendement no 1303 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de trois amendements identiques, nos 679, 1772 et 1970.
La parole est à M. Romain Eskenazi, pour soutenir l’amendement no 679.
M. Romain Eskenazi
Il vise à dispenser les personnes souffrant d’une affection de longue durée (ALD) de la nécessité de retourner chez un médecin pour prolonger leur arrêt maladie. Nous savons que, par nature, les affections de longue durée entraînent fréquemment la reconduction des arrêts maladie. Cette disposition permettrait de baisser la pression sur les temps d’attente pour les rendez-vous médicaux.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Les médecins – c’est écrit noir sur blanc – pourront y « déroger […] lorsqu’ils justifient, sur la prescription, de la nécessité d’une durée plus longue au regard de la situation du patient ». Il est important de bien lire les dispositions prévues par l’article. Rien n’empêche le médecin de prescrire une durée plus importante que celle que nous venons de porter à trente jours. L’article 28 prévoit que le médecin peut déroger à la durée maximale sans difficulté. Je pense par conséquent qu’il ne faut pas exclure la limitation de durée pour les arrêts de travail liés aux ALD, ce qui permet de préserver un cadre commun.
La possibilité de dérogation comprend évidemment les ALD. Juridiquement, l’amendement no 679 me semble entièrement satisfait. Je vous propose donc de le retirer, à moins que l’Assemblée veuille envoyer un signal pour enfoncer le clou, quitte à aboutir à une répétition dans la rédaction du texte.
L’amendement no 679 a été rejeté par la commission. À titre personnel, je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
J’ai omis de donner la parole pour défendre les amendements identiques nos 1772 et 1970.
La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 1772.
M. Hadrien Clouet
Nous allons enfoncer le clou comme nous y invite M. le rapporteur général. En effet, en l’état, il y a bien sûr un risque de double peine : certaines personnes en ALD verront leur arrêt de travail limité alors que dans de nombreuses situations l’ALD et l’arrêt de travail se mêlent. Le fait de présenter un diabète ou une forme d’obésité prédispose à des arrêts de travail, à des accidents du travail ou à des maladies professionnelles. Comment les distinguerez-vous ? Vous n’allez pas saucissonner les gens et les couper en bouts de salami ? Il faut bien assurer une protection à la personne telle qu’elle existe, surtout dans un pays où, rappelons-le, les conditions de travail ne cessent de se dégrader. En quarante ans, le nombre de personnes qui portent des charges lourdes a doublé, tout comme le nombre de personnes en posture pénible au travail ou le nombre de gens en intérim. Ainsi, des millions de personnes dans ce pays n’osent même pas déclarer un accident ou un arrêt de travail car sinon ils sont blacklistés sur le chantier ou dans l’agence d’intérim.
Il faut donc les protéger de cette mesure, qui consiste à plafonner la durée des arrêts de travail. Comme si les gens étaient interchangeables ! Comme si la douleur de l’un ou de l’autre était la même chose ! Comme si le médecin était incapable de protéger le patient ou la patiente qu’il prend en charge !
Nous ne sommes pas d’accord avec le fait qu’une poignée de ministres, dont certains sont multimillionnaires, s’occupent de limiter les arrêts de travail d’agents de caisse, d’ouvriers du bâtiment ou de caristes. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
L’amendement no 1970 de Mme Béatrice Bellay est défendu.
Le rapporteur général a déjà donné l’avis de la commission sur ces amendements identiques. Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Monsieur Clouet, on ne peut pas faire croire aux gens tout et n’importe quoi. Vous dites que cet article supprimerait les arrêts maladie. Je voudrais rassurer nos concitoyens : il ne s’agit pas de cela mais pour autant, il ne faut pas se voiler la face devant la croissance des arrêts maladie.
Ce n’est pas parce que vous êtes en ALD que le médecin n’a pas besoin de vous voir régulièrement. Vous avez voté l’amendement qui prévoit que le malade, qu’il soit en ALD ou pas, consulte le médecin tous les mois. Cela donne un peu plus de temps aux gens pour se soigner, notamment à ceux du Havre, monsieur Lecoq.
Parce que le patient est en ALD, il a encore plus besoin de voir le médecin pour suivre l’évolution de sa maladie, notamment si elle s’aggrave, comme s’en inquiétait une députée tout à l’heure. On ne peut donc pas faire croire, comme vous le faites, que nous voulons interdire la prescription d’arrêts maladie. Les médecins continueront à prescrire et à renouveler des arrêts maladie. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à M. Frédéric Petit.
M. Frédéric Petit
Monsieur Clouet, nous ne limitons rien du tout. Vous n’avez pas lu cet article et vous n’êtes pas plus d’accord avec nous que nous ne le sommes avec vous. Madame la ministre, il ne s’agit pas de rassurer nos concitoyens, mais de les éclairer : quand quelqu’un raconte des salades, il faut le leur dire.
Il faut aussi être objectif : les arrêts de travail ont augmenté de 30 % en quelques années. J’ai employé des milliers de personnes et quand je sentais que quelque chose allait mal chez le personnel, ça m’inquiétait et j’ouvrais le capot pour regarder. C’est ce que nous sommes en train de faire.
Il faudra évidemment réformer les ALD, quand nous aurons compris ce qui se passe. Les conditions de travail devront être revues. Ceux qui doivent le dire, ce sont les médecins, pas nous. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Michel Lauzzana.
M. Michel Lauzzana
Des dispositifs existent déjà pour réguler la durée des arrêts. Il n’y a pas longtemps, quand je faisais encore des remplacements, je devais m’inscrire sur une interface numérique qui me proposait des durées – soit je validais la durée, soit je passais outre pour prescrire celle qui me semblait la plus adaptée.
Le système doit cependant être amélioré pour gagner en précision, notamment dans la recherche de pathologies cliniques. Il faut aider les médecins à mieux prescrire et revoir l’interface du logiciel de la sécurité sociale, parce que toutes les pathologies ne sont pas référencées de la même manière.
Mme la présidente
La parole est à M. Hadrien Clouet.
M. Hadrien Clouet
On nage en plein trumpisme ! L’article écrit noir sur blanc que la durée maximum d’un arrêt sera fixée par décret. C’est même écrit dans quatre alinéas différents, pour faire figurer cette mesure dans le code rural et de la pêche maritime, et le code de la sécurité sociale. N’hésitez pas à le lire : vous aviez copié-collé la même phrase !
On peut dire n’importe quoi et faire comme M. Petit, qui compare ses salariés à une bagnole dont il faudrait ouvrir le capot – ça donne envie d’être salarié chez lui ! Mais on peut aussi parler de choses concrètes : nous ne sommes pas d’accord avec l’idée de définir dans la loi une durée maximum. Nous ne l’accepterons jamais, parce qu’il n’est pas juste d’imposer cela à des gens qui sont dans des situations différentes. Nous vous connaissons bien : nous savons que la limite maximum pour vous, c’est la limite minimum pour d’autres. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.
M. Jean-Paul Lecoq
Vous nous donnez l’impression de vouloir infliger une punition collective. Pour un pourcentage très réduit de débordements, vous voulez corseter le système médical et faire payer à tout le monde les abus de quelques-uns.
Je n’ai jamais été PDG, mais j’ai été maire d’une ville qui comptait plus d’une centaine de salariés. Dès que je constatais une augmentation des arrêts ou des accidents de travail, je faisais l’arbre des causes, je cherchais des explications, je réunissais les gens, j’essayais de comprendre. Il ne me venait pas à l’esprit, parce que ce n’était pas mon rôle d’employeur, de dire que c’était de la faute du médecin. Il y a des institutions de contrôle pour cela. Donnez-leur les moyens d’assurer leur mission et abandonnez cette idée de punition collective qui laisse penser que les salariés seraient des tricheurs et des menteurs. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Pour la qualité des débats – je m’adresse notamment à Hadrien Clouet –, il faut dire les choses telles qu’elles sont.
Mme Sophia Chikirou
On ne te parle pas, à toi !
M. Jérôme Guedj
D’abord, les médecins conservent la possibilité de prescrire ce qu’ils veulent. Cette faculté n’était pas prévue dans le texte initial du gouvernement. Le Conseil d’État, dans son avis, a clairement fait comprendre au gouvernement qu’il ne pouvait pas limiter de manière générale et absolue cette possibilité. Les médecins gardent donc leur liberté de prescription au-delà de trente jours. C’est une bonne nouvelle. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme Sophia Chikirou
Regarde ailleurs plutôt que de te tourner vers nous !
Mme Karen Erodi
Menteur, va !
M. Jérôme Guedj
Ensuite, je rappelle que nous venons de voter un amendement qui prévoit une durée de trente jours, y compris en ville. Enfin, je le répète, on n’a que 430 000 arrêts de travail qui dépassent les trente jours. Le problème se pose parfois aussi en sens inverse : il peut arriver que des médecins prescrivent des arrêts trop longs et inadaptés à la situation du patient. La plupart des prescriptions supérieures à trente jours le sont pour les troubles anxio-dépressifs. Or la HAS recommande un arrêt de quinze jours maximum. Je préfère donc qu’on travaille à mieux adapter les arrêts de travail aux recommandations de la HAS.
(Les amendements identiques nos 679, 1772 et 1970 ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente
L’amendement no 1409 de M. Hendrik Davi est défendu.
(L’amendement no 1409, repoussé par la commission et le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Didier Berger, pour soutenir l’amendement no 2244.
M. Jean-Didier Berger
Je le retire.
(L’amendement no 2244 est retiré.)
Mme la présidente
L’amendement rédactionnel no 2226 de M. le rapporteur général est défendu ainsi que les amendements de coordination no 2227, rédactionnel no 2228 et de coordination no 2229, du même auteur.
(Les amendements nos 2226, 2227, 2228 et 2229, acceptés par le gouvernement, sont successivement adoptés.)
Mme la présidente
Sur les amendements nos 262 et identiques, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés et le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Je suis saisie de six amendements identiques, nos 262, 680, 1373, 1396, 1575 et 2106.
La parole est à M. Stéphane Mazars, pour soutenir l’amendement no 262.
M. Stéphane Mazars
Je le retire.
(L’amendement no 262 est retiré.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 680.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Il tend à supprimer les alinéas 22 à 25 de l’article 28, qui prévoient que les visites de reprise après un congé maternité ou un arrêt de travail se feront désormais à la demande du salarié.
Le fait que cette visite ne soit plus obligatoire pour les femmes qui sortent d’un congé maternité me pose problème. En France, si l’on se réfère aux chiffres qui figurent sur le site Ameli de la sécurité sociale, 10 à 20 % des mères souffrent de dépression dans la première année qui suit la naissance d’un enfant. Ce que l’on appelle pudiquement un baby blues est en réalité une dépression post-partum, qui peut trouver sa cause dans la précarité, l’isolement, les complications liées à la grossesse. Cette dépression peut mener au suicide, qui demeure tout de même la première cause de mortalité maternelle dans l’année qui suit la naissance de l’enfant.
Mme la présidente
La parole est à M. Édouard Bénard, pour soutenir l’amendement no 1373.
M. Édouard Bénard
Cet amendement de repli concerne la visite médicale de retour du congé maternité, que vous comptez rendre facultative. Mon collègue Jean-Paul Lecoq l’a dit : la santé en général et la santé au travail en particulier ne sont pas des options. Cette disposition va totalement à l’encontre de la reconnaissance des enjeux spécifiques liés à la santé des femmes.
Mme Delphine Batho
Et après, on parle de réarmement démographique !
M. Édouard Bénard
Une étude publiée dans The Lancet Global Health en 2023 a confirmé que les femmes étaient susceptibles de souffrir d’un grand nombre de problèmes de santé après l’accouchement, en particulier après la période habituelle de reprise du travail, quand elles ont encore moins accès aux services de santé. La visite de reprise après le congé maternité constitue ainsi un maillon essentiel dans la surveillance de la santé des femmes de retour de congé maternité.
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 1396.
M. Paul-André Colombani
Il tend à supprimer les alinéas 22 à 25 qui rendent facultative la visite médicale au retour du congé maternité. Ce n’est pas une bonne mesure. Actuellement, cette visite obligatoire vise à évaluer l’aptitude de la salariée à reprendre son poste, à prévenir les risques liés à la reprise et à adapter si nécessaire les conditions de travail.
Elle permet notamment de détecter de la fatigue, des complications post-partum, des problèmes liés à l’allaitement, ou encore des troubles psychologiques tels que la dépression post-partum. La rendre facultative reviendrait à renvoyer la responsabilité sur la salariée, qui n’a pas toujours la possibilité d’évaluer ses besoins médicaux, parfois par manque de recul psychologique.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot, pour soutenir l’amendement no 1575.
