Question de : M. Aurélien Saintoul
Hauts-de-Seine (11e circonscription) - La France insoumise - Nouveau Front Populaire

M. Aurélien Saintoul appelle l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale sur la crise du recrutement des enseignants. La pénurie de professeurs en 2022 avait donné lieu à une situation accablante et la situation ne s'est guère améliorée depuis. Le ministère avait alors entrepris une campagne de recrutement d'urgence : job dating, formations accélérées, embauches de contractuels, notamment, qui s'est soldée par un échec cuisant. Encore une fois, au concours de professeurs des écoles, moins de candidats reçus que de postes offerts. Baisser le niveau du concours des écoles ne peut pas être une solution viable et sérieuse. Les causes de la crise de recrutement sont simples. La rémunération, les conditions de travail, la considération, rien n'est satisfaisant. Les réformes successives n'ont fait qu'attiser la colère et le dépit des professeurs. Le « Pacte enseignant » acte le manque de moyens et la stagnation des salaires, tout en leur promettant des conditions de vie et de travail plus dégradées. L'embauche de contractuels est une mesure palliative dangereuse. Elle discrédite la profession, laisse des professeurs démunis devant les élèves et ne fidélise aucunement les recrues. La situation est devenue intenable et met en danger l'avenir du pays. Il lui demande donc comment elle compte endiguer la crise de recrutement des professeurs.

Réponse publiée le 1er juillet 2025

La fonction publique dans son ensemble est confrontée, comme beaucoup d'employeurs, à des difficultés de recrutement. Le ministère chargé de l'éducation nationale est également concerné dans certaines académies et dans des disciplines très ciblées. Aussi, le sujet de l'attractivité des métiers est une priorité du ministère. Il faut néanmoins souligner que le volume de candidats aux concours enseignants ou à des emplois de contractuel reste important. Ainsi, plus de 180 000 candidats se sont inscrits aux concours de recrutement lors de la session 2024 et plus de 250 000 candidatures sont enregistrées depuis l'ouverture du système d'information dédié au recrutement de contractuels mis en service au premier semestre 2024. Les inscriptions aux concours de la session 2025 ont permis d'enregistrer 61 910 candidatures aux CRPE de l'enseignement public (hors concours interne exceptionnel et 1er interne), soit une augmentation de 1,3 % par rapport à la session 2024. Même dans les académies traditionnellement en tension, le nombre d'inscrits aux concours externes et au troisième concours a augmenté : + 3,1 % à Créteil (3 808 inscrits en 2025 contre 3 693 en 2024) et + 4,4 % en Guyane (575 inscrits en 2025 contre 551 en 2024), ce qui témoigne de l'attractivité du métier d'enseignant. Le Gouvernement prend depuis plusieurs années des mesures concrètes visant à revaloriser la rémunération des enseignants et à renforcer l'attractivité de leur métier. Après l'attribution d'une « prime d'attractivité » aux jeunes enseignants, qui a été revalorisée, et d'une « prime d'équipement informatique » en 2021, le ministère a procédé à une revalorisation de l'ensemble des enseignants à partir de 2023. Les indemnités telles que l'indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves (Isae), versée aux enseignants du premier degré, et de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (Isoe), attribuée aux enseignants du second degré, ont également été revalorisées. Par ailleurs, comme le Président de la République s'y était engagé, tous les professeurs titulaires, conseillers principaux d'éducation et psychologues de l'éducation nationale commencent désormais leur carrière avec une rémunération supérieure à 2 000 € nets par mois. Pour les professeurs néo-titulaires, elle atteint 2 102 € nets et même 2 466 € nets pour les professeurs titulaires débutant en REP+. Le ministère offre de meilleures conditions d'entrée dans le métier aux lauréats des concours ayant une expérience professionnelle. Depuis 2022, les services réalisés dans le secteur privé sont pris en compte à hauteur de deux tiers de leur durée pour déterminer l'échelon de départ des enseignants ayant réussi le troisième concours. Ces conditions de reclassement s'appliquent désormais aux concours externes et internes, permettant à l'ensemble des lauréats d'entamer leur seconde carrière avec une rémunération plus attractive Depuis le 1er septembre 2023, les enseignants ont bénéficié du « doublement » de la prime statutaire (Isae dans le premier degré ou Isoe dans le second degré) et de l'augmentation de la prime d'attractivité versée aux enseignants qui sont en début et milieu de carrière. L'augmentation de la prime d'attractivité a concerné les agents situés dans les sept premiers échelons de la classe normale de leur corps d'appartenance. Des mesures permettant d'accélérer les déroulements de carrière ont également été prises afin de faciliter l'accès au grade de la hors-classe par une augmentation des taux de promotion qui atteindront 23 % en 2025. L'accès au grade de la classe exceptionnelle est de surcroît « défonctionnalisé » depuis septembre 2024 : les enseignants ayant l'ancienneté requise par la réglementation pour prétendre à une promotion à la classe exceptionnelle au sein de leur corps sont ainsi tous promouvables, quelles que soient les fonctions qu'ils ont pu occuper au cours de leur carrière. De plus, l'échelon spécial au sommet de la classe exceptionnelle des corps enseignants a été transformé en un échelon linéaire désormais accessible à l'ensemble des agents justifiant de trois années de services à l'échelon 4 de ce grade. Le ministère continue à travailler sur des mesures de renforcement de l'attractivité du métier enseignant. Un département dédié à cet enjeu a été créé à la faveur de la réorganisation de la direction générale des ressources humaines du secrétariat général du ministère chargé de l'éducation nationale pour coordonner ces sujets transversaux et renforcer la marque employeur des trois ministères de tutelle. Concernant l'attractivité des concours de recrutement d'enseignants en particulier, ceux-ci font l'objet d'une promotion dynamique soutenue par des budgets de communication importants et une mobilisation des équipes nationales et académiques. Des postes ont également été créés dans chaque académie en 2023 pour renforcer la fonction recrutement et un plan d'accompagnement des directions des ressources humaines de l'ensemble du ministère est en cours de déploiement. Les efforts de promotion des métiers visent également les contractuels, à qui le passage des concours, notamment internes, est préconisé et vers lesquels ils sont accompagnés. Pour répondre aux enjeux de recrutement à partir de la rentrée 2026, la réforme des concours de l'enseignement public prévoit l'ouverture des concours externes du premier et du second degrés, ainsi que du concours de conseiller principal d'éducation, dès le niveau bac +3. Cette évolution a pour but de renforcer l'attractivité du métier en facilitant l'accès au concours tout en maintenant une titularisation à bac +5. Les lauréats bénéficieront en effet d'un parcours de deux années de master professionnalisant sous statut d'élève fonctionnaire (rémunéré de 1 400 € par mois en master 1 et 1 800 € par mois en master 2) et d'un tutorat en institut national supérieur du professorat et de l'éducation. Une fois titularisés, les professeurs débuteront leur carrière avec un traitement d'au moins 2 100 € nets par mois. Ce parcours implique un engagement de quatre années dans la fonction publique après la titularisation. Cette réforme permet ainsi une entrée plus précoce et avec une formation au métier d'enseignant ; elle est assortie d'une rémunération dès la première année de master. Elle constitue ainsi une manière concrète et ambitieuse de renforcer l'attractivité alliant exigence disciplinaire et préparation à l'exercice effectif du métier, et d'attirer de nouveaux profils par la voie du concours.

Données clés

Auteur : M. Aurélien Saintoul

Type de question : Question écrite

Rubrique : Enseignement

Ministère interrogé : Éducation nationale

Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche

Dates :
Question publiée le 8 octobre 2024
Réponse publiée le 1er juillet 2025

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