Protection du Label Rouge
Publication de la réponse au Journal Officiel du 20 mai 2025, page 3626
Question de :
M. Yannick Monnet
Allier (1re circonscription) - Gauche Démocrate et Républicaine
M. Yannick Monnet alerte Mme la ministre de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire sur la nécessité de défendre le Label Rouge, aujourd'hui mis en danger et confronté à des problématiques d'ordre divers, notamment dans la filière avicole. La production de volailles et d'œufs Label Rouge a ainsi chuté de 15 % au cours des deux dernières années. Outre la baisse globale du pouvoir d'achat et les pratiques commerciales de la distribution, cette situation trouve son origine dans un certain désengagement de l'État vis-à-vis des filières Label Rouge. Ainsi, les objectifs d'approvisionnement de la restauration collective en « produits durables et de qualité » prévus par les lois « EGALIM » ont progressivement intégré des produits ne correspondant que de manière lointaine aux objectifs initiaux, concurrençant ainsi directement les produits sous signe officiel de qualité ou d'origine (SIQO), dont fait partie le Label Rouge. Les poulets Label Rouge, en particulier, se trouvent souvent écartés de la restauration collective alors qu'ils sont particulièrement bien positionnés en matière de structuration de filière, d'approvisionnement local et de rapport qualité-prix. Par ailleurs, la multiplication des « labels », qui ne répondent dans les faits qu'à très peu de contraintes, induit les consommateurs en erreur et constitue clairement un détournement du mot « label » à des fins commerciales. La marque « Label Rouge » est pourtant une propriété de l'État, qui ne s'implique aujourd'hui pas suffisamment pour la protéger juridiquement. Les taux de marge de la distribution (et notamment des grandes et moyennes surfaces) sont également excessifs pour les produits avicoles Label Rouge et largement supérieurs aux taux de marge appliqués aux productions standard. Le prix de vente consommateur (PVC) s'avère de ce fait parfois rédhibitoire pour les clients, cassant la dynamique des produits Label Rouge, privant les Français de produits de qualité et démotivant les éleveurs concernés. Enfin, le Label Rouge, propriété de l'État, a besoin de davantage de visibilité auprès des consommateurs, donc d'opérations de communication et de promotion aujourd'hui très insuffisantes. Au regard de l'importance des filières Label Rouge avicoles (5 000 éleveurs, 200 entreprises), de leur présence sur tout le territoire français et des nombreux services qu'elles rendent aux territoires ruraux, notamment dans les zones agricoles défavorisées, il importe que l'État mette tout en œuvre pour défendre le Label Rouge, dont il est propriétaire et qui va célébrer ses 65 ans d'existence en 2025. Aussi, M. le député demande à Mme la ministre si elle compte modifier l'article L. 230-5 du code rural pour revenir à l'esprit des lois « EGALIM » afin de recentrer l'objectif de 50 % sur les produits bénéficiant de certifications réelles et officielles de durabilité et de qualité, telles que le Label Rouge. Il lui demande également si elle compte protéger juridiquement le terme « label » en le réservant aux seuls produits bénéficiant d'un Label Rouge, afin de clarifier l'information des consommateurs et d'éviter le détournement du terme « label » à des fins commerciales. Il lui demande, en outre, quelles dispositions elle envisage de prendre afin d'encadrer davantage les marges de la distribution sur les volailles fermières et les œufs Label Rouge. Il lui demande enfin quel soutien budgétaire l'État envisage d'octroyer aux filières Label Rouge pour communiquer, auprès des consommateurs, sur les qualités du Label Rouge.
Réponse publiée le 20 mai 2025
Le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire est pleinement conscient de l'importance des filières Label Rouge, qui représentent un maillage structurant des territoires ruraux, et salue l'engagement des 5 000 éleveurs et 200 entreprises qui y participent. S'agissant de l'application des lois pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable et accessible à tous, dites loi EGALIM, l'objectif de 50 % de produits durables et de qualité en restauration collective demeure une priorité du Gouvernement. Il repose sur une pluralité de démarches, incluant les signes officiels d'indentification de la qualité et de l'origine (SIQO) –dont le Label Rouge– ainsi que d'autres catégories de produits répondant à des critères environnementaux définis par décret. Ce cadre vise à conjuguer ambition environnementale, qualité alimentaire et viabilité économique pour les collectivités, tout en laissant une place pleine et entière aux produits Label Rouge. Le ministère chargé de l'agriculture est ainsi particulièrement attentif à la présence de produits Label Rouge en restauration collective publique. Sur la protection du terme « label », il convient de rappeler que le « Label Rouge » est une marque de garantie enregistrée, propriété de l'État et gérée par l'institut national de l'origine et de la qualité (INAO), qui en assure la protection et la défense. À ce titre, elle bénéficie d'une protection juridique robuste contre les pratiques d'imitation ou d'évocation trompeuse, en application notamment de l'article L. 432-2 du code de la consommation. Ce cadre permet déjà, au cas par cas, de lutter contre l'usage abusif du mot « label ». La proposition de réserver l'usage du terme « label » au seul Label Rouge serait toutefois incompatible avec les dispositions de l'article L. 640-2-1 du code rural et de la pêche maritime, qui reconnaît l'existence de labels privés encadrés. Concernant la demande d'encadrement des marges de la distribution sur les volailles fermières et les œufs Label Rouge, cette mesure soulève des difficultés importantes de compatibilité avec le droit de l'Union européenne (UE). Une telle mesure pourrait être jugée contraire à la liberté d'établissement garantie par les traités européens. En effet, elle pourrait dissuader un distributeur étranger de s'installer en France, et ne serait donc pas justifiable par une raison impérieuse d'intérêt général reconnue par la Cour de justice de l'UE. Par ailleurs, un tel dispositif serait également susceptible de contrevenir à la liberté d'entreprise protégée par l'article 16 de la charte des droits fondamentaux de l'UE, sa nécessité et sa proportionnalité n'étant pas établies de manière évidente. Enfin, le ministère chargé de l'agriculture soutient activement la notoriété du Label Rouge auprès des consommateurs. Une campagne de communication nationale pilotée par l'INAO a ainsi été lancée en 2024. Cette campagne de promotion des SIQO a permis d'améliorer la perception de la qualité et la connaissance du Label Rouge. L'INAO, avec le soutien du ministère chargé de l'agriculture, travaille activement à la poursuite d'actions de promotion afin de garantir une visibilité accrue et continue des SIQO auprès du grand public et de soutenir leur développement économique. Le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire réaffirme ainsi son attachement à la préservation et à la valorisation des filières Label Rouge.
Auteur : M. Yannick Monnet
Type de question : Question écrite
Rubrique : Élevage
Ministère interrogé : Agriculture, souveraineté alimentaire
Ministère répondant : Agriculture, souveraineté alimentaire
Signalement : Question signalée au Gouvernement le 7 avril 2025
Dates :
Question publiée le 7 janvier 2025
Réponse publiée le 20 mai 2025