Mme Ségolène Amiot
Si la grossesse est de nature physiologique, elle n’est pas sans risques pour les femmes. Qu’on ait accouché par voie basse ou par césarienne, que l’on allaite ou non son enfant, les conséquences ne sont pas anodines. Le corps a changé et reprendre une activité professionnelle n’est pas une évidence.
La visite médicale, au cours de laquelle le médecin peut détecter une dépression post-partum, est susceptible d’éviter le suicide, première cause de mortalité chez les femmes après la naissance d’un enfant. Il faut donc absolument que celles-ci continuent à voir un médecin avant de reprendre le travail. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 2106.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il tend à supprimer la partie III de l’article 28, soit les alinéas 22 à 25. La présence de mon nom parmi les auteurs des amendements peut surprendre certains.
Mme Ségolène Amiot
Nous apprécions !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
J’ai conscience des enjeux liés à la santé mentale des femmes durant la période du post-partum. En cette année dédiée à la santé mentale, voulue par le premier ministre Michel Barnier, il est important de rappeler, même si le sujet reste tabou, que nous mesurons mal la souffrance et le sentiment de solitude que peuvent ressentir les femmes après avoir accouché. Pourtant, je suis bien convaincu que nous avons tous, dans notre entourage, une personne qui y aura été confrontée.
J’ai été surpris que cette partie III figure dans le texte. Monsieur le ministre du travail, j’ai bien entendu que vous nous donniez rendez-vous sur l’amendement de Prisca Thevenot, mais je veux rester cohérent avec le message que j’ai fait passer en début de semaine : tout ce qui relève du droit du travail n’a rien à faire dans le budget de la sécurité sociale, au risque d’être censuré par le Conseil constitutionnel.
Peu importe que l’on soit pour ou contre l’obligation de la visite médicale, le paragraphe III est un cavalier puisqu’il concerne la médecine du travail, non la branche maladie. Je voudrais que notre assemblée soit perçue comme une chambre très sérieuse et ne se fasse pas taper sur les doigts par le Sénat ou le Conseil constitutionnel. Je vous invite donc à supprimer ce paragraphe.
Quant au fond, il révèle une certaine confusion : ce n’est pas parce que la visite de reprise est obligatoire que le fait qu’elle n’ait pas eu lieu empêche la femme de reprendre son travail. Celle-ci reste libre. Je préfère le préciser à ce moment du débat. Ces amendements identiques avaient été adoptés par la commission ; à titre personnel, avis favorable.
Mme Ségolène Amiot
Bravo !
M. Jean-Paul Lecoq
Bien démontré ! Excellent rapporteur général !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Avis défavorable. Nous ne prétendons pas, madame Amiot, que la grossesse ne présente pas de risques, et vous savez bien qu’après l’accouchement, dans les douze premiers jours, la mère peut recevoir deux visites intégralement prises en charge par l’assurance maladie ; entre le douzième jour et la sixième semaine, l’entretien postnatal précoce est pris en charge à 70 % ; un autre rendez-vous peut être pris entre la sixième et la quatorzième semaine.
Cet article prévoit que l’examen de reprise du travail devienne facultatif : les femmes qui le souhaitent le passeront mais celles qui se sentent bien, qui ont été suivies par l’assurance maladie, et pour lesquelles le manque de médecins du travail décalerait la reprise – cela arrive – en seront ainsi dispensées. Toutefois, j’entends le débat qu’il suscite. Nous en arriverons dans peu de temps à l’amendement no 2331, que l’on doit à Mme Thevenot et qui vise à rétablir le caractère obligatoire de cette visite pour les travailleuses affectées à des postes présentant des risques particuliers pour leur santé : je serai favorable à son adoption, qui serait une manière logique d’aboutir au compromis que nous recherchons tous.
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
Le changement physique et psychologique que suscite la maternité mérite une attention toute particulière ; je tiens à saluer les professionnels de santé qui accompagnent les femmes au cours de la période périnatale. Pourrions-nous aborder la question d’un rendez-vous préventif concernant l’accompagnement de la reprise au sein de l’entreprise ? Par ailleurs, la visite dont nous débattons constitue-t-elle un frein à la reprise par suite de difficultés à obtenir un rendez-vous ? Enfin, peut-être devrions-nous envisager un meilleur accompagnement au plus près des attentes des femmes, des parents, et notamment savoir quelle attitude ils souhaiteraient voir adopter par leurs collègues lors de la reprise du travail après un décès périnatal. Là encore, un entretien au sein de l’entreprise, avant leur retour, pourrait permettre de leur poser la question.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le sujet que vous venez d’évoquer, madame Gruet, est abordé dans le rapport sur les congés parentaux que j’ai corédigé avec Céline Thiébault-Martinez – je la vois qui me fait coucou… (Rires et applaudissements.)
Mme la présidente
Je pense plutôt qu’elle demande la parole… (« Hou hou, Thibault ! » et signes de la main sur divers bancs.)
La parole est à Mme Élise Leboucher.
Mme Élise Leboucher
Ça va être compliqué de prendre la suite ! (L’hilarité persiste sur tous les bancs.) Je laisse passer un peu de temps, mais je comprends.
Madame la ministre, nous connaissons la difficulté pour une femme d’être enceinte, de gérer une grossesse, d’avoir des enfants ; cela peut devenir un frein à l’évolution de sa carrière au sein de l’entreprise, une source de discriminations dans le monde du travail. Si cette visite cesse d’être obligatoire, certaines femmes n’oseront pas la demander et ce sera dommage, car nous passerons à côté de situations où le médecin du travail, qui est en rapport avec l’employeur, pourrait par exemple discuter de divers aménagements du poste afin de répondre aux besoins liés à l’arrivée d’un enfant. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Il est essentiel, lorsqu’une femme a accouché, qu’elle puisse avoir des rendez-vous médicaux – au moins trois, comme l’a rappelé Mme la ministre, entre la naissance de l’enfant et la reprise du travail. Ce qui importe au moment de cette reprise, c’est qu’elle puisse voir un médecin si elle en a besoin, mais surtout – tel est le sens de l’amendement émanant de notre groupe, le no 2331 – si elle fait l’objet d’un suivi médical renforcé et en particulier si son état de grossesse n’est pas compatible avec ses conditions de travail. Dans ce cas, il importe de vérifier obligatoirement si son retour au travail peut avoir lieu. L’amendement que je viens de mentionner apporte donc une solution appropriée.
Mme la présidente
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Je rappelle que nous parlons d’une visite de reprise, relevant de la médecine du travail, que l’on voudrait rendre facultative alors qu’elle est censée confirmer que la femme qui vient de mener à terme une grossesse ou le salarié au sortir d’un arrêt de travail, est capable de reprendre son poste. Nous viendrait-il à l’idée de rendre facultative, par exemple, une visite d’aptitude ? Je ne saisis donc pas du tout comment on peut envisager que cette visite ne soit effectuée qu’à la demande de la personne en cause ; ce serait une réelle et problématique mise en danger de la santé des salariés. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Rousseau.
Mme Sandrine Rousseau
Il est très important que ces visites puissent avoir lieu ; pour les médecins du travail, comme d’ailleurs pour les médecins de ville, elles constituent un moyen d’identifier des pathologies, une période post partum compliquée, des tensions domestiques. Elles permettent également d’anticiper d’éventuelles discriminations sur le lieu de travail : la femme connaît le médecin vers lequel, en cas de difficultés, elle pourra se tourner. Pour nombre de femmes, la reprise qui suit la naissance d’un enfant n’a rien d’évident ; le monde du travail n’est pas un monde de Bisounours et ce moment de vulnérabilité, de fragilité, peut donner lieu à des violences. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 680, 1373, 1396, 1575 et 2106.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 220
Nombre de suffrages exprimés 219
Majorité absolue 110
Pour l’adoption 177
Contre 42
(Les amendements identiques nos 680, 1373, 1396, 1575 et 2106 sont adoptés ; en conséquence, les amendements nos 2230, 637, 2331 et 2231 tombent.)
(Applaudissements sur quelques bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR.)
Mme la présidente
L’amendement no 2233 de M. le rapporteur général est un amendement de coordination.
(L’amendement no 2233 accepté par le gouvernement, est adopté.)
Mme la présidente
Sur l’article 28, je suis saisie par le groupe La France insoumise-Nouveau Front populaire d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Êtes-vous d’accord, chers collègues, pour voter sans attendre que cinq minutes se soient écoulées ? (Assentiment.)
Je mets donc aux voix l’article 28, tel qu’il a été amendé.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 207
Nombre de suffrages exprimés 206
Majorité absolue 104
Pour l’adoption 116
Contre 90
(L’article 28, amendé, est adopté.)
Après l’article 28
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements portant article additionnel après l’article 28, dont quatre amendements, nos 1423, 1715 rectifié, 1448 et 1234, pouvant être soumis à une discussion commune.
Sur les nos 1423 et 1715 rectifié, je suis saisie par le groupe Droite républicaine de demandes de scrutin public.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 1423.
Mme Josiane Corneloup
En 2024, le coût des arrêts de travail a atteint 16,6 milliards d’euros, soit une hausse de 60 % par rapport à 2010, autrement dit une augmentation régulière de 3,8 % par an, sans explication probante. L’amendement vise à mieux maîtriser cette augmentation des arrêts, donc de leur coût pour les finances publiques, en luttant plus efficacement contre les abus et les fraudes. Pour ce faire, la prescription ou le renouvellement d’un arrêt de travail ne pourrait être délivrée lors d’un acte de télémédecine.
M. Jean-Paul Lecoq
Déjà qu’on n’a plus de médecins, si on ne peut plus faire de télémédecine…
Mme la présidente
L’amendement no 1715 rectifié de M. le rapporteur général est défendu.
La parole est à Mme Nicole Dubré-Chirat, pour soutenir l’amendement no 1448.
Mme Nicole Dubré-Chirat
Le montant des dépenses de sécurité sociale liées aux arrêts de travail dépasse 15 milliards par an, dont une grande partie pour des arrêts de courte durée. Depuis le 1er janvier 2024, la prescription ou le renouvellement d’un arrêt de travail par téléconsultation ne peut porter sur plus de trois jours : si cette mesure a permis de limiter les abus favorisés par des plateformes spécialisées et constatés par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) comme par l’assurance maladie, la Cour des comptes indique dans un rapport consacré aux téléconsultations, publié en avril, que les pratiques frauduleuses touchant la délivrance en ligne de ces arrêts persistent.
Cet amendement vise donc à interdire qu’un arrêt de travail soit prescrit ou renouvelé en téléconsultation, sauf auprès du médecin traitant ou si le patient, soit incapacité physique, soit résidence dans un territoire sous-doté, justifie de l’impossibilité de consulter autrement.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1234, je suis saisie par le groupe Horizons & indépendants d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé, pour soutenir l’amendement.
Mme Nathalie Colin-Oesterlé
Il prévoit d’encadrer plus strictement la prescription d’arrêts de travail par téléconsultation en la réservant au médecin traitant ou à la sage-femme référente. Bien évidemment, il serait fait exception à cette règle lorsque le patient ne dispose pas d’un médecin traitant. L’explosion du recours aux téléconsultations depuis la pandémie de covid-19 s’est accompagnée d’une hausse spectaculaire du nombre des arrêts de travail délivrés en ligne : en 2024, selon l’assurance maladie, près de 2 millions de ces arrêts ont été validés à distance, soit une augmentation de plus de 60 % en deux ans. Cette inflation s’est traduite par une progression du coût global de l’indemnisation des arrêts maladie ; or en 2024, près d’un arrêt sur cinq prescrits en téléconsultation émanait d’un professionnel qui n’avait avec le patient aucune relation de suivi préalable.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur ces amendements en discussion commune ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Pour plus de clarté, je précise que lorsque je parlerai du médecin traitant, je sous-entendrai également la sage-femme référente.
Le premier amendement, dû à M. Di Filippo et soutenu par Mme Corneloup, prévoit la suppression complète du recours à la télémédecine pour obtenir un arrêt de travail. Celui de Mme Colin-Oesterlé ne changerait rien à la durée maximale de trois jours des arrêts de travail délivrés à distance, mais vise à réserver cette pratique au médecin traitant et à la sage-femme référente, et à supprimer la dérogation prévue en cas de non-obtention d’un rendez-vous. Celui de Mme Dubré-Chirat ne laisserait subsister que les exceptions : absence du médecin traitant, non-obtention d’une consultation. D’ailleurs, sa rédaction ne lui permettrait pas forcément de s’insérer dans le code de la santé publique, car elle aboutirait à prévoir des exceptions à une règle qui n’existerait plus. Ces trois amendements n’ont pas été adoptés par la commission, contrairement au mien,…
M. Vincent Descoeur
C’est le meilleur !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
…lequel vise à supprimer la possibilité, en télémédecine, de renouveler un arrêt de travail ou de porter à plus de trois jours la durée d’un arrêt en cours, mais conserve le fait que l’arrêt initial ne peut porter sur plus de trois jours, ainsi que la dérogation en faveur des patients qui n’ont pas de médecin traitant ou peuvent justifier de l’impossibilité d’obtenir une consultation classique.
