Question écrite n° 1849 :
Ouverture d'une Halte « Soins Addictions » à Marseille

17e Législature
Question signalée le 23 juin 2025

Question de : M. Hendrik Davi
Bouches-du-Rhône (5e circonscription) - Écologiste et Social

M. Hendrik Davi interroge Mme la ministre de la santé et de l'accès aux soins sur l'ouverture d'une Halte « Soins Addictions » (HSA) à Marseille. Marseille fait régulièrement la « Une » des journaux pour ses trafics de stupéfiants, mais c'est aussi un lieu important de consommation de drogues dures. Selon les données de l'enquête ANRS-Coquelicot de 2011, la ville se caractérise par une surmortalité liée aux surdoses. Par ailleurs, la prévalence du VIH et du VHC parmi les consommateurs est l'une des plus fortes de France. En outre, la présence de seringues usagées dans de nombreux endroits en plein cœur de la ville pose un vrai problème de santé publique et génère un sentiment d'insécurité légitime au sein de la population. C'est pourquoi conscients de ces problèmes de santé publique et de sécurité, les acteurs de terrain et de la municipalité portent depuis plus de vingt ans le projet d'ouverture d'une salle de consommation à moindre risque. Ce type de dispositif est essentiel pour accompagner les usagers de drogue. L'objectif : éviter les transmissions, les infections, réduire les risques de maladie, leur permettre de parler de leur consommation avec des professionnels et envisager une sortie de l'addiction. Selon les conclusions du rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de 2021, 5 ans après la mise en place de deux HSA, à Paris et Strasbourg, les résultats sont bénéfiques tant en matière de santé publique que de coûts pour l'État ou d'impact sur la collectivité : « [les salles] diminuent les pratiques d'injection à risque, le nombre d'injections dans l'espace public, le risque d'overdoses, le risque d'aller aux urgences et la probabilité de commettre des délits », résume Marie Jauffret-Roustide, sociologue de l'Inserm qui a coordonné une partie de cette étude. La même étude de l'Inserm cite l'enquête EROPP de 2019 dont les résultats ont montré que 80 % des français sont favorables au principe des HSA et que 55 % d'entre eux se déclarent même prêts à ce qu'une salle ouvre dans leur quartier. 90 salles de ce type ont été ouvertes dans le monde. La Suisse et l'Allemagne en possèdent déjà respectivement plus d'une dizaine avec des résultats concluants. À Marseille, à plusieurs reprises, des ouvertures de salles ont été tentées. En 2023, un nouveau lieu avait été trouvé dans le 4e arrondissement, avant qu'un avis défavorable sur le choix de l'emplacement ne soit émis, interrompant ainsi le processus entamé depuis plusieurs années. Depuis, les acteurs de terrain continuent inlassablement de chercher de nouveaux lieux d'implantation. Vu l'ampleur de la consommation de drogues dures à Marseille et les problèmes de santé publique et de sécurité que cela génère, il l'interroge donc sur les mesures qu'elle envisage pour réactiver le processus d'ouverture d'une Halte « Soins Addictions » à Marseille.

Réponse publiée le 15 juillet 2025

Les Haltes soins addiction (HSA), anciennement dénommées salles de consommation à moindre risque, ont été ouvertes dans le cadre d'une expérimentation prévue par la loi du 26 janvier 2016, qui a été prolongée jusqu'au 31 décembre 2025. L'objectif de ces HSA est de contribuer à réduire les atteintes à la santé pour les usagers de drogues (surdoses, infections, complications chroniques et aigues), grâce à l'usage de matériel stérile, et de les mener dans un parcours de soins, pouvant aller jusqu'au sevrage. En s'insérant dans le parcours de soins des usagers les plus précaires, dont la plupart n'ont pas de domicile, les HSA sont à même de leur permettre d'entamer ou de reprendre ce parcours. Elles permettent également de réduire la présence de matériel d'injection dans les espaces publics, car elles ont vocation à être implantées au plus près des scènes ouvertes, là où les usages de drogues dans l'espace public sont les plus nombreux. Ce critère constitue une condition de succès des HSA, en leur permettant d'atteindre cette population d'usagers fortement précarisés et de diminuer le plus efficacement le nombre de consommations dans les espaces publics. Une évaluation extensive des haltes soins addiction de Paris et Strasbourg a été menée par l'institut national de la santé et de la recherche médicale et rendue publique en 2021. Les recommandations d'amélioration du dispositif issues du rapport ont été prises en compte dans le cahier des charges modificatif adopté par l'arrêté du 26 janvier 2022, après une prolongation de l'expérimentation adoptée par la loi n° 2021-1754 du 23 décembre 2021 de financement de la sécurité sociale pour 2022. Cette nouvelle phase de l'expérimentation a fait l'objet de nouvelles évaluations, conduite par les hospices civils de Lyon, ainsi que par une mission conjointe de l'Inspection générale de l'Administration et de l'inspection générale des affaires sociales. Les conclusions seront communiquées dans le cadre du rapport au Parlement portant sur l'expérimentation. En effet, la loi instituant les HSA prévoit la remise d'un rapport au Parlement dans un délai de six mois précédant la fin de l'expérimentation, cette dernière étant prévue le 31 décembre 2025.

Données clés

Auteur : M. Hendrik Davi

Type de question : Question écrite

Rubrique : Drogue

Ministère interrogé : Santé et accès aux soins

Ministère répondant : Santé et accès aux soins

Signalement : Question signalée au Gouvernement le 23 juin 2025

Dates :
Question publiée le 12 novembre 2024
Réponse publiée le 15 juillet 2025

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