Question écrite n° 1533 :
Menace attaque potentielle russe contre l'OTAN d'ici 2030

17e Législature

Question de : M. Antoine Villedieu
Haute-Saône (1re circonscription) - Rassemblement National

M. Antoine Villedieu attire l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les récentes informations préoccupantes fournies par les services de renseignement allemands. Selon leurs informations, la Russie pourrait être en mesure de mener une attaque contre l'OTAN d'ici fin 2030. En effet, M. Bruno Kahl, président du service fédéral de renseignement allemand, a déclaré, au milieu d'une audition publique au Bundestag, que les armées russes seraient susceptibles d'engager un conflit direct avec l'OTAN à la fin de cette décennie. Il a ajouté que les autorités de son pays recensent une augmentation considérable des actes d'espionnage et de sabotage en provenance d'une Russie qui cherche à éprouver la solidité des lignes rouges des pays membres de l'OTAN. Face à ces révélations, M. le député demande à M. le ministre si la France dispose de renseignements qui convergent avec ceux des autorités allemandes concernant les capacités militaires russes dans ce contexte et si la France a pris des mesures spécifiques pour renforcer la coopération avec l'Allemagne et d'autres pays européens dans la lutte contre les actes d'ingérence et d'espionnage imputés à la Russie.

Réponse publiée le 15 juillet 2025

Depuis le lancement de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine, nous constatons un accroissement de la menace russe vis-à-vis de nos intérêts de sécurité nationaux, européens et en tant qu'allié de l'OTAN. Comme l'indique la dernière Revue nationale stratégique, « la Russie poursuit une stratégie de remise en cause de la sécurité européenne dont la guerre engagée contre l'Ukraine le 24 février 2022 représente la manifestation la plus ouverte et la plus brutale. Dans la mise en œuvre de son ambition de puissance conçue comme une opposition à ce que la Russie désigne comme « l'Occident collectif », Moscou avait longtemps privilégié une approche plus indirecte, misant en priorité sur un travail de sape politico-diplomatique : guerre de l'information et ingérence, modes d'action difficiles à attribuer, recherche d'un découplage transatlantique, etc. Sans avoir disparu, cette stratégie se double désormais d'une volonté d'engager la confrontation militaire directe, matérialisée par la guerre d'agression déclenchée contre l'Ukraine. Réécrivant l'histoire et le récit national, le pouvoir russe assume de plus en plus ouvertement son ambition impérialiste à travers une logique de rapport de forces ». Cet accroissement procède également d'une désinhibition de plus en plus forte de Moscou dans le domaine hybride, avec d'une part une multiplication des attaques par des acteurs russes ou agissant pour les intérêts de la Russie contre les membres de l'Union européenne (UE) et les alliés de l'OTAN et d'autre part un élargissement dans la gamme des actions hybrides menées par ces acteurs. Celle-ci est de plus en plus large, et comprend notamment des manœuvres de désinformation dans le domaine cyber, l'instrumentalisation de flux migratoires, ou encore des ingérences électorales. Comme indiqué dans la Revue stratégique, « ces stratégies hybrides sont des combinaisons volontairement ambigües de modes d'actions directs et indirects, militaires ou non, légaux ou non, et souvent difficilement attribuables. Ces stratégies peuvent avoir des conséquences importantes pour les démocraties car elles visent à les délégitimer, affaiblir leurs forces morales et leur cohésion ou réduire leur potentiel économique et de défense nationale ». Ces multiplications des attaques dans le domaine hybride par des acteurs russes procèdent notamment d'une hostilité de plus en plus assumée de Moscou vis-à-vis des pays de l'UE et de l'OTAN dans le contexte de sa guerre d'agression contre l'Ukraine. Ces agissements visent à déstabiliser nos démocraties, jeter le doute dans nos opinions publiques, interférer dans l'organisation de nos processus électoraux et fissurer notre front uni de soutien à l'Ukraine. Menées sous le seuil militaire, elles visent notamment à tester la solidité de l'article 5 et de nos garanties de sécurité collective dans le cadre de l'OTAN. Face à cet accroissement de la menace russe, nous avons, à titre national, en tant que membre de l'UE et allié de l'OTAN, considérablement renforcé nos mesures ainsi que la posture de défense de l'OTAN. A titre collectif, l'OTAN est également pleinement mobilisée sur ce sujet, en phase avec le mandat qui a été fixé à l'occasion du Sommet de Washington. Avec une Russie qui devient de plus en plus agressive dans le domaine des opérations hybrides, nous devons continuer à nous préparer à faire face en améliorant les réponses individuelles et communes. Ces travaux devront être menés en pleine coordination avec l'Union européenne et ses compétences en matière économique et sur les sujets hybrides, ainsi que dans un esprit de forte coopération entre l'OTAN et l'UE. A ce sujet, nous avons soutenu l'adoption d'un nouveau régime de sanctions de l'UE de lutte contre les acteurs de la déstabilisation russe, qui permet de cibler les acteurs de la déstabilisation russe dans le domaine hybride, sans critères géographiques. 

Données clés

Auteur : M. Antoine Villedieu

Type de question : Question écrite

Rubrique : Politique extérieure

Ministère interrogé : Europe et affaires étrangères

Ministère répondant : Europe et affaires étrangères

Dates :
Question publiée le 29 octobre 2024
Réponse publiée le 15 juillet 2025

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