La commission a choisi d’adopter l’amendement no 1715 rectifié. Je n’ai pas l’orgueil de l’écrivain ; c’est surtout une question de curseur.
Des assises de la télémédecine ont été lancées cet été, et on a constaté certains abus. À mon avis, une régulation est nécessaire. Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée pour déterminer le curseur approprié à prévoir pour la télémédecine. Pour ma part, je trouve que la solution la plus équilibrée est celle proposée par l’amendement no 1715 rectifié.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Avis défavorable sur les quatre amendements.
Mme la présidente
La parole est à M. Philippe Vigier.
M. Philippe Vigier
L’amendement le plus équilibré est effectivement l’amendement no 1715 rectifié adopté par la commission. Il satisfait un premier principe qui, pour moi, est essentiel : maintenir la possibilité de prescrire un premier arrêt de travail par téléconsultation. On ne peut pas parler de recul puisque c’est un dispositif qui existe et qui perdure.
Il a été dit tout à l’heure sur de nombreux bancs qu’il y avait eu une augmentation très importante des arrêts ainsi prescrits. Il est donc indispensable qu’une consultation physique intervienne en cas de renouvellement. Le renouvellement d’un arrêt de travail institue dans la durée la nécessité d’un suivi médical. Or ce suivi exige, me semble-t-il, une consultation et des investigations qu’on ne peut pas mener par téléconsultation.
Cet amendement respecte la liberté de chacun de bénéficier d’un arrêt maladie lorsque c’est nécessaire tout en l’encadrant par la confirmation demandée à un médecin en consultation physique. C’est la raison pour laquelle nous voterons pour cet amendement no 1715 rectifié.
Mme la présidente
La parole est à M. Jean-Paul Lecoq.
M. Jean-Paul Lecoq
On est d’accord qu’il n’y a pas assez de médecins dans notre pays. On est d’accord que vous prévoyez d’installer des cabines de téléconsultation chez les pharmaciens, précisément parce qu’il manque de médecins. On est d’accord qu’un patient pourra se voir prescrire un arrêt de travail au cours d’une téléconsultation dans une cabine de ce type. On est d’accord qu’à la fin de l’arrêt de travail, il n’y aura pas plus de médecins dans la ville ou le village concerné. Si on est d’accord sur tous ces constats, pourquoi sortez-vous des propositions comme celle-là ? On se le demande !
Mme Stéphanie Rist, ministre
On est d’accord.
M. Jean-Paul Lecoq
Vous voulez réduire la possibilité d’avoir accès à un arrêt de travail ? Il n’y a pas de médecins ! À moins que vous ne garantissiez à chacun la possibilité d’avoir un médecin, partout dans le pays, métropole et outre-mer, c’est bien à cela qu’aboutira votre disposition… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés des groupes GDR, EcoS et SOC applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Delphine Batho.
Mme Delphine Batho
J’allais dire ce qui vient d’être dit, donc je ne le répète pas.
Je voudrais souligner que les médecins d’un territoire rural comme le mien, où plus de 29 000 personnes n’ont pas de médecin traitant, nous demandent sans cesse de les débarrasser des consultations passées à faire de la paperasserie administrative. Ils estiment que le temps médical disponible doit être consacré à soigner les patients, et non à remplir des formulaires. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Le sujet de la télémédecine est important. En effet, dans certains territoires, notamment ruraux, la télémédecine est indispensable.
Cela étant, il est déjà prévu que les médecins procédant à une téléconsultation ne puissent pas prescrire un arrêt de travail pour une durée supérieure à trois jours ni prolonger un arrêt de travail en cours si cela conduit à porter sa durée totale à plus de trois jours. Il me semble donc que les règles qui encadrent cette faculté, encore une fois nécessaire dans certains territoires, sont suffisantes en l’état actuel.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Il est crucial de garantir à un patient la possibilité d’obtenir un arrêt de travail lorsqu’il n’a pas la possibilité de trouver un rendez-vous avec un médecin. La téléconsultation s’est développée dans ce sens, et c’est heureux.
C’est vrai, on peut déplorer des abus dans la prescription des arrêts de travail lors des téléconsultations mais votre réponse n’est pas la bonne.
Pour combattre ces plateformes, dont certaines sont domiciliées à l’étranger, qui se sont spécialisées dans la prescription d’arrêts de travail et les délivrent quasiment sur demande,…
M. Philippe Vigier
Oui, et en deux ou trois clics !
M. Jérôme Guedj
…il faut un travail ciselé et méthodique de lutte contre la fraude et les abus ainsi que de lutte contre la création même de ces plateformes.
Madame la ministre, j’ai entendu vos arguments : de grâce, ne prenons pas une arme atomique pour traiter un problème qui doit être circonscrit à ce qu’il est (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS et sur quelques bancs du groupe Dem), à savoir de la fraude organisée à but lucratif par certaines plateformes. Conservons… (Le temps de parole étant écoulé, Mme la présidente coupe le micro de l’orateur.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Les consultations de télémédecine sont aussi beaucoup plus fréquentes en métropole que là où nous cherchons des médecins.
M. Philippe Vigier
Eh oui.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je suis d’accord avec vous, monsieur Lecoq, j’aimerais, moi aussi, qu’il y ait des médecins dans tout notre territoire mais l’existence de la télémédecine n’est pas antinomique avec ce souhait. La télémédecine est complémentaire, elle ne remplace pas les médecins.
En revanche, dans les zones où l’offre est inexistante, la présence d’une infirmière ou d’un pharmacien peut permettre de réaliser des consultations de bonne qualité au sein d’une cabine de télémédecine. C’est une proposition complémentaire au médecin traitant, dont nous aurons toujours besoin.
Concernant les arrêts de travail, nous avions déjà voté pour la limitation à une durée de trois jours des arrêts de travail prescrits en téléconsultation. C’était, à mon sens, une bonne chose. Le dispositif est donc déjà encadré.
Aujourd’hui, ce sont surtout les jeunes qui ont recours aux téléconsultations. Ils consultent pour une angine, montrent leur gorge en visioconférence, prennent leur température dans la cabine, et repartent avec leur traitement et un arrêt de travail de trois jours. Ce n’est donc pas inutile et c’est pourquoi j’émets un avis défavorable aux amendements. Mais rassurez-vous, monsieur Lecoq, je suis d’accord avec vous sur le fait que l’intérêt principal de la télémédecine réside dans l’offre complémentaire au médecin traitant.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Chers collègues, les quatre amendements sont vraiment très différents. L’équilibre trouvé par la commission consistait à maintenir la dérogation pour les patients sans médecin traitant ou justifiant qu’ils n’ont pas pu obtenir de consultation classique.
Mme Delphine Batho
Mais ça fait de la paperasse, il faut apporter des preuves.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Exactement.
(L’amendement no 1423 est retiré.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1715 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 216
Nombre de suffrages exprimés 215
Majorité absolue 108
Pour l’adoption 94
Contre 121
(L’amendement no 1715 rectifié n’est pas adopté.)
(L’amendement no 1448 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1234.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 201
Nombre de suffrages exprimés 200
Majorité absolue 101
Pour l’adoption 81
Contre 119
(L’amendement no 1234 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 2278 de M. Jean-Didier Berger est retiré.
(L’amendement no 2278 est retiré.)
Mme la présidente
Je suis saisie de plusieurs amendements, nos 681 rectifié, 2449, 757, 1223, 1482, 2084 et 2448, pouvant être soumis à une discussion commune.
Les amendements nos 757, 1223, 1482, 2084 et 2448 sont identiques.
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez, pour soutenir l’amendement no 681 rectifié.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Le présent amendement vise à autoriser les médecins à prescrire une reprise de l’activité en télétravail à la suite d’un arrêt de travail. Cela permettrait à des salariés de ne pas rester trop longtemps éloignés de l’emploi. C’est aussi une mesure d’aménagement pour les personnes qui auraient recouvré les capacités physiques de reprendre le travail mais voudraient s’épargner, par exemple, la fatigue des trajets.
C’est également une mesure économique, puisqu’il est toujours plus intéressant pour un salarié d’être au travail que de percevoir des indemnités journalières.
Enfin, ce serait une bonne façon de lutter contre l’absentéisme.
Mme la présidente
Sur l’amendement no 681 rectifié, je suis saisie par le groupe Socialistes et apparentés d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Nicolas Turquois, pour soutenir l’amendement no 2449.
M. Nicolas Turquois
Comme vient de le dire notre collègue, ce serait une mesure de bon sens et de souplesse que de permettre à certains publics, pour certaines pathologies, soit de reprendre en télétravail à la suite d’un arrêt, soit d’être en télétravail en lieu et place d’un arrêt. Cela peut être bénéfique pour le salarié, pour l’entreprise, et faciliter bon nombre de choses.
Je mesure qu’il s’agit d’une proposition de rupture par rapport à l’existant. C’est pourquoi j’ai intégré, dans ce premier amendement, la dimension symbolique d’une mise en œuvre après dialogue et accord avec les organisations syndicales. Cette disposition ne figure pas dans mon second amendement no 2448, également présenté dans cette discussion commune.
Mme la présidente
Vous avez donc défendu par avance l’amendement no 2448 ?
M. Nicolas Turquois
Oui.
Mme la présidente
L’amendement no 757 de M. Stéphane Viry est défendu.
La parole est à M. Laurent Croizier, pour soutenir l’amendement no 1223.
M. Laurent Croizier
Effectivement, nombreux sont les patients dont l’état de santé ne justifie pas un arrêt complet mais simplement un aménagement temporaire.
Cet amendement propose donc d’autoriser les médecins à prescrire une reprise ou une poursuite de l’activité en télétravail en lieu et place d’un arrêt de travail complet, si le poste de l’assuré est éligible. Cela offre un aménagement intermédiaire que je trouve extrêmement pertinent.
C’est une mesure économiquement et socialement intelligente pour l’assuré, pour l’assurance maladie et pour l’employeur. Elle maintient le lien avec l’emploi, préserve les revenus du salarié, réduit la charge de l’assurance maladie et évite le coût d’une absence ou d’un remplacement.
Cet amendement, travaillé avec la Mutualité française, répond clairement aux enjeux contemporains.
Mme la présidente
La parole est à M. Paul Molac, pour soutenir l’amendement no 1482.
M. Paul Molac
Il s’agit d’un amendement identique défendu avec les mêmes arguments que mes collègues.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé, pour soutenir l’amendement no 2084.
Mme Nathalie Colin-Oesterlé
De même, l’amendement vise à autoriser les médecins à prescrire une reprise ou une poursuite de l’activité en télétravail lorsque le pronostic fonctionnel le justifie et si le poste de l’assuré est éligible. Cela peut constituer une alternative proportionnée et évolutive qui facilite une reprise du travail progressive et sécurisée.
Mme la présidente
L’amendement no 2448 a déjà été défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Vous voulez créer un nouveau motif de prescription médicale : le télétravail thérapeutique. De manière générale, je considère favorablement les propositions qui réduiraient les dépenses liées aux arrêts de travail pour maladie et, plus largement, augmenteraient la quotité de travail.
Lorsqu’une personne n’est pas en mesure de se déplacer pour se rendre au travail mais qu’elle est en capacité de travailler à domicile, on peut comprendre qu’elle souhaite télétravailler. Cette proposition est tout de même un peu discriminante, parce que tous les métiers ne le permettent pas. Ces amendements pourraient donc être sources d’inégalités.
M. Gérard Leseul
Ce n’est pas une obligation.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
En effet, ce n’est pas une obligation.
Mme Delphine Batho
Ça existe déjà !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Oui, l’aménagement du poste de travail existe déjà. Je dis simplement qu’il y a des postes où il n’est pas possible de se voir prescrire du télétravail thérapeutique.
Pendant cette période, qui ne serait pas un congé, le télétravailleur est donc payé. Touche-t-il des indemnités journalières ? Vos exposés des motifs laissent entendre que non, mais les dispositifs des amendements ne le précisent pas.
En résumé, je trouve l’idée intéressante, bien qu’en partie discriminante, et j’ai des doutes sur la recevabilité de la rédaction. Mes hésitations me conduisent à m’en remettre à la sagacité collective.
