Attaques récurrentes visant le modèle éducatif français
Question de :
Mme Constance Le Grip
Hauts-de-Seine (6e circonscription) - Ensemble pour la République
Mme Constance Le Grip alerte Mme la ministre d'État, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur les attaques récurrentes visant le modèle éducatif français et ses principes fondamentaux de laïcité. Depuis plusieurs années, l'application des principes de laïcité dans les établissements scolaires publics fait l'objet de vives critiques et de contestations. Certains discours et rapports, notamment émanant du Collectif contre l'islamophobie en Europe (CCIE), dépeignent l'école publique française comme un espace d'exclusion ou de discrimination. Le CCIE, organisation basée en Belgique après la dissolution en 2020 du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), accuse, dans son rapport annuel 2023, les enseignants français de perpétrer des « discriminations systémiques » envers les élèves musulmans et qualifie l'école républicaine de « lieu privilégié de l'islamophobie ». Ces accusations sont développées dans un rapport à destination européenne, qui cible particulièrement la France. Ce document constitue une tentative manifeste de discréditer le modèle éducatif français, ce qui est d'autant plus inquiétant dans le contexte actuel marqué par la menace persistante du terrorisme islamiste que connaît la France. Dans ces critiques, la loi du 15 mars 2004, qui interdit le port de signes ou tenues ostensiblement religieux dans les écoles, est particulièrement visée. Présentée comme discriminatoire, cette loi est pourtant essentielle pour garantir la neutralité de l'espace éducatif et préserver l'unité républicaine au sein des établissements scolaires du service public de l'éducation nationale. La loi répond également au besoin fondamental des enfants de disposer d'un cadre serein, où l'instruction et l'acquisition des règles qui fondent la citoyenneté doivent primer sur les appartenances communautaires ou religieuses. Ces critiques surviennent alors que les enseignants et les personnels éducatifs sont confrontés à une pression croissante, malheureusement trop souvent accompagnée de menaces explicites et d'actes de violence. Les assassinats de Samuel Paty en octobre 2020 et de Dominique Bernard en 2023 illustrent tragiquement les dangers auxquels s'exposent ceux qui défendent les valeurs républicaines. Plus récemment, le proviseur du lycée Maurice-Ravel à Paris a été menacé de mort pour avoir appliqué les règles de neutralité à l'école. Ces évènements témoignent de la montée d'une violence alarmante contre ceux qui ont pour mission de transmettre les principes fondamentaux de la République, les « hussards de la République », dont le dévouement doit être pleinement soutenu et protégé. Dans ce contexte préoccupant, il est essentiel de réaffirmer avec force les principes de laïcité et de neutralité au sein des établissements scolaires. La décision du Conseil d'État du 27 septembre 2024 a permis de rappeler cette nécessité en jugeant conforme à la loi l'interdiction du port de l'abaya, tenue interprétée comme un signe ostensible d'appartenance religieuse. Par ailleurs, le rapport d'information du Sénat du 5 mars 2024 et rédigé par les sénateurs François-Noël Buffet et Laurent Lafon, vient souligner les nombreux défis auxquels sont confrontés les enseignants dans l'application des principes de laïcité. Ce rapport insiste également sur l'urgence de fournir un soutien accru de la part des pouvoirs publics pour accompagner les personnels éducatifs et garantir un climat de sérénité au sein des établissements scolaires français. Mme la députée souhaite savoir quelles actions le ministère de l'éducation nationale entend prendre pour défendre le modèle éducatif républicain français et ses principes de laïcité. Elle demande quelles mesures seront renforcées pour protéger et accompagner les enseignants face aux contestations et menaces et comment le Gouvernement compte sensibiliser les élèves et leurs familles à ces valeurs. Enfin, elle s'interroge sur les initiatives prévues pour lutter contre les campagnes de dénigrement fussent-elles orchestrées depuis l'étranger et promouvoir une image juste et équilibrée de l'école publique.
