Politiques publiques de lutte contre le sans-abrisme des enfants
Question de :
M. Karim Benbrahim
Loire-Atlantique (1re circonscription) - Socialistes et apparentés
M. Karim Benbrahim attire l'attention de Mme la ministre du logement et de la rénovation urbaine sur le nombre croissant d'enfants sans solution d'hébergement. D'après l'édition 2024 du baromètre « Enfants à la rue », publié par UNICEF France et la Fédération des acteurs de la solidarité, « le 19 août 2024, soit quelques jours avant la rentrée scolaire, au moins 2 043 enfants sont [...] restés sans solution d'hébergement après avoir sollicité le 115 ; un chiffre en constante augmentation (+ 3 % par rapport à l'année dernière et + 120 % par rapport à 2020) ». Parmi eux, « au moins 467 enfants de moins de 3 ans [...] soit 27 % de plus qu'en 2022 ». Ces chiffres alarmants témoignent d'une hausse très inquiétante du sans-abrisme des enfants dans le pays et appellent une réponse immédiate de la part des pouvoirs publics. Dans ce contexte, les acteurs de l'hébergement, de l'enfance et de la solidarité demandent la mise en œuvre d'une programmation pluriannuelle de l'hébergement et du logement, portant une attention particulière aux enfants et aux familles, ainsi qu'une prise en compte spécifique des femmes enceintes et des jeunes enfants sans domicile dans le cadre de la feuille de route pluriannuelle des 1 000 premiers jours pour 2024-2027. Il l' interroge donc pour connaître la feuille de route du Gouvernement pour répondre à l'urgence de la situation.
Réponse publiée le 24 juin 2025
La politique gouvernementale de lutte contre le sans-abrisme se structure autour de deux axes : le Logement d'abord (LDA), réforme prioritaire du Gouvernement depuis 2018, qui consiste à proposer un logement pérenne et un accompagnement adapté aux personnes sans-abri pour sortir durablement de la rue ainsi que l'hébergement d'urgence, qui répond aux situations de détresse pour ceux qui ne peuvent accéder à un logement. Le Logement d'abord a permis de transformer profondément le modèle d'action publique en matière de lutte contre le sans-abrisme. Cette stratégie, saluée par l'ensemble des acteurs, a abouti à des résultats tangibles : plus de 640 000 personnes sans domicile ont pu accéder à un logement depuis 2018. Pour autant, l'hébergement d'urgence reste indispensable pour répondre aux situations de crise et de grande précarité. À ce titre, l'État a assuré un développement continu des places d'hébergement ces dernières années. Depuis 2020, plus de 200 000 places sont ouvertes chaque année pour assurer la mise à l'abri de personnes sans domicile, dont environ 70 000 enfants qui, sans ces solutions, se retrouveraient à la rue. On estime par ailleurs le nombre de mineurs logés dans les dispositifs d'intermédiation locative financés par l'État à 25 000 sur plus de 80 000 personnes au total. L'accès au logement social a également été un axe d'action très important : de janvier 2018 à fin novembre 2024, environ 177 000 attributions de logements sociaux ont été réalisées en faveur de ménages sans domicile. Cela concerne environ 380 000 personnes, dont environ 158 000 enfants. Par rapport à la période 2013-2017, le nombre des attributions à ces publics a augmenté de 40 % au cours du 1er plan Logement d'abord (2018-2022). Au total, pour les 2 plans Logement d'abord (2018-2022 et début du LDA2 depuis 2023), le nombre de ces attributions a augmenté de plus de 100 %. L'investissement de l'État dans le sans-abrisme s'est également traduit par une forte augmentation des moyens pour le logement adapté (+ 104 %) et la veille sociale (+ 74 %), dans le cadre du déploiement du plan Logement d'abord. Pour 2025, il a été décidé de maintenir le parc d'hébergement généraliste à un haut niveau, avec 203 000 places en moyenne afin d'assurer au mieux la prise en charge des publics les plus vulnérables, notamment les familles avec enfants. Conscient des vulnérabilités accrues auxquelles les femmes sans domicile sont confrontées, l'État a mis en place des dispositifs spécifiques pour améliorer la prise en compte de leurs besoins. Le parc d'hébergement d'urgence compte 2 500 places spécialisées dédiées aux femmes enceintes et sortant de maternité, dont 1 500 ont été créées en 2020 dans le cadre du Plan de prévention et de lutte contre la bascule dans la pauvreté et pérennisées depuis. Cette mesure est complétée par le financement de 50 places de Lits Haltes Soins Santé Pédiatriques pour des mères avec des nourrissons qui nécessitent un accompagnement médical renforcé dans la durée. Au-delà de ces places spécialisées, des femmes enceintes ou avec des nourrissons sont présentes dans de nombreuses structures d'hébergement (CHRS, CHU) ou à l'hôtel. Certaines structures sont spécialisées dans l'accueil des ménages, l'accueil des familles monoparentales ou l'accueil des femmes victimes de violence et de leurs enfants. Elles accueillent régulièrement des femmes enceintes et avec leurs nourrissons.
Auteur : M. Karim Benbrahim
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enfants
Ministère interrogé : Logement et rénovation urbaine
Ministère répondant : Logement
Dates :
Question publiée le 3 décembre 2024
Réponse publiée le 24 juin 2025