Je précise que les amendements nos 757 et identiques ont été adoptés par la commission. L’amendement no 681 rectifié de Mme Runel présente la spécificité de solliciter un avis de la Haute Autorité de santé, et l’amendement no 2449 de M. Turquois prévoit la négociation et l’accord des partenaires sociaux. Vous voilà totalement éclairés. Je m’en remets à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Jean-Pierre Farandou, ministre
Tout d’abord, je crains que ces amendements entraînent de la confusion entre des notions qui méritent d’être distinguées. La médecine de soins et la médecine du travail n’ont pas les mêmes prérogatives. La médecine du travail est compétente en matière d’organisation du travail, parce qu’elle connaît le travail réalisé au sein de l’entreprise ; la médecine de ville ne sait pas ce qui se passe dans l’entreprise.
Ensuite, certaines entreprises n’ont pas d’accord de télétravail. Comment faire du télétravail dans ce cas ?
Enfin, cette mesure risquerait d’engendrer une discrimination entre les salariés – les cols blancs ont accès au télétravail, pas les cols bleus, etc.
Les dispositions proposées dans ces amendements sont généreuses dans leur intention mais compliquées à appliquer. Pour toutes ces raisons, j’émets un avis défavorable sur tous les amendements en discussion commune.
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
J’entends les arguments avancés, mais plusieurs points me gênent, dont certains ont été évoqués par M. le ministre. Tous les salariés ne seront pas à la même école : certains ont accès au télétravail, d’autre pas. Nous allons donc créer des discriminations. Par ailleurs, je ne sais pas comment les médecins apprécieront la capacité à faire du télétravail.
Il vaudrait mieux favoriser des reprises du travail progressives, adapter les horaires et les postes de travail, en fonction du travail, plutôt que de créer un statut hybride, dans lequel le salarié est à la fois en arrêt maladie et en situation de travail – mais en télétravail. Procéder ainsi me semble peu pertinent.
Mme la présidente
La parole est à Mme Élise Leboucher.
Mme Élise Leboucher
Excusez-moi de ne pas participer à l’enthousiasme qui a l’air d’être partagé par une grande partie de l’Assemblée s’agissant de ces amendements ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.) Ayant été secrétaire de comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), je suis très choquée par ces amendements : nous risquons d’ouvrir la boîte de Pandore et de mettre la pression sur les salariés ! « Arrêt de travail » et « télétravail » : ces mots ne vont pas ensemble. Une personne en arrêt de travail n’est pas capable de travailler, que ce soit sur le lieu du travail ou à son domicile. (Mêmes mouvements.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Ce débat est intéressant, mais chacun entend ce qu’il a envie d’entendre. Pour ma part, je serai assez réservé. Actuellement, des salariés consultent un médecin pour lui demander un certificat médical justifiant du fait que leur état de santé les empêche de se rendre sur leur lieu de travail, afin de pouvoir bénéficier du télétravail.
M. Jean-Paul Lecoq
Ils ne sont pas en arrêt de travail !
Mme Sabrina Sebaihi
Ce n’est pas un arrêt de travail !
M. Cyrille Isaac-Sibille
Certes, ce n’est pas un arrêt de travail, mais on peut y voir une dérive. Je comprends tout à fait le commentaire du ministre Farandou et je suis assez d’accord avec lui. Si nous devions adopter l’un de ces amendements, ce serait le dernier, celui de notre collègue Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Le deuxième !
M. Cyrille Isaac-Sibille
Le deuxième, qui prévoit que ce dispositif puisse s’appliquer après qu’un accord a été conclu entre les partenaires sociaux. En l’absence d’un tel accord, cette disposition pourrait entraîner des dérives incontrôlables.
Mme la présidente
La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé.
Mme Nathalie Colin-Oesterlé
Il est dommage que chaque fois que nous essayons d’avancer sur un sujet, cela suscite de telles réactions. Pardonnez-moi, madame Leboucher, je connais de nombreuses personnes qui peuvent avoir envie de retravailler alors qu’elles sont en arrêt de travail, mais qui ne sont pas capables de se déplacer. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes DR et Dem. – Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.) De toute façon, nous ne serons pas d’accord.
Je trouve que l’argument de la discrimination n’est pas fondé. Dans ce cas-là, le télétravail en tant que tel est une discrimination, puisque les travailleurs manuels par définition ne peuvent pas télétravailler. Cet argument ne tient pas. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes HOR, DR et Dem.)
M. Jean-François Coulomme
Comment allez-vous faire travailler vos domestiques ?
Mme la présidente
La parole est à M. Alexis Corbière.
M. Alexis Corbière
On va le prendre poétiquement. Le grand Aristote disait : « Il y a trois formes d’hommes : les morts, les vivants et ceux qui vont sur la mer. » La formule est belle ; mais en matière de travail, il n’y a que deux sortes de gens : les malades et ceux qui ne sont pas malades. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP. – Mme Annie Vidal applaudit également.) Il n’existe pas de troisième catégorie de travailleurs, malades, mais qui vont quand même travailler.
Quelle possibilité le médecin a-t-il de connaître le domicile du travailleur qui demande à travailler chez lui ? Est-ce juste ? Qu’en sait-il ? Par ailleurs, le médecin a-t-il connaissance du type de travail qui peut être réalisé par le salarié en dépit de sa maladie ? Connaît-il le lieu de production, les conditions de travail, la nature du travail ? Malgré l’étendue de ses compétences, il ne sait pas tout cela. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
Nous fabriquons un dispositif totalement arbitraire. M. Cyrille Isaac-Sibille l’a dit, des gens viennent demander à leur médecin des certificats. Ce n’est pas le rôle du médecin de satisfaire une telle demande. Il juge l’état de santé de la personne sur la base de critères scientifiques : si elle doit se reposer, elle se repose. Elle n’est pas dans un entre-deux. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes EcoS, EPR et LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Les amendements ne concernent pas la situation d’une personne en arrêt de travail et qui irait travailler.
Prenons une personne en mi-temps thérapeutique, est-elle malade ou est-elle salariée ? En réalité, elle est les deux à la fois. Je le répète, cette mesure vise à permettre à des personnes de retourner travailler parce qu’elles le souhaitent mais n’ont pas toutes les capacités physiques ou mentales. Je rappelle aussi que cette prescription s’effectuerait avec l’accord du salarié – l’amendement le précise clairement.
S’agissant de la compétence du médecin consulté par le salarié, lorsqu’une personne rencontre des problèmes de santé liés à son travail, le médecin traitant – le médecin de famille – joue un rôle fondamental dans la relation avec l’employeur.
Les arguments qui sont donnés sont de mauvaise foi et visent juste à neutraliser une possibilité pour des salariés qui y seraient éligibles. (Applaudissements sur quelques bancs des groupes DR, Dem et HOR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je suis très défavorable à ces amendements. Il faut revenir au sens de l’arrêt maladie, qui est d’acter qu’une personne souffre d’une pathologie : elle est malade, le médecin lui propose un arrêt maladie – elle n’est pas obligée d’accepter. Lorsque je leur propose un arrêt maladie, certains patients me disent qu’ils n’en ont pas envie et qu’ils se sentent capables de travailler. C’est une discussion entre le patient et le médecin. Soit vous êtes malade, soit vous ne l’êtes pas. C’est binaire.
M. Romain Daubié et M. Michel Lauzzana
Non !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cela n’a pas de sens d’affirmer qu’il existerait un état intermédiaire, qui pourrait donner lieu à une prescription par le médecin traitant de télétravail, alors que cette modalité est normalement décidée par l’entreprise – le ministre Farandou l’a très bien dit.
L’arrêt maladie n’est pas fait pour se reposer. Quand une personne est fatiguée, elle ne demande pas un arrêt maladie, elle pose des jours de congé ou des RTT. L’arrêt maladie fait suite à une pathologie. L’amendement ne concerne pas le mi-temps thérapeutique. Le mélange entre une prescription par le médecin traitant et une mesure d’adaptation de travail ne fonctionne pas. Ce n’est pas le sens de l’arrêt maladie.
Mme la présidente
Je mets d’abord aux voix l’amendement no 681 rectifié.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 205
Nombre de suffrages exprimés 200
Majorité absolue 101
Pour l’adoption 97
Contre 103
(L’amendement no 681 rectifié n’est pas adopté.)
(Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2449.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 205
Nombre de suffrages exprimés 199
Majorité absolue 100
Pour l’adoption 95
Contre 104
(L’amendement no 2449 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 757, 1223, 1482, 2084 et 2448.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 199
Nombre de suffrages exprimés 194
Majorité absolue 98
Pour l’adoption 97
Contre 97
(Les amendements identiques nos 757, 1223, 1482, 2084 et 2448 ne sont pas adoptés.)
(Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Sur l’amendement no 1998, je suis saisie par le groupe Union des droites pour la République d’une demande de scrutin public.
Sur les amendements nos 2024, 2277 et 665, je suis saisie par le groupe Droite républicaine de demandes de scrutins publics.
Les scrutins sont annoncés dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement no 1998.
M. Éric Michoux
Il vise à rendre effective la suspension des indemnités journalières de sécurité sociale sur la base du rapport du médecin mandaté par l’employeur, dans les cas où l’examen a pu être réalisé et a conclu à un arrêt non justifié.
M. Inaki Echaniz
Il est à mi-temps M. Ciotti ?
M. Éric Michoux
Actuellement, les contrôles médicaux demandés par l’employeur peuvent conduire à la suspension des indemnités complémentaires versées par ce dernier, mais ils ne produisent aucun effet automatique sur les indemnités journalières versées par l’assurance maladie. Cette dissociation est incompréhensible, surtout lorsque le rapport médical est clairement motivé. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDR et RN.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Monsieur Michoux, je comprends votre idée, mais il me semble que votre amendement doit être retiré. Nous sommes loin d’avoir des bataillons de médecins du travail à disposition et les contrôles assurés par ceux du service du contrôle médical de l’assurance maladie ne sont déjà pas si nombreux que cela. Surtout, n’opposons pas ces deux corps : faisons confiance aux caisses primaires pour le suivi des bénéficiaires d’une indemnité journalière et développons la prévention et la santé au travail – pas dans le PLFSS bien sûr. Monsieur le ministre du travail, vu le nombre de sujets que nous avons évoqués en lien avec le travail, je pense qu’il nous faudra une grande loi travail. (Exclamations sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
M. Damien Maudet
On a déjà assez de problèmes comme cela ! (Sourires.)
Un député du groupe LFI-NFP
Vous serez parti !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Jean-Pierre Farandou, ministre
Cet amendement soulève également un problème constitutionnel. Cette mesure adoptée dans le cadre du PLFSS pour l’année 2024 a fait l’objet d’une censure par le Conseil constitutionnel. Ce dernier a considéré qu’elle méconnaissait les exigences constitutionnelles de protection de la santé. C’est la raison pour laquelle je suis défavorable à votre amendement.
Mme Dieynaba Diop
Eh oui !
Mme la présidente
La parole est à M. Éric Michoux.
M. Éric Michoux
Il ne s’agirait pas obligatoirement d’un médecin du travail. Ce pourrait être un médecin mandaté par l’entreprise.
Mme Dieynaba Diop
On vous envoie des médecins aussi pour vérifier vos arrêts de travail ?
Mme la présidente
La parole est à M. Frédéric Petit.
M. Frédéric Petit
J’ai toujours trouvé que les contrôles d’arrêts maladie étaient très intrusifs – notamment dans les petites villes où on entend les gens qui rencontrent une connaissance en arrêt maladie dire : il est allé faire ses courses alors qu’il est en arrêt maladie. Pour ma part, si quelqu’un se sent mieux tel jour, je dis : qu’il en profite ! La mesure de contrôle que M. Michoux a proposé de renforcer dans son intervention à l’emporte-pièce est à la limite de la constitutionnalité ; elle est très intrusive. En revanche, il me semble assez sain d’essayer de répondre à la question des raisons de la forte progression du nombre d’arrêts maladie, en remettant au cœur de notre travail la relation entre le médecin et le malade.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1998.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 182
Nombre de suffrages exprimés 175
Majorité absolue 88
Pour l’adoption 41
Contre 134
(L’amendement no 1998 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Stéphane Lenormand, pour soutenir l’amendement no 1570 rectifié.
M. Stéphane Lenormand
Il vise à permettre à la Caisse de prévoyance sociale (CPS) de Saint-Pierre-et-Miquelon de bénéficier des mesures permettant de contrôler la juste attribution des prestations et indemnités aux assurés sociaux. L’archipel a en effet été omis des dispositions du code de la sécurité sociale concernant la lutte contre la fraude sociale, notamment celles relatives aux contrôles organisés par le service du contrôle médical, prévus à l’article L. 315-2. Ces dispositifs de contrôle permettent de défendre les fonds de la caisse, dont la finalité est de couvrir les besoins en santé de la population de l’archipel.