Réponse publiée le 3 juin 2025
La laïcité est un principe républicain au fondement de notre société et de notre école, qui garantit la liberté de conscience de tous et préserve les élèves de tout prosélytisme religieux. Face aux campagnes de dénigrement et face aux contestations, le ministère a renforcé son action autour de deux axes : la transmission des valeurs républicaines et la protection des élèves et des personnels. Afin de renforcer la transmission du principe de laïcité et du modèle républicain, le ministère a accru la place accordée aux valeurs de la République dans les programmes scolaires. Les nouveaux programmes d'enseignement moral et civique, applicables depuis la rentrée 2024, font de la transmission des valeurs et principes de la République l'une des grandes thématiques développées du CP à la terminale. Le principe de laïcité est abordé dans tous les cycles de la scolarité des élèves. L'éducation aux médias et à l'information, qui a également été renforcée dans les nouveaux programmes d'enseignement moral et civique, contribue à protéger les élèves contre toute forme de manipulation et de radicalisation, en développant leur esprit critique, en particulier dans l'usage d'internet et des réseaux sociaux. Le ministère agit de façon constante et concrète pour protéger les personnels et apporter des réponses fermes face à toute atteinte à la laïcité et aux valeurs de la République. La protection fonctionnelle est octroyée de plein droit et sans délai à tous les personnels victimes de violence ou de menaces dans l'exercice de leurs fonctions. En cas d'atteinte grave aux principes de la République, notamment au principe de laïcité, le décret du 16 août 2023 a systématisé l'engagement d'une procédure disciplinaire à l'encontre de l'élève auteur. Lorsque les faits sont susceptibles de revêtir une qualification pénale, ils font l'objet d'un signalement au procureur de la République au titre de l'article 40 du code de procédure pénale. Le plan ministériel pour la sécurité des élèves, des personnels et des établissements du 4 avril 2024 prévoit de nombreuses mesures de protection : sécurité, assistance juridique, soutien médical ou psychologique, réparation des préjudices subis, etc. Ces mesures ont été complétées par le plan ministériel pour la tranquilité scolaire du 4 décembre 2024 qui repose sur trois priorités : protéger, apaiser et responsabiliser. Il se traduit par de nouveaux moyens et des mesures destinées à améliorer la protection des personnels, apaiser le climat scolaire, renforcer la sécurité des établissements et responsabiliser les élèves comme leur famille. Les équipes de vie scolaire sont renforcées dans les collèges et les lycées les plus exposés aux risques de violences. 170 postes de conseillers principaux d'éducation et 600 postes d'assistants d'éducation supplémentaires sont en cours de déploiement. Afin de venir en soutien aux équipes éducatives, les équipes académiques « valeurs de la République » apportent expertise et conseils, interviennent dans les écoles et les établissements si nécessaire, assurent des actions de prévention et forment les personnels. Plus de 800 000 personnels ont été formés dans le cadre du plan national de formation des personnels à la laïcité et aux valeurs de la République. Les équipes mobiles de sécurité sont également mobilisées lorsque la sécurité des personnels est mise en cause et pour apaiser le climat scolaire. Les services de défense et de sécurité académiques, créés par le décret n° 2025-75 du 29 janvier 2025, renforcent la gouvernance académique en matière de sécurité en rectorat et en direction départementale des services de l'éducation nationale. Ils doivent rassembler l'ensemble des missions visant à assurer la sécurité dans les écoles et les établissements scolaires et à lutter contre les atteintes aux valeurs de la République. La création de ces services permettra à l'institution scolaire d'agir de manière forte et unifiée afin d'assurer la protection des personnels et des élèves et de leur garantir un cadre sécurisé au service des apprentissages et du bien-être de tous.
Auteur : Mme Constance Le Grip
Type de question : Question écrite
Rubrique : Enseignement
Ministère interrogé : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Ministère répondant : Éducation nationale, enseignement supérieur et recherche
Dates :
Question publiée le 14 janvier 2025
Réponse publiée le 3 juin 2025