J’en profite pour partager une petite inquiétude : j’avais initialement rédigé l’amendement en me m’appuyant sur l’ordonnance de 1977, qui prévoit les modalités de transposition des dispositions sociales sur le territoire. Or la réécriture de l’amendement par l’Assemblée a supprimé cette référence, je ne voudrais pas que cela crée une fragilité juridique. (M. Philippe Brun applaudit.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement n’a pas été examiné en commission.
Je vous remercie d’avoir remarqué ce trou dans la raquette – je n’avais pas encore employé cette expression depuis le début de l’examen du texte – dû à un défaut de coordination. Plusieurs dispositions relatives au service du contrôle médical de l’assurance maladie ne s’appliquent en effet pas à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Toutefois, la rédaction de votre amendement doit être améliorée et je ne pouvais pas procéder par sous-amendement. Il faudra donc profiter de la navette pour effectuer une correction.
À titre personnel donc, avis favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il s’en remet à la sagesse de l’Assemblée mais penche du côté de l’avis favorable en vue d’une réécriture de la disposition au cours de la navette.
(L’amendement no 1570 rectifié est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 1718.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il vise à entériner la jurisprudence de la Cour de cassation, fixée dans deux arrêts, l’un du 21 juin 2018 et l’autre du 28 mai 2025, car cette jurisprudence est vertueuse pour les comptes publics comme pour les employeurs. Il propose de retenir la notion d’« activité salariée ou non salariée quelconque » pour évaluer l’incapacité indemnisée.
L’amendement propose en outre que la vérification par le médecin du travail, sollicité par le médecin-conseil de l’assurance maladie, qu’un assuré en arrêt puisse reprendre le travail ou envisager une formation soit prévue pour toute interruption et pas seulement, comme c’est le cas, aujourd’hui, pour celles de plus de trois mois.
Cet amendement a été adopté par la commission. Avis favorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre, pour soutenir le sous-amendement no 2672.
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il vise à préciser que l’activité pour l’exercice de laquelle l’incapacité doit être constatée est une activité « professionnelle », car, dans la rédaction de l’amendement, il pourrait s’agir de n’importe quelle activité, par exemple l’activité physique.
Sous réserve de l’adoption du sous-amendement, avis favorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission sur le sous-amendement ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il n’a pas été examiné par la commission.
Préciser qu’il s’agit d’une activité professionnelle est conforme à la décision de la Cour de cassation.
Le sous-amendement propose par ailleurs que la vérification de l’incapacité par le médecin du travail soit prévue pour les incapacités indemnisées supérieures à un mois. C’est un bon compromis avec ma proposition de passer des trois mois actuels à un jour.
Avis favorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
J’essaye de comprendre la formulation complète si nous votions l’amendement sous-amendé. Une activité professionnelle pour les uns ne l’est pas forcément pour les autres. Le risque de la formulation proposée par le sous-amendement est d’empêcher toute forme d’activité, notamment physique.
Pour un préparateur sportif, le sport est une activité professionnelle, mais le sport peut aussi être une recommandation du médecin. Autre exemple : pour une auxiliaire de vie, faire les courses fait partie de son activité professionnelle. Cette formulation pourrait donc être utilisée par un employeur pour contester le bien-fondé d’un arrêt de travail.
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Votre inquiétude aurait été fondée si nous en restions à la rédaction de mon amendement. Je pense que le sous-amendement répond à votre inquiétude. C’est pour cela que j’y suis favorable, car mon amendement allait trop loin.
(Le sous-amendement no 2672 est adopté.)
(L’amendement no 1718, sous-amendé, est adopté.)
Mme la présidente
Je suis saisie de deux amendements, nos 2024 et 2277, pouvant être soumis à une discussion commune.
La parole est à M. Jean-Didier Berger, rapporteur pour avis de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire, pour les soutenir.
M. Jean-Didier Berger, rapporteur pour avis de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire
Il s’agit de traiter équitablement nos compatriotes lorsqu’ils bénéficient d’un arrêt maladie. Aujourd’hui, trois jours de carence sont retirés à toute personne en arrêt maladie. Je propose de traiter différemment ceux qui sont en arrêt de façon exceptionnelle et ceux qui sont systématiquement en arrêt, quelle que soit la légitimité de cet arrêt.
M. Jean-François Coulomme
Et les maladies chroniques ?
M. Jean-Didier Berger, rapporteur pour avis
J’observe que l’assureur de votre voiture augmente la franchise si le nombre d’accidents augmente, que vous en soyez responsable ou non.
Mme Sophia Chikirou
Les malades sont responsables et coupables ?
M. Jean-Didier Berger, rapporteur pour avis
De la même façon, je propose que ceux qui sont malades plusieurs fois dans l’année ne soient pas traités de la même façon que ceux qui ne sont malades qu’une seule fois.
Mme Sophia Chikirou
Vous, vous ne travaillez pas ! Vous êtes un petit chef !
M. Jean-François Coulomme
Ça sent la naphtaline !
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je suis embêté parce que je vois que vous avez demandé des scrutins publics sur ces amendements. La dynamique proposée par vos amendements est positive et dynamique, mais l’amendement no 1424, qui vient immédiatement après ceux-là, me semble plus simple, clair et efficace, car il prévoit des exceptions que l’on ne peut qu’approuver. Nous avons notamment évoqué l’endométriose en commission.
Je vous invite donc à retirer vos amendements au profit de l’amendement no 1424 qui est plus simple sur le plan juridique comme opérationnelle. Je pense que beaucoup de Français trouveront une telle mesure responsable. Elle contribuera aussi à la maîtrise des dépenses
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
M. Jean-Pierre Farandou, ministre
La progression du nombre d’arrêts de travail est un réel sujet de préoccupation. Les dépenses d’indemnités journalières représentent un coût toujours plus important pour la sécurité sociale, puisqu’elles augmentent de plus de 6 % par an.
M. Jean-François Coulomme
Et les morts au travail, vous en parlez ?
M. Jean-Pierre Farandou, ministre
Les arrêts ont également un coût direct pour l’employeur, sans parler des coûts cachés de la désorganisation.
Pour autant, la réforme du système d’indemnisation est une réforme d’ampleur qui ne peut être faite, et c’est le ministre du travail qui vous le dit, qu’après un travail approfondi avec les partenaires sociaux. Il serait délicat de le faire par la loi sans en parler avec les partenaires sociaux. Cela irait à l’encontre de l’ambition du dialogue social que je souhaite pour le pays.
M. Jean-François Coulomme
Dialogue antisocial plutôt !
M. Jean-Pierre Farandou, ministre
Par ailleurs, votre amendement soulève une question de constitutionnalité et pose peut-être un problème d’égalité entre les citoyens. La modulation qu’il propose, pénalisant les assurés plus fréquemment malades, me semble constituer une inégalité de traitement fondée sur l’état de santé. On peut s’interroger sur la constitutionnalité d’une telle rupture d’égalité et sur la pénalisation d’une personne dont la santé serait plus fragile que celle des autres.
Pour ces deux raisons, avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet.
Mme Justine Gruet
Ce sujet intéresse nos concitoyens. J’observe qu’il existe des disparités entre le public, le privé et l’activité libérale : la carence est d’un jour dans le public, alors qu’elle est de trois dans le privé, et de quinze jours à un mois en libéral selon la prévoyance choisie. Nous devons nous interroger sur les raisons de ces disparités. Travailler dans le public ou le privé ne semble pas justifier la différence de un à trois jours. En libéral, c’est un peu différent, car la durée de la carence relève du libre choix de la prévoyance.
Nous ne devons pas avoir de tabou en la matière – il faut valoriser ceux soumis à un délai de trois jours de carence – et je vous invite, monsieur le ministre, à ouvrir des discussions sur l’impact de la durée des délais de carence dans le recours aux arrêts de travail dans le cadre du dialogue social.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Ces amendements, et ceux qui suivent sur le même sujet, méconnaissent la nature de certaines maladies qui, par exemple, provoquent des poussées inflammatoires, comme la sclérose en plaques. On a parlé de l’endométriose, mais on pourrait aussi évoquer le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). L’endométriose concerne 10 % des femmes, même si elles ne souffrent pas toutes systématiquement de poussées douloureuses. Cela ne signifie pas que ces femmes vont se mettre régulièrement en arrêt pour une semaine ou quinze jours, mais elles auront besoin régulièrement d’un arrêt puisque les cycles durent vingt-huit jours en moyenne. Cela reviendra donc forcément tous les mois.
Votre proposition revient à infliger une double peine aux personnes souffrant de poussées inflammatoires, puisqu’en plus de leur maladie, elles perdront davantage d’indemnités.
Votre intention était peut-être bonne, mais vous tapez à côté.
Mme la présidente
La parole est à Mme Annie Vidal.
Mme Annie Vidal
Je suis un peu gênée par cet amendement et le groupe EPR n’y est pas favorable parce qu’il revient à sanctionner les patients les plus malades. Face à la maladie, nous ne sommes pas égaux : certaines personnes tombent plus fréquemment malades que d’autres et ont donc besoin de davantage d’arrêts de travail. Il existe aussi, dans certains cas, des prescriptions abusives.
Même si l’appréciation de donner un arrêt relève de la décision médicale sur laquelle nous ne devons pas intervenir, des contrôles de légalité pourraient être développés.
M. Sylvain Maillard
Ella a raison.
Mme Annie Vidal
Des textes précisent déjà les conditions de délivrance des arrêts et les conditions dans lesquelles ils peuvent être renouvelés ou prolongés. Force est de constater qu’il y a très peu de contrôles. Les caisses d’assurance maladie ne sont pas tout à fait en capacité d’y procéder. C’est un axe de travail intéressant.
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Vos ancêtres, mais vous n’êtes peut-être plus trop liés à eux, ont créé la sécurité sociale avec les communistes pour protéger les plus faibles. Votre amendement donne la prime au plus fort car il sanctionne moins ceux qui sont moins malades. C’est tout simplement inacceptable ! (M. Pierre Pribetich applaudit.)
Mme la présidente
La parole est à M. Vincent Thiébaut.
M. Vincent Thiébaut
Il arrive souvent que les arrêts maladie récurrents soient la seule solution que des familles monoparentales trouvent pour faire face au problème de la garde d’enfant. On le voit dans les entreprises qui font face à l’explosion des arrêts de trois ou quatre jours. Les parents comptent parfois sur l’indulgence du médecin quand ils ne travaillent pas dans une entreprise qui a pris des dispositions pour qu’un parent qui élève seul son enfant puisse s’en occuper. Face à l’augmentation du nombre de familles monoparentales, une véritable réforme du code du travail me semble nécessaire.
Nous devons trouver un équilibre et l’amendement me semble aller trop loin, car il ne prend pas en compte ces problèmes et la détresse qui y est associée.
Mme la présidente
La parole est à M. Paul Molac.
M. Paul Molac
Je ne suis pas un habitué du micro mais là, je trouve que cet amendement va beaucoup trop loin.
J’ai la chance d’être bien portant et je suis rarement malade, mais, malheureusement, tout le monde n’a pas cette chance.
J’ai la chance d’être bien portant et d’être rarement malade ; tout le monde, malheureusement, n’a pas cette chance. Une telle mesure, qui tendrait à pénaliser ceux qui sont malades, fragiles, souffreteux, est particulièrement choquante.
On évoque les jours de carence – un jour dans le public, trois dans le privé. Dans le privé, toutefois, il existe des conventions collectives grâce auxquelles il y a parfois zéro jour de carence. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC. – M. Andy Kerbrat applaudit également.) Certains entrepreneurs, quand il n’existe pas de convention collective, me disent préférer ne compter aucun jour de carence pour éviter tout problème avec les salariés.
Vous remettez en cause, somme toute, les décisions prises par les médecins.
Tout cela est particulièrement choquant. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC et EcoS.)
M. Jean-Paul Lecoq
Indécent !
Mme la présidente
La parole est à Mme Céline Thiébault-Martinez.
Mme Céline Thiébault-Martinez
Vous faites comme si la maladie et la médecine répondaient à des règles exactes. Ce n’est pourtant pas le cas : une maladie comme la sclérose en plaques, par exemple, se manifeste par des poussées temporaires. Les cas d’errance thérapeutique sont également fort nombreux : certaines personnes, pendant des mois, voire des années, connaissent des périodes où elles souffrent plusieurs jours durant au point de ne pas pouvoir aller au travail le matin, sans qu’on en connaisse la cause ou qu’on puisse en établir le diagnostic. Un amendement comme celui-ci conduirait à les pénaliser. Quand, après six mois, un an ou deux ans, on aura enfin mis un nom sur leur maladie, pourra-t-on leur rendre tous ces jours de carence ?
Cet amendement injuste ne tient pas compte de la véritable nature des maladies auxquelles les travailleurs sont exposés. (M. Pierre Pribetich applaudit.)
M. Sylvain Maillard
Eh non !
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2024.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 201
Nombre de suffrages exprimés 198
Majorité absolue 100
Pour l’adoption 6
Contre 192
(L’amendement no 2024 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 2277.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 184
Nombre de suffrages exprimés 180
Majorité absolue 91
Pour l’adoption 2
Contre 178
(L’amendement no 2277 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
Je vous informe que le groupe Droite républicaine a retiré sa demande de scrutin public sur l’amendement no 665.
La parole est à Mme Josiane Corneloup, pour soutenir l’amendement no 1424, sur lequel je suis saisie d’une demande de scrutin public par le groupe Horizons & indépendants.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Mme Josiane Corneloup
Cet amendement de mon collègue Fabien Di Filippo vise à limiter le recours abusif et répété aux arrêts de travail, sans porter atteinte, pour autant, aux personnes confrontées à de réelles difficultés de santé – ponctuelles ou non –, par l’instauration d’un nombre de jours de carence modulé en fonction de la fréquence des arrêts.
Mme Ségolène Amiot
C’est la même chose que les précédents !
Mme Josiane Corneloup
Il propose ainsi d’augmenter d’un jour le délai de carence pour chaque arrêt de travail survenant moins d’un an après un précédent arrêt, à l’exception des ceux liés à une affection de longue durée ou à une maladie lourde ou chronique.
M. Jean-François Coulomme
C’est vraiment un amendement de bourgeois !
Mme Sophia Chikirou
Un amendement de maîtresse de maison !
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Cet amendement, à la différence des deux précédents, tend à exclure du calcul les arrêts de travail liés à une affection de longue durée, à une maladie lourde ou à une maladie chronique. Ainsi conçu, le jour de carence dynamique me semble bien plus adapté – raison pour laquelle j’avais demandé le retrait des précédents au profit de celui-ci.
La commission l’avait toutefois rejeté ; je m’en remets, à titre personnel, à la sagesse de l’Assemblée.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Je le répète : je crois qu’il faut s’en tenir au sens des arrêts maladie. On ne pourra pas lutter contre l’importante augmentation de leur nombre si nos concitoyens n’ont pas confiance dans la sécurité sociale et dans la prescription médicale. Un arrêt de travail est délivré quand une personne est malade et les règles doivent être les mêmes pour toutes les pathologies, qu’elles soient ou ne soient pas de nature à conduire à plusieurs délivrances au cours de l’année. On peut débattre, c’est un autre sujet, du bon nombre de jours de carence (Mme Sophia Chikirou et M. Jean-François Coulomme s’exclament), mais chaque arrêt maladie doit ouvrir aux mêmes droits. Avis défavorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Ségolène Amiot.
Mme Ségolène Amiot
Cet amendement ignore la réalité de nombreuses personnes surexposées aux maladies, notamment aux maladies infectieuses. Je pense aux médecins, infirmiers et infirmières, aides-soignantes, professeurs ou Atsem – agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles : tous sont susceptibles d’enchaîner les maladies saisonnières propagées par les enfants ou les patients. Le risque est alors que ces personnes renoncent à demander un arrêt de travail, favorisant ainsi la propagation de la maladie. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1424.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 194
Nombre de suffrages exprimés 192
Majorité absolue 97
Pour l’adoption 10
Contre 182
(L’amendement no 1424 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Justine Gruet, pour soutenir l’amendement no 665.
Mme Justine Gruet
Il s’agit en quelque sorte d’un amendement d’appel, afin que nous nous demandions pourquoi le nombre des arrêts de travail a si fortement augmenté ces dernières années.
M. Jean-François Coulomme
Bonne question !
Mme Justine Gruet
Est-ce parce qu’il est plus facile, grâce à la téléconsultation, de se voir prescrire un arrêt travail ? Cela tient-il à une évolution des conditions de travail ?
M. Jean-François Coulomme
Et à l’environnement ?
Mme Justine Gruet
Le covid-19 a certainement bouleversé notre rapport au travail. Si, pour autant, nous voulons assurer la pérennité de notre système de santé, nous devons questionner ce rapport au travail et nous pencher, en particulier, sur les jours de carence, dont dépend la perception des indemnités journalières. Je ne méconnais aucunement, pour autant, les maladies qui peuvent frapper les travailleurs, dans leurs différentes conditions.
Je retire cet amendement d’appel, et je vous remercie, monsieur le ministre, de réfléchir de manière plus globale à ce sujet essentiel.
(L’amendement no 665 est retiré.)
Mme la présidente
La parole est à M. Éric Michoux, pour soutenir l’amendement no 1987.
M. Éric Michoux
Il vise à permettre la suppression des indemnités journalières par la caisse d’assurance maladie au cas où un salarié ne s’est pas présenté à un contrôle de cette dernière.
Une telle disposition permet de lutter contre les arrêts de travail abusifs et de responsabiliser les personnes concernées.
Dans ce cas, monsieur le rapporteur général, la décision revient bien à un médecin du travail. (M. Antoine Léaument s’exclame.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je vois que, tout en défendant votre amendement, vous donnez également l’avis de la commission ! (Sourires.)
Ce que vous prévoyez est déjà satisfait par le droit existant : vous n’avez rien inventé.
M. Jean-François Coulomme
Il y avait déja une droite avant vous !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
En pratique, tout n’est certes pas parfait, et je souhaiterais également que les contrôles soient plus souvent suivis d’effet – reste qu’il ne faut pas adopter des amendements qui n’apportent rien au droit. La commission n’a pas examiné cet amendement ; à titre personnel, je vous demande de le retirer.
(L’amendement no 1987, repoussé par le gouvernement, n’est pas adopté.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Nathalie Colin-Oesterlé, pour soutenir l’amendement no 2108.
Mme Nathalie Colin-Oesterlé
Je le retire.
(L’amendement no 2108 est retiré.)
Article 29
Mme la présidente
Plusieurs orateurs sont inscrits sur l’article 29.
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
L’article 29 apporte des mauvaises réponses à une vraie question : pourquoi connaissons-nous une explosion du nombre des ALD dites non exonérantes ? Il s’agit de pathologies qui, si elles ne sont pas inscrites sur la liste des affections de longue durée, permettent à ceux qui en souffrent de bénéficier pendant trois ans d’indemnités journalières, versées sur 1 095 jours.
Les pathologies concernées sont, pour l’essentiel, la dépression légère et les troubles musculo-squelettiques, ainsi que d’autres pathologies importantes comme le glaucome, l’hypothyroïdie, l’épilepsie ou l’arthrose.
Je me réjouis de la présence du ministre du travail car la dépression légère et les troubles musculo-squelettiques nous renvoient justement à la question du rapport au travail – comment il peut casser certaines personnes et comment la sécurité sociale doit accompagner ces dernières.
Le problème des ALD non exonérantes est réel. L’arrêt de travail est signé pour trois ans, sans pour autant garantir aucun accompagnement médical. C’est bien paradoxal, s’agissant des dépressions légères ou des troubles musculo-squelettiques. Plus grave encore, il existe un risque d’éloignement de l’emploi et de désinsertion professionnelle. Derrière cette question se trouve un enjeu d’accompagnement majeur.
Vous y apportez cependant une mauvaise réponse, en proposant de pénaliser les malades, puisque vous n’envisagez rien de moins que de diviser par trois la durée de l’indemnisation, qui passerait de 1 095 jours sur trois ans – pour une indemnisation à taux plein – à 360 jours sur cette même durée – soit 120 jours seulement d’indemnités par an.
Je le répète, vous n’apportez pas la bonne réponse à un vrai problème : le vrai chantier, en réalité, n’est pas encore ouvert. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Danielle Simonnet.
Mme Danielle Simonnet
Franchement, c’est grave ! Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Chaque année, 80 milliards d’euros en exonérations et en exemptions de cotisations sociales grèvent le budget de la sécurité sociale et vous vous demandez donc où passer le rabot dans les dépenses. Et que choisissez-vous ? De restreindre la durée d’indemnisation des personnes souffrant de maladies chroniques n’ouvrant pas de droit à une prise en charge intégrale des dépenses de soins – les ALD dites non exonérantes.
Vous essayez donc de limiter à quatre mois par an les arrêts de travail des personnes souffrant de troubles psychiques, comme la dépression, ou de troubles musculo-squelettiques. Tout cela pour de petites économies de rien du tout : selon la Cnam, la fraude sociale aux ALD représente moins de 0,01 % des dépenses. Le prétexte de ces coupes est donc sans fondement.
Ces économies dérisoires, en revanche, sont l’occasion d’une véritable punition sociale. C’est une regression, une attaque contre des salariés déjà fragilisés. L’article 29 supprime les règles dérogatoires pour des personnes en grande souffrance, quand votre toute première mission, au service de l’intérêt général et de l’émancipation des travailleuses et des travailleurs, est bien plutôt de vous demander ce qui provoque de telles souffrances. Vous devriez chercher ce qui explique, ces dix dernières années, l’explosion de la souffrance au travail – ce qui explique l’explosion de la maltraitance et des ambiances toxiques sur le lieu de travail. (M. Inaki Echaniz applaudit.)
Penchons-nous sur ces questions, plutôt que de chercher à faire des économies de rabot au mépris des droits élémentaires. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS.)
Mme la présidente
La parole est à M. Yannick Monnet.
M. Yannick Monnet
Par cet article, vous remettez en cause le statut des personnes souffrant d’une ALD dite non exonérante en supprimant la dérogation qui leur est accordée quant à la durée des arrêts de travail. Vous divisez par trois leurs droits, en les alignant sur les 360 jours accordés à l’ensemble des patients. En somme, vous faites comme si ces pathologies ne relevaient pas de la longue durée.
Nous partons au contraire du principe que les médecins savent ce qu’ils font et qu’ils sont à même de décider du protocole de soins le mieux adapté à un patient. Votre disposition, qui s’attaque aux patients, remet donc également gravement en cause les médecins.
Nous ne partageons pas non plus votre pensée magique : la restriction des droits de ces malades ne supprimera pas l’ALD dont ils souffrent. La dépression légère et les troubles musculo-squelettiques – troubles les plus fréquents en ALD non exonérante – existeront toujours. Votre disposition ne conduira les personnes qui en souffrent qu’à se soigner moins bien : elles refuseront un deuxième ou un troisième arrêt en raison des jours de carence désormais appliqués ou bien le médecin ne pourra pas les arrêter à la hauteur de leurs besoins car elles n’auront plus assez de jours au compteur.
C’est une très mauvaise mesure.
Mme la présidente
Nous en venons aux amendements.
Je suis saisie de plusieurs amendements identiques, nos 682, 1215, 1405, 1415 et 1444, tendant à supprimer l’article 29, amendements sur lesquels les groupes Socialistes et apparentés et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires m’ont saisie d’une demande de scrutin public.
Le scrutin est annoncé dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
La parole est à M. Gérard Leseul, pour soutenir l’amendement no 682.
M. Gérard Leseul
Le gouvernement semble considérer que les gens font exprès d’être malades.
L’esprit de la sécurité sociale, c’est de protéger contre les risques de maladie parce qu’on ne sait pas si la maladie va frapper, ni où, ni quand – ni qui d’ailleurs.
Alors nous cotisons, pour bénéficier d’une protection, mais aussi pour obtenir une indemnisation et une prise en charge lorsque la maladie nous empêche de travailler.
Les malades atteints d’affections de longue durée bénéficient d’un régime dérogatoire journalier plus favorable que le droit commun, parce qu’il s’agit de maladies de longue durée, pas de simples grippes. Supprimer ce régime dérogatoire pour les ALD dites non exonérantes constituerait un recul majeur, à la fois sur le plan sanitaire et sur le plan social, pour notre société.
Alors travaillons davantage sur la prévention et sur les causes de ces maladies chroniques…
M. Jérôme Guedj
Oui, dans les entreprises !
M. Gérard Leseul
…et de ces ALD, mais supprimons l’article 29. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Sandrine Rousseau, pour soutenir l’amendement no 1215.
Mme Sandrine Rousseau
Comment le dire : vous cherchez des économies, et vous vous êtes dit que vous alliez les faire sur les affections de longue durée, et donc sur les personnes qui en souffrent, en les déremboursant.
Mme Danielle Simonnet
C’est dégueulasse !
Mme Sandrine Rousseau
Par contre, la taxe Zucman, c’est non ! (Applaudissements sur quelques bancs du groupe EcoS.) La taxe sur les grandes entreprises, non ; l’augmentation de la CSG sur les plus hauts revenus, non. Vous préférez toucher à un dispositif protégeant les personnes en affection de longue durée.
J’aimerais vraiment comprendre ; parfois, je voudrais être dans vos réunions (Sourires sur plusieurs bancs des groupes EcoS et LFI-NFP), pour essayer de comprendre comment vous raisonnez. Franchement, vos décisions sont plus que surprenantes.
Nous soutenons la suppression de cet article non pour des raisons d’équilibre budgétaire, mais par respect de la dignité humaine. (Applaudissements sur les bancs du groupe EcoS et sur quelques les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
La parole est à M. Paul-André Colombani, pour soutenir l’amendement no 1405.
M. Paul-André Colombani
Notre amendement vise également à supprimer l’article 29, qui met fin aux règles dérogatoires de prise en charge et d’indemnités journalières pour les assurés atteints d’une affection de longue durée dite non exonérante.
Aujourd’hui, ces assurés disposent d’un compteur de 1 095 jours d’indemnités, soit trois ans, et la levée du délai de carence à partir du deuxième arrêt de travail lié à la même pathologie.
Il faut bien distinguer les deux types d’ALD : l’ALD exonérante, comme le diabète, est une maladie qui accompagne le patient toute sa vie ; l’ALD non exonérante correspond à une pathologie issue d’un accident de la vie, ou un accident de voiture, qui peut laisser une personne immobilisée pendant plusieurs années, parfois jusqu’à deux ou trois ans.
Les 360 jours de droit commun ne sont pas suffisants.
Mme la présidente
L’amendement no 1415 de Mme Karine Lebon est défendu.
La parole est à M. Hadrien Clouet, pour soutenir l’amendement no 1444.
M. Hadrien Clouet
Je ne vais pas vous mentir, collègue Rousseau, nous aussi, parfois, nous aimerions bien participer à ces fameuses réunions. Il s’agit ici, très clairement, de s’en prendre et de faire les poches des malades chroniques.
Je vous le dis comme je le pense : c’est un budget de sociopathes ! On parle de malades atteints d’épilepsie, d’arthrose, de dépression sévère, ou encore d’un glaucome. Ce sont eux – et certains nous écoutent – qui vont payer ! Comment ? Vous voulez diviser par trois de la durée d’indemnisation à laquelle elles peuvent prétendre.
Quelles étaient vos alternatives ? Une taxe sur les enfants ? Faire directement payer les personnes en situation de handicap ? Franchement ! On n’y comprend rien. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP.)
Vous divisez par trois leur indemnisation, tandis que la fortune des milliardaires a été multipliée par trois au cours des dix dernières années ! (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Alexis Corbière
Bon courage !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’intitulé de l’article 29, qui contient le terme ALD, laisse à penser qu’il s’agit d’une mesure très sévère. Je comprends donc l’intention d’une grande partie de la commission de vouloir le supprimer. Mais il faut regarder le dispositif et ce qui a motivé son introduction dans le texte.
La confusion sémantique est réelle (Mme la ministre de la santé acquiesce) car l’article 29 ne concerne pas les ALD. L’abus de langage me semble terrible, et nuisible à la clarté des débats, mais il vient de l’assurance maladie.
M. Jérôme Guedj
Oui, c’est la sécurité sociale qui parle d’ALD non exonérantes !
M. Gérard Leseul
Merci !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
On appelle ALD non exonérantes des pathologies qui ne sont pas des ALD, sans préciser de quoi elles exonèrent.
M. Jérôme Guedj
Il n’y a pas de liste !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Il s’agit en fait d’affections longues – plus de six mois de soins – et suffisamment lourdes pour qu’on attribue des indemnités journalières sans limitation de durée, comme pour les ALD au sens strict – mais cela ne dispense pas le malade du ticket modérateur. (Mme Delphine Batho s’exclame.)
Sans rien retirer aux malades atteints d’une véritable ALD, l’article 29 propose simplement que les assurés touchés par une affection longue et grave – mais qui n’est pas une ALD – ne bénéficient plus que de 360 jours d’indemnités journalières par période de trois ans en cas d’arrêt.
Madame Simonnet, tout à l’heure, vous parliez de quatre mois par an. Moi, je comprends l’article comme un réservoir de 360 jours : cela peut être beaucoup plus que quatre mois, ou beaucoup moins.
Ce que j’ai du mal à saisir, madame et monsieur les ministres, c’est comment vous calculez vos estimations dans l’étude d’impact. L’arrêt de chacune des personnes atteintes de pathologies lourdes peut être très différent. Qu’en est-il en moyenne ?
La modification sollicitée génère potentiellement une économie mais s’agit-il bien de faire des économies ou de fixer un plafond ?
M. Manuel Bompard
Ils veulent faire des économies !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Quelles sont vos hypothèses ?
J’ai l’impression que 360 jours restent une borne très élevée, mais la modification peut être pertinente, comme elle peut ne pas l’être.
Mme Danielle Simonnet
Cela n’a pas de sens !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Mais je ne suis pas médecin – je suis le premier rapporteur général qui ne l’est pas – et je suis donc bien incapable de le dire en l’état.
J’ai compris que cela ne concernait que les futures prescriptions, mais je ne sais pas si ce plafond de 360 jours ne pénalisera personne.
J’aurais préféré que vous procédiez d’abord à un changement sémantique, ce qui aurait eu plus de sens, puis que vous laissiez la Haute Autorité de santé formuler des recommandations, comme vous le faites sur d’autres articles.
Ces amendements ont été rejetés par la commission mais l’article a ensuite été supprimé, puisque la commission a voté contre.
M. Manuel Bompard
Nous, on va le supprimer cet article !
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’intention de la commission était donc un peu confuse. (Sourires.)
Je m’en remets à la sagesse de notre assemblée, mais un retrait serait peut-être préférable pour continuer à échanger même s’il y a peu d’amendements sur cet article. (Mme Danielle Simonnet applaudit.)
M. Alexis Corbière
Quel bon rapporteur général !
Mme Danielle Simonnet
Ils veulent faire des économies, c’est écrit !
M. Gérard Leseul
Merci, monsieur le rapporteur général !
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Le rapporteur général l’a rappelé : le problème est sémantique, et certains, volontairement ou non, s’y sont engouffrés. Il n’est pas question de supprimer les ALD, mais d’analyser ce que sont les ALD non exonérantes.
Elles sont définies dans les années 2000, au moment où la Caisse nationale d’assurance maladie considère qu’il existe des maladies chroniques. On les appelle ALD non exonérantes parce qu’il s’agit de maladies chroniques qui ne nécessitent pas une prise en charge à 100 %. C’est donc une catégorie créée pour le suivi de certaines maladies chroniques.
Actuellement, deux grands types de pathologies principales constituent aujourd’hui ces ALD non exonérantes : les troubles musculo-squelettiques – des douleurs chroniques – et les troubles dépressifs.
En ALD non exonérante, vous avez droit à un arrêt maladie pouvant durer trois ans. Mais ce que l’on constate – et c’est important –, c’est que ces patients ont des dépenses de santé deux à trois fois inférieures à celles des personnes en ALD exonérante, alors qu’ils souffrent de maladies chroniques.
Par exemple, seulement 41 % de ceux qui bénéficient du dispositif pour troubles musculo-squelettiques consomment des antalgiques, et 30 % n’ont pas vu de kinésithérapeute dans l’année.
M. Jérôme Guedj
C’est un véritable problème !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Cela devrait nous interpeller : ces patients ne sont pas suffisamment suivis médicalement, mais ils peuvent bénéficier d’arrêts maladie de trois ans.
L’article propose une clarification : soit les malades relèvent d’une ALD, parce qu’ils ont une maladie chronique nécessitant des soins, et ils bénéficient alors du régime des ALD avec des arrêts maladie de trois ans ; soit ils n’ont pas besoin de soins pris en charge comme les ALD, et ils relèvent du droit commun, c’est-à-dire des arrêts maladie limités à 360 jours sur trois ans.
Voilà ce qu’est réellement cet article, très loin de ce que vous dénoncez. Je reconnais le trouble sémantique, mais j’espère avoir éclairé votre assemblée.
M. Jérôme Guedj
À mal nommer les choses, vous savez…
Mme Stéphanie Rist, ministre
Il me semble que ce n’est pas une mesure si terrible que de considérer que les personnes atteintes de maladies chroniques le nécessitant doivent entrer en ALD.
M. Jérôme Guedj
Elle n’est pas convaincue elle-même !
Mme Stéphanie Rist, ministre
Avis très défavorable aux amendements de suppression.
Mme la présidente
La parole est à M. Alexis Corbière.
M. Alexis Corbière
Merci, monsieur le rapporteur général, pour votre travail et pour vos propos. Mais ce n’est pas un problème de sémantique. On est en train de tout embrouiller, pour trouver une sorte d’excuse.
Je vais vous dire pourquoi le gouvernement fait cela – c’est écrit dans l’exposé des motifs de l’article : « Dans un contexte de fort dynamisme des dépenses d’indemnités journalières, afin de limiter la croissance de ces dépenses, il est proposé de supprimer les règles dérogatoires en matière d’indemnités journalières aujourd’hui permises dans le cas des ALD dites non exonérantes […]. »
Mme Danielle Simonnet
Hop, un coup de rabot !
M. Alexis Corbière
Vous le dites donc avec franchise : vous voulez limiter les dépenses ! Vous cherchez donc comment les réduire.
M. Jérôme Guedj
Attaquez-vous plutôt aux causes !
M. Alexis Corbière
Et que dire de vos arguments ? Comme le disait notre collègue Batho, vous devriez en discuter avec la Cnam plutôt que de viser ces personnes. Dans 88 % des cas, ce sont des femmes qui travaillent dans la manufacture, ou des travailleurs du bâtiment. Et souvent, on peut estimer qu’ils n’ont pas un suivi médical régulier, ni de kinésithérapie, ce qui fait qu’ils ne sont pas soignés correctement… (Le temps de parole étant écoulé, la présidente coupe le micro de l’orateur. – Les députés du groupe EcoS ainsi que quelques députés du groupe SOC applaudissent ce dernier.)
Mme la présidente
La parole est à M. Nicolas Turquois.
M. Nicolas Turquois
Autant il m’arrive de m’exprimer avec nuance ou de manière critique sur certaines situations d’arrêt de travail – certains cas posent objectivement problème –, autant, là, sincèrement, je n’ai pas compris le dispositif, ni qui sera concerné.
M. Philippe Brun
Il a raison !
M. Nicolas Turquois
Si certains arrêts de travail sont peut-être parfois exagérés, quand les gens sont arrêtés trois ans – cela doit exister –, cela mérite un débat très long en commission afin de comprendre à quelles situations cela correspond.
Il ne faut pas mettre des gens en difficulté. Nous voterons les amendements de suppression car le dispositif est illisible. (Applaudissements sur les bancs des groupes Dem, SOC et EcoS et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP et GDR.)
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Le sujet est très sensible, et le dispositif loin d’être anodin, puisqu’il s’agit de diviser par trois le nombre de jours d’arrêt de travail auxquels ces personnes peuvent prétendre.
Nous avons beaucoup réfléchi, et nous ne voyons pas comment nous pourrions soutenir une telle disposition. Nous voterons donc également la suppression de cet article. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur plusieurs bancs des groupes LFI-NFP, SOC et Dem.)
Mme la présidente
La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre
En tant que rhumatologue, je vois à peu près quels patients sont concernés, et leur octroyer des arrêts maladie de trois ans ne les soigne pas – les arrêts maladie n’améliorent pas la vie des gens.
M. Jérôme Guedj
Je suis d’accord !
Mme Stéphanie Rist, ministre
En revanche, si l’on considère qu’ils sont atteints d’une ALD et qu’on leur offre une prise en charge avec de la kinésithérapie, de la réhabilitation et de l’activité physique adaptée, on améliore bien leur vie. Je reste défavorable aux amendements de suppression.
Mme la présidente
Je mets aux voix les amendements identiques nos 682, 1215, 1405, 1415 et 1444.
(Il est procédé au scrutin.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 198
Nombre de suffrages exprimés 178
Majorité absolue 90
Pour l’adoption 103
Contre 75
(Les amendements identiques nos 682, 1215, 1405, 1415 et 1444 sont adoptés ; en conséquence, l’article 29 est supprimé et l’amendement no 2232 tombe.)
(Applaudissements sur les bancs des groupes LFI-NFP, SOC, EcoS et GDR. – Mme Camille Galliard-Minier applaudit également.)
M. Jean-François Coulomme
Esclavagistes !
Rappels au règlement
Mme la présidente
La parole est à M. Manuel Bompard, pour un rappel au règlement.
M. Manuel Bompard
Sur le fondement de l’article 121-1 de notre règlement, relatif à la discussion des lois de financement de la sécurité sociale.
Puisque la proposition faite tout à l’heure par les députés du groupe Insoumis et du groupe écologiste, votée par les députés communistes, a été rejetée par l’Assemblée, la séance ne sera pas prolongée. En vertu des délais constitutionnels, il nous reste donc sept heures trente pour achever la discussion du PLFSS. (Exclamations sur les bancs du groupe RN.)
M. Hervé de Lépinau
C’est obsessionnel…
M. Manuel Bompard
Or nous devons encore examiner quelque 390 amendements. Nous nous opposons à l’idée que la discussion à l’Assemblée nationale se termine sans vote. (Applaudissements sur les bancs du groupe LFI-NFP et sur plusieurs bancs du groupe EcoS. – Exclamations sur les bancs du groupe EPR.)
Mme Prisca Thevenot et Mme Anne Genetet
Madame la présidente, vous aviez dit que vous ne prendriez plus de rappels au règlement sur ce sujet !
M. Manuel Bompard
Il est possible de terminer l’examen du texte dans le temps qui nous reste si nous divisons par deux le nombre d’amendements restant en discussion. Les députés Insoumis sont prêts à retirer la moitié des leurs ; si tous les groupes en font de même, nous pourrons aller au bout du débat et voter. Il serait normal que les députés votent sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale ! (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et applaudissent.)
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Nous vivons dans un monde parallèle. M. Bompard vient d’indiquer qu’il est hors de question que nous n’allions pas au bout de l’examen de ce PLFSS ; hier, à la même heure, il faisait tout pour que nous ne puissions pas examiner la partie relative aux dépenses. (Applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EPR et Dem. – Protestations continues sur les bancs des groupes LFI-NFP et Ecos. – Exclamations prolongées sur les bancs des groupes RN et UDR dont les députés forment des pouces levés et des cœurs en direction des groupes qui applaudissent.)
Pourtant cet examen nous a permis, à l’instant, de supprimer l’article 29 (Plusieurs députés des groupes SOC, EPR et Dem se lèvent pour continuer d’applaudir), tout comme il nous avait permis de supprimer l’article 18 ; il doit aussi nous permettre d’aborder la suspension de la réforme des retraites et le gel des prestations sociales. (Le brouhaha couvre la voix de l’orateur.) Un peu de cohérence ! Ça suffit l’embrouille, ça suffit l’enfumage ! (Vifs applaudissements sur les bancs des groupes SOC, EPR et Dem, dont plusieurs députés sont debout.)
Mme la présidente
La parole est à M. Benjamin Lucas-Lundy.
M. Benjamin Lucas-Lundy
Je me fonde également sur l’article 121-1 du règlement pour tenter d’apporter un peu d’apaisement, voire – qui sait, cela plaira peut-être même à nos collègues et amis socialistes – de synthèse. Hier, j’ai voté contre l’adoption de la partie recettes du PLFSS. La majorité du groupe écologiste s’est abstenue, au nom de la nécessité d’aller au bout des débats ; le groupe socialiste a voté pour, suivant le même argument – que Jérôme Guedj vient de rappeler dans son propos enflammé. Voilà pourquoi notre groupe, qui était partagé sur la stratégie à adopter, et le groupe Insoumis ont proposé de prolonger la séance pour achever la discussion. Je ne comprends pas…
Mme la présidente
Merci, monsieur le député !
M. Benjamin Lucas-Lundy
…la position qui consiste à dire qu’hier, il fallait aller au bout des débats mais aujourd’hui, il ne le faut plus. (Applaudissements sur les bancs des groupes EcoS et LFI-NFP. – Exclamations sur divers bancs.) Nous souhaitons pour notre part terminer l’examen du texte. (Les députés du groupe LFI-NFP se lèvent et continuent d’applaudir.)
Article 30
Mme la présidente
La parole est à M. le rapporteur général, pour soutenir l’amendement no 2553.
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Adopté en commission, il vise à clarifier la rédaction de l’article 30. En effet, l’intention exprimée par le gouvernement dans l’étude d’impact était de proposer un modèle de financement pour les systèmes d’aide à la décision médicale qui, contrairement aux logiciels d’aide à la prescription, ne sont pas pris en charge par l’assurance maladie alors qu’ils peuvent présenter des bénéfices importants en matière de qualité et de pertinence des soins. L’article évoque cependant non pas les systèmes mais les logiciels d’aide, certifiés ou non par la HAS. Il s’agit d’une confusion. La volonté du gouvernement est bien d’embarquer les systèmes d’aide – c’est le terme utilisé –, mais elle n’est pas clairement formulée.
Je propose donc de mettre le bon terme et de supprimer la référence à la certification par la HAS qui n’est aujourd’hui prévue que pour les logiciels d’aide à la prescription. Cette modification rédactionnelle ne change pas le fond du dispositif.
J’invite Mme Galliard-Minier à retirer l’amendement no 1724 qui, s’il partage le même objectif, ne supprime pas la référence à cette certification qui n’est, en l’espèce, pas pertinente.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Favorable.
Mme la présidente
La parole est à Mme Camille Galliard-Minier.
Mme Camille Galliard-Minier
Comme je ne défendrai pas mon amendement no 1724, je souhaite souligner pourquoi cette modification du terme est importante. L’article 30, dont nous n’avons pas évoqué le fond, vise à faciliter l’accès à ces innovations en garantissant aux hôpitaux qu’ils n’auront rien à payer pour les logiciels métiers puisque les start-up ne seront rémunérées que sur la base d’un retour sur l’investissement clair, évalué et décidé en amont par les autorités de santé. Mon amendement tendait à clarifier le périmètre des logiciels métiers, de la prescription à l’administration. Je voterai bien sûr pour l’amendement du rapporteur général.
(L’amendement no 2553 est adopté ; en conséquence, les amendements nos 1742, 683 et 1441 tombent.)
Mme la présidente
Les amendements nos 2551, 2552 et 2554 du rapporteur général sont rédactionnels.
(Les amendements nos 2551, 2552 et 2554, acceptés par le gouvernement, sont successivement adoptés.)
Mme la présidente
La parole est à M. Thierry Frappé, pour soutenir l’amendement no 1329.
M. Thierry Frappé
Il traite d’un enjeu majeur : la souveraineté numérique et la sécurité des données de santé. Les logiciels d’aide à la prescription médicale utilisent des données sensibles ; ils doivent donc impérativement être hébergés sur le territoire national ou européen, conformément au règlement général sur la protection des données (RGPD) et aux standards européens d’hébergement des données de santé (HDS). Il n’est pas question que les données de santé des Français soient exposées à des risques de transfert vers des pays tiers. En imposant cette localisation, nous protégerions la confidentialité des patients, favoriserions la confiance des professionnels et garantirions la souveraineté sanitaire de notre pays. C’est une exigence de responsabilité et de bon sens. (Applaudissements sur les bancs des groupes RN et UDR.)
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Je comprends l’inquiétude relative à la protection des données sensibles qui pourraient se retrouver très loin de la France. Vous voudriez que les données de santé utilisées dans le cadre des systèmes d’aide soient hébergées sur le territoire d’un État membre de l’Union européenne, conformément aux standards européens d’hébergement des données de santé.
Je pense que l’amendement est satisfait par la rédaction actuelle du texte puisqu’on impose une certification des systèmes d’aide dans les conditions prévues aux articles L. 1470-5 et L. 1470-6 du code de la santé publique, qui détaillent les modalités de la certification des services numériques en santé ; ces derniers doivent notamment être conformes à des référentiels qui intègrent les standards européens en matière d’hébergement des données de santé. Nous avions traité ce sujet dans la loi sur le numérique en santé, répondant à une grande attente et à une grande inquiétude de la représentation nationale. Soyez donc rassuré !
L’amendement n’a pas été examiné en commission ; à titre personnel, j’en propose le retrait.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1329.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 161
Nombre de suffrages exprimés 152
Majorité absolue 77
Pour l’adoption 69
Contre 83
(L’amendement no 1329 n’est pas adopté.)
Mme la présidente
L’amendement no 1451 de Mme Ségolène Amiot est défendu.
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
L’amendement a été rejeté en commission ; à titre personnel, j’y suis également défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Même avis.
Mme la présidente
Je mets aux voix l’amendement no 1451.
(Le vote à main levée n’ayant pas été concluant, il est procédé à un scrutin public.)
Mme la présidente
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants 187
Nombre de suffrages exprimés 97
Majorité absolue 49
Pour l’adoption 56
Contre 41
(L’amendement no 1451 est adopté.)
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille, pour soutenir l’amendement no 2274.
M. Cyrille Isaac-Sibille
C’est un amendement sur lequel nous pourrons nous retrouver. Il concerne l’un des engagements des entreprises du médicament, qui veulent bien aider à diminuer les volumes des prescriptions si l’on accepte d’augmenter le prix des médicaments. Je propose que ces entreprises soient associées au financement des logiciels d’aide à la prescription afin de diminuer le nombre de boîtes prescrites, en échange d’une augmentation des prix lorsque ceux-ci sont trop bas.
Mme Ségolène Amiot
Elles auront toujours intérêt à en vendre plus !
Mme la présidente
Quel est l’avis de la commission ?
M. Thibault Bazin, rapporteur général
Le dernier amendement que nous examinons propose – c’est symbolique ! – d’instaurer une taxe facultative. J’en comprends l’idée ; mais regardons déjà si le modèle de financement proposé par le gouvernement est viable avant d’envisager d’autres prélèvements ! Je pense que nous avons voté assez de taxes cette semaine. L’amendement n’a pas été examiné en commission mais, à titre personnel, je donne un avis défavorable.
Mme la présidente
Quel est l’avis du gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre
Avis défavorable. Il ne paraît pas logique de faire contribuer les entreprises du médicament aux logiciels d’aide à la prescription – ce serait un peu un mélange des genres !
Mme la présidente
La parole est à M. Cyrille Isaac-Sibille.
M. Cyrille Isaac-Sibille
Rappelez-vous : alors que la lenteur des comités de protection des personnes (CPP) faisait traîner en longueur les recherches cliniques, l’industrie pharmaceutique a bien voulu les financer pour en améliorer le fonctionnement. Aujourd’hui, elle veut bien contribuer à la réduction du nombre de boîtes de médicaments vendues. Il s’agit seulement de la faire participer au financement des logiciels et non à leur conception ou à leur contenu. Je trouve intéressant d’y associer l’ensemble des acteurs du médicament ; je maintiens donc l’amendement.
Mme la présidente
La parole est à M. Jérôme Guedj.
M. Jérôme Guedj
Nous partageons les interrogations sur cette taxe facultative ;…
Mme Justine Gruet
Vous avez des scrupules à taxer maintenant, monsieur Guedj ?
M. Jérôme Guedj
…nous nous abstiendrons et laisserons l’Assemblée en décider.
Au moment où l’on s’apprête à voter l’article 30, je voudrais qu’on prenne la mesure de tout ce que nos débats ont permis d’accomplir depuis l’adoption, hier, de la partie recettes du PLFSS.
Nous avons réussi à supprimer la création des nouvelles franchises, envisagée par le gouvernement (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe SOC. – Huées prolongées sur plusieurs bancs des groupes RN et UDR et claquements de pupitre. – Vives exclamations continues sur plusieurs bancs du groupe LFI-NFP), à atténuer les dispositions relatives à la limitation de la durée de prescription des arrêts de travail, à préserver l’obligation de visite de reprise au retour d’un congé maternité ; à l’instant, nous avons supprimé l’article 29 qui portait sur les ALD non exonérantes. (Le brouhaha couvre la voix de l’orateur.) Je pense qu’il était utile d’avoir ces débats plutôt que d’envoyer le texte au Sénat en l’état. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SOC.)
Mme Mathilde Panot
Sauver Macron, c’est votre seul bilan !
(L’amendement no 2274 n’est pas adopté.)
(L’article 30, amendé, est adopté.)
Mme la présidente
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
2. Ordre du jour de la prochaine séance
Mme la présidente
Prochaine séance, mercredi 12 novembre, à quatorze heures :
Questions au gouvernement ;
Suite de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2026.
La séance est levée.
(La séance est levée à minuit.)
Le directeur des comptes rendus
Serge Ezdra